Lettres Ă  Marcellin

Père Jean Antoine Bourdin, Aumônier de l? HERMITAGE

1829

Monsieur le Supérieur,
[1] Ceût été pour moi un grand plaisir de rentrer à lHermitage avec le cher Frère Bernard. Mais au moment où je compte partir, un missionnaire des Chartreux (M. Baret) mannonce de la part de M. Cattet quil faut dédire ma voiture, et quil faut me rendre auprès de M. le Vicaire Général. Ne sachant que penser dune semblable nouvelle, je me crus exclu pour toujours de ma chère solitude. Mille bruits absurdes, occasionnés peut-être par mon apparition aux Chartreux, sétaient déjà répandus dans le voisinage que je ne retournerais pas auprès de vous, à cause des austérités dont votre maison accable et martyrise les pauvres Pères et Frères qui lhabitent. Enfin, rendu auprès de M. Cattet, qui me demande ?Si j?ai payé ma voiture et ce quej?ai donné?, je lui réponds que cest tout retenu et tout payé, ?eh bien! m?a-t-il dit, je vous rembourserait le tout, faites partir le Frère, je vous retiens pour toute la semaine.? Mais, Monsieur le Vicaire Général, lui ai-je dit, je dois prêcher dimanche à Saint Chamond, ?eh bien! m?a-t-il encore répondu, votre départ sera samedi?. Le même jour que je rendais ma visite à M. le Vicaire Général, il ma fallu assister aux vêpres de la Cathédrale pour me rendre sur les 5 heures dans la chambre de M. Cattet. Les occupations quil ma données mobligent à travailler tantôt chez lui et tantôt chez moi: je naurai guère de temps à perdre. Cependant ma voiture est déjà retenue pour vendredi à 8 heures su soir.
[2] Quant à ma prédication, je crois que je serai prêt. Je ne sais pas si vous avez demandé la permission que je prêche, veuillez men assurer au plus tôt afin que je prenne mes dispositions avant mon départ. M. Cattet ma paru fort content de notre communauté, il ma prié de vous dire quil fallait hâter votre voyage à Feurs, que la chose était très nécessaire.
[3] Je me suis acquitté de toutes mes commissions. MM. Lyonnet et Courbon ne vous expédieront pas le tonneau dhuile, jai voulu retarder cette emplette jusquà nouvel ordre; lhuile dolive est considérablement augmentée, elle peut encore augmenter, elle se vend jusquà 18 francs, lhuile épurée, qui est la plus économique a un peu enchéri, elle peut augmenter ou diminuer, dans ce moment, elle se vend autour de 16 francs. Ces Messieurs vous conseillent cette dernière huile. Jattends votre décision.
[4] Faites-moi encore savoir la destinĂ©e de cette petite malle que vous avez commise: elle est en attendant, chez MM. Courbon et…….
[5] Le Frère Bernard est là, à mes côtés, qui me presse dachever cette lettre, car lheure de son départ approche. Je vous rendrai compte à mon retour, de beaucoup dautres choses; en attendant votre réponse, jai bien lhonneur de vous saluer ainsi que le cher Père Séon; je me recommande à vos pieux souvenirs, ainsi quà ceux de la chère communauté au milieu de laquelle je désire beaucoup retrouver la paix et lédification, deux plantes précieuses qui ne croissent pas dans le monde. Agréez les respects de celui qui a bien lhonneur dêtre, Monsieur, votre très humble et soumis serviteur,
J.A. BOURDIN, D.M.
[6] P. S. Je nai pas encore trouvé de croix en cuivre, M. Juventon men ferait bien faire, mais le prix équivaudrait à celles dargent. Je verrai encore si je puis men procurer. Loncle du F. Félix se disant avoir fait quelques mauvaises affaires et nayant que de modiques revenus, na pu me remettre aucun argent, cependant il nous fait espérer quelque chose dans la suite.

fonte: CSG 01, 150

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