Lettres de Marcellin 006

Marcellin Champagnat

1827-05

Cette lettre qui devrait être la première, figure dans le cahier laissé par le Fondateur après celles destinées à messieurs Gardette et Cattet. Elle sadresse sans aucun doute à Monseigneur Gaston de Pins qui, depuis le 18 février 1824, occupait le siège archiépiscopal de Lyon. M. Champagnat se confie à lui, certes, comme à son évêque, mais, plus encore, comme à son protecteur et le soutien de son oeuvre. (Vie, p. 150-151; O.M. IV pp. 330-337.)
On remarquera que lauteur sétend bien plus longuement sur les obstacles venus de lextérieur que de lintérieur. Dautre part, là non plus la demande dun aide nest pas explicitement formulée. Cest à croire quil pense faire la demande explicite à quelquun dautre, se contentant ici de donner les raisons qui la justifient et permettront par conséquent de lappuyer, bien que Frère Jean-Baptiste présente les choses différemment, (cf. Vie pp. 230-231.)

Monseigneurt,
Le mauvais succès, jusquici, pour les prêtres à lHermitage fait que je nose plus me présenter devant Votre Grandeur pour lui faire entendre laccens de ma douleur et le ferme apuis de ma confiance. Jésus et Marie: voilà en qui jespère; malgré ce siècle de perversité. Jai toujours une ferme croyance que Dieu veut, malgré les efforts plus que diabolique de Cette oeuvre. Ce qui fortifie ma confiance, sont les efforts que satan fait pour la renverser, dès son origine. La malheureuse affaire qui a eu lieu dans celui qui en paroissoit être le chef est un effort épouvantable de lenfer. Mais J(ésus) et M(arie) seront toujours le ferme apuis de ma confiance.

Dieu veut cette oeuvre en ces temps pervers; cest là toujours ma ferme croyance; mais hélas! il veut peut être dautres hommes pour létablir. Son st Nom soit béni. La malheureuse affaire qui a eu lieu dans celui qui en paroissoit être le chef montre clairement les plus terribles efforts que tout lenfer aie jamais enfantés pour renverser une oeuvre quil prévoit lui devoir tant faire de mal. Jésus et Marie seront toujours le solide apuis de ma confiance. La bonté toute paternelle avec laquelle Votre Grandeur voulut bien maccueillir à votre arrivée dans ce diocèse menhardit à vous prier, au nom de J(ésus) et de M(arie), de protéger toujours une oeuvre qui ma paru jusquici mériter tous mes soins et même votre attention.

Me voilà seule de prêtre; cela mafflige, mais ne me décourage pas, parce que celui qui me soutient sappelle le Dieu fort.

Je viens Je vais cependant vous exposer ma position. Nous sommes près de quatre vingt et jusquaux vacances nous passerons ce nombre vu le grand nombre de postulans.

Je pense que Mr le supérieur du séminaire voudra bien vous expliquer ma position. Vous sachant au fait de tout, je men reposerai pour lévénement sur la bonne volonté de Dieu, que je connoîtrai par celle de Votre Grandeur.

Recevez, Mgr, lassurance de la considération du moindre de vos administrés et qui se fera toujours honneur de vous être totalement dévoué et parfaitement soumis. CHAMPAGNAT.

Édition: Lettres de Marcellin J. B. Champagnat (1789-1840) Fondateur de l?Institut des Frères Maristes, présentés par Frère Paul Sester. Rome, Casa Generalizia dei Fratelli Maristi, 1985.

fonte: Daprès lautographe AFM 132.2, p. 168; édité dans OM, I, p. 435

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