Lettres Ă  Marcellin

M. Charles Tripier, Curis-au-Mont-dOr

1828-09-01

Neuville, le 1 septembre 1828.
Monsieur le Supérieur,
Nous avons été prévenu par vos Frères de Neuville du jour au quel ils devaient nous quitter, et comme le bureau devait se réunir aussitôt pour délibérer sur le manque de fonds du Trésorier, afin de trouver quelques moyens pour y subvenir, cette réunion na put se faire quhier vu labsence de M. le Maire.
Et dabord il a été question de fixer quelle somme lon devait leur donner pour le courant de cette année. Parce que, disait on, nous navons demandé que deux Frères et non pas trois, nous ne devrions donc que huit cent francs. Mais sentant bien que vous avez été obligé den envoyer un troisième à cause de celui qui était malade, et que layant laissé sans vous prier den retirer un de ses trois, nous devions faire une somme de mille francs.
Pour rĂ©aliser cette rĂ©solution il a fallu procĂ©der Ă  un appel aux membres du Bureau qui, au lieu dune douzaine, ne se sont trouvĂ©s que quatre. M. le Maire a donnĂ© de mon avis 50 francs, moi 50, M. le CurĂ© 50, M. Armand seulement 5 et M. Manteguiy 5. Et nĂ©anmoins ces petites sommes rĂ©unis avec ce quavait le TrĂ©sorier nous ont fait quun total de 932 francs. Il manquait donc encore 68…que nous avions chargĂ©, moi en particulier, M. le CurĂ© den faire lavance. Mais comme il nest point exĂ©cutĂ© de les compter au Frère Directeur, je me suis dĂ©cidĂ© de les lui remettre, ne voulant pas quils fussent obligĂ©s de sen aller mĂ©contents, et vous porter la moindre plainte Ă  ce sujet.
Peiné comme je lai été du peu dempressement de MM. les administrateurs, à bien soutenir cette entreprise, par des moyens qui étaient en leur disposition, et même de leurs découragements que quelques-uns ont manifestés: jai cru, en la présence de Dieu, devoir redoubler mon courage pour soutenir cette bonne oeuvre, pour la gloire de Dieu et lutilité des jeunes gens de Neuville et des environs, et de men rendre pour ainsi dire le protecteur, car je maperçois que plus ont est moins lon réussit.
Voici donc Monsieur, ce quil me reste à faire en mentendant bien avec vous. Les Frères retireront eux mêmes la rétribution de leurs enfants chaque mois, et même davance, si vous le jugez à propos.
En supposant, et comme jai lieu de le présumer, quils naient pas pu retirer cette première année de 1829, les huit cent francs pour les deux Frères, jobtiendrai, je le pense, quelques choses de la fabrique par lentremise de M. le Curé et encore aussi de la Mairie par M. le Maire, et si cela ne suffit pas cest moi qui lavancerai: vous pouvez, Monsieur, compter sur ma parole. Je suis même assuré que cette école prospérera selon vos désirs, et à ma grande satisfaction comme à celle de tous les parents de ces jeunes gens.
Vous sentirez comme moi quen relevant cette école abandonnée il est de nécessité absolue que vous me renvoyiez les mêmes Frères et surtout le premier, qui connaissant tous les parents des enfants, quil a si bien déjà dirigés, aura aussi tout lascendant sur eux pour obtenir que leurs enfants leur apportent chacun leur mois davance. Ce quun autre ne pourrait absolument pas faire, parce que les insoucieux pour cette école, ainsi que les ennemis quelle peut avoir, saisiraient adroitement cette circonstance de nouveaux Frères, soit pour ne vouloir pas payer le mois davance, soit pour dégoûter les Frères, et faire tout leur possible pour les déconcerter et annuler ainsi cette bonne oeuvre.
Je mattends bien quen remplissant ainsi mes vues, vous aurez tout lieu de voir la prospérité de cette école, comme je la vois moi-même davance, comptant sur la Divine protection, toujours accordée de Dieu à ceux qui mettent en lui toute leur espérance.
Jaurais voulu pouvoir me rendre de suite auprès de vous pour conférer ensemble plus amplement sur cette affaire importante que je veux soutenir absolument, mais un voyage indispensable à Suris, où je suis appelé par M. De Bouffleu, moblige de retarder cette entrevue avec vous de trois semaines à un mois; et plutôt si mes courses peuvent être abrégées.
Mais dans tous les cas, je compte que vous menverrez les Frères que je vous demande instamment dès les premiers jours doctobre, pour que les enfants ne perdent pas le fruit des peines que se donnent les Frères le courant de lannée, par de trop longues vacances, ce qui leur devient très nuisible, et que les parents, peinés de voir leurs enfants livrés à la dissipation et aux dérèglements, ne prennent la résolution de les placer ailleurs.
Veuillez sil vous plaît, Monsieur, agréer les sentiments respectueux de votre serviteur,
TRIPIER.

fonte: AFM 129.3

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