Mystique unitaire et décentralisation dans l’institut

Histoire mariste

De la difficulté d’être visiteur avant 1860, d’après le F. Avit
F. André Lanfrey – 25/10/2018

 Dans ses lettres de 1827 aux autorités du diocèse de Lyon, M. Champagnat évoque la nécessité de visiter personnellement les communautés (une dizaine) tous les deux ou trois mois. Sa lettre au vicaire Général Cattet le 18 décembre 1828 (OFM1/78) nous décrit l’organisation administrative : M. Séon s’occupe du spirituel, de l’atelier de rubans et aide les paroisses environnantes ; M. Bourdin est « intendant des classes des novices, s’occupe de la librairie pour les établissements et de la chapelle.

« Quant à moi, je suis chargé des visites des établissemens, de l’examen des enfans confiés à nos écoles, de la correspondance, des arrangements à prendre avec les communes, du changement des frères, de la réception des novices qui se présentent, en un mot, de la marche en général et en particulier de tous les établissemens. Je ne puis donner au temporel de la maison qu’un temps très insuffisant, sans rien pouvoir faire pour les établissements dont les dépenses ne sont guère soignées. »

Champagnat rappelle donc que la fondation et la visite des établissements constituent une partie essentielle de sa charge. Mais, surtout après 1830, il emploiera des frères visiteurs. Dans ses cahiers de note il prévoit la création d’une fonction de visiteur et même la nomination du F. Jean-Baptiste comme « visiteur général » (OFM1/91.2 ; OFM2/178). Le 21 janvier 1837, il écrit au F. Louis-Marie, directeur à La Côte Saint André : « je vous enverrai peut-être le F. Jean Baptiste en qualité de visiteur ». Mais il emploie aussi les services d’autres frères qui ont sa confiance, qu’ils résident à la maison-mère, comme le F. Louis[1] ou qu’ils soient directeurs d’établissement. A la mort du P. Champagnat personne ne porte encore le titre de visiteur même si plusieurs Frères ont exercé cette fonction de manière assez habituelle.

Dès 1837 le chapitre III de la Règle prévoit en section 1 (articles 1-14) le « Frère directeur » local ; en section 2 (articles 15-21) le «frère premier directeur » chargé dans chaque district de veiller sur tous les frères qui y sont employés. Il écrira au supérieur tous les mois pour le renseigner sur l’état du district ; tous les trois mois au moins il procèdera à un inventaire complet des établissements : classes, comptes, cuisine, mobilier. La section 3 (articles 22-26) est consacrée au « Frère visiteur » à qui le premier directeur rend compte de sa gestion. Il rencontre le curé et les autorités civiles, reçoit les frères en particulier. C’est la codification d’une pratique qui était celle de Champagnat avant 1830 et qui continuera après lui.

 

Les districts et les Assistants

L’organisation de la fonction de visiteur n’est pas restée purement théorique s’il faut en croire le F. Avit :

« Le F. Marie-Jubin commençait à mettre à exécution les leçons de lithographie qu’il avait reçues à Paris. Il lithographia d’abord un rapport à l’usage des Visiteurs. Ce rapport se composait de plus de 200 questions sur tous les points de la Règle[2]. Le Visiteur devait répondre à chacune par un oui ou par un non. Le bon Père garnissait lui-même ce rapport dans la visite de ses maisons afin qu’ils lui servissent ensuite de mémorial (Annales, 1838, § 408)». Cependant, à ma connaissance, il n’existe aucune liste des districts ni de frères premiers directeurs ou visiteurs. Mais des écoles plus importantes, avec classe primaire supérieure ou (et) pensionnat, gouvernées par un frère directeur à forte personnalité, devaient déjà faire figure de centres.

Juste avant la mort du P. Champagnat, la circulaire du 10 janvier 1840 organise des conférences pédagogiques par groupes d’écoles sous la présidence d’un frère. (C. 1/ 32-37). Mais ces conférences ont-elles eu lieu ? En tout cas, la circulaire du 15 janvier 1841, six mois après le décès de M. Champagnat, achève cette organisation en définissant 16 districts de 5 à 3 écoles en général[3]. Il y aura trois conférences par an sous la direction d’un frère envoyé de la maison-mère ou par le frère directeur de l’école accueillant la conférence (C. 1/ 47-50). Un « complément à la règle » prévoit le passage du visiteur et esquisse une sorte de rituel de visite avec présentation du registre dans lequel sont conservées les circulaires. Et « Le F. directeur de chaque établissement s’entendra avec le F. Visiteur pour l’entretien du mobilier et des objets de première nécessité ». Une nouvelle organisation en 23 districts aura lieu en 1842 (C.1/65-66). Il y en aura 25 en 1843 (C. 1/ 77).

En octobre 1839 l’élection d’un directeur général et de deux assistants, puis le décès, plus rapide que prévu, du P. Champagnat, modifient de fond en comble le paysage administratif. Comme il n’est pas question que le P. Colin, successeur du P. Champagnat, assure lui-même les visites d’école, le F. François et ses assistants héritent de la fonction de visiteurs quitte à déléguer ponctuellement cette tâche, comme faisait le P. Champagnat[4]. Quant aux premiers directeurs, leur autorité ne paraît pas toujours bien acceptée : « Les Frères à mauvais esprit, pour tourner ces chefs de district en ridicule, les avaient appelés : grands boudras [5](Annales, 1840, [561]) » nous dit le F. Avit. Et les assistants ont quelque mal à coordonner leur action comme le leur reprochera le P. Colin en 1841 (Annales de l’institut, 1841, § 41-50)

 

Emergence des provinces

L’union avec les frères de St Paul et de Viviers en 1842-44 est une aubaine, mais elle étend considérablement le territoire à administrer. Et surtout, les accords passés introduisent la notion de province jusque-là étrangère à la tradition d’un institut[6] imbu d’une véritable mystique unitaire fondée sur le Cor Unum et Anima Una de l’Eglise primitive, que Champagnat évoque encore plusieurs fois dans son Testament spirituel. Plus tard, le mythe des « Trois un » relèvera de la même mystique. Mais les Supérieurs vont appliquer cet esprit unitaire, qui trouve un fort écho parmi les anciens frères, aux domaines institutionnel et administratif. S’ils acceptent que soient constituées les provinces de St Paul et La Bégude ils refusent d’établir des provinciaux autonomes et se partagent les provinces : au F. Jean-Baptiste les deux provinces du Midi, au F. Louis-Marie le cœur de l’institut, c’est-à-dire la grande province du Centre, au F. François la petite et très lointaine province du Nord. Il est vrai que chaque province a sa maison centrale mais son directeur n’a guère de pouvoir au-delà de la maison : il est un simple délégué de son assistant qui réside habituellement à NDH, lieu du pouvoir central.

Une telle centralisation des pouvoirs va vite devenir difficilement gérable du fait que la croissance du nombre de frères et d’écoles est vertigineuse. Il faut absolument créer un échelon intermédiaire entre les trois supérieurs élus et des chefs de district plus ou moins efficaces. Mais, pour sauvegarder une centralisation transfigurée en tradition unitaire indépassable, il faudra éviter que ces frères ne jouissent d’une autonomie qui ferait d’eux des provinciaux de fait. Pour parler net, il faut des visiteurs actifs, bons administrateurs, bien acceptés par les frères, mais en même temps pleins de « bon esprit ».

 

Naissance d’une fonction permanente de visiteur

Le F. Avit nous décrit dans quelle ambiance s’opère la création du poste de visiteur en 1846.

« Jusqu’à cette année la visite des maisons s’était faite à l’amiable, sans régularité et sans méthode fixe. Elle s’était faite tantôt par les chers Frères Assistants et tantôt par d’autres Frères. Les Frères Mathieu, Apollinaire, Anastase avaient été Visiteurs. (Annales, 1846 [96])».

Son opinion sur ces trois frères n’est pas particulièrement favorable[7] :

« Le premier, allant voir le curé de Bourg-Argental, lui avait dit : “Je ne vous demande pas si vous êtes content du Frère directeur, ce Frère est incapable, maladroit et ne fait pas bien.” Le Frère Apollinaire, dans ses visites, s’était fait la réputation d’un habile joueur de boules, mais il n’avait pu inspecter utilement les classes. Le Frère Anastase faisait bien, mais il ne tint pas à voyager. Du reste, aucun de ces Visiteurs n’avait eu à écrire des rapports méthodiques, détaillés et qui missent les supérieurs au courant[8]. »

Il ajoute : « Le Régime […] nomma donc des Frères Visiteurs régionaires auxquels il remit une longue lettre devant leur servir de directoire. Elle était la même pour tous ». Le F. Avit, directeur de Montdragon reçoit donc le 1er décembre (1846) sa nomination de« visiteur régionaire » (Annales, 1846, 97]) en même temps que ce directoire détaillé sur l’art de bien profiter des visites, adressé non seulement aux visiteurs mais à l’ensemble des frères, et dont il a transcrit le contenu :

« Tous les frères adresseront au ciel de ferventes prières afin qu’il éclaire le Frère Visiteur […] Ils demanderont encore la grâce de bien profiter de la visite, la docilité, la soumission pour suivre tous les avis du Frère Visiteur. » […] « Chaque frère verra le visiteur en particulier » […] et rendra compte de sa conduite tant intérieure qu’extérieure, avec simplicité et humilité ».

Quant au visiteur, après lecture aux frères de la lettre précisant sa fonction et l’entretien avec chaque frère, il visitera la maison, les classes, ira voir le curé et le maire et vérifiera les comptes du directeur. Il laissera à la communauté un rapport écrit de ses remarques puis dressera un procès-verbal de sa visite qu’il enverra au Supérieur général « s’il est possible ». (Annales 1846 [98-109]). Il jouit donc, par délégation, des prérogatives d’un Supérieur, y compris la direction spirituelle.

 

Du Directeur Général au Supérieur Général

Cette lettre du F. François est un acte d’autorité exceptionnel : pour la première fois peut-être, il ne signe pas, comme d’habitude, « Votre très humble et très dévoué Frère et serviteur » mais « F. François supérieur général ». Et le F. Avit a raison de dire (Annales, 1846 [109] : « Cette longue lettre servit de guide au Chapitre général, en 1854, pour établir les règles particulières des Frères Visiteurs ».

Elle répond au développement foudroyant de l’institut depuis la mort du Fondateur. Le F. Avit (Annales 1846 § 110) signale en effet que, cette même année 1846, il y a eu 173 prises d’habit[9]. Environ 32 écoles ont été fondées en 1841-46[10]. De plus les liens entre Pères et Frères se distendent : en 1845, sous l’impulsion de Rome et du P. Colin, le Chapitre des Pères Maristes a refusé l’union entre Pères et Frères. C’est pourquoi le F. François prend parfois le titre de Supérieur Général.

Cette décision est aussi la conséquence d’une conception du gouvernement propre au F. François. S’inspirant de St Ignace[11] il estime que le Supérieur ne doit pas tout faire mais s’occuper de la conduite générale en confiant les détails administratifs à des subordonnés compétents. Et puis, lui, le fidèle disciple, peut s’inspirer du P. Champagnat qui, après 1830, avait confié des visites et des tâches administratives à ses disciples. Il est aussi poussé à cette solution par ses problèmes de santé surtout à partir de 1844, largement dus au surmenage.

 

La consultation des Frères anciens et des capitulants (1846, 1854)

La décision de créer un corps de visiteurs est aussi la conséquence d’une autre lettre écrite aux Frères anciens en août 1846, que cite l’abbé L. Ponty (p. 119) son premier biographe.

« La faiblesse de ma santé et l’épuisement de mes forces m’obligent à me décharger un peu du détail de l’Administration extérieure et du gouvernement général de la Société, pour m’occuper plus spécialement de la direction intérieure, des Constitutions etc. ».

Il demande donc qu’un Frère à ses côtés se charge « du détail de de toutes les affaires de la Congrégation ». Il prie ses correspondants de lui suggérer « quel est celui des Frères assistants ou des autres Frères profès anciens que vous jugez le plus capable pour s’acquitter de la charge importante que j’ai dessein de lui confier »… Les Frères consultés devront garder « un secret inviolable » sur cette enquête.

Le F. Avit n’a certainement pas reçu cette lettre en 1846 puisqu’il n’était pas compté parmi les frères anciens, c’est-à-dire ceux qui avaient élu le F. François en 1839[12], reconnus comme les gardiens de la tradition originelle. Mais il situe un événement semblable lors de la 3° session du chapitre général, en 1854 : le F. François « réunit tous les capitulants à l’insu de ses Assistants pour leur déclarer son intention de se décharger d’une partie de l’administration sur un F. vicaire… » (Annales, 1854, § 47). Une réunion confidentielle en un tel moment est très peu vraisemblable et il s’agit plutôt de la révélation aux capitulants de la lettre de 1846, au moment où le F. François demande au Chapitre la nomination d’un vicaire général. Le F. Avit apprend donc comme un certain nombre de capitulants la fameuse démarche de 1846. Comme il ajoute que « les CC. FF. Louis-Marie et Jean-Baptiste ne parurent pas contents », il est clair que ceux-ci apprennent en même temps que lui une manœuvre qui écorne singulièrement le mythe des « trois un ».

L’abbé Ponty propose une explication assez proche et même un document :

« Habituellement préoccupé de son état de santé, celui-ci (le F.François) songeait toujours à se donner un coadjuteur. Dès la convocation du Chapitre, en 1852, il s’était ouvert de son projet au Père Colin qui, paraît-il, l’avait approuvé. Fort de ce conseil, il composa aussitôt une allocution qu’il devait adresser à la première réunion capitulaire et dont voici un fragment, retrouvé parmi ses écrits:

« L’abbé Orcise[13] se trouvant accablé sous le poids du gouvernement des monastères de Thabenne, s’adressa au Seigneur pour savoir ce qu’il avait à faire, et le Seigneur lui fit connaître sa volonté en lui montrant en songe deux lits, un vieux et l’autre neuf, et en lui faisant en même temps entendre ces paroles : « Reposez-vous sur le lit neuf. » […]

« Je me trouve à peu près dans le même cas, ayant depuis longtemps une santé affaiblie et chancelante, une sensibilité nerveuse et des douleurs aux bras qui souvent m’empêchent d’écrire, des maux de tête qui ne me quittent ni le jour ni la nuit, et qui me rendent toute réflexion, toute application ordinairement très pénible, et souvent même impossible. Depuis quelque temps, ces maux ont beaucoup augmenté. La pensée que plusieurs choses sont en souffrance et ne se font pas comme il serait à désirer, me peine encore davantage.

« Les Frères Assistants, à qui j’en ai parlé, reconnaissent bien la nécessité de m’adjoindre un Vicaire qui partage mon autorité sur toute la Congrégation et m’aide à tout diriger ; mais, en même temps, ils redoutent cette mesure et voudraient la voir différée, sentant bien que le fardeau va tomber nécessairement sur l’un d’eux. »

« Que se passa-t-il dans l’intervalle ? Nous l’ignorons ; mais cette allocution ne fut prononcée ni en 1852, ni plus tard. Toutefois, toujours poursuivi par la même pensée, à la Session de 1854, le R. F. François en fit part aux Membres du Chapitre »…

A la fin du Chapitre, l’élection du F. Pascal comme assistant de la Province du Nord et des districts des Iles et de l’Ouest ne résoudra que partiellement le problème posé : aucun Frère ne sera nommé vicaire général.

Cette lettre de 1846 et la demande d’un vicaire en 1854 seront désastreuses pour l’autorité du F. François car se répandra, au moins à partir de 1854, la rumeur que, malade et attiré par la vie retirée, il est peu capable d’assumer la tâche de Supérieur Général et souhaite s’en décharger. Et il est vrai qu’en invoquant ses problèmes de santé et en n’expliquant pas les raisons profondes d’élargir le corps des supérieurs, il portait ses lecteurs à une telle interprétation[14]. Et puis, une telle démarche paraissait heurter de front la mystique unitaire de l’institut en affaiblissant l’autorité des assistants élus en 1839[15].

 

Des « visiteurs régionaires » au poste de visiteur quasi général (1846-1848)

Dans un premier temps, la différence entre «  visiteurs régionaires » et directeurs de district paraît faible. C’est ce que nous explique le F.Avit en parlant de leur création dans les deux provinces du Midi.

«Les Frères directeurs de Barjac, de Bouillargue et de Montdragon étaient nommés pour les deux Provinces du midi. Les deux premiers déclarèrent ne pouvoir joindre cet emploi à leur charge de directeur. Le fardeau retomba donc sur celui de Montdragon » c’est-à-dire sur le F. Avit lui-même[16] : (Annales, 1847.1 ) . C’est peut-être à cause de ces réticences que le F. François envoie, dès janvier 1847, une seconde lettre aux « visiteurs régionaires » leur rappelant l’impossibilité pour le Supérieur général de visiter les écoles de leur région et les invitant à ne pas s’effrayer de leur peu de science et de vertu mais à mettre leur confiance en Dieu : « Souvenez-vous que l’homme obéissant est capable de tout »[17] . Cette réponse spirituelle à la difficulté de concilier concrètement tâche locale et fonction régionale ne va pas résister à l’épreuve des faits comme le constate le F. Avit pour lui-même :

« Chargé du poste difficile de Mondragon en octobre 1846, il dut y faire la première classe, visiter à la dérobée les maisons de la Province de Saint-Paul et y joindre, l’année suivante, les postes de la Province de la Bégude. Ceux qui étaient désignés pour le centre et le nord firent les visites le mieux qu’ils purent, aidés par les C.F. Assistants pendant deux ans ». (Annales, autobiographie d’introduction). »

Les visiteurs régionnaires deviennent donc de fait des visiteurs provinciaux tout en gardant des directions d’école. La situation devient vite intenable pour le F. Avit et certainement pour les autres visiteurs dans la mesure où ils prennent au sérieux leur nouvelle fonction :

« Les absences nombreuses et parfois prolongées que les visites imposaient au Frère directeur ne pouvaient convenir aux autorités locales qui tenaient pourtant à lui. Elles mirent les supérieurs en demeure de lui enlever les dites visites ou de le remplacer à Montdragon ».

En septembre 1848 les supérieurs[18] choisissent de décharger le F. Avit de la direction d’école et le nomment Visiteur unique pour tous les postes du Centre et du Midi, c’est-à-dire des trois provinces de L’Hermitage, Aubenas et Saint Paul. Seule la petite province du Nord échappe à sa juridiction.

La décision ne manque pas de logique : le F. Avit, natif de la province du Centre, connaît aussi les deux provinces du Midi, dans lesquelles il a dû se révéler efficace en tant que visiteur. C’est aussi un moyen d’éviter la création de visiteurs provinciaux qui auraient pu gêner les Assistants et les directeurs de maisons provinciales, tout en donnant au visiteur un poste de quasi provincial. Mais en choisissant un visiteur au pouvoir administratif étendu, le F. François et ses assistants créent un poste de quasi assistant. Et cette décision surprenante peut passer pour la réalisation pratique du projet formulé aux frères anciens en 1846 : disposer d’un profès assurant les tâches administratives sous la direction du Supérieur Général.

Les assistants semblent avoir participé à cette décision que les circonstances expliquent au moins en partie. En effet, la Révolution de février 1848 a chassé le roi Louis-Philippe et établi une république conservatrice après une époque de troubles. Les supérieurs, à qui le régime renversé a toujours refusé l’autorisation légale, pensent pouvoir reprendre les démarches dans un contexte beaucoup plus favorable, mais qui va demander beaucoup de temps, non seulement au F. François, mais encore au F. Louis-Marie. Ils ont donc besoin d’un homme compétent pour contribuer à la bonne marche d’un institut qui a d’ailleurs été secoué par les troubles révolutionnaires. Le F. Avit nous décrit l’ampleur  de sa tâche :

« Tout était à créer dans cet emploi important : courir pendant 11 mois, organiser les concours des Frères et des élèves, la comptabilité des postes, les mobiliers, arrêtés de comptes, en écrire la moitié deux fois l’an, écrire en entier les rapports des visites, préparer les tableaux des compositions, les fondations nouvelles, les placements annuels du personnel, etc., y consacrer les jours et une partie des nuits telle fut pendant 7 ans sa vie (Autobiographie). »

Evidemment, le F. Avit n’a pas le monopole des visites. Le Supérieur Général et les assistants sont toujours visiteurs de droit, et des frères délégués doivent encore assurer des visites, en lien ou non avec lui, même si les chefs de district semblent peu actifs. Quand il rédigera les Annales des maisons vers 1885, le F. Avit laissera entendre que bien des écoles ont été visitées par d’autres que lui.

 

Le Chapitre Général (1852-54) : un projet de refonte inavoué.

L’autorisation civile ayant été obtenue en 1851, il faut désormais préparer la rédaction de constitutions en vue d’obtenir la reconnaissance romaine, tâche qui va encore mobiliser le régime. Et le F. Avit nous donne quelques informations sur cette préparation à laquelle il n’a pas été convié:

«Il était seul Visiteur depuis 8 ans. Les visites, les fondations nouvelles, l’organisation de la comptabilité, des études et des concours des Frères et des élèves avaient tellement pris tout son temps, qu’il ne lui avait pas été possible de lire les projets des Règles, du Guide et des Constitutions, longuement préparés par le Régime. Il avait assisté à tous les conseils lorsqu’il était à l’Hermitage, mais il n’avait pas été question de ces projets dans ces conseils. Il n’avait donc eu aucune occasion d’émettre son avis (Annales, 1854 [50]). »

Il nous avoue donc en un langage un peu embarrassé qu’il n’a pas fait partie du cercle restreint qui prépare les règles et constitutions, certainement parce que très occupé mais aussi parce que, non élu par les Frères anciens en 1839, il n’est pas revêtu de l’autorité nécessaire. Il se peut aussi qu’on ait redouté son franc-parler. Surtout, les Supérieurs, qui veulent remodeler fortement la congrégation, notamment en introduisant des nouveautés telles que le vœu de stabilité, sont conscients que l’institut est peu préparé à voir modifier ses traditions et ils ne veulent pas d’une décentralisation. Il y a aussi la difficulté d’organiser des élections sans mécontenter un grand nombre de frères. Le projet devra donc rester secret le plus longtemps possible. C’est pourquoi la circulaire du 10 avril 1852, qui annonce l’ouverture du Chapitre (C. 2 p. 103) qui doit s’ouvrir le 31 mai, laisse peu de temps pour la tenue des élections et présente le Chapitre comme une formalité qui correspond mal à l’ampleur du projet concocté, en grand secret semble-t-il, par les trois supérieurs :

« La première édition de notre Règle se trouvant entièrement épuisée, nous sommes dans la nécessité d’en faire une nouvelle […] Nous nous proposons de remettre par écrit les choses qui ont passé en usage dans l’institut et qui, sans être exprimées dans le Règle, ont cependant force de loi parmi nous. »

 

Un système électif favorisant les notables et la province du Centre

Le corps de l’institut (plus de 1200 frères et novices[19]) examinera donc le projet par l’intermédiaire de trente frères, élus selon trois critères : les anciens qui ont au moins 15 ans de profession et ont été directeurs ; les anciens de Viviers et St Paul directeurs au moment des fusions ; les Directeurs des maisons principales ayant au moins 10 ans de communauté. Ce choix donne 68 éligibles pour environ 337 profès. Ce sera donc une assemblée d’anciens et de notables. En plus, les contrastes entre provinces sont considérables : l’énorme province du Centre, gouvernée par le F. Louis-Marie a 200 profès et élira 18 délégués, soit la majorité absolue des capitulants, tandis que les deux provinces du Midi, avec environ 120 profès n’en auront que dix… Ce fait contribue à faire du F. Louis-Marie, l’homme fort d’un Chapitre dont le F. François, son président, n’a, sous son autorité directe, que les deux capitulants de la province du Nord. Certes, on n’est pas dans un parlement et les Frères ne sont pas soumis à une discipline de parti, mais l’acharnement que mettra le F. Louis-Marie à éviter la division de la province du Centre –affaire dont nous parlerons plus bas – montre bien que le poids des provinces détermine largement l’autorité des trois supérieurs, surtout à la troisième session où l’on discute les constitutions.

 

Influence et échec du F. Avit au Chapitre

De par ses fonctions très au courant des opinions des Frères, il rapporte les critiques formulées contre le système électif : « …En général, les Frères auraient désiré que tout profès ayant dix ans de communauté, directeur ou non, fût éligible (Annales, 1852, § 39)»… Lui-même fait partie des anciens et, le seul à être revêtu du titre de « visiteur », il sera élu au troisième rang dans la province de NDH avec 167 voix sur 190 votants. Il sera l’un des deux secrétaires du chapitre.

Son récit des péripéties de ce chapitre en trois sessions (Annales, 1852, § 8-69) est beaucoup plus instructif sur un déroulement émaillé d’incidents que les actes officiels contrôlés par le F. Louis-Marie ne le laissent supposer. Dans les Annales il déclare clairement que, lorsqu’a été acquis le principe de la nomination d’un nouvel assistant, en 1854, il faisait figure de candidat le mieux placé :

« Un des Assistants (presque certainement le F. Louis-Marie) l’avait prôné comme étant seul assez préparé aux fonctions d’Assistant. Plusieurs de ces Frères le lui avaient dit et répété jusqu’à l’importuner (Annales, 1854, § 51). »

Mais le Chapitre se terminera par l’élection aux 2/3 des voix, d’une personnalité discrète, le F. Pascal, maître des novices à NDH. [20]. Les Actes du Chapitre nous apprennent que son principal concurrent, le F. Louis-Bernardin, a eu dix voix, et le F. Avit aucune. Il s’est donc passé quelque chose durant la session de 1854 qui a fait perdre toutes ses chances au F. Avit. Une seule explication possible : il est tombé sous le coup d’un règlement du chapitre écartant des charges ceux qui sont soupçonnés de les avoir recherchées. Confronté à « des conversations plus ou moins malveillantes » il se servira plus tard des Annales pour se justifier :

« (Annales, 1854, [51]) Connaissant bien tous les membres du Chapitre, l’annaliste n’était pas assez stupide pour ne pas comprendre quel rôle il devait jouer pour arriver à être nommé Assistant, s’il eût eu l’ambition qu’on lui supposait. Il préféra dire sa pensée sur les divers articles des projets susdits à mesure qu’ils arrivaient en discussion sans examiner quels en seraient les résultats pour lui. »

Et à l’assistant (probablement le F. Louis-Marie) qui lui reproche, après l’élection, d’avoir trop parlé, il répond : « [52] J’ai agi selon ma conscience […] et sans me soucier de la charge d’Assistant. ».En tout cas, il sortira du chapitre avec une réputation sulfureuse qu’il reconnaît lui-même dans son autobiographie (p. XXXI) :

« On a beaucoup jasé sur son attitude dans ces réunions. Il y parla et y vota sans s’inquiéter des flatteries ou des gros mots qui lui vinrent assez souvent de droite et de gauche. Ceux qu’on appelait déjà les rouges[21] le comptèrent parfois, sans raison, comme un des leurs. »

 

Un débat sur l’autonomie des provinces

Les actes du Chapitre, très succincts, ne permettent guère de comprendre ce qui s’est passé[22] mais ils mentionnent le 3 mai 1854, « une vive discussion » sur l’article 4 du chapitre2 concernant l’organisation de l’institut, qui occupe la journée du 3 mai 1854 à propos des attributions des Directeurs de maisons provinciales, certains frères voulant « que chaque province soit gouvernée par un directeur provincial qui correspondrait avec le supérieur ». Le Président du Chapitre (le F. François) pose alors une sorte d’ultimatum : « pour admettre ces fonctionnaires (les directeurs provinciaux) il faut clore le Chapitre et faire un travail différent ». Mise au pied du mur, l’assemblée recule et choisit, par 26 voix contre 3 de garder le projet tel quel[23]. Et l’ensemble du chapitre 2 sera entériné par 26 voix contre 4. Les décentralisateurs, parmi lesquels était probablement le F. Avit, ont donc perdu la partie.

Quelques jours plus tard aura lieu la délibération sur la lettre de M. Mazelier demandant au Chapitre un gouvernement provincial comme il avait été prévu lors de la fusion. Bien que la discussion du 3 mai ait rejeté cette solution, les supérieurs argumentent une fois de plus contre le gouvernement provincial. Et, par 32 voix sur 33 le Chapitre déclare « que le gouvernement par provinces ne peut être admis ». Le F. Louis-Marie sera chargé d’écrire à M. Mazelier une lettre en ce sens, nuancée quant à la forme mais sans concession sur le fond. Cependant, même si nous admettons que le F. Avit ait été un ardent partisan du gouvernement provincial, cela n’explique pas entièrement qu’on l’ait accusé de vouloir être élu assistant. Je poserai plus loin une hypothèse complémentaire à ce sujet.

Quoi qu’il en soit, le Chapitre est pour lui un échec personnel : on lui a préféré, non un frère ancien, mais un frère plus jeune que lui, entré au noviciat en 1841[24]. C’est surtout un échec institutionnel qui condamne la pratique d’un visiteur général et atteint certainement l’autorité du F. François qui l’avait nommé. Peu après, celui-ci nommera le F. Aquilas visiteur des provinces de St Paul et La Bégude tandis que le F. Avit demeurera quelque temps visiteur du Centre (Annales, 1854, § 87).

 

Le Chapitre de 1852-54 et ses conséquences en 1858

Le Chapitre a déclenché une crise profonde qui ne sera résolue que lentement. Lorsque les F. François et Louis-Marie se rendent à Rome en 1858 pour obtenir une autorisation provisoire de la congrégation ils vont y trouver une lettre du F. Marie-Jubin, un frère ancien[25], employé au secrétariat de l’administration générale, qui critique le déroulement du chapitre général de 1852-54 : sa convocation a été précipitée ; ses sessions ont été trop courtes et il a instauré des nouveautés, en particulier le vœu de stabilité… Prié de répondre à ces assertions que, dit le F. Marie-Jubin, « j’ai entendu faire assez souvent par plusieurs frères, même des premiers », le F. Louis-Marie, considérera qu’elles sont portées par une cabale de quelques sujets mécontents et ambitieux. C’est une argumentation plus véhémente que convaincante. En fait, deux décisions majeures paraissent avoir suscité une durable opposition : le vœu de stabilité et l’hyper-centralisation.

 

Une mise à l’écart relative (1855-59)

Après le chapitre, le F. Avit demeure une personnalité encore influente et compétente qu’il convient de ménager. Il y a consensus entre les supérieurs et lui pour son éloignement, en dépit du procureur général, le F. Antoine-Régis (Annales 1855 § 79), un des opposants du chapitre, qui quittera bientôt l’institut[26]. En juillet 1855 le F. Avit demande à prendre du repos (Annales, 1855 § 76) et le F. Louis-Marie, avec son consentement, l’envoie à Digoin le 1° décembre 1855, pour diriger une maison à la situation compliquée. Le F. Grégoire qu’il remplace, devient visiteur.[27]

Quant au F. Avit, s’il n’est pas du premier groupe qui prononce le vœu de stabilité en 1855, il fait partie du second, en 1856 (Annales 1856 § 49-50) avec 13 autres frères. Cet acte coupe court à des rumeurs disant qu’il « avait jeté le froc au buisson ». Il passera encore trois années pénibles à Digoin et, après quelques mois à Bourbon-Lancy, il redevient visiteur, probablement en remplacement du peu capable F. Grégoire, mais seulement pour la future province de St Genis-Laval encore considérée comme une section de la province du Centre. Rien à voir, donc, avec sa situation de la période 1848-1854 : le visiteur est devenu un rouage de l’administration de l’institut et le F. Avit le restera jusqu’en août 1876, en semi disgrâce. Toujours élu aux Chapitres avec la quasi-totalité des voix de sa province, à chaque élection d’assistant il obtiendra quelques voix mais ne le deviendra que tardivement, à 56 ans, pour organiser la nouvelle province du Bourbonnais.

 

La question de la division de la province du Centre

Dans ses Annales, le F. Avit nous explique pourquoi il a repris ses fonctions mais introduit une question nouvelle : la division de l’énorme province du Centre, gouvernée par le F. Louis-Marie. En rapportant cette affaire, il multiplie l’usage du pronom personnel « on » qui lui évite de désigner avec précision une personne qui préconise cette division, certainement le F. François, mais aussi, sans doute, d’autres personnes, dont lui-même. Il parle d’abord des visiteurs :

« Après 4 ans de visites, le F. Grégoire n’avait pas su acquérir l’estime de ses confrères : ils le jugèrent trop léger. Au reste, la Province du Centre comptait 215 écoles ou pensionnats. On sentit que c’était trop pour un seul Visiteur et l’on décida qu’il y en aurait désormais deux. […] L’annaliste fut rappelé aux visites avec le F. Callinique. F. Grégoire alla faire celles du Nord, pendant quelque temps, se mit dans un cas critique, sortit de l’Institut et se retira chez les Prémontrés de Frigolet. (Annales 1859 [42]). »

Puis il met en cause le F. Louis-Marie (Annales, 1859, § 45-46) :

«Trop nombreuse pour un seul Visiteur, la Province l’était aussi pour un seul Assistant. Néanmoins, depuis 10 ans le C.F. Louis-Marie, en sus de la direction de cette province, avait eu beaucoup d’autres occupations […] Aussi, malgré sa capacité et sa fébrile activité, s’apercevait-on que la Province souffrait et cherchait-on à le décharger. Il ne goûta pas les propositions qu’on lui fit. Craignant que le partage de la Province entre deux Visiteurs n’amenât le partage entre deux Assistants, il nous appela et se fit apporter une carte de France sur laquelle il tira au crayon une ligne partant de Genève, suivant le Rhône jusqu’à Irigny[28], puis se dirigeant sur Montbrison et Clermont. Il nous dit ensuite : “Votre part est au Nord de cette ligne et celle du F. Callinique au Sud.” Cette division fantaisiste[29]fit beaucoup rire le C.F. Jean-Baptiste : elle ne dura qu’un an  ».

Lorsqu’au Chapitre de 1860, le F. Louis-Marie est mis à la tête de l’institut il a réussi à éviter la division de la province du Centre. Son changement de statut a pour effet de débloquer partiellement la situation : « Le C.F. Jean-Baptiste[30] fut chargé de la section provinciale de Saint-Genis […] et le C.F. Philogone de la section de l’Hermitage. (Annales 1860, § [86]) ». Mais ce n’est qu’au Chapitre de 1876 qu’existeront officiellement les provinces de Saint Genis-Laval et de L’Hermitage.

Cette question de la division de l’énorme province du Centre se posait déjà au Chapitre de 1852-54 parce qu’elle était difficile à gouverner mais aussi parce qu’elle donnait au F. Louis-Marie une sorte d’hégémonie[31]. D’une manière ou d’une autre, au cours de la troisième session du Chapitre, le F. Avit a heurté de front une assemblée imbue d’une mystique unitaire mal comprise, et dominée par l’impérieux F. Louis-Marie. Ceci dit, son esprit caustique ne lui a pas fait que des amis[32]. Mais il est une raison plus profonde que le F. Avit ne fait que suggérer : en conscience il a jugé que la centralisation ne correspondait pas au bien du corps.

 

De la mystique unitaire à une politique de centralisation exacerbée ?

Le Chapitre de 1852-54 sera donc celui d’une centralisation portant la marque du F. Louis-Marie. Et la défaite du F. Avit en 1854 est aussi celle du F. François, qui n’aura pas obtenu le vicaire qu’il réclamait, mais un assistant sans forte personnalité, pour une province périphérique. Le Chapitre de 1852-54, en même temps qu’il clôt une première phase d’un débat autour de la décentralisation commencé en 1842-44, annonce le retrait en 1860 d’un F. François qui n’a pas réussi à prendre la stature d’un Supérieur Général face à un F. Louis-Marie impérieux et à la personnalité charismatique.

En 1860 nous entrerons dans une nouvelle phase, marquée par un conflit de quarante ans entre la congrégation des religieux qui trouve excessif le pouvoir central et réclame la création de provinces autonomes, et des Supérieurs qui camperont sur des positions centralisatrices jusqu’en 1903. Le F. Avit n’y jouera plus un rôle qu’à la marge, mais la rédaction de ses Annales témoigne encore de ce qu’a pu être la fonction de visiteur, des origines à 1860 : l’esquisse d’une autorité intermédiaire entre le gouvernement central et les écoles.

F. André Lanfrey, octobre 2017.



[1] Voir sa notice dans Lettres de Champagnat, t. II p. 340. De

[2] Dans un autre passage il parle d’un rapport comprenant 160 questions.

[3] Trois d’entre eux n’ont qu’une école.

[4] Les lettres administratives du F. François font souvent allusion aux visiteurs, mais sans citer de nom.

[5] Il existe en dialecte lyonnais le verbe « bougrasser », encore employé aujourd’hui, qui signifie : se remuer sans effet utile. Voir Nizier de Puitspelu, Le Littré de la Grand’Côte, Lyon, Jean Honoré, 1980 p. 55. Le substantif exact devrait donc être « bougras ».

[6] Les établissements du Nord fondés par Champagnat ne posent pas de problème de fond.

[7] Le F. Avit rapporte des rumeurs ou des témoignages venant des frères ou des autorités, recueillis au cours de ses visites.

[8] Le F. Avit ne parle pas du document lithographié servant aux inspections qui, sans doute trop compliqué, a dû être rapidement abandonné.

[9] 98 à L’Hermitage, 27 à st Paul, 36 à La Bégude, 8 à Vauban et 4 dans le Nord.

[10] C.13, p. 372, 386.

[11] Il y a des textes très clairs à ce sujet dans ses carnets.

[12] Le F.Avit, qui devait faire profession le lendemain de cette élection ne faisait pas partie des 92 électeurs.

[13] Un Père des déserts d’Orient.

[14] L’abbé Ponty véhicule encore cette idée à la fin du siècle.

[15] Voir les éloges assez ambigus du F. Jean-Baptiste sur le F. François.

[16] Directeur à Bougé Chambalud, il avait été envoyé préparer la fondation de Roussillon (autobiographie) et avait certainement donné satisfaction.

[17] Cette lettre citée par le F. Avit ne figure pas dans les Circulaires.

[18] Le F. Avit attribue clairement cette décision aux supérieurs et non au seul frère François.

[19] Actes du chapitre, séance d’ouverture de la 3° session.

[20] Le F. Avit indique (Annales 1854 § 52) qu’il fut élu par les 2/3 des Voix. Son concurrent était certainement le F. Avit.

[21] Les capitulants opposés au projet des supérieurs mais aussi, sans doute, des frères plus jeunes. En langage politique de l’époque : « les rouges » sont les révolutionnaires.

[22] Par exemple la discussion, le 6 mai 1854 sur le chapitre 6 des constitutions qui traite du vœu de stabilité dans sa 3° section dit simplement que « la 3° section est adoptée dans son ensemble après discussion par 29 voix contre 3 ». Or nous savons par le F. Avit et le F.Sylvestre que l’instauration de ce voeu a créé du trouble.

[23] C’est-à-dire avec des directeurs provinciaux sans autorité réelle sur la province.

[24] Le F. Avit est né en 1819, et a fait profession en 1839.

[25] Il se donne le titre de secrétaire général. Etant 2° suppléant des capitulants de la province de L’Hermitage, il n’a pas participé au chapitre général. Les lettres sont issues du dossier des archives vaticanes consulté récemment par le F. A.Martinez-Estaùn.

[26] Il est le 5° et dernier élu de la province de Viviers (C. II, p. 115). Raymond Jean-Antoine né à Peaugres en Ardèche, a pris l’habit le 26 mai 1835. Il fait ses vœux perpétuels en octobre 1836. Il réussit son brevet à Grenoble en 1839. Il est nommé procureur général en 1852 et quitte l’institut en 1856 (voir l’index dans OM3 et surtout sa notice biographique dans le second volume des Lettres du P. Champagnat.

[27] Le F. Avit déplorera que celui-ci ait brûlé les plans de tous les postes du Centre et du Midi conservés dans ses archives (Annales, 1855 § 78) et le matériel pouvant servir à rédiger des Annales.

[28] Commune voisine de St Genis-Laval,a u sud de Lyon

[29] La division la plus logique est le partage entre un territoire centré sur la Loire (NDH) et un second centré sur le Rhône (SGL).

[30] Qui souffre d’asthme et ne peut plus assumer la direction des provinces du Midi. Il sera remplacé par le F.Pascal.

[31] Il est vrai que la maison de SGL n’existait pas encore.

[32] Lorsqu’il est question de supprimer les montres, il préconise qu’en promenade un frère porte une horloge sur son dos pour que la communauté sache l’heure.

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