01/Jun/2020 MAISON GéNéRALE

Message du F. Ernesto Sánchez à l’occasion de la célébration de Saint Marcellin Champagnat

Télécharger PDF: English | Español | Français | Português | Italiano | Deutsch | Dutch | Arabe

MARCHER ENSEMBLE EN PRENANT LE MEILLEUR DE NOTRE ADN MARISTE

Chers Maristes de Champagnat,

Le 6 juin, nous fêtons notre Fondateur, mais cette année de façon très différente de ce que nous faisons habituellement. Nous la célébrons d’une façon plus simple et plus discrète, mais non sans la joie et la profondeur habituelles. Je crois que l’occasion nous pousse à honorer Saint Marcellin d’un point de vue plus approfondi.

Dans la majorité des pays où nous sommes présents, nous subissons la forte pandémie que vit le monde à cause de la COVID-19.

Les pertes humaines nous attristent profondément, spécialement celles que nous avons connues chez divers Maristes de Champagnat, frères et laïcs, de même que de nos parents plus proches touchés par la maladie. Nous avons également ressenti la souffrance de ne pouvoir être à leurs côtés dans leurs derniers moments, ni de célébrer le don de leur vie à l’occasion de funérailles. Cela a également été le cas pour nos frères, nos laïcs ou nos parents qui sont morts pendant cette période pour une autre cause.

Par ailleurs, il est consolant de savoir que la majorité des cas de contagion que nous avons eus s’en sont sortis et sont en voie de guérison. Nous sommes heureux de constater l’engagement et la proximité de ceux qui se consacrent au soin de la santé, de même que tous ceux qui ont collaboré en appuyant les différents services à toute la population dans cette période de pandémie et de confinement.

Et en même temps, nous tous, dans les communautés Maristes, dans les familles, nous avons expérimenté un long temps de quarantaine. Dans cette situation, nous nous sommes retrouvés proches les uns des autres et, en même temps, de nos propres zones de limites et de vulnérabilité. Certaines valeurs et bonnes pratiques propres à notre esprit de famille ont été récupérées et ravivées. Ce fut l’occasion de communiquer étroitement et de nous estimer davantage. Un temps pour chacun d’entrer en soi-même, dans ce qui nous anime de l’intérieur, ce qui nous motive et nous soutient. Un espace de plus grande rencontre et de plus grand contact avec Dieu. Et, probablement, il y aurait eu aussi des moments d’anxiété, de tristesse ou de solitude, ainsi qu’une sorte de désaccord avec ceux qui nous entourent.

Nous apprécions la générosité et l’engagement de tant d’éducateurs qui font preuve de créativité dans leur travail d’éducation online. Nous sommes heureux d’entendre parler de frères et de laïcs qui se sont mis au service des plus démunis, dans des milieux les plus pauvres, là où des personnes auraient pu mourir, non à cause de la pandémie mais à cause de la faim. Nous apprécions aussi toute une série d’initiatives et d’actions qui reflètent la fraternité et la solidarité maristes : appui à sa propre communauté, soins de nos frères âgés, services à la population la plus proche, partage de nourriture, dons, collaboration avec Caritas ou l’Église locale.

Par ailleurs, dans différents milieux, nous avons dû fermer des œuvres éducatives sans avoir la possibilité d’offrir nos services, parce que le milieu ne dispose pas de moyens numériques pour cela. À bien des endroits, on sent toujours davantage l’impact économique auquel nous désirons répondre de la meilleure façon possible et avec des critères de solidarité.

Durant tout ce temps, j’ai pensé à Marcellin dans différentes situations. Je ne suis pas certain s’il a vécu quelque chose semblable à une pandémie mondiale. Probablement que non. Mais j’ose penser qu’il a pu devoir vivre quelque chose de semblable, ou même pire, comme le seraient les conséquences d’une révolution ou de certains moments de grandes difficultés qui se sont succédé dans sa propre vie et dans celle de son Institut naissant.

Je m’interroge : quels étaient les éléments fondamentaux qui poussaient Marcellin à ne pas se laisser paralyser par la peur, ou à ne pas se sentir en paix au fond de lui-même? En autres aspects, je veux en souligner trois : sa confiance, son audace, sa fraternité.

  • Confiance. Je crois que Marcellin, même dans les moments les plus difficiles, n’a pas douté un seul instant que sa vie et sa mission étaient l’œuvre de Dieu, l’œuvre de Marie. Jamais il ne s’est présenté comme le réalisateur, l’auteur principal… il rapportait tout à la gloire et à la louange du Seigneur, se sentant son serviteur. Il a toujours vécu sous la protection maternelle de Marie et s’adressait à Elle fréquemment. Il l’exprimait dans un moment de crise : Marie, c’est ton œuvre… si elle disparaît, ce n’est pas notre œuvre qui disparaît, c’est la tienne, puisque tu as tout fait chez nous. Nous comptons donc sur toi, sur ton aide puissante; nous y compterons toujours (Cf. Vie, p. 96). Sa confiance en Elle ne se limitait pas à la sentir seulement comme une mère protectrice : elle l’amenait à l’imiter, à chercher et répondre à Dieu à la manière de Marie. Dans mon message du 25 mars dernier, je vous disais : Marie du oui nous anime et nous accompagne. Comme elle, face à l’incertitude et la crainte, nous avons besoin de foi, de confiance, de passion pour Dieu et pour l’humanité, comme fondations solides pour aller de l’avant.
  • Audace. Marcelin fut un homme qui a vécu avec attention pour découvrir la voix de Dieu à travers les événements. Il a appris à lire les signes des temps. Et, dans la prière, après l’avoir cherché au plus profond de lui-même, il y répondait avec courage. Nous savons que tous ne l’ont pas compris, qu’il a été critiqué plus d’une fois. Il fut audacieux dans son engagement pour l’éducation et l’évangélisation des jeunes, en accordant la priorité aux plus abandonnés et en fondant un Institut à leur service. Il a encouragé les premiers frères missionnaires à partir au-delà des frontières, jusque dans les pays les plus éloignés… La simplicité, la solidarité, l’attention aux plus pauvres dans le besoin furent des caractéristiques dont il a fait preuve tout au long de sa vie. Son audace l’a mené à être ouvert et flexible pour donner de nouvelles réponses sans s’enliser dans des schèmes préétablis. Il s’inspirait de Marie, toujours attentive à répondre et à servir, comme elle le fit lors de la Visitation et à Cana.
  • Fraternité. Marcellin, se sentant pleinement aimé de Dieu et appelé à réaliser son œuvre, n’a jamais voulu marcher seul. Il avança toujours en bâtissant la fraternité. Dès le début, il a eu l’intuition que le témoignage d’un groupe est toujours plus fort que celui d’un seul individu. Il fut audacieux pour regrouper et accompagner les premiers frères, en vivant au milieu d’eux et en renonçant à sa vie en paroisse qui aurait été plus facile. Il a entrepris la construction de l’Hermitage avec peu de ressources et il a mis ‘la main à la pâte’ en travaillant avec les frères et les maçons. Il était convaincu que la mission pourrait être plus efficace et plus viable si elle était menée en communauté. C’est ainsi qu’il nous a légué un grand esprit de famille. « Cultiver l’esprit de famille fait partie de la vision authentique de Marcellin à propos de la fraternité. Rends-le visible en cultivant l’ouverture et la disponibilité, dans la communauté comme dans la mission. Contribue à créer un climat où chacun reçoit les encouragements et la vitalité dont il a besoin ». (Règle de vie, 55) Il a insisté pour que nous formions une famille autour de Marie, la Bonne Mère, comme le firent les apôtres à la Pentecôte.

Devant une situation comme celle que nous vivons aujourd’hui, quels seraient les éléments-clés de notre ADN Mariste qui pourraient nous aider à aller de l’avant ensemble? Que me disent aujourd’hui la confiance, l’audace et la fraternité de Marcellin? Nous pourrions y réfléchir chacun personnellement, et également au niveau communautaire, notre fraternité ou notre famille.

Une grande possibilité – je dirais inédite – se présente maintenant devant nous pour nous interroger et répondre au « pourquoi? » de tout ce que nous vivons. Sommes-nous capables d’entendre le cri du monde? Nous sentons-nous coresponsables pour répondre aux défis sociaux, politiques, économiques? Désirons-nous construire une culture de la rencontre et ne pas favoriser davantage une culture du rejet? Assumons-nous l’engagement d’une écologie intégrale qui unit de façon inséparable le souci de l’environnement et le développement humain?

Le 14 mai, le Pape François nous invitait à nous unir dans la prière avec tous les croyants. Dans son homélie, il disait : « En novembre de l’année dernière, nous ne savions pas ce qu’était une pandémie: elle est venue comme un déluge, elle est venue d’un coup. A présent nous nous réveillons un peu. Mais il y a tant d’autres pandémies qui font mourir les gens et nous ne nous en rendons pas compte, nous regardons de l’autre côté. Nous sommes un peu inconscients face aux tragédies qui, en ce moment, ont lieu dans le monde. (…) Il y en a tant! La pandémie des guerres, de la faim et tant d’autres ».

Ce 6 juin, en plus de l’espace que nous réserverons à la réflexion et à la prière, nous célébrerons en communauté et en famille. Nous nous unirons en communion, comme famille globale. Les moyens de communications virtuelles nous aideront à nous sentir en lien et à partager notre joie de façon créative.

Que la célébration de Saint Marcellin Champagnat nous encourage, comme Institut, à marcher ensemble, à la manière de Marie, en apprenant de notre Fondateur l’essence de notre ADN Mariste.

_______________
Fr. Ernesto Sánchez Barba, Supérieur Général
6 juin 2020


Télécharger PDF: English | Español | Français | Português | Italiano | Deutsch | Dutch | Arabe

Cesar Santalo – Miami, USA
RETOUR

Les Maristes du Brésil se préparent à la f...

SUIVANT

Cours de troisième cycle en ligne sur le Lea...