3e semaine à la session de Rome sur l?identité du frère aujourd?hui
Les 45 représentants des huit Instituts de frères que compte la session viennent de 25 pays différents. Les cinq continents sont représentés.
Pendant le séjour, une journée spéciale est réservée à chaque Congrégation, afin de lui permettre de se présenter en partageant ses intuitions fondatrices et actuelles. C’est le lundi 17 septembre que nous avons célébré « la journée mariste ». Le frère Émili Turù, était l’animateur et le conférencier. Notre Supérieur Général a tracé les grandes lignes de la spiritualité du religieux frère aujourd’hui, soulignant que l’expérience de Dieu en est le point de départ, insistant donc sur la dimension spirituelle de la vie du frère par sa capacité à « voir et lire Dieu » dans les signes des temps. Évidemment, l’arrêt devenait obligatoire ici : la prière communautaire. L’insistance était évidente, car bien des frères en saisissent plus ou moins l’importance, se donnant bonne conscience par une récitation verbale et précipitée de l’Office du Temps Présent. Notre prière est apostolique et non monastique. Elle doit refléter le vécu et celui-ci doit se réfléchir dans la prière communautaire.
En fin d’après-midi, la délégation mariste composée de César (Rome), Ador (Philippines), John (Samoa), Antonio (Brésil), Joachim (Nigeria), Juan Carlos (Espagne), Ismar (Colombie), et Bernard (Canada) a présenté, dans une forme de «Talkshow», l’histoire du Fondateur et de l’Institut. Puis les maristes ont parlé des grands défis de l’heure et des diverses expériences qui se multiplient en faveur de la mission partagée avec les laïcs et de la recherche de nouvelles approches éducatives pour la formation intégrale des jeunes.
Croyez-moi, les autres journées furent toutes aussi appréciées par la richesse des exposés exprimés par des spécialistes, des frères, et d’autres Supérieurs Généraux. Ne voulant pas abuser de votre temps de lecture ni perdre le mien à écrire ce qui peut ne pas être lu, j’ai décidé de vous énumérer brièvement le contenu du trésor de pensées nouvelles sur la manière de nous identifier comme frères, dans un monde que nous peinons à comprendre. Ce monde nouveau exige un coeur nouveau. Ne nous a-t-il pas déjà changés? Et comment! Il nous revient de réfléchir si c’est dans la ligne de la fraternité que nous promettons de vivre à la face de ce même monde.
Ainsi, on a écouté des réflexions et multiplié les ateliers sur les dimensions personnelles et communautaires de notre vie en fraternité: animation, relations personnelles, ouverture, accueil, présence, absence, scandales, etc… On s’est interrogé sur les formes de l’animation communautaire et les réponses à donner aux grands problèmes du monde en fidélité avec nos origines.
Le frère Philip Pinto, Supérieur Général des Christian Brothers, a parlé d’une Église horizontale, simple et dépouillée des apparats d’une autre époque. Il place les frères dans cette Église communion, une Église avec les gens, au milieu d’eux pour sentir leurs besoins élémentaires. Il faut sortir les pauvres de leur Vendredi Saint de misères humaines et leur permettre d’atteindre la joie et la paix d’un dimanche pascal plus glorieux. Il s’est montré critique face à une Église verticale, c’est-à-dire institutionnelle et hiérarchique. Le frère Philip est convaincu que, si la vie religieuse doit être transformée, elle le sera par les laïcs. J’ai alors pensé à cette conviction personnelle: des vocations de frères et de laïcs maristes jailliront du milieu de la mission partagée que notre Province a déjà mis sur pied et qu’elle veut continuer de solidifier. Une chose importante sur laquelle il a insisté: les frères sont appelés à rendre Jésus présent, selon le dynamisme issu des Fondateurs, un point c’est tout. Là doit se concentrer toute leur énergie. Comme c’est un anglophone, il a traduit sa pensée ainsi: « Life and not survival! » Une fraternité, lire ici communauté, doit reproduire la relation trinitaire.
Le frère Alvaro, Supérieur Général des Frères des Écoles Chrétiennes, a parlé de la dimension prophétique de notre vie de religieux frères. Il a comme été un écho percutant de la pensée du frère Sean dont j’ai déjà parlé. Les frères ne sont pas des clercs, mais des laïcs consacrés. Ils doivent « mondialiser » la fraternité. C’est notre vocation première. Le frère Alvaro a parlé de prendre notre place. À ce moment-là, j’ai pensé aux premières places que voulait Marcellin pour les Petits Frères de Marie. Offrons à notre monde une alternative face à l’éclatement de valeurs essentielles: la vie fraternelle. C’est un don de Dieu à l’Église. Il ne nous appartient pas. Il faut en partager toute la richesse.
La semaine s’est terminée par une visite aux Catacombes. Nous y avons célébré l’Eucharistie en mémoire des premiers martyrs et des martyrs de nos Instituts. Un moment fort de cette troisième semaine.
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Bernard Beaudin, fms
ROME, 23 septembre 2012