Moyens de profiter des prières des 40 heures

Marcellin Champagnat

Lannée dernière, nous dîmes que nous devions profiter des la grâce des prières des quarante Heures, pour trois raisons principales.

La première est fondées sur le besoin que nous en avons. Grâces particulières pour se convertir, craintes raisonnables de ne jamais se convertir, si on manque cette belle occasion. Voyons, cette année, ce que nous devons faire pour bien passer ces trois jours.

1º Assister autant que possible à tous les exercices de ces trois jours et y assister avec recueillement. 2º purifier sa conscience par une bonne confession. 3º prendre de fortes résolutions pour éviter ce qui le confesseur vous aura dit déviter, et pratiquer ce quil vous aura recommandé.

Jésus-Christ se fait un plaisir de sapprocher de nous; nous devons nous faire un plaisir de nous approcher de lui. Cest St Augustin qui parle ainsi.

1º Assister, autant que possible, à tous les exercices des prières des 40 heures. Je dis à tous les exercices. Nous ne connaissons pas les moments de la grâce. Combien de saints sont dans le ciel et qui ny seraient pas, sils avaient manqué le moments favorable.

Que de damnés dans les enfers et qui ny sont que parce qils nont pas profités des moindres occasions ou quils les ont méprisées. Si les dix lépreux ne fussent pas venus à la rencontre de Notre-Seigneur, ils neussent pas été guéris. Si le centeni er neût pas demandé la guérison de son serviteur, sil eut manqué cette occasion de se convertir, il ne se fût jamais converti. Si Naaman eût manqué la seule circonstance de se laver trois fois dans les eaux du Jourdain…

Que viens-je faire ici, mes Frères? Je viens à la prière de vos pasteurs, pour me joindre à eux et à vous dans lintention de réparer les outrages que notre divin Sauveur reçoit dans ces jours, jours de débauches et de libertinage qui sont la honte d u christianisme. Je sais, mes chers frères, et cest ce qui fait la consolation de vos pasteurs et la notre, je sais, dis-je, que cette licence effrénée qui a lieu dans bien dautres paroisses, na pas lieu dans celle-ci; mais il suffit à des enfants bien nés de savoir quun père quils aiment tendrement soit outragé quelque part, pour quils en ressentent de la peine et quils redoublent daffection pour un père tendrement aimé.

Dans quelles dispositions Jésus-Christ, notre bon Père, veut-il que nous entrions pour le dédommager des insultes quon lui fait? Jen trouve deux.

La première disposition quil faut apporter pour profiter des prières des quarante Heures, cest la foi. Il faut que celui qui sapproche de Dieu, dit lapôtre St Paul, croie en Dieu, par conséquent, il est inutile de venir dans cette église et de vous prosterner au pied des autels, si vous navez pas la foi. Vous voulez adorer Dieu et lapaiser: la première démarche que vous devez faire, est celle que la foi vous propose.

En sortant de votre maison, et en entrant dans cette église, dites: Allons, mon âme, allons assister au triste spectacle dun Dieu mourant. Jetons les yeux sur lui, voyons comme il étend ses bras, comme ses mains sont percées par les clous… Mais, p our qui est-ce – mon âme?… Pour qui est-ce quil a voulu endurer tant de tourments? cest pour moi, cest pour effacer mes péchés, cest pour me donner sa grâce. Ce sont mes crimes qui lont attaché à cette croix; cest mon orgueil et ma vanité.
Seconde disposition quil faut apporter, cest la mortification, et la douleur: pourquoi? Pour nous conformer à Jésus-Christ allant à Jérusalem, où il devait être bafoué, moqué, flagellé, livré à la mort. Or, mes frères, si le chef souffre tant de pe ines, serait-il juste que les membres fussent dans les délices et dans la joie? quand Jésus-Christ parla à ses ap-tres, de sa passion future, quoiquil la leur expliquât fort distinctement, et quil leur marquât les différentes circonstances, ils ny comprenaient rien:

Comment cela leur était-il caché? cest quils prenaient cette vérité, comme une vérité outrée, et quils ne simaginaient pas que leur maître, qui faisait tant de miracles, en faveur des autres et qui pouvait, par conséquent, se garantir de la persé cution des Juifs, dût être effectivement exposé à de si mauvais traitements.

Cest, en second lieu, quils ne voulaient pas que cette prophétie saccomplit. On en trouve une preuve bien évidente dans Saint Matthieu. Jésus-Christ ayant dit à ses ap-tres beaucoup de choses qui devaient les consoler, leur apprit une nouvelle qui les affligea tous: Il faut que jaille à Jérusalem, et que jy souffre beaucoup dindignités de la part des pharisiens et des chefs de la Synaguogue. Il le faut, répondit St Pierre avec aigreurm et à quoi songez-vous? non, sans doute, cela ne sera pas.
Les apôtres ne voulurent donc rien connaître des souffrances futures de Jésus-Christ, et, qui plus est, ils ne voulaient pas même quelles arrivassent. Pourquoi cela? Ils voyaient, dit St Augustin, que si Jésus-Christ venait à souffrir toutes ces ind ignités et ces ignominies, ils se voyaient eux-mêmes obligés de le suivre et de partager avec lui ses disgrâces, ce fut aussi dans cette occasion que Jésus-Christ reprenant sévèrement cette délicatesse de St Pierre, jusquà lappeler Satan et sujet d e scandale. : lui fit connaître, et à tous les autresm la part quils devaient prendre à ses souffrancesm par ces paroles qui sont comme labrégé de la vie chétienne. IF quis vult .

Vous dites si souvent que vous voulez me suivre, vous passez dans le monde pour être mes disciples, mais jai une chose à vous dire, et qui est de la dernière importance; cest que celui qui veut venir après moi, doit se renoncer lui-même, porter sa Croix et me suivre.

Vous venez madorer aux pieds de mes autels, votre piété est louable, mais si vous ny venez dans un esprit de mortification et de douleur, cette piété est inutile: Vous venez me rendre vos respects, pendant que tant de libertins me deshonorent; votr e dévotion me plait; mais cela me plaira encore davantage, si vous renoncez à vous-même et à vos passionsm si vous quittez les divertissements et les joies du siècle, pour vous unir à mes souffrancesm si au contraire, après ces protestations que vo us me faites, vous vous abandonnéz au désordre, je vous dirai comme à St Pierre: Retirez-vous de moi, Satan, vous me scandalisez.

fonte: Après AFM. 134.1400

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