Paul Sester
Le Seigneur a accueilli dans la paix de sa maison Frère Paul SESTER décédé le dimanche 5 avril 2020, à l’âge de 93 ans, dont 77 ans de profession religieuse. Le Frère Provincial des Frères Maristes, les Frères de la Province L’Hermitage, la communauté de Saint Genis-Laval, sa famille et ses amis, vous invitent à les rejoindre par la prière. Ses funérailles auront lieu le jeudi 9 avril 2020, à 13h30, dans la plus stricte intimité, à la chapelle des Frères de Saint Genis-Laval, et seront suivies de l’inhumation au cimetière de la communauté. Qu’il repose dans la paix du Seigneur.
Frère Paul Sester nous a quittés, ce 5 avril 2020, peu de temps avant l’accomplissement de sa 94e année. Sa longue vie a été si bien remplie qu’il est difficile d’en rendre compte de manière brève. À l’occasion de ses 50 ans de vie religieuse à Rome, en 1992, le Frère chargé de son éloge le présentait comme un penseur, un chercheur, un homme à la plume féconde et aussi un homme de coeur. Ceux qui l’ont bien connu souscriront largement à cette définition qui n’épuise pas la richesse d’une personnalité quelque peu hors du commun.
Paul naît le 23 mai 1926 à Schweighouse (Haut Rhin) dans une famille de cultivateurs. Nous ne savons pas qui a été son recruteur. Toujours est-il qu’il entre, en avril 1939, au juvénat de Franois, près de Besançon. À cause de la guerre, le juvénat est transféré à St Quentin-Fallavier (Isère). Et Paul fait son noviciat et son scolasticat à St Genis-Laval, de 1942 à 1945, à une époque où les conditions de vie sont, notamment sur le plan alimentaire, particulièrement difficiles. Le temps de sa formation est donc marqué par un conflit mondial qui affectera particulièrement l’Alsace et sa propre famille. Et en 1946-47, il doit encore accomplir son service militaire dans l’armée d’occupation en Autriche. Il est même, plus tard, en 1956, rappelé sous les drapeaux à l’occasion de la guerre d’Algérie. La guerre : voilà un aspect peu connu de la vie de F. Paul.
Sa « carrière » d’enseignant commence en 1947 ; mais elle est brève. Après un remplacement à l’école primaire de Mâcon, et une année au pensionnat de St Didier-sur-Chalaronne, il devient formateur-professeur au scolasticat de St Genis ; nanti du baccalauréat depuis 1945, Paul doit y mener de front enseignement, notamment de philosophie, animation du scolasticat (sport, théâtre, préparation militaire) et, dans la mesure où il lui reste du temps, des études universitaires qui sont couronnées par une licence en philosophie (1956 ?). Il passe alors deux ans (en 1957-59) comme préfet de discipline au pensionnat de Neuville-sur-Saône ; mais on a besoin de lui à St Genis comme directeur du scolasticat (1959-61). C’est un poste difficile en un temps de transition de l’Église, entre le pontificat de Pie XII et l’annonce du Concile.
Finalement, en 1961, il revient dans sa région d’origine comme directeur du pensionnat d’Issenheim (Haut-Rhin), qui a besoin d’un second souffle. Il y fait construire un nouveau bâtiment. À son départ, il laisse un établissement prêt pour un nouveau développement.
En 1966, il a quarante ans. Les supérieurs pensent à lui pour exercer de nouvelles responsabilités. Il est donc convié à Rome pour suivre la formation de l’institut Jésus Magister. Mais l’ambiance des années d’après Concile est si éprouvante pour les responsables que F. Paul se retrouve assez brusquement à la tête de la province de St Genis-Laval, en juin 1967, pour gérer au mieux une situation qui lui demande beaucoup de sang-froid et de courage.
Lors du Chapitre général de 1967-68, il joue un rôle important dans la commission qui traite du sacerdoce. Il n’a pas le temps d’achever son second mandat de provincial, puisqu’en mai 1971, il devient conseiller général, en remplacement de F. Louis-Martin Esslinger. Il faut, là encore, mais à une plus grande échelle, faire face à une situation chaotique, sous la direction de F. Basilio Rueda. Les provinces de France se souviennent du rôle de F. Paul dans l’organisation et le déroulement de la grande réunion de Quimper, en 1974.
Après plus de quinze ans de responsabilité en temps de crise, il est nommé secrétaire général, à l’issue du Chapitre général de 1976. Ce poste administratif lui permet de s’intéresser aux archives de la congrégation et, en particulier, aux lettres du Père Champagnat, qu’il publie, accompagnées de leur apparat critique, en 1985-87. En octobre 1986, devenu archiviste de la Maison Générale, il réussit à susciter une équipe de collaborateurs pour numériser une masse de sources maristes qui deviendront ainsi accessibles aux chercheurs. En juin 1991, il publie le premier numéro des Cahiers Maristes, destinés à soutenir la recherche dans l’Institut. Rentré en France en 1998, basé d’abord à Oullins, puis à St Genis, il continue ses travaux en tant qu’archiviste de la Province (Beaucamps-Saint Genis, puis L’Hermitage). Finalement, en 2011, sont publiés les trois volumes des Origines des Frères Maristes qui lui ont demandé de longues années de travail. Ce monument d’érudition renferme tous les documents des Frères Maristes du temps de Marcellin Champagnat. De plus en plus gêné par une surdité qui limite ses capacités de communication, Frère Paul n’en continue pas moins d’organiser les archives de la Province, jusqu’à l’établissement d’un nouveau local des archives et l’embauche d’un archiviste-bibliothécaire professionnel, en 2017.