Circulaires 117

Louis-Marie

1875-05-24

Avis divers. - Epoque des Retraites pour 1875. -Arrivée à Maison-Mère. - Quelques réflexions sur le respect mutuel, son importance. - Ordre des Maisons. - Ordre des Retraites. - Les affaires au comptant. - Un mot sur l'esprit sérieux et en Spiritualité et en Comptabilité. - Nouvelles des Missions et autres. - Défunts. -Recommanda­tions diverses. - Neuvaines et prières préparatoires. Mort de M. Merle, aumônier de Saint-Paul-Trois-Châ­teaux. - Rapport des Frères Visiteurs

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51.02.01.1875.03

1875/05/24

 V. J. M. J.

Saint-Genis-Laval, 24 mai 1875.

 Fête de Notre-Dame Auxiliatrice.

 AVIS DIVERS

 1. Epoque des Retraites pour 1875.

 1° Saint-Genis-Laval, Province de N.-D. de l'Hermitage, du 22 au 29août.

 2° Saint-Genis-Laval, Province de Saint-Genis-Laval, du 5 au 12 septembre.

 3° Beaucamps, du 29 août au 5 septembre.

 La Bégude, du 12 au 19 septembre.

 Saint-Paul-Trois-Châteaux, du 19 au 26 septembre.

 6° Azerat, du 23 au 30 septembre.

 7° Retraite du Régime, Saint-Genis-Laval, du 24 au 31 octobre.

 8° Dumfries, du 15 au 22 juillet.

 9°, 10°, 11° Les Frères du Cap de Bonne-Espérance, de Sydney et de la Nouvelle-Calédonie, font leur retraite dans la dernière quinzaine de décembre, ou la première quinzaine de janvier.

 II. Arrivée à la Maison-Mère. – Quelques réflexions sur le respect mutuel, son importance.

 1° Etre rendu la veille de la Retraite, arriver de jour, arriver ensemble, et se présenter ensemble aux Supérieurs.

 2° Pendant l'année, généralement, on a eu égard à l'avis qui a été donné, dans la Circulaire du 6 juin 1874, sur le point des voyages à la Maison-Mère et aux Maisons Provinciales. On s'est montré attentif à faire la visite au Saint Sacrement, la visite au F. Supérieur Général, au F. Assistant de la Province, et au F. Directeur de la Maison. Quelques-uns, cependant, ont encore oublié de suivre cet ordre, établi, dès l'origine, par le pieux Fondateur lui-même.

 3° J'appelle de nouveau votre attention sur ce point de discipline religieuse, et j'en prends occasion de recommander une exacte fidélité à toutes les prescriptions de la Règle, même les moindres, en tout ce qui concerne :

 1° le Respect Mutuel, l'esprit d'ordre et de propreté: (Règles Communes, Partie, Chapitre X) ; 2° les rapports avec le F. Supérieur Général, avec chaque Frère Directeur, avec les Enfants, avec les personnes du dehors et les rapports des Frères entre eux. (Règles Communes, Troisième Partie).

 Il y a, en effet, dans la Seconde et la Troisième Partie des Règles Communes, principalement sur les points que nous indiquons ici : la civilité, les égards, la réserve, les bons procédés, les bonnes manières, tout ce qui tient à une religieuse et parfaite éducation ; il y a, dis-je, sur tous ces points et autres, un ensemble de prescriptions et de détails pratiques, que nous ne pouvons trop repasser, que nous ne pouvons trop prendre à cœur d'observer en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances.

 Je ne saurais vous dire à quel degré sont engagées, dans l'observation fidèle de ces Règles d'honnêteté, de civilité religieuse, et la pratique de l'Obéissance, et l'union entre les Frères, et la considération dont ils ont besoin dans le publie et auprès des Autorités, tant ecclésiastiques que civiles.

 Plusieurs fois, pendant cette année, nous avons eu à intervenir auprès de l'Autorité, pour arrêter des mesures sévères provoquées par des lettres, bonnes et justes en elles-mêmes, mais manquant complètement de forme. J'ai même eu occasion de constater qu'on tient note des moindres paroles où le respect dû à l'Autorité n'est pas assez conservé. Recueillies par telle ou telle personne peu bienveillante de la localité, ces paroles imprudentes sont transmises à l'Autorité supérieure, restent au dossier de l'Etablissement ; et, à plusieurs années de date, elles nous sont opposées encore, et deviennent une fin de non recevoir pour les demandes et réclamations, même les plus justes et les mieux motivées.

 Ce sont surtout les Frères Directeurs qui doivent comprendre tout ce qu'il y a de capital, pour le bien spirituel et temporel de leur Maison, dans cette constante et invariable fidélité à la grande loi du respect, que le grand Apôtre fait marcher pour ainsi dire, de pair avec la loi de la charité, tant le Respect Mutuel en est le suprême gardien : Rendez à chacun ce qui lui est dû ; la crainte à qui vous devez la crainte ; l'honneur à qui vous devez l'honneur. Ne demeurez redevables de rien à personne, que de l'amour qu'on se doit les uns aux autres (Rom., XIII, 7, 8).

 Et voyez, à la fin de la même Epître aux Romains, avec quelle attention l'Apôtre pratique lui-même cette recommandation; comme il salue avec respect et fait saluer de sa part les compagnons de ses liens et de ses travaux, ses parents, ses amis, ses connaissances; comme il a pour chacun des paroles affectueuses, des paroles de reconnaissance, de dévouement, des paroles agréables: Saluez Amplias que j'aime tendrement en Notre-Seigneur. Saluez mon cher Stachys. Saluez Rufus qui est un élu du Seigneur, et sa mère que je regarde comme la mienne. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Toutes les Eglises de Jésus-Christ vous saluent. Voilà quelques passages de ce beau Chapitre, tout empreint de charité, d'honnêteté, d'exquise et religieuse civilité. Il faut le relire en entier et en peser chaque parole, afin de mieux connaître ce que le grand Apôtre écrit pour notre instruction et ce qu'il observe si bien lui-même, sous l'inspiration du Saint-Esprit.

 Que n'avons-nous, entre nous et avec tous, des sentiments aussi bons, aussi charitables; des paroles aussi convenables, aussi propres à gagner les cœurs? Que ne les avons-nous surtout, et que ne les avons-nous toujours, soit dit en passant, avec nos Jeunes Frères? Parmi ceux qui débutent mal, qui échouent dans les Postes, quine contentent pas, plusieurs sans doute manquent de bonne volonté et sont infidèles aux bonnes instructions du Noviciat ; mais, il faut le dire, plusieurs aussi sont complètement déconcertés, froissés dans leur bon sens et leur raison naturelle, déçus dans leurs pensées et leurs sentiments sur la vie religieuse, parce qu'on ne les traite pas avec respect, parce qu'on use à leur égard de paroles et de procédés peu convenables.

 Il. Ordre des Maisons. – Ordre des Retraites.

 Je viens de relire les dispositions, énumérées dans la Circulaire du 6 juin 1874, pour assurer le bon ordre des Maisons, soit aux Retraites, soit pendant l'année. Je n'y vois pas un mot à retrancher, pas un mot à changer. Je vous invite donc à les relire très attentivement et à les observer mieux encore cette année que l'année dernière ; de telle sorte qu'elles passent complètement en habitude dans toutes les Provinces de la Congrégation.

 Ainsi, le service de la librairie, le service de la taillerie, la vérification des comptes par les Frères Visiteurs, l'appeldes Frères Directeurs, le silence de rigueur pendant les huit jours de la Retraite, l'assistance aux Exercices pendant l'année: tous ces points demeurent réglés comme il a été dit; on n'a qu'à les revoir avec soin et à se mettre en mesure, dès à présent, de s'y conformer très exactement.

 III. Les affaires au comptant. Un moi sur l'esprit sérieux t en Spiritualité et en Comptabilité.

 Qu'on n'oublie pas surtout la remarque importante qui a été faite sur le règlement des comptes.

 « Si l'on a soin, avons-nous dit, de tout faire au comptant, comme on l'a expliqué dans la Circulaire du  13 mars 1874, les comptes seront bien simplifiés et,  par là même, promptement réglés. »

 A ce propos, et pour vous recommander de plus en plus la bonne méthode des affaires au comptant, laissez-moi vous transcrire ici un rapport du cher Frère Procureur Général sur une de nos Maisons principales, sur les excellents résultats obtenus, en moins d'une année, par l'administration au comptant et l'administration très sérieuse, j'allais dire, très consciencieuse, des deniers de cette Maisons. Voici ce rapport :

 « La Maison de… va bien. Le Frère Econome fait  très bien sa besogne. J'ai trouvé ses comptes parfaitement en règle ; il les suit on ne peut mieux. Aussi, les finances de cette Maison se relèvent. Il est vrai que  la petite augmentation des Elèves, le prix de la pension qui arrive peu à peu à 400 francs, la baisse sensible de prix pour quelques comestibles, y contribuent;  mais, une bien large part, il faut le reconnaître, est due aux efforts du Frère Econome, pour suivre le détail de tout son temporel, pour effectuer ses rentrées,  solder ses comptes et mettre en pratique vos excellents  avis sur les affaires au comptant.

 « Aujourd'hui, l'Etablissement ne doit rien, ou doit peu de chose sur le courant. On a fini de solder de  Vieux emprunts, on a couvert de forts arrérages de  l'année précédente ; et, à la fin de la présente année  scolaire, si les rentrées continuent à s'effectuer aussi  bien, il y aura encore un bon versement à la Procure. »

 « Ce que je remarque surtout avec plaisir, c'est que  le Frère Econome se tient journellement au courant  de toutes ses dettes actives et passives. Il fait chaque  jour la balance de sa Caisse ; il a constamment, même  dans son calepin de poche, son état de situation, la  note exacte de tout ce qui lui est dû et de tout ce qu'il doit ; de telle sorte qu'il ne peut le perdre de vue, et  que, quelque part, qu'il rencontre ou les parents des Elèves ou ses propres fournisseurs, il est à même de  revoir leurs comptes et de les régler à l'instant, s'ils le  désirent. Je puis le dire, ce bon Frère a vraiment l'es prit de son emploi : si tous nos Economes se pénétraient comme lui de l'importance de leur fonction,  la Comptabilité laisserait bientôt peu à désirer, et le  temporel de nos Maisons s'améliorerait sensiblement  et bien vite. »

 Tel est le rapport que m'adresse le C. F. Procureur Général, et j'ajoute que si, en l'annonçant, j'ai écrit, plus haut, avec quelque restriction, j'ai souligné ces mots Administration très consciencieuse, c'est que je ne veux pas mettre en doute la droiture et la bonne conscience de ceux qui réussissent moins bien en Comptabilité ; mais pourtant, je dois dire que la conscience d'un Frère Directeur, d'un Frère Procureur ou Econome, qui va, comme dans le bon Frère dont me parle le cher Frère Procureur Général, jusqu'à tenir compte des moindres détails et en recettes et en dépenses ; jusqu'à balancer ses comptes jour par jour, au moins semaine par semaine ; jusqu'à avoir, couché dans son carnet de poche, l'état actuel de sa Maison, actif et passif, l'état exact de ce qu'il a à recevoir et à payer, dans le jour, dans la semaine ; jusqu'à s'abstenir, s'il y a des dettes, de tout achat et dépenses quelconques, autres que les achats et les dépenses alimentaires; enfin, quelle que soit la situation avantageuse de la Maison sous le rapport financier, jusqu'à ne vouloir rien faire, en dehors des dépenses ordinaires, sans une entente parfaite avec les Premiers Supérieurs et sans leur approbation formelle ; je dis, en toute certitude, qu'une conscience si droite et d'une délicatesse religieuse, si parfaite et si sûre donnera infailliblement une administration temporelle très sérieuse.

 Et qu'on ne craigne pas, avec un tel Administrateur, pour le bon état de la Maison, pour le bon entretien des Frères, pour un bon ordinaire selon la Règle. C'est lui qui aura le mobilier le plus complet et le mieux tenu ; c'est lui qui saura le mieux provoquer et obtenir à temps les réparations et améliorations nécessaires ; c'est lui qui tiendra le plus à donner aux Frères la nourriture saine et abondante que la Règle leur accorde, et à se renfermer dans ce bon régime, commun et ordinaire, mais soutenu, sans avoir besoin de racheter, par des extra[1]irréguliers, une économie déplacée et outrée dans le régime habituel.

 Dans l'étude que nous faisons à la grande Ecole de  Pontmain, où Marie elle-même nous convie et nous instruit, nous cherchons à arriver au sérieux de la piété et de la prière. Les réflexions déjà faites et celles qui viendront encore, si elles sont bien comprises, nous donneront certainement, sur ce point capital, des idées très sérieuses qui, je l'espère, feront de nous, par la protection de Marie, avec le temps, avec nos efforts et l'aide de la grâce, des hommes solidement pieux.

 Or, les courtes réflexions que je viens de faire sur la Comptabilité, si elles sont également bien comprises, nous donneront véritablement le sérieux de l'administration temporelle de nos Maisons. Pratiquées avec soin, elles sont de nature, dans leur précision, à relever très promptement le temporel de chaque Etablissement et à en assurer, dans l'avenir, la parfaite tenue.

 Pour moi, M. T. C. F., quand je fais tant d'efforts pour avoir partout, avec la solide Piété, une bonne Comptabilité, ce n'est, finalement, que la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes qui me préoccupent. Je sais qu'une bonne administration temporelle sauvegarde le vœu de Pauvreté, sauvegarde le vœu d'Obéissance, sauvegarde la parfaite Régularité des Maisons, sauvegarde la paix et le contentement parmi les Frères ; sauvegarde, par conséquent, leur vertu et leur vocation, plus encore que leurs forces et leur santé, et contribue ainsi très efficacement au salut de leurs âmes.

 Je sais, d'autre part, que cette bonne administration temporelle soutiendra nos Œuvres, en préparera le développement, et nous permettra, tant en France qu'à l'étranger et dans les Missions, de travailler de plus en plus à étendre le règne de Dieu, à faire connaître Jésus et Marie, et à leur gagner des cœurs.

 Quiconque ne comprendra pas ces pensées et ces vues, ne comprendra rien au sérieux de notre Œuvre ; et quiconque nous prêterait d'autres pensées et d'autres vues, ne comprendrait rien aux intentions qui nous animent.

 III. Nouvelles des Missions et autres.

 A l'appui de ces recommandations sur le soin du temporel, laissez-moivous dire un mot des développements extraordinaires que le bon Dieu continue à donner à nos Œuvres et tout particulièrement à l’Œuvre des missions.

 En Ecosse, c'est la Maison de Dumfries qui, déjà, devient trop petite et pour le Noviciat et pour le Pensionnat. Nous avons adopté un projet d'agrandissement qui sera très convenable, et tout fait espérer que le zèle et le dévouement de nos bons Frères des Iles Britanniques, aidés des secours de la Propagation de la Foi et des bons Catholiques, suffiront à couvrir les frais de cet agrandissement, sans surcharger la Province de dettes ni d'emprunts trop considérables.

 A Sydney, l’Œuvre du Noviciat et I'Œuvre des Ecoles vont également en se développant. La Providence veut même qu'il nous arrive, en ce moment, un emplacement très convenable pour y établir le Noviciat. C'est un terrain parfaitement situé, d'une grandeur suffisante, d'un prix modéré et qui nous permettra d'avoir, pour la Province si lointaine des Missions, avec un bon Noviciat, une Maison de Procure et de Retraite très commode, tout à côté de la Procure de Villa-Maria des Révérends Pères Maristes.

 Devant de tels avantages, nous n'avons pu hésiter un instant à permettre à nos bons Frères de Sydney, l'acquisition de ce terrain. Ils comptent eux-mêmes qu'ils l'auront payé dans les premiers mois de 1876.

 Avec une nouvelle Ecole à Sydney même, paroisse de Saint-Bénédict, trois nouvelles Fondations en Missions nous sont encore amenées si providentiellement qu'il nous paraît comme impossible de les refuser.

 La première est la Fondation de Bathurst, tout près de Sydney. C'est Monseigneur Quinn qui est venu lui-même à la Maison-Mère, au commencement de mai, nous en renouveler la demande.

 La seconde est celle de Port-Elisabeth, District oriental de la Colonie du Cap de Bonne-Espérance, Vicariat apostolique de Graham's Town. C'est encore un excellent Evêque, Monseigneur Ricards, qui, après trois années des plus vives instances, est venu, ce même mois, les renouveler lui-même et nous obliger enfin à lui promettre des Frères. Il faut dire aussi que nos Frères du Cap de Bonne-Espérance ont appuyé cette demande de tout leur pouvoir, pour se donner des Voisins à cent lieues de distance (48 heures en bateau à vapeur). Le pays est d'une salubrité parfaite.

 La troisième Fondation doit se faire en Nouvelle-Zélande. Elle a été arrêtée avec Monseigneur Redwood, Evêque de Wellington. Sa Grandeur, qui a plusieurs Fondations en vue, tient à débuter par la ville épiscopale.

 Il est vrai que nous rappelons nos Frères de Syrie, après nous être entendus avec les Révérends Pères Jésuites, qui en ont témoigné tout leur regret, en même temps qu'ils nous exprimaient la satisfaction que les Frères leur ont constamment donnée. Mais ce rappel a lieu pour deux raisons majeures, qui ne vont qu'au plus grand bien de la Congrégation.

 La première est une raison de principe : après mûr examen, nous avons reconnu qu'il n'est pas à propos pour nos Frères de donner l'enseignement primaire dans les maisons d'enseignement secondaire.

 La seconde, c'est que l'Institut, tant pour le personnel que pour le matériel, n'est pas en état de faire des Fondations dans le Levant. C'est une nécessité absolue, pour leplus grand bien de notre Œuvre, de concentrer toutes nos ressources et tous nos moyens dans nos Provinces d'Europe. Avec les nombreux Etablissements qui les composent et toutes les demandes qui se présentent, c'est déjà un fardeau énorme que d'y ajouter nos Maisons du midi de l'Afrique, celles d'Australie, de Nouvelle-Calédonie et de Nouvelle-Zélande. De longtemps, et peut-être jamais, on ne pourra songer à s'implanter soit en Asie, soit en Amérique, quoiqu'il nous en vienne des demandes très considérables.

 Certes ! le champ qui nous est ouvert est assez vaste pour occuper tout notre zèle et épuiser au-delà tous nos moyens. Vous savez qu'en France nos Pensionnats prennent les plus heureux accroissements, et que le bien s'y fait de la manière la plus consolante. Là encore, la. Providence nous amène, comme malgré nous, à faire des agrandissements qui semblent dépasser les ressources de la Congrégation ; mais on ne peut ni les arrêter ni même les ajourner, tant ils sont commandés par le besoin, par l'importance du bien à faire et par les espérances qu'ils donnent pour l'avenir.

 Ici, je suis heureux de dire un mot à toute la Congrégation, de l’Œuvre particulière de notre Maison de Beaujeu (Rhône). Après Dieu, ou plutôt par la bénédiction de Dieu et la protection de Marie et des Saints, Maison est dû, le maintien de cette évidemment, au  dévouement héroïque, au zèle aussi courageux que persévérant de son Directeur, le cher Frère Amphien, à la charité d'une foule de personnes bienfaisantes que le bon Frère a su intéresser à cette Œuvre. Grâce à ses efforts et aux dons obtenus, une Maison, parfaitement située et très bien conçue, s'achève en ce moment. Nous avons la confiance que les Frères et leurs Elèves pourront s'y installer à la rentrée prochaine. Remercions Dieu de toutes ces libéralités, et soyons heureux de comprendre, dans nos prières, communions et bonnes œuvres, tous ceux à qui nous les devons.

 J'ajoute encore que, grâce à Dieu et à la protection de la bonne Mère, nos Noviciats continuent à se recruter de nombreux Sujets ; et que, malgré toutes nos difficultés financières, nous nous déterminons enfin à mettre la main à la construction du Noviciat d'Aubenas. Notre intention est de faire les fondations avant l'hiver, afin de pouvoir, en assurance, au printemps prochain, partir sur le rez-de-chaussée et les étages.

 Vous voyez, M. T. C. F., par ces quelques détails, combien, en effet, se trouve pleinement justifiée, au point de vue de la gloire de Dieuet du bien des âmes, l'insistance que nous mettons à établir, dans toutes nos Maisons, une parfaite administration temporelle. Je puis le dire, je suis amené comme nécessairement, à poser ouà rappeler les principes de cette administration, presque parallèlement avec les principes de la solide piété. C'est la Providence qui le veut ainsi et qui conduit toutes choses, de telle sorte que, sans l'avoir prévu dès le commencement, nous arrivons peu à peu, sinon à faire, du moins à compléter et à perfectionner l'éducation de tous, et sur le point de la piété et sur le point du temporel.

 Ce que je désire maintenant, c'est que chacun étudie avec soin ces instructions qui se succèdent et se complètent les unes par les autres. Je ne crains pas de le redire, il faut beaucoup de bon sens, beaucoup de raison, unie à une grande droiture, à une grande bonne volonté, à beaucoup de constance, pour étudier suffisamment et pour arriver à bien comprendre tous nos avis sur ces deux points ; pour en saisir toute l'importance et voir d'avance le bien immense qui résulterait, pour chacun de nous et pour chacune de nos Maisons, pour la gloire de Dieu et l'honneur de Marie, pour notre salut et le salut d'une foule d'âmes : oui, je le répète, le bien immense qui résulterait, sous tous ces rapports, des observances et prescriptions que nous rappelons, si, étant parfaitement acceptées et constamment gardées, elles passent en habitude parmi nous; si elles deviennent, à l'intérieur, comme la vie, et à l'extérieur, comme la forme, de tout l'Institut.

 IV. Défunts.

 Voici la liste des Frères décédés depuis la Circulaire du 2 février 1875

 

1. Frère AMY, Obéissant, décédé à Beaucamps (Nord), le 22 février 1875.

2. Frère ADÉLARD, Profès, décédé, à N.-D. de l'Hermitage (Loire), le 2 mars 1875.

3. Frère FLORIANUS, Obéissant, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 4 mars 1875.

4. Frère XAVERIUS, Profès, décédé à Saint-Didier-sur-Chalaronne (Ain), le 16 mars 1875.

5. Frère MARCELLIN, Profès, décédé à N.-D. de l'Hermitage (Loire), le 20 mars 1875.

6. Frère LUITHPRAND, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 21 mars 1875.

7. Frère REVOCAT, Profès, décédé à la Bégude (Ardèche), le 22 mars 1875.

8. Frère MARIE-ELISEE, Novice, décédé à N.-D. de l'Hermitage (Loire), le 8 avril 1875.

9. Frère ADALBERT, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 17 avril 1875.

10. Frère DOSITHÉE-ANTOINE, Obéissant, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 23 avril 1875.

11. Frère AMMON, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 21 mai 1875.

12. Frère STYRIAQUE, Obéissant, décédé à Beaucamps (Nord), le 29 mai 1.875.

13. Frère CLAUDIEN, Obéissant, décédé à Saint-Genest-Malifaux (Loire), le 31 mai 1875.

 

En vous donnant cette liste de nos Défunts, je vous recommande, comme toujours, une constante exactitude à leur accorder les suffrages de Règle. Chaque fois que nous arrivent les noms de ceux de nos Confrères que Dieu a appelés à lui, nous avons deux choses à faire : la première, nous renouveler dans la dévotion aux âmes du purgatoire, dans l'exactitude à prier pour leur soulagement et pour leur délivrance ; la seconde, penser que, bientôt, nous compterons nous-mêmes parmi les défunts et qu'alors aucun suffrage ne saurait profiter à ceux que la mort a surpris dans le péché mortel : nous tenir donc toujours en état de grâce, toujours prêts à paraître devant Dieu et à lui rendre nos comptes..

 V. Recommandations diverses.

 Mêmes avis que par le passé concernant les objets de vestiaire, les fournitures classiques, les livres de prix, le linge personnel des Frères pour la Retraite, les brevets, les examens, les actes de naissance, les renseignements sur la résidence et autres, l'engagement décennal, etc. (Voir les Circulaires des 2 juillet 1871 et 26 juillet 1872).

 J'ajoute cependant la note suivante, qui m'est remise à l'instant par les Frères chargés de la cordonnerie :

 « Les Frères sont priés de veiller avec un grand soin à toutes les parties de leur vestiaire. La chaussure laisse beaucoup à désirer ; les vieux souliers surtout ne sont pas rapportés à la Maison du Noviciat, où on les utilise avec grand profit, soit pour les Postulants, soit pour la confection de la chaussure neuve. Il est  donc bien entendu qu'à l'avenir tous les Frères déposeront, à l'atelier de la cordonnerie, une paire de vieux  souliers en en prenant une paire de neufs. »

 Cette note, vous le voyez, se recommande d'elle-même ; je ne fais que la confirmer, avec la bonne sanction qui la termine.

 VI. Neuvaines et prières préparatoires.

 Nos instructions sur la prière se continuant, cette année, comme l'année dernière, nous rapporterons encore, à ce grand moyen de salut, nos prochaines Retraites c'est-à-dire : I° que, pour en assurer le succès, nous nous appliquerons tout particulièrement à les faire précéder et à les accompagner de ferventes prières ; 2° que, pour en conserver les fruits, nous emploierons tous nos saints Exercices de la Retraite à demander l'esprit de prière, et nous nous efforcerons ensuite de le mettre en pratique de notre mieux, en reprenant le cours de nos occupations ordinaires.

 C'est même à la suite de la Retraite que nous avons à exercer sur nous-mêmes la plus grande vigilance, pour que l'esprit de prière ne souffre aucune interruption, pour qu'il se conserve entier en chacun de nous, et qu'il s'établisse aussitôt dans chacune de nos Maisons.

 Faisons, à cette même fin, la Neuvaine préparatoire à notre Fête patronale, la grande Fête de l'Assomption.

 C'est la grâce des grâces, la grâce d'une bonne mort que nous demandons comme le fruit particulier du mystère de l'Assomption; Mais, nous venons de le dire, il a une liaison nécessaire entre la prière et le salut, et, par conséquent, entre la prière et la bonne mort. Appliquons-nous donc de toutes nos forces et appliquons-nous constamment, pour arriver à la bonne mort, à demander un grand esprit de prière, et à nous y exercer tous les jours de notre vie.

 Dans ce but, pendant les neuf jours avant l'Assomption, nous tâcherons de faire avec ferveur les prières suivantes :

 1° Après le Salve Regina du matin, l'Ave Maria, précédé de ces trois invocations :

 Jésus, Marie, Joseph, je vous donne mon cœur, mon esprit et ma vie.

Jésus, Marie, Joseph, assistez-moi à ma dernière agonie.

Jésus, Marie, Joseph, que je meure paisiblement en voire sainte compagnie (300 j.).

 2° Après la prière du soir, les Litanies du Saint Cœur de Marie, pour demander l'amour de Dieu, condition essentielle de la bonne mort.

 Pendant l'Octave, on récitera le soir, avant la prière, le Vent Creator et l'Ave Maria, à la place du Veni Sancte Spiritus, pour demander la grâce de faire une bonne Retraite.

 La présente Circulaire et l'Instruction sur la prière qui l'accompagne, seront lues, en Communauté, à l'heure ordinaire de la Lecture Spirituelle. Dans les Noviciats on les lira une seconde fois, au réfectoire.

 Recevez la nouvelle assurance du tendre et religieux attachement avec lequel je suis, en Jésus, Marie, Joseph,

 Mes Très Chers Frères,  Votre très humble et très dévoué Frère et serviteur,

 F. Louis-Marie.

  

P. S. – 1° Au moment où cette lettre nous revient de l'imprimerie,10 juin, nous apprenons, par dépêche télégraphique, la mort de M. Merle, Aumônier de la Maison de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

 Quoique nous n'ayons aucun détail sur les circonstances du décès, je me fais un devoir de vous en faire part immédiatement, afin d'assurer plus tôt nos prières et pieux suffrages à cet excellent Prêtre, si cher à tous les Frères de la Province de St-Paul, et si dévoué lui-même au bien de tous.

 On ne peut douter qu'une mort très précieuse devant Dieu n'ait suivi une vie si sainte, si remplie de bonnes œuvres, si remarquable de zèle, de piété, d'abnégation et de complet détachement, et couronnée par une patience à toute épreuve pendant la longue maladie qui l'a terminée.

 Les faits et détails sont aux Frères de la Province ils savent tous de quelle admirable édification il a été parmi eux ; quelle sévérité de régime il s'était imposée; quelles dures épargnes il n'a cessé de faire pour avoir davantage à donner aux pauvres, et enfin à quel dénuement il est parvenu, n'ayant plus d'autre ressource que le secours annuel qu'il recevait de l'Evêché.

 Nous associerons tous M. l'Aumônier aux prières et suffrages que la Règle accorde à nos Bienfaiteurs ; et les Frères de la Province de Saint-Paul ne manqueront pas d'y ajouter des prières particulières : l'Office des Morts à neuf leçons, une Neuvaine de Communions, et, pendant neuf jours, l'assistance à la Messe, le Chapelet en classe et le De Profundis, après le repas.

 2° Au même moment, je reçois divers rapports de nos chers Frères Visiteurs ; et, voulant en dire un mot à toute la Congrégation, je commence par ce qu'il y a de consolant.

 Voici donc, en particulier, ce que m'écrit l'un d'eux : « Je dois vous dire, Mon Révérend, que les Frères  reçoivent bien les conseils de leur Supérieur, et que,  vous représentant auprès d'eux, je n'ai qu'à me louer de leurs bonnes attentions et de leur docilité.

  De plus, ils sont généralement pieux, réguliers,  pleins de zèle et d'ardeur pour remplir leurs fonctions.  Je suis vraiment heureux de voir combien ils sont  attachés à leurs Premiers Supérieurs et se cramponnent à eux dans toutes leurs difficultés. »

 Par contre, un autre Frère Visiteur, dans un certain District, me demande une répression énergique contre l'abus des réunions irrégulières, des voyages faits sans permission, quelquefois même sous l'apparence de dévotion; contre les extra dans les repas, nourriture et boisson ; contre le grand nombre de Frères qui se sont trouvés réunis à certaines occasions ; puis, contre les dépenses de chemins de fer qu'on ne craint pas de faire ainsi, sans tenir compte des obligations du vœu de Pauvreté ; pas plus qu'on ne tient compte des obligations du vœu d'obéissance, pour ces infractions à la Règle, et des obligations de la Charité et de l'Edification mutuelle, pour des abus qui deviennent un véritable scandale.

 Allons ! M. T. C. F., la répression qu'on me demande, je la donne ici même en signalant ces abus, et je la donne à tous, par ce seul avis, sans désigner personne. J'espère qu'elle suffira amplement pour faire cesser aussitôt les voyages, les réunions et autres écarts que m'énumère le cher Frère Visiteur. Quant aux Pèlerinages, vous savez parfaitement que nous ne devons point y prendre part, si ce n'est par un redoublement de piété, de ferveur et de régularité dans l'intérieur de nos Maisons.

 Il fut un moment où les réunions nombreuses et irrégulières tendaient à s'établir de même dans un autre District, réunissant un très grand nombre d'Etablissements. Un mot fut dit, il y a bientôt huit ans, et ce mot, suffit pour les faire cesser immédiatement ; et, depuis à la grande satisfaction de tous les Frères, elles ne se sont pas renouvelées.

 Le même mot est dit aujourd'hui pour tous; j'ai la ferme confiance qu’il aura le même bon effet partout. Quand la Providence bénit si visiblement toute la Congrégation, et qu'elle y conserve, généralement, un si bon esprit, quel est celui qui voudrait, devant Dieu, devant l'Eglise, devant la Société, devant ses Confrères et sa conscience, prendre la terrible responsabilité de miner une œuvre si sainte, d'y introduire le relâchement d'y créer des abus qui en seraient la ruine un jour ou l'autre?

 Que Dieu nous garde de ce malheur, et que sa sainte grâce soit de plus en plus avec chacun de nous !

                      F. L. M.

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[1]: Le texte met ce mot extra au pluriel, alors qu’il s’agit d’un nom invariable. NDLR.

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