Frère Ernesto Sánchez à l’Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques

Le frère Ernesto Sánchez, Supérieur général, a été l’un des cinq représentants de l’Union des Supérieurs généraux (USG) à l’Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, qui s’est tenue en octobre au Vatican. Vous pouvez lire ci-dessous le texte que le Supérieur général a partagé avec les provinciaux et les supérieurs de district dans la lettre envoyée le 6 novembre.

Lors de l’Assemblée de l’Union des Supérieurs généraux en mai dernier, cinq représentants ont été élus pour participer aux Assemblées Synodales d’octobre 2023 et 2024. Le règlement de ce Synode, au n° 2 § 2, indique : « Parmi les membres ex electione, le Pontife romain a établi que les dix clercs appartenant à des Instituts de vie consacrée, mentionnés à l’art. 2, 4° du CIAS, soient remplacés par cinq femmes et cinq hommes appartenant à des Instituts de Vie Consacrée, élus respectivement par l’Union des Supérieurs généraux et par l’Union Internationale des Supérieures générales ». En octobre 2018, lorsque j’ai participé au Synode des jeunes, dans l’un des numéros du règlement, il était indiqué que le pape donnait l’autorisation de vote aux deux frères participants (de La Salle et Maristes). À présent, le règlement indique que tout membre de l’USG (frère ou clerc) aura le droit de vote, ainsi que les religieuses. Les laïcs participants, hommes et femmes, ont également obtenu le droit de vote. Nous nous réjouissons de l’ouverture de cette porte dans l’Église, dans le cadre du processus synodal en cours depuis 2021.

Le 30 septembre, nous avons célébré la veillée oecuménique « ensemble » (« together »), au cours de laquelle le pape François nous a invités à approfondir le thème du silence. Il nous disait :

« Frères et soeurs, nous demandons dans la prière commune de réapprendre à faire silence : pour écouter la voix du Père, l’appel de Jésus et le gémissement de l’Esprit. Demandons que le Synode soit un kairós de fraternité, un lieu où l’Esprit Saint purifie l’Église des bavardages, des idéologies et des polarisations ».

Les trois jours suivants, du 1er au 3 octobre, les participants au Synode ont fait une retraite dans la maison « Fraterna Domus ». Ce fut une excellente expérience, très utile pour commencer ensemble l’Assemblée qui allait durer tout le mois. Chaque matin, il y avait deux méditations, suivies d’un temps de silence personnel. L’après-midi, nous avons eu des moments de partage en groupes. Ces journées nous ont aidés à nous connaître, à nous concentrer sur le thème de la prière et de l’écoute, et à créer un esprit fraternel qui s’est manifesté tout au long de l’Assemblée.

Assemblée au Vatican

Le 4 octobre, nous avons commencé l’Assemblée dans la salle Paul VI, en utilisant des tables rondes (appelées « cercles restreints ») avec onze participants par table et un facilitateur. Les tables ont été changées tous les 4 ou 5 jours, ce qui nous a permis de rencontrer et d’échanger avec différentes personnes tout au long du mois. Je peux dire que j’ai eu une expérience très positive lors des quatre tables rondes auxquelles j’ai participé.

Il était important de rappeler, pendant l’Assemblée, ce que le pape François nous avait dit le premier jour:

« Et j’aime à dire que le Synode n’est pas un parlement, c’est autre chose ; que le Synode n’est pas une réunion d’amis pour résoudre quelques questions du moment ou donner des avis, c’est autre chose. N’oublions pas, frères et soeurs, que le protagoniste du Synode ce n’est pas nous : c’est l’Esprit Saint. Et s’il y a parmi nous l’Esprit pour nous guider, ce sera un beau Synode. S’il y a parmi nous d’autres manières d’avancer pour des intérêts humains, personnels, idéologiques, ce ne sera pas un Synode, ce sera plutôt une réunion parlementaire, ce qui est une autre chose. Le Synode est un chemin que trace l’Esprit Saint. »

Tout au long du mois, nous avons approfondi les thèmes de la synodalité, de la mission, de la communion et de la participation. Cette Assemblée fait partie du processus de synodalité qui a commencé en 2021 aux niveaux local, diocésain et dans les Conférences épiscopales. Des rapports continentaux ont été rédigés et publiés avant cette Assemblée. Les deux Unions des Supérieurs généraux ont également offert leur contribution. L‘Instrumentum Laboris a été préparé à partir de ces contributions et a servi de base et de guide pour la réflexion.

Le document final, approuvé par l’Assemblée à plus de 2/3 dans toutes ses parties et paragraphes, exprime la réflexion et la production d’idées qui ont été discutées dans les cercles restreints et dans l’Assemblée, à la lumière de l’Esprit. Le document contient des points clés qui nous encouragent et nous interpellent. « Le visage de l’Église synodale », titre du premier chapitre. « Tous disciples, tous missionnaires », le deuxième chapitre. Et le troisième : « Tisser des liens, construire la communauté ».

Le rôle prophétique de la vie consacrée

Le document rappelle le rôle prophétique de la vie consacrée : « Les différentes familles religieuses manifestent la beauté de suivre le Seigneur, sur la montagne de la prière et sur les routes du monde, dans les formes de la vie communautaire, dans la solitude du désert et à la frontière des défis culturels. Plus d’une fois, la vie consacrée a été la première à percevoir les changements de l’histoire et à répondre aux appels de l’Esprit : aujourd’hui encore, l’Église a besoin de sa prophétie. » (traduction à partir de l’original en italien). (Rapport de synthèse de la première session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques, 4-29 octobre 2023, n. 10, b).

Le document « Une Église synodale en mission » présente un certain nombre de thèmes importants, dont plusieurs touchent directement à la vie et à la mission maristes. Je crois que dans les nombreux processus qui se déroulent dans l’Institut, ainsi que dans les organisations et les structures, nous mettons en oeuvre des démarches de synodalité. Dans les récents Chapitres généraux, ainsi que dans les Chapitres et Assemblées provinciales et de District, on favorise de plus en plus le dialogue fraternel et contemplatif, à la recherche de l’écoute de l’Esprit. Frères et laïcs, nous avançons de plus en plus dans la coresponsabilité, en favorisant la participation et le leadership.

Nous sommes invités à marcher ensemble, en synodalité, en construisant la famille mariste globale, à travers des rencontres, des réseaux, le partage des ressources, la solidarité, etc. Certains thèmes du document nous invitent à être plus proches des pauvres, des jeunes, dans une attitude d’écoute et d’accueil. On retrouve la question de la migration, une situation qui se produit dans tant de parties du monde, causée par les guerres, les troubles politiques et économiques.

Religieux et laïcs maristes, nous avons aussi un appel important à essayer de mieux nous impliquer dans les processus synodaux qui se déroulent dans les paroisses et les diocèses. Peut-être que peu d’entre nous se sont sentis concernés jusqu’à présent, soit par manque d’invitation, soit par manque d’intérêt. L’expérience vécue ce mois-ci m’a permis d’établir des liens plus étroits au sein de l’Église. Je suis heureux d’avoir rencontré un grand nombre de cardinaux et d’évêques qui connaissent et apprécient la vie et la mission de notre Institut, ainsi que des prêtres, des religieux et religieuses, des laïcs et des femmes qui ont participé à l’Assemblée. Notre présence directe dans les processus ecclésiaux (locaux et diocésains) favorisera aussi la connaissance de la vocation mariste consacrée et de la vocation mariste laïque.

Le processus synodal ouvre de nouvelles portes dans l’Église. L’Esprit nous pousse à la conversion, personnelle et communautaire, et à vivre la mission dans la communion et la participation. Comme Maristes de Champagnat, nous sommes appelés à être le visage maternel de Dieu dans l’Église et dans le monde, en suivant l’inspiration et l’exemple de Marie.

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Frère Ernesto Sánchez, Supérieur général
Lettre aux Provinciaux et Supérieurs de District – 6 novembre 2023

Entretien avec le Frère Ernesto Sánchez,
représentant de l’USG au Synode sur la synodalité