Circulaires 265

Diogène

1920-05-31

Circulaire du 31 mai 1920.   Les Membres du Chapitre Général à tous les Frères de l'Institut — Déclaration du R. Frère Stratonique — Election du R. Frère Diogène et des autres membres de l'Administration générale.

265

20.3

 V. J. M. J.

Grugliasco, le31 mai 1920.

 Les Membres du Chapitre Général

à tous les Frères de l'Institut.

              Nos très Chers Frères,

Pour donner une satisfaction à votre impatience, bien légitime, du reste, de connaître les importants travaux qui ont marqué le début du 12° Chapitre Général, nous venons vous en adresser une relation courte et rapide. Vous y trouverez un motif, ajouté à tant d'autres, de bénir la divine Providence et la Très Sainte Vierge Marie, notre Ressource ordinaire.

Fidèles à l'appel du Révérend Frère Supérieur, dans sa circulaire du 14 octobre 1919, les capitulants, au nombre de 61, se trouvaient réunis, à Grugliasco le16 mai, jour convenu ; et cela malgré les mille obsta­cles qui rendent à notre époque profondément troublée, les voyages si difficiles : crise de transports, grèves mul­tipliées, difficultés de passeport, etc.

Le lendemain, s'ouvrait la retraite préparatoire au Cha­pitre Général. Par une heureuse coïncidence que ne man­quèrent pas de souligner le R. P. Prédicateur et les Supérieurs, elle avait lieu durant le mois de mai ; elle re­produisait en quelque sorte, à 1900 ans de distance, celle, si mémorable, présidée par Marié au Cénacle ; enfin Pente­côte, prescrite par S. S. Léon XIII. Le St Esprit et Marie ! Sous quelle influence plus douce et plus salutaire, aurions-­nous pu placer nos saints exercices et les travaux aux­quels ils nous préparaient ?

Dès le premier jour de la retraite, le R. F. Supérieur nous fit la déclaration suivante : 

« Mes très Chers Frères,

« Ayant été informé verbalement et par diverses lettres que quelques capitulants pourraient peut-être avoir l'idée de me confier de nouveau la charge de Supérieur général de l'Institut, je crois qu'il est de mon devoir de vous déclarer, au début de cette retraite préparatoire, que je suis absolument opposé à cette réélection.

Ce n'est qu'après avoir prié, consulté, et bien pesé toutes choses devant Dieu, que je me suis décidé à faire cette déclaration.

« Je suis très persuadé que le véritable intérêt de l'Institut demande que le Chapitre élise un nouveau Supérieur général. Après 37 ans d'administration, soit comme Assistant, soit comme Supérieur général, il est temps, ce me semble, qu'il me soit donné un peu de répit pour me préparer à la mort qui ne saurait être éloignée. Ils sont rares, ceux qui arrivent à 80 ans ; et j'en ai 77 bien comptés.

« Mais il est entendu que je ne refuse pas le travail. Je suis tout disposé à accepter religieusement l'emploi que voudra bien me confier mon successeur.

« Dieu aidant, je mettrai toute ma bonne volonté à m'en acquitter le mieux possible à l'exemple du Vénéré Frère François, qui, pendant 20 ans, après avoir été déchargé du fardeau du généralat, se sanctifia de plus en plus dans la maison de l'Hermitage, tout en y tra­vaillant à la sanctification dès autres.

« Je crois pouvoir dire que pendant mes 12 ans de généralat, j'ai toujours voulu, sinon procuré, le plus grand bien de l'Institut, soit aux yeux de Dieu, soit aux yeux des hommes.

« Ai-je fait tout ce que j'aurais pu et dû faire pour cela ? Hélas! j'ai bien des mea culpa à faire !

« Aussi, je profite de cette solennelle circonstance pour faire ma coulpe devant tout l'Institut, représenté ici par les capitulants venus de toutes les provinces.

« Et je vous demande de m'aider à obtenir du bon Dieu le pardon pour le mal que j'ai fait, et pour le bien que je n'ai pas fait, et que j'aurais dû faire »

Ce n'est pas sans un vif serrement de cœur que les membres du chapitre écoutèrent cette déclaration pro­noncée sur un ton à la fois calme et décidé. Personne ne pouvait se faire à l'idée de ne plus voir à notre tête ce chef vaillant, ce vénéré supérieur, qui ne connut jamais ni la peur ni le découragement, et que l'histoire de notre Institut proclamera un jour « l'infatigable semeur de cou­rage et de confiance». Sa verte vieillesse nous avait laissé l'espoir que longtemps encore pourrait retentir à nos oreilles sa parole chaude et vibrante. Mais le ton caté­gorique de son discours qu'il appuyait de son autorité su­prême ; et surtout la pensée que 63 ans de vie religieuse et 37 ans d'administration, dont 12 de généralat, lui avaient largement gagné quelques années de repos et de tran­quillité, ne nous permettaient pas de nous opposer à ce désir, qui dans la circonstance prenait la forme d'un ordre.

Le jeudi suivant, 20 mai, eut lieu, dans la grande salle du second noviciat, qu'une ingénieuse organisation avait transformée en une magnifique salle capitulaire, la véri­fication des pouvoirs, laquelle s'acheva le lendemain, 21, par la validation de toutes les élections. Le chapitre gé­néral, régulièrement constitué, procéda ensuite à l'élection de son bureau : secrétaire et scrutateurs.

La belle fête de la Pentecôte, qui coïncidait avec la clôture de la retraite, fut vraiment un jour de joie pour toute la maison.

A onze heures, la cérémonie si imposante de la réno­vation des vaux ; puis, le soir, une émouvante consécration à la Ste Vierge, prononcée par le vénérable doyen du Cha­pitre, le C. F. Amphiloque, et enfin le salut solennel ter­minèrent magnifiquement et pieusement nos saints exercices et cette radieuse journée.

Le lendemain, 24 mai, fête de N. D. Auxiliatrice, devait être un grand jour. Après la Messe du St Esprit, à la­quelle tous les capitulants firent la sainte communion, ils furent conduits processionnellement à la salle capitulaire par toute la communauté et le R. P. Aumônier portant la Relique de la vraie Croix : le moment était venu de procéder à l'élection du R. F. Supérieur. Après la béné­diction donnée avec la sainte Relique, le clergé quitta la salle dont les portes furent fermées en dehors. La séance s'ouvrit par l'impressionnante cérémonie du serment. Soixante et une fois retentit dans la salle, la formule

« Je promets par serment d'élire ceux que je jugé devoir élire selon Dieu ». Le R. F. Supérieur Président prie alors le C. F. Angélicus, premier Assistant, d'élire le chapitre du Directoire général traitant des qualités que doit avoir le Frère Supérieur. Cette lecture terminée, le C. F. Dio­gène est prié de lire à son tour, dans la circulaire du R. F. Louis-Marie en date de 30 novembre 1879 : Voix  du ciel.- Voix du Purgatoire. – Voix de l'enfer. Après la méditation durant laquelle devant Dieu, et en face de sa conscience, chacun dut déterminer son choix, chaque capitulant se rend au fond de la salle, écrit sur son billet le nom de son candidat, vient le déposer dans l'urne et retourne, à sa place après avoir fait la génuflexion devant la Relique de la vraie Croix. Le moment est solennel ; un religieux silence règne dans la salle. L'urne est vidée sur la table ; les billets comptés. Leur nombre est reconnu égal à celui des votants. Le dépouillement .commence ; tous les cœurs palpitent sous le coup d'une émotion in­tense : un nom, toujours le même, est prononcé par le premier scrutateur, répété par le deuxième, par le secré­taire et son aide. Les voix sont comptées. Le Cher Frère DIOGÈNE est élu presque à l'unanimité. Devant l'assemblée tout entière debout, le R. F. Supérieur Président, déclare « Moi, Frère Stratonique, au nom de la Très Sainte Tri­nité, Père, Fils et St Esprit, et sous la protection de la Beuse Mère de Dieu, en mon nom et au nom de tous ceux à qui, selon les Constitutions de cet Institut, il ap­partient d'élire un Supérieur général, Frère Diogène ayant obtenu la majorité absolue des suffrages du chapitre, je le nomme et le proclame Supérieur général des Petits Frères de Marie ». — « J'accepte en esprit d'obéissance le vote qui vient d'être émis, reprend celui-ci, les larmes aux yeux mais parfaitement maître de lui ; je demande au Seigneur de bénir mon grand sacrifice. Gloire à Dieu! Je me confié à N. . Auxiliatrice et je la supplie de m'assister, de nous assister tous maintenant et toujours». Les deux scrutateurs le prennent alors par la main et le conduisent au fauteuil préparé au fond de la salle. De son siège de Président, le Très Révérend Frère Strato­nique (ce sera désormais sous ce nom que nous le dési­gnerons) lui adresse une vibrante allocution dans laquelle

il rappelle le brillant et fructueux gouvernement que le R. F. Diogène a exercé durant près de vingt ans, à divers titres, sur la province du Nord. Il évoque aussi le dévoue­ment, la force de caractère, l'héroïsme même, dont il donna de si belles preuves durant les quatre années de sa capti­vité volontaire à Beaucamps, et au cours desquelles il se fit le défenseur, le pourvoyeur et parfois le vengeur de nos bons anciens frères et de tous les habitants de la région. Bien des larmes coulent ; larmes de joie et de reconnaissance pour la divine Mère qui nous l'avait con­servé au milieu de tarit de dangers. C'est alors le moment de la cérémonie de l'hommage : les membres du Chapitre viennent s'agenouiller deux à deux devant leur nouveau chef, lui promettre obéissance et lui demander sa béné­diction. L'émotion est à son comble lorsque paraît à son tour devant le nouvel élu, celui qui venait de déposer le fardeau du généralat. Une lutte s'engage entre deux humi­lités ; mais bientôt un accord intervient : le nouveau Su­périeur bénira l'ancien à la condition expresse que celui-ci consente à le bénir à son tour, ainsi que l'assemblée. Le T. R. F. Stratonique veut bien adhérer à cette proposition, parce que, dit-il ; il s'agit d'un acte essentiellement reli­gieux. Les portes sont alors ouvertes ; et la cloche, sonnant à toute volée, annonce l'heureuse nouvelle à la commu­nauté. Au chant du Magnificat, précédé par les Frères de la maison, les capitulants et le R. P. Aumônier rapportant la Relique de la vraie Croix, le R. F. Diogène est conduit à la chapelle. Dans le chœur, un prie-Dieu avait été préparé pour lui. Un salut solennel, durant lequel le chant du Te Deum traduit l'immense reconnaissance de tous les assistants, clôture cette première élection dont la nou­velle sera saluée dans tout l'Institut par une explosion de sainte joie. Que de leçons précieuses pourraient tirer de cette émouvante cérémonie les conducteurs de peuples, les candidats aux charges publiques, leurs électeurs, les hommes qui montent au pouvoir et ceux qui en descen­dent ! Mais ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans de telles considérations. Dans l'après-midi, tous les groupes de la maison, réunis dans la salle d'exercices du second novi­ciat, présentèrent au nouveau Supérieur l'hommage de leur filiale affection et l'expression des sentiments de joie qui remplissaient tous les cœurs. Le discours était en prose ; mais c'était de la poésie pure. Inutile de vous dire que la réponse fut à la hauteur de l'adresse.

Et maintenant, N. T. C. F., vous attendez de nous un mot sur le nouveau Supérieur que nous vous avons nommé. Ce que nous savons de son passé, comme aussi ce que nous ont déjà révélé les premiers actes de son généralat : tout cela nous autorise à formuler un jugement que, nous n'en doutons pas, l'histoire de notre cher Institut ratifiera plus tard. Il sera sage dans le conseil, prudent et prompt dans la décision, ferme dans l'exécution, vaillant dans la lutte, fort dans l'épreuve. Tout semble montrer qu'il a pris pour devise « Suaviter et fortiter ».         

Le lendemain 25 devait être encore une journée d'élec­tions. Avec le cérémonial de la veille, à quelques détails près, furent élus les huit Frères Assistants Généraux, le C. F. Econome général, et le C. F. Secrétaire général. Vous aurez une idée du bon esprit qui anime les membres du chapitre, de l'union parfaite qui existe entre eux, et par voie de conséquence, de la vitalité de notre cher Institut., lorsque nous vous aurons dit que chaque élec­tion nécessita un seul tour de scrutin, et que pour tous les élus, le chiffre de voix approche de l'unanimité.

Voici dans l'ordre de leur élection las noms des membres du nouveau Régime.

 

C. F. Angélicus . .          1e Assistant général

» » Flamien                    2e        »          »

» » Michaélis . .             3e        »          »

» » Columbanus .          4e        »          »

» » Elie-Marie . .            5e        »          »

» » Augustin-Joseph     6e        »          »

» » Marie-Odulphe .      7e        »          »

» » Euphrosin . .            8e        »          » 

» » Pierre-Joseph .       Econome général 

» » Dalmace . . .            Secrétaire général.

 

La plupart des nouveaux Assistants vous sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de vous faire leur éloge. Nous nous contenterons de vous dire qu'ils entrent au régime avec la volonté de se dévouer corps et âme aux grands intérêts qui leur seront confiés,

De puissants encouragements nous sont venus de Rome, accompagnés de la bénédiction apostolique que le Saint Père a bien voulu accorder à tous les membres du Cha­pitre S. E. le cardinal Granito di Belmonte, Protecteur de l'Institut, le cardinal et S. E. archevêque de Lyon ont daigné aussi nous adresser un mot très affectueux et très bienveillant.

Et maintenant, N. T. C. F., laissez-nous vous ledire en toute simplicité, c'est grâce au secours de vos bonnes prières que nous avons pu mener à bien les élections, cette partie si importante de la mission que vous nous avez confiée. Nous vous supplions de redoubler de ferveur – pour obtenir de Dieu que nous nous acquittions de ce qui nous reste à faire,. au mieux des intérêts de la gloire de Dieu et de notre cher Institut.            

Recevez l'assurance des sentiments de sincère et reli­gieux attachement avec lesquels nous sommes, en J. M. J.

 Nos très chers Frères,

 Vos très humbles et très dévoués serviteurs : 

Les Membres du Chapitre Général : 

F, DIOGENE, F. STRATONIQUE, F. ANGELICUS, F. FLAMIEN, F. MICHAELIS, F. COLUMBANUS, F. ELIE-MARIE, F.­AUGUSTIN-JOSEPH, F. MARIE-ODULPHE, FRERE EUPHROSIN, F. PIERRE-JOSEPH, F. DALMACE, F. CANDIDUS, F. AMPHILOQUE, F. GABRIEL, F. MARIE-VICTORIC, F. MARIE-CHARLES, F. CAMARINUS, F. DENIS, F. CLEMENT, F. HERIBERT, F. BASSIANUS, F. JOSEPH-PHILIPPE, F. JOSEPH-EMERIC, FRERE MARIE-CALLIXTE, F. ACATIUS, F. CONON, F. BONAVENTURE, F. JEAN-EMILE, F. FLEURY, F. MARIE-­NIZIER, F. ALBANO, F. CONSTANCIEN, F. BERTUALD,. F. CECILIANUS, F. THEODORE-JOSEPH, F. PIERRE-DAMIEN, F. MELCHIOR, F. HERVIANUS,F. ALPHONSUS-MARY, F. ANTONIN, F. STANISLAS, F. CORNEILLE, F, MARIE-ALYPIUS, F. MARIE-AGATHON, F. BENOIT, F. ALFANO, F. GABRIEL-­MARIE, F. FLORENT, F. JOSEPH-OVIDE, F. MARIE-BEATRIX, F. MARIE-DAMIEN, F. GEORGE, F. EUSEBIO, F. GERMANUS, F. MARIE-ADRIEN, F. BLANDIN, F. MARIE-VITAL, F. LEGONTIANUS, F. LAURENTINO, F. MARIE-FLORIANUS, FRERE JOSEPH-BORGIA.

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