Un bureau à Genève pour quoi faire ?
Aller à Genève a signifié plus que de participer aux deux séances de l'UPR des Philippines et de l'Algérie, dont nous avons déjà parlé. Un autre rendez-vous important pour FMSI a eu lieu le 30 mai, au Palais Wilson, siège du Comité de l'ONU pour les droits de l'enfance. Ici s'est déroulée une tout autre expérience d'examen d'un pays : un thème spécifique (les droits des enfants et des adolescents), fait non par les délégations de plusieurs pays, mais par un comité de 18 experts.
Le pays soumis à examen était Chypre, dont la délégation était présidée par le Vice Ministre du Travail et de l'Assistance Sociale, George Papageorgiou, avec l'Ambassadeur permanent auprès de l'ONU et plusieurs autres personnalités. Chypre est un pays avec une législation attentive à la défense des droits du mineur : il a accepté les deux protocoles optionnels, possède un Comité National pour les Droits des Mineurs qui se réunit tous les deux mois, a institué un Parlement des Enfants afin que leurs points de vue soient aussi entendus. Il vient d'approuver une nouvelle loi académique qui responsabilise mieux les enfants en ce qui concerne leur propre croissance culturelle et sociale … et c'est le premier pays européen à avoir approuvé une loi pour la prévention des incidents domestiques.
Après l'exposé les 18 membres du Comité CRC (Committee on the Rights of the Child) ont pris la parole. Brièvement mais efficacement, ils ont exprimé des félicitations, des questions, des demandes d'éclaircissement, et ils ont fait allusion à des points faibles, tels que le recours à des punitions corporelles, la discrimination des enfants (nés hors mariage, minorités … ), suicides de mineurs, violence domestique, réserves sur la liberté religieuse effective, manque de données précises à l'appui des améliorations déclarées …
Tous ont pu constater avec quel sérieux et profondeur cet examen est mené à bien, mais une question restait en suspens : quel est le rôle des ONG ? Que peux faire FMSI à cet examen ? La réponse a été donnée par M. Awich Pollar, avocat ougandais qui en est à son second mandat comme membre du Comité. C'est au cours d'une conversation avec les personnes de liaison FMSI qu'il a expliqué les mécanismes de fonctionnement du CRC. Il a dit entre autre que beaucoup des informations qui parviennent au Comité sur les pays mis en examen, viennent justement des rapports des ONG. En effet il y a une rencontre à portes closes entre le Comité et les ONG avant chaque séance d'examen, afin de recueillir des données précises de la part des personnes qui travaillent sur place.
Lors d'une rencontre postérieure avec Lisa Myers, qui travaille auprès du Centre de coordination ONG pour les droits des mineurs, nous avons compris la grande importance de travailler en tant que groupe d'ONG plutôt qu'individuellement. Notre rapport sur un pays déterminé est donc partagé et intégré dans ce centre de coordination, afin que des points de vue et des expériences d'autres organisations directement engagées avec les enfants et les jeunes puissent être pris en compte en même temps que ceux des grandes organisations telles que Unicef, Save the Children …
Insérer nos « recommandations » dans ce groupe ou dans d'aures, agir en tant que « lobbing » (=suggérer, attirer l'attention …) sur les situations que nous voulons contribuer à résoudre, auprès des experts et des délégations permanentes des états, telle est l'oeuvre spécifique de FMSI dans le contexte du CRC et, généralement, la raison essentielle de l'existence d'un bureau à Genève, et pas seulement à Rome ou ailleurs.
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Lire plus sur le Atelier de FMSI sur les droits de l’enfant pour les « personnes de liaison »