Lettres Ă  Marcellin

Frère Michel

1840-05-17

Baie des Iles, Nouvelle Zélan¬de, le 17 mai 1840.

Mon très Révérend Père,

Depuis longtemps je désirais vous écrire; Si je ne l?ai pas fait plutôt ce n?est pas par indifférence. L?attachement, l?affection que j?ai pour vous et pour tous mes chers confrères, est toujours la même. C?est plutôt faute de science que d?oubli. Veuillez avoir la bonté de me pardonner.

Un navire français faisant voile pour le Hâvre de grâce, je ne puis manquer cette occa¬sion de vous donner de mes nouvelles. Je ne vous dirai pas beaucoup de choses de la mis¬sion, où j?ai le bonheur de participer, vous ne devez pas les ignorer, car beaucoup de lettres sont envoyées par nos chers missionnaires.

Je vous dirai pourtant que le nombre des néophytes augmente tous les jours, malgré les ruses et le efforts qu?emploie l?hérésie pour les détourner, car iI est à peu près certain que si les missionnaires catho¬liques étaient en plus grand nombre, elle serait sans succès.

Mon dernier voyage à été à la suite de Monseigneur et du Père Viard, qui ont été visité plusieurs tribus de naturels sur la côte sud-est de cette île près du cap Waî-Apon, environ à cent lieues de la Baie des Iles, résidence de Monseigneur.

Nous avons vu beaucoup de naturels désabusés des calonnies que leurs prétendus missionnaires leur ont débité contre la religion catholique, surtout contre Monseigneur.

A son arrivée dans les tribus, plusieurs venaient vers lui remplis de crainte et les yeux tout égarés parce que les mis¬sionnaires protestants leur avaient dit que l?Epikopo était venu pour prendre leur terre et bientôt il arriverait des navires français qui les détruiraient.

Quelques naturels ont raconté à sa grandeur ce qui leur avait été dit. Il n?a pas été difficile à les détromper et à leur faire connaître le mensonge et la fausseté; alors nous avons vu ces pauvres sauvages se joindre aux autres néophytes qui sont en grand nombre et bien intéressants.

Ils ont appris en trois ou quatre jours que nous avons resté parmi eux leurs prières et quelques autres vérités de la religion. Ils demandaient tous des prêtres et ont fait eux mêmes des maisons et des chapelles en roseaux pour les recevoir et le Père Viard part aujourd?hui pour commencer une nouvelle mission à Tauranga, la plus considérable de toutes les tribus que nous avons visités. Dans quelques jours une autre va se commencer à Kalpara, deux jours de marche de la Baie des Iles.

Mon très révérend Père, je remercie tous les jours le Seigneur de m?avoir procure une si belle vocation, par votre entremise. Veuillez ne pas m?oublier dans vos ferventes prières et surtout dans le saint sacrifice. Tous les Frè¬res qui sont à la Nouvelle Zé¬lande se portent bien, et se recommandent à vos prières. Veuillez, je vous prie, nous rappeler au souvenir des très chers Frères François, Louis Marie, Jean-Marie, Stanislas etc. etc. Je conserve pour tous mes Frères la plus tendre et la plus sincère affection.

J?ai l?honneur d?être en Jésus et Marie, votre très humble et votre très dévoué serviteur, Fr. MICHEL.

fonte: Cahier 48L.61

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