Lettres Ă  Marcellin

Père Benoît Hector, Coadjuteur, St. Lattier

1839-05-30

St. Lattier, le 30 mai 1839.
Monsieur,
Votre dernière réponse, du neuf janvier, tout en me confirmant que notre demande était prise en considération et inscrite sur le registre de la maison, ne ma guère satisfait ainsi que le conseil municipal. Je pense que les cinq mois qui se sont écoulés depuis, auront fait disparaître la difficulté où vous étiez alors de préciser lépoque où vous pourrez seconder nos désirs et nous accorder des Frères, et que votre nouvelle réponse sera plus explicite que la dernière. Cest dans cette attente que je me plais aujourdhui à vous donner connaissance de lavance ment des travaux de notre maison et des instances du conseil municipal, pour vous avoir au plus tôt. Les travaux extérieurs de la maison sont finis; le toit est faîté depuis longtemps; il y est entré plus de treize mille tuiles. On soccupe maintenant de lintérieur, des planchers, des plafonds.
Monseigneur, dans sa tournée pour la confirmation, sest plu à visiter notre maison et en faire léloge. Monsieur Souche, qui a donné une retraite à St. Lattier dans le mois de décembre, la vu aussi plusieurs fois. Il vous connaît beaucoup à ce quil paraît et il vous estime encore plus. Il doit vous faire une visite cet été; veuillez bien lui en parler. Il vous dira ce quil en pense.
Notre instituteur communal, comme je lavais prévu et comme je vous en avais parlé dans ma dernière lettre, est parti pour en plus revenir, il y a quinze jours. Le motif de son départ a été de voir que les enfants le quittaient pour aller chez linstituteur privé, qui est aussi dans la paroisse, qui a un peu plus de talent pour enseigner, et pour se faire aimer des enfants; il sort de lécole normale. Cet instituteur privé, voyant linstituteur communal parti, fait tous ses efforts pour se faire recevoir instituteur communal, et pour entrer à la Toussaint prochaine dans la maison que lon construit pour les Frères. Jengage fortement le conseil municipal à ne pas le recevoir instituteur communal, à ne lui permettre seulement denseigner jusquà votre arrivée, à ne pas non plus linstaller dans la maison qui vous est destinée. Le conseil municipal est de mon avis, mais si nous navons pas lespérance prochaine de vous avoir, et si vous ne précisez pas lépoque, nous craignons que lautorité supérieure nous force à le recevoir comme instituteur communal, à lui payer le louer dune autre maison ou bien à linstaller dans la vôtre. Ainsi, veuillez bien nous préciser une époque et nous promettre au moins pour la Toussaint de mil huit cent quarante. Avec cette promesse nous patienterons, et nous naurons pas le désagrément de nous chamailler pour faire sortir linstituteur, qui sorti de lécole normale, serait soutenu par les inspecteurs de lAcadémie.
En attendant votre réponse, veuillez bien agréer, Monsieur le Supérieur, lassurance de la parfaite considération avec laquelle jai lhonneur dêtre votre très humble serviteur,
HECTOR, Vicaire.

fonte: AFM 129.67

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