Partage 8 – Vocation Mariste LaĂŻque

Bulletin Mariste LaĂŻque

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Les laĂŻcs maristes : leaders au service des personnes

Ana Isabel SaborĂ­o Jenkins – SecrĂ©tariat Ă©largi pour les laĂŻcs – Province d’AmĂ©rique Centrale

Il y a quelques annĂ©es, j’ai eu la chance de participer Ă  un cours de spĂ©cialisation sur le Patrimoine et les Principes Éducatifs Maristes, et je terminais cette expĂ©rience avec un article que je devais Ă©crire. La recherche Ă©tait centrĂ©e sur l’hĂ©ritage du leadership Ă  partir de l’expĂ©rience du Père Champagnat, et je ferai appel Ă  certains extraits de l’article, car Ă  travers la recherche, je me suis rendu compte de l’importance du F. François dans la transmission du charisme. Celui-ci fut très important parce qu’il a incorporĂ© Ă  son ADN la spiritualitĂ© du P. Champagnat : il a vĂ©cu avec lui, il a appris de lui et avec lui. Il a reçu et transmis le charisme avec fidĂ©litĂ©.

Le Frère François fut aux cĂ´tĂ©s du Père Champagnat depuis le moment de la fondation de l’Institut des Frère Maristes jusqu’à sa mort. C’est lui qui fut Ă©lu comme premier SupĂ©rieur des Frères Maristes et il lui revint le devoir de la transmission du charisme aux autres frères. Avec fidĂ©litĂ©, amour, et mĂŞme sans le savoir, il a assurĂ© la continuitĂ© et la vitalitĂ© du charisme. En se basant sur les considĂ©rations antĂ©rieures, on peut voir que l’expĂ©rience vĂ©cu par le Frère François avec le Père Champagnat a une ligne et un style Ă  la couleur et au parfum maristes qui Ă©manait de l’esprit de famille qui rĂ©gnait dans la communautĂ© de La Valla, et plus tard, Ă  l’Hermitage. Cette relation Ă©troite se laisse deviner Ă  travers les paroles du Fondateur dans certaines de ses lettres actives comme, par exemple, dans la lettre 194 quand le Père affirme :

Le F. François est mon bras droit; en mon absence, il dirige la maison comme si j’étais prĂ©sent. Tous lui obĂ©issent sans grand problème. Marie montre clairement sa protection sur l’Hermitage. Oh, que le nom de Marie est puissant! Heureux sommes-nous d’en ĂŞtre revĂŞtus! Ça ferait longtemps qu’on ne parlerait plus de notre SociĂ©tĂ© sans ce saint nom, un nom miraculeux. Marie est l’unique ressource de notre SociĂ©tĂ© Â». (LETTRES, PS, 19)

Cette simple façon de l’exprimer ne pouvait que renforcer l’influence qu’il exerçait sur ceux qui avaient affaire Ă  lui. « Il Ă©tait ferme, certes, rappelle le Frère François, nous aurions tous tremblĂ© au seul son de sa voix, Ă  un seul de ses regards…, mais surtout, il Ă©tait bon, compatissant, c’était un père… Une parole, la mĂŞme parole rĂ©pĂ©tĂ©e plusieurs fois mais dite par lui, descendait jusqu’au fond du cĹ“ur Â» (CARNETS MARISTES, n° 16, p. 7).

Dans l’article Ă©crit par le Frère Paul Sester, intitulĂ© « Le Frère François rappelle le Père Champagnat Â», il explique, Ă  travers des exemples, comment le Frère François assure une continuitĂ© au charisme de Marcellin Champagnat et il donne plusieurs exemples, en soulignant certains qui montrent des caractĂ©ristiques du leadership du Père Champagnat et comment ce leadership et la dĂ©termination du Frère François Ă  le maintenir vivant a Ă©tĂ© la base pour maintenir, renforcer et revitaliser un charisme que nous, Maristes, avons la responsabilitĂ© de continuer Ă  travers le temps. Le Frère Paul Sester situe, comme moment important, l’annĂ©e 1860, quand le Frère François convoque le IIIe Chapitre gĂ©nĂ©ral oĂą il demande de se retirer Ă  la Maison de l’Hermitage, mĂŞme s’il continue d’être le SupĂ©rieur gĂ©nĂ©ral. DĂ©jĂ , Ă  l’Hermitage, il avait commencĂ© la coutume de rĂ©unir tous les Frères le dimanche pour leur donner des instructions, clairement influencĂ© par Marcellin Champagnat et assumant avec conviction la responsabilitĂ© de faire connaĂ®tre un charisme dans lequel il avait vĂ©cu dans l’intimitĂ© aux cĂ´tĂ©s du Père Champagnat, ayant conscience que beaucoup de frères n’avaient pas eu cette chance de vivre et d’apprendre Ă  ses cĂ´tĂ©s.

Le Frère Paul Sester (CARNETS MARISTES, n° 19, p. 80) transcrit une des notes du Frère François qu’il utilisait pour donner une instruction du dimanche aux Frères :

Tout ici nous parle du P. Champagnat, tout nous rappelle ce bon Père. Les murs, les cloisons, les planchers nous indiquent qu’il Ă©tait Ă  la fois maçon, plâtrier, menuisier, qu’il travaillait sur tout et dirigeait tout.  Il a marchĂ© sur ces planchers, il a traversĂ© ces pièces, il a priĂ©, chantĂ©, confessĂ©, cĂ©lĂ©brĂ© la messe et donnĂ© la communion dans cette chapelle qu’il a lui-mĂŞme construite; il a travaillĂ© la terre, cultivĂ© le jardin; il passait lĂ , mangeait dans le rĂ©fectoire; il donnait ses instructions aux novices dans la Salle du Noviciat; il a attaquĂ© le Rocher Ă  coups de pic et de pelle. Enfin, il repose dans le cimetière qu’il a fait lui-mĂŞme. Vous mangez le fruit des arbres qu’il a plantĂ©s; vous demeurez lĂ  oĂą il a vĂ©cu.

Les notes du Frère François pour les instructions du dimanche ne laissent pas seulement voir le désir du Frère de transmettre un charisme, le désir que tous sentent la présence du Père Champagnat, mais ils mettent aussi en évidence le fait que le Fondateur fut un leader qui a enseigné par sa présence, son exemple, ses paroles et tout son être, et que cela ne se limitait pas seulement au travail, mais aussi à la prière.

Plus loin, dans le mĂŞme document, aux notes du 09.06.1872 du F. François, on lit : « Un Frère Directeur qui fait respecter le silence, qui met l’accent Ă  encourager l’étude, qui exige que chacun remplisse son emploi avec zèle et abnĂ©gation, permet d’éviter chaque jour une multitude de fautes; il prĂ©serve les Frères d’une infinitĂ© de dangers et de tentations, et leur rend un excellent service Â» (CARNETS MARISTES, n° 19, p. 85). Cette note du Frère François illustre le rĂ´le prĂ©ventif et visionnaire que le Père Champagnat percevait et que les Directeurs devaient avoir. Il est essentiel de souligner la dernière partie des notes, la phrase que le SupĂ©rieur a Ă©crite vers 1872 : « â€¦ et il leur rend un excellent service Â»; ceci est fondamental parce qu’il montre dans cette phrase et dans les actions du Père Champagnat, la pratique d’un leadership de service qui implique de se sentir partie intĂ©grante de l’HumanitĂ©, d’aider les autres d’abord Ă  grandir en tant que personnes et ensuite Ă  grandir au sein d’une communautĂ© oĂą se dĂ©veloppe le sens de l’HumanitĂ© et la conscience de l’altĂ©ritĂ©.

Le mĂŞme auteur de l’article transcrit les notes du Frère François  du 21.01.1872 : « Vous voyez qu’il ne pouvait lĂ©siner ni sur la règle ni sur le devoir, et qu’il n’hĂ©sitait pas Ă  punir ou mĂŞme Ă  expulser quand il le fallait; et pourtant il avait besoin de Frères, mais il voulait qu’ils fussent bons Â» (CARNETS MARISTES, n° 19, p. 90).

Le Père Champagnat a toujours prĂ©cisĂ© le devoir du Directeur : ferme, dĂ©cidĂ©, humain. Il n’a jamais permis la lecture d’un contexte dans lequel ses actions Ă©taient dĂ©terminĂ©es par un besoin de survie, mais plutĂ´t une action marquĂ©e par une profonde conviction dans un projet inspirĂ© par Dieu et confiĂ© Ă  la protection de la Bonne Mère, et dans le rĂ´le primordial des Directeurs.

Il semble pertinent dans cet article que l’on fasse rĂ©fĂ©rence Ă  la correspondance entre Marcellin Champagnat et Frère François.  Une analyse approfondie de ceux-ci montre qu’entre 1836 et 1838, le Fondateur a profitĂ© de cette ressource pour accompagner, instruire et motiver le Frère François dans une sĂ©rie d’aspects propres Ă  la fonction de Directeur dont il devait, Ă  la mort de Marcellin, hĂ©riter et qu’il devait transmettre aux autres Frères.  Parmi celles-ci, les fonctions administratives requises pour la prise de dĂ©cision, l’autorisation du travail, la persĂ©vĂ©rance, la supervision, la collĂ©gialitĂ©, la gestion financière, l’Ă©conomie, le travail, la vision stratĂ©gique, le leadership, la communication, l’Ă©coute, la proximitĂ©, la confiance et l’affection pour ses Frères.

Je ne peux que penser au rôle fondamental que le Frère François a joué, durant ces années-là, dans la transmission du charisme aux Frères.

Cette mission, comme leaders au service de nos communautĂ©s, doit ĂŞtre assumĂ©e aujourd’hui par nous, frères et laĂŻcs, tous les maristes qui veulent vivre le charisme ” faire connaĂ®tre et aimer JĂ©sus-Christ ” avec crĂ©ativitĂ©, innovation, pour faire en sorte que pendant de nombreuses annĂ©es encore, le charisme continue Ă  ĂŞtre vĂ©cu et continue Ă  ĂŞtre un phare d’espĂ©rance pour beaucoup dans le monde.

Foyers de lumière qui génèrent une nouvelle vie

Claudia A. Rojas Carvajal – Formation des laĂŻcs : RĂ©gion Arco Norte – province Norandina

“Comme le corps est un et a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, Ă©tant nombreux, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il du Christ. (1 Corinthiens 12:12)

Ă€ la mi-2019, nous avons reçu de l’Institut mariste le plan stratĂ©gique de l’Administration gĂ©nĂ©rale, une des façons de rĂ©pondre aux appels du Chapitre gĂ©nĂ©ral. Le plan invite les UnitĂ©s administratives Ă  regarder l’avenir avec crĂ©ativitĂ© et joie, et aussi Ă  marcher avec d’autres dans ces ” caravanes de vie ” oĂą nous sommes invitĂ©s Ă  nous connaĂ®tre, Ă  nous reconnaĂ®tre et Ă  donner des rĂ©ponses nouvelles et audacieuses aux situations que nous vivons.

Dans notre rĂ©gion, le plan stratĂ©gique a confirmĂ© ce que les Provinces de l’Arco Norte avaient dĂ©jĂ  identifiĂ© depuis 2018, Ă  savoir que nous Ă©tions et sommes un groupe de Provinces qui collaborent et s’organisent pour revitaliser la vie et la mission maristes, en offrant et en innovant des services partagĂ©s, en harmonie avec l’Institut Ă  travers des principes, des processus et des structures qui nous permettent de rĂ©pondre aux dĂ©fis de nos environnements.

Dans cette revitalisation, l’Ă©quipe rĂ©gionale de formation des laĂŻcs a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e, avec la tâche de “Consolider l’identitĂ© mariste et recrĂ©er l’option vocationnelle Ă  travers des processus de formation intĂ©grale – itinĂ©raires – qui favorisent la construction du Royaume de Dieu. Ă€ la lumière des trois dimensions vitales de la vie mariste : une recherche passionnĂ©e de Dieu ; ĂŞtre des personnes de communion, de fraternitĂ© ; ĂŞtre des Ă©vangĂ©lisateurs et des Ă©vangĂ©lisĂ©s dans le milieu gĂ©ographique et existentiel des enfants et des jeunes “.

Depuis ses dĂ©buts, l’Ă©quipe comprend la participation d’un dĂ©lĂ©guĂ© laĂŻc de chaque Province et d’un frère qui accompagne le processus, ainsi que la richesse de pouvoir compter sur le secrĂ©tariat Ă©largi des laĂŻcs. Le premier pas que nous avons voulu faire a Ă©tĂ© de connaĂ®tre les processus laĂŻcs de chacune des unitĂ©s administratives ; reprenant la citation des Corinthiens avec laquelle nous avons commencĂ© ce texte, nous sommes conscients que nous formons un seul corps, mais avec des talents, des dons et des expĂ©riences diffĂ©rents.

L’urgence covid vĂ©cue dans le monde et dans notre rĂ©gion, au lieu de nous inciter Ă  abandonner notre rĂŞve, nous a incitĂ©s Ă  le recrĂ©er d’une manière diffĂ©rente et nous avons dĂ©cidĂ© d’aller de l’avant Ă  partir du monde virtuel. La proposition a ensuite Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e Ă  partir de VOIR (connaĂ®tre les processus de chacun), JUGER (regarder les dĂ©fis, les richesses et les difficultĂ©s pour la vie laĂŻque et la vocation de notre rĂ©gion) et enfin AGIR (qui est de dĂ©finir la planification stratĂ©gique articulĂ©e avec celle de la rĂ©gion et de l’administration gĂ©nĂ©rale).

Bien que le covid-19 ait apportĂ© beaucoup d’incertitude et de douleur, le fait d’affronter virtuellement cette situation a aussi Ă©tĂ© pour nous un moment de grâce, nous permettant de rĂ©unir un groupe plus large de laĂŻcs maristes. Au cours de ces huit mois, la vocation laĂŻque mariste a pris des visages et des expĂ©riences plus concrètes. Pendant 8 mois nous avons appris Ă  connaĂ®tre chacune des provinces, la vie laĂŻque qui, de manières diffĂ©rentes, mais toutes très riches, a fait son chemin, les succès, les difficultĂ©s et les dĂ©fis. En bref, la vocation laĂŻque mariste prenait des visages et des expĂ©riences plus concrètes.

Le temps d’Ă©change a non seulement permis de connaĂ®tre les processus, mais a aussi permis Ă  beaucoup d’entre nous de connaĂ®tre et de reconnaĂ®tre dans un cadre vocationnel nos compagnons de route. Il y a eu un bon dialogue, de la joie, du respect, de la confiance, de la cohĂ©sion et de la transparence qui nous ont permis d’aborder les diffĂ©rents dĂ©fis que la vocation mariste, et surtout la vocation laĂŻque, pose aujourd’hui.

Aujourd’hui, presque un an et demi plus tard, je peux affirmer avec joie et espoir que non seulement nous avons tous les outils pour continuer Ă  construire la vie laĂŻque mariste dans la rĂ©gion de l’Arco Norte autour de quatre axes thĂ©matiques : communion, formation, vocation et organisation, mais aussi que nous avons crĂ©Ă© une famille de 28 laĂŻcs, hommes et femmes, qui rĂŞvent, pensent et souhaitent les uns pour les autres comme une famille de la rĂ©gion de l’Arco Norte.

Que ce cheminement ensemble comme Maristes de Champagnat continue Ă  nous encourager Ă  ĂŞtre des phares d’espĂ©rance, des bâtisseurs de ponts et des tĂ©moins de l’amour infini que Dieu et notre Bonne Mère ont pour nous.

L’amitié sociale – Un défi pour les laïques maristes

João Luis Fedel Goncalves – Province du Brésil Centre-Sud

Dans le projet des communautĂ©s internationales, comme Lavalla200>, l’Institut Mariste propose la rĂ©alisation de communautĂ©s dans les pĂ©riphĂ©ries du monde : HolguĂ­n Ă  Cuba, Syracuse en Italie, Atlantis en Afrique du Sud, Mount Druitt en Australie, Moinesti en Roumanie et Tabatinga au BrĂ©sil. Les Frères et les laĂŻques ont acceptĂ© le dĂ©fi de vivre ensemble une nouvelle forme de fraternitĂ© au service de la vie. Et ils ne le rĂ©alisent pas dans de grandes Ĺ“uvres ou des initiatives spectaculaires. Dans tous ces milieux, ils cherchent plutĂ´t l’association et la collaboration des organismes et de l’Église locale pour dĂ©velopper leur mission.

Dans son encyclique Fratellini Tutti, le Pape François nous invite tous à vivre la fraternité et l’amitié sociales. La première fait appel aux relations personnelles, la façon d’entrer en relation avec les autres. La deuxième invite les organisations et les pays à rechercher la justice et la paix, surtout envers ceux qui se trouvent au bord du chemin, comme l’homme blessé et recueilli par le Samaritain, dans la parabole que nous propose Jésus (Cl 10, 25-37).

Un bon exemple est la relation entre le local et le global. Si nous nous centrons exclusivement sur le local, nous pourrions tomber dans la « mesquinerie quotidienne Â», et si, au contraire, toute l’attention est portĂ©e sur le global, nous courrions le risque d’ignorer les particularitĂ©s et les diffĂ©rences du particulier, du petit. Par consĂ©quent, dit le Pape, « la fraternitĂ© universelle et l’amitiĂ© sociale au sein de chaque sociĂ©tĂ© sont deux pĂ´les insĂ©parables et coessentiels. Les sĂ©parer conduit Ă  une dĂ©formation et Ă  une polarisation nĂ©faste Â».

Fraternité et amitié sociale dans la vie mariste

Les documents qui traitent de l’identitĂ© mariste montrent que la fraternitĂ© est une ses caractĂ©ristiques distinctives. La Règle de vie demande Ă  chaque Frère le tĂ©moignage de la fraternitĂ© : « En participant Ă  cette onction de JĂ©sus, ta vie consacrĂ©e est appelĂ©e Ă  ĂŞtre une prophĂ©tie de la fraternitĂ© pour tous : rĂ©vĂ©ler par ta vie que nous sommes tous enfants du mĂŞme Père, et donc frères Â» (n. 5). Autour de la mĂŞme table utilise l’expression « esprit de famille Â» pour parler de la fraternitĂ© : « L’esprit de famille est une manière d’exister qui nous guĂ©rit et nous transforme en tant que personnes. Il nous rend confiant en l’autre, nous fait accepter nos limites personnelles et nous pousse Ă  mettre en valeur les dons reçus de Dieu Â» (n. 69).

Ainsi, l’amitiĂ© sociale est une dimension importante de la vocation et de la mission maristes. Dès le dĂ©but, le projet de la SociĂ©tĂ© de Marie le projet de la SociĂ©tĂ© de Marie s’est impliquĂ© dans diffĂ©rentes forces pour travailler ensemble. MĂŞme Champagnat, qui avait initiĂ© seul la crĂ©ation de l’Institut Mariste, s’est associĂ© Ă  d’autres prĂŞtres, Ă  l’Archidiocèse et Ă  des organisations qui l’ont aidĂ© Ă  rendre possible sa congrĂ©gation. Les premiers missionnaires d’OcĂ©anie, par exemple, ont entrepris un projet de collaboration, malgrĂ© les difficultĂ©s qui ont accompagnĂ© les premières expĂ©riences. La fameuse expression de Champagnat : « Tous les diocèses entrent dans nos vues Â», plus qu’un programme extensioniste, propose une action qui cherche Ă  s’intĂ©grer dans la sociĂ©tĂ© et dans l’Église d’une façon collaborative. Dans la majoritĂ© des situations, la prĂ©sence mariste rĂ©pondait Ă  l’appel de ses services d’éducation et d’évangĂ©lisation, spĂ©cialement envers les enfants et les jeunes.

Le XXIIe Chapitre gĂ©nĂ©ral prĂ©sente Ă  la famille charismatique globale le dĂ©fi « d’être des constructeurs de ponts Â». Deux attitudes ressortent de cette invitation. La première est d’abandonner la culture des « egos Â» pour mettre de l’avant une culture des « Ă©cos Â», comme l’écologie, l’économie solidaire, etc. Le terme grec fait appel Ă  la trame des relations qui constituent notre rĂ©alitĂ© dans laquelle tout est interconnectĂ©, rendant ainsi possible la vie. Par consĂ©quent, ĂŞtre un pont, c’est valoriser tout ce qui suscite le changement et la communion et qui s’attaque au « scandale des diffĂ©rences et des inĂ©galitĂ©s Â».

La deuxième attitude est « d’être des agents de changement Â» qui agit principalement sur la vie des enfants et des jeunes « grâce Ă  une Ă©ducation Ă©vangĂ©lisatrice Â». Pareillement, cette prĂ©sence ne peut se faire de manière isolĂ©e, mais elle a besoin de gĂ©nĂ©rer des espaces de participation et d’interaction. Il existe des exemples très significatifs dans l’Institut Mariste. On a lancĂ© rĂ©cemment le RĂ©seau Global Mariste des Écoles, qui rĂ©unit 600 communautĂ©s Ă©ducatives Ă  travers le monde. Il est possible d’imaginer toute la synergie que gĂ©nĂ©rera ce mouvement, amplifiant de façon significative les interactions, la coopĂ©ration et le travail en rĂ©seau. Comme le dit le Pape François, « le tout est plus que les parties Â» (Evangelii Gaudium, n. 235).

Si la fraternitĂ© nous caractĂ©rise en tant que Maristes de Champagnat, son expression « globale Â» est l’amitiĂ© sociale. Celle-ci est, dans les mots du Papa François, « l’amour qui s’étend au-delĂ  des frontières (…) dans chaque ville ou dans chaque pays. Quand elle est vraie, cette amitiĂ© sociale  dans une sociĂ©tĂ© est une condition qui rend possible une vĂ©ritable ouverture universelle Â» (Fratelli Tutti, n. 99).

Amitié sociale, organisations maristes et participation des laïques

Il existe différentes organisations locales et régionales qui mettent de l’avant le développement social et l’éducation. Donnons trois exemples.

La première est l’ONG SED (SolidaritĂ©, Éducation et DĂ©veloppement), un organisme des Maristes d’Espagne qui intervient dans diffĂ©rentes parties du monde, « en lien avec la coopĂ©ration, travaillant Ă  la promotion et Ă  la dĂ©fense du droit Ă  l’éducation, Ă  la santĂ©, Ă  un travail digne, Ă  l’accès Ă  l’eau et Ă  l’émancipation des femmes Â» (https://sed-ongd.org/).

Un autre exemple est un projet de collaboration du RĂ©seau de SolidaritĂ© du BrĂ©sil Mariste appelĂ© « Entrelaça Â» (Échange) et qui crĂ©e des partenariats avec le pouvoir public, les organisations locales et la communautĂ© mariste pour travailler Ă  la dĂ©fense de la qualitĂ© d’éducation publique dans diffĂ©rentes rĂ©gions du pays. Frères, collaborateurs et laĂŻques sont engagĂ©s depuis les dĂ©buts du projet.

Enfin, nous avons le Pacte Éducatif Global, lancé par le Pape François, en faveur de l’éducation humaniste et solidaire. Ce projet a mobilité l’Institut Mariste, les Provinces du monde entier et de nombreuses organisations. C’est un milieu propice à l’action des Maristes de Champagnat.

Ces projets sont des rĂ©ponses Ă  l’appel du Pape pour d’agir dans des domaines particulièrement sensibles de l’amitiĂ© sociale. Ces domaines prennent des visages très concrets : les pauvres, les marginalisĂ©s, les orphelins, les rĂ©fugiĂ©s et les exilĂ©s, les victimes de guerres, les victimes de persĂ©cutions et d’injustices, les victimes de destruction, des personnes qui vivent dans la peur, les personnes torturĂ©es, abandonnĂ©es ou ignorĂ©es par la sociĂ©tĂ©, les personnes souffrant d’incapacitĂ©s, des Ă©trangers, des personnes âgĂ©es, des enfants et des jeunes.

François rappelle que « Si la sociĂ©tĂ© est rĂ©gie prioritairement par les critères de libertĂ© et d’efficacitĂ© du marchĂ©, il n’y a pas de place pour eux, et la fraternitĂ© ne sera qu’une expression romantique de plus Â» (Fratelli tutti n. 109). Au contraire, « Une sociĂ©tĂ© humaine et fraternelle est capable d’en prendre soin et de s’assurer de manière efficace et stable que tous soient accompagnĂ©s dans leur parcours de vie Â» (n. 110).

Engagement laĂŻque mariste

Réfléchir sur notre vocation comme laïques mariste demande de réfléchir à tous ces visages et de penser à des façons de participer dans des organisations locales et globales qui travaillent en faveur de ces populations, de ces groupes. Comment notre engagement baptismal, vécu dans le charisme de Champagnat, nous pousse-t-il à la mission dans ces contextes?

Tout effort de changement suppose le lien avec toutes les forces agissent dans la même direction. Cette façon d’agir en réseau, de collaborer en vue du bien, de se mettre au service des plus vulnérables, nous l’avons apprise de notre Fondateur.

C’est Ă©galement notre rĂ©ponse mariale, qui nous remplit d’espĂ©rance, une espĂ©rance partagĂ©e. Comme le dit le poète brĂ©silien JoĂŁo Cabral de Melo Neto : « Faire lever le jour. Un coq seul ne fait pas lever le jour : il aura toujours besoin d’autres coqs. Â»

Pour moi, que signifie ĂŞtre un laĂŻque mariste?

Nelson Enrique Cárcamo Banegas – Honduras

Être un laïque mariste fait partie de ma vie. J’ai passé plusieurs années en contact avec le charisme mariste, j’ai commencé comme étudiant mariste, puis comme éducateur mariste, et maintenant, je poursuis une démarche formelle de croissance comme laïque.

Le contact avec les frères a été très significatif pour ma vie; j’ai rencontré une nouvelle famille, j’ai admiré son exemple d’engagement total, j’admire leur dévouement envers les autres, leur accompagnement et leur vie partagée.

Saint Marcellin Champagnat est mon inspiration; j’admire sa détermination devant les défis de sa vie, de sa vocation, et sa foi profonde. Il ne s’est jamais avoué vaincu, il a toujours gardé ferme sa foi chrétienne, en s’appuyant sur Marie.

En tant que laïque mariste, je sens que nous sommes à un important moment historique; les frères maristes ont écrit une histoire d’apostolat; maintenant, nous qui les avons accueillis et qui sommes les témoins de leur engagement, nous nous sentons en lien avec le charisme et engagés à poursuivre le travail pour le royaume de Dieu, à la mesure de nos possibilités, dans un esprit renouvelé, en accord avec les temps nouveaux. Je sens que la vie mariste, comme laïque, est une richesse, que nous avons déjà le grand héritage des frères qui peut porter beaucoup de fruit dans tout le monde.

J’ai toujours eu des interrogations au plan vocationnel, et maintenant, j’ai l’occasion de servir comme laĂŻque mariste : ceci m’enchante. J’ai confiance en Dieu, en ses desseins : il guide mon chemin de laĂŻque mariste.

Alfredo de JesĂşs RodrĂ­guez Márquez – Mexique

J’ai 33 ans, et je vis dans la ville de Tijuana, Baja California, au Mexique. Depuis 15 ans, je collabore à l’Institut Mexico de B.C., en accompant la formation humaine et spirituelle des adolescents au niveau secondaire.

Mon premier contact avec le charisme mariste fut comme étudiant. Depuis le tout début, je me suis senti le bienvenu, comme lorsque tu arrives dans la maison d’un vieil ami où il te reçoit avec beaucoup d’amour et de joie. Et c’est ainsi que, sans m’en rendre compte, j’ai commencé un long cheminement plein d’expériences significatives, entouré de personnes qui, sans doute, m’ont laissé voir le visage amoureux de Dieu.

Comme mariste, je n’ai jamais cheminĂ© seul : j’ai rencontrĂ©, en Marie et Marcellin, le modèle pour accompagner mes Ă©lèves et ma propre vie; ils m’animent et me donne la force d’affronter les dĂ©fis de la mission de faire de ma vie un Ă©vangile de JĂ©sus. Ça me touche de savoir qu’il y a encore beaucoup de chemin Ă  parcourir et que je suis accompagnĂ© de tant de personnes courageuses et engagĂ©es qui ont rĂ©pondu Ă  l’appel de Dieu Ă  ĂŞtre heureux.

Aujourd’hui, je suis certain que ma vocation, comme laïque mariste, n’est pas limitée aux murs du collège et que je n’arrête pas d’être mariste au moment où se termine mon horaire de travail. Je vois maintenant dans chaque enfant, dans chaque jeune, dans chaque laïque et dans chaque frère un foyer de lumière qui illumine et guide mon cheminement. Je m’efforce d’être, aujourd’hui et à chaque instant, un mariste de Champagnat.

Ana Isabel LĂłpez Morataya – Guatemala

Je suis mariĂ©e Ă  David Castellanos depuis 32 ans, et nous avons 4 enfants : Isa, Ale, Regina et Santi. Avec reconnaissance, je puis dire que nous sommes une famille mariste, puisque nous avons tous participĂ© Ă  diffĂ©rentes dĂ©marches et expĂ©riences qui nous dĂ©finissent comme tel.

Dès les années ’80, j’ai été initiée au monde mariste, en participant à des groupes juvéniles de REMAR. Je fais partie de la Fraternité Violetas du MCFM depuis 25 ans qui est rattachée à l’école mariste au Guatemala. Je suis, actuellement, en accompagnement vocationnel comme laïque.

Tout au long de ma vie, j’ai découvert et affiné ma manière d’être mariste en expérimentant dans ma vie la présence amoureuse et généreuse de Dieu qui me conduit à un engagement profond avec Jésus et son évangile. Dans cette démarche, Marie, ma Bonne Mère, a été la fidèle compagne de mon cheminement.

Je puis affirmer que l’essence de ma vocation laïque découle de la gratuité de l’amour du Dieu de Jésus qui m’habite et m’engage à être mariste dans toutes les dimensions de ma vie. Faire connaître Jésus Christ et le faire aimer, dans la simplicité et les petites choses, au quotidien, est un moyen d’être une semence qui porte du fruit et engendre la vie, en étant coresponsable dans la construction du Royaume de Dieu.

C’est pour cela que je vis ma vocation comme laïque mariste parmi les enfants et les jeunes qui sont la raison d’être de ma mission, en accompagnant leurs progrès et en étant génératrice de vie et d’espérance au milieu d’eux, de leurs familles et du milieu où ils évoluent; je l’assume dans un esprit généreux, en cherchant à être fidèle à la suite de Jésus et en harmonie avec le charisme hérité du Père Champagnat.

Je remercie Dieu pour ce don, je remercie les frères et les personnes que j’ai rencontrées sur ma route et avec lesquelles j’ai partagé mes temps de formation, de spiritualité, de fraternité et de mission mariste; je remercie spécialement ma famille et ma fraternité de faire partie du rêve de Champagnat.