Partage. La Vocation Mariste LaĂŻque 5
Écouter. Un défi, une opportunité
Marta Portas, Province de L’Hermitage
Coordinatrice de l’Équipe EuropĂ©enne du LaĂŻcat
Chaque annĂ©e acadĂ©mique, le RĂ©seau EuropĂ©en Mariste propose un thème commun pour la pastorale scolaire. Pour l’annĂ©e acadĂ©mique 21-22, le slogan est “Écouter”. Nous, Maristes de Champagnat, qui partageons notre ĂŞtre mariste dans des groupes de vie, des communautĂ©s, des fraternitĂ©s, des Ă©quipes maristes locales, pouvons aussi accueillir cette proposition.
Nous recevons cette devise comme une invitation Ă nous transformer et Ă ĂŞtre transformĂ©s par l’Ă©coute. Écouter et s’Ă©couter les uns les autres, un art Ă pratiquer. Valoriser l’Ă©coute signifie, entre autres, favoriser l’accueil, la qualitĂ© du temps, la pleine attention, l’altĂ©ritĂ©, la pratique de l’Ă©coute active, l’attention Ă l’intĂ©rieur de soi, … Écouter comme une attitude de vie, en la mettant en pratique dans notre vie quotidienne, dans notre rencontre personnelle avec les autres, dans le soin de l’environnement naturel, dans la prière, … Écouter en activant tous nos sens, en ouvrant notre cĹ“ur pour ne pas rester immobile ou indiffĂ©rent et en rĂ©pondant sans crainte, avec assurance, aux appels que nous recevons.
Avec la conviction que nous avons tous la capacitĂ© d’Ă©couter, que cette Ă©coute est importante pour que la prĂ©sence, l’esprit de famille, l’accompagnement et la vie communautaire soient significatifs et authentiques, nous nous sommes mis en route pour continuer Ă apprendre Ă ĂŞtre des leaders de l’Ă©coute. Pratiquer et exercer l’Ă©coute demandera de la prĂ©paration, de la disponibilitĂ©, de la volontĂ©, du temps, de l’intention, du calme, de la sĂ©rĂ©nitĂ©. Il appartient Ă chacun d’entre nous de savoir consacrer du temps de qualitĂ© Ă l’Ă©coute, en Ă©vitant l’activisme qui rend cette pratique difficile. C’est aussi Ă chacun d’entre nous de cultiver son intĂ©rioritĂ©. PrĂ©parons des espaces pour l’Ă©coute de la Parole, pour la prière personnelle, pour la prière avec la communautĂ©, pour le silence. Plongeons sans crainte dans notre for intĂ©rieur et accueillons ce que nous y entendons comme une occasion de comprendre, de mĂ©diter, de grandir et de converser avec le Dieu de la vie. L’exercice de l’Ă©coute dans la fraternitĂ©, dans le groupe, dans la communautĂ© apportera de la valeur Ă nos relations, de la confiance; le dialogue fraternel ajoutera de la valeur Ă nos rencontres.
Les lectures, la musique, les expĂ©riences suggĂ©rĂ©es par le RĂ©seau europĂ©en dans le matĂ©riel qu’il a produit nous aideront Ă nous exercer personnellement ou en groupe. Pour chaque mois, un sous-thème nous rapprochera de l’Ă©coute en prĂŞtant attention Ă la moindre nuance.
Dans le parcours que nous entreprendrons en septembre prochain, le Forum international sur la Vocation LaĂŻque Mariste nous offrira aussi l’occasion de gĂ©nĂ©rer des espaces de dialogue et dans ceux-ci l’Ă©coute sera une attitude importante pour ” Accueillir, soigner, vivre et partager notre vocation “.
L’Ă©coute. Un dĂ©fi, une opportunitĂ©, allez-y !
RĂ©gion d’Europe : berceau de notre charisme
Mayte Ballaz CĂ©sar – Province IbĂ©rica
Coordinatrice de la Commission de la Vie Mariste
La RĂ©gion d’Europe est composĂ©e des provinces suivantes : Compostela, Europe centrale occidentale, IbĂ©rique, L’Hermitage et MediterranĂ©e. Depuis la France, berceau de notre charisme, en un peu plus de 200 ans, nous pouvons dire que le rĂŞve de Marcellin s’est rĂ©alisĂ© : “Tous les diocèses du monde font partie de nos projets”.
Il y a eu beaucoup, beaucoup de frères qui, au cours de ces annĂ©es, ont semĂ© dans toute cette rĂ©gion l’amour de Marie et des enfants et des jeunes les plus nĂ©cessiteux Ă travers un style de vie simple, centrĂ© sur les “petites vertus”, et un style Ă©ducatif dans lequel l’Ă©ducation intĂ©grale des enfants et des jeunes basĂ©e sur l’affection et le respect sont les piliers fondamentaux.
Cette façon d’ĂŞtre, de vivre et d’agir est devenue contagieuse, comme par osmose, et aujourd’hui nous sommes nombreux Ă vivre aussi ce charisme. Hommes et femmes de 15 pays, de tous âges et de tous horizons, nous nous sommes sentis appelĂ©s Ă vivre notre foi au sein de cette famille.
Une vie mariste riche et variée
Cette vie du charisme par les laĂŻcs s’est dĂ©veloppĂ©e lentement et progressivement, et chaque Province a gĂ©nĂ©rĂ© des processus diffĂ©rents pour rĂ©pondre aux besoins qui se sont prĂ©sentĂ©s.
Quand, en 1985, le XVIIIe Chapitre gĂ©nĂ©ral a promu le “Mouvement Champagnat de la Famille Mariste”, il a commencĂ© Ă articuler et Ă partager, Ă travers les “fraternitĂ©s”, la richesse de vivre le mĂŞme charisme comme frères et laĂŻcs.
Depuis lors, de nombreuses Ă©tapes ont Ă©tĂ© franchies et chacune des Provinces a pu constater la croissance des diffĂ©rents groupes : vie mariste, spiritualitĂ©, rencontres, communautĂ©s laĂŻques, communautĂ©s mixtes… chacun Ă son propre rythme, avec son propre processus particulier, mais tous essayant de rĂ©pondre aux diffĂ©rents besoins vocationnels qui se sont prĂ©sentĂ©s.
Les communautés mixtes, une autre façon de vivre la vie communautaire
L’une des rĂ©ponses qui a Ă©mergĂ© est la crĂ©ation de communautĂ©s mixtes, oĂą frères et laĂŻcs partagent la vie et/ou la mission. Chacune de ces communautĂ©s est très diffĂ©rente et a ses propres caractĂ©ristiques. Elles sont nĂ©es dans des contextes particuliers et Ă des moments particuliers en rĂ©ponse Ă des circonstances diffĂ©rentes. Ainsi, en France, il existe trois communautĂ©s mixtes : Hermitage, Mulhouse et Lagny. Trois autres en Espagne : CUM (Salamanque), Llinars del VallĂ©s (Catalogne) et Grenade. Une Ă Giugliano (Italie) et une Ă Champville (Liban). En outre, il y a les communautĂ©s Fratelli (La Salle – Maristes) Ă SanlĂşcar de Barrameda (Cádiz) et Melilla, et deux communautĂ©s La Valla 200 : Moinesti (Roumanie) et Siracusa (Italie).
En plus de ces communautĂ©s, il existe dans certaines provinces des projets de formation de communautĂ©s chrĂ©tiennes maristes de rĂ©fĂ©rence dans les Ĺ“uvres (CCMR) oĂą frères et laĂŻcs partagent la mission et sont un reflet charismatique dans les diffĂ©rentes prĂ©sences maristes. ” Nous, les laĂŻcs, pouvons apporter une nouvelle manière d’animer la vie mariste dans nos Ĺ“uvres. Avec les frères, nous pouvons former des communautĂ©s locales qui sont le cĹ“ur de la mission et la garantie de son identitĂ© mariste Ă©vangĂ©lisatrice. Ces communautĂ©s peuvent ĂŞtre la semence d’une nouvelle vitalitĂ© de la mission, qui ne se base pas seulement sur le nombre ou la prĂ©sence de frères sur la scène locale (RĂ©unis autour de la mĂŞme table, 60).
Le lien avec le charisme, une réalité qui gagne en force
Au fil des ans, de nombreux laĂŻcs ont exprimĂ© leur dĂ©sir de rendre public leur attachement au charisme, et dans presque toutes les provinces de la rĂ©gion europĂ©enne, des itinĂ©raires d’accompagnement ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s pour aider Ă discerner cette vocation. Dans toutes les provinces, ces itinĂ©raires ont 4 thèmes communs : vocation, mission, spiritualitĂ© et fraternitĂ©. Le processus d’Ă©laboration n’a pas Ă©tĂ© facile. Des craintes et des rĂ©ticences surgissent, mais en mĂŞme temps, le dĂ©sir grandit et tous, frères et laĂŻcs, nous prenons conscience du moment crucial que l’Église et les Institutions sont en train de vivre et de la responsabilitĂ© que nous devons assumer.
Dans toutes les provinces, nous avons cherchĂ© des personnes capables d’accompagner ces processus. Des frères et des laĂŻcs qui puissent aider les autres Ă faire une rĂ©flexion sĂ©rieuse et profonde sur leur expĂ©rience et leur itinĂ©raire Ă la lumière de la Parole, du partage avec leurs frères et sĹ“urs, de l’Ă©coute des signes des temps… afin qu’ils puissent rĂ©pondre Ă leur vocation. Les personnes qui accompagnent ces processus forment une Ă©quipe qui se forme Ă l’accompagnement, au partage, Ă la prière, Ă la rĂ©vision des matĂ©riels… afin de les amĂ©liorer constamment. Actuellement, nous pouvons dire qu’il y a 55 personnes liĂ©es au charisme dans la province ibĂ©rique et bientĂ´t d’autres laĂŻcs des autres provinces se joindront Ă eux, car Compostela, L’Hermitage et MediterranĂ©e ont Ă©galement assumĂ© ces processus.
Équipe européenne de laïcs
L’Ă©quipe europĂ©enne de laĂŻcs, composĂ©e de six personnes, une de chaque Province et du frère Teodorino Aller, secrĂ©taire de la rĂ©gion, a pour mission de partager toutes ces situations qui, bien que semblables, sont diffĂ©rentes dans chaque contexte, et tente d’unifier les critères et les points de vue en vue de l’avenir.
Il y a des questions sur lesquelles chaque Province rĂ©flĂ©chit, mais qui nous concernent tous en tant que rĂ©gion d’Europe et en tant qu’Institut. En tant qu’Ă©quipe, nous voudrions pouvoir offrir la nĂ´tre, basĂ©e sur nos diffĂ©rentes prĂ©occupations et rĂ©alitĂ©s, afin que le chemin que nous avons parcouru devienne de plus en plus un chemin commun et partagĂ©. Il y a une question qui nous concerne tous et que nous voudrions aborder en tant que rĂ©gion, celle de la Famille Charismatique. Mais ce sera pour le prochain chapitre.
Partager la vie mariste en communauté
Ana GĂłmez Haro et Javier Fernández Castillo – Province Mediterránea
Couple dans la communauté mixte de Granada et dans la fraternité Cristo de Bugobe
membres de l’Équipe Provinciale des Laïcs
Ces lignes veulent lancer une réflexion, une idée, un échange… qui aident à aller de l’avant en cheminant ensemble.
« Une communauté est nécessaire pour nous soutenir, pour nous aider et où nous nous aidons les uns les autres à avancer vers l’avenir. Il est important de rêver ensemble! Seuls, nous courons le risque de ne voir que des mirages dans lesquels on voit ce qui n’est pas là ; les rêves se construisent ensemble » (Fratelli Tutti, 8).
Sœurs et frères qui rêvent, qui avancent et qui bâtissent ensemble par choix, par vocation et également par nécessité. L’Évangile, la Bonne Nouvelle, est si riche, il y a tellement de façons de s’en approcher, de le vivre pleinement, que nous avons besoin des autres qui viennent enrichir notre quotidien comme chrétiens. Qu’il est merveilleux de découvrir la vie communautaire! Partager en profondeur, en ouvrant toute sa vie, en exposant avec transparence nos pensées, nos sentiments, nos expériences… afin qu’à travers des mots – ou des silences – des autres, Dieu nous éclaire. Une vie communautaire dans laquelle notre cœur bat avec force, où l’on rit de bon cœur, où nous vibrons pour la mission, où nous nous enthousiasmons à chaque pas…
Nous partons d’une conception de vie communautaire laĂŻque qui cherche Ă dĂ©passer la vision rĂ©ductrice de faire partie d’un groupe spĂ©cifique de personnes qui partagent en lien avec la vie chrĂ©tienne. Nous cherchons Ă faire un pas de plus pour regarder plus loin : Ă partir de la vie partagĂ©e dans un groupe spĂ©cifique, Ă l’expĂ©rience de son projet communautaire s’ajoute Ă l’option de vie communautaire dans les nombreuses rĂ©alitĂ©s ecclĂ©siales qui nous entourent de manière stable (famille, mariage, fraternitĂ©…) ou circonstancielle (communautĂ© de mission ou de formation, Ă©quipe de terrain ou de travail…). Nous combinons ainsi une vision « pĂ©trinienne » de communautĂ©, c’est-Ă -dire un groupe stable, ayant une option « paulinienne » de vivre communautairement dans les lieux d’Église oĂą nous nous trouvons.
Nous pensons que cette vision plus ouverte cadre mieux avec la réalité changeante de la vie laïque : des présences plus ou moins stables ou temporaires dans différents lieux dans le but d’une formation, d’un travail ou d’attention aux personnes, pendant qu’en même temps la situation personnelle varie, pas toujours de façon linéaire, avec des recommencements constants entre la vie de célibataire, la vie en couple, de la famille avec des enfants, de la solitude, de la vie de famille élargie… Nos communautés doivent s’engager dans des projets solidement enracinés dans l’Évangile et ouverts à la flexibilité que ces réalités changeantes exigent afin de pouvoir accueillir et accompagner.
Afin de constituer ces communautés, nous, les maristes laïcs, sommes appelés, à l’heure actuelle, à prendre tout le positif de l’héritage des structures communautaires religieuses classiques, dans notre cas les frères, comme la place de la prière, la place des liens et de la communication fraternelle, l’ouverture au changement – de projets ou de compagnons de route – et du bagage d’expériences acquises au fil des années de croissance dans les groupes de la Pastorale Juvénile : recherche de croissance, projet d’itinéraire pour encadrer la route, partage avec d’autres groupes, liens affectifs… Mais, en même temps, il nous faut être capables de détecter tout ce qui nous aide dans les caractéristiques de ces deux « sources » et pouvoir les laisser derrière nous pour mûrir communautairement vers la nouveauté. Nous pouvons nous interroger sur les degrés de hiérarchisation, un regard nostalgique du passé, la passivité à attendre que les propositions nous viennent de l’extérieur, la difficulté d’avancer malgré les différences d’âges, de pensées, d’option de mission…
Et l’autre grand danger de notre époque est l’énorme besoin de se définir et de se comparer. Qu’est-ce qu’une communauté laïque? Quelle différence avec une communauté de frères? Et si elle est mixte? Nous devons nous définir, d’abord, à partir de ce qui nous unit. Et dans la rencontre, le lien, l’échange… que cela provoque, nous découvrir chacun dans un ensemble unique vocationnel : état de vie, appels du monde, ministère, situation familiale, option communautaire, engagement dans la société, vie de prière, cheminement et expérience personnelle. Personne n’a besoin de prouver quoi que ce soit à qui que ce soit. Nous, les maristes laïcs, nous n’avons rien à prouver : que notre vocation est authentique, que nos façons de nous engager sont valable, que… Entrer dans un monde de comparaison et de compétition est une erreur. Ne regardons pas l’autre avec une « méfiance vocationnelle ». Ne vivons pas dans une Église divisée en communautés, mais dans une Église construite de la diversité communautaire : « Un seul corps, et des membres unis les uns aux autres » (Rm 12, 5).
À partir de cette idée de la diversité, demandons-nous personnellement et en groupe ce que la vie communautaire peut nous apporter, et ce que notre vie communautaire peut et apporte déjà à l’Église. Pour nous aider, nous allons développer quelques idées à partir du schéma classique des dimensions communautaires : koinonia (communion), martyria (témoignage), diakonia (service) et liturgia (célébration). En même temps, on peut créer un lien clair avec les quatre verbes qui nous accompagneront durant la démarche du Forum International sur la vocation mariste laïque mariste : accueillir, prendre soin, vivre et partager.
Accueillir en communion (« ils partageaient dans la joie et une simplicité sincère » Ac 2, 45)
« Être Église, c’est être Peuple de Dieu, en lien avec le grand projet d’amour du Père. (…) L’Église doit être le lieu de la miséricorde gratuite, où toute personne peut se sentir accueillie, aimée, pardonnée et invitée à vivre selon la bonne nouvelle de l’Évangile ». (Evangelii Gaudium, 114).
L’Évangile nous invite à sortir de nous-mêmes pour nous unir à d’autres à travers des relations authentiques. Nous nous présentons de façon transparente, tels que nous sommes. Dans la Bonne Nouvelle, nous trouvons le moyen de ne pas faire semblant : je suis un enfant aimé de Dieu. Et ceux qui m’entourent aussi. Nos communautés vibreront au rythme de Jésus quand nous serons capables de nous ouvrir aux conséquences de cette grande vérité : Dieu nous a aimés en premier. C’est de là que jaillit la force d’entrer en communion avec les autres et avec nous-mêmes pour accepter, pardonner, construire, dialoguer, apprécier… Nous sommes invités par l’Esprit à offrir ce type de relations à nos familles, à nos proches, à nos amis, au groupe, à nos compagnons… À toute notre Église et à toute la société. Notre vie communautaire doit être le lieu où nous expérimentons cette communion afin de pouvoir la partager au monde.
Témoigner à partir de la vie (« Qu’est-ce que cela signifie? » Ac 2, 3)
« La meilleure façon de montrer que le projet de Jésus de transformer le monde et de créer une nouvelle communauté humaine n’est pas une chimère, c’est à travers un groupe – la communauté chrétienne – qui montre qu’il est possible de réaliser ce rêve dès maintenant : Voyez comme ils s’aiment ». (Fourvière, la révolution de la tendresse – F. Emili Turú – 2015).
Quand nous laissons l’Esprit nous envahir, sans lui imposer de limites, simplement vivre au jour le jour, devient un témoignage constant de Dieu. Apporter cela à nos communautés, partager la joie de nous sentir aimés inconditionnellement, interroge la société qui en est témoin, comme les gens avec les apôtres suite à l’expérience de la Pentecôte. Et surgit la question dans les cœurs : « Qu’est-ce que cela signifie? ». Aujourd’hui, chaque communauté chrétienne doit se poser cette question fondamentale : quand on nous regarde, que provoquons-nous? Nous parlons de rendre visibles, dans nos communautés laïcales, à travers une foule de détails imparfaits du Royaume : familles élargies qui partagent des moments de grande intensité en tenant compte des enfants et des plus âgés; un sincère partage des biens, dans tous les sens du terme, qui enrichit ceux qui nous sont proches; la famille mariste comme une image d’inclusion intergénérationnelle et intervocationnelle; une inégalité réelle de participation et d’importance, entre les femmes et les homes; l’énorme diversité des fonctions et de travail pour qu’un chrétien puisse construire un monde plus fraternel.
Servir les personnes (« Ils partageaient selon le besoin de chacun » Ac 2, 45)
« Petits, mais forts de l’amour de Dieu, comme saint François d’Assise, nous tous, chrétiens, sommes appelés à prendre soin de la fragilité des gens et du monde dans lequel nous vivons ». (Evangelii Gaudium 216).
Nous formons des communautés qui donnent la vie « à l’intérieur d’elles-mêmes » : elles prennent soin de nous, en elles nous pouvons partager, nous pouvons toujours y retourner après une longue route… mais elles sont incomplètes sans leur grande raison d’être : donner la vie « autour d’elles : en partageant ce que nous vivons avec d’autres, dans des moments d’accueil, en participant activement à des rencontres ecclésiales, en appuyant avec conviction les causes justes, en étant aux côtés des plus faibles… Être des communautés « sel et lumière » pour ceux de l’intérieur, mais surtout pour ceux qui en ont le plus besoin. En faisant preuve d’équité et en établissant des priorités : le temps, selon Jésus, se partage en commençant par celui qui a la plus besoin de nous. Si nous partons de ce critère, même si la journée se termine sans avoir réussi à tout faire, nous trouverons en nous la paix et la sérénité. Et ces besoins ne sont pas tous à l’intérieur du cadre de l’Église catholique. Comme communautés laïques insérées dans la société, nous devons savoir aller plus loin : être « sel et lumière » dans la société, dans le grand peuple de Dieu, toutes les personnes, aimées de Dieu, ayant découvert ou non, d’une façon ou d’une autre, cet amour. Il n’y a pas un « nous » et un « eux » quand nous regardons avec les yeux de Dieu.
Partager et célébrer (« Ils louaient Dieu » Ac 2, 45)
« (…) Quand un évangélisateur termine sa prière, le cœur devient plus généreux, il s’est libéré d’un sentiment d’isolement et il a le désir de faire le bien et de partager la vie avec les autres. » (Evangelii Gaudium, 282)
Merci, Seigneur! Qu’il est fantastique de pouvoir terminer les journées, les semaines… et de les commencer en pouvant crier cela! Célébrer nous aide à nous accrocher au meilleur pour pouvoir continuer de lutter à transformer ce qui nous choque et qui entache la création. Cela nous aide à nous protéger du découragement et nous rapproche de la Source pour nous rafraîchir. Et ces moments sont l’idéal pour nous convertir en communauté ouverte au monde, extravertie, désireuse de montrer ce qui nous anime. Ce sont des moments de partage entre les communautés : celles qui sont moins avancées vers la grande communauté, afin qu’elles puissent s’appuyer sur un personnel d’expérience; celles dont la route ensemble est déjà longue et qui peuvent respirer de nouveaux airs, des manifestations actuelles des mêmes atmosphères. Et tout cela ouvert sur le vécu ecclésial des sacrements : eucharistie e réconciliation, et aussi les sacrements ponctuels comme le mariage, le baptême, l’ordination sacerdotale, la confirmation… qui remplissent la vie de jalons essentiels pour sortir de la routine, sans oublier la participation aux temps liturgiques, comme moments privilégiés d’une rencontre communautaire plus ouverte.
Comment pouvons-nous continuer d’apporter de la nouveauté dans notre manière d’être des laïcs en communauté dans notre propre vie et dans la dimension fraternelle de l’Église? Nous répondons chaque jour, de façon personnelle et comme groupes, aux interrogations qui surgissent de chacune de ces dimensions. Cheminons, sans précipitation, avec patience, en goûtant le cadeau de chaque jour et de chaque personne. Et continuons de partager!
Forum International sur la vocation mariste laĂŻque
Étape 2
SĂ©cretariat des LaĂŻcs
Dans la démarche vers le Forum International sur la Vocation Mariste Laïque, nous arrivons à « l’étape 2 », qui correspond aux « rencontres locales et provinciales – ou de District », et qui s’étendra de juin 2021 à juin 2022.
Cette étape comprend l’étude et l’approfondissement des objectifs et des thèmes proposés, au niveau personnel et communautaire. La dynamique se vivra en petits groupes formés de frères, de communautés mixtes, de laïcs et de laïques engagées, de fraternités du MCFM ou autres mouvements, en présentiel, là où c’est possible, ou virtuellement.
Durant cette étape, dans les différentes Unités Administratives :
- On fera connaître la proposition du Forum International.
- On encouragera les échanges parmi tous les participants, en petits groupes (communautés), en présence ou virtuellement, selon les orientations reçues du Secrétariat des Laïcs.
- On choisira, parmi tous les participant(e)s (deux laïcs et un frère) pour participer au Forum International. Leur participation sera en novembre 2022 (à Rome, en présence) et en novembre 2024 (virtuellement).
- On tiendra un forum provincial/de District, ou un événement similaire, en présence ou virtuellement, auquel participeront des représentants de la phase locale. Chaque Unité Administrative organisera cette expérience selon sa réalité. En y fera l’envoi au Forum des trois représentants de l’UA.
Afin de soutenir le dialogue des communautés, le Secrétariat Élargi des Laïcs préparera une série d’instruments tant pour orienter l’animation des Équipes Provinciales ou de Districts que pour aider la réflexion dans chaque fraternité ou communauté de laïcs et de frères. Cette aide consiste en une série de fiches pour animer les réunions et qui touchent chacun des objectifs du Forum, dans le but de générer réflexion et dialogue chez tous les laïcs et frères impliqués et d’accueillir formellement leur opinions et apports au Forum. Les équipes provinciales ou de District responsables du Forum dans leur Unité Administrative respective animeront cette étape et distribueront ce matériel selon le calendrier organisé par chaque Unité.
TĂ©moignages
Comment je vis le fait d’ĂŞtre un laĂŻc mariste
Nerea Cano, Province Compostela
Membre du Groupe de SpiritualitĂ© Mariste (GEM), Famille de l’Hermitage,
volontaire du mouvement de jeunesse MarCha et formĂ©e Ă l’accompagnement de l’âme
Je vis le fait d’ĂŞtre un laĂŻc mariste comme un don, comme une opportunitĂ© que la vie m’a donnĂ©e de comprendre la vie Ă travers la simplicitĂ© et la prĂ©sence, en faisant attention aux petits dĂ©tails et Ă l’âme des gens. Une des choses les plus importantes que j’ai apprises dans ce processus a Ă©tĂ© de regarder un peu plus loin que les actions des gens. Ils m’ont appris Ă entrevoir leur moi intĂ©rieur et Ă Ă©couter le mien, Ă ĂŞtre conscient des moments oĂą l’ego fait la loi, Ă essayer d’ĂŞtre en paix par moi-mĂŞme en m’Ă©loignant de l’influence de l’environnement, Ă guĂ©rir les blessures profondes.
Les Frères nous ont aidĂ©s Ă crĂ©er un espace de protection que nous pouvons aujourd’hui appeler famille. Une famille dans laquelle se rĂ©fugier quand les temps sont sombres et qui cĂ©lèbre chaque petit pas que nous faisons. Le GEM m’aide Ă revenir Ă ce qui est important lorsque l’agitation de la vie quotidienne me pousse Ă me concentrer sur l’urgent. Je ressens l’Ă©treinte fraternelle et sans jugement de chacun d’entre nous.
Je ne peux qu’ĂŞtre reconnaissante Ă Champagnat d’avoir fait ce beau rĂŞve et de s’ĂŞtre mise Ă la disposition du service pour continuer cette chaĂ®ne d’accueil, de soins et d’amour.
Trouver dans la foi la force pour soi et l’action chrĂ©tienne
Christian Röhrl, Province Europe Centre-Ouest
Par ma propre vie de foi et mes expĂ©riences personnelles, je me mets souvent et volontiers au service des autres. Dès mon plus jeune âge, j’ai fait confiance Ă l’amour et au soutien de Dieu et je n’ai jamais Ă©tĂ© déçu dans diffĂ©rentes situations. J’ai grandi avec mes deux frères Stefan et Thomas dans un foyer bien protĂ©gĂ© et chrĂ©tien. En raison des liens Ă©troits avec la paroisse locale, je n’ai jamais renoncĂ© Ă aider notre paroisse de Miltach, en Allemagne, depuis ma première communion : pendant de nombreuses annĂ©es en tant qu’enfant de chĹ“ur et jusqu’Ă aujourd’hui en aidant au service de la sacristie et en organisant et rĂ©alisant des Ă©vĂ©nements paroissiaux. J’apporte souvent et volontiers mes compĂ©tences pour aider l’Église. Tout d’abord, en tant que première personne Ă avoir Ă©tĂ© baptisĂ©e dans notre Ă©glise paroissiale locale, j’ai toujours envie de m’occuper des enfants et des jeunes (que ce soit en tant qu’enfant de chĹ“ur ou lors des rencontres d’enfants et de jeunes), de les encourager dans leur vie de foi et de vivre avec eux la communautĂ© et la cohĂ©sion.
Les annĂ©es pendant lesquelles j’ai pu acquĂ©rir beaucoup de choses pour ma vie de foi personnelle dans les activitĂ©s scolaires et extrascolaires de la Maristen-Realschule Cham ont Ă©galement renforcĂ© mon engagement ultĂ©rieur. En plus de mes nombreuses annĂ©es en tant que 1er trĂ©sorier dans l’ancienne association “Amis du LycĂ©e Mariste de Cham”, c’est une grande joie pour moi de prier avec les jeunes lors des rencontres de PentecĂ´te ou de rencontres similaires au niveau provincial, de parler avec eux et de m’engager avec eux et notre foi commune.
Je me réjouis de continuer à construire des ponts entre moi, mes semblables et tous ceux qui, dans le monde entier, ont confiance en Dieu et en Christ, comme moi.
Silence – Beauté – Équilibre
Jordi Cunillera Graño – Province de L’Hermitage
Communauté mariste de Llinars del Vallès, Catalogne
Voilà plus de six ans (depuis janvier 2015) que je vis dans la Communauté Mariste de Llinars del Vallès (Catalogne, L’Hermitage), une communauté mixte formée de quatre maristes : 3 frères et un laïc. Avant de faire ce pas, il y eut un temps de réflexion et de dialogue (avec les frères, avec les laïcs, avec la communauté même de Llinars), pour enfin faire la demande « officielle » au frère Provincial. Je me sers des trois mots (SILENCE, BEAUTÉ, ÉQUILIBRE) qui m’ont accompagné tout au long de la retraite que j’ai faite avant de donner ce bref témoignage de mon expérience.
J’ai gardé mon travail à Barcelone, de sorte que ma vie comme travailleur n’a pas beaucoup changé. Au niveau personnel, un des changements les plus intéressants a été d’avoir, chaque jour, un temps d’arrêt, de silence, d’écoute du Seigneur. C’est le moment de la prière communautaire des vêpres, avant le repas du soir. Je n’étais pas habitué à profiter d’un moment comme celui-là , mais maintenant, je l’attends et je le goûte, et chaque jour il peut être différent : revoir la journée, penser aux personnes avec qui j’ai partagé un moment durant la journée ou, simplement, être en silence et écouter. Un temps pour prier, pour écouter la Parole de Dieu, pour écouter mes frères de communauté…
Il y eut aussi un changement complet d’ambiance : du monde urbain de Barcelone au monde rural de Llinars del Vallès. Spécialement durant cette dernière année et au milieu de la pandémie, j’ai appris davantage à contempler la beauté de la nature, à percevoir tous les merveilleux changements qui se produisent tout au long de l’année. Et j’ai pris conscience, une fois de plus, de la nécessité de prendre soin de notre Terre. Comme on dit dans certains sites, il n’existe pas de « Planète B » : nous vivons sur celle-ci et nous devons en prendre soin et à la laisser en bonnes conditions pour les générations à venir.
Finalement, les petits ou grands changements dans ma vie au cours des six dernières années (communauté, nouveaux horaires, nouveau milieu, etc.) m’ont mené à un nouvel équilibre, un équilibre où je me sens très à l’aise. De plus, je crois que c’est un équilibre plus solide, plus stable : ne pas être aussi affecté comme auparavant par de continuelles situations quotidiennes qui créent des déséquilibres qui doivent être redressés. En définitive, une expérience que je recommande aux laïques et laïcs qui voudraient approfondir davantage leur vie mariste.
Être maristes aujourd’hui
Georges Sawaya et Sabine Chehab, Province Mediterránea
Laïcs dans la communauté mixte à Champville (Lebanon)
Nous aurions probablement répondu différemment à la même question si elle nous avait été posée un ou deux ans auparavant. En effet, que pourrait signifier être maristes aujourd’hui dans un pays qui s’écroule : avec une classe moyenne devenue pauvre, une crise économique sans précédent, une pénurie de matières premières, d’essence et de médicaments ; avec des écoles qui souffrent du manque de moyens, une sécurité inexistante, des familles, des jeunes par centaines qui décident de quitter le pays pour tenter de retrouver ailleurs un peu de dignité (expérience que nous avons aussi tenté et qui nous a aidé à changer, à discerner et à comprendre que c’est justement au sein de cette noirceur que notre mission prend tout son sens).
Nous croyons qu’il faut que « chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12,7) Nous sommes tous appelés à être des témoins, mais « il y a de nombreuses formes existentielles de témoignage » (Pape François, Gaudete et exsultate)
C’est au sein de cette réalité, que nous sommes persuadés plus que jamais que notre rôle en tant que famille mariste, va au-delà du cadre scolaire. Aujourd’hui, ici et maintenant, nous savons que nous sommes appelés à être « des phares d’espérance » (XXIIe chapitre général) là où la déprime et la négativité sont omniprésentes. Simplement, dans notre vie de tous les jours, avec notre entourage, la famille, les amis, la communauté, les jeunes des groupes de vie Chrétienne, nous essayons d’avoir une attitude positive, en continuant à voir la beauté qui nous entoure ; en essayant de les aider à recentrer leur regard sur les vrais trésors que la vie nous offre, en les accompagnant dans leur discernement vocationnel et en mettant notre espérance et notre confiance en Dieu. C’est une mission toute simple et humble qui, certes, ne remettra pas le Liban sur pied, ne redressera pas l’économie du pays, ne garantira pas plus de sécurité, ne rendra pas disponible l’essence, les médicaments, les produits alimentaires de base, n’éliminera surement pas la corruption et ne changera pas non plus la politique du pays MAIS nous pensons que cela aura au moins le mérite de redonner un peu de sens à la vie de ceux qui l’avaient perdu.