Lettres Ă  Marcellin

Père Jean-Claude Colin

1835-01-07

Belley, 7 janv(ier) 1834.
Mon bien cher confrère,
[1] Jai reçu votre lettre et vous remercie des voeux de bonne année que vous formez pour moi et vos autres confrères de Belley. Ne doutez pas de la sincérité de ceux que nous avons formés ici pour vous et toute votre maison. Vous avez toujours une part dans notre souvenir en la présence de Dieu.
[2] Je suis bien aise que mon frère soit de quelque utilité à nos chers confrères de Valbenoîte, et quils le voient avec plaisir au milieu deux. Jespère que le Seigneur bénira leur bonne volonté et quinsensiblement leur nombre saugmentera. Ici nous sommes, on ne peut mieux, contents de Mr Chanut. Tout ce que je crains, cest que sa santé ne puisse soutenir le travail auquel il se livre. Notre petit noviciat va passablement bien; un nouveau sujet va bientôt se joindre aux autres novices. Ainsi petit à petit la Société de Marie prendra consistance.
[3] Je suis bien aise que vous soyez content de nos deux frères que je vous ai conduits. Je trouve que vous leur donnez lhabit bientôt, mais je laisse cela à votre sagesse. Je crois quil seroit à propos que lun et lautre fussent réservés pour les emplois manuels, pour la cuisine, jardin, etc. Le grand ne peut guère faire autre chose, et le petit ayant du goût pour ces sortes de travaux, il sera bon, je pense, de ly destiner. Je désire, si vous le trouvez bon, que le grand soccupe un peu de menuiserie, de jardinage et autre chose de ce genre, et le petit de cuisine, et apprenne à avoir soin du linge. Il nous faut des frères qui sachent faire tout cela. Je suis aussi fort content du bon frère Timothée. Il a bonne volonté et un désir de bien faire; il fera un bon religieux. Mais pour le frère André, il na goût presque pour rien: il ne sait faire ni la cuisine ni le jardin, et ne montre de laptitude pour rien. Le frère Timothée nose pas toujours lui commander. Je crois que, vers le ca-rême, vous ferez bien de rappeler le frère André dans le noviciat pour le former à une vie plus laborieuse et aux tra-vaux manuels. Et à cet époque, je pense quil nous faudroit un jardinier. Frère Timothée desireroit le frère Joseph, ou le frère Jérôme. Mais auparavant jespère vous écrire.
[4] Il me semble aussi quil seroit bon que les frères occupés aux travaux manuels ne portassent pas le rabat, et quau lieu de la croix sur la poitrine, ils eussent le chapelet pendu à la ceinture. Vous verrez tout cela dans votre prudence.
[5] Jai marqué à votre compte 400 messe à 1 f(ranc) et 300 à 1 f(ranc) 20 c(entimes). Je vous remercie de vous souvenir ainsi de nous.
[6] Jembrasse bien tous vos chers frères et nommément les deux que je vous ai conduits. Mes voeux de bonne année à Mr votre confrère dont le nom ne me vient pas.
[7] Frère Timothée et frère André vous souhaitent tout ce que lon peut vous souhaiter dheureux.
[8] Je suis avec la plus grande estime et la plus sincère affection, votre très humble et tout dévoué serviteur,
COLIN, sup(Ă©rieur).
[9] Rappelez moi au souvenir de Mr Terraillon et offrez lui les voeux sincères que je ne cesse de former pour sa conversion. Quand je dis conversion, il sait bien ce que je veux dire.
[10] La Supérieure de Bon Repos a encore dans le monde deux neveux, frères du jeune Millot que vous avez dans votre maison. Elle désire fort les retirer du monde et les voir entrer dans la Société de Marie, mais ces enfants nont ni père ni mère. Laîné des deux a 15 ans, lautre en a 12. On pourroit en faire avec le temps des frères pour les collèges et autres maisons semblables. Mais il faudroit les faire instruire et les former de bonne heure; voyez ce que votre charité pourroit faire pour eux.

fonte: Daprès lexpédition autographe, AFM, lettres Colin; éditée en CSG, 1, pp. 176-178

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