Live 8 pour annuler la dette
Pendant de nombreuses années, lÉglise a demandé la remise partielle ou totale des dettes des pays en voie de développement à l?égard des pays développés. Dans plusieurs de ses messages pour la Journée mondiale de la Paix, Jean-Paul II avait fait ressortir comment ces sommes constituaient une entrave au développement et, dans Tertio millennio adveniente, il indiquait le Jubilé de lan 2000 comme un temps opportun pour penser à une réduction importante, sinon à une annulation complète de leur dette internationale.
La Grande-Bretagne qui préside cette année le sommet du G-8 a élaboré en vue de la rencontre du 6 au 8 juillet, un intense programme pour faire en sorte que les pays impliqués consacrent au moins 0,7 % de leur PNB (avec l?objectif d?arriver à 1 %) pour aider les pays pauvres. Cest là lorientation prise par les ministres des finances lors de la rencontre préparatoire du G-8 afin dannuler les dettes de nombreux pays auprès du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, soit un total denviron 40 milliards de dollars.
La mesure concerne 18 pays dont 14 africains. Dans les 18 prochains mois, il est prĂ©vu l?annulation des dettes de 9 autres pays pour un total de 55 milliards de dollars. 11 autres Ă©tats bĂ©nĂ©ficieront de l?annulation dès que leurs gouvernements accepteront les conditions fixĂ©es : dĂ©mocratie rĂ©elle, bonne gouvernance, transparence…
On peut certainement qualifier linitiative d?historique puisque les états se voient soulagés de considérables charges financières. C?est une mesure quelque peu inévitable puisque beaucoup de gouvernements sont incapables de payer leur dette, alors qu?ils ne réussissent même plus à en payer les intérêts. C?est comme amputer une jambe gangreneuse pour sauver la vie du malade.
Au fond, il sagit dune claire admission de la faillite de 50 ans daide au développement qui sest transformée en dettes astronomiques avec pour conséquence de donner aux créanciers, non seulement largent prêté, mais aussi celui accordé à titre de don. L?aide na pas été investie dans des activités directement ou indirectement productives, mais elle a été gaspillée.
Le Conseil pontifical de Justice et Paix loue linitiative prise par Tony Blair à la veille de la réunion du G-8, mais une telle mesure reste ambiguë si largent rendu disponible par cette décision nest pas utilisé pour donner loccasion d?un développement réel et soutenable pour les gens des pays intéressés. Cela peut être garanti seulement si les gens ont accès avant tout aux biens de première nécessité comme l?eau potable, des services hygiéniques sûrs, l?assistance sanitaire de base, la possibilité dinstruction, etc.
Malheureusement, il existe aussi une autre possibilité : cet argent rendu disponible peut être utilisé non pour construire la vie, mais pour semer la mort.