Saint-Paul-Trois-Château, le 26 mai 1835
Monsieur le digne confrère,
Jentendis avec une douce satisfaction la proposition que vous me faisiez lhonneur de madresser, de nous entendre pour nous rendre des mutuels services; vous, Monsieur, par le nombre de vos sujets; et moi, dans votre position, par mon ordonnance royale. En attendant que Dieu nous manifeste mieux sa volonté ultérieure, je suis bien disposé à faire ce qui pourrait vous être agréable pour ces 4 jeunes gens qui seront du tirage prochain. Jy ai pensé dans mon voyage au retour de Lyon. Jai voulu y réfléchir et aussi en faire part à Mr. lEvêque de Valence avant de vous exposer mon idée à ce sujet. Jai lespoir que vous réussirez en insistant. Mais si vos craintes persévèrent et que ceci puisse vous convenir, vous pourriez nos envoyer vos sujets le plutôt possible à Saint Paul. Notre Règle ne diffère guère de la vôtre. Sitôt après le tirage, je vous renverrai les sujets dont le numéro serait exempt du service. Quant à ceux qui auraient tiré un numéro portant, je les garderai, en mentendant avec vous, jusquà ce quils eussent pu obtenir un titre dinstituteur communal, sous votre choix. Alors ils seraient à labri des recherches. Je pourrai même vous les rendre plutôt si en les plaçant dans le Dauphiné vous pensiez quils ne fussent point exposés. Seulement, dans ce dernier cas, où ils ne seraient pas encore instituteurs communaux, il faudra bien que je puisse, sans mentir, continuer à dire quils sont à ma disposition jusquà un certain point, afin de leur conserver le titre dexemption.
Il me serait agréable de pouvoir vous être utile, au souvenir du service que le Supérieur général des Frères des Ecoles Chrétiennes a permis que les Frères dAvignon rendissent aux nôtres, en les recevant dans leur maison pendant quelques semaines. Je rendrai à Dieu ce quil a inspiré à dautres de faire pour nous, dans les sentiments de la charité fraternelle, et jespère quil nous le rendrait à son tour.
Puisse le Seigneur, en nous accordant à nous mêmes la grâce de le glorifier par laccomplissement de sa sainte volonté, vous accorder à vous le mérite de le glorifier et de le faire glorifier cent fois plus. Jai reçu encore hier une troisième exemption pour un jeune homme qui avait formé son engagement, après deux autres que javais présentés les premiers. Jai eu la consolation de trouver deux nouveaux sujets en arrivant.
Mes principaux Frères, à qui jai raconté mon séjour à N.D. de lHermitage, on entendu le récit avec le plaisir quils auraient éprouvés si déjà ils eussent été des vôtres. Il est vrai aussi que sous différentes dénominations tous les Frères sont frères les uns des autres en Jésus Christ, leur commun Maître. Recommandez nous à Lui, je vous prie, et à la Ste. Vierge que vous servez spécialement.
Je vous prie dagréer les sentiments affectueux et respectueux avec lesquels je suis, Monsieur, votre humble et dévoué,
MAZELIER.

fonte: AFM 125.1.1