Lettres Ă  Marcellin

Père André Millerand, Curé de Semur

1838-03-09

Semur, le 9 mars 1838.
Monsieur le Supérieur,
Jai eu lhonneur de vous écrire à lHermitage, au mois de janvier, pour vous faire mes remerciements pour les bons Frères que vous avez envoyés à Semur; pour vous apprendre quils y sont bien goûtés et quils y font un bien qui est apprécié de toute la paroisse; pour entrer en relation avec vous pour connaître les conditions dont vous étiez convenu avec M. Béraud, alors administrateur de la paroisse. On ma répondit que vous étiez absent et que je serais informé de votre retour; il sest écoulé depuis cette époque plus dun mois. Hier le Frère Directeur mapprit que vous étiez encore à Paris et je prends le parti de vous y écrire afin davoir plus tôt à quoi men tenir. M. Béraud ma dit être convenu avec vous que les pensionnaires feraient le traitement du troisième Frère, et cela en présence du Frère Directeur, qui na pas paru y croire. Il ma dit aussi que vu les réparations que vous exigiez et laugmentation du mobilier vous ne lui aviez pas parlé de fondation pour le troisième Frère. Tout cela parut dautant plus raisonnable quil vous avait parfaitement mis au courant de peu de ressources quoffrait le pays et des frais qui restaient à la charge ou à dette du Curé. Il faut bien que vous ayez compassion de nous et que vous nous traitiez avec toute la douceur que vous pourrez. Nous avons beaucoup de bonne volonté et peu de ressources. M. Béraud vient dêtre placé à 22 lieues de Semur et ne peut plus venir à mon secours. Il avait bien fait de prendre un engagement en faveur de létablissement aux habitants de Semur, mais il a négligé de battre le fer pendant quil était chaud, et cette espèce de souscription na presque rien produit. Je compte y revenir bientôt et réchauffer un peu le zèle de mes paroissiens et il me faudra pour cela loriginal de lengagement dont je ne connais pas la teneur; il est à lHermitage où il a été envoyé pour être transcrit sur les registres de la Congrégation. Ayez la bonté de me le faire passer.
Le mobilier nest pas encore au grand complet mais les bons Frères ont lessentiel. Je compte que nous aurons bientôt ce qui est exigé. Lorsque jaurai lengagement des habitants je tâcherai de faire ce que na pas fait (par) M. Béraud, et dassurer lexistence dun établissement aussi précieux.
Veuillez mhonorer dune réponse afin que je sache bien au juste à quoi men tenir. Mais je vous le répète, traitez-nous avec toute la douceur possible afin que le bien qui se fait puisse se maintenir sans obstacle. Les contradictions que cet établissement a éprouvé à son principe me prouvent que cest loeuvre de Dieu, et me donnent la plus grande confiance pour lavenir.
Jai lhonneur dêtre avec une respectueuse considération, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
MILLERAND, Curé.

fonte: AFM 129.49

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