2021-03-03 FRANCE

Richard Héméryck

Richard Héméryck - Rip 3 mars 2021Le Seigneur a accueilli dans la paix de sa maison Frère Richard HÉMÉRYCK décédé le mercredi 3 mars 2021, à l’âge de 84 ans, dont 67 ans de profession religieuse. Le Frère Provincial des Frères Maristes, les Frères de la Province L’Hermitage, les communautés de Beaucamps-Ligny et de Saint Genis-Laval, sa famille et ses amis, vous invitent à les rejoindre par la prière. Ses funérailles auront lieu le mercredi 10 mars 2021, à 15h00, à l’église Saint-Pierre de Beaucamps-Ligny, et seront suivies de l’inhumation au cimetière dans le caveau des Frères. Qu’il repose dans la paix du Seigneur.

Richard naît à Roncq (Nord), le 15 mars 1936, dans un foyer chrétien. Le papa est marchand de charbon ; et la maman, ménagère, élève ses 4 enfants.

En 1941, à l’école Saint-Joseph de Ronck, tenue par les Frères depuis 1851, arrive Frère Arsène Vanessche, premier Frère en soutane. Voici le témoignage d’un confère de Richard : « Je me souviens encore de ce premier dimanche où des Frères étaient là autour de nous ! On les appelait Frères, car c’était juste après la sécularisation durant laquelle tous nos instituteurs étaient appelés : Monsieur ! ». Et Frère Arsène a marqué un certain nombre de jeunes, et en particulier Richard, qui choisit ce prénom comme nom de religieux chez les Frères Maristes.

Après ses études primaires, Richard se rend à Beaucamps comme juvéniste, et il y fait toute sa scolarité jusqu’au baccalauréat. Il interrompt ses études pour deux ans de postulat et de noviciat à Cassel où il fait sa 1re profession religieuse, le 15 août 1953. Il est envoyé à Saint Genis-Laval pour le scolasticat, puis à Sainte Foy-les-Lyon, durant 3 ans, pour sa préparation à la vie professionnelle. En 1956, il est professeur à Clamart, et en 1962, il est appelé comme professeur d’histoire-géographie à Pont-Sainte-Maxence où il reste 2 ans. Sa jeunesse est interrompue par le service militaire à Mont-de-Marsan ; à ce sujet, il était fier de dire qu’il avait été parachutiste au moment de la guerre d’Algérie, toutefois sans y être allé.

Ensuite, il enseigne à Beaucamps-Ligny durant 37 ans. Là, il accepte, dès le premier cours, qu’on l’appelle « Dick » ! Il y marque plusieurs générations d’élèves par une pédagogie à la pointe, faisant ses cours à l’aide d’une caméra et demandant aux élèves de classe de seconde de faire des maquettes en relief d’une région. À la fin de sa carrière, en 2001, il est le dernier Frère professeur de l’Institution Sainte-Marie de Beaucamps.

Jean-Pierre, un de ses anciens élèves, devenu ensuite un collègue de travail, donne ce témoignage : « Pédagogiquement, il était en avance sur tout le monde : il croyait au travail en autonomie et au bon usage du Centre de Documentation et d’Information (CDI). Préfigurant les vidéoprojecteurs, il avait équipé sa salle de classe d’une caméra pour filmer les documents ou les caricatures qu’il désirait nous montrer. Les cours d’instruction civique étaient, en effet, souvent consacrés au décryptage de caricatures politiques ! Collègue discret, arrangeant, pédagogue, il était en avance sur son temps ! Nous le regrettons beaucoup ».

Mais Richard est un passionné d’Histoire. Que de livres historiques dans sa bibliothèque ! Aussi il entreprend très vite une thèse de doctorat sur « Les écoles congréganistes dans le département du Nord sous le Second Empire (1852–1870) ». Il vit dans le XIXe siècle. Que de kilomètres ne fait-il pas à mobylette, à travers la France, et surtout dans la Région du Nord, à la recherche d’archives congréganistes pouvant étoffer sa thèse ! Et il écrit tout à la main (il n’a pas de machine à écrire ni d’ordinateur !). Cette thèse lui cause bien des déboires, car il n’y travaille que durant ses vacances scolaires, devant parfois changer de sujet ou de directeur de thèse. Heureusement, en 2005, il trouve une personne de bonne volonté qui lui saisit tous ses textes ! Le jour de la soutenance, le jury lui aurait dit qu’il avait fait trois thèses en une seule !
Une autre passion de Richard, c’est l’archéologie. Tous les samedis matin, il part avec des amis et parfois avec des élèves, qui le suivent à travers la campagne à la recherche de mottes féodales ou de « cailloux » que lui seul voit, et qui enrichissent sa collection : pièces de monnaie, silex, morceaux d’amphores, etc… Et il ne dédaigne pas les jours de pluie, car ainsi les trouvailles sont plus visibles. À certaines périodes, il organise des expositions. Pendant plusieurs années, le lundi de Pentecôte, il organise des sorties communautaires pour visiter un lieu historique, par exemple les églises fortifiées de l’Avesnois ou les cimetières militaires ! Il organise ainsi une visite spéciale pour Frère Charles Howard, Australien, alors Supérieur Général en visite dans la communauté, à l’endroit où son oncle avait été enseveli durant la guerre de 1914-1918 !

Richard est aussi un grand marcheur devant l’Éternel ! Que de kilomètres parcourus le long des rivières ! 40 kilomètres à pied en une journée ne lui font pas peur ! Ainsi, il parcourt le Chemin de Compostelle, par étapes annuelles, à partir de Beaucamps-Ligny, et il se rend, semble-t-il, également à Rome et à Medjugorje !

Richard est un écologiste. Il cultive ses propres légumes et, tant qu’il le peut, il prépare lui-même ses soupes, ses confitures (compotes). Il ne consomme pas ou peu de viande ; et il jeûne régulièrement. Certains jours, son jeûne est dégressif, et d’autres jours, progressif (selon quelle méthode ?). Il est adepte du yoga, et il l’enseigne à des élèves, le mercredi après-midi, et à des adultes, en soirée. Il organise aussi des séances de judo, le mercredi après-midi, avec des élèves.

Professeur, animateur, intellectuel, Richard n’était cependant guère loquace sur sa vie intérieure. Cependant ses différentes pratiques, telles que les pèlerinages ou le jeûne, permettent de mesurer combien il a été un homme de prière, de méditation, de silence. Et il abordait beaucoup de sujets, mêmes politiques. Il a toujours été fidèle aux prières de la communauté, les animant même, malgré son handicap de parole. Il a aussi assuré l’accompagnement de la fraternité mariste « Frère Lefebvre ».

Depuis 2015, des ennuis de santé se succèdent : AVC, séjours en hôpital et en maison de rééducation. Le 1er février 2021, il doit finalement quitter Beaucamps-Ligny pour rejoindre l’EHPAD Marcellin Champagnat de Saint Genis-Laval où, après 4 semaines de présence, une forte poussée de tension le conduit à l’hôpital. Et c’est là qu’il rend son dernier souffle, le mercredi 4 mars, vers 10 heures.
Quelle vie bien remplie ! Que Marie, notre Bonne Mère et Marcellin Champagnat, notre Fondateur, accueillent ce fidèle serviteur. Qu’il soit, maintenant, le protecteur de tous ses anciens élèves et amis !

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