Lettres Ă  Marcellin

M. François Moine

1837-04-26

Perreux, le 26 avril 1837.
Monsieur le Supérieur,
Une foule de circonstances plus ou moins impérieuses mont empêché jusquici de pouvoir effectuer un projet qui est de puis fort longtemps de mes voeux les plus empressés: celui davoir dans ma paroisse un établissement de Frères pour instruire les garçons, comme jai des pieuses Soeurs de St. Charles, qui ont parues de nos côtés, pour instruire les filles.
Aujourdhui les difficultés ont disparu pour la plupart. Tous généralement demandent des Frères et les demandent avec instance. Daprès lavis de nos Supérieurs, cest vos bons Frères quon réclame. Je puis donc avec toute sorte de sécurité et de confiance, vous adresser directement une demande empressée et pressante. Je vous prie, M. le Supérieur, de me permettre de vous observer que Perreux, pour qui je sollicite des Frères, et dont je suis, quoique indigne, le pasteur, est un chef-lieu de canton, près de Roanne, et qui offre une population de près de 3000 âmes.
Je puis vous assurer, M. le Supérieur, quil y a un bien infini à faire dans cette paroisse où je travaille depuis mon retour dItalie en 1797. Vous pouvez penser avec quel empressement je verrais sélever sous mes yeux, avant de finir une assez longue carrière, un établissement qui, si javais pu le faire en même temps que celui des Soeurs de St. Charles, maurait fourni le moyen de faire beaucoup plus de bien que je nai pu en faire.
Après avoir acheté une maison pour les Soeurs, peu après jen achetais une autre pour les Frères, mais les moyens ne suffirent pas pour en avoir et, de lavis de feu M. Cholleton, dheureuse mémoire, je reçus un séminariste quil menvoya et qui avait fait son cours de théologie avant lâge de la prêtrise, et qui commença a enseigner le latin à nos enfants de choeur; ce qui a facilité à un bon nombre de jeunes gens le moyen de se consacrer à létat ecclésiastique. Nous aurons pour vos bons Frères la maison avec une autre quon vient de donner.
Je pense bien, M. le Supérieur, que nous ne devons pas compter sur votre obligeance beaucoup avant la Toussaint. Mais nous vous supplions avec toute linstance possible de ne pas nous renvoyer plus loin. Nous avons de grandes ressources qui pourraient nous échapper en différant plus longtemps, tandis que si nous le faisons de suite, il pourra avoir des revenus pour être fondé solidement. Enfin, une foule de raisons et de motifs doivent en fixer le terme à cette époque.
Vous nous feriez plaisir de nous donner un petit aperçu du mobilier quil faut préparer pour recevoir vos bons Frères; on sen occuperait plus à loisir pour quil ne leur manquât rien quand ils arriveront. La Toussaint est tellement lépoque fixée par les circonstances et la disposition des esprits quil semble que nous devons y arriver à tout prix.
Nous ne vous demandons pour le moment que deux Frères pour mieux nous assurer de pouvoir commencer à la Toussaint, mais sils peuvent prendre des pensionnaires, comme nous lespérons, il nous en faudra bien davantage, et nous sommes convaincus quils ne tarderont pas à vous envoyer des novices pour remplacer tous les Frères que vous aurez la bonté de nous envoyer.
Je connais particulièrement les MM. Colin; si vous daignez mhonorer dune réponse, je vous prie davoir la complaisance de me rappeler à leur souvenir en leur offrant mes humbles respects, et de mindiquer leur adresse afin que je puisse leur écrire. Javais été sollicité par M. Courveille de me réunir à lui, quand il parlait de son établissement. Il voulait même Que je partisse pour Rome, parce que je connaissait lendroit et la langue. Si javais su alors que les MM. Colin eussent formé un pareil établissement, je regretterais fort de ne pas y être entré. Mais je serais dédommagé par vos bons Frères Maristes, lorsque nous les aurons. Je madresse à Marie, notre tendre Mère, pour quelle nous fasse avoir au moins deux de ses enfants chéris à la Toussaint.
Daignez agréer, Monsieur le Supérieur, lassurance du profond respect avec lequel jai lhonneur dêtre, votre très humble et très obéissant serviteur,
MOINE, Curé.

fonte: AFM 129.31

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