02/Nov/2012 MAISON GéNéRALE

La nouvelle évangélisation est une invitation à ne pas rester les bras croisés

ROME, mercredi, 24 octobre 2012 (ZENIT.org). – Durant les dix-sept derniers jours où se tiendra la XIIIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, il y a un groupe qui représente divers secteurs de l’Église, de la société et des autres croyances. Ceux-ci apporteront leurs expériences, donneront leurs contributions, mais surtout, ils écouteront… Nous nous référons aux « Auditeurs », au nombre d’environ 50, qui participent officiellement à cet événement important pour l’avenir de l’évangélisation catholique.

Un de ces Auditeurs est le frère Emili Turú, Supérieur Général des Frères Maristes, avec qui s’est entretenu ZENITH sur son expérience à l’intérieur de la Salle Synodale. Celui-ci partage sa vision à partir du déroulement de la majorité des séances, et peu de temps avant la clôture du Synode par le pape Benoît XVI, qui s’achèvera le dimanche 28 octobre (Par José Antonio Varela Vidal)

On dit que le Synode a été une occasion privilégie de prendre connaissance de nouvelles expériences et de se soutenir les uns les autres dans l’évangélisation : est-ce vrai ?
Frère Turú – Une rencontre d’une telle envergure est toujours une grande occasion d’expérimenter la richesse de l’internationalité et de la diversité, non seulement dans l’Église catholique mais aussi dans les autres Églises chrétiennes, étant donné l’importance des délégations des autres confessions. Eh oui, c’est une occasion de connaître de nouvelles expériences, et, surtout, de connaître de nouvelles personnes, plusieurs d’entre elles de qualité exceptionnelle.

Il y en a qui disent être arrivés avec une certaine attitude et certaines idées et qui partent avec d’autres. Est-ce que cela se passe ainsi pour vous ?
Frère Turú – Une telle expérience ne vous laisse pas indifférent. Tout a été très intense et très rapide, de sorte que j’aurai besoin d’un certain temps pour digérer et pour réfléchir à certains points qui m’ont paru spécialement importants. Dans mon cas, je ne crois pas qu’il s’agisse de grands changements d’attitudes ou d’idées mais bien davantage d’interrogations que j’ai besoin d’approfondir.

De ce que vous avez entendu sur la nouvelle évangélisation, qu’est-ce qui vous paraît le plus urgent pour notre temps ?
Frère Turú –  Le plus urgent est que chacun des baptisés nous prenions au sérieux notre vocation chrétienne et la vivions à fond, non comme une charge mais convaincus que c’est un chemin qui nous conduit à la pleine réalisation personnelle. Être des disciples de Jésus, appelés à vivre en communauté, qui témoignent surtout par la qualité de leur vie et de leur engagement. Il m’apparaît aussi, de façon extrêmement importante, d’être davantage attentifs aux signes des temps à travers lesquels l’Esprit nous interpelle.

Et quelles pratiques devraient être abandonnées progressivement par manque de résultats ou d’acceptation par les gens ?
Frère Turú – Je ne suis pas très certain que l’on puisse parler de pratiques qui devraient être abandonnées, mais certainement d’attitudes : par exemple, la manière de se présenter comme des personnes ou des institutions qui savent déjà tout, qui ont réponse à tout et qui n’ont pas besoin d’apprendre quoi que ce soit. L’expérience de l’Église, ces dernières années, devrait nous apprendre à être humbles, à nous approcher des autres avec respect, disposés à nous laisser évangéliser par eux… Le dialogue est fondamental, non comme stratégie mais comme attitude de base.

Vers où s’oriente le Synode ces jours-ci ? Il y a beaucoup d’attentes chez les gens pour des propositions  « nouvelles » qui seront proposées au monde de l’Église.
Frère Turú – Il ne m’apparaît pas réaliste d’attendre de grandes nouveautés d’un Synode, étant donné les caractéristiques d’une réunion de ce genre et la méthodologie utilisée. Je vois le Synode comme une invitation à être créatifs au niveau local, comme une invitation à réfléchir, à prier, à discerner… et à agir ! Le Synode aura été plus ou moins utile selon que, dans chaque diocèse ou dans chaque communauté chrétienne, nous commencions à nous interroger nous-mêmes sur le sens de la nouvelle évangélisation et sur ce à quoi le Seigneur nous appelle.

Et le message final ?
Frère Turú – Je crois que le message final a un ton généralement positif et dynamique, mais il contient aussi une invitation claire à ne pas rester les bras croisés… Il ne s’agit pas de chercher ce que l’Église peut faire pour moi, mais de ce je peux faire pour l’Église.

Comment avez-vous vu le thème de l’éducation ?
Frère Turú – Le Synode n’est pas encore terminé… mais  je suis sûr qu’il y aura une reconnaissance claire des institutions éducatives catholiques comme espaces privilégiés de la nouvelle évangélisation. Quelques évêques ont dit, avec beaucoup de force, qu’étant donné la réalité de leur contexte, le point de référence le plus important pour l’évangélisation ne sont pas les paroisses, mais les écoles catholiques. Pour beaucoup d’enfants et de jeunes, cela sera l’unique possibilité de contact avec l’Église. Si nous disons qu’il faut aller là où sont les jeunes… nous avons déjà dans nos institutions éducatives catholiques environ 56 millions d’enfants et de jeunes ! Il faut donc utiliser cette excellente plateforme, sans oublier les autres nombreux jeunes loin de nos institutions, spécialement ceux qui sont victimes de marginalisation.

Il y aura des suggestions ?
Frère Turú – Quant aux suggestions, je crois qu’une formation adéquate et l’accompagnement des éducateurs seront très importants, si nous voulons vraiment que nos institutions éducatives soient des foyers de nouvelle évangélisation et « parvis des Gentils ».

Et au niveau de la vie religieuse ?
Frère Turú – Le Synode reconnaît la contribution très grande de la vie consacrée à l’évangélisation, tant celle d’hier que celle d’aujourd’hui. Dans bien des endroits dans le monde, la première évangélisation s’est faite par des religieux ou des religieuses. Ce que l’on souhaite aujourd’hui, c’est que nous demeurions fidèles à notre mission, tant par ce que nous sommes que par développement de cette mission. De façon spéciale, on nous invite à une entière disponibilité pour aller aux frontières, que ce soit au niveau géographique, social ou culturel. Plaise à Dieu que nous soyons capables de relever ce défi !

Nous célébrons les 15 ans de l’agence ZENIT. Quel message auriez-vous pour nos lecteurs ?
Frère Turú – Les lecteurs de ZENIT sont des personnes intéressées à la vie ecclésiale ; je ne crois donc pas qu’elles aient besoin de bien des conseils. Mais, je me permets de leur poser une question : La majorité des articles que vous recevez se rapportent à des faits ou à des personnes éloignées ou probablement inconnues… De quelle nouvelle aimeriez-vous être protagoniste à l’avenir ? Et encore, une deuxième question : qu’est-ce qui vous empêche d’être le protagoniste de cette nouvelle ? Excusez-moi pour mon audace… et bon anniversaire !

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ZENIT – http://www.zenit.org/article-43444?l=spanish

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