Conférence sur la pénitence

Marcellin Champagnat

Le mot latin Paenitentia signifie repentir. Repentir marque, outre le changement de sentiment pour lavenir, le regret et la douleur pour le péché.

Si lon a manqué à quelquun dont on dépende et qui soit fort au-dessus de nous, la douleur quon en ressent porte à nous abaisser et lui en faire satisfaction. Un sujet, par exemple, qui a porté les armes contre son Prince, met bas les armes, condamne hautement sa conduite passée, sabaisse profondément, pour réparer le crime de sa révolte.

La pénitence est donc, selon la force du nom, que lui donne les latins, une douleur et une détestation, du péché, que lon a commis, avec la résolution sincère de (ne) le plus commettre, et la volonté de réparer, en la manière quon le peut, linjure faite à Dieu par le péché.

Ainsi, faire pénitence, cest détester le péché (y renoncer) de tout son coeur, et le punir en soi-même: et ce quon appelle lesprit de pénitence, cest la disposition dun homme qui, pénétré du regret davoir péché, reconnaissant ce quil doit à la justice de Dieu, prend contre lui-même sans se flatter, les intérêts de sa justice, et sefforcer, par tous les moyens possibles, dy satisfaire, afin den obtenir miséricorde, cest encore ce quon appelle vertu de pénitence.

On appelle faire encore sa pénitence, sacquitter des oeuvres satisfactoires, imposées par le confesseur. Cest ce dont nous parlerons dans la conférence touchant la satisfaction.

Enfin, on appelle pénitence, le Sacrement institué par Notre Seigneur Jésus-Christ, pour la réconciliation des pécheurs.

Avant de passer au Sacrement de Pénitence, voudriez-nous vous dire sil est nécessaire savoir la vertu de pénitence, maintenant que Notre Seigneur J.C. a institué le Sacrement de Pénitence? Et quelle différence y a-t-il entre la pénitence comme vert u et la pénitence comme Sacrement?
Il y a cette grande différence que le Sacrement de Pénitence nest nécessaire que depuis que Notre Seigneur J.C. la instituée et quil na lieu que pour les péchés, commis après le Sacrement de Bap(tême). Au lieu que la vertu de pénitence a été, di t le Concile de Trente, nécessaire en tout temps pour obtenir la grâce et la justice à tous ceux qui sétaient souillés par quelque péché mortel, et même à ceux qui demandaient à être lavés par le Sacrement de Baptême. Il a toujours été nécessaire que le pécheur renonçât à sa malice, et quil sen corrigeât, en détestant avec une sainte haine et une sincère douleur de coeur loffense quil avait commise contre Dieu.

Cette nécessité de la pénitence pour tous les temps et pour tous les pécheurs est fondée sur deux lois, que Dieu a établies.

1º Dieu est lordre essentiel et immuable; il ne se réconcilié avec le pécheur que quand celui-ci rentre dans lordre de ses devoirs.

Lopposition de sa volonté avec celle de Dieu est un désordre et une révolte; et, pour que Dieu le pardonne, il faut que le pécheur détruise cette opposition de sa volonté avec celle de Dieu. .

2º Il faut que tout péché soit puni. Tel est larrêt irrévocable, prononcé par celui qui est la Souveraine Justice; et le pécheur ne peut rentré en grâce avec Dieu, sil ne soumet volontairement à cet arrêt. Il est donc absolument nécessaire que le p écheur entre dans les vues de Dieu sur lui, quil prenne contre lui même les intérêt de sa justice; en les punissant volontairement et en acceptant, de bon coeur, les maux par lesquels il plaît à Dieu de le punir, en cette vie, sil ne veut que cette justice tombe sur lui, surtout son poids, et lécrase pendant léternité.

Car il ny a point de milieu, tout péché grand ou petit, dit St. Augustin, doit nécessairement être puni, ou par le pécheur pénitent, ou par la justice vengeresse de Dieu.

Le Sacrement de Pénitence est une signe sensible, institué par Notre Seigneur J. C. pour remettre les péchés commis après le Baptême.

Jésus-Christ linstitué après sa résurrection quand Il dit à ses Apôtres: vous les retiendrez.»
Le Sacrement de Pénitence consiste dans la contrition, la confession, la satisfaction de pénitent et labsolution du prêtre.

fonte: Après AFM. 134.23

RETOUR

Avant la communion...

SUIVANT

Fidélité à la grâce...