Lettres Ă  Marcellin

Frère Paul

1837-12-14

Genas, le 14 décembre 1837.
Mon Révérend Père,
Ce que javais prévu touchant létablissement de Genas est arrivé, cest-à-dire, que je vous avais dit plusieurs fois, à la Maison, quil serait très nécessaire de venir à Genas, afin de voir où en seraient un jour les affaires et la position des Frères, et que je doutais fort quon nous voulut plus. Vous pensiez pour le mieux certainement, mais Genas en a agi tout autrement.
Dabord, en arrivant, M. le Maire nous a criblés de reproches, et dune physionomie qui annonçait quil nous auraient voulus loin de sa présence. Il me dit dun ton menaçant que si les affaires nallaient pas mieux cette année que lannée dernière, il penserait à autre chose; et depuis il na cessé de nous persécuter, non pas ouvertement mais par dessous. Dabord il nous refuse plusieurs choses très nécessaires, disant quil fera, mais il ne le fait pas. Cependant, il nous manquent beaucoup de choses. Le Frère Clément lui a été demandé le siège qui est fait. Il lui a dit quil nen avait point commandé; que celui qui lavait commandé avait sans doute lintention de le payer, et il avait déjà dit au menuisier quil ne le fallait pas lui en parler et, en même temps il dit au Frère quil en ferait bien faire deux, mais quil navait pas dargent pour le moment. A présent nous ne savons pas où mettre soit livres et autres choses que sur une chaise et de nous y asseoir dessus. Vous voyez, mon cher Père, que nous ne pouvons pas nous passer de siège, au moins pour retirer nos affaire, comme vous le pensez sans doute. Envoyez nous, sil vous plaît, pour les payer, ou bien prendre sur le traitement, ou enfin quitter Genas, et je crois que cest le meilleur moyen parce que ce ne seront pas les sièges qui feront tenir un établissement qui a été bâti sur le sable. Ainsi, mon cher Père, il est très important que vous veniez, ou quelquun de la Maison mère, pour décider ou pour lune ou pour lautre. Si la commune ou le conseil renoncent à notre établisse-ment, comme il paraît, cest parce quils nont pas pu prendre sur nos sueurs ce quils attendaient, et comme ils se sont vus trompés ils nous rejettent, la religion ny étant pour rien.
Ainsi, mon Père, je ne vous dis plus rien là dessus, la lettre serait trop longue. Je vous prie de tout mon coeur de venir quelquun le plutôt possible. Je vous dirai que Monsieur le Curé nous a reçu avec les plus grands témoignages de joie et de contentement. 15 jours après il a fait une très belle instruction touchant nos classes, pour encourager la paroisse. Le 10 décembre il a fait venir plusieurs prêtres des paroisses voisines pour chanter une Messe solennelle du St. Esprit et durant la Ste. Messe il a fait une instruction capable de toucher tous les coeurs. Après la Ste. Messe nous avons été en procession à la maison com-mune pour présider à la bénédiction des classes après laquelle il a encore fait un très bon discours entendu de plusieurs pères et mères qui sy trouvaient présents. Monsieur le Curé nous a dit quil allait agir en conséquence, mais quil aurait un très grand besoin de vos conseils vu que vous êtes plus au fait de connaître les choses, et après avoir pris toutes les mesures pos-sibles, je crois que létablissement ira bien et que la tempête sera apaisée et pour cela, mon cher Père, nous avons bien besoin du secours de vos prières, et de celles de toute la maison. Cest ce quattendent tous ceux qui ont bien lhonneur dêtre, mon très cher Père, vos tout dévoués fils en Jésus et Marie,
Frere Paul.

fonte: AFM 121.8

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