La vie catholique en Belgique

24/Oct/2010

Il n'existe en Belgique que peu d'adhérents d'une confession religieuse autre que l'Eglise catholique qui comprend par le baptême la presque totalité de la population. C'est là un fait qu'il faut mettre à l'actif de l'Eglise de Belgique.

D'autre part, on parle couramment, chez nous et à l'étranger de « la catholique Belgique ». Cette expression est-elle toujours exacte ? Ne cache-t-elle pas une réalité moins rassurante ? Pour nous dessiller les yeux, penchons-nous sur quelques chiffres et sur la carte de la pratique religieuse dominicale en Belgique, carte dressée par M. E. Collard, maître de conférences à l'Université catholique de Louvain:

 

                                                                                       Population totale au 31/12/1950                     Nombre approximatif de pratiquants      Pourcentage

du Royaume……………….. 8.653.000 …..3.658.000 ……42,2

de la région flamande ……4.360.000 …..2.236.000 ……51,2

de la région wallonne …….2.969.000 …..1.029.000 ……34,6

de l'arrondissement ………1.324.000 ……..393.000 ……29,7

Certes, il ne peut être question de tirer de ces chiffres des conclusions absolues sur la vitalité religieuse du pays. Mais on ne peut ignorer le caractère sérieux de la situation et moins encore continuer à se bercer d'illusions.

Un rapide examen de la carte fait apparaître trois régions qui ont conservé une forte majorité de pratiquants : en pays flamand, à l'ouest, la Flandre occidentale et une partie de la Flandre orientale ; à l'est, le Limbourg, la partie orientale de la province d'Anvers et une partie du Brabant flamand ; en pays wallon, les Ardennes, c'est-à-dire la partie sud-est de la province de Namur, presque toute la province du Luxembourg et le sud-est de la province de Liège, cette zone se prolongeant vers le nord-est, presque entièrement d'expression allemande.

Les régions de moindre pratique religieuse comprennent les grands centres urbains ; puis les agglomérations suscitées par les industries charbonnières, métallurgiques et textiles, par les carrières et par les ports ; enfin au voisinage de ces dernières agglomérations, les régions rurales habitées par une forte proportion de travailleurs industriels.

On remarquera que les provinces où l'on s'abstient davantage de fréquenter l'église sont celles du Hainaut, de Liège et de Brabant. De façon générale, la Belgique d'expression française — partie au sud de la frontière linguistique et une partie de l'agglomération bruxelloise — est moins pratiquante que la Belgique d'expression flamande.

Si l'on veut se faire une idée des effectifs religieux d'une région ou de la vitalité religieuse du pays, il faut tenir compte non seulement de la superficie du territoire qui correspond à chacune des régions désignées, mais aussi de la densité de la population de chacune de ces régions. A titre d'exemple, les trois quarts de la population belge sont englobés dans le quadrilatère Anvers-Verviers-Mons-Roulers-Anvers.

A envisager les choses objectivement, on peut conclure :

— que si la majorité des Belges est baptisée, elle est loin d'être pratiquante ;

— qu'il y a une baisse religieuse dans le pays ;

— que l'expression « Catholique Belgique » méritait cette mise au point.

Est-ce à dire qu'il faille pousser les choses au noir ? En toute objectivité, on ne peut ignorer les motifs d'espérer : culte de l'Eucharistie et du Sacré-Cœur, ardente dévotion envers Notre-Dame, admirables efforts du catholicisme d'action, mouvements de jeunes : jocistes, jécistes, jicistes, jacistes, scouts, routiers, légionnaires de Marie, etc., puissance de l'enseignement libre en face de celui de l'Etat et surtout foisonnement des Congrégations religieuses en Belgique.

L'annuaire catholique de Belgique pour l'année 1954 signale presque une soixantaine de Congrégations d'hommes aux buts les plus divers : prédication, enseignement, soin des malades, des vieillards, des débiles mentaux, liturgie, contemplation, presse, missions… Trente environ se livrent à l'enseignement primaire et secondaire, dont une dizaine composée exclusivement de Frères : Frères des Ecoles Chrétiennes, Frères Maristes, Frères de la Charité, Frères de Notre-Dame de Lourdes, Frères de Saint-Gabriel, Frères Van Daele, Frères Xavériens… Toutes ont pris des missions en charge dans les différentes parties du monde, mais spécialement au Congo belge. Toutes ont comme souci primordial d'assurer la relève. Ajoutez à cela les 6.800 prêtres séculiers : curés, vicaires, professeurs de très nombreux collèges épiscopaux, auxquels la culture des vocations sacerdotales est rappelée à temps et à contretemps dans les s'x diocèses du pays.

Ce bref aperçu témoigne de la vitalité religieuse de la Belgique malgré le recul signalé plus haut… Il fera mieux comprendre aussi les difficultés de notre recrutement, non pas parce qu'il y a moins de vocations, mais parce que le pays est saturé de Congrégations religieuses.

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