Lettres Ă  Marcellin

Frère Etienne

1831-01-12

J.M. St. Joseph
Bourg-Argental, le 12 janvier 1831.
Bien cher Père en Jésus et Marie, votre bénédiction.
Je vous envoie par le charitable Perrier 62 liv. de beurre à 60 cent. la liv. que le cher F. Jean Marie avait fait acheter pour lHermitage. Il y a plus dun mois que nous lavions, à défaut de le pouvoir envoyer. Nous avons 120 enfants dont 21 seulement écrivent. Nous ne pouvons pas nous faire payer à lavance, pas même quand les mois sont échus; et le chauffage aussi un grand nombre ne la pas payé. Les parents disent que cest bien cher, que le commerce ne va pas, quils gagnent trop peu.
Au moment que jécris cela, un enfant des plus forts apporte son mois et me dit que ses parents ne veulent pas quil apprenne la grammaire, que ça coûte trop (2 francs). Cela est bien décourageant pour nous et pour les enfants. On dit que les Frères en sont pas assez instruits et quils ne font pas assez profiter les enfants. Il faudrait quelquun qui sut bien leur donner de lémulation, les bien faire profiter. Il y laumônier et Granjon qui font la classe. Si nous les envoyons chercher leur payement nous craignons quils quittent lécole ou quils aillent dans dautres écoles, ceux qui sont un peu aisés. Ne sachant comment faire nous attendons que vous nous donniez là dessus votre avis. Depuis la Toussaint nous avons été 3 fois chez M. le Maire et nous en lavons pas pu trouver aucune fois. Les vicaires ne nous viennent jamais quoiquils nous laient promis plusieurs fois. Toutes ces petites difficultés et misères découragent le cher F. Chrysostôme, et surtout de ne savoir pas leur donner de lémulation et les bien instruire.
Le cher Frère Jean a demandé un manteau et le cher Frére Chrysostôme un habit, mais non pas sans besoin. Je vous prie bien de nous envoyer au moins 2 modèles: en anglaise et en fin, car nous en avons bien besoin. Si vous aviez la bonté de les remettre à Perrier, ainsi quune réponse vous nous feriez bien plaisir. Je désirerais bien que vous nous vinciez voir, mais dans tous les cas nous espérons vous voir pour le plus tard à Pâques ainsi que tous les Pères et les Frères, et ce sera avec bien de satisfaction.
Jai lhonneur dêtre, bien cher Père, votre très respectueux et affectionné enfant en Jésus et Marie.
Frere Etienne.

fonte: AFM 121.1

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