Conflit Proche-Orient

20/07/2006

Guerre des religions ? – Blogue mariste ? Fr. Emili Turú
Au moment où j?écris ces lignes, les journaux annoncent en première page qu?Israël continue de bombarder le Liban et que le Hezbollah, qui se dit prêt à une « guerre ouverte » avec Israël, est disposé à faire avancer sa réponse militaire « au-delà de Haïfa », et qu?il a envoyé un avion sans pilote plein dexplosifs contre un bateau israélien.
Par contraste, une nouvelle de premier plan dans le site web de l?Institut mariste nous informe que 17 frères des cinq continents débuteront bientôt leur préparation pour partir en mission vers des pays fort différents de leur lieu dorigine.
Quelques analystes décrivent le moment actuel comme celui du choc des civilisations ou d?une guerre des religions? Loffrande et la disponibilité de nos frères nous rappellent qu?un autre monde est possible et que, pour cela, il faut un autre chemin. Ce ne sont certainement pas les bombes qui apporteront la paix au monde. En effet, il est possible, mieux encore, il est indispensable de prendre le chemin du rapprochement, de la connaissance mutuelle, du dialogue, du respect, etc. Les trois expressions de Hans Küng pour inaugurer ses magnifiques monographies sur le judaïsme, le christianisme et l?islamisme sont bien connues : « Pas de paix entre les nations sans paix entre les religions. Pas de paix entre les religions sans dialogue entre les religions. Pas de dialogue entre les religions sans recherche fondamentale à l?intérieur des religions. »
Ces simples lignes voudraient rendre hommage aux maristes, frères et laïcs, qui, dans différents pays du monde, promeuvent, de manière discrète mais très efficace, le dialogue entre des religions. Je pense surtout dans des pays où les chrétiens sont minoritaires. Je pense surtout aujourdhui au Proche-Orient : le Liban et la Syrie. La présence mariste dans ces pays a été, depuis toujours, une école daccueil, de compréhension et de paix. Contre le fanatisme, l?éducation. Contre la guerre, l?éducation. Contre lignorance, l?éducation.
Amis maristes du Proche-Orient, nous sommes fiers de savoir que votre présence nous représente tous. Nous savons quen ce moment de conflit vous continuerez à promouvoir les grandes valeurs qui vous caractérisent. Comptez sur notre souvenir et notre appréciation. Nous prions avec vous et pour vous, et pour vos peuples qui souffrent.

Message de la Maison de Faraya en des temps difficiles
Faraya est un endroit plaisant situé en zone chrétienne à environ 35 km au nord-est de Beyrouth, capitale du Liban, et aux pieds du mont Misar. Son altitude de 1250 mètres au-dessus du niveau de la mer assure des vues splendides sur les montagnes et les vallées.
En ce moment, le pays est plongé dans une tristesse profonde alors que des personnes de bonne volonté voient que leurs efforts pour assurer un avenir de paix, de prospérité et d?espoir aux jeunes générations sont voués une fois de plus à l?échec.
La détérioration matérielle du pays comme la destruction des infrastructures, des moyens de communication, etc. est préoccupante. Il devient insupportable d?être le témoin impuissant des conséquences néfastes de décisions politiques qui ont mis en place des chefs qui poursuivent des intérêts partisans et sectaires. Le peuple reste vulnérable dans ce jeu dévastateur d?intérêts et de peurs.
Dans cette atmosphère de tristesse nationale et de rage contenue, une expérience nouvelle se vit dans le milieu mariste libanais. Il sagit dune session d?étude de dix jours du document La Mission Éducative Mariste.
Cette rencontre a été préparée avec soin et expectative pendant plusieurs mois après un échange avec le Conseil de la Province Mediterránea. Frère Onorino Rota, un des membres de léquipe animatrice de la session, avait déjà été bloqué en Italie, ainsi que le Frère Mario Meuti qui devait participer à la rencontre. Les frères Santiago Fernández et Teófilo Minga venaient darriver au pays.
Aucun enseignant ne manque pourtant au rendez-vous, même celui qui n?avait pu arriver le premier jour pour des raisons familiales est arrivé après le repos dominical. Les frères Emilio Alastuey et José María Romero animent aussi la session.
À cause des circonstances spéciales du pays, nous avons reçu et nous recevons toujours de nombreux messages, sachant bien que vous nous portez dans vos c?urs et vos prières. Nous vous en remercions sincèrement.
Chers frères, qui vous faites du souci pour nous et qui suivez l?actualité jour après jour, soyez rassurés ! Nous sommes dans une zone sécuritaire, où nous ne trouvons pas de structures qui pourraient être prises comme cibles militaires et dont la proximité pourrait nous mettre en danger.
Nous suivons fidèlement le plan prévu, bien décidés à le réaliser jusqu?à la fin le 23 juillet. Cela n?a pas été la seule décision de l?équipe animatrice, du frère Georges Trad, délégué du frère Provincial au Liban, ou du frère José Remiro, inspirateur et animateur de la rencontre, MAIS de chacun des participants, frères et laïcs. Cest la première fois qui les enseignants des collèges de Champville et de Byblos se retrouvent parmi eux et certains ne se connaissaient même pas. Ils ont créé un groupe de travail, damitié, déchange d?expériences et de vie qui savère surprenant et admirable. Nous n?allons pas renoncer à cette richesse. Nous n?allons pas gâcher cette occasion de continuer à approfondir notre charisme, notre identité et notre mission. Nous le faisons avec joie, dans une atmosphère d?étude et de travail sérieux et avec une sérénité très convenable si nous tenons compte des circonstances. Le matin, nous prions au début de nos travaux et nous clôturons notre journée par la sainte messe. Il n?y a ni peur, ni trouble. Notre confiance est dans le Seigneur et la Bonne Mère qui maintiennent notre moral bien haut. Nous sommes aidés en cela en sachant que nos frères de Jbeil, d?Amchit et de Champville se trouvent dans une région sécuritaire.
Nous ne serons pas imprudents. Si les circonstances saggravaient et mettaient notre vie en danger, nous suspendrions alors la session. Mais ce n?est pas le cas à présent et, avec laide de la Bonne Mère, nous maintiendrons la joie que nous ressentons en nous laissant pénétrer par la richesse de nos documents maristes.
Frères, vous qui lisez ce message, où que vous soyez, nous vous remercions et vous demandons de ne pas trop dramatiser notre situation. Pour nous, le vrai drame est celui que vivent les personnes innocentes de ce pays et nous les confions au Seigneur.

Lettre du Fr. José María Romero
Chers parents, frères maristes et amis, je vous écris pour vous donner des nouvelles de ce pays ainsi que de nos frères et des enseignants de notre collège, puisque plusieurs parmi vous nous ont écrit pour s?informer de notre situation.
Je vous dis avant tout que nous sommes bien et tranquilles dans une maison dans la montagne, où nous ne courons aucun danger. Je me suis rendu aujourdhui au collège de Champville, d?où je vous écris pour vous tranquilliser malgré une situation encore préoccupante.
Pour comprendre la situation vous devez tenir compte que le Liban est un pays régi de manière particulière. Durant les dernières années, le parti du Hezbollah (musulman) créé pour combattre Israël, avait lautorisation dêtre armé : une armée particulière dans une nation. Ce parti a déclaré la guerre à Israël sans l?approbation ni l?opposition du gouvernement central, d?où les bombardements que vous voyez à la télé. La situation est grave parce que toutes les routes ont été coupées et qu?il est difficile de sortir ou d?entrer dans le pays, mais Israël fait la différence entre le Hezbollah et les autres, et il attaque les lieux où les musulmans sont nombreux. Nous sommes dans le centre le pays, la zone habitée par les chrétiens, et jusquà présent la zone a été respectée par Israël. Néanmoins, les routes et les aéroports sont inaccessibles pour empêcher les musulmans d?être en contact avec la Syrie, pays qui les protège.
Les frères, qui sont venus à la session et ceux qui pensaient aller en vacances ou au Chapitre provincial, ont des difficultés pour sortir du Liban et doivent attendre que la situation soit plus sécuritaire. Pour le moment les aéroports sont fermés et devant notre maison, nous pouvons voir beaucoup de bateaux sur la mer et ils sont encerclés par Israël sans pouvoir se déplacer vers le port. .
Je vous décris la situation comme un étranger et j?omets beaucoup de détails. Je voudrais toutefois que vous compreniez que bien que la situation soit grave, nous ne courons aucun danger pour l?instant puisque nos collèges sont situés dans la zone chrétienne. Je dis « pour l?instant » car la situation change et se complique davantage chaque jour.
Jai quitté la session que nous avons dans la montagne pour venir nous écrire cette lettre et vous rassurer. Veuillez communiquer ces nouvelles à tous ceux qu?elles pourraient intéresser.
Je continue à bien dormir, bien que je sois profondément touché par la souffrance de ceux qui m?entourent. Il faut voir la force dâme de ces gens qui ont déjà vécu une longue guerre civile.
Je vous embrasse tous et vous demande de prier pour la paix dans cette région si agitée.

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