Partage 7 – Vocation Mariste LaĂŻque

Bulletin Mariste LaĂŻque

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Vivre Ensemble

Frère Sylvain Ramandimbiarisoa, Conseiller général

Dieu crĂ©a l’homme pour vivre avec les autres. « Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul; je lui ferai une aide semblable Ă  lui Â» (Gen 2,18).

JĂ©sus priait Ă  son Père : « que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyĂ© Â» (Jn 17,21). Nous sommes crĂ©Ă©s pour vivre ensemble et ĂŞtre en communion. JĂ©sus lui-mĂŞme nous a donnĂ© une loi qui rĂ©sume toutes les commandements : « Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimĂ©s, vous aussi, aimez-vous les uns les autres. Â» (Jn 13,34). Comme chrĂ©tiens, c’est la base de notre conduite, et nous en tĂ©moignons dans le monde. « Je ne te prie pas de les Ă´ter du monde, mais de les prĂ©server du mal… Comme tu m’as envoyĂ© dans le monde, je les ai aussi envoyĂ©s dans le monde. Â» (Jn 15 et 18). C’est Ă  travers l’amour que nous tĂ©moignons que nous vivions la communion entre nous.

En Afrique, vivre ensemble, vivre en tant que communautĂ© est naturel, cela va de soi. Les gens se retrouvent sous un arbre pour parler, partager. Dans la tradition Ă  Madagascar, il y a le « takariva amorom-patana Â» ; c’est-Ă -dire le soir, la famille se retrouve autour du feu pour raconter des histoires, se partager des devinettes, des proverbes et d’autres manières de transmettre des messages, qui Ă©taient ainsi une manière d’éduquer les enfants.

Au niveau du travail, c’est le « atero ka alao Â». Quand une famille doit labourer sa rizière ou repiquer le riz ou moissonner… c’est tout le village qui collabore dans ce travail et ainsi pour les autres familles Ă  tour de rĂ´le.

Le « fihavanana Â» est une mentalitĂ© malgache. Cela se vit avec le sentiment de se sentir tous de la mĂŞme famille. Par consĂ©quent, ceux qui sont dispersĂ©s dans le monde ont toujours la tendance de se retrouver, pour renouer toujours ce « fihavanana Â».

En Afrique, on vit le « UBUNTU Â», qui est une notion humaniste originaire du Sud de l’Afrique qui pourrait ĂŞtre traduite par « je suis ce que je suis grâce Ă  ce que nous sommes tous Â». Cela veut dire que notre existence personnelle dĂ©pend du groupe, je ne peux pas exister seul.

Beaucoup de proverbes Africains et malgaches montrent cette valeur de la collaboration et de la communauté.

« Si vous voulez aller vite, allez-y seul. Si vous voulez aller loin, allez-y ensemble Â».

« Si nous nous mettons ensemble, nous pourrons transporter un Ă©lĂ©phant Â» (paroles des fourmis)

« Mieux vaut perdre l’argent que de perdre le fihavanana Â»

« Ny firaisan-kina no hery Â» :  L’union fait la force.

“Ny mita be tsy lanin’ny mamba” : En traversant la rivière ensemble, les caïmans n’attaqueront pas.

“Taotrano tsy efan’ny irery” : Seul tu ne peux pas construire ta maison ! 

Bien que nous ayons perdu ces valeurs traditionnelles, une partie reste encore.

L’Afrique est influencé par les séquelles de la colonisation. Actuellement, ce continent est en transition, tiraillé par la tradition propre et les influences des occidentaux. Il ne peut pas rester isolé, il doit élargir le cercle de sa vie dans tous les domaines. Il ne doit pas s’exclure de la mondialisation. Cependant il y a le défi de garder certaines valeurs de la tradition.

C’est dans ce contexte que vivent les Maristes en Afrique.

La Vie Mariste en Afrique

L’Afrique est le continent le plus jeune du monde. Dans près de 40 pays africains, plus de la moitiĂ© de la population a moins de 20 ans. (Cf. Perspectives de la population mondiale). En Afrique on voit les enfants partout ! Il n’y a jamais suffisamment d’école pour Ă©duquer les enfants. Les Maristes Africains vivent dans ce contexte. Cela influence la mentalitĂ© et la vocation.

En Afrique, nous avons encore beaucoup de vocation de religieux Frères Maristes. Cette année, vingt novices maristes du Noviciat International Mariste, à Kumasi – Ghana, ont fait la première profession. Plus précisément, cette année en Afrique nous avons 27 novices, 29 Frères venait de prononcer leur première profession et le nombre total des Frères relève à 463.

Probablement Ă  cause de cela, il y a des Frères qui ont une certaine rĂ©ticence Ă  accueillir la Vocation Mariste des LaĂŻques. En effet ils pensent que les autres continents insistent sur l’importance de la vocation laĂŻques Ă  cause du manque de vocation religieuse. C’est encore un dĂ©fi de changer cette manière de penser et de s’ouvrir aux laĂŻcs. Car la promotion de la vocation laĂŻque ne dĂ©pend pas du nombre de vocation des Frères. Depuis Vatican II, la vocation des LaĂŻcs est encouragĂ©e dans l’Eglise. En outre, surtout Ă  partir de la canonisation de Marcellin Champagnat, son charisme n’est pas rĂ©servĂ© aux Frères Maristes, c’est un charisme au sein de l’Eglise. Tous sont invitĂ©s Ă  vivre le Charisme de Marcellin Champagnat !

Une autre raison possible de cette rĂ©ticence est la situation de pauvretĂ© en Afrique. Une majoritĂ© de la population vivent avec le juste nĂ©cessaire, ou rencontrent des difficultĂ©s Ă  survivre. Par consĂ©quent, confier des responsabilitĂ©s importantes aux laĂŻcs est encore difficile. D’autre part, les laĂŻcs eux-mĂŞmes rencontrent des difficultĂ©s Ă  payer des participations pour les activitĂ©s Ă  faire en tant que groupe. Il est difficile d’offrir des contributions financières, de se dĂ©placer, de se payer l’hĂ©bergement hors du foyer, etc.   

Vu ce contexte que nous venons de citer, et d’autres facteurs possibles, la Vocation Mariste Laïque en Afrique n’est qu’à son commencement.

Cependant, nous pouvons remarquer beaucoup d’enthousiasme parmi les Laïcs qui s’intéressent au Charisme de Marcellin Champagnat.

Beaucoup de laĂŻcs qui sont proches des Frères Maristes disent, « je suis Mariste Â». Qu’est-ce que cela veut dire ? Ici il y a une confusion entre les collaborateurs des Frères Maristes, les anciens Ă©lèves, les familles des Frères, les groupes de « LaĂŻcs Maristes Â» et peut ĂŞtre d’autres groupes ? Tous sont fier de dire « Je suis Mariste Â». Qui sont les LaĂŻcs Maristes ? c’est encore une question difficile Ă  rĂ©pondre. 

Un itinéraire de formation pour la vocation Mariste laïque n’est pas encore bien établi. Nous sommes encore en train de tâtonner sur la meilleure façon de l’établir.

Les activités des laïcs maristes et d’autres groupes maristes dans PACE

Frère Valentin DJAWU – Province de PACE, Responsable de l’animation des LaĂŻcs Maristes

Voici une brève communication sur les activitĂ©s des laĂŻcs maristes et d’autres groupes maristes dans la Province de PACE. Au fait, dans notre Province, je ne connais pas d’autres groupes que nous pouvons qualifier de « LaĂŻcs maristes Â». Car, ce groupe a fait une formation d’initiation et ses membres avaient fait un acte d’engagement. Et depuis, ce groupe a continuĂ© Ă  ĂŞtre encadrĂ© par le Frère de la CommunautĂ© du postulat et de l’école secondaire Ă  Mwanza en Tanzanie.

La spĂ©cificitĂ© de ce groupe est qu’il est nĂ© dans un contexte diffĂ©rent des autres groupes de laĂŻcs maristes dans PACE. C’est-Ă -dire, la plupart des groupes naissent autour d’une Ĺ“uvre Ă©ducative (Ecoles ou UniversitĂ©s). Tandis que ce groupe est nĂ© autour d’une maison de formation. Ceci dit, nous frères maristes, par notre façon de vivre, de communiquer et de dialoguer avec les personnes que nous rencontrons Ă  l’extĂ©rieur de la communautĂ©, nous pouvons attirer ou repousser toute autre personne Ă  la dĂ©couverte de qui nous sommes et pourquoi nous sommes ainsi. Tout est partie de mes contacts avec Mama Mukasa. Un cadre Ă  la poste de la ville de Mwanza. Avec elle, nous avons lancĂ© un communiquĂ© Ă  l’église invitant toute personne dĂ©sireuse de devenir « LaĂŻc mariste Â».

Ce qui est Ă©tonnant avec ce groupe est qu’il a, dès sa naissance, contribuĂ©e activement Ă  la rĂ©daction du document « Autour de la mĂŞme table Â». Ils ont traduit en swahili le Statuts de Mouvement Champagnat de la famille Mariste. Le Swahili c’est la langue nationale et une des langues officielles de la Tanzanie. C’est la langue couramment parlĂ©e dans le pays, mĂŞme dans les bureaux. Ce groupe a activement participĂ© Ă  la première AssemblĂ©e provinciale de PACE et contribuĂ© substantiellement dans les commissions oĂą ils se trouvaient par rapport Ă  d’autres laĂŻcs.

Un autre groupe dont je peux parler à PACE est celui des anciens élèves des Frères Maristes en RD Congo en générale, mais en particulier, ceux de l’Institut Weza à Nyangezi, suivi de ceux de l’Institut de l’Enano à Kindu et de l’Institut Bobokoli à Kinshasa. En effet, les anciens élèves de Nyangezi se sont fait distinguer par leur attachement aux frères et aux œuvres maristes. En guise d’exemple, ils ont récemment offert cent pupitres au groupe scolaire Weza. Grâce à un de leurs membres, les anciens bâtiments abandonnés de l’Institut Weza ont été réhabilités en y créant une école agrovétérinaire. Ils ont initié un esprit d’élevage et de solidarité chez les enseignants en leur octroyant un crédit des porcs. Ce groupe a aussi offert un rétro-projecteur à l’Université mariste du Congo. Le président des Anciens, compte tenu de leur attachement à la Congrégation, a été invité à participer au VIème Chapitre Provincial de PACE. Voici en annexe quelques photos.

D’après mon expérience, la vocation des laïcs maristes dans PACE a encore du mal à prendre. J’ai l’impression que les Frères sont surchargés par beaucoup de tâches à remplir dans les œuvres et les communautés. Par conséquent, ils n’ont pas assez de temps pour s’occuper de la sensibilisation de la vocation des laïcs. Je crois que tant qu’il n’y aura pas de Laïcs formés qui s’occuperont de leur vocation et de leur formation, nous n’aurons pas des laïcs maristes dans toutes les communautés et œuvres de la province de PACE.

Mes expériences comme Mariste de Champagnat

Frère Elias Iwu Odinaka – Province du Nigeria, Coordinateur de la Commission africaine des laĂŻcs et des frères / Membre du SecrĂ©tariat Ă©largi des laĂŻcs.

Comme un enfant africain typique, je suis nĂ© et j’ai Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans une famille avec six enfants, cinq garçons et une fille, dans le strict respect de la loi et des normes de la sociĂ©tĂ©. Je me suis retrouvĂ© Ă  la recherche de la vĂ©ritĂ© et de la lumière, ce qui m’a conduit Ă  rejoindre les Frères Maristes des Écoles en faisant ma première profession religieuse en juin 2001.

En mai 2005, j’ai terminĂ© mon scolasticat au Marist International Centre, Ă  Nairobi, au Kenya et je suis retournĂ© dans mon pays. On m’a assignĂ© le poste de SecrĂ©taire de la Commission nouvellement formĂ©e dans ma Province, appelĂ©e Commission IdentitĂ©/LaĂŻcitĂ©. Une responsabilitĂ© que j’ai chĂ©rie et embrassĂ©e de tout mon cĹ“ur.

En tant que personne qui est passĂ©e par le postulat, le noviciat, le scolasticat et qui a Ă©tĂ© formĂ©e au patrimoine spirituel mariste, mon expĂ©rience du laĂŻcat africain mariste me rappelle celle de Champagnat et de ses premiers disciples. Il y a une quĂŞte constante et un dĂ©sir de chercher la vĂ©ritĂ© et la rĂ©ponse. Le sens de l’engagement, de l’appartenance, de la responsabilitĂ©, de la solidaritĂ©, du partage, du respect, de la comprĂ©hension mutuelle et de la crainte de Dieu sont ancrĂ©s dans les normes de la sociĂ©tĂ©.

Cependant, il y a cette peur de l’inconnu qui, de manière positive, propulse les laĂŻcs africains maristes au milieu de tous les dĂ©fis difficiles tels que les politiques gouvernementales, les ressources limitĂ©es, le mauvais rĂ©seau routier, le mauvais rĂ©seau de communication et les ressources humaines inadĂ©quates, pour n’en mentionner que quelques-uns, ce qui les rend plus solides en tĂ©moignant de l’Évangile.

En 2013, avec l’aide du SecrĂ©tariat Ă©largi des laĂŻcs, nous avons fondĂ© la Commission Africaine des LaĂŻcs et des Frères, Ă  Nairobi, avec un reprĂ©sentant des cinq unitĂ©s administratives en Afrique (UA) qui comprend le District d’Afrique de l’Ouest (maintenant Province d’Afrique de l’Ouest), PACE, Nigeria, Madagascar et Afrique australe.

Commission africaine des laïcs et des frères

En regardant l’avenir, les Maristes en Afrique vivront le charisme de St Marcellin Champagnat en entretenant la confiance et la bonne volontĂ© existantes entre les frères et les laĂŻcs. Nous travaillerons cĂ´te Ă  cĂ´te pour faire connaĂ®tre et aimer JĂ©sus en partageant la responsabilitĂ© qui nous est confiĂ©e. Le peuple d’Afrique verra le visage uni d’une famille liĂ©e par une vision unique dans notre mission.

L’objectif de la Commission est de promouvoir la formation des frères, des laĂŻcs maristes et la formation partagĂ©e pour dĂ©velopper une nouvelle relation et une nouvelle comprĂ©hension de la vocation des laĂŻcs maristes. Aussi, identifier les opportunitĂ©s dans chaque UA d’un partage et d’une collaboration accrue entre les laĂŻcs maristes et les frères pour nourrir notre coresponsabilitĂ© pour le charisme mariste. Un autre objectif est de mobiliser et de partager les ressources financières, matĂ©rielles et humaines.

Ce qui m’attire chez les laĂŻcs maristes

Ezeani Maureen Azuka – Province du Nigeria

Je suis entrĂ©e en contact avec les Frères Maristes en 2010 en tant que professeur d’anglais dans l’une de leurs Ă©coles au Nigeria – Marist Comprehensive College Nteje, État d’Anambra.

Bien que je sois venue en tant que professeur de classe qui est censĂ© donner ses leçons et rentrer chez lui, il y a quelque chose de très spĂ©cial chez les Frères Maristes qui m’a fait aimer leur style de vie que je n’ai pas connu dans d’autres organisations dans lesquelles j’ai travaillĂ©, et c’est la vie de prière et d’humilitĂ© (vie mariale).

J’aime tout ce qui concerne Marie, et les Frères le font comme je l’aimais. Cette ressemblance singulière avec Marie et cette simplicitĂ© de vie ont fait que je me suis sentie chez moi avec les frères. En fait, Mariste Ă©tait ma deuxième maison Ă  cette Ă©poque. Tout ce qui concerne la croissance spirituelle Ă©tait facilement accessible.

Vie PartagĂ©e et Famille Globale 

F. Sylvain Ramandimbiarisoa, Conseiller Général

« Vivre ensemble Â» commence par la famille. « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera Ă  sa femme, et ils deviendront une seule chair Â» (Gen 2,24).
L’amour et l’union entre le père et la mère est la source de la vie humaine. La vie familiale est le commencement de toute vie sociale. C’est en famille que nous apprenons à vivre avec les autres.

L’amour, l’affinitĂ© se vit naturellement en famille. En effet, les membres de la famille sont liĂ©s par le mĂŞme flux vital. On « est » famille parce qu’on « naĂ®t » ensemble (Serge Vallon, 2006). 

Eventuellement, cela s’étend à l’extérieur et finalement nous vivons en société.

Le contexte africain favorise le partage de vie (Fihavanana, Ubuntu). Les africains sont poussés naturellement à vivre avec les autres.

Nous partageons la vie dans le noyau de la famille naturelle. Nous nous sentons à l’aise avec ceux de la même culture. Cependant nous partageons aussi la vie avec d’autres groupes.

Comme Maristes, nous partageons la vie, et nous « cheminons ensemble comme famille globale Â». Le chapitre 3 du document « Autour de la mĂŞme table Â», explique la vie partagĂ©e entre les Frères et les LaĂŻcs Maristes mais aussi la vie partagĂ©e dans chaque groupe. Nous pouvons continuer ici avec quelques rĂ©flexions. Comment favoriser le partage de vie et Ă©ventuellement vivre en « communion Â» ? Quels sont les dĂ©fis Ă  affronter ?

Vue l’amplitude de la société, et les variétés de différences qui existent, la vie ensemble, la collaboration, la vie communautaire, la communion ne sont pas évidentes. Affronter les différences dans la société est un défi qu’il faut faire face.

En tant que Maristes, nous faisons partie de cette société. Le monde Mariste est composé de plusieurs pays, avec une variété de cultures et de coutumes. Chacun se sent à l’aise dans son groupe et doit faire beaucoup d’effort pour s’intégrer dans d’autres groupes.

Les religieux Frères Maristes vivent en communauté. Normalement les Frères se sentent à l’aise dans sa communauté. Cependant, cela ne va pas de soi. Il y a des communautés avec beaucoup de conflits et de difficultés de relation, justement à cause des différences.

Les collaborateurs Maristes vivent et travaillent ensemble à l’école, dans un centre social ou d’autres formes de mission.

Les Laïcs Maristes se sentent appelés à vivre le charisme de Champagnat, en plus de la collaboration avec les Frères. Ils s’organisent en Fraternité où ils se retrouvent régulièrement pour partager la vie. Normalement, les personnes avec une certaine affinité se retrouvent dans une même fraternité et ils y sont à l’aise. Dans le cas contraire, vivre ensemble n’est pas toujours facile.

Devant ces défis de la vie ensemble, nous sommes appelés à cheminer comme famille globale.

Le contexte de la globalisation n’est pas seulement dans le monde Mariste. C’est une réalité mondiale dans tous les domaines.

Nous savons tous que l’évolution avancée de la technologie a facilité la communication. Au niveau du transport, cela a facilité les voyages nationaux et internationaux. Par conséquent, les gens dans le monde entier peuvent se retrouver physiquement quand ils veulent.

Au niveau de la communication, les nouvelles, les informations, les publicitĂ©s circulent instantanĂ©ment. En guise d’exemples : le monde entier peut vivre ensemble un match de football, les amis peuvent rester en communication Ă  tout instant, des rĂ©unions peuvent ĂŞtre rĂ©alisĂ©es en ligne, etc. Parmi les consĂ©quences nĂ©gatives c’est de se transmettre rapidement un virus, tel que le covid-19, qui devient une pandĂ©mie mondiale. Ainsi le monde entier vie ensemble le bien et le mal.

Actuellement, nous accueillons une nouvelle mentalitĂ© qui est plus ouverte, qui n’est plus limitĂ©e lĂ  oĂą nous sommes. Une ouverture qui se vit Ă  tous les niveaux :  politique, Ă©conomique, social, et aussi ecclĂ©sial. Les congrĂ©gations religieuses crĂ©ent des structures pour se retrouver et collaborer. En guise d’exemples nous avons en Afrique la ConfĂ©rence des EvĂŞques de l’Afrique, la ConfĂ©rence des SupĂ©rieurs Majeurs de l’Afrique, l’Union des SupĂ©rieurs gĂ©nĂ©raux, etc. Le Pape François parle d’une nouvelle perspective dans son Encyclique social, « Tutti fratelli Â». Il insiste sur la justice et la paix dans le monde. Cela devrait ĂŞtre le fruit de la contribution de toute l’humanitĂ©, ensemble. Tous doivent Ă©viter la guerre et acquĂ©rir une mentalitĂ© globale qui va au-delĂ  des diffĂ©rences.

Comme Maristes, nous sommes invitĂ©s Ă  suivre la mĂŞme ligne. Comme St Paul dit : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous ĂŞtes un en JĂ©sus-Christ Â» (Gal 3,28). Nous aussi, sortons des limites de nos communautĂ©s, de nos Provinces, de nos rĂ©gions et cheminons ensemble comme famille globale. Puissions-nous dire qu’il n’y a plus ni Frères ni LaĂŻques, ni Maristes de tel province ni de tel province… car tous nous sommes Maristes de Champagnat.

Pour arriver Ă  cette nouvelle manière d’être Maristes, nous devons oser dĂ©passer notre Ă©gocentrisme et la peur des autres. Le Pape François parle d’« indiffĂ©rence globale Â». Nous devons acquĂ©rir cette nouvelle attitude. Ne pas rester enfermĂ© dans nos propres intĂ©rĂŞts et manière de voir mais s’ouvrir et accepter les attentes et les habitudes des autres. Nous apprĂ©cions notre culture mais il faut aussi s’intĂ©resser aux autres cultures. Nous sommes habituĂ©s Ă  gĂ©rer et utiliser nos propres ressources, mais il faut apprendre Ă  ĂŞtre gĂ©nĂ©reux pour partager nos ressources avec les autres et mettre les biens en commun. Nous commençons par une centralisation des biens au niveau provincial et après au niveau rĂ©gional et mondial. Nous pouvons suivre l’exemple des premiers chrĂ©tiens : « Tous ceux qui croyaient Ă©taient dans le mĂŞme lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriĂ©tĂ©s et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun Â». (Actes 2,44-45)

Au niveau de la mission, créons des structures qui favorisent la collaboration au niveau mondial. Il y a des stratégies qui peuvent être utilisées telles que les réseaux dans certains domaines. Citons comme exemples les réseaux des écoles Maristes, des universités, des pastorales des jeunes, des imprimeries, etc.

Les stratĂ©gies de la nouvelle technologie nous aident Ă  nous connecter facilement et se sentir membres d’une seule famille. Nous pouvons utiliser par exemple les mass mĂ©dia comme e-mail, internet, sites web, Facebook, whatsapp, etc.   

Bref c’est une nouvelle mentalitĂ© que nous voulons acquĂ©rir, il s’agit de se sentir membre d’une seule famille au niveau mondial, et donc aller au-delĂ  du sentiment d’être membre d’une province. C’est ainsi que nous pourrions rĂ©aliser la prière du Christ : « que tous soient un Â» (Jn 17,21).

Cette unité commence par un petit groupe et s’élargit progressivement.

Comme Maristes, restons unis, partageons la vie, et « cheminons ensemble comme famille globale Â».

“Il n’y a pas seulement une place pour les deux Ă  la table”

Fr. John Bwanali

Il y a une question qui trouble toujours mon cĹ“ur quand je l’entends, surtout quand nous avons des rĂ©unions oĂą nous discutons ou partageons sur le laĂŻcat mariste. Dans notre recherche de comprĂ©hension de la vocation du laĂŻc mariste, j’ai souvent rencontrĂ© des questions comme : travailler dans une institution mariste garantit-il que l’on soit un laĂŻc mariste ? Comment devient-on laĂŻc mariste ? Ceci conduit bien sĂ»r Ă  qui est un laĂŻc mariste ?

J’ai participĂ© de loin Ă  des discussions et Ă  des Ă©changes sur de telles idĂ©es jusqu’Ă  ce que rĂ©cemment je me retrouve au cĹ“ur de cette mĂŞme discussion en tant que coordinateur des activitĂ©s du laĂŻcat mariste dans ma Province. Je suis sĂ»r que vous sympathisez avec moi, et vous pouvez imaginer comment je me sentais. Je me suis beaucoup identifiĂ© avec un participant et un collaborateur qui apparaissent dans le document Autour de la mĂŞme table, qui a Ă©crit :

“J’ai parfois la sensation d’appartenir au monde mariste parce que les Frères me l’ont permis, et que je devrais ĂŞtre reconnaissant pour tout ce qu’ils m’ont donnĂ©, bien que cela soit en partie vrai, je voudrais ĂŞtre reconnu comme mariste par mon propre choix et parce que je me sens mariste et laĂŻc par vocation ; ĂŞtre coresponsable de ce que signifie ĂŞtre mariste comme un Ă©gal, un participant Ă  la mĂŞme spiritualitĂ© et Ă  la mĂŞme mission depuis un Ă©tat de vie diffĂ©rent” (Espagne, Mariste de Champagnat)

En prenant le temps de parcourir les documents de l’institut et de l’Ă©glise, je me rends compte que, en tant que chrĂ©tiens baptisĂ©s, nous sommes dĂ©jĂ  un en Christ (Gal 3,28). Il n’y a aucune inĂ©galitĂ© sur quelque base que ce soit : sexe, nationalitĂ©, race, etc. L’appel Ă  la saintetĂ© est universel et nous avons tous la responsabilitĂ© de proclamer le royaume de Dieu.

La vocation de laĂŻc mariste est une nouvelle expression du charisme de Champagnat. Par consĂ©quent, nous ne pouvons la comprendre qu’en communion avec l’Institut des Frères, forme originelle du charisme et source Ă  partir de laquelle nous avons dĂ©couvert le trĂ©sor de notre identitĂ©. (Autour de la mĂŞme table, 124).

Une rĂ©flexion plus profonde sur la façon dont on devient mariste est qu’il y en a une variĂ©tĂ©. Beaucoup de personnes entrent en contact avec les Frères Maristes en tant qu’Ă©lèves, Ă©ducateurs, parents ou amis. Ă€ travers de telles rencontres, ils ressentent un appel de Dieu Ă  vivre le charisme de Champagnat sans changer leur Ă©tat de vie. Beaucoup de personnes ne sont pas encore conscientes de leur propre vocation chrĂ©tienne ou la situation les a rendues passives, mais c’est notre devoir de les aider Ă  la dĂ©couvrir et Ă  rĂ©pondre par un oui comme Marie.

Je suis donc tout Ă  fait d’accord avec le passage suivant dans Autour de la mĂŞme table: “La communion entre laĂŻcs et Frères complète et enrichit nos vocations spĂ©cifiques et nos diffĂ©rents Ă©tats de vie. Non seulement il y a une place pour les deux Ă  la table, mais nous avons besoin les uns des autres Ă  nos cĂ´tĂ©s.” (79).

Mes expériences / Témoignage d’un laïque mariste

Alida Henri Bodomanitra – Province de Madagascar

Je suis mariée, et mon époux et moi avons trois enfants. Je cherchais du travail, et on m’a acceptée pour enseigner dans un collège mariste. C’est ainsi que j’ai connu les maristes pour la première fois. J’enseigne maintenant dans un autre collège mariste, et on m’a demandée de superviser la section primaire dans ce collège. C’est alors que j’ai fait la connaissance de saint Marcellin Champagnat. J’avais un frère qui me parlait du charisme mariste. Il m’a invité à connaître ce charisme, spécialement la simplicité de vie et la suite du Christ à la manière de Marie. Je me suis senti très attirée par la dévotion à Marie. Je sais maintenant qu’être mariste, c’est faire connaître Jésus et le faire aimer. Comme j’enseigne le catéchisme à la paroisse et à l’école, je peux remplir cette mission mariste.

L’histoire du jeune Montagne me motive beaucoup dans cette mission. Je suis très intéressé à la vie mariste: on m’a envoyé suivre le cours de « Animation du laïcat mariste » à Rome, en 2015. Par la suite, on m’a invité à être le responsable des laïques maristes à Madagascar. Plus tard, on m’a demandé de faire partie de la « Commission Africaine des Laïcs et des Frères ». J’ai dû voyager pour des rencontres avec différents groupes dans plusieurs milieux. Ceci m’a permis d’avoir une vision plus large de la vie mariste. Mon expérience à Rome, au cours de la formation, m’a donné l’occasion de connaître des gens de différentes parties du monde mariste. Ceci a fait grandir en moi le désir et la motivation à approfondir la vie mariste. J’ai également grandi grâce à mes contacts avec les personnes en Afrique quand j’ai commencé ma responsabilité dans la Commission des Laïques et Frères du continent.

Avec l’arrivée de la pandémie, l’animation des laïques est devenue plus difficile. Nous espérons que cette situation puisse se résoudre bientôt et que commence un nouveau dynamisme dans le monde mariste. Je souhaite une plus grande communion entre frères et laïques maristes. Pour nous ici, à Madagascar, la visite

aux laïques dans d’autres régions a amélioré notre vie mariste, et nous a donné plus de motivation et de dynamisme. J’espère que ces visites pourront continuer.

Commission des frères et laïcs

Samuel Adu-Nontwiri – Province d’Afrique de l’Ouest – Ghana

En tant qu’ancien professeur et expert en formation, il me fait plaisir de faire partie de la grande mission des Maristes de Champagnat. Quand mon Provincial, le Frère Cyprian Gandeebo m’a remis le crucifix mariste en bois, je fus très Ă©mu et je me dis Ă  moi-mĂŞme : je dois faire plus d’effort pour m’engager davantage dans la mission des Maristes de Champagnat.

Comme lĂ©gionnaire, qui fait la visite des hĂ´pitaux comme apostolat, je ne savais pas que Dieu m’appelait Ă  la mission Mariste. C’est une laĂŻque qui m’a parlĂ© des Frères Maristes. J’ai cherchĂ© de l’information sur ces frères, et j’ai admirĂ© leur mission : travailler pour les jeunes, spĂ©cialement les marginaux.

Par la suite, quand j’ai commencĂ© Ă  mieux les connaĂ®tre, je fus frappĂ© en voyant leur humilitĂ©, leur style de vie simple et leur spiritualitĂ©. Et plus encore : Marie, leur Bonne Mère, Ă©tait aussi Marie des LĂ©gionnaires. Les ressemblances m’ont frappĂ©, et j’ai rejoint le Mouvement Champagnat de la Famille Mariste au dĂ©but des annĂ©es quatre-vingt-dix. Quand je me suis approchĂ© d’eux, j’ai admirĂ© leur style de vie : Ă  table, ils partageaient leurs activitĂ©s et leurs rĂ©flexions sur ce qu’il avait Ă  faire dans l’avenir.

J’ai aussi commencĂ© Ă  lire certaines sources publiĂ©es sur Internet sur les frères et les laĂŻcs maristes. Quelque temps après, j’ai dĂ©cidĂ© de me joindre au LaĂŻcat Mariste. Au dĂ©but, le coordinateur, le F. John Kusi Mensah, m’a invitĂ© avec quelques personnes qui ont manifestĂ© leur dĂ©sir d’engagement. Je me suis senti profondĂ©ment intĂ©ressĂ© Ă  m’unir au groupe et je me dis Ă  moi-mĂŞme que je ferais tout mon possible pour devenir Mariste de Champagnat. Ce dĂ©sir m’a encouragĂ© Ă  le partager avec l’ancien SupĂ©rieur du District, le F. Francis Lukong, lui demandant s’il pouvait m’envoyer Ă  une mission dans n’importe quelle partie du monde mariste.

Dans ce contexte, j’ai accepté une invitation à la mission Mariste au Liberia – Monrovia. Depuis mon retour, j’ai continué à cheminer avec les membres de la vie religieuse mariste. J’ai également continué à apporter mon aide dans la Province Mariste d’Afrique de l’Ouest.

Ces expériences m’ont apprises de grandes leçons sur la façon de vivre avec les autres et à mener une vie exemplaire afin que d’autres s’y engagent.

Forum International sur la vocation mariste laĂŻque

Raul Amaya Rivera – Directeur du SecrĂ©tariat des LaĂŻcs

Premières étapes de la Phase II
« Se mettre en route avec eux Â» (Lc 24, 15)

On a commencé, en juillet 2021, la Phase II de notre Forum International, qui met l’accent sur les rencontres de réflexion au niveau local et au niveau des Unités Administratives. Cette phase comprend l’étude et l’approfondissement, au niveau personnel et communautaire, des thèmes proposés découlant des quatre objectifs du Forum.

Afin d’appuyer le dialogue dans les communautés, le Secrétariat Élargi des Laïcs a préparé quelques fiches pour animer les réunions et qui touchent chacun des objectifs du Forum, dans le but de susciter la réflexion et le dialogue de tous les laïcs et des frères impliqués dans cette démarche, et accueillir explicitement leurs opinions et leurs apports au Forum.

La dynamique se fait en petits groupes formĂ©s de frères, de communautĂ©s mixtes, de laĂŻcs et de laĂŻques engagĂ©s, de fraternitĂ©s du MCHFM ou autres mouvements. Les rencontres se font en prĂ©sence, lĂ  oĂą c’est possible, ou de manière virtuelle. Bien que chaque UnitĂ© Administrative organise cette Ă©tape selon ses possibilitĂ©s, il est important de suivre ce schĂ©ma :

  • Diffuser la proposition (juillet 2021)
  • GĂ©nĂ©rer les Ă©changes en petits groupes (juillet 2021 Ă  mai 2022)
  • Choisir les 3 reprĂ©sentants (juillet 2021 Ă  mai 2022)
  • RĂ©aliser le Forum provincial/du District (mars 2022 Ă  mai 2022)
  • Envoyer les conclusions de l’UnitĂ© Administrative (jusqu’au 30 juin 2022).

Jusqu’au 30 juin 2022, les Équipes provinciales d’Animation des Laïcs enverront au Secrétariat des Laïcs les documents finals où sont consignés les résultats de la démarche locale et provinciale/du District et le nom des représentants.

Nous vous remercions pour l’enthousiasme et la vision d’avenir que chacun apporte dans cette démarche d’échanges communautaires; et nous vous encourageons à poursuivre cette démarche qui nous mènera, avec l’aide de l’Esprit Saint, à un renforcement de notre Famille Charismatique.