Frère Sylvestre Raconte Marcellin Champagnat

Jean-FĂ©lix Tamet

Parmi les récits concernant le Père Champagnat que nous possédons, mis à part sa biographie officielle, celui de Frère Sylvestre revêt une importance particulière à cause de son volume dabord, ensuite par le caractère personnel des souvenirs qui sont rapportés. Bien que la composition de ce texte, dans son ensemble, voire dans bien des détails, laisse beaucoup à désirer, les faits en eux-mêmes gardent leur valeur de témoignages dune ma-nière de vivre aujourdhui largement dépassée, mais tout de même significative dun esprit toujours adaptable à notre mentalité moderne. Doù lintérêt dune nouvelle édition de ce document.LAUTEURJean-Félix Tamet naquit à Valbenoîte, Saint-Etienne, Loire, le 12 janvier 1819. Il ra-conte lui-même, dans les pages qui vont suivre, son entrée et ses débuts dans la vie reli-gieuse. Ce quil ne dit pas, cest quil na pu prononcer des v?ux la première fois que pour trois mois, le 08.09.1832, v?ux quil renouvelle pour une égale période le 08.12. 1832, puis pour six mois le 17.03.1833 (RVT 1, p. 33), tant était aléatoire son acceptation dans lInstitut. [3]Il obtient son brevet denseignement à Grenoble, le 08.04.1839, pendant quil enseigne à La Côte Saint-André. Vu ce que nous savons sur ses folles années de jeunesse, nous pouvons bien penser quil acquit une certaine maîtrise dans la profession déducateur. Si lon ajoute à cela quil était connu de Frère Louis-Marie, son directeur pendant quelques années, subitement projeté dans les sphères administratives, on comprend quil allait bientôt rejoindre la maison-mère comme formateur des Frères. Ce sera chose faite quand il aura pris ses engagements définitifs dans lInstitut par des v?ux perpétuels quil prononcera le 13.09.1843. Dabord comme professeur, puis comme directeur, il remplira cette fonction pendant 43 ans, soit à N.-D. de lHermitage, soit à Grange-Payre, soit à Saint-Genis-Laval. Ce nest quune année avant sa mort quil en sera déchargé, soit en 1886. Or, cette année-là, par sa circulaire du 2 février, Frère Théophane, Supérieur général, annonçait lintroduc-tion de la Cause du Fondateur. Dans cette circulaire le Supérieur « prie les Frères qui ont eu le bonheur de connaître le Père Champagnat, ceux qui en ont entendu parler par les premiers Frères ou par dautres personnes, de mettre par écrit tout ce quils en savent... Pour rédiger ces notes, les Frères liront très attentivement la vie du Père Champagnat et ils indiqueront, daprès ce quils ont vu ou ce quils savent, les points de la vie quils confirment, quils modifient et ce quil faut ajouter... » (C. VII, pp. 256-257). Frère Sylvestre, malgré ses 67 ans bien sonnés, se fait un devoir de répondre scrupuleusement à lappel du Frère Su-périeur général. Il ne lui restera quun peu plus dun an pour le faire, car il mourra le 16 dé-cembre 1887. (Voir sa notice biographique dans Lettres de M. Champagnat, vol. 2, Réper-toires, pp. 476-478).LOUVRAGELe résultat de son travail est un ensemble de 12 cahiers, format écolier, totalisant près de 400 pages manuscrites. Ces cahiers ont été numérotés de 1 à 12.Les 7 premiers se font suite sans transition et doivent être considérés comme un seul ouvrage en plusieurs feuillets. Seul le second cahier porte un titre, à savoir: « Chapitre IV ième (suite) » ce qui prouve bien quil ne peut être séparé du premier qui contient le début de ce chapitre IV. Les 5 autres se suivent de même sans interruption passant parfois de lun à lautre au milieu dune phrase, comme cest de cas du No 3 au No 4.Les cahiers 8 à 11 se suivent de la même façon ne formant ensemble quun seul ou-vrage dont le titre est: « Appendice », titre ultérieurement explicité au crayon de la manière suivante: « comprenant 3 chapitres: lier Mes rapports avec le Vénéré Père; 2e Quelques-unes de ses principales vertus; 3e Notes particulières ».Enfin, le cahier 12 est tout à fait à part. Il est plus gros que les autres. Cest un cahier de 96 pages dont les trois dernières sont blanches. Il porte comme titre: « Petit appendice à la Vie P. Champagnat en deux volumes in-douze - Notes, traits, réflexions - Son esprit ». Plusieurs passages de ce cahier se trouvent déjà, parfois textuellement, dans l« Appendice » (cahiers 8 à 11). Dautre part, ce cahier ressemble au cahier N° 1 : même papier qui na pas résisté au temps, qui a jauni, est devenu cassant et sest effrité, son format, de quelques millimètres moins long que les autres et même tranches rouges, tandis que le papier des autres est moins épais, plus résistant et nest pas coloré sur tranche. Tout ceci laisse à penser que ce cahier N° 12 est en fait antérieur aux autres et doit être [5] classé chronologiquement, non pas à la fin des onZe autres, comme la fait machinalement quelque archiviste, mais au début et porter le No 1 si toutefois lon voulait absolument garder une numérotation.Mais, après tout ce qui vient dêtre dit, cette numérotation ne représente rien de signi-ficatif et na pas de raison dêtre gardée. Par conséquent louvrage de Frère Sylvestre se présente en trois parties:1) Petit Appendice à la Vie du Père Champagnat de Frère Jean-Baptiste;2) Abrégé de la vie du Père Champagnat;3) Appendice à lAbrégé de la vie du Père Champagnat.Cest le plan que suivra cette édition.LE TEXTECette structure naltère en rien le texte qui est ici reproduit dans son intégrité.Loriginal comporte de multiples corrections faites au crayon, soit des mots ou des passages biffés, soit, le plus souvent, des ajouts entre les lignes. Vu la nature de ces der-niers, lon est en droit de penser quils sont de lauteur lui-même, sans toutefois pouvoir le certifier dune manière absolue. Certes, daprès lécriture il nest guère possible de faire le rapprochement: manifestement appliquée dans le texte écrit à la plume, elle est plus spon-tanée dans ces ajouts au crayon. Cependant que lon en juge par le tout dernier qui termine louvrage. La dernière phrase sénonçait primitivement comme suit: « Puissent tous les Pe-tits Frères de Marie se montrer en tout, partout et toujours des photographies vivantes et parlantes [6] de N.V. Fondateur. Ainsi soit-il ». Puis lon a biffé « Ainsi soit-il » et continué la phrase par; « et non pochés comme jai le malheur den être un. Ainsi soit-il ». Comment penser que quelquun, si ce nest lauteur lui-même, se soit permis dajouter ce complément? Se basant sur cette probabilité, cette édition présente le texte corrigé, même sans lapparat critique jugé de peu dutilité vu la nature de louvrage et lensemble des lecteurs auxquels il est destiné. Néanmoins les corrections les plus importantes, surtout quand elles modifient lidée de la phrase ou lui ajoutent quelque chose, sont signalées par une note.Les fautes dorthographe qui ont échappé à lauteur sont également corrigées. Dail-leurs elles sont relativement peu nombreuses; ce sont principalement des oublis de mots, daccords ou daccents circonflexes aux imparfaits du subjonctif.La ponctuation dont lauteur nest pas prodigue, est rectifiée selon les règles actuel-lement en usage.Les abréviations, comme PP., FF. ou simplement f. et v. ont été transcrites en toutes lettres par Pères, Frères ou Frère et Vénéré. Dautres abréviations plus communes, comme R.P. ou Mgr nont pas été modifiées.Cette édition voudrait répondre au souci de présenter un texte clair, facile à lire tout en restant scrupuleusement fidèle à loriginal.f. P.S. Rome, ce 8 septembre 1991

Édition: 30 marzo 1992

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