02/Aug/2011 PORTUGAL

Retour aux sources

Et voilà que 38 ans se sont écoulées en un instant. Revenir, 38 ans plus tard, à l’école qui nous a éduqués, c’est sentir en nous un monde d’émotions. Émerveillés, nous nous regardions les uns les autres. Pas besoin de croire : nous voyions des « mutations » physiques évidentes. Nous avions suivi les chemins les plus divers. Mais quelque chose nous unissait et était demeuré comme « valeur globale » du temps où nous étions des élèves maristes : une manière d’être et d’être maristes est restée en nous. Quelqu’un m’a dit : « J’habite à Madeira et je viens d’arriver du Venezuela, mais je ne veux pas rater cette rencontre. Je prends l’avion pour Lisbonne. Il y a quelque chose qui est mariste et que je voudrais partager avec vous, 38 ans après. » Et je pourrais écrire d’autres phrases qui étaient des témoignages de vie authentiques, où ^l’élément mariste était toujours souligné. La « vielle maison », l’école mariste de Carcavelos, nous a accueillis avec tout l’amour et toute la délicatesse : c’était la manière d’accueillir mariste que nous-mêmes avions apprise 38 ans auparavant. Les personnes (frères ou laïcs) n’étaient plus les mêmes, mais l’esprit mariste fait d’accueil et de simplicité était identique.

Qu’il était de nous retrouver dans la maison qui fut la nôtre pendant un certain temps, mais où s’imprima en nous une matrice que nous reconnaissons encore aujourd’hui. Cette matrice nous à « modelés » pour le reste de notre vie. Et qu’est-ce que nous trouvons dans cette matrice, dans cette « mère » ou dans cette éducation paternelle et maternelle à la fois qui a transformé les adolescents que nous étions à l’époque dans les hommes que nous sommes aujourd’hui ?

Pour répondre à cette question, il faudrait presque un livre, tellement les émotions et les souvenirs qui ont envahi notre mémoire étaient nombreux ce 28 mai 2011 ! Mais je résume les points communs aux différents témoignages. Nos amis les « corbeaux » (c’est ainsi que nous appelions affectueusement à l’époque les Frères à cause de la soutane noire qu’ils portaient) nous ont inculqué des valeurs qui nous ont orientés et, je l’espère, nous guideront toujours pour le restant de nos vies. Quelles sont ces valeurs ?

La discipline et le respect envers nous-mêmes et envers les autres ; l’amour de l’étude en particulier et du travail en général ; la simplicité de vie et l’ouverture aux autres ; la générosité de cœur et l’esprit de sacrifice ; pour ne pas parles des valeurs plus spécifiquement religieuses telles que le sens de la prière, l’amour de la Bible et la dévotion envers Notre-Dame. A l’époque nous n’avions pas le pèlerinage annuel à Fatima qui est mainteant en vigueur à l’école, mais les références mariales dans les cours de formation humaine et religieuse étaient une pratique courante dans le langage des amis « corbeaux ». Quel bon travail ils ont fait et quelles grandes valeurs ils nous ont transmises !

Mais la vie que nous menions à l’Internat ne fut pas toujours facile. Et quelques-uns parmi nous, à l’époque, contestaient et mettaient en question ce qui nous était transmis. Aujourd’hui, 38 ans plus tard, nous reconnaissons que ces temps ont été parmi les meilleurs que nous ayons vécus. Nous rappelions tous que nous avons été des privilégiés du fait d’avoir reçu une telle éducation et une formation pareille. Les Frères Maristes qui nous ont éduqués doivent se sentir très fiers de nous avoir ainsi formés. Tout comme nous éprouvons aujourd’hui une grande fierté d’avoir été formés et éduqués par les Frères Maristes. Je ne me tromperais pas si je disais que nous avons su mettre en pratique l’éducation qu’ils nous ont donnée. C’est une joie et une fierté de pouvoir dire aujourd’hui : « Nous avons été des élèves maristes ».

A côté des principes chrétiens et mariaux qui nous ont été transmis, les Frères nous ont toujours conseillé de vire selon les principes humanitaires, les pratiques de la justice sociale, la solidarité et la générosité. Tout cela a formé en nous un tel équilibre, qu’il nous est difficile de dire laquelle ou lesquelles parmi ces valeurs ont été déterminantes.

Nous pourrions nous rappeler quelques-uns de ces « corbeaux », toujours avec affection et amitié. Ce sont des Frères, mais aujourd’hui, avant tout, nous les sentons proches de nous comme des amis qui ont su nous accompagner lorsque nous commencions notre chemin pour la vie : Frère Hermínio Carneiro. Il vaut mieux que je cite ce quelqu’un a écrit pour ne pas me tromper : « Le Fr. Carneiro est une des personnes les plus extraordinaires que j’aie connues. Rien que pour le fait de l’avoir connu, d’avoir vécu auprès de lui et surtout d’avoir été son élève, et aujourd’hui son ami, cela vaut la peine de vivre. Carneiro est pour moi une référence de vie. Souvent je suis ému quand je pense à lui. Quand je serai plus grand, je veux être comme lui… si j’en suis capable. »

Le Fr. Teófilo, malgré la distance, ne nous a pas oubliés. Nous avons lu son message pour la rencontre, mais au fond c’était un message pour chacun de nous. Permettez-moi de soulingner ce passage de sa lettre : « Tous les groupes maristes sont une richesse pour le monde et pour l’Église. Le Bureau des Laïcs à Rome fera tout son possible pour vous aider et vous encourager dans la suite de tout idéal mariste que vous souhaiteriez vivre et mettre en pratique… »

José António, ancien frère aujourd’hui, qui nous a toujours captivés par sa joie, le Fr. Tomé, l’homme de la solidarité le Fr. Torres, l’homme du sport, le Fr. Sérgio, toujours discret mais présent : quel grand professeur ! Et je ne pouvais pas terminer ma relation sans faire mention du Fr. Castro, notre surveillant et orienteur. Aidé par Teófilo, je crois qu’il a fait des merveilles. Il semblait dur dans sa manière d’éduquer. Au fond je crois que c’était une exigence que nous ne comprenions pas bien à l’époque. Une exigence qui savait harmoniser la fermeté et la bonté, deux principes éducatifs qui ne doivent pas être séparés. Je cite encore : « Comment ne pas rappeler, d’une manière spéciale, le Fr. Castro qui, par son exigence, sa droiture, son impartialité et surtout son sens de la justice, a imprimé une trace indélébile dans notre matrice éducative. Cette matrice est aujourd’hui reconnue et appréciée même par ceux qui, à l’époque, le critiquaient et le mettaient en question. ». Pour tout cela nous avons déjà décidé de lui faire une fête à l’occasion de ses 90 ans qu’il célébrera bientôt.

Par ces paroles je ne mentionne que nos éducateurs vivants. Marcellin Champagnat doit être fier et content d’eux et de l’œuvre qu’il a commencée. Nous allons tous l’aider de notre mieux. Nous aussi nous sommes maristes. Merci beaucoup, « vieux » éducateurs. Par décision du groupe nous voulons nous retrouver dans cette « vieille maison », la nôtre, chaque année, le dernier samedi de mai. Nous avons choisi le mois de mai parce que c’est le mois de Notre-Dame.

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João Paulo Pinheiro
Carcavelos, le 28 juin 2011

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