23/Apr/2009 MADAGASCAR

Une authentique manifestation de foi

Par une heureuse coïncidence j?ai passé le dimanche des Rameaux à Antsirabe, Madagascar. Je suis parti dans cette ville avec le F. Kalisa pour y animer une retraite-séminaire au cours de la Semaine Sainte, sur le thème « leadership communautaire ».

Et à cause d?une heureuse erreur aussi, je suis allé à la célébration des Rameaux de la paroisse, en pensant que tout se ferait en français. Tout se fit en malgache ! Après quelques hésitations, je décidai de rester. Dans le langage de la Foi, nous comprenons toutes les langues. Nous pouvons toujours chanter les louanges du Seigneur et le remercier avec le peuple qui nous accueille, dans sa langue et sa culture.

Je crois que cela fait bien deux ans que je ne vivais pas une cérémonie aussi riche et spontanée du dimanche des Rameaux. Ce fut une authentique manifestation de foi. La procession a débuté à quelque trois km de notre Centre, pour aboutir à l?église paroissiale. La multitude, qui serpentait sur 500 m environ, chantait toujours avec grand enthousiasme. Le chant était accompagné par des gestes avec les rameaux, avec une joie qui se manifestait dans la louange du Seigneur. Habitué à de petites processions qui font à peine le tour de l?église, j?ai pensé que celle-ci devait ressembler beaucoup à celle qui accueillit le Seigneur et l?emmena vers Jérusalem. J?étais le seul « occidental » dans cette manifestation de foi, me je ne me sentais pas un étranger. Il est vrai qu?il n?existe pas d?étrangers dans l?Église, que la foi rassemble les disciples du Seigneur dans un même sentiment et une même louange. La foi franchit les distances et féconde toutes les cultures.

La procession a fini dans l?église paroissiale des Trinitaires. Elle était totalement remplie, trop petite pour accueillir tant de monde. Et le peuple continuait de chanter. Le peuple malgache aime beaucoup chanter. Je me suis coulé dans ce peuple, ne m?apercevant pratiquement pas du moment où nous arrivions à l?église. J?ai pensé que la messe serait plus rapide. Elle a presque duré deux heures ? trois en comptant toute la célébration. Même si je ne trouvais pas la cérémonie longue, vers la fin je n?ai pu résister à la tentation de regarder ma montre. Et lorsque tout semblait fini, un autre chant commençait? Pendant tout ce temps je n?ai compris que trois mots : « Yesu, Kristy et Amen ». Le langage de la foi dépasse la connaissance ; j?ai vécu une eucharistie qui a touché mon c?ur. La foi simple, mais vraie, de ces gens a renforcé et consolidé ma propre foi.

Après la célébration, plongé dans la joie et la communion qui s?est réalisée entre ce peuple qui m?accueillait et moi-même, j?en suis venu même à penser que les causeries que j?avais « savamment » préparées pour cette retraite de Semaine Sainte n?étaient que de la paille. J?aimerais animer une retraite où l?on voit toute cette vie que j?avais sentie dans la procession des Rameaux et au cours de cette eucharistie qui nous a introduits aux mystères de la Semaine Sainte. Les conférences, si bien préparées soient-elles, peuvent manquer de la vie et de l?enthousiasme d?une célébration qui vient des profondeurs du c?ur. Les choses étant ainsi, j?ai tout de même résisté à la tentation de les détruire, car l?Esprit Saint peut faire de cette « paille » une bonne nourriture qui construit et renforce la communauté. Telle était ma prière lorsque je rentrais à la maison, après ces trois heures et demie de prière, parmi de vivants « hosannas » et des rameaux de fête qui accueillaient le Sauveur. Bienheureux le peuple qui sait de la sorte évangéliser ses visiteurs !

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Teófilo Minga, fms
Antsirabe, 4 avril 2009

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