Lettres de Marcellin 008

Marcellin Champagnat

1827

Ce texte est sans doute une réponse à une lettre de Mr le maire demandant au Fondateur de réduire le traitement des trois Frères de Bourg-Argental. Frère Avit, dans lAbrégé des Annales, p. 129, pense que cest au contraire une lettre de Mr le Curé Verdier qui provoqua cette réponse à Mr le maire. Il est difficile de soutenir cette thèse pour plusieurs raisons. La lettre de Mr le curé traite de la menace de retrait du troisième Frère et non pas du traitement. Elle porte la date du 10 mai 1833. Or le même Frère Avit écrit dans les Annales de Bourg-Argentai que «le traitement resta incomplet jusquen 1832». Cette contradiction nous autorise à mettre en doute tant les renseignements, que la date fournis par lannaliste au sujet de cette lettre. Nous pensons donc que Mr le Curé nintervient pas ici; le Père Champagnat répond directement à celui qui sadresse à lui. Pour en préciser la date nous navons comme indication que la place occupée par le texte dans le cahier doù nous lextrayons. Il se trouve entre le lettre à Mr Barou (L. 7) et celle aux curés dAnnecy. Or, en face de cette dernière, dans la marge nous lisons lindication, mais barrée : avril 1828. Indication peu sûre, mais rendue probable par le fait que la lettre suivante, (L. 11), à Mr Cattet porte la date du 18 décembre 1828. Par conséquent nous retiendrons comme date approximative la fin de lannée 1827.

La somme de douze cens francs est déjà bien modique pour faire face aux frais que demande lentretien de trois frères dans une commune. La reduire encore, cest, ce me semble, leur arracher, je ne dis pas, le triste salaire du plus ingrat et du plus pénible emploi dun citoyen, mais même leur pau(v)re et dégoutante nourriture. Toutes les communes où nous avons trois frères payent douze cens francs. Ainsi Boulieu, Empuys, Neuville-lArchevêque, Charlieu, Mornant, St. Paul-en-Jarret, payent la dite somme.

Nous pouvons, pour vous obliger, mettre létablissement de votre commune sur le pied de celui de St. Sauveur, à mille francs trois frères lhiver et deux lété. Seulement vous savez que les Frères des Ecoles Chrétiennes sont payés sur le pied de six cens francs par tête. Il y a cependant chez eux, comme chez nous, un homme qui fait seulement la cuisine. Nous avons cependant reduit à deux tiers ce que personne ne leur dispute. Les respectables F(rères) des Ecoles Chrétiennes exigent, outre un locale compétant, pour la première année seize cens francs pour la maison mère, trois mille francs pour le mobilier qui leur appartient dans trois ans, dixhuit annuellement, somme reconnue sans doute absolument nécessaire, tandis que nous ne demandons que, à part le logement, douze cens francs annuellement et quinze cens pour un petit mobilier, somme que Bourg Argental na jamais donnée.

Je laisse à votre sagesse et à votre bon coeur de juger sil ny auroit pas de la dureté à reduire cette somme. Je ferai part de votre lettre à Mr. le Préfet qui ma promis de sinteresser en faveur des communes pauvres.

Recevez lassurance de la considĂ©ration distinguĂ©e avec la quelle jai lhonneur dĂŞtre, Monsieur le Maire…

Édition: Lettres de Marcellin J. B. Champagnat (1789-1840) Fondateur de l?Institut des Frères Maristes, présentés par Frère Paul Sester. Rome, Casa Generalizia dei Fratelli Maristi, 1985.

fonte: Daprès le brouillon AFM 132.2 pp. 172-173; édité dans AAA pp. 129-130

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