Légion de Marie à Stanleyville, Congo

F. C.

27/Apr/2010

Les premiers præsidia de la Légion de Marie furent établis à Stanleyville en 1943. Nos Frères furent les premiers à adhérer à cette forme d'apostolat et deux præsidia se formèrent sans tarder, parmi nos élèves de l'école secondaire et de l'école technique. En 1958 la Légion de Marie fut relancée et réorganisée. De nouveaux præsidia apparurent comme le præsidium de N. D. du Bon Conseil, très fervent et actif, celui de N. D. de la Paix et celui de N. D. de la Miséricorde. Ces différents præsidia tiennent leurs réunions dans leurs paroisses respectives, sous la direction des Frères et sous le contrôle du curé de la paroisse. La Légion compte actuellement une soixantaine de membres. Depuis février de cette année, une Curia fonctionne régulièrement; elle se nomme N. D. du Congo et réunit les officiers des quatre præsidia des garçons.

Activités.

Dès le début, les légionnaires se sont efforcés d'obtenir d'un plus grand nombre de jeunes, une régulière assistance à la messe dominicale. Il faut savoir que beaucoup de ces enfants ou jeunes gens ont des parents encore païens ou chrétiens peu fervents. D'ailleurs au Congo, les jeunes, à partir de leurs 14 ou 15 ans sont laissés à eux-mêmes, deviennent leurs maîtres et se soustraient à toute surveillance. Cependant de plus en plus, les parents chrétiens se soucient de l'éducation de leurs enfants.

Voici à titre d'exemple, une statistique sur la situation religieuse des parents de 145 élèves interrogés. Ces élèves appartiennent au cours d'humanités.

Autre activité édifiante a été celle de répandre le crucifix dans les maisons. Ils en ont déjà placé plus de deux cents et le nombre augmente toujours. Ils ont aussi répandu le tableau de N.D. Auxiliatrice et le tableau du Sacré-Cœur, mettant à profit le goût et l'amour de tous les Congolais pour les images. Les légionnaires ont eu l'idée de placer des images de la Sainte Vierge en dehors des maisons et se plaisent à les orner surtout durant les mois de mai et d'octobre. Autour de ces tableaux, les gens se réunissent sous la présidence d'un légionnaire de Marie et récitent le chapelet. Ils ont même construit de petites chapelles en moellons du pays en l'honneur de la Vierge Marie. Au total une bonne dizaine de ces chapelles ont été construites en dur. Un maître maçon a eu l'idée de couler de petites chapelles triangulaires qu'il a adossées aux arbres. Cette activité qui établit en quelque sorte « une présence de la Vierge dans la cité » a été momentanément arrêtée par les troubles qui ont accompagné la déclaration de l'indépendance mais sera reprise quand la situation se sera calmée.

Les légionnaires se dédient aussi avec efficacité à l'œuvre des catéchismes. Ils vont à deux ou à trois, enseigner la doctrine chrétienne à des païens désireux de s'instruire des choses de la religion, qui veulent se faire chrétiens mais que l'éloignement de l'église a empêchés jusqu'à présent de rentrer en contact avec le missionnaire. Fidèles au commandement du Maître : « Allez et enseignez les nations », nos légionnaires sont devenus apôtres. Us ont ramené aussi certains élèves récalcitrants qui avaient abandonné le catéchisme préparatoire au baptême. Faisant le catéchisme dans leur maison ou plutôt devant, car au Congo on vit surtout à l'extérieur, ils ont pu préparer au baptême bien des gens qui sans eux seraient restés encore païens, faute de contact avec les missionnaires trop peu nombreux.

Malheureusement les mois qui ont précédé la déclaration de l'indépendance ont entravé en partie cette œuvre des catéchismes. Comme on cherchait à imposer un parti unique, toute réunion semblait suspecte et l'on traitait les légionnaires de « unaco » ou « pro-blanc » opposé à l'indépendance. Cependant les réunions des præsidia ont continué malgré tout, sauf aux jours des troubles ou de couvre-feu. Au début de cette année scolaire, nos activités ont repris. Ce n'a pas été toujours sans danger: A un moment donné les soldats suspectaient les légionnaires et menacèrent même de les arrêter. Une autorisation donnée par un Commissaire de la jeunesse, ancien élève, dûment affichée au bon endroit, rassura nos jeunes qui n'ont plus été inquiétés.

Actuellement nos légionnaires accompagnent, le dimanche, les Pères qui vont dire la messe dans les villages éloignés. Us y chantent les différentes parties du commun de la messe, font chanter les chrétiens et les invitent à être fidèles à se rendre aux offices. Car là aussi il y a des négligents qui s'amusent les samedis soir et oublient, de se rendre à l'église, le dimanche.

Une autre activité utile de nos légionnaires de Marie a été la création d'une bibliothèque composée de livres, revues ou autres publications chrétiennes, telles que Voyages et Missions, Terres lointaines, Missi, Ecclesia, Fêtes et Saisons, Vivante Afrique, Marie, Prière et Action… Nous avions réuni quelque 900 livres ou revues en novembre dernier, quand une bande de gamins, excités par la propagande, fractura portes et fenêtres et pilla jusqu'au dernier livre. Nous devons tout recommencer. Aussi je prie tous les lecteurs qui pourraient nous aider, de nous envoyer ce qu'ils auraient de disponible. Nos jeunes Congolais sont avides de connaissances; ils s'ouvrent sur le monde et nous pouvons faire beaucoup pour les aider à devenir bons chrétiens.

Je terminerai par le récit de deux actes de courage qui nous montrent le bon esprit de nos légionnaires.

En novembre dernier, des actes de violence, des vexations et des arrestations arbitraires contre les Européens étaient devenus tels que tout le monde en était alarmé. Le dernier dimanche de novembre tous les blancs de Stan furent arrêtés et parqués, entourés de soldats armés de mitraillettes. On arrêta aussi des prêtres, l'un même fut arrêté au sortir de sa sacristie. Nos Frères Congolais intervinrent en faveur de tous les prisonniers et obtinrent qu'on ne leur ferait aucun mal. Après cinq heures d'attente tous furent relâchés. Le lendemain la même comédie recommença. C'est alors qu'un groupe d'élèves entraînés par les légionnaires, décida d'aller intervenir en faveur de ces prisonniers. Avec un peu de réclame le groupe grossit en route au point de réunir quatre à cinq cents élèves; de quoi faire peur aux gendarmes et policiers. Il y en eut un qui s'enfuit, mitraillette au poing, disant: «Je ne peux quand même pas les tuer tous ». La rencontre fut orageuse. Une délégation d'élèves décidés fut introduite. Il y eut des menaces, des cris, mais le résultat fut immédiat. On relâcha les prisonniers et le calme revint.

Le 3 mai, une nouvelle vague de haine, anticatholique cette fois, souffla de nouveau sur la ville. Le premier bourgmestre donna l'ordre de détruire la statue de Mgr Grison, Français, premier évêque de Stanleyville, arrivé ici en 1897, et la statue du Sacré-Cœur devant la cathédrale. Ces actes sacrilèges furent perpétrés en plein jour. On put sauver à temps la statue de Sacré-Cœur grâce à l'intervention du curé de la cathédrale qui réclama auprès des autorités de la ville. Deux personnalités du gouvernement, deux anciens élèves de nos Frères, arrêtèrent le sacrilège et le fonctionnaire iconoclaste fut démis de ses fonctions. Le lendemain les légionnaires de Marie organisèrent une séance publique de réparation devant la statue du Sacré-Cœur encore mutilée, et le præsidium féminin de N.D. de Fatima, y récita pendant quelque temps le chapelet en public.

Il va sans dire que ces activités servent à tremper magnifiquement ces jeunes chrétiens. Dans les réunions on s'applique à soutenir les courages, à stimuler, à relancer, à encourager. C'est le travail intérieur le plus important qui se fait aux jours des grandes grâces comme les jours de fête bien préparés et bien célébrés, les jours des promesses et la retraite annuelle de trois jours. Grâce à Dieu, les vocations éclosent facilement parmi les légionnaires de Marie. Deux légionnaires sont entrés au juvénat dernièrement et l'on espère que d'autres les suivront. Nous avons actuellement au juvénat de Stanleyville 27 juvénistes, et 14 dans celui de Save (Ruanda). Les postulants sont au nombre de 15, les novices 9 et les scolastiques 16. Ainsi les Frères Congolais arrivent au nombre de 26 au total.

(D'après des notes du F. C.)

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