2020-01-07 FRANCE

Frère Miguel Sanz Casajús

Miguel naît à Sanguësa (Navarre), le 5 mai 1934, à peu près en même temps que la république espagnole. On peut imaginer sans peine que son enfance se déroule en un temps particulièrement tragique de l’histoire d’Espagne, puis durant la 2de guerre mondiale. Son papa est partiellement invalide de guerre ; sa maman assure seule les revenus de la maison en préparant des repas. Il a un frère et une sœur.

Suite à la visite d’un Frère recruteur français, il entre au juvénat de Les Avellanes en septembre 1945, puis il est envoyé au juvénat St François Xavier à Grugliasco, près de Turin, en février 1947, où il reste jusqu’en septembre 1952. Il fait son noviciat non loin de là, à Bairo. En 1953, il y reçoit le nom de Frère Santiago Miguel, en même temps que l’habit religieux ; et il prononce ses premiers vœux le 15 août 1954. Il fait partie d’une des dernières promotions de l’œuvre de St François-Xavier qui formait des Frères destinés à la mission internationale. D’où une vie qui sera marquée par des séjours en plusieurs pays et son appartenance à la province Suisse-Missions.

Peu porté aux travaux intellectuels, Miguel apprend le métier de tailleur, à une époque où l’on porte encore la soutane. Il l’apprend d’abord à St Genis-Laval, en 1954-56, puis l’exerce à Grugliasco, en 56-57, à Furth (Allemagne), en 1957-60 ; enfin à Bairo jusqu’en 1968.

« Je l’ai connu à Bairo, où j’étais postulant, puis novice, de septembre 1963 à août 1965, dit F. Jean-Claude Christe. Il était de la communauté ; les novices avaient peu de contacts avec les Frères de la communauté. J’ai le souvenir qu’à plusieurs reprises, je suis allé à la taillerie essayer la soutane. Puis il m’avait confectionné un costume civil, noir, qui m’allait très bien. Sur une terrasse, il cultivait des melons. C’était un Frère réservé, mais souriant. »

L’abandon de la soutane dans ces années de bouleversement a certainement contribué à modifier ses activités ; et la création de la province Suisse-Missions l’attache, dans un premier temps, au petit territoire de la Suisse. Il se trouve successivement, dans des tâches techniques à St Gingolph (1968-72), Fribourg (Institut St Nicolas de Flue, 1972-1993), Montagny-la-Ville où a fonctionné un noviciat francophone de 1993 à 1998.

« J’ai vécu avec lui en communauté à St Nicolas de Flüe, à Fribourg, de 1972 à 1975, dit encore F. Jean-Claude. C’est là que j’ai vu comme il était enthousiaste avec les jeunes quand nous allions faire des sorties, comme il était dévoué pour toutes sortes de coups de mains à l’internat, et très compétent pour toutes sorte de travaux dans la propriété : les nettoyages, le jardin, la taille des arbres fruitiers et le soin des fruits. C’était une ”force de la nature” ; il ne calculait ni son temps, ni sa force, quand il s’agissait des déménagements des maisons qu’on a dû quitter (St Gingolph, Fribourg, Montagny). J’ai le souvenir que, lorsque nous avions fermé Fribourg, et qu’il se trouvait sans travail bien précis, je l’avais encouragé, en tant que supérieur de District, à poursuivre son idéal missionnaire. Je lui rappelais qu’il était Xavérien, qu’il avait quitté sa Navarre pour l’Œuvre missionnaire Saint François Xavier ».

C’est à partir de 1988 que commence une seconde phase de sa vie plus explicitement missionnaire. À l’occasion d’un court séjour en France, F. Georges Palandre, supérieur de la communauté de Bangui (Centrafrique), de passage à Fribourg au moment de la fermeture de St Nicolas-de-Flue, a l’idée de lui proposer de rejoindre la maison de Bangui où les travaux ne manquent pas : construction d’un mur sécurisant la propriété, bibliothèque, chapelle… Après accord entre le district et la province de St Genis, Miguel fait le voyage, et se retrouve à pied d’œuvre. Il excelle à exécuter les tâches qui lui sont confiées, en formant à ses côtés, une équipe de jeunes dynamiques et efficaces.

En 1992, il est envoyé en Côte d’Ivoire pour remplacer F. Georges, dans le centre Agricole de Gonate. Malheureusement ce centre prend une nouvelle orientation, et Miguel préfère rentrer en Suisse, car il faut renforcer la communauté de Montagny-la-Ville où les Frères ont repris possession de la maison du noviciat qui a servi, un temps, de maison de retraite. Miguel y reste jusqu’à la fermeture de la maison.

En 1998, il est de nouveau “disponible”, et F. Georges l’invite à le rejoindre au Kenya. Le provincial d’Allemagne, dont dépend le secteur, est tout heureux d’avoir un Frère pour seconder F. Hans Scheubert à Mfangano, une île sur le lac Victoria où est implanté un centre professionnel avec une soixantaine de jeunes qui viennent de la région. Il reste deux ans dans ce centre, puis, en l’an 2000, il rejoint F. Georges à l’école secondaire de Roo, sur la rive kenyane du lac, pour la construction de la maison de deux professeurs et d’autres travaux d’entretien dans l’école.

Des ennuis de santé l’empêchant de se dépenser physiquement comme il l’avait toujours fait pendant sa vie, il rentre en Europe, et prend place au Montet en 2002. Jusqu’en 2010, il y rend de grands services. Il fait de même à Varennes-sur-Allier, en 2010-2015, puis à St Paul-trois-châteaux, de 2015 à 2017, dans la mesure de ses forces. Entré à St Genis-Laval en 2017, quoique physiquement handicapé, il participe, jusqu’à son décès, à l’entretien de la vaste propriété.

Ceux qui l’ont bien connu le décrivent comme un homme infatigable, un ami, un frère qui se livrait peu, mais cachait un cœur très bon sous une certaine rudesse. Il était particulièrement reconnaissant envers ceux qui lui avaient permis de commencer, à 54 ans, une expérience missionnaire.

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