Réalité, avancées et perspectives
L’appel fondamental du dernier Chapitre général envisage l’urgence d’ « une nouvelle relation entre frères et laïcs, basée sur la communion, cherchant ensemble une plus grande vitalité du charisme mariste dans le monde d’aujourd’hui. » Cela fait partie du ‘rêve’ que Dieu a pour les Maristes, frères et laïcs, et pour notre Institut. Nous essayons d’offrir une simple approche de notre réalité mariste par rapport à ce second appel.
Réalité
Si le Chapitre général appelle tous les Maristes à une « nouvelle relation », cela veut dire qu’il y a quelque chose à changer de la « vieille relation ». Pas tout, certes, puisqu’il y a de bonnes choses ; mais certains aspects doivent changer. Et comme il arrive dans tout processus de changement, des craintes et des obstacles naissent dans le cœur des personnes, mais aussi des attentes et des espoirs. Cet appel stimulant nous pousse à engendrer, dans la coresponsabilité, la fidélité et la créativité, un nouveau modèle institutionnel qui nous aide à trouver notre place, qui accueille notre vocation commune et nos vocations spécifiques.
Dans la diversité des sensibilités et des réalisations au sein des Région et des Unités Administratives ,il y a des échos qui deviennent communs et qui nous indiquent que nous sommes en chemin : notre relation se base sur la communion ; la communion naît de la même suite de Jésus ; laïcs et frères, nous partageons le même charisme ; ensemble nous devons favoriser une nouvelle époque pour ce charisme .Nos vocations se complètent et s’enrichissent ; ce que nos avons en commun est plus grand que ce que nous avons de spécifique…
Le processus de communion qui se vit dans l’Institut a abouti à différentes formes d’exprimer cette relation et à un enrichissement entre frères et laïcs maristes. Certaines provinces ont encouragé des communautés mixtes ou élargies où, à égalité de conditions, frères et laïcs esquissent le chemin spirituel de l’expérience, le style communautaire, le partage des biens, les horaires, l’animation communautaire, l’autonomie et le développement de l’identité propre. L’accent est mis sur l’ouverture sincère, le dialogue et l’écoute. On relève le défi d’accepter le pluralisme et de construire la vie en commun.
Certains groupes ont ainsi vu le jour : Groupes de vie mariste, Groupes maristes de rencontre, Groupes de spiritualité mariste. Ils sont nés ces dernières années et on les trouve dans cinq provinces de l’Institut. Les signes identitaires de ces groupes se manifestent dans les domaines de la vie fraternelle, la spiritualité et la mission. Ils se composent de laïcs et de frères. Le groupe est reconnu comme espace privilégié de croissance humaine, chrétienne et mariste. Chaque groupe s’organise avec des rythmes et des styles propres.
Les retraites de frères et de laïcs se multiplient sur ce chemin de communion. De ce partage du chemin spirituel mariste découle une expérience de communion s’enracinant dans l’Évangile, à la suite de Jésus et dans la vitalité du charisme. Ce qui est beau, c’est que l’animation de ces retraites est assurée tant par des frères que par des laïcs. Les expériences de formation conjointe quant à elles, aident aussi à grandir en communion. Le fait de les réaliser conjointement exprime que laïcs et frères, nous avons besoin les uns des autres pour recréer notre identité mariste commune et nos identités spécifiques.
La dimension laïque est accentuée actuellement dans différentes expériences telles que les fraternités du Mouvement Champagnat, bien connues, les Missionnaires Maristes de Ciudad Juárez, les communautés laïques de Santa María de los Andes, les groupes de mission d’Australie ou l’Association mariste de laïcs du Canada.
Avancées
Le chemin de la nouvelle relation parle de conversion et de changement, de déplacement et d’itinérance. Nous pensons qu’on en est conscient au niveau de l’Institut, bien que le rythme nous paraisse parfois lent. Cette conscience s’est exprimée par l’implication progressive des laïcs dans l’animation de processus, tels que le Secrétariat des Laïcs élargi et les codirecteurs au niveau de l’Institut, les Commissions provinciales, continentales et internationales.
Nous tenons à souligner l’effort immense pour l’actualisation du Mouvement Champagnat, démarche encouragée par les laïcs eux-mêmes afin de revitaliser et de recréer le Mouvement. La rencontre lancée à Rome par el F. Emili sur Rattachement et appartenance, a favorisé l’approfondissement des processus ayant trait aux laïcs. Une commission a déjà été nommée, sous la responsabilité du Secrétariat des Laïcs, pour canaliser les suggestions issues de la rencontre.
Il a semblé normal de proposer un Cours de formation pour l’animation des laïcs, qui aura lieu à Rome en 2015. Il se veut une expérience ouverte à l’internationalité laïque, comme occasion de faire connaissance, de créer des langages communs et d’encourager des processus de vitalité. Sur cette même ligne on envisage, en 2016, une rencontre de toutes les Commissions continentales susceptibles d’offrir des apports en vue de la réflexion du XXIIe Chapitre général. Il s’agit, peut-être, d’un premier pas pour un futur Chapitre ou Assemblée de laïcs.
Dans certaines provinces on réfléchit à des possibilités d’associations de frères et de laïcs afin d’exprimer la coresponsabilité dans l’animation des œuvres éducatives et la communion dans le vécu du charisme. La province d’Australie est en voie de construction d’une Association publique de fidèles, avec la participation de frères et de laïcs. Dans toutes ces modalités d’association on introduit le rattachement et l’appartenance laïque.
Perspectives
Le processus que nous vivons dans l’Institut réaffirme ce que le XXIe chapitre a exprimé : « Nous envisageons notre avenir mariste comme une communion de personnes dans le charisme de Champagnat, où nos vocations respectives s’enrichiront mutuellement. » La fidélité créative, nécessaire pour maintenir et continuer le charisme mariste dans l’Église, ne dépendra plus uniquement de l’Institut qui le représentait jusqu’à maintenant, mais aussi des laïcs maristes.
Dans un regard d’avenir il semble normal de penser à intégrer les laïcs dans les organes de gouvernement, spécialement ceux qui se réfèrent à la mission, mais aussi ceux qui touchent la vie, le charisme, l’institution… Nous savons très bien que le partage du charisme dépasse le fait de gérer ensemble des tâches ou de distribuer des fonctions. Il s’agir de partager un héritage spirituel, de nous en rendre responsables ensemble et de participer à une conscience commune de servir l’utopie de l’Évangile. Dans cet avenir de communion il sera facile de parler d’une pastorale des vocations commune, de communautés de laïcs, d’itinéraires de discernement de la vocation et de formation pour les laïcs, de laïcs formateurs pour aider leurs compagnons laïcs ainsi que les frères eux-mêmes, de disponibilité missionnaire des laïcs dans les provinces ou dans l’Institut, de centres internationaux de formation partagés.
Voilà ce que le F. Emili disait : « L’horizon de la célébration du bicentenaire de l’Institut nous stimule à embrasser notre vocation itinérante, sur les pas de Marie. » L’avenir de communion implique changement de mentalité, discernement profond, grande disponibilité, renoncement à des sécurités, prise de risques et une profonde confiance en Dieu, à l’exemple de Marie. Laïcs et frères, nous partageons notre vocation itinérante. Pour les frères, la recherche de nouvelles réponses ne peut venir que des seuls laïcs, mais on parviendra difficilement à les trouver sans eux. Pour Antonio Botana, la nouvelle relation avec les laïcs peut aboutir à une vraie refondation et à l’origine d’une nouvelle forme de vie charismatique.
Le charisme mariste est un charisme d’avenir dans l’Église, l’un de ses traits distinctifs étant la fraternité, vécue à présent par des laïcs et des frères. Notre commune vocation mariste nous appelle à cheminer ensemble, dans une Église de communion qui intègre tous ses membres, encourageante et stimulante, à visage marial, accueillante et miséricordieuse, fermement enracinée dans l’expérience des premières communautés chrétiennes et des premiers frères maristes.
Pour conclure, nous rappelons ce que les laïcs du Venezuela exprimaient dans une de leurs rencontres : « Nous, laïcs de Champagnat, nous relevons ensemble avec les frères le défi d’aider à naître l’aurore d’une nouvelle vie mariste et de renforcer celle qui existe déjà la rendant plus créative, fidèle, dynamique et prophétique. » La nouvelle aurore, dans l’esprit du pape François, pointerait vers une vie mariste tournée davantage vers le « tablier », vers le service du monde, une vie mariste qui s’agenouillerait et se mettrait à laver les pieds des gens.
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F. Javier Espinosa et Raúl Amaya
Boletim "Mensagem de Vida" do MChFM (Ano VII – n° 24 – 2014) – Umbrasil.