Lettres de Marcellin 306

Marcellin Champagnat

1839-12-03

Il nest pas facile de dire avec exactitude de quelle ?uvre il est question dans cette lettre. Daprès la minute elle sadresse au curé de la paroisse de Saint-Nizier de Lyon. Celui-ci nest autre que Mr Menaide Matthieu. (cf. J. M. Chausse, Vie de J. L. Duplay, p. 195). Pourtant Frère Avit, dans IAbrégé des Annales (p. 23) nous apprend que « la Providence de St- Nizier, à Lyon, fut fondée par M. Desrosier, curé de cette paroisse ». Cest une erreur puisque dans les Annales de St-Nizier (AFM, 214.48) il écrit lui-même: « A lépoque dont nous allons parler, Mr Menaide était curé à St-Nizier. Cétait un saint prêtre, connu et estimé de toute la ville. cest lui qui, par ses ressources propres et par celles que lui procurèrent ses excellents et riches paroissiens, fonda la Providence dont nous esquissons la notice »
Dans la présente lettre il est manifestement question dune ?uvre de ce genre. Or, toujours daprès Frère Avit, la Providence de St-Nizier fut fondée en 1837. La question se pose donc de savoir sil sagit ici de cette même Providence, ou dune seconde ?uvre de ce genre que Mr Menaide veut ajouter à la première. Après bien des recherches, nous sommes de Iopinion quil sagit de la première et que Frère Avit fait une erreur de date. En effet, lon conçoit difficilement que le curé de St-Nizier, si zélé soit-il, veuille établir deux orphelinats sur sa paroisse, et si cétait le cas, le Père Champagnat navait pas besoin de lui communiquer le texte du contrat. De plus sur la liste des placements de 1339, dressée par le Père (cf. Circ. I, p. 292-294), figure seulement Lyon sans autre précision. Cest donc quil ny avait alors quune communauté dans cette ville. Or, Iorphelinat du Chemin-Neuf ou Denuzière fonctionnait depuis 1835. De même sur le « Tableau des Etablissements » (cf. Circ. I, pp. 308-312) lon ne mentionne que Denuzière, alors qu?Izieux et les Roches, établissements fondés en 1839 y figurent. Enfin. dans un Livre de Comptes (AFM, 132.2, p. 125) on inscrit le 12 juin 1840: « Pour frais de fondation de létablissement de St-Nizier: 800 fr. ». Bien quelle se répercute dans tous nos livres, cette erreur de date est excusable car Fr. Avit avoue lui-même dans les Annales de St-Nizier, p. l0 que « depuis lorigine jusquen novembre 1860 nous n?avons point dautre documents que les lettres ci-dessus » cest-à-dire deux lettres conjointes dun administrateur de lorphelinat et de Mr le curé datées du 2 décembre 1854. Nous avons déjà pu constater que Iannaliste navait pas les lettres recueillies dans les minutes dont nous nous servons. Nous pouvons ajouter quen vérifiant la liste des Directeurs de St-Nizier qu?il indique nous constatons daprès les fiches individuelles que Fr. Alexandre qui aurait remplacé le premier directeur dont il ignore le nom na pris le poste quen septembre 1840 et que Fr. Louis-Bernardin qui daprès lui Iaurait pris en 1840 était directeur au Chemin-Neuf (Denuzière) de Lyon. Vu le rapprochement des deux maisons au début, la confusion sexplique facilement. Donc en conclusion nous pensons quil sagit ici, ni plus ni moins de la Providence de St-Nizier que les Frères ont ouverte, non en 1837, mais dans le courant de 1840.

Nous sommes bien gênés pour vous envoyer tout de suite les frères que vous nous demandez. Sil vous était possible de remettre à Pâques lexécution de votre pieux projet, vous nous tirerez dun grand embarras. Nous ne voudrions pas pourtant trop contrarier vos bons desseins. Nous attendons là-dessus votre réponse.

Nous vous transcrivons textuellement les conventions qui ont été faites entre nous et les administrateurs de lhospice des orphelins; elles pourront être la base de larrangement qui doit nous mettre à même de travailler ensemble à la bonne oeuvre que vous projetez.

Veuillez, Monsieur le Curé éxaminer les différentes articles ce cette convention et nous exprimer votre avis à cet égard.

Si elle peut vous convenir,nous naurons plus quà nous entendre sur larticle de notre prospectus par lequel, à la fondation dun établissement, nous éxigeons une fois pour toutes, pour la maison mère, 400 francs par tête pour chacun des frères qui y sont envoyés. Jamais il ne nous fut moins possible de nous relâcher à cet égard. Jespère quautant par charité que par justice, vu les grandes dépenses que fait la maison mère, vous ne nous ferez aucune difficulté sur ce point.

Jai lhonneur dĂŞtre avec un profond respect, etc…

CHAMPAGNAT

Édition: Lettres de Marcellin J. B. Champagnat (1789-1840) Fondateur de l?Institut des Frères Maristes, présentés par Frère Paul Sester. Rome, Casa Generalizia dei Fratelli Maristi, 1985.

fonte: Daprès la minute, AFM, RCLA 1, p. 159, nº 202

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