Nos défunts

11/Feb/2010

† Frère EUSTADE. — Aux quelques lignes que, dans le dernier numéro, nous avons déjà consacrées à la mémoire du Frère Eustade, nous sommes heureux d'ajouter les suivantes que lui dédiait le Diario Montañés de Santander, dans son numéro du 23 octobre 1910, sous le titre de Héros anonymes:

« Un étranger vêtu d'une humble soutane arriva dans le village. C'était un homme patient et modeste : avec quelques-uns de ses compagnons, il venait travailler à l'éducation des enfants. Il eut du miel dans ses paroles, de l'aimant dans son sourire et une source d'amour dans sa poitrine ornée de la croix du Rédempteur. Les enfants s'approchèrent de lui avec une adorable confiance et un joyeux empressement. Ils apprirent quantité de choses bonnes et utiles, et ils sont devenus hommes pour le travail et pour le monde, bien qu'ils soient encore enfants par la candeur de leur âme cultivée par le bon étranger en soutane, dont la poitrine était ornée de la croix.

Mais ce pèlerin sema tant d'heures de travail dans les champs de l'enfance, il eut tant d'amour et se sacrifia si généreusement pour la génération naissante du village étranger, qu'il fut atteint de cette lente maladie qu'on dit être particulièrement celle des natures d'élite, et qui fauche, hélas ! avec une impitoyable rigueur, au plus beau moment de leur existence, tant de martyrs de la charité.

Le Frère Eustade — car c'est ainsi qu'on appelait celui qui nous occupe — est mort -souriant et tranquille, dans la pleine maturité de son âge et dans le plus doux rayonnement de son amour pour l'enfance. Il est mort; mais il vit encore. Ce cœur pieux que la terre recouvre a laissé une abondante semence de bonté et d'innocence dans le cœur des jeunes villageois, et un grand nombre d'enfants, qui déjà paraissent des hommes dans les luttes de la vie, sentent dans leur poitrine le battement vigoureux de cette fontaine d'amour généreux et fécond qui du cœur du Frère s'est épanchée dans le leur.

Non, on ne peut pas dire qu'il meurt, celui qui laisse florissant après lui le doux souvenir de ses vertus, celui qui laisse dévotement allumée dans le cœur de toute une population la lampe de la reconnaissance.

Ce religieux humble et ignoré, cet étranger qui, sans bruit, sans ostentation, a formé pour la vie honnête et la bonne société une génération de la bourgade champêtre, a laissé dans le monde une trace ineffaçable de son passage, le doux parfum d'une de ces fleurs qui s'épanouissent à l'ombre; en un mot, le souvenir durable et serein d'une âme grande et noble à cause même de la simplicité avec laquelle elle se sacrifie.

" Heureux hommes, vraiment, ces pèlerins qui, sous la soutane et la croix, vont de village en village cultiver l'esprit et le cœur de l'enfance, sans attendre ici-bas d'autre prix de leurs travaux que le petit coin de terre étrangère où ils succomberont, épuisés de soins et de fatigues, et qui meurent souriants et satisfaits, à la seule pensée que la poussière de leur corps sera mouillée de larmes d'affection et de reconnaissance!…

Au nom des élèves du Frère Eustade, je demande aux aimables lecteurs de cette chronique une prière pour l'âme de ce cultivateur inconnu des cœurs cantabres »

Concha Espina De Serna.

† Frère LAURENT, stable. – Frère Laurent (Jean Moreau) naquit en 1849 à, Saint-Laurent de Médoc (Gironde), d'une des meilleures familles du pays, tant au point de vue de l'aisance que de l'honorabilité et des sentiments religieux. A l'âge de 14 ans, il entra au noviciat de Hautefort, qui était alors le centre de la future province de N.-D. de Lacabane, et il y fit preuve d'une piété, d'une droiture d'âme et d'une souplesse de caractère qui le placèrent très avantageusement dans l'estime du Frère Théophane, récemment élu assistant, et sous la juridiction duquel se trouvait le district.

Placé d'abord en qualité de maître-adjoint à l'école de Hautefort même, il exerça ensuite; successivement, les mêmes fonctions à Saint-Cyprien, à Neuvic, à Royans et à Saujon. En 1884, il fut nommé directeur de la maison de Blanquefort, et en 1887 de celle de Bort, où il resta pendant seize ans, sauf une interruption de trois ans (1892-96) pendant lesquels il dirigea l'école de La Roche .Chalais. Dans ces trois établissements, et principalement dans celui de Bort, où il est resté plus longtemps, il a laissé la réputation d'un excellent maître et, ce qui vaut mieux encore, l'édification d'un saint.

Lorsque, en 1903, la chrétienne municipalité d'Oñate, en Guipúzcoa, offrit pour refuge à nos Frères de N.-D. de Lacabane le magnifique local de l'Université à condition qu' ils y ouvriraient une école pour les enfants du pays, ce fut le Frère Laurent qui fut nommé directeur de cette maison; et, malgré la difficulté que lui créait, à lui et à ses coopérateurs, la connaissance nécessairement imparfaite qu'ils avaient tous de la langue espagnole, il sut conquérir dès l'abord l'estime et la confiance 'des familles, en même temps que l'affection des enfants.

Sur ses pressantes instances, en 1907, il fut déchargé du poids de l'autorité, et avec l'agrément des supérieurs il se donna pour mission de peupler de bons et pieux enfants et jeunes gens le juvénat et le noviciat de la province, qui commençaient alors à se reconstituer à (Mate d'abord, puis à Anzuola.

Que de longues et pénibles excursions il a faites dans ce but à travers les montagneuses régions des Pays Basques et de la Navarre espagnole! Mais Dieu bénit ses sueurs; et voilà trois ou quatre ans que, grâce à ses efforts, la maison de formation d'Anzuola se trouve remplie d'une jeunesse qui donne beaucoup à espérer.

Le bon Frère Laurent en était heureux; et, bien que nommé directeur de la maison depuis quelques mois, il n'avait pas renoncé entièrement à sa mission favorite de recruteur. Il retournait à peine d'une dernière exploration dans les montagnes de Guipúzcoa, lorsque, le 10 novembre 1910, la mort est venue le ravir, après une maladie de quelques jours, à l'affection de sa chère maison d'Anzuola, qui, selon les vues humaines, avait tant besoin de lui.

Du moins elle a eu la consolation de le voir mourir dans de grands sentiments de piété et de confiance en Dieu, et muni de tous les secours que la sainte' Eglise tient en réserve pour ses enfants à cette heure suprême.

Puisse-t-il avoir reçu au ciel la couronne de justice, en récompense du bon combat qu'il a Si longtemps et si courageusement soutenu! – R. I. P.

† Frère MARIE-DOMNIN, profès des veux perpétuels. – Né Basile Rocipon à Chomelix (Hte-Loire) en 1833, il fut admis au noviciat de N.-D. de l'Hermitage au mois d'octobre 1848, puis, après ses premières années de probation, employé comme professeur à l'Arbresle. En 1857, il fut mis à la tête de l'école communale de Saint-Genis-Laval, qu'il dirigea avec succès pendant vingt ans. Il la quitta en 1877 pour succéder, comme directeur du pensionnat de Beaujeu, au Frère Amphion, nommé à la direction de la maison de N.-D. de l' Hermitage. La concurrence de nombreuses maisons similaires qui s'étaient établies dans les alentours 1' obligea à se donner beaucoup de peines pour assurer à l'établissement le nombre d'élèves nécessaire à sa bonne marche; mais il se montra infatigable, et, pendant les 21 ans qu'il y resta, la maison se maintint dans un état de prospérité relative. Que ce souci du recrutement n'ait pas nui parfois un peu à .quelques-unes des autres préoccupations qui s'imposent à la sollicitude d’un directeur de pensionnat, nous n'oserions l'affirmer absolument; mais la perfection est si rare en ce monde! D'ailleurs le Frère Marie-Dommin n'épargnait pas non plus ses soins pour rendre aussi effective que possible sa 'tâche d'éducateur, et ses élèves, dont un grand nombre occupent aujourd'hui des situations fort honorables, lui ont conservé, en général, un excellent souvenir, comme le prouve, entre beaucoup d'autres documents, cette lettre de l'un d'eux, qui est curé dans une paroisse du diocèse de Belley:

Je suis vraiment navré de n'avoir pas été averti assez rot pour pouvoir me rendre à Saint-Genis pour assister aux funérailles de mon bon directeur, le Frère Marie-Domnin. Je me serais fait un honneur et un devoir de l'accompagner à sa dernière demeure, et de représenter les nombreux Beaujolais qui ont été élevés sous sa sage direction. J’estimais beaucoup le Frère Marie-Domnin, et ses dernières années passées dans les plus humbles emplois m'avaient rempli d'admiration pour celui qui, après nous avoir montré comment il savait commander, nous donnait l'exemple de la plus humble obéissance. A Certines, où il aimait à venir me voir quelquefois, j'ai connu plus que jamais sa véritable et sincère piété, son humilité profonde, son amour filial pour sa Congrégation et son fidèle, amical et pieux souvenir pour tous ses anciens élèves et ses collaborateurs dans l'œuvre de l'éducation

Depuis 1901, le Frère Marie-Domnin, comme l'insinue la lettre qu'on vient de lire, avait quitté Beaujeu pour venir prendre à Saint-Genis-Laval une retraite bien gagnée par plus de 50 années de bons services. Mais il ne voulut pas que cette retraite fut l'inaction, et il se mit à la disposition des supérieurs pour tous les emplois compatibles avec ses forces. Il sut, en effet, pendant des années encore, être d'un utile secours, soit à la maison mère, soit dans plusieurs établissements de la province; et c'est en pleine activité que la mort est venue le frapper, le 11 novembre 1910, à l'âge de 77 ans, dont 62 de vie religieuse. – R.I.P.

† Frère CHARLES-BERNARD, profès des vœux temporaires. — Ne Bernard Hutmacher, à Altendorf, près d'Essen, dans la Prusse Rhénane. en 1887, il entra au noviciat d'Arlon au mois d'octobre 1904. II suivit ensuite pendant quatre ans les cours de l'école normale que nous avons dans la même maison, et il s'y fit constamment remarquer par son esprit religieux, sors amour pour sa vocation et son application à l'étude. Au mois d'août 1909, il accueillit avec joie la proposition de partir pour le Brésil Septentrional, où sa connaissance der l'allemand pourrait être employée très utilement au bien de nos œuvres, et, après quelques mois passés à Bahia pour commencer à se mettre au courant de la langue portugaise, qui est aussi la langue du Brésil, il fut placé comme professeur d'allemand au Gymnasio do Carmo, à Bélem du Pará. Plein de piété, de droiture d'esprit, de zèle pour son emploi et de docilité à suivre la direction de ses supérieurs, il donnait de belles espérances, quand le bon Dieu, content sans cloute de sa bonne volonté, l'a appelé prématurément à la récompense. Atteint de la fièvre jaune, il est décédé à Bélem le 22 octobre 1910, après s'être consacré à Dieu par les vœux perpétuels de religion et avoir reçu dans de grands sentiments de piété les derniers sacrements de l'Eglise. – R. I. P.

† Frère ROGATIEN, profès des vœux perpétuels. – Appelé dans le monde Antoine Bonnard, il naquit à La Chapelle sur Coise (Rhône) le 9 janvier 1830 et entra au noviciat de N.-D, de l'Hermitage en 1851. Envoyé d'abord comme professeur a Brandon, puis à Hautefort (Dordogne), le premier poste du district de l'Ouest, qui devait devenir plus tard la province de N.-D. de Lacabane, il fut nommé, eu 1858, à Neuvic, autre poste de la Dordogne, où depuis lors sa vie s'est écoulée presque tout entière. Après y avoir exercé pendant quelques années la charge de directeur, il y demeura comme adjoint de 1872 à 1903, se montrant toujours le modèle de la communauté par sa piété, sa régularité et son attachement filial .aux Supérieurs et – à la Congrégation, spécialement à la province de N.-D. de Lacabane qu'il avait vue naître et qui fut toujours l'objet, assurément bien légitime, de ses plus chères affections.

En témoignage de reconnaissance et de respectueuse sympathie, les bienfaiteurs de l’école de Neuvic, où il a laissé le souvenir d'un excellent maître et d' un religieux exemplaire, ont continué à lui servir une pension de 600 francs depuis la dispersion jusqu'à sa mort, arrivée à Saint-Genis-Laval le 6 novembre dernier.

Comme preuve de l'affectueuse estime où il était auprès de ses anciens élèves, nous nous contenterons de citer, d'après la Semaine religieuse de Périgueux, ces quelques lignes d'une lettre par laquelle l'un d'entre eux, directeur de Grand Séminaire, s'excuse de n'avoir pu assister au service funèbre célébré à Neuvic pour le repos de son âme.

« MON CHER AMI 1,

C’est avec une émotion profonde que j’apprends la mort du vénéré Frère Rogatien. Et c'est pour moi une vraie douleur de ne pouvoir assister au service solennel que ses anciens élèves ont eu la chrétienne pensée de faire célébrer à son intention.

Aussi, à tous ceux que vous verrez à l'occasion de cette cérémonie: aux plus anciens, mes chers camarades d'enfance; aux plus jeunes, mes condisciples eux aussi – puisqu'au cours de ces quarante ans passés, durant lesquels est restée ouverte notre chère' école, nous avons eu les uns et les autres le même maître à tous — je vous demande de dire combien je leur suis uni dans la reconnaissance et l'affection.

Lundi matin, je célébrerai la sainte messe pour le repos de cette âme si Cligne des récompenses divines et je demanderai à tous mes séminaristes de vouloir bien communier à son intention ; car il fut, ce vénérable religieux, ce modeste éducateur, si patient et si dévoué, cet homme si droit et si bon, un des principaux bienfaiteurs de mon Aine; et, si j'ai le bonheur d'être prêtre, je le dois en grande partie à ses prières et à ses leçons… » – R. I. P.

 

† Frère MÉDÉRIC, profès des vœux Perpètuels. – Né le 11 novembre 1844, à Etoile (Drôme) , Martin-Louis Charière, en religion Frère Médéric, entra au noviciat de Saint Paul-trois-Châteaux le 20 mars 1859.

Modeste, pieux, dévoué, régulier et charitable, tel a été notre excellent confrère, appelé à la récompense le 4 décembre dernier, après plusieurs années de souffrances religieusement supportées. Dans les divers emplois que l'obéissance lui assigne, le Frère Médéric se dévoue sans compter, pour Dieu, pour les enfants, pour sa Congrégation.

Bien persuadé que l'éducation de la jeunesse est une œuvre difficile entre toutes, ce vrai mariste use abondamment des moyens surnaturels qui; seuls, attirent la bénédiction divine sur nos travaux.

Ceux qui ont eu l'avantage de vivre en sa compagnie, pourraient dire combien sa conversation simple, instructive, toujours édifiante, contribuait à entretenir parmi les Frères cet esprit de famille qui fait de chaque communauté un paradis terrestre.

Que la vie de ce bon religieux, qui fit le bien sans bruit, nous soit un salutaire exemple, à cette époque où il en coûte- tant de vivre ignoré et parfois méconnu. – R. I. P,

 

† Frère ABBON, profès des vœux perpétuels. — Frère Abbon (Mathieu, François-Louis-Jean-Henri) naquit à Salazac (Gard) le 27 avril 1838.

A peine âgé de quatorze ans, François entre au noviciat de. Saint Paul-trois-Châteaux, maison bénie, d'où la Congrégation des Petits Frères de Marie a vu sortir nombre de vaillants religieux qui, sous la bannière et avec la protection de Marier travaillent en tous pays à élever les enfants jusqu'à Dieu.

Ardent et généreux, le Frère Abbon se donne au Seigneur – sans réserve et sans partage – , par l'émission des vœux perpétuels, dès que ses 21 ans lui permettent le sacrifice total de sa personne et de ses biens.

Par sa bonté, ses manières prévenantes, sa parole franche et cordiale, son esprit religieux, ce bon Frère gagne rapidement les cœurs et mérite l'estime des parents et des élèves. Le Frère Abbon a excellé dans la: pratique de ce que .notre Vénérable Fondateur appelait ‘’les petites vertus’’ ; aussi le trouva-t-on toujours empressé à rendre service.

Le G décembre, une attaque termine brusquement sa vie pleine de dévouement et de charité. Sa mort, quoique subite, n'aura pas été imprévue, car elle avait été préparée par 58 ans de vie religieuse, durant lesquels il s'est toujours montré d'une fidélité édifiante, dans la pratique de tous ses devoirs. – R. I. P.

 

† Frère LOUIS GONZAGUE, stable. — Né Adrien Dye, à Montélier (Drôme), d'une famille d'honnêtes et religieux cultivateurs, en 1829, il demanda et obtint d'être admis au noviciat de Saint Paul-3-Châteaux le 18 avril 1845. Dès le mois d'octobre suivant il était envoyé à Bouillargues pour vaquer aux soins du temporel. Après ses premières années de probation il fut successivement employé comme maître adjoint dans plusieurs écoles de la province, notamment à Mornas, à La Roque, à Manduel et au Cheylard. En 1856, bien qu'âgé seulement de 27 ans, il est nommé directeur de l'établissement de Rivière, puis, pendant une douzaine d'années, il remplit tour à tour les mêmes fonctions à Berre, à Camaret, à St° Cécile, à Connaux ; et partout il maintient avec zèle et fermeté l'observance régulière, dont il donne lui-même en toute occasion l'édifiant exemple. C'est la principale raison qui lui vaut, de la part des Supérieurs, en 1873, la marque de confiance d'être appelé à émettre le vœu de stabilité. .

A partir de cette époque, son activité prend une autre direction où l’appelaient en même temps ses goûts et ses aptitudes : l'administration du temporel. Econome pendant dix ans de l'important pensionnat de Lue en Provence; puis, pendant une égale période, chargé de la librairie à la maison provinciale de Saint Paul-3-Châteaux, il exploite, à Gardane, de 1894 à 1901, une propriété qui avait été mise à la disposition de l'Institut ; et, sans pouvoir se mettre entièrement au-dessus de certains travers de caractère qui ne sont pas incompatibles avec une grande vertu, il donne dans toutes ces situations, l'exemple de la piété, de la régularité et d'un dévouement sans réserves à la Congrégation, qui ont été la caractéristique de toute sa vie: Même pendant ces dernières années, qu' il a passées partie à St Paul-3-Châteaux et partie à Vintimille, il n'a jamais cru que son grand fige fût pour lui une raison de se ménager dans le travail, et on l'a toujours vu dés premiers à l'ouvrage.

Il est mort presque subitement à Santo Stefano, le 29 août 1910, après avoir eu le temps toutefois de recevoir avec piété les derniers Sacrements de l'Eglise.

Puisse-t-il être inscrit, dans le ciel, au nombre de ceux dont l'Esprit-Saint a dit par la bouche du disciple bien-aimé : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur! Dès à présent, ils se reposeront de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent. – R. I. P.

 

† Frère URBASE, profès des vœux perpétuels. – Joseph Emile Dubourg, en religion Frère Urbase, naquit à Vallon (Ardèche) le 24 mars 1852, et fut admis en 1864 — très jeune, par conséquent — au noviciat de Saint Paul-3-Châteaux, où il passa deux ans.

Depuis lors jusqu'en 1904, c'est à dire pendant une période de plus de 50 ans, sa vie s'est passée dans l'accomplissement de la même tache — un peu monotone, mais très méritoire — de professeur ou de surveillant dans bon nombre des établissements que la province dirigeait alors dans le Sud-Est de la France. D'une gaîté parfois un peu exubérante, mais d'un caractère franc, ouvert, tout en dehors, et d'un esprit religieux très solide au fond, malgré ce qu' il pouvait avoir parfois d'un peu léger dans la forme, il portait la bonne humeur partout où il allait, et était aimé de tout le monde, aussi bien dans l'intérieur de la communauté que parmi les élèves et parmi les personnes du dehors.

Depuis six ans, il déployait un dévouement admirable dans l'exploitation de la propriété de Santo Stefano, à Vintimille, lorsqu'un malheureux accident vint le ravir k l'estime générale et à la fraternelle affection de toute la Communauté. Il mourut subitement d'une chute, le 21 octobre 1910, sans avoir eu le temps de se reconnaître.

Une prière pour que le Seigneur reçoive au plus tôt dans sa joie, si elle n'y était pas encore, l'âme de ce généreux serviteur qu'il a jugé à propos de surprendre à l’improviste, mais que, nous l'espérons, il aura trouvé veillant. – R. I. P.

 

† Frère ANTHEME, stable. – Originaire de Saint-Pompon dans le département de la Dordogne, il fit son noviciat à Hautefort; puis, après une dizaine d'années passées dans divers établissements de l'Ouest, il passa,. en 1878, dans la province du Nord, qui, depuis lors, se partagea ses services avec celle de Lacabane. Il est décédé à Beaucamps, le 27 octobre dernier, à l'âge de 60 ans, dont 4u de vie religieuse.

Depuis plusieurs années, le frère Anthème était miné par une de ces maladies organiques qui ne pardonnent pas. Une complication un peu sérieuse les aggrave-t-elle, c'est la mort rapide, parfois brusque. Une fluxion de poitrine occasionna cette complication, et, en trois semaines, le conduisit au tombeau.

Plus que d'autres, il avait eu ses épreuves depuis la dispersion des Congrégations; mais, en face de toutes les difficultés, il s'était maintenu inébranlable dans tous les devoirs de sa vocation et dans tous les exercices de sa vie religieuse. En compensation de cette énergique et bonne volonté, Dieu lui accorda la grâce de rester fidèle à ses saints engagements.

Le frère Anthème possédait à un degré rare cette précieuse qualité du respect dans l'œuvre de l’éducation chrétienne de la jeunesse.

Il traitait l’enfant, le jeune homme, avec une telle dignité qu'on prenait cette manière d'agir pour de l'exagération lorsqu'on ne le connaissait pas. Son air, toute sa personne respirait une certaine majesté, qui n'était ni orgueil ni affectation. Il était toujours distingué, mais très simple dans ses relations.

Son œuvre a laissé des traces durables partout où il passa: il a formé et édifié. Il jouissait de l'estime et de l'affection des populations.

Les parents de ses élèves, en apprenant sa mort, sont allés nombreux au presbytère exprimer leurs regrets et verser des honoraires de messes pour le repos de son âme. Sans nul doute, le Seigneur, dans sa miséricordieuse bonté, lui aura fait l'accueil réservé au serviteur vaillant et fidèle. – R. I. P.

 

† Frère QUINTUS, profès des vœux perpétuels. – Né à Barjac (Gard) en 1851, il entra en 1866 au noviciat de La Bégude, et il vient de s'éteindre pieusement à Arlon, le 15 octobre 1910, à l'âge de 59 ans, dont 43 de vie religieuse.

La grâce du baptême avait déposé dans l'âme de ce Frère un remarquable fonds de foi. Cette heureuse et sainte disposition se fortifia pendant une jeunesse chrétienne; mais elle se développa surtout par les exercices de la vie religieuse et en particulier par la sainte Messe et l'usage fréquent des Sacrements.

Il ne lui fallut rien moins que la vive lumière et la force de cette vertu pour persévérer dans sa vocation malgré un tempérament Mi le triomphe de l'humilité et de l'obéissance n'était assuré qu'au prix des plus grands efforts.

Le bon Dieu lui réservait, à la fin de sa vie, l'épreuve de longues et pénibles souffrances physiques et morales.

Lui, qui avait tant besoin de mouvement et de travail, se vit cloué pendant de longs mois sur un lit de douleur! Ses forces n'étaient pas épuisées, la nature réclamait avec impatience la guérison; mais la terrible paralysie ne répondait que par l'inertie à ses désirs d'activité.

Bonne souffrance pourtant! purifiante souffrance surtout! Que d'actes de méritoire résignation elle fait produire! C'est dans cette excellente disposition qu’elle conduit le frère Quintus devant le tribunal du Souverain Juge. Avec les suffrages de ses confrères, elle contribuera à hâter son entrée au paradis. – R.I. P.

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1 M. le Curé doyen de Neuvic.

 

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