Circulaires 375

Basilio Rueda

1969-03-19

        Circulaire pour la fête de Pâques 1969.      Lettre du P. Buckley Sup. gén. des Pères Maristes.

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375

V.J.M.J.

Rome, 19 mars 1969

   Chers Confrères,

Le Chapitre Général s'est clôturé, il y a maintenant quatre mois. Déjà quelques Chapitres Provinciaux en ont pris la relève et, dans les communautés sont arrivés les premiers documents en langue française : Constitutions et Document marial, les trois autres : Directoire et deux volumes de Documents Capitulaires devant vous arriver à peu près en même temps que cette lettre.

Nous souhaitons que les traductions suivent le plus rapidement possible, afin que rien ne puisse empêcher une mise en application efficace de la rénovation capitulaire, surtout au niveau de la vie de prière, de la vie communautaire et du sens de nos vœux religieux.

La liturgie, par la succession des fêtes de Saint Joseph, de l'Annonciation et de Pâques oriente notre pensée de ces jours sur le mystère des choix qui ont eu lieu il y a vingt siècles, et qui sont encore les nôtres. Choix de la virginité de Marie et Joseph au sein de laquelle s'épanouit dans le silence la fécondité de l'Incarnation, et choix du grain qui meurt pour revivre dans la Rédemption.

Oui, cette succession liturgique nous fait bien reprendre conscience que ce n'est pas un mythe qui a lancé et maintenu de façon si continue, des hommes et des femmes vers ces formes de détachement total que sont les diverses réalisations de la vie religieuse. Les prototypes de la vie spirituelle que nous avons choisie sont bien réels, et Jésus, I'homme-vierge par excellence, est bien le fils de Dieu qui, dans l'abandon total au Père, retrouve à Pâques cette vie éternelle qu'il nous a communiquée et qu'il veut que nous fassions connaître au monde.

Jamais peut-être ce inonde n'a éprouvé le désarroi qui est celui de notre siècle. L'homme au plus haut point de ses conquêtes matérielles, en arrive, après avoir proclamé la mort de Dieu, à proclamer celle de l'homme, et l'on a pu entendre récemment un Prix Nobel, dans un des grands centres de la vie intellectuelle, formuler cet étrange souhait que l'homme apprenne dès le lycée « cette incroyable ascèse d'arriver à se démontrer qu'il n'avait aucune importance ».

Non, Chers Confrères, ce n'est pas ainsi que nous parle l'Eglise, pourtant maîtresse d'humilité, et nous, ce n'est pas la tristesse et le goût du néant, mais la joie et l'enthousiasme de la résurrection que nous vous souhaitons pour vous et vos élèves. Douter de la valeur de notre forme de vie et de notre mission face à une humanité qui a tant besoin de retrouver une âme, serait une attitude de faiblesse et d'erreur qu'il faut à tout prix démasquer en l'appelant par son nom.

Sans doute l'ambiance de déception, de contestation souvent puérile, de remise en question trop peu réfléchie, exige que le religieux trouve dans la méditation et la prière un supplément de force s'il ne veut pas glisser sur cette pente, au long de laquelle l'imagination remplace la raison et la foi, pour élaborer des prétextes remplaçant des principes qu'on voudrait oublier. Facilité, hédonisme, sont la voie large, mais nous, c'est à la voie étroite, c'est à la sainteté que nous avons été appelés, rien de moins.

Et comment, dans cet appel à passer vers la joie pascale, ne pas regarder nos modèles de Chine ou du Biafra ? Des premiers nous ne savons toujours rien, sinon une fois ou l'autre que l'un de ceux sur qui, depuis 20 ans a été tiré le rideau de bambou, a rejoint la maison du Père, fidèle jusqu'au bout à l'idéal de vie qu'il avait promis au Christ-Jésus. Des autres, nous savons qu'ils aident leur peuple dans son martyre, lui apportant la nourriture matérielle et la nourriture spirituelle.

L'incroyable devient vrai, d'après le peu que nous connaissons, grâce à des relations écrites ou à la visite du Frère Gall qui est à Rome ces jours-ci: la joie profonde semble plus réelle et plus fréquente dans ces communautés biafraises, soumises à si rude épreuve que dans certaines autres de nos communautés qui tournent en rond à la recherche d'excuses pour vivre plus confortablement ou qui même, semblent parfois ne pas trouver une vraie raison de vivre.

Cette raison de vivre, elle sera toujours dans le dois total à Dieu et à nos Frères proches ou lointains. Que dans chaque communauté, on fasse tout pour la trouver, car comme le royaume de Dieu, elle est au milieu de nous. Plus d'une fois, elle sera aussi dans la réalisation d'un idéal missionnaire dont il ne faut pas perdre de vue qu'il est un des grands besoins actuels.

Enfin, ne prenons pas pour des vérités premières, toutes les affirmations catégoriques, même et surtout de ceux qui prophétisent la régression spectaculaire de la vie religieuse. Le mystère de demain en dépit des apparences, ne passe pas exclusivement par les machines électroniques, même si celles-ci doivent servir. Comme responsables de la direction de l'Institut, nous essayons de faire le possible pour nous maintenir au contact des problèmes et de la réflexion théologiques. Mais comme jamais la pensée théologique n'a pu se développer en dehors du terreau de la vie chrétienne, ainsi maintenant encore, il faut que la vie religieuse soit intensément vécue pour faire vivre à son tour une pensée qui la réfléchit.

Vivre notre vie religieuse : voici donc notre souhait de Pâques. Que de chacun de nous on puisse dire ce qu'on a écrit du Père Champagnat: « Rien n'altérait la paix de son âme, ni la sérénité de son visage ». Notre époque est difficile, mais elle est passionnante et puis, nous n'avons pas le choix: elle est notre époque. Nous avons à l'évangéliser, c'est-à-dire à lui transmettre notre raison de joie, joie des jeunes qui se préparent, joie des éducateurs qui sèment ou qui moissonnent, joie des Frères accomplissant dans l'obscurité une tâche de bureau ou un travail manuel, joie des vieillards ou des malades qui participent en plénitude aux réussites spirituelles des ' autres. « Réjouissez-vous dans le Seigneur; oui, encore une fois, réjouissez-vous ». (Philip. 4,4).

Les membres du Conseil Général 

Nous joignons à ce message pascal une lettre du R. P. Buckley,

Supérieur Général des Pères Maristes. 

SOCIETAS MARIAE

Padri Maristi

Via A. Poerio, 63 – Tel. 580.613

00152 ROMA

CURIA GENERALIS

le 11 décembre 1968.

Révérendissime et cher Frère :

Après avoir lu en entier vos nouvelles Constitutions, je sens le désir de vous exprimer mon admiration pour une œuvre si magistrale.

Il est évidemment trop tard pour le dire à la Commission et au Chapitre, mais je vous félicite, vous et votre Congrégation, d'avoir eu l'inspiration de Constitutions si bien composées. Je trouve qu'elles expriment avec cohérence et grande beauté l'idéal chrétien, religieux et mariste.

Permettez-moi de profiter de cette occasion pour vous présenter mes vœux de bénédiction divine sur vous et votre Congrégation pendant la nouvelle année.

JOSEPH BUCKLEY, s.m.

Supérieur Général

Révérendissime Frère Basilio Rueda

Piazzale Marcellino Champagnat 2

00144 Roma E.U.R.

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