Circulaires 245

Stratonique

1914-02-02

Souhaits de bonne année. - Nos Constitutions. - Frère John. - Rapport sur la Syrie. - Rapport sur l'Amérique du Nord. - Nos Causes de Béatification. - Faveurs attribuées au V. Champagnat. - Faveur attribuée au R. F. François. - Recrutement des Vocations. - Nouvelle-Calédonie. - Fondation d'un Juvénat en Allemagne. - Fondation d'un Juvénat à Andora. - Chapelle de Rome. - Lettre de S. E. le Cardinal Merry del Val. - Scolasticat supérieur. - Départs pour les pays lointains. - Informations et Avis divers. - Nos défunts.

( il y a 72 pages de lettres sur le Frère John que nous renonçons à écrire pour ne pas rendre cette Circulaires trop volumineuse)

245

Circ. Sup. 14.1

 V. J. M. J

                                          Grugliasco, 2 février 1914.

                                                                                                           Fête de la Purification.

    Mes Très Chers Frères,

Soyons des saints et des semeurs de sainteté tel est le souhait principal qu'au premier jour de cette année je fis à la Communauté de la Maison-Mère réunie pour la cérémonie traditionnelle.

Là, se trouvaient les Frères du second noviciat qui représentaient presque toutes les parties du monde. Aussi, dans ma pensée, ce souhait, si grand dans sa signification et son objet, était-il destiné à tous nos Frères, postulants et juvénistes de nos diverses provinces.

Se faire Frère, c'est s'engager à se faire saint, disait le Vénérable Père Fondateur. Par conséquent, en vous souhaitant, M. T. C. F., de travailler à devenir des saints, nous sommes pleinement dans la pensée du Vénérable Père.

Ce souhait, qui nous est proposé en temps bien opportun, sera, par sa réalisation, un excellent moyen pour nous préparer à la célébration du centenaire qui s'approche.

Plus que trois ans !

Et nous devons tous avoir grandement à cœur qu'en 1917, il y ait dans tout l'Institut une abondante réalisation des souhaits du Vénérable Père.

Sans nul doute, en assignant ce but fondamental de sainteté personnelle comme objet de nos efforts, il avait aussi dans sa pensée la sanctification des autres par l'éducation chrétienne donnée à la jeunesse. C'est surtout en travaillant avec un redoublement de zèle à l'accomplissement de cette mission si noble, si méritoire et si appréciée dans l'Eglise, que nous serons efficacement des semeurs de sainteté, comme il l'a été lui-même en fondant, la Congrégation d'éducateurs religieux qu'est la nôtre.

Au cours des vingt-trois années qu'il a consacrées à la fondation et au développement de son Institut, le Vénérable Père a formulé beaucoup de désirs et de souhaits.

Nous les connaissons pour les avoir lus et entendu lire peut-être bien des fois. Néanmoins l'occasion est opportune d'en rappeler ici quelques-uns à votre attention spéciale, et, de préférence, ceux qu'il exprima au moment où il allait quitter cette terre d'exil pour une vie meilleure. Dans sa pensée, ces souhaits s'adressaient non seulement aux Frères qui vivaient en 1840, mais à tous les Petits Frères de Marie qui devaient se succéder dans la, suite des âges, et, par conséquent, à nous qui, après trois quarts de siècle, composons actuellement l'Institut.

Je désire qu'une entière et parfaite obéissance règne toujours parmi les Petits Frères de Marie, que les inférieurs, envisageant dans les supérieurs la personne de Jésus-Christ, leur obéissent de cœur et d'esprit, renonçant toujours, s'il est besoin, à leur volonté et à leur jugement propres. Qu'ils se souviennent que c'est l'obéissance principalement qui est la base et le soutien d'une Communauté.

2° Je vous prie aussi, mes bien chers Frères, de toute l'affection de mon ame, de faire en sorte que la sainte charité se maintienne toujours parmi vous, qu'il y ait toujours parmi les. Petits Frères de Marie un même cœur et un même esprit. C'est le vœu de mon cœur le plus ardent à ce dernier moment de ma vie. Oui, mes très chers Frères, écoutez les dernières paroles de votre père, ce sont celles de notre bien-aimé Sauveur : Aimez-vous les uns les autres.

Je demande encore au bon Dieu et je souhaite de toute l'affection de mon âme que vous persévériez fidèlement dans le saint exercice de la présence de Dieu, l'âme de la prière, de l'oraison, de toutes les vertus.

Que l'humilité et la simplicité soient toujours le caractère des Petits Frères de Marie.

Qu'une tendre et filiale dévotion à la Très Sainte Vierge anime les Frères dans tous les temps et dans toutes les circonstances. Faites-la aimer partout autant qu'il vous sera possible. C'est Elle qui est la première supérieure de la Société.

Soyez fidèles à votre vocation, aimez-la et persévérez-y avec courage. Conservez-vous dans un grand esprit de pauvreté et de détachement. Il y a des peines pour vivre en bon religieux, mais la grâce adoucit tout. Jésus et Marie vous aideront. D'ailleurs la vie est bien courte et l'éternité ne finira jamais.

Daigne la bonne Mère vous conserver, vous multiplier et vous sanctifier !

Comme ces souhaits sont beaux ! Combien ils doivent nous être chers !

Les dernières et suprêmes volontés d'un bon Père, ses derniers désirs ne revêtent-ils pas pour des enfants bien nés une sorte de caractère sacré ? Les enfants n'ont-ils pas à cœur de s'y conformer avec une religieuse fidélité ?

Ainsi en sera-t-il de nous, M. T. C. F. Nous nous attacherons plus que jamais à réaliser en chacun de nous, en chacune de nos maisons, en chacune de nos Provinces et dans l'Institut en général, les suprêmes souhaits de notre Vénérable Père.

Et maintenant, M. T. C. F., laissez-moi vous dire combien nous avons été touchés des sentiments de piété filiale qui étaient la note dominante dans les souhaits qui nous sont venus de toutes les provinces et qui étaient adressés au Supérieur Général et aux Membres du Régime.

Recevez-en nos meilleurs sentiments de religieuse reconnaissance et la nouvelle assurance de tout notre dévouement à vos meilleurs intérêts personnels et aux oeuvres qui vous sont confiées.

Bénissons le Seigneur de voir, dans ces échanges de sentiments réciproques à l'occasion des-fêtes de Noël et de la nouvelle année, un signe que l'esprit de famille tant recommandé par le Vénérable Père se maintient et même se fortifie dans l'Institut.

Terminons par un dernier souhait. Que pendant le cours de l'année 1914, on fasse dans tout l'Institut de constants et généreux efforts pour aller en progressant d'une manière continue dans la voie de l'imitation vraiment effective du Vénérable Père et de nos Frères des premiers temps pour l'estime et la pratique de la vertu de mortification proposée comme fruit principal des dernières retraites annuelles.

 NOS CONSTITUTIONS

 I. – Dans plusieurs de nos précédentes circulaires, je vous ai entretenus de la question de nos Constitutions. Dans celle du 2 février 1913, je vous annonçais que, s'il plaisait à Dieu, nous reviendrions sur ce sujet capital.

On ne dira jamais trop l'importance qu'il faut attacher, dans un Institut religieux, aux Constitutions qui le régissent.

Assises sur le roc solide de l'autorité du Saint-Siège qui les a approuvées et confirmées, elles constituent la base inébranlable sur laquelle repose l'édifice de l'Institut ; elles constituent en outre, dans leurs détails, l'assemblage organisé avec poids et mesure des diverses parties qui le composent.

Les hommes se succèdent et passent ; les événements divers se succèdent et passent aussi ; les gouvernements, favorables ou hostiles, des divers pays se succèdent et passent de même ; il peut survenir dans un Institut des périodes de prospérité : l'histoire est là pour nous le dire.

Mais ce qui ne change pas, ce qui ne passe pas, ce sont les Constitutions ; elles ont, en cela, quelque ressemblance avec le Décalogue.

Elles sont un point d'appui fixe, invariable, permanent qui permet, dans tous les temps et dans tous les pays, d'orienter dans une voie sûre la marche de l'Institut et de ses membres.

Les diversités de climats, de langues, de coutumes, de formes de gouvernement des pays où sont établis aujourd'hui les Petits Frères de Marie, et de ceux où ils s'établiront dans l'avenir, pourraient être des causes d'altération dans l'esprit et le caractère qu'a voulu nous donner le Vénérable Père Fondateur.

Les Constitutions bien comprises et bien pratiquées sont et seront toujours là pour conjurer ce péril.

Par ces quelques considérations, nous voyons, M. T. C. F., combien grands et précieux sont les avantages particuliers et généraux que nous procurent nos Constitutions.

Ayons donc pour elles une estime toujours croissante. Ce ne serait même pas trop que de demander à tous nos Frères d'avoir un culte pour ces Constitutions.

Le vénéré et regretté Frère John, qui vient de nous quitter pour une vie meilleure, avait, je puis, et je suis heureux d'en témoigner en bonne connaissance de cause, avait, dis-je, et à un haut degré, cette estime et ce culte.

II – J'ai la confiance que nous ferons un travail profitable à l'Institut en appelant l'attention de tous nos Frères sur quelques articles particuliers des Constitutions.

Il vous souvient, M. T. C. F., que, dans la circulaire du 2 février 1912 j'insistai très fortement sur la signification et la portée de l'article 144. On ne saurait trop y revenir et trop se convaincre des prescriptions qu'il contient.

Aujourd'hui, fixons notre attention sur sa dernière partie : « C'est un très grave devoir pour le Frère Supérieur Général de faire usage de son autorité pour faire arriver l'Institut au plus haut degré de prospérité possible. »

Pour obtenir dans une aussi large mesure que possible ce résultat que nous désirons tous, il y a des obstacles à éviter ou à surmonter et des moyens positifs à mettre en oeuvre.

C'est précisément ce qui fait l'objet des articles 206 et 207.

Arrêtons-nous tout d'abord au numéro 3 de l'article 206 :

Qu'on s'applique à empêcher, à réprimer et même à punir la négligence et le mépris des petites choses et la facilité à violer les Constitutions, car un Institut est sur le penchant de sa ruine quand on y fait peu de cas des petites observances, qu'on y tolère les petites fautes et qu'on laisse impunis les manquements aux Constitutions et à l'Obéissance.

N'y a-t-il pas lieu, M. T. C. F. de nous demander si nous n'avons pas de sérieux reproches à nous faire à ce sujet ?

Pourrait-on affirmer avec vérité que, dans toutes nos provinces et dans tous nos établissements, on fait grand cas de ce qui est communément connu sous le nom de petites choses !

Hélas ! hélas ! j'ai bien des raisons de croire qu'en général, nous sommes loin de la perfection sous ce rapport.

Garde-t-on fidèlement la règle du silence ? Est-on attentif à parler en peu de mots et à voix basse quand on est obligé de parler pendant le temps du silence ? Est-on parfaitement ponctuel à tous les exercices de communauté ? Demande-t-on toujours les petites permissions d'usage ? Evite-t-on soigneusement les petites  dépenses non absolument nécessaires ? Est-on toujours parfaitement exact aux prescriptions de nos Constitutions et de nos Règles concernant la tenue, le ton de voix dans les exercices de piété, la médiante à la récitation de l'office, la manière de faire le signe de la croix, la génuflexion à l'église, etc. ?

Est-on bien exact aux nombreux petits détails réglant nos rapports avec nos supérieurs, nos confrères, nos élèves, le public, la conduite à tenir dans les récréations, les promenades, les voyages, etc. ?

A-t-on sérieusement à cœur de faire bon usage des nombreux moyens indiqués au Directoire Général et dans les Constitutions pour avancer dans l'esprit de foi, l'obéissance, la pauvreté, la chasteté, l'humilité, la mortification, le zèle, etc. ?

Que chacun d'entre nous s'interroge sérieusement et loyalement sur ce questionnaire et voie s'il n'a pas de réformes à opérer dans sa conduite.

Les meilleurs intérêts personnels de chacun et la bonne marche générale de l'Institut y sont grandement engagés.

Il est bien à propos de rappeler ici le sentiment du Vénérable Père Champagnat sur les Frères qui font peu de cas des petites choses.

« Il y a des religieux, dit-il, qui, tout convaincus qu'ils sont de la nécessité d'observer la règle dans les choses importantes, croient pouvoir se dispenser sans danger des petites observances. C'est ici un piège des plus pernicieux : ces sortes de religieux, en se rendant infidèles dans les petites choses font une foule de fautes légères, résistent sans cesse à la grâce, profitent  peu des sacrements et des exercices de piété, tombent  dans la tiédeur sans s'en apercevoir, et perdent le goût et l'amour de leur vocation. Quelquefois la chose va si loin, qu'ils se jettent hors de la voie sans le savoir, sans s'en douter. Oh ! que j'en ai connu qui n'ont vu l'abîme que lorsqu'ils étaient au fond !

« Je vais avancer, ajoutait le Vénérable Père, une chose qui vous surprendra, c'est que ces religieux tièdes sont plus dangereux dans une communauté que les religieux scandaleux, c'est qu'ils sont les  grands ennemis de l'Institut.

« En effet, ce ne sont pas les religieux déréglés et qui s'écartent tout à fait de leurs devoirs qui sont à craindre et qui perdent les autres : d'abord parce que, grâce à Dieu, ils sont rares et qu'on les retranche du corps dès que leurs désordres sont connus ; ensuite parce que leur conduite porte avec elle sa condamnation et provoque la répulsion et le blâme de tout  le monde. Mais il n'en est pas de même des religieux tièdes : semblables à ces fruits qui ont belle apparence  bien qu'ils soient piqués par des vers et pourris dans  l'intérieur ; ces sortes de religieux paraissent beau coup plus vertueux qu'ils ne le sont en effet, d'où il  suit qu'on les estime plus qu'ils ne le méritent. Comme on ne se méfie pas d'eux, on subit sans résistance Il leur influence, on adopte leurs sentiments, on se fait gloire de penser comme ils pensent, de faire ce qu'ils il font et d'être ce qu'ils sont.

Leurs exemples sont donc extrêmement dangereux :

1° Parce que ces Frères étant généralement fidèles dans les choses graves passent pour être vertueux et avoir de la conscience.

2° Parce qu'ils ont la réputation d'hommes raisonnables, tolérants et indulgents.

3° Parce qu'ils savent colorer de mille prétextes,  de belles raisons, leur conduite relâchée, irrégulière, leurs manquements et les licences qu'ils se donnent. 

4° Parce qu'ils ne se font point scrupule de ces  sortes de fautes, ce qui fait croire aux autres que leur conduite est irréprochable et qu'il n'y a point de mal à les imiter.

5° Parce que leurs mauvais exemples sont journaliers,  et que, vu la faiblesse humaine qui tend toujours au relâchement, on est porté insensiblement à les imiter.  Ces religieux tièdes et qui plient les Règles à leurs caprices ont une influence terrible, et rien ne peut dire le mal qu'ils causent par leurs paroles et par leurs exemples.

 Il est donc bien vrai qu'ils sont les grands ennemis de l'Institut, comme il est très certain que les Frères pieux, humbles, réguliers en sont les véritables amis, les protecteurs et les soutiens. »

Les membres du deuxième Chapitre Général, dans l'instruction qu'ils adressèrent à tout l'Institut sur l'estime que nous devons faire des Règles, ne manquèrent pas d'appuyer fortement sur l'importance de la fidélité aux petites choses.

« Nulle observance ne leur semblera petite, disaient-ils, ne fût-ce qu'une inclination de tête. En effet, tout est grand dans le service de Dieu qui a attaché notre persévérance dans le bien à notre fidélité aux petites choses : Qui est fidèle dans les petites choses le sera aussi dans les grandes (Saint Luc, XVI, 10). Il s'ensuit de ce principe qu'il ne faut pas faire ses actions d'une manière superficielle et à la légère, mais y apporter toute l'application qu'exige une oeuvre par laquelle Dieu veut être glorifié et qui peut nous mériter, une récompense éternelle. »

Nous disons chaque matin au premier verset du dernier psaume de nos Petites Heures : Bienheureux sont tous ceux qui craignent le Seigneur et qui marchent dans ses voies !

C'est là une doctrine bien consolante, mais seulement pour ceux qui sont très fidèles aux petites choses, car l'Esprit-Saint nous dit autre part dans nos Saints Livres : Celui qui craint Dieu ne néglige rien !

Oh qu'un Frère animé de l'esprit de foi qui se pénétrera fortement de cette doctrine sur la fidélité aux petites choses, qui la goûtera, qui s'en nourrira, que ce Frère sera heureux dans la parfaite exactitude à tous les points des Règles et des Constitutions ! Avec quelle ardeur, avec quelle ponctualité il s'y portera ! Il sait que tous ces actes, tous ces sacrifices qui lui sont demandés chaque jour, sont autant de semences de la vie éternelle, et que le moindre d'entre eux contient en germe tout le bonheur du paradis : sa gloire, ses richesses ses joies ; il se fera un bonheur de les multiplier.

C'est là le trésor particulier, le trésor par excellence qu'il aura à cœur de former à tous les moments de sa vie.

Dès le matin, à l'exemple de notre Vénérable Père Fondateur, il jettera dans ce trésor le sacrifice d'un lever très prompt, très religieux. Il sera debout au premier signal en s'écriant avec une énergique ferveur LaudeturJesus Christus ! Et Maria Mater ejus. Amen Il n'écoutera jamais la paresse, la nonchalance ; il saura même passer, au. besoin, sur certains malaises, sur certaines indispositions dont on ne se rend maître qu'en se surmontant résolument et généreusement.

A ce premier sacrifice du matin, viendront s'ajouter ensuite toutes les actions d'une journée pleinement religieuse : exercices de piété, leçons et instructions données aux enfants, actes d'obéissance au supérieur, actes de zèle, de patience, d'humilité, de mortification et autres vertus que les Règles font pratiquer en grand nombre chaque jour. La vie entière en est ainsi remplie. Par ce moyen, le Religieux ponctuel et fervent accumule des richesses, des mérites sans nombre pour le Ciel.

Qui d'entre nous, M. T. C. F., voudrait être assez mal avisé pour laisser périr de si grands biens qui lui sont offerts ?

Sur la terre, il semble que nous occupons la dernière place ; assez souvent nous sommes oubliés, nous sommes parfois dédaignés ; il arrive plus d'une fois que les hommes ne tiennent compte ni de nos efforts ni de nos sacrifices ; mais au Ciel, tout sera changé pour le Religieux fervent, ponctuel, fidèle aux petites choses. Il verra au-dessous de lui ceux mêmes qui paraissent aujourd'hui, le regarder à peine. A son tour il brillera ; à son tour, il dominera ; à son tour il nagera dans l'abondance ; à son tour, il sera heureux, souverainement heureux.

Et tout cela ne sera pas pour une durée de quelques jours, de quelques années, mais pour une éternité ! Ce sera la réalisation de ce que disait l'apôtre Saint Paul dans son épître aux Romains : J’estime que les souffrances de la vie présente n'ont aucune proportion avec cette gloire qui doit un jour éclater en nous. Et dans sa deuxième aux Corinthiens : Les afflictions si courtes et si légères de cette vie produisent en nous le poids éternel d'une sublime et incomparable gloire.

Que de beaux exemples de la fidélité aux petites choses et de la parfaite ponctualité il m'a été donné de voir dans les visites que j'ai faites à un certain nombre de nos maisons dans les diverses parties du monde !

Quelle bonne atmosphère morale on y rencontre

Comme les jeunes Frères qui ont le bonheur d'être placés là s'y trouvent bien pour la continuation de leur formation religieuse !

Ils y prennent des habitudes de piété, de silence et de recueillement ; des habitudes d'or­dre, de propreté, de modestie et de bonne tenue.

Leur esprit, leur cœur, leur conscience se forment et se perfectionnent comme natu­rellement.

Ils y contractent l'habitude d'estimer et d'aimer par dessus tout, les choses de Dieu et du salut.

Ils y apprennent à éviter les extrêmes, à se tenir dans le juste milieu où se trouvent toujours la vertu et le bon jugement.

Là, ils ont à s'exercer d'une manière presque continuelle à se surmonter eux-mêmes, et par là, à se rendre maîtres de leur volonté et de leurs inclinations.

Enfin, dans ce milieu, ils sont, très heureusement pour eux, obligés de faire cas des moindres choses, des plus petits devoirs pour les remplir, des plus petites fautes pour les éviter.

Quel inappréciable avantage ces maisons procurent ainsi à l'Institut!

Ô mon Dieu, donnez-nous beaucoup de ces maisons ! Plus que cela, faites, Ô mon Dieu, que, dans toutes nos maisons sans exception, on fasse grand cas des petites choses et qu'on y pratique toujours la parfaite ponctualité, comme cela se faisait certainement dans la Sainte Famille à Nazareth !

C'est par centaines qu'on pourrait cueillir les plus beaux exemples de cette parfaite fidélité aux petites choses dans la vie du Vénérable Père Fondateur, dans celle du vénéré Frère François, dans les actes de leurs procès de béatification, dans notre Livre des Biographies de quelques Frères et dans les nombreuses notices biographiques qui ont été publiées. C'est là un trésor très précieux dans lequel je vous exhorte à puiser abondamment pour votre édification.

Et comme Saint Augustin, M. T. C. F., vous direz Pourquoi ne ferais-je pas ce que tels et tels ont fait ? Ils étaient dans les mêmes conditions que moi ; peut-être même dans des conditions moins favorables, et cependant ils ont été des modèles de vie religieuse fervente. Et je sais que Notre-Seigneur demande et attend de moi que je marche sur leurs traces.

Ce sera là certainement un bon stimulant spirituel.

III. – Reste l'article 207 composé de douze numéros qui méritent tous assurément d'être pris en sérieuse considération.

De l'exactitude à les observer fidèlement et constamment dépend, pour une large part, la bonne marche en avant de notre chère Congrégation, tant pour le nombre que pour la valeur aux yeux de Dieu, de nos sujets et de nos oeuvres dans toutes les parties du monde.

Qui d'entre nous, M. T. C. F., ne comprend la grande importance de ce but auquel nous devons tous viser ?

Mais qui veut la fin doit vouloir les moyens.

Armons-nous donc partout d'un saint courage pour contribuer, chacun dans la mesure de nos forces, de la part d'autorité dont nous pouvons être investis, de l'ascendant que peuvent nous donner notre âge et notre expérience pour promouvoir l'observance aussi parfaite que possible des douze numéros de l'article 207.

Mon intention était de vous donner, dans cette circulaire, un commentaire sur ces douze numéros. Diverses causes m'empêchent de le faire. Mais j'invite nos Frères Provinciaux à se charger de ce soin dans leurs visites, et surtout pour les numéros 1, 2, 3, 4, 7, 8, 9, 10 et 11.

Quant au numéro 12, arrêtons-nous-y un peu.

Avez-vous jamais bien remarqué, M. T. C. F., l'extrême importance qui y est donnée à la dévotion à la Très Sainte Vierge comme moyen d'assurer la bonne marche de l'Institut ?

En vérité, pouvait-on trouver un terme d'une plus haute signification que le mot souverain qui a été choisi pour qualifier ce moyen ?

Et c'est assurément à bon escient qu'on s'est décidé à l'adopter.

Aussi remarquons quels admirables résultats il produit. Il conserve l'institut, il y maintient la ferveur et toutes les vertus religieuses.

Peut-on concevoir des fruits plus dignes de toute notre estime ?

1° La conservation de l’œuvre du Vénérable Père Champagnat répandue aujourd'hui dans toutes les parties du monde, oeuvre si utile à l'Eglise dans les temps que nous traversons, où il est si nécessaire de lutter contre les courants d'irréligion par la diffusion d'une solide éducation chrétienne à la jeunesse.

2° Le maintien de la ferveur et de toutes les vertus religieuses.

Que peut-on désirer de mieux pour toutes nos maisons que d'y voir régner la ferveur, et pour tous nos Frères de les voir pratiquant toutes les vertus religieuses ?

N'est-ce pas là, pour notre Institut, le plus bel idéal religieux que nous puissions concevoir ?

N'est-ce pas là un excellent moyen de réaliser pleinement le souhait que j'ai formulé pour vous tous au commencement de cette circulaire ?

Quelle conclusion pratique allons-nous tirer de ces quelques considérations ?

Evidemment ce sera un redoublement de zèle pour cultiver en chacun de nous d'abord et ensuite parmi nos élèves une vraie et solide dévotion à la Très Sainte Vierge.

Que ferons-nous pratiquement pour cela ?

Rien de mieux assurément que de nous conformer parfaitement aux articles 5 et 6 de nos Constitutions et au Chapitre VI de la première partie du Directoire Général.

On trouve là en résumé tout ce qu'un Frère doit faire pour être un véritable serviteur de Marie et un apôtre zélé de la dévotion à cette Bonne Mère du Ciel.

Laissez-moi néanmoins préciser pour tous nos Frères et particulièrement pour ceux des provinces lointaines, quelques points que je ne manque jamais de recommander aux retraites où il m'est donné d'assister

1° Le jeûne du samedi ;

2° La Communion du samedi ;

3° Le Catéchisme du samedi.

Le jeûne du samedi a été établi dans l'Institut par le Vénérable Père Fondateur en l'honneur de la Très Sainte Vierge ; il est prescrit par l'article 53 des Constitutions ; nos prédécesseurs dans l'Institut et notamment ceux des premiers temps, avaient grandement à leur cette Pratique de pénitence ; le fruit principal proposé aux dernières retraites est la pratique de la mortification. Ce sont là tout autant de sérieux motifs de nous montrer Partout et toujours parfaitement fidèles à cette pratique hebdomadaire de pénitence.

Grande a été ma satisfaction en constatant que nos Frères qui ont terminé leur second noviciat le 1ierjanvier dernier, ont mis au nombre de leurs résolutions celle d'être toujours fidèles au jeûne du samedi, quel que soit le pays où ils soient placés.

Avant les Décrets de Sa Sainteté Pie X sur la Communion fréquente et quotidienne, celle du samedi était désignée dans l'Institut sous le nom de Communion de dévotion.

Elle était conseillée aux Frères pour diverses intentions dont une des principales était d'honorer la Très Sainte Vierge. Aujourd'hui que la grande majorité de nos Frères et même de nos postulants et juvénistes sont heureusement à la Communion quotidienne, celle du samedi peut se distinguer des autres par une ferveur plus grande et par l'intention d'obtenir pour tout l'Institut un accroissement de dévotion à Marie. J'exhorte tous nos Frères, postulants et juvénistes, à diriger ainsi leur intention dans leur Communion du samedi, et cela en plus des intentions indiquées dans le Calendrier religieux.

L'article 50 du Directoire Général invite tous les Frères employés dans l'enseignement à faire chaque semaine et le samedi autant que possible, un catéchisme spécial sur la Sainte Vierge.

Que partout on apporte un grand zèle pour bien préparer et pour bien faire ce catéchisme.

Si nous parvenons ainsi à inspirer à nos élèves une vraie et solide dévotion à la Sainte Vierge, une dévotion qui se maintienne en eux après leur temps de scolarité et qui les accompagne jusqu'à la mort, nous les aurons sauvés, car Saint Bernard et avec lui d'autres docteurs de l'Eglise nous enseignent qu'un véritable serviteur de Marie ne peut périr.

Nous avons dans notre Institut une mine très riche où nous pouvons puiser abondamment des éléments pour faire de très bons catéchismes sur la Très Sainte Vierge, c'est l'excellent ouvrage «Marie enseignée à la jeunesse ».

Je ne saurais trop vous recommander de l'exploiter de votre mieux.

Il a été déjà traduit en espagnol, en allemand et en portugais pour nos écoles où on enseigne dans ces langues. Il y a lieu d'en bénir le Seigneur.

Nous espérons que nous pourrons avoir, sans bien tarder, une traduction en langue anglaise pour nos nombreuses écoles où l'on enseigne en cette langue.

Il est à souhaiter que cet excellent ouvrage se répande beaucoup en dehors de l'Institut comme moyen de propager la précieuse dévotion à Marie.

Le chapitre VII de la Vie du Vénérable Fondateur (2ièmepartie), les quatre premières sections du chapitre III de nos Principes de Perfection (2ièmepartie), nos diverses Circulaires sur la dévotion à Marie, voilà encore des sources riches où l'on peut puiser avec grand profit.

Il est aussi des ouvrages excellents et bien connus, écrits par des saints ou d'éminents personnages sur la Très Sainte Vierge, qui doivent avoir leur place marquée dans nos bibliothèques, afin que nos Frères aient toute facilité pour en faire bon usage.

Je recommande ce point à l'attention de nos Frères Provinciaux et de nos Frères Directeurs. Il est important que partout, nos bibliothèques soient bien fournies des ouvrages qui peuvent faciliter la préparation des catéchismes en général et de ceux sur la Très Sainte Vierge en particulier.

Voilà bientôt cent ans que notre chère Congrégation éprouve les heureux effets de la protection maternelle de Marie. Elle a été vraiment et elle est encore la « Ressource ordinaire » de nos Frères dans tous les pays du monde. Nous pouvons avoir la ferme confiance qu'il en sera toujours ainsi à l'avenir.

Qui pourrait énumérer les traits de protection dont nous sommes redevables à cette Bonne Mère tant pour les personnes que pour les oeuvres ?

Dans ce premier siècle qui touche à sa fin, que d'épreuves n'a pas eu à traverser l'Institut ! Humainement parlant, quelques-unes d'entre elles étaient de nature, non seulement à arrêter sa marche en avant, mais même à le détruire complètement.

Mais la Vierge toute bonne et toute puissante veillait sur ses enfants ; et nous avons la satisfaction bien légitime de pouvoir dire aujourd'hui à sa louange et avec un sentiment de vive reconnaissance que l'Institut a triomphé de toutes ces épreuves.

C'est d'ailleurs l'accomplissement de ce que nous pouvons considérer comme une prophétie de notre Vénérable Père Fondateur. Il la prononça dans une circonstance bien solennelle.

C'était quelques jours avant sa bienheureuse mort.

Le Frère François et le Frère Louis-Marie étaient auprès de lui. Après leur avoir fait quelques recommandations sur l'importance de l'union, il ajouta « Vous aurez beaucoup d'embarras, mais ayez confiance le bon Dieu sera avec vous, car c'est son oeuvre que vous faites, avec son secours vous vaincrez tous les obstacles que l'ennemi pourra vous susciter ; puis, ne l'oubliez pas, vous avez la Sainte Vierge qui est la ressource de la maison, sa protection ne vous manquera jamais. »

Voilà 74 ans que cette promesse prophétique fut faite.

Combien ne suis-je pas heureux de pouvoir en constater aujourd'hui l'accomplissement devant tout l'Institut, comme j'eus le bonheur de le faire devant le Tribunal diocésain de Lyon lors du procès apostolique pour la béatification du Vénérable Père !

Nous avons surtout à témoigner notre reconnaissance à notre Bonne Mère du Ciel à l'occasion de la terrible épreuve qui fondit sur les Congrégations religieuses en 1903. D'aucuns pensaient alors, et même quelques-uns disaient : C'en est fait de l'Institut des Petits Frères de Marie ; il ne survivra pas à ce terrible choc. Combien mal avisés ils étaient de porter un tel jugement !

Ils comptaient sans la protection de Celle qui est forte comme une armée rangée en bataille, que nous invoquons chaque jour sous les noms de Virgo potens et Auxilium Christianorum, de Celle qui, tant de fois déjà, a si merveilleusement protégé les fidèles contre des ennemis puissants et redoutables.

Aujourd'hui, quand nous considérons attentivement le travail qui s'est fait dans l'Institut depuis dix ans, nous pouvons nous réjouir et bénir le Seigneur. Nous voyons en effet, tout d'abord une extension vraiment extraordinaire de nos oeuvres dans la plupart des contrées du monde, le nombre de nos provinces a doublé pour en faciliter l'administration ; le nombre de nos noviciats et de nos juvénats s'est notablement accru ; le recrutement des vocations a suivi une marche constamment, progressive surtout depuis ces dernières années ; le travail de formation, parmi nous, du religieux et de l'éducateur a pu se continuer ; il, a pu même se développer et s'améliorer dans un certain nombre de nos provinces ; le nombre de nos retraites annuelles a au moins triplé, et, ce qui doit surtout nous réjouir, elles se sont faites partout avec grande édification ; les demandes de fondations nouvelles dans toutes les parties du monde se multiplient ; elles deviennent de plus en plus pressantes, et souvent elles sont formulées ou appuyées par les plus hautes autorités ecclésiastiques et civiles.

Ce qui mérite aussi d'être noté, c'est que, Dieu aidant, il nous ait été possible de pourvoir aux grandes et multiples nécessités matérielles occasionnées par les lois de proscription et de spoliation, nécessités qui ne vont pas en diminuant, au contraire.

Evidemment, M. T. C. F., vous sentirez tous comme moi, j'en suis bien convaincu, le besoin de témoigner hautement notre reconnaissance envers la Très Sainte Vierge Marie qui continue si bien à tout faire chez nous, selon la belle et touchante expression du Vénérable Père Fondateur.

Et que ferons-nous pratiquement pour nous acquitter de ce grand devoir de la reconnaissance ?

Comme je vous l'ai déjà dit nous aurons grandement à cœur qu'il y ait partout dans l'Institut un redoublement de zèle pour cultiver et faire croître parmi nous et parmi nos élèves la vraie et solide dévotion à la Très Sainte Vierge.

De plus, nous viserons à la perfection de cette dévotion en travaillant courageusement et constamment à devenir de dignes enfants de cette Céleste Mère par l'imitation de ses vertus.

Comme Elle, nous aimerons et pratiquerons l'humilité. Comme Elle, nous serons saintement jaloux de conserver toujours une parfaite pureté de corps, d'esprit et de cœur.

A son exemple, nous saurons pratiquer la parfaite obéissance, même et surtout dans les cas les plus difficiles. Nous saurons aussi accepter généreusement la sainte pauvreté avec ses conséquences, comme Elle le fit lors des rebuts de Bethléem, lorsqu'Elle eut à déposer son divin Fils sur la paille d'une crèche dans une étable, lorsqu'Elle eut à offrir seulement le prix des pauvres pour le rachat légal de Jésus au jour de la Présentation au Temple, lorsqu'Elle eut à supporter les inévitables privations de la fuite en Egypte et du séjour dans cette terre d'exil, et enfin la vie pauvre dans la maison pauvre de Nazareth.

Nous saurons aussi, à l'exemple de cette Bonne Mère, être saintement courageux dans les épreuves et afflictions de la vie, comme Elle le fut en entendant la terrible prophétie du vieillard Siméon, comme Elle le fut à la rencontre de son divin Fils sur la voie douloureuse, comme Elle le fut enfin, d'une manière si héroïque, en se tenant debout sur le Calvaire au pied de la Croix où Jésus mourait pour le salut de l'humanité !

Je ne puis mieux terminer ces considérations sur le rôle de la dévotion à la Sainte Vierge dans la question de prospérité de notre Institut, qu'en citant textuellement un passage de la vie du Vénérable Fondateur.

« Lorsque le bon Père avait recommandé une affaire à la Sainte Vierge, quelque tournure qu'elle semblât prendre, il était tranquille et plein de confiance : ‘’Ne craignez rien, disait-il, les apparences sont contre nous, mais Marie arrangera tout : elle saura bien écarter les difficultés, dominer les événements et les faire tourner à notre avantage’’. Chose admirable ! jamais sa confiance n'a été trompée. »

Soyons, M. T. C. F., les dignes fils d'un tel Père, imitons sa confiance héroïque en Marie, et comme pour lui soyons en sûre, notre confiance ne sera jamais trompée.

En agissant ainsi, nous aurons contribué très efficacement à promouvoir la prospérité de l'Institut et nous aurons la satisfaction de l'avoir fait en nous conformant à un article de nos Constitutions, lesquelles sont sûrement pour nous l'expression de la volonté de Dieu.

                 EXTRAIT du RAPPORT DU C. F. Augustalis, A. G.

       sur la Province de Syrie.

      Très Révérend Frère Supérieur Général,

Muni de votre paternelle bénédiction, je quittai Grugliasco, le 23 février dernier, pour aller, en votre lieu et place, faire la visite de nos Frères de la Province de Syrie. Quelques jeunes Frères m'accompagnaient. Le 24, au matin, nous arrivions à Rome.

Grâce à la bienveillante et habile diplomatie de notre C. F. Candidus, Procureur Général, dès le lendemain, nous avions le bonheur inespéré et inoubliable d'être admis à une audience du Souverain Pontife.

En effet, le 25 février, à 11 heures du matin, nous nous trouvions douze Frères Maristes[1]réunis et seuls dans une des chambres que le Saint-Père traverse, après avoir donné ses audiences privées, quand il se rend dans la grande salle où a lieu l'audience générale. Nous étions donc admirablement bien placés pour avoir à notre tour, une audience comme semi-privée.

Après une demi-heure d'attente, nous voyons le Saint-Père sortir de ses appartements, passer dans la première chambre et la deuxième, puis venir dans la troisième où nous nous étions agenouillés. En quelques mots, le C. F. Candidus nous présente au Saint-Père qui paraît visiblement s'intéresser à nous. Puis, passant devant chacun de nous, Sa Sainteté nous offre sa main à baiser et nous donne à chacun une bénédiction spéciale. Voyant la jeunesse qui brille sur les figures des jeunes Frères, en contraste frappant avec les barbes vénérables des trois Frères présents qui retournent en Orient où ils travaillent depuis dix ans et plus, Sa Sainteté dit plaisamment en italien, au premier jeune Frère à figure imberbe qu'Elle va bénir " Ma !.. non si potrà far niente in Oriente senza barba … » « Si, Très Saint Père, en attendant que la barbe vienne en son temps, s'il plaît à Dieu, ces jeunes Frères feront beaucoup de bien avec Votre Bénédiction Paternelle et par le mérite de la sainte obéissance…. »

Puis, avant de passer au groupe suivant, le Saint-Père, nous annonça qu'il bénissait tout paternellement le R. F. Supérieur Général, la Congrégation tout entière, toutes nos Œuvres, nos parents, et tout spécialement les Confrères que nous allions aider et visiter, les enfants de nos écoles, ainsi que tous les objets de piété que nous avions à faire bénir.

Nous eûmes même l'avantage de revoir le Souverain Pontife repassant, pour rentrer dans ses appartements, au milieu de la salle où nous étions restés en attendant son retour. Nous nous agenouillâmes de nouveau. Le Saint-Père nous dit encore un mot aimable, nous souhaita un heureux voyage et un fécond apostolat dans ces pays d'Orient où nous étions envoyés par la Sainte obéissance et nous donna à nouveau sa paternelle Bénédiction.

Pouvions-nous mieux commencer notre mission respective ?… Mes jeunes compagnons de voyage conserveront toujours, je n'en doute pas, le souvenir de cet événement qui a embelli leurs premiers pas vers. la vie apostolique.

Le bonheur d'avoir vu le Pape nous suffisait ….. Aussi, après une très rapide visite aux principaux monuments de la Ville Eternelle, nous partions pour aller nous embarquer à Messine, sur le bateau italien qui nous devait conduire à Beyrouth après 4 à 5 jours de navigation.

Nous quittions donc Rome, le mercredi 26, après avoir exprimé, de notre mieux sans doute, mais trop faiblement, au C. F. Procureur Général, au C. F. Directeur et à toute sa Communauté, combien nous leur étions reconnaissants de toutes leurs amabilités.

Et il nous faut mentionner ici le si bienveillant accueil que nous firent nos Frères de Polistena. Vous nous aviez accordé, T. R. F. Supérieur, pour couper notre long voyage en chemin de fer à travers toute l'Italie, de nous arrêter à Rosarno et d'aller voir cette merveille qui s'appelle l'Orfanotrofio. Sous l'habile direction de nos Frères et grâce à leur intelligent dévouement, cette oeuvre admirable, avec ses 160 orphelins si pieux, si disciplinés, si heureux malgré le malheur qui les a frappés[2]dans leurs plus chères affections de famille, cette oeuvre, dis-je, peut bien être appelée une vraie merveille.

Et doit en être justement fier, Sa Grandeur Monseigneur Morabito, illustre Evêque de Mileto, qui, par son zèle apostolique et son ardente et inépuisable charité, lui a donné naissance et a favorisé jusqu'à présent son magnifique développement.

Nous en avons rapporté un réel parfum d'édification et un encouragement bien grand pour nous adonner avec plus de zèle à notre belle mission d'éducateurs religieux.

Mais, Très Révérend Frère Supérieur Général, je m'attarde beaucoup – c'est pourtant sans regret aucun – à vous parler de ce qui ne me regarde pas précisément.

Le 28 février, après avoir jeté un rapide coup d’œil sur les effrayants dégâts causés à Messine par le cataclysme du 28 décembre 1908, dégâts loin encore d'être réparés complètement, nous montions à bord et peu après nous voguions vers Alexandrie et enfin Beyrouth où nous arrivions heureusement Ie jeudi 6 mars.

Dès le soir même, nous étions à l'abri sous le manteau de Notre-Dame du Liban, à Amchit, après avoir donné en passant un bonjour très rapide à nos Frères de Beyrouth, de Jounieh et de Gebail. 

*        *

Dans ce rapport que je vous présente, T. R. F. Supérieur, je ne m'attache pas à décrire les sites où nous sommes établis ni à relater les diverses circonstances de la fondation de nos Etablissements, surtout de ceux qui fonctionnent depuis quelques années. Vous vous êtes rendu compte par vous-même de nos installations matérielles lors de la visite que vous y avez faite au printemps de 1910 et vous en avez conservé certainement un souvenir bien vif et bien exact.

Je me bornerai, à part une ou deux exceptions, à vous montrer la situation actuelle et à faire ressortir quelque peu la marche en avant de presque toutes nos oeuvres de Syrie pendant ces trois dernières années.

 (un tableau sur les effectifs de Syrie)

  Dieu en soit béni et glorifié ! Oui, presque partout il y a eu progrès. Et, sans doute, votre si paternelle et si réconfortante visite d'il y a trois ans s'y trouve pour une très bonne part. J'ai été heureux de le constater, de le faire remarquer à nos Frères ; et je suis heureux aussi de vous en remercier une fois encore en mon nom et au nom de tous nos Frères de la Province de Syrie.

Bien que l'effectif au 1ier  juin 1913 soit sensiblement le même qu'au 1ierjanvier 1910, surtout si on laisse de côté le nombre des Juvénistes, il ne faut pas en conclure qu'il y a eu recul dans la marche de la Province ni même stationnement sur place, car il faut tenir compte des décès, au nombre de 4, survenus pendant cette période, et surtout des nombreux prélèvements de personnel – une bonne douzaine – faits en Syrie pour, rendre service en dehors de la Province, en Italie, à Madagascar ou ailleurs.

Il faut tenir compte aussi que jusqu'à présent, le recrutement de la Province de Syrie par des éléments venant d'Europe s'est ressenti de la grande crise de 1903 qui l'avait complètement arrêté. Ce n'est que depuis peu de temps qu'il a été possible de recommencer les envois de jeunes missionnaires. Mais tout fait espérer que, chaque année, un certain nombre de ces éléments nouveaux pleins d'ardeur et de vie, iront renforcer ceux qui y supportent, là-bas, le poids du jour et de la chaleur.

Plaise à Dieu qu'ils puissent être en proportion des besoins, qui deviennent de jour en jour plus pressants et plus nombreux !

 (Aperçu du recrutement indigène de Syrie)

 Le recrutement indigène, quoique très restreint et très lent jusqu'à présent, paraît vouloir, lui aussi, se développer et apporter son contingent bien appréciable et bien apprécié.

Vous vous rappelez, T. R. F. Supérieur, que, lors de votre visite en 1910, vous avez fait rudement sentir au F. Provincial, le bon F. Amphiloque, votre surprise et votre peine de voir vides et le Noviciat et le Juvénat d'Amchit. Mais vos reproches – si reproches c'étaient – ont fait surgir presque comme par enchantement, la bonne petite douzaine de Juvénistes que vous aviez souhaitée et désirée.

Depuis lors, ce recrutement nous donne de bien bonnes espérances. Daigne Notre-Dame du Liban garnir de bons et braves enfants le Juvénat et le Noviciat qui portent son nom !

 AMCHIT (Ecole).

 Notre établissement à Amchit date de 1900. Jusqu'en 1903, il n'y eut qu'un externat qui fut tenu dans un local prêté par une famille aisée du pays.

En 1903, fut construit par nous le local actuel avec l'intention d'y transporter l'externat primitif et d'y adjoindre un internat. Mais les événements de France modifièrent quelque peu cette destination, car le 9 mai 1903, les débris du noviciat de Varennes s'y réfugièrent quoique l'immeuble ne fût que très imparfaitement achevé. Néanmoins, au commencement de l'année scolaire 1903-1904, on reçut quelques internes et on y transféra l'externat.

Pendant les années scolaires 1903-1904, 1904-1905, 1905-1906, il y eut donc dans ce local l'externat comptant de 40 à 50 élèves, un internat annexé qui eut de 10 à 20 internes, un noviciat qui réunit jusqu'à 15 postulants ou novices, un scolasticat, jusqu'à 14 scolastiques, puis avec les professeurs, une communauté d'une dizaine d'anciens. C'est dire qu'on faisait bien alors comme on pouvait

En 1906, le scolasticat prit fin ; les jeunes Frères furent placés dans les postes et il ne resta plus que le postulat et le noviciat mais très réduits. Le pensionnat s'y développa alors un peu plus. Et en l'année 1907-1908, l'école arriva au chiffre de 92 inscriptions tant internes qu'externes.

L'établissement de Gébail ayant été construit dans le but d'y transporter l'internat d'Amchit afin d'y laisser de la place et d'en faire principalement la maison de formation (Juvénat, Noviciat, Scolasticat), les internes furent dirigés sur Gebail au commencement de l'année 1908-1909. Mais, du coup, l'externat d'Amchit subit une terrible baisse : le nombre d'externes descendit jusqu'à 20. Les gens d'Amchit étaient très vexés de voir l'internat transporté à Gebail. Pendant deux ans l'externat a été très réduit ; mais peu à peu les élèves sont revenus et ils atteignent maintenant le niveau d'à peu près 50 à 60, chiffre d'externes qui n'a jamais été dépassé.

 Effectif des Classes  1ièreclasse 15 élèves présents

 (en mars 1913)         2ième    –     21      –

                                  3ième     –    19  –

                      Total : ………..…. 55 élèves présents.

 Ces enfants sont tous catholiques maronites.

 ŒUVRES DE PERSÉVÉRANCE.

 1. – Congrégation de la Sainte Vierge sous le titre de Notre-Dame du Liban, affiliée à la Prima-Primaria de Rome. Les anciens élèves continuent à en faire partie et assistent régulièrement aux réunions.

2. – Œuvre de la Sainte Enfance.

3. – Pratique de l'Heure Sainte, pour les, anciens élèves seulement, de 8 à 9 heures du soir la veille du premier vendredi de chaque mois, autorisée par Monseigneur Giannini, Délégué Apostolique.

 ALEP

 Alep était, dans les siècles derniers, après Constantinople et le Caire, la plus importante place commerciale de l'empire ottoman. C'est que, par sa position géographique, cette ville était l'entrepôt général de toutes les marchandises de la Perse, de l'Inde, de la Turquie. Celles d'Europe et du Nouveau-Monde lui arrivaient par les ports d'Alexandrette et de Lattaquié. De ce contre, les caravanes partaient pour les principales villes de l'Asie, et réciproquement. Alep était, à cette époque, dit un poète arabe, « le bazar de l'univers ». Mais la route des Indes par le Cap de Bonne-Espérance et le percement de Suez portèrent un rude coup à la prospérité de la nouvelle Palmyre (Alep).

Cependant, comme toutes les villes orientales, peut-être plus que d'autres, cette ville s'est remise sur la voie du progrès. Elle compte actuellement plus de 200.000 habitants se répartissant à peu près ainsi : 150.000 musulmans, 25 à 30.000 catholiques (grecs-unis, arméniens, syriens, maronites), 15 à 20.000 schismatiques et 10 à 12.000 juifs.

Comme on le voit, l'élément chrétien y compte pour quelque chose et son influence, ainsi que son importance, va en gagnant chaque année. Alep est le siège de plusieurs Evêchés ou Archevêchés catholiques: pour les latins, les grecs-unis, les arméniens, les syriens, les maronites.

Les Franciscains y sont établis depuis plusieurs siècles, et ils y dirigent un collège très renommé. Les Jésuites y ont aussi une résidence depuis longtemps. Il faut citer encore les Religieuses de Saint-Joseph de l'Apparition, qui ont à Alep des maisons importantes : pensionnat, écoles, ouvroir, dispensaire, hôpital ; et aussi les Religieuses Arméniennes indigènes qui y dirigent plusieurs écoles ; et enfin les Petits Frères de Marie qui y ont pris pied en 1904. S'ils satisfaisaient toutes lei ; demandes qui leur sont adressées, avant peu de temps ils seraient nombreux à Alep et dans la région, jusque vers les frontières de la Perse, au risque de déplacer le contre de gravité de la Province de Syrie. Pour ce, il leur faut des sujets. Et Alep est un pays qui fournit des -vocations à toutes les Congrégations. Espérons donc notre petite part. 

*      *

*

 L'ÉCOLE ARMÉNO-CATHOLIQUE a été fondée en 1904. Voici le tableau de son développement successif

 Année scolaire 1904-1905  3 Frères         95 élèves

           –            1905-1906  4    –              100   –

           –            1906-1907  4    –              105   –

           –             1907-1908  5   –              115   –

           –             1908-1909  5    –              160   –

          –              1909-1910  6    –              215   –

          –              1910-1911  6    –              240   –

         –               1911-1912  8    –              265   –

          –              1912-1913   9   –              305  –

 

On voit, par ce tableau, le constant développement de cette école qui est devenue une des plus importantes et réputée la meilleure de la ville d'Alep.

Ce développement eût été plus rapide et plus grand s'il avait été possible de donner un personnel plus nombreux. Deux motifs s'y opposaient : le manque de sujets disponibles et l'opposition qui était faite de divers côtés. En septembre 1912, on a refusé l'entrée de l'école à un nombre de 60 à 80 enfants qui étaient présentés, et cela faute de place et surtout de personnel. Ce sont spécialement les musulmans, les schismatiques, les juifs qui ont été refusés.

Un agrandissement important a été fait en 1910 tout un corps de bâtiment contenant neuf belles salles de classe. Mais il est devenu insuffisant. Aussi est-il grandement question d'agrandir encore ou de transporter les classes inférieures dans un local nouveau non loin de l'école actuelle.

Monseigneur l'Archevêque Arménien est très intéressé à son école et est très content des Frères qui s'y dévouent.

Le travail qui s'y fait est excellent au point de vue spirituel comme au point de vue intellectuel. Chaque jour assistance des élèves à la sainte Messe et nombreuses communions d'enfants. Et c'est une de nos écoles où se parle le meilleur français.

Voici la répartition selon leur religion, des 286 élèves présents au jour de ma visite : 225 catholiques des divers rites, 23 schismatiques, 5 juifs et 3 musulmans.

 ŒUVRE DE PERSÉVÉRANCE ET DE ZÈLE.

 Il faut pour le moins mentionner une oeuvre spéciale à laquelle se dévouent 30 à 40 de nos anciens élèves.

« Soyez Apôtres et soyez-le surtout en apprenant aux enfants à le devenir » telle était la devise, le mot d'ordre que répétait sans cesse le regretté F. Florinus, si brusquement ravi en 1912, à ses Frères et à cette chère Ecole Arméno-Catholique. Cette devise, ce mot d'ordre a été réalisé.

Chaque dimanche, ces jeunes gens, après avoir sanctifié la matinée par l'assistance à la Messe et la réception de la sainte Eucharistie, s'en vont, catéchistes volontaires, par petits groupes de 4 ou 5, dans les divers quartiers de la ville. Ils rassemblent les enfants pauvres, miséreux, abandonnés et pendant une heure et parfois deux, les instruisent des mystères et des devoirs de notre sainte religion et les préparent aux sacrements de Pénitence et d'Eucharistie.

Pour les attirer, ils leur donnent des bons points, des bons de présence, d'application, qui sont ensuite troqués contre les récompenses : images, chapelets, etc. …, vêtements parfois. Et pour avoir les ressources nécessaires, ces jeunes gens donnent des séances récréatives payantes, ou bien d'autres fois se font quêteurs en faveur de leurs protégés. Ce sont ainsi plus de 800 enfants qui reçoivent chaque dimanche un pou de cette instruction religieuse qu'ils ignoreraient totalement sans ce moyen.

A ces catéchistes volontaires, anciens élèves de 18 à 25 ans, se joignent leurs cadets des premières classes fréquentant encore l'école, ceux à qui leur bonne conduite, leur piété – et aussi leur taille – ont mérité cet honneur.

La plupart de ces jeunes gens sont des meilleures familles de la ville tant par la fortune que par l'influence, ce qui rend leur dévouement plus méritoire et leur action plus efficace. Et comme, parmi eux, il y en a de tous les rites : latins, maronites, grecs, arméniens, chaldéens, syriens, ils réalisent la fusion tant souhaitée par les deux derniers Pontifes.

 BAGDAD.

 Notre établissement à Bagdad a été accordé à la demande des Pères Carmes qui ont la Mission de Mésopotamie et résident à Bagdad depuis 1720. Deux de nos Frères y arrivèrent le 2 décembre 1902, après un voyage de 42 jours depuis Marseille, dont 24 de traversée dans le désert de Syrie.

Ces deux Frères furent employés comme professeurs de français et de mathématiques au Collège Saint-Joseph que les Carmes avaient fondé depuis quelques années. Ils ne furent que deux pendant cinq ans, puis un troisième leur fut adjoint en septembre 1907 et la petite communauté compta trois membres pendant deux ans après lesquels elle revint au nombre de deux seulement jusqu'au 20 avril 1913. Ce jour-là, j'arrivais à Bagdad après un voyage de 17 jours depuis Alep[3]. Et j'étais accompagné de deux Frères que j'allais y laisser, l'un pour remplacer le F. Directeur, appelé au second Noviciat, l'autre pour parfaire la petite communauté en la reconstituant à trois membres.

Notre situation à Bagdad a été fort précaire jusque-là. Les difficultés énormes d'accès dans ce pays, les grandes dépenses de ces voyages empêchaient l'envoi de nouveaux sujets et rendaient très difficiles les mutations parfois nécessaires. Elles interdisaient ou du moins rendaient presque impossibles aussi les visites des supérieurs si avantageuses pourtant, à tel point que', pendant onze ans, nos Frères de Bagdad ne furent jamais visités.

Mais cet éloignement et cet isolement vont cesser bientôt : l'un, par suite de la construction du chemin de fer de Bagdad qui reliera cette ville à Alep et à Beyrouth et permettra de faire en trois jours ce qui nécessitait trois semaines de temps ; l'autre, par la fondation en perspective et réalisée sitôt que possible de Bassora, de Mossoul, de Mardin, etc.

Les grandes chaleurs qu'il y a à supporter à Bagdad – souvent la température dépasse 40° d'avril à septembre – ont pesé aussi sur la question du retrait de nos Frères. Mais en outre de l'espèce de lâcheté qu'il y a, surtout pour les religieux, d'abandonner d'eux-mêmes une station difficile et pénible, il y a à considérer, à l'avantage de Bagdad, que si c'est un climat chaud pendant l'été – on parvient à se préserver quelque peu de cette grande chaleur au moyen des sous-sols ou serdabs dans lesquels on se retire au milieu du jour – c'est par contre un climat bien sain, à part toutefois l'inconvénient du Bouton de Bagdad auquel on n'échappe généralement pas, mais qui n'a que l'inconvénient de défigurer parfois un beau visage.

 Tout bien examiné, il faut reconnaître qu'il y a du bien à faire et à continuer dans cette grande ville de 3 à 400.000 habitants qui compte 10.000 chrétiens catholiques, en grand nombre chaldéens et syriens. Avant peu nous pouvons y avoir une belle école comme à Alep. Et ce serait bien à souhaiter pour faire concur­rence à une Ecole israélite qui réunit plus d'un millier d'élèves et à laquelle on en envoie tant parce qu'il n'y en a pas d'autre importante.

 *     *

Le Collège Saint-Joseph comprend trois sections distinctes et séparées.

Section francoturque (section payante). C'est là qu'exercent nos Frères.

A mon passage (23 avril 1913) cette section comprenait cinq classes pour un effectif de 147 élèves inscrits et 130 présents, dont 112 catholiques (chaldéens, syriens ou latins), 4 juifs et 14 musulmans.

Section francoarabe (école demi-payante). Dans cette section, quatre classes et 120 inscriptions.

Ecole gratuite : une centaine d'enfants.

On peut ajouter :

4° Atelier de menuiserie où travaillent 25 à 30 jeunes gens, et où les Pères Carmes désireraient un Frère capable de surveiller le travail.

Au total : près de 400 enfants ou jeunes gens qui bénéficient de l’œuvre des Pères.

Je parlerais bien ici du beau rôle que jouent à Bagdad les Religieuses de la Présentation de Tours avec leurs asiles, écoles, orphelinats, ouvroirs, dispensaires, hôpitaux ; mais il ne faut pas étendre ce rapport déjà trop long.

 BATROUN.

 Voici ce que je disais de Batroun dans mon rapport après la visite de 1906 « Il semble qu'il y aurait là, à Batroun, une situation très favorable pour permettre à nos Frères d'y faire beaucoup de bien : nous y sommes seuls, les élèves peuvent y être nombreux, la population s'y développe. Malheureusement la première installation y est très pénible comme partout en Orient. On ne trouve pas de locaux suffisamment grands ou aménagés pour une école ; ou bien, si on en trouve, ce n'est qu'au prix d'une location exorbitante. C'est ce dont souffre actuellement notre établissement de Batroun. Pendant ces deux premières années, nos Frères y ont été logés bien à l'étroit et bien mal à l'aise ; ils y souffriront encore cette année. Mais on espère qu'une maison vaste et bien placée sera bientôt à la disposition des Frères. »

Cet espoir ne s'est pas encore réalisé puisque après cette troisième année dans le local primitif par trop insuffisant, l'Ecole a été et est encore dans un autre local d'emprunt, un peu plus grand et plus convenable, c'est vrai, mais bien restreint toujours. Mais comme  tout vient à point à qui sait attendre,

bientôt nos Frères iront occuper le nouveau local qui en ce moment se construit bien ad hoc et pour eux, dans un terrain de 70 ares acheté au nord du pays pas loin du centre, bien aéré[4], indépendant. C'est donc une ère de progrès qui se lève pour cette école que saint Joseph a prise sous sa protection et qu'il fera prospérer, nous n'en doutons pas.

Quoique la population de Batroun souffre depuis plusieurs années d'une disette d'argent, par le fait des crises économiques d'Amérique – ce qui explique aussi

un peu le fléchissement du nombre d'élèves ces dernières années – nous espérons avoir, avec le temps, à Batroun une bonne petite école avec 150 à 200 élèves.

Effectif des classes au 19 mars 1913 :

 1- Classe  .    —    16

 2e    –                   28

 3e    –                   33

 4e    –                   38

Ces 115 élèves sont tous catholiques maronites à part deux grecs schismatiques et deux métoualis.

 BEYROUTH (Université).

 Communauté composée, cette année, de dix Frères, tous professeurs chargés d'une classe dans les Cours français du Collège. Quelques-uns, généralement trois ou quatre chaque année, ont, en plus de leur classe, une surveillance en second dans les diverses divisions  ; ce n'est pas le plus agréable.

Ces Cours français sont très fréquentés. En avril 1913, le total des élèves dans les seules classes de nos, Frères dépassait 300.

En général, les Pères Jésuites sont très contents des services de nos Frères.

Disons en passant que l'Université Saint-Joseph, des Jésuites, avec toutes ses divisions ou annexes: Facultés, Séminaire Oriental, Collège, etc. devient de plus en plus prospère et célèbre.

 BEYROUTH (Procure).

 C'est une maison de résidence : petite communauté de trois Frères.

Il y a pour nous nécessité d'avoir un pied-à-terre à Beyrouth pour lei ; motifs suivants :

1° Etre près de toutes les administrations et de la poste ;

2° Savoir où se retirer quand il y a nécessité de venir à Beyrouth ;

3° Pouvoir loger les Frères qui passent ou ceux qui vont en France ou en reviennent ;

4° Avoir la facilité de rendre service aux Frères des postes pour leurs achats et provisions ;

5° Tenir une Procure Centrale pour les fournitures classiques, les livres, etc.

 DEIR-EL-KAMAR.

 Cet établissement se trouve actuellement en de bonnes conditions. Comme local, nous avons ce qu'il y a de mieux à Deir. Et le prix de location reste abordable, si Monseigneur Agyar nous le maintient à 1.500 fr.

Sa réputation commence à se répandre et elle lui amènera sans doute une augmentation de pensionnaires. Quant aux externes, le nombre actuel (300 à peu près) ne paraît guère pouvoir être augmenté. Il ne reste que peu d'élèves à l'école anglaise protestante.

Le bon esprit général dans les maîtres et les élèves, comme je l'ai constaté lors de ma visite ; l'entrain tout spécial que j'y ai vu, soit dans les classes, soit dans les récréations et les jeux ; la piété, la ferveur de tous, au point de vue spirituel, pour l'assistance à la sainte Messe, la Communion fréquente, tout cela donne grandement à espérer. Sous ce rapport d'ensemble, je place la maison de Deir dans les premiers rangs.

 effectif des élèves.

                                Inscrits           Présents  au 12 mars.

 Internes . . .              25                        24

 Externes payants     102                        90

 gratuits . .                208                      150

 TOTAL  .                  335                      264

Sur les 114 élèves payants: 7 Grecs, 6 Druses ; tous les autres Maronites catholiques.

 ŒUVRES DE PERSEVERANCE

 1° Récollection du mois. Un Père Jésuite de la résidence de Djezzine vient tous les premiers vendredis du mois : instruction aux enfants de l'école payante et de l'école gratuite, confession, conférence spéciale aux Frères ;

Œuvre postscolaire. Un Patronage a été récemment organisé. Il ne comprend encore qu'une dizaine de jeunes gens, anciens élèves. Trois conditions sont imposées pour faire partie du Patronage

a) Messe tous les dimanches et fêtes ;

b) Communion mensuelle ;

c) Assistance aux réunions du dimanche.

 GEBAIL.

 Historique. – Gebail, 10.000 habitants, est sur l'emplacement de l'ancienne Byblos, ville très importante de la Phénicie. De cette ancienne ville, il ne reste que des ruines souterraines : murs et tombeaux.

Au temps des Croisades, la ville fut prise par l'armée chrétienne et grandement fortifiée. On le constate encore aujourd'hui.

Voici ce que dit Michaud dans son Histoire des Croisades : Dans une charte datée du 15 janvier 1103, Raymond IV de Saint-Gilles, de l'avis de ses compagnons d'armes, fait la donation de la moitié de cette ville : « Nous donnons au Fils Unique de Dieu et à son auguste Mère, Marie, la moitié de cette ville qui s'appelle Gibellet, assise sur le rivage de la grande mer, défendue par de hautes murailles et de fortes tours et située entre Tripoli et Béryte. »

« Nous leur donnons de même la moitié de tout ce qui lui appartient et sur terre et sur mer, à savoir les églises, les villages, les hameaux, les châteaux, les terres cultivées et incultes, le port et les naufrages, enfin tout ce qui lui appartient en quelque lieu que ce soit. »

Gebail fut donc donné à Marie, au moins à moitié. Est-ce étonnant que Notre-Dame du Liban nous ait appelés et installés dans son domaine ?….

Depuis longtemps, le Patriarche maronite et aussi la municipalité nous sollicitaient de nous installer à Gebail pour lutter contre les protestants qui y prenaient pied. Nous hésitions pour diverses raisons. Les instances devinrent plus fortes en 1907 ; et aux précédentes, s'ajoutèrent celles de Monseigneur Giannini, Délégué Apostolique.

D'autre part, cette position était convoitée par nous depuis quelque temps pour y transporter le pensionnat d'Amchit afin de laisser cette maison plus libre pour notre noviciat, nos malades, etc.

Les choses s'arrangèrent dans le courant de 1907-1908. Un terrain de 8.800 pieds carrés (5.000 m²) fut acheté le 5 février 1908 et une belle, vaste et commode maison, pouvant recevoir 70 internes et 200 élèves, y fut élevée pendant l'été suivant, si bien que s'y fit la rentrée scolaire d'octobre 1908.

EFFECTIF DES ÉLÈVES Au 20 mars 1913).

                           Inscrits     Présents

 Internes. ….        54          

 Demi-Internes     21

 Externes  .          93               

 TOTAL               168           154

Ces 154 élèves sont tous catholiques, sauf deux Grecs Orthodoxes.

 JÉRUSALEM.

 J'ai ou le regret de ne pouvoir aller visiter nos Frères qui sont à l'Institution Saint-Pierre de Sion, à Jérusalem. Mon voyage de Bagdad m'a pris plus de temps que je n'avais pensé y mettre tout d'abord. Les correspondances des bateaux ne m'ont pas ensuite permis de faire cette visite pendant le peu de jours que j'avais à ma disposition jusqu'à mon embarquement pour le retour fixé d'avance et que je ne pouvais retarder.

La situation de nos deux Frères à Jérusalem est la même depuis le passage du R. F. Supérieur en mars 1910[5]. Ils sont occupés comme professeurs auprès des 60 à 70 orphelins que les Pères de Sion entretiennent à Saint-Pierre.

 JOUNIEH.

 Rien autre de plus nouveau que ce qui a déjà été dit sur Jounieh dans les rapports précédents et dans le Bulletin de l'Institut (n° 22, juillet 1912) en ce qui concerne la ville de Jounieh avec son site charmant et sa position admirable aux pieds de la statue colossale de Notre-Dame du Liban.

Disons cependant que la ville s'agrandit de plus en plus. Et son importance et son développement vont croître encore davantage du fait que son port vient enfin d'être concédé au Liban.

C'est donc pour nous une situation de premier ordre.

 *     *

*

 Après avoir eu à sa naissance la vie bien lente et bien pénible, notre Œuvre à Jounieh, s'est développée rapidement grâce à la protection du Sacré-Cœur dont la statue domine le faîte de l'édifice.

Voici un rapide aperçu de ce développement : De février 1899 à septembre 1903, l'école fut installée successivement dans trois maisons de location.

En 1903, un terrain vague fut acheté non loin de la gare, et on y construisit un local à usage d'internat pour 100 à 120 élèves. Quatre ans après, ce local fut élevé d'un étage, ce qui permit de recevoir 50 à 60 pensionnaires. Le petit marteau du sud fut aussi agrandi en 1907 et complété en 1912.

Mais cette année 1913 comptera plus encore. Un terrain attenant a été acquis, non sans difficulté ; il fait plus que doubler le terrain primitif.

Et tout récemment vient d'être autorisé un agrandissement considérable se composant :

1° D'une Chapelle avec grande salle au-dessous ;

2° De l'élévation du petit marteau du nord lequel va devenir la partie centrale ;

3° De la construction entière d'un corps de bâtiment dans l'ancien jardin, semblable à celui qui fut la première partie de la maison, avec galerie au rez-de-chaussée et au premier, et les deux étages.

Le nouveau local et la Chapelle seront aptes à recevoir 400 enfants. Avant peu, nous l'espérons, ce chiffre sera atteint.

effectif des élèves en mars 1913.

 Division des grands                    85 élèves

 – des moyens  …………………….   98    –

 – des petits                                 112      –

 TOTAL . . …………………….         295      –

 ŒUVRES D'APOSTOLAT ET DE PERSÉVÉRANCE.

 La Congrégation du SacréCœur est établie dans la division des grands ; les membres doivent être exemplaires. On tend à la faire évoluer dans le sens d'une Conférence de Saint-Vincent de Paul.

Pour assurer davantage la persévérance, on songe à un Patronage et à une Société des Anciens Elèves.

Comme aussi pour étendre le bien que peuvent faire nos Frères, on ouvrira une école gratuite quand les moyens le permettront.

 LE CAIRE.

 Pas mieux que pour Jérusalem, et pour la même raison, je n'ai pu visiter notre Communauté du Caire, et j'en éprouve un regret plus accentué encore parce que, au devoir de la visite canonique, s'ajoutait, cette année, un acte de miséricorde et de charité fraternelle à accomplir, cette Communauté ayant été grandement éprouvée par la maladie. Sur ses huit membres, trois ont été longuement et sérieusement malades de la fièvre typhoïde et un quatrième de la petite vérole.

Grâce à Dieu, tous ces chers malades se sont remis et ont pu reprendre leurs classes dont ils avaient dû être éloignés plus ou moins de temps, pendant un mois ou deux.

 SAIDA

 Saïda est le nom actuel de l'ancienne Sidon, vieille cité qui fut longtemps la capitale de la Phénicie.

Peu de villes ont eu leur nom aussi célèbre : la Bible et l'Evangile le mentionnent souvent, et l'Histoire ne peut se dispenser de le faire figurer dans les récits des conquêtes qui ont immortalisé tous les grands conquérants du monde depuis Salmanazar, Alexandre, les Croisés, saint Louis, etc., jusqu'à ceux des derniers temps.

Le divin conquérant des âmes, Notre-Seigneur Jésus-Christ vint y opérer un de ses plus touchants miracles, celui de la Cananéenne.

Mais cette ville, si renommée dans l'antiquité, n'a rien gardé de sa splendeur passée. – « Sidon, surnommée la mère de toutes les villes phéniciennes, le flambeau de toute la terre, le berceau des sciences humaines, où avaient pris naissance l'alphabet, la navigation, les arts qui préparèrent la civilisation du monde, en est aussi devenue le tombeau. », (Michaud, Hist. des Croisades.)

Son port, où mouillaient autrefois les navires du inonde connu des anciens, offre maintenant à peine un mètre d'eau de profondeur. La ville a gardé son cachet original avec ses ruelles étroites, tortueuses, presque constamment voûtées, comme de véritables couloirs souterrains et donnant tout juste place pour le passage d'un mulet chargé, encore faut-il que sa charge ne soit pas trop volumineuse. Le piéton qui fait la rencontre de cette monture s'en tire alors comme il peut en rasant les murs ou en entrant dans l'embrasure d'une porte ou d'une boutique. Jamais une voiture n'a pu pénétrer dans l'intérieur de la ville.

Sa population ne compte guère plus de 20 à 25.000 habitants, en grande majorité musulmans.

 *     *

*

 En 1904, le R. P. Cattin, S. J., alors Supérieur de la Mission de Syrie, nous demanda deux Frères comme professeurs à l'école Saint-Louis, que les Jésuites tenaient à Saïda. « C'était, disait-il, en vue de nous rendre compte par nous-mêmes s'il y aurait possibilité, en en prenant la direction, de relever cette école qui déclinait. »

Déjà le petit internat avait été abandonné par les Jésuites depuis quelque temps. Et cela à côté d'un Collège protestant bien achalandé, grâce à l'or américain. Les protestants, en effet, étaient devenus bien influents dans la région et Saïda était leur centre.

Les deux Frères demandés furent accordés, et les choses allèrent ainsi pendant cinq ou six ans, jusqu'à la fin de l'année scolaire 1908-1909. A cette époque, les Pères nous passèrent la direction totale et complète, et l'internat fut repris à la rentrée de 1909-1910.

Le tableau ci-dessous donnera un aperçu de la marche de l'établissement depuis lors.

 (tableau de l'évolution de l'oeuvre)

 Lors de ma visite, on m'a fait remarquer au nombre des élèves les fils du caïmacan, du directeur du port, du muphti, etc.

Quelques-uns des jeunes élèves ont leurs frères plus âgés au collège protestant d'à côté. Vu leur âge on avait fait difficulté de les accepter à Saint-Louis.

Le Collège Saint-Louis est ainsi devenu une rude concurrence au collège protestant lequel compte, cette année-ci, à peine une dizaine d'élèves de Saïda. On dit même – mais ce n'est qu'un bruit peu fondé sans doute – que les protestants songeraient à quitter le collège de la ville pour aller sur la colline se réunir à leur succursale où ils reçoivent à tous prix les enfants des pays voisins.

 MÉRITE DU COLLÈGE SAINT-LOUIS.

 Extrait d'une lettre du F. Directeur (21 novembre 1912).

« il y a augmentation d'élèves cette année-ci 140 présents dont 31 pensionnaires, 14 couchants et les autres externes. L'année passée, à pareille époque, nous n'en avions guère que 120 dont 25 internes ; il y a donc progrès. D'ailleurs, chaque année nous avons 15 à 20 élèves en plus. Vu les temps plus ou moins troublés que nous traversons, nous avons bien lieu d'être contents.

Le nombre des infidèles est de 36 : métoualis, juifs, musulmans, druzes, turcs ; le reste est catholique, sauf trois orthodoxes.

Nos élèves, grâce à Dieu, tant internes qu'externes ont très bon esprit.

Cinquante de nos meilleurs enfants sont enrôlés dans une Congrégation de la Sainte Vierge.

Chaque jour, 20 à 30 font la sainte communion ; et le dimanche et les fêtes, c'est presque la totalité qui s'approche de la sainte Table. Sa Sainteté le Pape Pie X, en autorisant la communion dans tous les rites, nous a rendu un bien grand service : la plupart de nos enfants grecs font maintenant la communion à la latine bien qu'ils aient toute facilité pour communier selon leur rite.

Nos élèves apprennent tous le français et l'arabe 40 étudient l'anglais et 15 le turc… »

                  F. J. de L.

Je confirme ce bon témoignage pour avoir été témoin moi-même de la belle marche de cette maison, sous tous les rapports : esprit religieux, études, esprit de famille, contentement de tous.

Un vœu est à exprimer : c'est l'agrandissement de ce Collège (plein cette année) pour ne pas arrêter sa bonne marche progressive. Que saint Louis de France, dont le souvenir est resté si vivant à Saïda, et qui pour cela sans doute, a été choisi comme Patron et Protecteur de cette maison, nous obtienne, d'une manière ou d'une autre, la réalisation de ce vœu pour la plus grande gloire de Dieu et le bien des âmes!

 ZAHLÉ.

 Notre situation à Zahlé est restée la même à peu près que lors de votre visite, T. R. F. Supérieur, en mars 1910. Nos Frères y sont toujours au nombre de 3, remplissant les fonctions de professeurs dans l'école qu'y tiennent les Pères Jésuites.

Au 27 mars 1913, j'ai relevé 130 inscriptions et 120 présences. Sur ces 120 élèves présents, il y avait 109 catholiques (66 grecs, 41 maronites, 2 syriens), 10 schismatiques et un musulman.

Il semble qu'il y aurait place à Zahlé pour une école plus importante. Mais le moment n'en est peut-être pas encore venu.

 *      *

Pour terminer, mon T. R. F., Supérieur Général, je n'ai plus qu'à ajouter ici une note que je généralise, car j'aurais eu à la mettre pour chacune de nos maisons. Cette note, la voici :

Dans toutes nos Communautés, évidemment à des degrés divers et non parfois sans quelques petits écarts que j'ai tenu à signaler, j'ai trouvé une excellente régularité pour toutes les prescriptions de la Règle. J'ai constaté beaucoup de ferveur pour la communion fréquente et quotidienne, même chez les enfants de nos écoles, qui, tous les jours et dans toutes nos maisons, assistent à la sainte messe. J'ai joui d'un véritable esprit de famille créé par les premiers fondateurs de la Province et qui heureusement s'y perpétue. J'ai admiré chez tous un grand zèle pour la gloire de Dieu et le bien des âmes, zèle qui les porte à travailler avec courage dans ce coin du champ du Père de famille où les a placés la sainte obéissance ; et à y travailler malgré la pauvreté de au montagnes et l'ardeur de son soleil.

Je suis heureux de vous faire connaître toutes ces bonnes choses, mon T. R. F. Supérieur, parce que je sais tout d'abord qu'elles vous feront plaisir et qu'elles vous permettront de dire, après avoir pris connaissance de ce Rapport sur ma visite, comme après celle que vous fîtes vous-même il y a trois ans, que, en Syrie, nos Frères continuent vaillamment, et non sans quelque succès, à y faire I’œuvre de Dieu.

Grugliasco, le 1ierjanvier 1914.

         Frère Augustalis.

 RAPPORT SUR LES DEUX PROVINCES DE L'AMERIQUE DU NORD.

 Visite de Délégation, avril-octobre 1913.

                                                                                           Grugliasco, le 20 octobre 1913.,

Mon Très Révérend Frère Supérieur Générai,

Conformément à l'article 142 de nos Constitutions, votre Révérence me confiait, au mois de mars dernier, la charge de visiter, en son lieu et place, les différentes maisons de nos Provinces du Canada et des Etats-Unis.

J'ai dû consacrer six mois à cet important travail, et, ma mission terminée, je me retrouve aujourd'hui près de vous, la joie dans l'âme et le cœur débordant de la plus vive reconnaissance, envers le Seigneur d'abord, car n'est-il pas le principe et la fin de toutes choses ; mais aussi, envers la Très Sainte Vierge Marie qui, de plus en plus, se plait à bénir, à affermir et à développer l’œuvre de ses Petits Frères dans l'Amérique du Nord.

En mai 1837, notre Vénérable Père Fondateur écrivait à M. Fontbonne qui, de Saint-Louis (E. U.) lui demandait des Frères : « Nous enverrions avec plaisir des Frères en Amérique, s'il nous était possible. Nous espérons que la Divine Providence nous aplanira les difficultés et nous facilitera les moyens de parvenir jusqu'à vous, lorsque les temps et les moments que le Père a réservés à son souverain pouvoir seront arrivés. »

Vous avez été, mon Très Révérend Frère Supérieur, l'instrument principal dont la divine Providence a bien voulu se servir pour « aplanir les' difficultés et faciliter les moyens » auxquels faisait allusion notre Vénérable Père dans sa réponse à Monsieur Fontbonne ! Par vos soins, en effet, il y a de cela quelque 28 ans, un frêle rameau de l'arbre mariste, représenté par six Frères de votre chère province de Notre-Dame de l'Hermitage, était dirigé vers la noble terre du Canada.

Protégé et béni de la Vierge Marie, guidé et encouragé par vos conseils, le faible rameau, comme le grain de sénevé de l'Evangile, grandit, se fortifia, et devint, en se divisant, deux branches importantes de cet arbre bientôt séculaire qui dans l'Eglise de Jésus-Christ se nomme l'institut des petits frères de Marie.

Ces deux branches abritent de nombreuses maisons, sur chacune desquelles je vous ai fait tenir, en temps opportun, un rapport détaillé. Vous me permettrez donc, mon Très Révérend Frère, de n'y pointrevenir, mais de mettre simplement sous vos yeux un aperçu général sur les deux provinces que j'ai visitées, et sur le développement de leurs oeuvres depuis l'époque de leur fondation.

Tout d'abord, qu'il me soit permis, Mon Très Révérend Frère, de payer ici un tribut d'hommages tout spécial, à notre vénéré Frère Césidius, le pionnier et le fondateur des oeuvres maristes dans le Nouveau Monde. Je l'ai retrouvé, combattant toujours vaillamment sur la brèche, et, malgré son âge déjà avancé, dirigeant sa chère Province du Canada avec ce même esprit mariste fait tout de dévouement, de bonté et de paternité que vous lui connaissez. Daigne le bon Dieu le conserver longtemps encore à l'affection de tous, et lui donner de voir surgir, après tant d'autres, beaucoup de nouvelles oeuvres, dans cette belle Province qu'il a fondée au prix de tant de soucis, de prières et de sacrifices.

Retraites. – Trois Retraites annuelles, deux retraites préparatoires aux vœux annuels, pour les Novices, et une autre (les Exercices de Saint Ignace), préparatoire à la profession perpétuelle, ont eu lieu pour les deux Provinces, aux cours des vacances. A ma grande satisfaction, j'ai constaté une somme considérable de bonne volonté dans chacun des retraitants pour mettre à profit les saints exercices de la retraite, et en retirer le plus d'avantages possibles, pour son avancement dans la perfection des vertus de notre saint état.

Pendant ces différentes retraites, les substantiels enseignements de votre Circulaire du 24 mai dernier, ont été relus et commentés, les exhortations et recommandations de celle du 2 février ont été rappelées. La conclusion que nous en avons tirée a été résumée dans ces mots : Observer les Constitutions et les Règles telles qu'elles sont : Ni plus, ni moins, ni autrement ; selon le mot de sainte Thérèse.

Enfin, un dernier mot d'ordre a été donné, sur lequel nos Frères se sont séparés, résolus à le garder toujours : A l'exemple du Vénérable Fondateur, soyons des hommes de devoir en tout, partout, toujours, et nous serons sûrement des religieux mortifiés, selon le désir de notre Rév. Frère Supérieur Général.

Etudes des frères. – On peut dire sans exagération que les études sont parfaitement organisées dans les deux Provinces. Le « Bulletin des Etudes », les cours de vacances, les examens semestriels, les compositions mensuelles, la préparation aux examens officiels, rien n'est négligé, et les Frères ont ainsi tous les moyens de se former et de s'instruire. (L'absence d'élèves au Scolasticat du Canada est à noter, mais il y a bon espoir que cette lacune due à des causes diverses sera comblée aux vacances 1914.)

Grâce à cette excellente organisation des études pour les Frères, un nombre assez considérable de diplômes ont été obtenus aux examens officiels, et tout indique que de nouveaux succès viendront dans la suite augmenter le nombre déjà considérable des diplômés.

Au Canada, la plupart des Frères munis du « Diplôme Académique » se sont mis résolument à l'étude des programmes universitaires spécialement élaborés pour les religieux. Ces programmes forment un cours d'études supérieures, à la fois religieuses, pédagogiques, littéraires et scientifiques. Le cours est divisé en deux groupes comprenant chacun au moins quatre années d'études. Commencé en 1909, ce cours d'études a donné, cette année, ses premiers fruits.

Quatre des étudiants ont vu leurs efforts et leurs travaux couronnés de succès par l'obtention du baccalauréat de l'Université Laval. Honneur aux Frères Louis-Marius, Ange-Emile, Louis-Ignace, Joseph-Martinien, comme aussi au C. F. Pierre Gonzalez qui les a dirigés dans leurs travaux de préparation !

Ces heureux débuts ne sont que le prélude de succès plus importants encore, car nos nouveaux bacheliers auront certainement dans la suite beaucoup d'imitateurs !

 Aux Etats-Unis, le cours ordinaire des études est couronné par le Diplôme Académique, que la plupart des Frères se mettent en mesure d'obtenir. Puis, ce sont des études spéciales pour arriver aux examens officiels du « State Life Certificate » de l'Etat de New-York. Ce diplôme supérieur a été obtenu, ces dernières années par plusieurs de nos Frères. Un grand nombre d'autres se préparent à suivre les traces de leurs devanciers.

Noviciats et juvénats. – La visite des maisons de formation des deux provinces m'a donné beaucoup de satisfaction: il fait vraiment bon se trouver au milieu de cette jeunesse, l'espoir de l'avenir ! Il existe d'ailleurs un excellent esprit dans chacune de ces maisons. Les Noviciats, je suis en mesure de l'affirmer, forment de très bons sujets à leur province respective. D'ailleurs, pourrait-il en être différemment avec le personnel de choix qui y préside, et dont vous connaissez, mon Très Révérend Frère, le dévouement et le véritable esprit mariste..

Tout en réservant quelques places pour les recrues promises par nos écoles, les maisons de formation sont, en général bien peuplées. Saint-Hyacinthe compte, au noviciat, 21 novices et presque autant de postulants. Poughkeepsie, 12 novices et une dizaine de postulants. Le juvénat de cette dernière maison a de 30 à 35 charmants juvénistes. Iberville en compte près de 65 et, Lévis, 75 environ. C'est, d'ici la fin de l'année, près de 250 sujets qui seront en formation, donnant, pour la plupart, de très belles espérances.

Daignent la Sainte Vierge, la bonne sainte Anne et, notre Vénérable Père bénir cette nombreuse et intéressante jeunesse, et l'accroître de plus en plus, afin que chaque année, de nouvelles phalanges de jeunes ouvriers aillent rejoindre leurs aînés, pour travailler aussi avec zèle, générosité et dévouement, à la partie si vaste du champ du Père de famille confiée à leurs soins.

Pensionnats. – Réduits au nombre de trois pour les deux provinces, ces pensionnats se trouvent par le fait de récents agrandissements, non encore terminés, dans la possibilité de marquer leur place parmi les maisons d'étude de premier ordre du Canada et des Etats-Unis.

Lorsque la chapelle projetée sera construite, le Collège Laval, à Saint-Vincent-de-Paul, pourra donner asile à 300 pensionnaires ; celui du Sacré-Cœur, à Beauceville pourra en accommoder près de 200.

Les dernières nouvelles de Saint Ann's Academy de New-York, annoncent 250 élèves, dont plus de cent pensionnaires, c'est, pour cette dernière maison, un succès très encourageant et qui est d'un heureux présage pour l'avenir.

D'ailleurs, ces trois maisons marchent très bien, la piété y est en honneur : les nombreuses communions des élèves qui ont lieu chaque matin à la sainte messe n'en sont-elles pas la meilleure preuve ?

Définitivement installés, ces pensionnats pourront. donner les meilleurs résultats au point de vue de la formation religieuse, de la bonne éducation, de l'instruction profane et même du recrutement.

Le Collège du Sacré-Cœur de Beauceville mérite, sur ce dernier point, une mention spéciale pour les nombreuses vocations qu'il a envoyées au Noviciat durant ces dernières années. On trouve là une preuve évidente de la possibilité du recrutement dans nos écoles supérieures et dans nos pensionnats.

Ecoles du Canada. – Au cours de mes visites, je me suis toujours fait un devoir de présenter mes humbles hommages à Nosseigneurs les Archevêques et Evêques des diocèses où nos Frères sont établis, comme aussi aux Pasteurs des paroisses dont ils dirigent les écoles. Lorsque j'ai pu le faire commodément, je n'ai pas manqué de voir aussi les Autorités scolaires civiles.

Je puis vous dire, à ma grande satisfaction, mon Très Révérend Frère, que, deux ou trois notes un peu discordantes mises à part, j'ai eu le plaisir d'entendre un concert parfait de louanges et de félicitations à l'adresse de nos Frères, pour leur zèle, leur dévouement à promouvoir l’œuvre de Dieu parmi les nombreux enfants dont ils ont la charge. Il y a donc vraiment lieu de bénir la divine Providence pour tout le bien qui s'opère par le moyen de nos écoles du Canada et des Etats-Unis.

Il vous fera plaisir, je n'en doute pas, mon Très Révérend Frère, de lire quelques-uns des rapports laissés par Messieurs les Inspecteurs d'Ecoles, et que j'ai relevés au hasard, de quelques registres scolaires de nos écoles du Canada.

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                         Chicoutimi, 13 novembre 1912.

 J'ai visité cette Institution dirigée par les RR. Frères Maristes. Je suis très satisfait de la bonne organisation pédagogique que l'on y trouve dans toutes les classes. Toutes les matières du programme y sont bien enseignées. Je remarque avec plaisir que le dessin est enseigné à tous les élèves, ceci répond bien au désir de Monsieur le Surintendant de l'Instruction Publique.

L'exercice de sauvetage a été fait avec succès en ma présence, la sortie des 396 élèves présents s'est effectuée en moins de deux minutes.

Mes félicitations au R. F. Directeur.

                Ch. PLAMONDON, Inspect. d'Écoles.

 *      *

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                                   Roberval, 10 juin 1913.

Ce même jour, j'ai visité cette école dirigée par les RR. FF. Maristes. L'année est excellente, il y a de solides progrès dans toutes les classes. Je félicite les bons Frères de leur excellent travail.

           J.-E. BOILY, Inspect. d'Écoles

*       *

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                                Ville-Marie, le 5 juin 1913.

J'ai fait l'examen des classes de l'école de Ville-Marie et je suis heureux de dire que les élèves ont bien réussi dans les matières sur lesquelles portait cet examen. Beaucoup de progrès ont été faits depuis ma dernière visite.

Les RR. Frères ont droit à des félicitations pour les bons résultats obtenus.

                             J.-G. MARiEN, Inspect. d'Écoles.

*     *

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           Ecole st. Malo de Québec.

Le 20 janvier 1913, Monsieur Vien, Inspecteur, a visité notre école. « Jamais, a-t-il dit, je n'ai été aussi satisfait », aussi a-t-il été d'avis qu'on demande au Conseil de l'Instruction Publique, de décorner le titre d' « Académie » à notre école Saint-Malo[6].

 *      *

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                    Rosemont, Montréal, le 18 juin 1913.

Nous avons visité les classes de cette école, et par les réponses données sur les diverses matières, nous 'avons constaté un réel progrès, ce qui indique que beaucoup de travail a été fait par suite du grand dévouement des professeurs.

Bonne tenue et propreté sont deux faits remarquables que nous avons tenu à noter pour cette école dirigée par les RR. FF. Maristes :

J. E. Brien, Prêtre Curé ;

J. Meslin, Président de la Com. Scolaire

L. Millette, Commissaire ;

J. Mc Evoy, Commissaire ;

C. Lapointe, Secrétaire.

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 BANQUE D'ECONOMIE SCOLAIRE. – En ces dernières années, on a établi dans beaucoup d'écoles du Canada la « Banque d'Economie scolaire ». Bien qu'il ne soit pas à propos que nos Frères reçoivent directement et se chargent de mettre à la banque les dépôts de leurs élèves on n'en doit pas moins féliciter ceux qui sont entrés dans le mouvement, en engageant leurs élèves à réaliser de petites épargnes pour les habituer à l'économie, à porter eux-mêmes ces petites sommes à la Banque et à prendre soin de leur carnet de dépôts.

Former ainsi les enfants à l'économie est un point d'éducation qui a une réelle importance, car c'est assurer en quelque sorte leur bien-être, et même leur situation financière dans le cours de la vie. « Take care of your cents, disent lesAméricains, and your dollars will take care of themselves. »

Au 30 avril 1913, les élèves de l'Ecole Saint-Pierre de Montréal avaient ensemble, à la Banque d'Economie scolaire, la jolie somme de 2.455 dollars, soit plus de 12.000 francs. Ceux de l'école de Lévis avaient la somme bien respectable de 1.759 dollars, soit près de 9.000 fr.

Enseignement religieux. – L'enseignement religieux est généralement donné avec un soin tout spécial. Ainsi, je relève ce qui suit du rapport de l'Ecole Saint-Georges de Montréal : « Dans notre école Saint-Georges, l'enseignement religieux est donné avec le plus grand soin par les Frères dans leur classe respective, et par le R. P. Me Leod qui vient tous les jours faire le catéchisme dans une des classes de l'école. – La Commission scolaire a fait l'acquisition du « Catéchisme en images  et les Frères savent en tirer profit ».

« Pour compléter leur instruction religieuse, les jeunes gens et jeunes filles assistent au catéchisme de persévérance qui a lieu à l'église chaque dimanche à 5 heures. Le Cours d'instruction est donné par le R. Père Curé . – Quatre concours écrits ont lieu durant l'année pour stimuler cette jeunesse. Nos élèves à cette date (fin avril) ont remporté les honneurs aux trois premiers concours. Ils ont le ferme espoir que les lauriers de l'examen final ne leur échapperont pas.[7](1). »

Ecoles des Etats-Unis. – Nos écoles des Etats-Unis étant toutes « Ecoles privées » ne sont point sujettes à l'Inspection officielle. Néanmoins, nos Frères ne manquent pas de présenter chaque année aux examens officiels, leurs élèves les plus capables. Les résultats obtenus, au cours des trois dernières années, font honneur à ces écoles, et montrent clairement combien nos Frères ont à cœur de tenir bien haut, le drapeau des Ecoles catholiques dirigées par les Frères Maristes. A New-York, l'Ecole SainteAgnès a eu 79 gradués, l'école SaintJeanBaptiste 64, celle de SaintPaul une quarantaine. A Poughkeepsie, l'école SaintPierre a fait graduer 32 de ses élèves. Au diocèse de Boston, notre école SaintJoseph de Lowell a obtenu 29 diplômes officiels. Les mêmes élèves ont également obtenu le diplôme diocésain. L'école de Haverhill a compté 27 diplômes officiels et le même nombre de diplômes diocésains. Celle de SainteAnne de Lawrence a obtenu une vingtaine de diplômes tant officiels que diocésains.

Au diocèse de Manchester, notre école SainteMarie compte aussi une vingtaine de diplômes pour les trois dernières années scolaires.

Je manque de données suffisantes pour vous faire connaître les résultats obtenus aux examens par les élèves de SaintAnn's Academy de New-York, mais, le chiffre des élèves pendant ces trois dernières années, et leur augmentation progressive, vous dira assez éloquemment que les examens ont dû donner de très bons résultats, lesquels, sans doute, ne sont pas étrangers à l'excellente réputation dont jouit présentement cette maison.

  Année scolaire 1910-11 145 élèves

        –                1911-12  165   –

       –                 1912-13   200  –

       –                  1913-14  250   –    au 20 octobre.

Vocations. – Le tableau d'honneur du recrutement des vocations dans nos Ecoles, n'est point aussi garni qu'on le désirerait. Je dois vous dire néanmoins, Mon Très Révérend Frère, qu'en ces derniers temps, grâce à l'élan donné par les CC. FF. Provinciaux et les Frères Recruteurs, tous les Frères ont pris sérieusement à cœur cette question importante du recrutement. Sous peu, j'ose l'espérer, toutes nos écoles seront largement représentées dans les maisons de formation des deux provinces, par les bons et nombreux sujets que chacune d'elles leur aura fournis.

Je trouve dans le rapport de l'école Sainte-Marie de Manchester, la statistique suivante au sujet des vocations, depuis la fondation.

 Frères Maristes, Profès perpétuels ..  6

           –              temporaires . ……    5

          –               Novices . …………   2

          –               Juvénistes …….…   5

 Prêtres . ……………………………..  6

 Séminaristes ………………………  .14.

 Il est bien à souhaiter que toutes nos écoles et pensionnats du Canada et des Etats-Unis puissent à brève échéance inscrire de semblables résultats, voire même de plus importants.

Avant de terminer ce petit compte rendu, simplement destiné à compléter mes rapports précédents, permettez-moi, mon Très Révérend Frère, de mettre sous vos yeux la liste de nos Ecoles actuelles avec le nombre d'élèves inscrits, le nombre de Frères de chaque Etablissement, l'année de la fondation, et le nombre de Frères à la fondation :

('tableau résumant les évolutions des Etats-Unid et du Canada)

 D'aucuns paraissent parfois surpris du nombre relativement restreint des Etablissements de nos deux Provinces de l’Amérique du Nord ! Mais si l'on examine de près les tableaux précédents, on voit que, dans la plupart des maisons, le personnel a subi une augmentation, souvent même considérable, depuis la fondation. C'est ainsi que dans la Province du Canada, 93 Frères ont été placés dans les différentes maisons, en augmentation de personnel depuis leur fondation respective. Dans celle des Etats-Unis, 65 Frères sont aussi allés grossir le nombre des fondateurs des différentes écoles.

Il est donc facile de. conclure que si ces 158 Frères eussent été employés à ouvrir de nouvelles Maisons, le nombre respectif des Etablissements de chacune de ces deux Provinces en serait augmenté d'autant.

Manitoba. – Il me reste, mon Très Rév. Frère Supérieur, à vous dire quelques mots de l'Ouest-Canadien. Nous avons à ce jour, quatre Etablissements dans la province du Manitoba, et n'était la pénurie de sujets, nous y aurions, à bref délai, un district bien organisé. Grâces à Dieu, ces quatre maisons, toutes de fondation récente, marchent très bien, et nos Frères donnent pleine satisfaction aux Autorités comme aux familles.

Les Autorités religieuses et scolaires m'ont paru enchantées de voir enfin, après une longue attente, notre Institut s'implanter dans les immenses et riches pays de l'Ouest du Canada.

Elles font des vœux pour son développement dans les provinces du Manitoba, de l'Alberta et de la Saskatchewan. Dans un avenir prochain, j'ose l'espérer, elles ne refuseront pas de s'imposer quelques sacrifices, pour nous aider à établir dans ces pays nouveaux, des maisons de recrutement et de formation.

Les Provinces de l'Ouest-Canadien se développent et se peuplent très rapidement. Il paraît clairement à tous les yeux, que la divine Providence réserve à nos oeuvres un grand et considérable succès dans ces contrées nouvelles, surtout si nous nous efforçons de lui venir en aide ! …

Enfin, mon Très Révérend Frère Supérieur, je termine en priant le bon Dieu de vouloir bien continuer à répandre ses bénédictions les plus fécondes et les plus abondantes sur nos oeuvres de l'Amérique du Nord ! Daigne aussi la Bonne Mère, et notre Vénérable Père Fondateur, garder toujours à nos Frères les sentiments bien maristes dont ils sont tous animés, afin que, pour le bien des âmes, et pour votre consolation, ils continuent à se dévouer, et à travailler avec plus de zèle encore, si c est possible, à l’œuvre de Dieu qui leur est confiée.

                     Frère Angélicus.

  NOS CAUSES DE BÉATIFICATION.

 Dans un voyage que j'ai dû faire à Rome en décembre dernier en compagnie du cher Frère Econome Général, nous avons fait visite à Son Eminence le Cardinal Ferrata, notre protecteur toujours si bienveillant, si dévoué à tout ce qui intéresse notre cher Institut. Il est le Ponent de la cause de béatification du Vénérable Père Champagnat. Il s'y intéresse toujours très vivement ; il n'a pas manqué de nous encourager, de nous donner de bonnes espérances et de nous engager à obtenir de bons miracles. Il est possible que nous ayons, au cours de cette année 1914, la Congrégation où sera promulguée l'héroïcité des vertus du Vénérable. Ce sera un grand pas de franchi.

Nous avons vu aussi Son Excellence Monseigneur Salotti, avocat de la cause. Il s'occupe actuellement de la réponse aux dernières animadversions et il compte bien y répondre victorieusement.

Son Excellence Monseigneur Lafontaine, Secrétaire à la Sacrée Congrégation des rites et qui joue un rôle très important dans les causes de béatification, nous fit le meilleur accueil à Saint- Jean de Latran, où il réside. Je ne manquai pas de lui dire combien tous les membres de notre Institut seraient heureux si la béatification de notre Vénérable Père Fondateur pouvait coïncider avec la célébration du premier centenaire de la fondation de notre Congrégation.

« Priez beaucoup, nous dit-il, faites prier les enfants de vos écoles dans cette intention et ayez confiance que si c'est dans les desseins de la divine Providence, vos légitimes désirs se réaliseront. »

Voici, d'autre part, ce que m'a écrit à la date du 23 janvier le T. C. Frère Candidus, notre Procureur Général près le saint Siège :

« Quant à nos chères causes, rien de bien nouveau à signaler. Pour celle de notre Vénérable Fondateur, je travaille toujours pour recueillir des documents à fournir à Monseigneur Salotti, notre avocat, lequel commencera bientôt à rédiger les réponses aux nouvelles et dernières animadversions que vous connaissez.

« Pour le vénéré Frère François, j'attends d'un moment à l'autre que le Chancelier de la Sacrée Congrégation des Rites me remette la copie du procès de l'Ordinaire. »

On sera heureux de savoir ce qu'écrivait à la date du 2 janvier dernier M. le Chanoine Ponty au cher Frère Marie-Junien, vice-postulateur de la cause du vénéré Frère François:

« Je vous remercie des renseignements que vous me donnez au sujet de nos causes, bien chères, en effet. Je regrette qu'elles n'avancent pas plus vite. J'aurais tant voulu, si Dieu me prête vie, retourner à Rome en 1917, centenaire dé la Fondation de l'Institut, pour la béatification du Vénérable Père Champagnat ; mais, comme me le disait en latin le saint Pape Pie X quand j'eus l'honneur insigne de l'entretenir en audience privée : « cela dépend de la bonté de Dieu qui se manifeste par les miracles ». Il faut donc, à tout prix, obtenir des miracles. Dites-le aux bons Frères qui vivent avec vous dans la solitude de l'Hermitage où tous les deux ont tant prié, tant travaillé et tant souffert. C'est surtout là, ce me semble, que les prodiges doivent se produire. Il est vrai que le Ciel a son heure, mais il semble que le moment est venu pour l'Institut dispersé par la persécution d'avoir au moins un Protecteur placé sur les autels. Si les Petits Frères de Marie sont bien dans l'esprit de leur vocation ils obtiendront cette grâce précieuse par l'intercession de leur puissante et douce Mère. »

Ne nous lassons pas de faire une sainte violence au Ciel pour obtenir les miracles nécessaires.

C'est votre foi qui vous a guéri, disait souvent Notre-Seigneur aux malades auxquels il rendait la santé.

Donc prions avec un redoublement de foi et de confiance.

Prions aussi avec persévérance, puisque c'est là une des conditions de la bonne prière. Faisons des neuvaines, des triduums, ayons des pratiques quotidiennes dans lesquelles nous invoquerons privément le Vénérable Fondateur.

J'adresse pour cela, un appel tout particulier à nos anciens, nos infirmes et nos malades. Les Saints Livres nous disent que la prière unie à la souffrance a une efficacité particulière.

Je demande aussi le concours spécial de nos juvénistes, de nos postulants, de nos novices et de nos scolastiques, dans cette' croisade de prières. Ce n'est pas sans raison que nous pouvons compter aussi sur une efficacité toute particulière de leurs prières.

Outre la prière nous emploierons aussi d'autres moyens. « Aide-toi et le Ciel t'aidera. »

Faisons tout ce qui dépendra de nous pour faire connaître le Vénérable Fondateur et le vénéré Frère François en dehors de la Congrégation.

Répandons le plus possible l'image du Vénérable Père à laquelle est fixée une relique ainsi que les images ordinaires, où il est représenté catéchisant les enfants. Nous en avons fait tirer récemment cent trente mille de cette dernière espèce.

La petite vie illustrée du Vénérable est aussi à répandre le plus possible ; douze mille exemplaires de l'édition française sont encore en disponibilité à l'Economat Général à Grugliasco. Les Frères Provinciaux sont invités à faire le nécessaire pour que ce petit ouvrage se répande beaucoup dans leur province.

Je fais la même recommandation pour la petite brochure qui a pour titre : « notice biographique sur le vénérable père Marcellin Champagnat et relations de faveurs obtenues par son intercession». Il y en a neuf mille exemplaires en disponibilité à l'Economat Général.

Les éditions en espagnol, en portugais, en allemand et en italien de la petite vie du Vénérable sont aussi à répandre le plus qu'on pourra.

 FAVEURS ATTRIBUÉES

à l'intercession du Vénérable Père Champagnat.

         I. – Guérison du Frère Aristarque.

                                  Païta, le 4 mai 1912.

Mon Très Rév. Frère Supérieur Général,

Les années se suivent, mais elles ne se ressemblent pas ; l'année dernière à l'occasion de mes noces d'or : les chants, les compliments, les cadeaux : tous les honneurs m'accablaient et me portaient à croire que j'étais quelque chose dans l'estime de mes confrères ; et cette année à la même époque, je gisais dans mon lit de souffrance depuis six mois. Si le courrier ne s'était pas trouvé là, le pauvre Frère Aristarque reposerait au cimetière de Vao depuis bientôt un an. Le 8 août jour que je me suis embarqué pour Nouméa, il faisait un temps épouvantable, de la pluie et un vent effrayant ; un vrai cyclone : arrivé à 8 heures du soir, j'étais mouillé jusqu'aux os et n'avais rien pour changer ; on a été obligé de me prêter des habits à bord. Quelle traversée de Vao à Nouméa

Aussi, arrivé là, j'étais plus mort qu'en vie, et pour ne pas augmenter mon mal, je n'ai ni bu ni mangé, quoi que ce soit, les quatre premiers jours. Le même soir de mon arrivée, M. le Docteur est venu chez les Frères, avec ses instruments de chirurgie ; il m'a bien soulagé momentanément, mais il est venu me faire subir le même traitement pendant un mois, matin et soir. Une fois même, il est arrivé à onze heures du soir. Après un mois de séjour à Nouméa, M. le Docteur m'a conseillé d'aller à Païta, toujours accompagné de mon infirmier, Frère Antonio, qui m'a soigné, pendant tout le temps de ma maladie, comme un bon Père soignerait son enfant. Ce brave Docteur m'a rappelé plusieurs fois à Nouméa, pour me faire subir le même traitement, qui n'avait que la vertu de m'affaiblir de plus en plus ; après quelques jours de traitement, il me renvoyait à Païta, où pendant quatre ou cinq mois ma convalescence n'avait pas avancé d'un pas ; M. le Docteur, voyant cela, jugea une opération nécessaire ; je redescendis de nouveau à Nouméa ; il me fit encore quelques lavages, qui m'affaiblissaient toujours de plus en plus, et trois médecins, qui se trouvaient là, jugèrent que je ne pourrais pas supporter cette opération vu ma faiblesse et mon grand âge ; il continua encore trois ou quatre jours à me traiter, mais voyant que mes forces diminuaient de jour en jour, il me fit monter dans un auto et m'accompagna chez les Frères, je ne pouvais plus me tenir debout, il me prit et aidé de son canaque, il me porta dans mon lit ; puis il s'assit à côté de moi, comme un bon père à côté de son enfant, et me conseilla de retourner à Païta, je compris que c'était pour mourir ; alors je lui dis : M. le Docteur, je sens bien le sapin ; combien ai-je encore de jours à vivre. Il me répondit : Je ne suis pas le bon Dieu pour vous le dire ; mais tout le monde s'attendait à une mort prochaine, et le 20 février, après avoir reçu l'Extrême-Onction et le Saint Viatique, comme j'étais content d'avoir quitté Saint-Etienne et d'avoir consacré 50 ans au service de Dieu ; aussi je quittais le monde sans regret et avec joie, et lorsque mes confrères vinrent m'annoncer qu'on allait commencer une neuvaine au Vénérable Père Champagnat, pour obtenir ma guérison, j'ai eu de la peine à y consentir, la mort était si près de moi et me voyant bien préparé j'aurais voulu mourir ; mais mes confrères me faisaient entendre que ce n'était pas pour moi, mais pour la glorification du V. P. Champagnat, et à partir de ce moment, j'ai commencé à aller mieux et pour le moment, je vais bien, il ne me reste aucune infirmité. Le bon Père Champagnat n'a pas voulu faire la chose à moitié. Mon T. R. F. S. Général, je vous remercie de la bonne lettre que vous me donnez de mon frère Arèse. Veuillez, mon T. R. F. Supérieur Général, accepter les remerciements de votre très respectueux et très obéissant serviteur.

           Frère Aristarque.

 II. – Guérison d'un enfant à Badalona (Espagne).

                                     Badalona, 7 août 1912.

Le 6 février dernier, mon petit-fils François Prats y Cantarell, dut quitter le Collège Valldemia à cause d'une affection nerveuse qui s'aggrava au point de lui causer chaque jour plusieurs attaques, dont le nombre, parfois s'éleva jusqu'à 6 ou 7 en 24 heures.

Dans une des visites qu'il fit au malade, le C. Frère Barnabé, directeur de l'école de Badalona, ému de l'état où se trouvait le pauvre enfant quand il lui arrivait quelqu'une de ses attaques, proposa à ses Confrères de la Résidence de faire une neuvaine pour demander à Dieu, par l'intercession du Vénérable. Fondateur des Frères Maristes, de rendre la santé à un de leurs anciens élèves, et la tranquillité à sa famille désolée.

En même temps que le Frère Barnabé, cité plus haut, plusieurs Pères Carmes et d'autres ecclésiastiques furent témoins de ces attaques ; et un des jours où il en eut le plus, l'enfant reçut également la visite du C. F. Eold, alors directeur de Valldemia, lequel promit qu'une neuvaine semblable à celle qui se faisait à Badalona serait commencée ce jour-là même par les Frères et les élèves de Mataró .

La neuvaine des Frères de Badalona se terminait le 3 mars ; or, ce jour-là, à 6 heures du matin, moment où on avait coutume de voir arriver la première attaque, l'enfant dit qu'il sentit comme un frémissement et entendit un fort bruit, mais il n'eut aucune attaque, bien que la veille il en eût éprouvé jusqu'à 7.

Depuis ce jour du 3 mars, il n'a plus eu aucune attaque, quoique plusieurs fois il se soit trouvé dans un état où tout faisait craindre une rechute.

A ma manière de voir, sauf avis plus autorisés, et toujours en soumettant mon opinion au jugement de la Sainte Eglise Catholique, il est indéniable que la protection du Vénérable Marcellin Champagnat est intervenue dans le grand soulagement et la presque guérison de mon petit-fils, François Pato y Cantarell.

                   François Cantarell y Fages,

                                  avocat à Badalona.

          III. – Guérison d'un père de famille.

                                Gerona, 7 de juin 1913.

Mon Très Révérend Frère,

L'an dernier après la retraite du Régime, où j'eus le bonheur d'être appelé, j'obtins de faire une visite à mes frères, où en arrivant, l'on m'apprit que l'un de mes neveux était sérieusement malade depuis plusieurs mois ; en effet, je le trouvai dans un tel état de souffrances et de crises de nerfs, que nous eûmes peur d'un dénouement fatal.

Je les encourageai tous, et priai son épouse, ma nièce, de faire commencer une neuvaine au Père Champagnat, et nous mimes sous le traversin du malade une relique, que vous voulûtes bien me donner à mon départ de Grugliasco.

La neuvaine fut faite par leurs quatre enfants ; or, trois jours après, j'y retournai, et à ma grande joie, je trouvai mon neveu levé, me déclarant les larmes aux yeux, qu'il n'avait ressenti aucune douleur, depuis qu'ils avaient commencé la neuvaine. Je voulus avant de partir du pays y retourner, et cette fois, après huit jours, je le trouvai se promenant, c'est vrai, avec une canne, dans son jardin. Nous lui conseillâmes d'aller passer une quinzaine de jours à Vals, ce qu'il fit, et à son retour il put reprendre les travaux des champs.

Ma nièce m'écrivait trois mois plus tard, me disant : Mon mari n'a plus rien ressenti, et nous sommes si sûrs que le Vénérable a tout fait, que je signerai tout ce que vous voudrez à ce sujet.

Si j'ai tardé à vous communiquer cette faveur, c'est Mon Révérend Frère, pour ne pas me précipiter et n'avoir pas à revenir sur cette guérison, mais il y a peu de jours ma nièce me disait que tout le monde chez eux allait bien, m'indiquant par là que l'on n'avait pas même en pensée la maladie de son mari.

Voilà ce que j'ai cru vous dire après la lecture de la belle Circulaire que nous avons reçue de vous, pour la glorification de notre Vénérable Père. Puisse cela être une petite note en faveur de sa Béatification.

Gloire soit rendue à Dieu, et honneur à ses Saints

En J. M. J., Votre très obéissant serviteur.

                      Frère Hilarius.

    IV. – Guérison d'un pensionnaire à Caussade.

C'était le 14 mai 1912 que le jeune Rames Pierre, âgé de 12 ans, a été vu pour la première fois, par le médecin au Pensionnat de Caussade (Tarn-et-Garonne).

Le docteur a déclaré que l'enfant avait une fluxion de poitrine bien prononcée, avec un caractère de gravité extraordinaire. La suite a prouvé la vérité de ce diagnostic. Des remèdes énergiques sont appliqués. Malgré cela et les soins les plus minutieux, le mal a fait de si rapides progrès qu'après cinq ou six jours, le médecin, qui faisait sa visite matin et soir, n'y comprenait plus rien.

La fluxion suivait son cours, et, au bout de huit jours, elle était comme guérie. Mais alors vint s'ajouter une telle complication qu'au dire du docteur (qui a 30 ans d'expérience), un pareil cas ne s'était pas présenté pour un enfant. Tout le mal était dans la poitrine. Et il fallait tousser et tousser presque sans discontinuer. Une forte fièvre s'est emparée de l'enfant et elle a duré quatre semaines à peu près sans relâche. Durant cette longue période, le malade a été admirable de patience et de résignation.

Le docteur, un catholique qui s'intéresse beaucoup à l’œuvre, a pris à cœur de sauver son client. On peut dire à sa louange, qu'il l'a soigné on ne peut mieux. Cependant au plus fort du mal, il n'y voyait plus bien clair. Un confrère renommé de Montauban lut appelé une première fois. Après une bonne auscultation, il déclare qu'il n'y avait rien de grave. Ce jour-là le malade en effet, était un peu mieux. Mais le médecin du lieu, lui, avait ses réserves, car il suivait et étudiait de très près le progrès.

Le soir même, la fièvre a redoublé d'intensité, la nuit a été très pénible et plusieurs autres qui ont suivi. Chaque matin on remarquait un mieux sensible au point de déconcerter l'entourage et même l'homme de l'art qui voyant à sa visite du matin de l'espoir, tout S'évanouissait dans la soirée.

De nouveau le docteur de Montauban fut appelé et de concert, ils ont déclaré que la poitrine était en bien mauvais état, c'était très grave. On l'a vu sur le point d'expirer, en effet, à deux ou trois reprises. En prévision de cela, un des vicaires lui avait déjà donné les derniers sacrements. Car le malade a eu toujours sa connaissance. Durant ces quatre ou cinq jours les parents et amis qui venaient prendre de ses nouvelles étaient tout étonnés de le trouver en vie le lendemain, en le voyant dans cet état.

Ce malade avait déjà acquis les sympathies de beaucoup de monde qui porte intérêt à l'Ecole.

Aussi, bien des supplications ont été adressées au ciel pour demander la guérison de ce cher enfant. Lui-même avait grande confiance à Notre-Dame de Lourdes. Il était heureux chaque fois qu'on lui donnait à boire de J'eau miraculeuse. Il en aurait voulu plus souvent. Une neuvaine a été faite à la Sainte Vierge avec la prière des trois Ave Maria.

 De plus, au moment où la maladie inspirait de sérieu­ses craintes, une neuvaine a été adressée au V. P. Cham­pagnat en union avec le malade. Il savait à qui il s'adres­sait, car il avait sur le lit une image-relique qu'il em­brassait plusieurs fois dans la journée, en invoquant chaque fois le Vénérable Père. Explication lui avait été donnée de la gravure.

Après ces neuvaines, le médecin a trouvé une amélioration d'abord, puis, après peu de jours, il a constaté que cette amélioration allait grandissant très vite. Il

semblait trouver extraordinaire ce retour si accentué il croyait le jeune malade tuberculeux. Mais rien ne l'indiquait dans la famille, pour l'attribuer au sang. Tout, le monde y est sain dans cette modeste mais très chrétienne et des plus honorables familles de travailleurs aux champs, dans la paroisse de Montdoumer (Lot).

Le foyer du mal a été si bien éteint par cette cicatrice intérieure que vers la fin de la troisième semaine de juin le médecin permettait de transporter le cher malade au domicile des parents, à 15 kilomètres.

Je me rappellerai toujours la parole du docteur à la mère de l'enfant en cette dernière visite : « Le bon Dieu vous le donne une seconde fois ». Elle m'apparut significative. En disant cela, on comprenait qu'il était heureux de cette réussite ou plutôt d'une issue comme il la désirait.

Certainement qu'on peut voir dans cette délivrance la main de Dieu, la protection de Notre bonne Mère, et aussi le V. P. Champagnat a dû appuyer la supplique adressée en son nom. Dans quelle mesure, c'est difficile à dire.

Voilà à peu près deux mois que le convalescent est rentré chez lui ; il se trouve quasi guéri. L'appétit va très bien. Il dort de même. Il n'a plus rien ressenti de ce mal de poitrine qui l'a tant fait souffrir. La toux avait entièrement disparu au commencement de la convalescence. Il se dispose à aller à Lourdes, remercier Dieu, Notre-Dame et son autre protecteur.

                          S. F.

        V. – Guérison d'un enfant à Barcelone.

                 Barcelona, 17 de octobre 1913.

     Mon TRÈS RÉVÉREND FRÈRE SUPÉRIEUR GÉNÉRAL,

Notre Vénérable Père Champagnat vient de rendre la vie à un de nos élèves, qui avait été condamné par le médecin.

J'ai conseillé à la mère de l'enfant de faire une neuvaine à notre Fondateur et en même temps je lui ai remis une image-relique de notre bon Père, laquelle fut placée sous l'oreiller de notre petit malade.

Pareillement je recommandai à la dame de faire baiser la dite image ; c'est ce que l'on a fait.

La communauté de Lauria et les enfants du Collège ont prié pendant neuf jours pour que le Vénérable Père guérisse du typhus notre cher Fernandez Pérez et son petit frère malade comme lui ; mais selon le médecin le cas du plus jeune n'était pas si grave. Ce dernier mourut pendant la neuvaine, et Fernandez, dès qu'il a eu la relique sous son oreiller est allé de mieux en mieux. Le dernier jour de la neuvaine il pouvait prendre un peu de bouillon. Bientôt il sera sur pied.

La mère du petit malade me disait : « Si nous avions eu une image pour le petit Carlitos, il ne serait pas mort. »

Je vous prie, mon Très Révérend Frère, de m'envoyer quelques images-reliques pour nos chers malades, afin de ne pas avoir le même reproche.

Je suis avec un profond respect, mon Révérend Frère Supérieur, votre très humble et obéissant serviteur.

         F. Marie Claver.

Cette dame m'a remis ces quelques lignes, pour que vous voyiez le pouvoir de notre Vénérable Père auprès de Dieu.

« 1° Setiembre cayeron mis dos hijos enfermos con calenturas tifoides, los dos de mucha gravedad ; pero, el mayor decia el médico que estaba mas grave, sin, salvaciôn. Le trajeron una reliquia del colegio, se la pusieron y le dieron la comunién ; y el niño se ha puesto mejor. El niño pequeno muriô. »

                                Florencia MADRONERO.

 FAVEUR ATTRIBUÉE AU VÉNÉRÉ FRÈRE FRANÇOIS.

                 Ntra. Sra, de las Avellanas por Balaguer, 13 décembre 1913.

Guérison d'une personne à Alcoy (Espagne).

Mon Très Cher Frère Marie-Junien,

Vous allez être surpris, je n'en doute pas, en recevant ces quelques lignes, écrites à la hâte dans un coin retiré de l'Espagne ; mais je suis sûr que vous en aurez de la joie car je connais par moi-même votre dévotion filiale pour notre vénéré Frère François ; or il s'agit de ce vénéré Supérieur, de sa gloire et de son pouvoir d'intercession auprès de Dieu.

Voici donc ce qui est arrivé « Il y a quelques mois, un jeune Novice me demanda une relique de notre Vénérable Père Fondateur pour une de ses tantes, malade depuis deux ans. Sans savoir trop pourquoi ni comment, je lui donnai une image de notre vénéré F. François pour sa tante en lui disant d'essayer d'abord ce moyen puisqu'on avait introduit à Rome la cause de béatification de notre premier et vénéré Supérieur Général. Or, il y a quelques jours que le jeune Frère en question reçut de sa mère la lettre suivante que je vous traduis mot à mot : « Depuis que nous avons à la maison le vénérable Frère François que tu nous envoyas, on a découvert la maladie de la tante, appelée : « Diabète » selon le médecin. Depuis deux ans elle ne sortait pas de la maison excepté le dimanche pour aller à la messe et cela avec beaucoup de fatigues et d'efforts. Quant à nous, nous attribuons tout cela au R. F. François, car la tante Se recommande continuellement à lui. On peut assurer, sans aucun doute, qu'elle est presque entièrement guérie, aussi elle est très reconnaissante au vénéré Frère. » Ce fait s'est passé à Alcoy, ville de la province d'Alicante.

Je me réjouis, mon Très Cher Frère, de pouvoir vous annoncer un commencement de faits merveilleux en Espagne opérés par notre vénéré Frère François et cela m'encourage à propager la dévotion envers ce modèle si parfait de notre Vénérable Fondateur.

Une petite prière, S. v. p. sur la tombe de tous ces saints Frères pour celui qui a l'honneur d'être votre très humble serviteur. 

                   S.F.

 RECRUTEMENT DES VOCATIONS.

Je dois considérer plus que jamais comme un grave devoir de ma charge d'insister de nouveau sur la question vitale du recrutement des bonnes vocations.

Presque tous nos Frères Provinciaux adressent au Frère Supérieur des demandes très instantes pour que des Frères leur soient envoyés : « Les sujets nous manquent, disent-ils, pour soutenir les oeuvres existantes et surtout pour en fonder de nouvelles : des Frères ! des Frères ! il nous faut des Frères ! » C'est la répétition de ce que disait et redisait l'abbé Champagnat aux étudiants, futurs maristes, du Grand Séminaire.

D'autre part, ainsi qu'il a été dit dans le Bulletin de l'Institut du mois de janvier dernier, des membres -de l'Episcopat des diverses parties du monde, des prêtres et autres personnages viennent à la Maison-Mère pour demander des Frères. Ils ont toujours d'excellentes raisons pour justifier leurs instances.

Les demandes de fondations nouvelles qui nous viennent par correspondance ne sont ni moins nombreuses ni moins pressantes.

N'est-ce pas vraiment désolant de nous trouver presque toujours dans la nécessité de répondre négativement, et cela uniquement parce que les sujets formés nous manquent.

Que faire en présence d'une situation qui intéresse à un si haut degré la gloire de Dieu et le salut des âmes ? Nous n'ignorons pas, en effet, qu'aujourd'hui plus que jamais, l'éducation chrétienne de la jeunesse est une question capitale.

Or, pour soutenir les écoles existantes et pour en fonder de nouvelles, il faut absolument des Maîtres.

Et pour que nous puissions en former et en former beaucoup, il faut de toute nécessité que nous ayons une très nombreuse et bonne jeunesse dans nos juvénats, nos noviciats et nos scolasticats.

Grâce à Dieu, nous savons qu'en général, dans l'Institut, on a du zèle pour le recrutement des bonnes vocations.

Mais il est certain qu'il y a possibilité de faire davantage et de faire mieux.

Pour nous exciter à travailler partout avec un zèle plus ardent et plus entreprenant à cette oeuvre des oeuvres, pensons à la parole si remarquable qui a été dite par le Vénérable Fondateur : « une bonne vocation est un trésor qui n'a pas de prix, tout l'or du monde ne suffirait pas pour la payer ». Aussi quand les Frères Provinciaux m'envoient leurs rapports à la suite de la visite des établissements, je ne manque jamais de faire une attention particulière à la mention : « Vocations en vue ». J'éprouve une grande satisfaction lorsque je vois que, pour telle et telle classe, on signale une, deux et même quelquefois trois vocations en préparation.

Nous ne redirons jamais trop que les vocations recrutées parmi nos élèves sont généralement les meilleures.

Prions et agissons, faisons prier et faisons agir en vue de faire germer les vocations et de les amener à bonne fin.

Rappelons-nous que le vénérable Père Fondateur fut magnifiquement exaucé en 1822 lorsqu'il fit sa belle prière à Marie pour obtenir des sujets.

Dans le courant de cette année, il reçut seize nouveaux. Or, à cette date, l'Institut ne devait guère compter qu'une quinzaine de membres.

Pourquoi n'obtiendrions-nous pas aujourd'hui un résultat un peu analogue à celui qu'il obtint en 1822 ? Les besoins ne sont pas moins grands et moins pressants actuellement qu'ils n'étaient alors.

Prions donc et faisons prier avec confiance à l’exemple de notre Vénérable Père, et nous aurons le droit d'espérer que nous serons exaucés comme lui. Ayons cette intention dans nos Communions, à la Sainte Messe et dans nos autres exercices de piété. Que l'on recommande cette oeuvre à l'occasion des récollections mensuelles. Il me semble que l'on pourrait faire de temps en temps dans nos diverses maisons de recrutement et de formation un triduum peu chargé, mais très fervent, pour obtenir des vocations. Ceux qui auraient la bonne pensée et la générosité d'ajouter quelques petites mortifications volontaires aux prières du triduum seraient certainement bien inspirés.

Nous avons à notre disposition un moyen d'une valeur plus qu'ordinaire pour aider très efficacement au recrutement, c'est l'admirable Bref qui nous fut concédé avec tant de bienveillance par notre Saint-Père le Pape en 1908.

Ne manquons pas de remarquer et de faire remarquer autour de nous que Sa Sainteté recommande le recrutement de nos juvénats aux Archevêques et aux Evêques du monde entier ainsi qu'au clergé et aux familles chrétiennes.

Nous pouvons donc, en toute assurance, faire usage d'une recommandation émanant de la plus haute autorité qui soit sur la terre pour favoriser et faciliter notre recrutement. J'exhorte nos Frères Provinciaux, nos Frères Directeurs et nos Frères Recruteurs à répandre largement ce Bref parmi les membres du Clergé, dans les familles chrétiennes, et à s'en servir, au besoin, comme d'un très bon moyen de triompher de certaines oppositions.

L'ouvrage de M. l'Abbé Guibert « La Culture des Vocations » est un livre de première valeur en la matière. Je ne saurais donc trop en recommander l'étude à tous nos Frères. Les Frères Provinciaux, dans leurs visites, voudront bien s'assurer s'il est dans les bibliothèques à un nombre suffisant d'exemplaires.

Outre ces indications principales, chacun peut trouver d'autres moyens dans les inspirations de son zèle et en faire bon usage.

Quand on voit ce que font les gens du monde, la peine qu'ils se donnent pour faire prospérer leurs affaires, commerce, industrie, etc., et que l'on compare le peu que nous faisons parfois pour la prospérité de notre oeuvre si importante et si utile, on est porté à redire la parole du divin Maître : « Les enfants du siècle sont plus habiles dans la conduite de leurs affaires que les enfants de lumière ».

 NOUVELLE-CALÉDONIE.

 Au mois de juillet dernier, sur un rapport du C. F. AIbano, Visiteur, exposant la situation du district de la Nouvelle – Calédonie, le Conseil Général, décida d'adresser au Souverain Pontife, par l'intermédiaire du C. F. Procureur Général près le Saint-Siège, une supplique conçue en ces termes :

    Très Saint Père,

Le Procureur Général de l'Institut des Petits Frères de Marie, humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté, sollicite respectueusement l'autorisation de pouvoir ériger le district de la Nouvelle-Calédonie, colonie française, qui comprend six maisons et une quarantaine de sujets en vice-province autonome, et cela pour favoriser surtout la meilleure administration et le recrutement des sujets.

Le 3 septembre, la Sacrée Congrégation des Religieux daigna y faire la réponse suivante :

Vigore specialium facultatum a Smo Domino Nostro concessarum, Sacra Congregatio Negotiis Religiosorum Sodalium praeposita, attentis expositis, benigne facultatem tribuit Ordinario Lugdunensi, super praemissis providendi, de consensu tamen Ordinarii loci, ac dummodo omnia habeantur, quae de jure requiruntur. En vertu des pouvoirs spéciaux à Elle accordés par le Saint-Père, la Sacrée Congrégation préposée aux affaires des Religieux a bénignement concédé à l'Ordinaire de Lyon, la faculté de décider sur ce qui est demandé ci-dessus. Supposé néanmoins que l'Ordinaire du lieu soit d'avis conforme et que soient remplies toutes les conditions de droit.

En conséquence, le Conseil Général, dans sa séance du 21 octobre 1913, érigea par un vote unanime le district de la Nouvelle-Calédonie en vice-province autonome relevant directement du R. F. Supérieur Général et de son Conseil ; élut le C. F. Albano à la charge de Vice-Provincial, avec les attributions ordinaires des provinciaux dans leurs provinces respectives, et lui donna un conseil vice-provincial composé des Chers FF. Hamon, Joseph-Edith, Philotère et Paul-Casimir.

J'aime à espérer que, reconstituée sur ces bases, la vice-province verra s'ouvrir devant elle, moyennant la grâce de Dieu et la protection de Marie, une nouvelle ère de prospérité, pour la consolation des bons Frères qui ont déjà dépensé tant de sueurs à la culture de cette intéressante partie du champ du Père de famille, et qui ne demandent pas mieux que d'y consacrer, avec l'aide des jeunes auxiliaires que la Providence leur a envoyés et de ceux qu'elle leur réserve encore, tout ce qui leur reste de forces et de vigueur.

 FONDATION DU JUVÉNAT SAINT-JOSEPH

A RECKLINGHAUSEN (Allemagne).

 Depuis longtemps déjà, nous nourrissions le projet d'ouvrir une maison de formation dans une de ces régions de l'Allemagne qui ont fourni tant de bons sujets et nous étudiions le moyen de le réaliser.

Il y a quelques années, les autorités ecclésiastiques et civiles d'une ville de la Bavière, déclarèrent qu'elles seraient heureuses de nous recevoir, et nous firent les offres les plus cordiales et les plus avantageuses pour nous aider dans l'exécution de ce dessein. L'événement paraissait providentiel ; la localité était on ne peut mieux située pour notre recrutement dans le Palatinat d'où un grand nombre de nos Frères allemands sont originaires.

Une supplique fut donc rédigée avec soin, et, avec tous les renseignements utiles, adressée à la Direction des Cultes du gouvernement royal à Munich.

Mais l'heure choisie par la Providence n'était pas encore arrivée. Nous devions en effet échouer là, malgré l'appui de personnages influents et de plusieurs membres du Reichstag, malgré les recommandations les plus élogieuses de fonctionnaires et de plusieurs consuls allemands, entre autres ceux des îles Samoa, des Etats-Unis et du Rio-Grande-do-Sul, Brésil.

Le Ministère des Cultes répondit en substance que les Ordres religieux existants suffisaient largement à donner satisfaction à toutes les aspirations des jeunes gens qui désiraient embrasser la carrière de missionnaire catholique ; et que l'on ne voyait nullement la nécessité d'introduire une nouvelle congrégation religieuse. Et notre demande fat écartée.

La déception lut d'autant plus pénible que l'espoir avait été grand.

Mais, après un moment de tristesse, on se recueillit et l'on résolut de recommencer Il fallut plusieurs années de démarches, de négociations et d'attente résignée avant d'obtenir le succès dont M. le Président supérieur de la Westphalie donnait communication au Frère Directeur de notre maison d'Arlon par l'intermédiaire de qui toute la correspondance était échangée. Voici le document officiel :

 

GOUVERNEMENT ROYAL

 DIRECTION DES CULTES                                                   Münster, le 3 octobre 1913.

ET DE L'ENSEIGNEMENT.

 Monsieur le Directeur,

Messieurs les Ministres de l'Intérieur et des Cultes, par décret du 11 septembre 1913, autorisent les Frères Maristes des Eccles d'Arlon, Belgique, à ouvrir un établissement de leur Institut dans la ville de Recklinghausen, dans le but de former des Frères missionnaires pour l'étranger et spécialement pour les colonies allemandes.

Le Provincial de l'Ordre, chargé de la nouvelle province allemande à créer, devra être un Allemand et avoir sa résidence dans l'Empire. Vous êtes prié, avant l'ouverture de l'établissement, de nous fournir la preuve que ces conditions sont remplies.

La maison ne pourra recevoir que des enfants catholiques de douze ans révolus et ayant déjà suivi pendant une année le degré supérieur de l'école primaire. Il est entendu que les aspirants doivent avoir l'intention bien arrêtée d'embrasser la vie religieuse, et que leur admission ne sera pas un moyen détourné pour les soustraire à l'obligation de fréquenter l'école primaire.

Les membres de l'établissement ne pourront se livrer à aucune fonction autre que celle prévue par l'autorisation sans une permission expresse du gouvernement.

Après l'ouverture de l'établissement, qui ne devra se composer que de religieux de nationalité allemande, le Supérieur fournira à M. le bourgmestre de Recklinghausen une liste du personnel de la maison, en double exemplaire et d'après le modèle convenu.

Enfin, il sera établi chaque année, en. conformité aux règlements existants, une statistique mentionnant l'admission des aspirants nouveaux, comme aussi les mutations survenues dans le personnel.

                Le Président Supérieur

                       de la province de Westphalie.

 Recklinghausen, avec ses trois sections: Centre, Est et Sud, est une jolie ville de 59.000 habitants dans le diocèse de Münster. Elle est située presque aux confins du riche bassin de la Ruhr dont les centres industriels sont parmi les plus importants de l'Allemagne. Elle jouit ainsi de l'avantage de participer au bien-être sans être gênée par le tourbillon et la fièvre des régions ouvrières. Son climat est sain, et elle est d'aspect  riant et agréable. La population, qui comprend 49.000 catholiques romains, est partagée entre six paroisses et trois chapelles de secours. Le zèle du clergé maintient à un haut degré la piété et la prospérité des oeuvres. La foi s'est conservée très vive dans les familles ; et c'est vraiment un spectacle édifiant de constater l'assiduité aux offices de l'Eglise et le respect avec lequel le peuple s'acquitte de tous les devoirs de la religion.

Le pays est favorable aux vocations religieuses si l'on en juge par les habitudes chrétiennes si bien conservées, et par le nombre de sujets qu'il a déjà fournis à notre Congrégation.

Mais il nous fallait une maison ! La Providence nous a servis à souhait. Il y a une quinzaine d'années, un digne prêtre a construit à Recklinghausen un établissement pour réunir des jeunes gens qui feraient leurs études en vue d'arriver au sacerdoce. L’œuvre n'a pas pu fonctionner par défaut de personnel enseignant et de moyens matériels suffisants. La propriété a été acquise par la mense épiscopale, et elle est demeurée libre.

Nous nous sommes donc mis en relations avec Monseigneur l'Evêque de Münster. Sa Grandeur a accueilli avec la plus paternelle bienveillance notre demande de nous installer dans son diocèse et a accordé sa bénédiction à l’œuvre que nous voulons y fonder.

Nous avons à exprimer notre vive gratitude à Monseigneur et aux vénérés membres de son conseil pour la cordialité et la facilité avec lesquelles ont été menées les négociations réglant les conditions de notre entrée en jouissance de l'immeuble. Elles se sont terminées par un contrat provisoire intervenu entre la mense épiscopale de Münster et la Congrégation, le 12 décembre 1913. Il reste à obtenir quelques autorisations pour lesquelles les démarches sont en bonne voie.

Le prêtre qui a construit la maison avait placé son oeuvre sous le vocable de saint Joseph. Nous conserverons au glorieux Chef de la Sainte Famille ses prérogatives et sa place d'honneur. Et nous avons la conviction que le puissant patronage du Père nourricier de Jésus, et du chaste Epoux de Marie, assurera à sa nouvelle famille, le juvénat Saint-Joseph de Recklinghausen, la prospérité, c'est-à-dire la faveur de procurer à notre Congrégation de nombreux et bons religieux qui travailleront dans toutes les parties du monde, sous la protection de la Sainte Vierge, à étendre le règne de Jésus-Christ.

Cette pénétration dans un grand pays par l'établissement de la première communauté en Allemagne est un bienfait de Dieu plus qu'ordinaire et digne de faire époque dans les annales de l'Institut.

Les Frères de langue allemande voudront le reconnaître par un accroissement de ferveur, de régularité et de dévouement. Et tous, nous remercierons cette paternelle Providence qui bénit si visiblement notre modeste société.

 NOUVEAU JUVÉNAT À ANDORA, (Italie).

 La divine Providence a disposé les choses de manière à nous faciliter l'ouverture d'un nouveau juvénat pour la province de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

Depuis plusieurs années, ce juvénat était désiré par les supérieurs de cette province.

La maison est située sur les bords de la Méditerranée au diocèse d'Albenga. Elle présente de bonnes conditions pour une maison de formation religieuse.

Puisse-t-elle se remplir bientôt de bons jeunes gens qui se prépareront là à devenir des religieux fervents et des éducateurs zélés pour répondre aux nombreux besoins du moment.

Nous unirons nos prières pour obtenir que ce désir se réalise dans une large mesure.

 CHAPELLE DE ROME.

 Pour diverses causes et notamment pour nous conformer aux conseils de Son Eminence le Cardinal Ferrata, notre dévoué Protecteur, nous n'avons pas cru qu'il fût prudent de nous mettre à l’œuvre pour la construction projetée de notre chapelle de Rome.

Lors de mon récent voyage à la Ville Eternelle, j'ai consulté de nouveau Son Eminence sur cette question.

Sa réponse a été que nous pouvons aller de l'avant pour la réalisation du projet en prenant, bien entendu, les précautions commandées par la prudence.

Je vous ai déjà dit dans une précédente circulaire que nous considérons comme un réel avantage moral de faire participer toutes les maisons de l'Institut à l'érection de cette chapelle – elle sera ainsi l’œuvre de tous.

Je fis dans ce but un appel qui fut bien accueilli et qui produisit des résultats satisfaisants.

Mais la somme recueillie est de beaucoup inférieure a ce que coûtera la construction.

C'est pour cela, qu'après consultation du Conseil Général, j'ai cru bien de renouveler cet appel.

Pour les maisons qui seront à même de le faire sans détriment de leur versement ordinaire à la Caisse Commune, on pourra contribuer à l’œuvre pour un montant maximum de vingt francs par Frère.

Ce versement spécial sera envoyé directement au Frère Supérieur Général en se servant, au besoin, de l'intermédiaire du Frère Econome provincial.

 LETTRE DE S. E. LE CARDINAL MERRY DEL VAL.

 Selon notre habitude et pour accomplir un devoir de piété filiale envers le Père Commun des Fidèles, j'ai adressé, en mon nom, au nom des Membres du Régime et de tous les membres de l'Institut, à Sa Sainteté Pie X nos hommages et nos vœux à l'occasion des fêtes de Noël et de la nouvelle année.

Voici la réponse qui nous a été adressée :

 SEGRETERIA DI STATO                                                   Dal'Vaticano, le 20 janvier 1914.

DI SUA SANTITA

 Au Très Honoré Frère Stratonique,

Supérieur Général des Petits Frères de Marie à Grugliasco.

Très Honoré Supérieur Général,

Le Saint Père Pie X a ou pour agréable l'hommage des sentiments et des vœux de piété filiale que vous avez tenu à Lui offrir en votre nom, au nom des Membres de votre Conseil et de tout l'Institut à l'occasion des solennités de Noël et de la nouvelle année.

L'auguste Pontife vous remercie de cette protestation réitérée de dévouement et d'obéissance ainsi que de l' assurance de vos prières à Ses intentions. En retour, comme gage des faveurs célestes, Il accorde de cœur pour vous-même, pour votre conseil, votre famille religieuse et vos oeuvres la Bénédiction Apostolique implorée.

Je vous remercie des souhaits que vous avez bien voulu m'offrir avec l'assurance de vos prières pour moi, et je saisis volontiers cette occasion Pour vous exprimer, Très Honoré Supérieur Général, avec mes meilleurs vœux, mes sentiments dévoués en Notre-Seigneur.

              Cardinal Merry del Val.

 SCOLASTICAT SUPÉRIEUR.

 A la date du 14 juillet 1913 le Conseil Général de l'Institut a pris la délibération suivante :

En vue de favoriser la bonne formation des Maîtres destinés à nos juvénats, noviciats et scolasticats comme aussi pour maintenir autant que possible l'uniformité des méthodes et des directions pédagogiques dans nos écoles, et collèges des différents pays où nous sommes établis, le Conseil, à l'unanimité, donne pleine adhésion à la proposition laite par le Rév. Frère Supérieur de créer à Grugliasco un scolasticat supérieur où seront appelés des Frères des diverses provinces, et qui fera revivre, en le constituant sur de nouvelles bases, celui qui, d la Maison-Mère de Saint-Genis-Laval, a donné pendant vingt ans de très heureux résultats. Les cours dureront deux ans. On pourra donner un diplôme spécial aux Frères qui obtiendront une moyenne suffisante dans l'examen qui couronnera les deux années d'études. La forme et les autres caractères de ce diplôme seront étudiés ultérieurement.

En organisant ce scolasticat supérieur, nous nous conformons à l'esprit de l'article 207 (50) des Constitutions, et, par conséquent, à la volonté de Dieu.

Les cours s'ouvriront, s'il plaît à Dieu, au commencement du mois d'octobre de la présente année.

Les Frères Provinciaux sont invités à prendre leurs mesures pour pouvoir dégager, en temps voulu, chacun au moins un Frère pour ce scolasticat. Il est bien entendu que ces Frères continueront d'appartenir à la province qui les aura fournis.

On ne devra faire le choix que parmi les Frères profès de vœux perpétuels ; et, comme il est dit dans les Constitutions, parmi ceux qui ont reçu de Dieu des dons et qualités rares. L'âge d'environ 25 ans parait être le plus convenable.

Pour atteindre le but visé, il ne faudra désigner que des Frères jouissant d'une bonne santé. C'est -nécessaire pour qu'ils puissent suivre constamment et avec profit les deux années d'études.

    DÉPARTS POUR LES PAYS LOINTAINS.

 Province de Saint-Genis-Laval.

 1° En septembre 1912, d'Aden pour Constantinople F. Louis-Benoît.

2° En février 1913, de San Maurizio pour Constantinople : F. André de la Croix et F. François-Gonzague ; – De San Maurizio pour la Chine : F. Marie-Abel, F. Marie-Jules, F. Louis-Charles, F. Marius-Louis, F. Paul-Sébastien, F. Jean-Victor, F. Pierre-Marcel ; D'Aden pour la Chine : F. Jules-Victor ; – De San Maurizio pour Batticaloa : F. Louis-Gervase.

3° En juin 1913, de San Maurizio pour Constantinople : F. Joseph-Irénée.

4° En juillet 1913, de Marseille pour la NouvelleCalédonie : F. Joseph-Florent.

5° En octobre 1913, de San Maurizio pour Constantinople : F. Lucien-Joseph, F. Pierre-Cyrille, F. Eugène-Vincent, F. Joseph-Théodore, F. Léon-Prosper, F. Hilaire-Alphonse ; – De San Maurizio pour la Chine  ; F. Basilée, F. Louis-Valentin, F. Joseph-Georges ; De San Maurizio pour Aden : F. Louis-Marcellin.

 Province de l'Hermitage.

 Le 8 février 1913, du Havre pour les Etats-Unis : F. Hippolyte, F. Paul-Albert ; – Le même jour, du Havre pour le Canada: F. Marie-Anselme, F. Marie-Azarias, F. Marie-Amphien, F. Marie-Bonaventure.

 Province de Beaucamps.

 1° Le 10 février 1913, de Marseille pour le Brésil Méridional : F. Auguste-Léonard, F. Albert-Ferdinand, F. Clément-Victor, F. Frédéric-Emile, F. Jean-Adalbert, F. Joseph, F. Louis-Romuald, et F. LudovicJoseph.

2° Le 15 mars 1913, de Londres pour l'Afrique du Sud : FF. Joseph-Grégoire et Andreas-Joseph.

3° Le 1iermars 1913, d'Anvers pour Stanley ville, Congo Belge : FF. Joseph-Sabin et Aloys-Joseph.

4° Le 4 septembre 1913, de Marseille pour Constantinople : F. Louis-Bertrand.

5° Le 12 octobre 1913, de Marseille pour le Brésil Méridional : FF. Alfred-Félix, Anastase, Eugène-Frédéric et Jean-Victorin.

6° Le 13 octobre 1913, de Marseille pour le Brésil Central : F. Louis-Arbogaste.

7° Le 17 janvier 1914, du Havre pour les Etats-Unis: F. Marie-Clérus.

8° Le 30 janvier 1914, de Marseille pour le Brésil Méridional : FF. Etienne-Césaire, Humbertus, Johannès-Casimir, Marie-Stéphanus, Ambrosinien, Achille-Joseph et Victor-Elie.

 Province de Varennes.

 1° Le 3 décembre 1911, de la Rochelle-Pallice pour le Brésil Central : FF. Cyprien, José-Angelo et Jules-Baptiste. 

2° Le 7 juillet 1912, de Vigo pour le Brésil Central FF. François-Ermin, Pétrus-Eugène et Thomaz.

3° En octobre 1912, de Marseille pour le Brésil Central : FF. Lourenço-Thomaz et Sebastiâo.

4° En février 1913, de Marseille pour le Brésil Central FF. Elie-Désiré, Jean-Robert, Léon-Dieudonné et Marie Diodore.

5° Le 28 février 1913, de Messine pour la Syrie

FF. Claudius- Hilarion, Jules-Marie, Marie-Ildefonse, Marius-Stanislas et Pierre-Michel.

6° Le 12 juillet 1913, de Marseille pour le Brésil Central : FF. Giuseppe-Pietro, Jean-Martial, Joseph-Eubert et Pedro-Marcello.

7° Le 19 août 1913, de Marseille pour la Syrie: Frères Antoine-Emile, Florinus, Jean-Célestin, Louis-Ephrem, Marcellin-Jean, Marcellinus et Pierre-Maurice.

8° Le 17 octobre, de Marseille pour la Syrie : F. Joseph-Armand.

 Province de Lacabane.

 1° De la Rochelle-Pallice pour le Brésil Central, décembre 1911 : FF. Julian-Faustino et Miguel.

2° De Marseille pour le Brésil Central, octobre 1912. F. Josué.

3° De Marseille pour le Brésil Central, octobre 1913 : FF. Camilo-Valentin, Claudio-Felipe, Deodato, Enrique, Garcia, Juan-Pedro et Vicente-Ferrer.

Province d'Aubenas.

1° En mars 1911, de la Rochelle pour le Brésil Nord : FF. Fréjus, Joseph-Gérald, Joseph-Flavius, Eligius, Antoine-Réginald et Louis-Emilien.

2° En décembre 1911, de la Rochelle pour le Brésil Nord : FF. Manoel, Pierre-Ambroise et Louis-Cyprien.

3° En mars 1912, de Cherbourg pour le Brésil Nord FF. Philippe-Edouard et Marcellin.

4° En mars 1913, de Cherbourg pour le Brésil Nord: F. Armand-Joachim.

5° En novembre 1913, de la Rochelle pour le Brésil Nord : F. Jean-Julien.

 Province de Saint-Paul.

 1° Le 3 mars 1913, de Barcelone pour la République Argentine : F. Martino avec deux juvénistes.

2° Le 4 novembre 1913, de Barcelone pour la République Argentine F. Dieudonné avec deux juvénistes.

 Province d'Espagne.

 1° En juillet 1913, de Santander pour le Mexique F. Vito, avec la C. F. Euphrosin, provincial.

2° En juillet 1913, de Bordeaux pour la Colombie : F. Baldomero, avec le C. F. Théodore-Joseph, provincial.

3° Le 4 janvier 1914, de Barcelone pour le Chili et le Pérou, en compagnie du C. F. Floribert, provincial : FF. Luis, Hipôlito-Luis, Cristobal, Julio-Victor, Emilio-Valentin, Antonio-Ponciano, Bonifacio-Luis, Bruno-Andrés, Martin-José, Salvador-Maria, Jeronimo-Luis, Teófilo et Crisostomo.

 Province de Constantinople,

 Le 22 juillet 1913, de Marseille pour la Nouvelle-Calédonie : F. Louis-Arthur.

 Province des Iles Britanniques.

 En novembre 1913, de Londres pour l'Afrique du Sud : FF. Jérôme-Emilian et John-Clement, avec le C. F. Zéphiriny, délégué.

 Scolasticat Saint-François- Xavier.

 Le 22 juillet, de Marseille pour l'Océanie: FF. Michel-Augustin, Louis-Richard, Georges-Léon, Joseph-Gérard, Prosper et Auguste-Etienne, avec le C. F. Albano, visiteur de la Nouvelle-Calédonie.

 Juvénat de Carrion de los Condes.

 1° Le 25 mars 1913. de Barcelone pour le Mexique trois juvénistes, avec le F. Victoriano.

2° Le 26 juillet 1913, de Barcelone pour le Mexique trois juvénistes, avec le F. Bonaventure.

3° Le 4 janvier 1914, de Barcelone pour la République Argentine : un juvéniste, avec le C. F. Floribert, provincial.

4° Le 25 janvier 1914, de Barcelone pour le Mexique deux juvénistes, avec le F. Tirso.

 INFORMATIONS ET AVIS DIVERS

 IMPRESSION D'OUVRAGES.

 Comme on a pu le voir par la décision de la Sacrée Congrégation des Religieux publiée dans la Circulaire du 2 février 1913, il est interdit aux membres des Instituts à vœux simples aussi bien qu'à ceux des Ordres à vœux solennels de [ne] publier aucun ouvrage sans en avoir obtenu préalablement la permission de leurs Supérieurs compétents, à laquelle doit s'ajouter l'imprimatur de l'Ordinaire, s'il s'agit d'ouvrages intéressant la foi ou la morale.

Mais, pour que les Supérieurs puissent accorder la permission en connaissance de cause, il est indispensable qu'ils aient pu examiner le manuscrit par eux-mêmes ou le faire examiner par des personnes de leur confiance. C'est ce qui a déterminé le Conseil Général, dans une de ses dernières séances, à décider que dorénavant toute demande qui lui sera faite en vue d'obtenir I'impression d'un ouvrage devra être accompagnée d'un exemplaire du manuscrit, lequel sera retourné avec la décision.

 CROIX DE PROFESSION.

 Dans le but d'uniformiser les Croix de profession de nos Frères, nous en avons fait fabriquer une quantité d'après un modèle que nous avons sérieusement étudié et qui donne satisfaction. Les CC. FF. Economes Provinciaux sont vivement invités à s'approvisionner de ces Croix, qu'ils pourront trouver à l'Economat Général et à notre ancienne Maison-Mère de Saint-Genis-Laval.

 PETIT OFFICE DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE.

 Une nouvelle édition de notre Livre d'office, en conformité avec les prescriptions du récent Décret sur le Bréviaire romain est actuellement sous presse. Elle sera bientôt terminée. On pourra se procurer ce nouveau Livre d'office en s'adressant à l'Economat Général.

Une édition abrégée de notre Livre d'Office, à l'usage de nos Juvénats est également en préparation.

 " Avis, Leçons, Sentences ».

 L'édition française des Avis, Leçons, Sentences du Vénérable Champagnat étant épuisée, nous avons dû également nous occuper d'en faire faire une nouvelle, qui est en train de s'imprimer. Nous espérons qu'elle sera prête dans deux ou trois mois. Les maisons qui en seraient dépourvues pourront la demander dès à présent et on se fera un plaisir de la leur faire expédier dès qu'elle sera terminée.

 THE AMERICAN CATHOLIC HYMNAL,

 chez P. J. Kenedy, 44 Barclay St. New- York.

  Cet excellent ouvrage, préparé par nos Frères des Etats-Unis, contient plus de 300 cantiques harmonisés pour être chantés à 4 voix et avec paroles anglaises. La dernière partie renferme en outre 120 morceaux de chants latins, suivant le motu proprio de Sa Sainteté Pie X : messes, psaumes en faux-bourdons, motets, litanies, etc., etc. Tous ces morceaux sont notés en mu­sique. Cette magnifique collection a reçu l'approbation de la Commission d'examen de musique religieuse de l'Archidiocèse de New-York.

L'ouvrage porte aussi l'« Imprimatur » de Son Eminence le Cardinal Farley, archevêque de New-York.

On lit dans la Préface :

« This Collection is as varied in character as in source: we have attempted to meet the needs of trained choirs, of Congregations singing in unison, of children in school and of the family at home. But all those Melodies have been either selected or written with a view to promote the reverent and devotional singing prescribed by themotuproprio (Nov., 22, 1903). »

 Le fait de l'approbation de cet ouvrage par la Commission diocésaine de New-York, constitue une prouve authentique de sa haute valeur. J'engage donc les Frères Directeurs des maisons où ce livre pourrait être employé à contribuer de tout leur pouvoir à la diffusion de cet important ouvrage, bien propre à promouvoir la gloire de Dieu soit dans les écoles, soit dans les églises, soit même dans les familles.

 Nos DÉFUNTS.

 

      DUNN Harry, Juvéniste, décédé à Dundee (Ecosse), le 16 novembre 1912.

F. WENCESLAO MARIA, Profès temp., décédé à Las Avellanas (Lérida), le 2 janvier 1913.

    COULEMBIER Gaston, Postulant, décédé à Pommerœul (Hainaut), le 12 février 1913.

F. PERGENTINO, Profès perp., décédé à Las Avellanas (Lérida), le 1iermars 1913.

F. FINAN, Profès perp., décédé à Mittagong (Australie), le 19 avril 1913.

F. EUGENE, Profès perp., décédé à Varennes (Allier), le 19 mai 1913.

F. EUSTOCHIUS, Profès perp., décédé à Ventimiglia (Italie), le 20 mai 1913.

F. HENRI-STANISLAS, Profès temp., décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 20 mai 1913.

F. DIODORUS, Profès perp., décédé à Beaucamps (Nord), le 8 juin 1913.

F. SÉBASTIANUS, Profès perp., décédé à Varennes (Allier), le 8 juin 1913.

F. WENCESLAS, Profès perp., décédé dans la Province dé l'Hermitage (Loire), le 13 juin 1913.

F. MARIE-OTHMAR, Stable, décédé à Pontos (Espagne), le 15 juin 1913.

F. JOANNES, Profès perp., décédé dans la Province de St-Genis-Laval (Rhône), le 30 juin 1913.

F. JOSEPH-PAUL, Profès temp., décédé à Saint-Genis-Laval.(Rhône), le 7 juillet 1913.

F. PACOMIO, Profès perp., décédé à Lérida (Espagne), le 13 juillet 1913.

F. ARMENGOL, Profès temp., décédé à Moncada (Espagne), le 16 juillet 1913.

F. LOUIS- RAPHAÉLIS, Profès perp., décédé à Canton (Chine), le 17 juillet 1913.

F. ELIE-FRANÇOIS, Profès temp., décédé à San Maurizio (Piémont), le 24 juillet 1913.

F. GABRIEL-JOSÉ, Profès temp., décédé à Ruoms (Ardèche), le 24 juillet 1913.

F. MARIE-ACHILLE, Profès perp., décédé à Durango (Viscaya), le 31 juillet 1913.

F. JULES-LAURENT, Profès temp., décédé à Batticaloa (Ceylan), le 7 août 1913.

F. HÉRODION, Stable, décédé à Mocoa (Colombie), le 8 août 1913.

F. ANGELO-MARY, Profès perp., décédé à Dumfries (Ecosse), le 13 septembre 1913.

F. ADELPHINUS, Profès perp., décédé à St-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 17 septembre 1913.

F. SALVATEUR, Stable, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 7 octobre 1913.

F. PASCASIO, Profès perp., décédé à Sabadell (Espagne), le 25 octobre 1913.

F. SINDULPHE, Profès perp., décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 29 octobre 1913.

F. URBICE, Profès perp., décédé à Beaucamps (Nord), le 30 octobre 1913.

F. MARIE-FRANCISQUE, Profès perp., décédé à Varennes (Allier), le 2 novembre 1913.

F. CHRYSOLE, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 3 novembre 1913.

F. CÉLESTE, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 12 novembre 1913.

     Martin NAVA, Juvéniste, décédé à Jacona (Mexique), le 14 novembre 1913.

F. EDMOND-JUDE, Profès perp., décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 15 novembre 1913.

F. MARIE-SISOES, Profès perp., décédé à N.-D. de l'Hermitage (Loire), le là novembre 1913.

F. JEAN-CHRISTOPHE, Profès perp., décédé à N.-D.ame de l'Hermitage (Loire), le 15 novembre 1913.

F. FLORENTIN, Profès perp., décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 25 décembre 1913.

F. PELAYO, Profès temp., décédé à Las Avellanas (Espagne), le 4 décembre 1913.

F. PHILONIUS, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 4 décembre 1913.

F. PAULIEN, Stable, décédé à Grugliasco (Piémont), le 16 décembre 1913.

F. VALENTIN-JOSIEPH, Stable, décédé à Mouscron (Belgique), le 22 décembre 1913.

F. SYNDINE, Profès perp., décédé à S. Luis de Maranhâo, (Brésil), le 31 décembre 1913.

F. JOHN, Assistant Général, décédé à Grugliasco (Piémont), le 6 janvier 1914.

F. MARCELLIN- JOSEPH, Profès perp., décédé à Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales), le 7 janvier 1914.

F. VIVENTIOL, Profès perp., décédé à Carmagnola (Piémont), le 15 janvier 1914.

F. MARIE-REGIS, Profès perp., décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 26 janvier 1914.

 

La présente Circulaire sera lue en communauté, à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, M. T. C. F., la nouvelle assurance de mes meilleurs sentiments de religieuse affection et d'entier dévouement en Notre-Seigneur.

                      Frère STRATONIQUE.

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[1] : F Augustalis, F. Candidus, F. François-Laurent, F. Louis-Fraterne, F. Francis-Pierre et 7 jeunes Frères scolastiques (dont un Frère grec d'Athènes et un Frère roumain, se rendant tous deux à Constantinople conduits par le C. F. François-Laurent).

[2] : La plupart de ces orphelins perdirent leurs parents dans la catastrophe de Messine (1908).

[3] : Quelque chose de ce voyage a été dit dans le Bulletin de l’Institut (juillet 1913).

[4] : Oui, bien aéré, puisque l'ouragan terrible du 9 janvier dernier a renversé les murs du premier étage de la construction en cours, à la veille d'y poser la toiture. Heureusement les dégâts ne sont que matériels. Dieu en soit béni !

[5] : Au mois d'octobre dernier la petite Communauté est revenue à trois membres.

[6] : Ce titre d' « Académie » lui a été donné dès le début do Vannée scolaire 1913-14,

[7] : Ils ne leur ont pas échappé ! les élèves des Frères ont obtenu le premier rang à l'examen final.

 

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