Lettres Ă  Marcellin

Père Claude Chaumont, Curé d?Anse

1837-10-20

Anse, le 20 octobre 1837.
Monsieur et très cher Confrère,
Je suis allé visiter hier létablissement de nos Frères. Je lai trouvé à peu près achevé. Le parloir nest pas encore commencé parce que M. Goni voulait le placer à langle du jardin à côté de la pièce deau. Il voulait aussi faire abattre les beaux platanes qui sont à lentrée sous prétexte quils nuisent au mur. Le brave homme manque un peu de goût. Vous ferez bien de dire à Madame de La Barmondière que vous tenez à conserver les platanes qui donnent un si bel ombrage dans la cour. Ce serait un mal heur pour létablissement si on les abattait. On attendra votre visite ou une lettre de votre part pour travailler au parloir. Vous feriez peut être bien de parler aussi sur cet article à Madame de La Barmondière ou à ses hommes daffaires. M. Goni a fait placer des volets dans la grande salle qui est au dessus des classes; mais au lieu de les faire mettre en dehors, comme il est dusage, il les a fait fixer en dedans; et quand on voudra mettre des fenêtres du côté du matin, il faudra jeter de côté les volets, qui ne serviront plus et ne pourront plus servir. Mais la chose étant terminée, il vaut mieux nen pas parler.
Jai acheté à Macon trois lits pour nos Frères. Ils coûtent 20 fr. pièce. Je ne sais pas encore quel sera le prix de la voiture. Les menuisiers du pays ne voulaient pas faire les tables, dont vous mavez envoyé le modèle, à moins de 32 fr. Enfin jen ai rencontré un qui pour avoir la pratique sest déterminé à les faire pour 27 fr. Cest 1 fr. de plus que le prix que vous aviez fixé. Mais jai pensé que lagrément davoir vos tables sur place valait bien 1 fr. Et puis la voiture pour les faire venir de St. Chamond les aurait bien rendus plus chères. Vous navez pas oublié que vous avez retenu des chaises ici. Vous voudrez bien sans doute vous occuper des matelas, des couvertures et du reste du mobilier. Je suis fâché que nos bons Frères ne soient pas venu sétablir ici avant la fin des vendanges. Comme il y a beaucoup de vin cette année, on aurait pu pendant les pressurages leur procurer une quête suffisante pour leur boisson. Mais le vin une fois en cave en sort difficilement, à moins quil nen soit arraché par largent.
Vous aurez assez de bonté pour nous envoyer des Frères intelligents et capables de lutter avantageusement avec les écoles de Villefranche. Nous sommes si rapprochés de cette dernière ville quon ne tardera pas longtemps de faire la comparaison. Il serait à propos que vous puissiez venir bientôt installer nos bons Frères, de manière que les classes soient prêtes à souvrir après la Toussaint. Si on tardait un peu, quelques parents prendraient peut-être le parti de remettre leurs enfants chez les maîtres décole. Je serai absent les premiers jours de la semaine prochaine; mais vous me trouverez ici le vendredi et le samedi. Je crois quil ne sera pas possible de renvoyer tous les enfants chez eux après les classes, et quil faudra aviser aux moyens de les garder tout le jour. Sil faut pour cela un quatrième Frère veuillez nous le réserver. Nous trouverons bien le moyen de pourvoir à lentretien du quatrième Frère.
Je suis, Monsieur, votre très humble et tout dévoué confrère,
CHAUMONT, Curé.

fonte: AFM DOSSIER ANSE

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