Nos maisons de formation dans le Nord de lItalie

09/Feb/2010

 

On sait comment, en 1903, le vent de persécution qui soufflait sur la France emporta violemment toutes nos maisons de formation, et en dispersa les pauvres débris sur un peu toutes les plages ; mais la bénédiction de Dieu les y suivit. Guidés par la main de la Providence, dont. les sages conseils président toujours, quoique souvent à notre insu, aux événements d'ici-bas pour les faire tourner à sa gloire et à notre bien véritable, ils allèrent atterrir les uns en Belgique, d'autres en Espagne, d'autres en Syrie, d' autres dans l'Afrique du Sud, le Brésil, le Mexique ou le Canada, d'autres enfin — les plus nombreux — dans l'Italie septentrionale ; et partout, grâce à Dieu, la Très Sainte Vierge, que notre Vénérable Fondateur nous a appris à regarder comme notre Ressource ordinaire, leur a fait sentir d'une manière vraiment palpable les doux effets de sa maternelle protection ; non seulement elle les a gardés et conservés, mais elle les a aussi multipliés au delà de toute espérance.

Pour ne parler aujourd'hui que de ceux du nord de l'Italie, qui sont les plus près de nous, ils ont été le noyau des cinq maisons de Grugliasco, San :Maurizio, Santa Maria, Santo Stefano et Mondovi., qui ont déjà donné des fruits très consolants, comme nos lecteurs pourront le voir au cours de cet article, par le peu de lignes que nous allons consacrer à chacune d'elles, et qui promettent d'en donner de plus consolants encore si Dieu continue à les bénir.

 

1° GRUGLIASCO

Grugliasco, où se trouve aujourd'hui l'administration générale et comme le centre de l'Institut, est un bourg d'environ 3000 âmes, situé à S kilomètres à l'ouest de Turin, et à un kilomètre au sud de la voie ferrée qui rejoint en ligne droite cette ancienne capitale du Piémont à la petite ville de Rivoli. La campagne, en partie arrosée par un système de canaux dérivés de la Dora Riparia, est très fertile dans son ensemble, et la population, laborieuse et paisible, vit principalement d'agriculture, bien que diverses industries lui empruntent également un bon nombre de bras. L'école municipale de garçons est dirigée par les Frères des Ecoles chrétiennes, qui y possèdent en mémo temps une maison de formation très florissante ; et les écoles de filles, par les Sœurs de Saint Vincent de Paul.

L'immeuble que nous y occupons est à peu près au centre de la localité, à quelques pas seulement de l'église paroissiale dont on aperçoit de partout le vieux campanile muni d'une grande horloge à quadruple cadran. Dans le pays, il est appelé villa Barbaroux ou villa Tron, du nom de ses deux derniers propriétaires.

En plus d'un jardin potager, qui fournit suffisamment de légumes pour les besoins de là maison, sa partie méridionale comprend un joli parc anglais, dont les allées sinueuses se découpent élégamment sur un fond de pelouse et sont ombragés d’arbres magnifiques, d'essences très variées, qui en font, pendant la belle saison, un séjour vraiment délicieux.

La partie septentrionale est occupée par divers pâtés de constructions avec cours et jardins. Ce sont : à l'est, une maison bourgeoise, demeurée en assez bon état, qui sert actuellement de demeure au Régime ; à l'ouest, une maison d'habitation avec de grands hangars, qu'on a pu également utiliser sans de grandes réparations, et au centre, une filature de soie presque entièrement détruite par un incendie en 1895 et qui n'avait pas été réparée depuis.

Avec ses vieux murs rougeâtres découronnés de leur toit, ses croisées sans châssis, ses planchers effondrés ou recouverts d'une épaisse couche de décombres d'où pointaient çà et là, entre des touffes de ronce et de sureau, des bouts de poutre à moitié consumés, cette partie de l'immeuble offrait certainement, à l'arrivée des Frères, au mois de juillet 1903, un des plus tristes spectacles qu' on puisse imaginer. C’était partout l'image de la mort ; mais la vie y revint avec ses nouveaux hôtes.

En peu de mois, grâce à leur industrieuse activité, les vieilles murailles, réparées et recouvertes de nouveau de leur toiture de tuiles rouges ; eurent donné place, dans leur enceinte, à une chapelle très décente quoique modeste, à une infirmerie confortable, à une salle d'exercices assez spacieuse pour contenir environ 90 personnes et à un grand dortoir de 60 lits ; l'élégant campanile, guéri des larges plaies qui laissaient voir à nu, en maints endroits , sa charpente de briques, et revêtu d' une robe neuve de frais badigeon, reçut une horloge monumentale dont le timbre argentin règle depuis lors, avec précision, tous les exercices de la communauté ; et enfin,' sur un joli piédestal dominant la principale cour intérieure, fut érigée la précieuse statue de la Vierge Reine, que nous avions pieusement apportée de Saint-Genis pour qu'elle frit toujours la gardienne, la maîtresse et la mère de la maison principale de l'Institut.

Sans doute, tout ne fut pas également heureux, dans ces réparations le tâtonnement s'y trahit en plus d'un endroit et presque toutes se ressentent plus ou moins de la hâte avec laquelle on a dû .les faire, de sorte que la maison, encore aujourd'hui, est assez éloignée d' offrir tous les avantages et toutes les commodités qu'on pourrait avoir dans une construction faite exprès ; mais en somme, avec du bon vouloir, on y trouve de quoi s'accommoder assez bien ; on .y vit heureux, et ce fut une véritable faveur de la Providence de nous la faire rencontrer à l'époque critique oh nous en avions tant besoin.

Non seulement, en effet, elle procura aux Supérieurs le calme et la liberté nécessaires à l’accomplissement de leur mission dans ces temps calamiteux ; mais, depuis lors, elle a servi de refuge et d'abri à des œuvres très importantes.

1° C'est ainsi, tout d'abord, que notre Ecole Supérieure, où, pendant vingt ans, plus de 300 Frères, pris généralement parmi la jeune élite de toutes nos provinces, étaient venus compléter leurs études et se préparer au Brevet supérieur, trouva

Grugliasco un asile favorable où elle a pu, pendant quatre ans encore, procurer le même avantage à une trentaine de nos jeunes sujets.

2°- A côté d'elle, vint également se réfugier le scolasticat de Saint-Genis-Laval, qui s'y trouve encore. Depuis 1903, il a eu dans ses cours une soixantaine de jeunes Frères dont la plupart sont aujourd'hui dans les provinces de Chine et de Constantinople et persévèrent généralement dans les bons principes qu'ils y ont reçus. Actuellement, il est peu nombreux, parce qu'il subit le contrecoup de la crise dont le juvénat et le noviciat eurent à souffrir pendant les premières années qui suivirent la dispersion : mais il grandira, nous l’espérons, comme le noviciat de S. Maurizio, où il s'alimente.

3° Une autre œuvre des plus importantes pour l'Institut, celle du Second Noviciat, a également trouvé dans la maison de Grugliasco, une installation sinon très confortable du moins à peu près suffisante pour lui permettre de poursuivre, sans trop d'incommodité, le but de son institution. Chaque année, pendant six mois, une quarantaine de Frères déjà exercés aux diverses œuvres de la Congrégation, viennent d'un peu toutes les contrées, s'y retremper, par la retraite et la prière, dans l'esprit et les vertus propres de leur vocation, et faire une connaissance plus intime avec nos livres ascétiques et lés traditions de nos devanciers. Et chaque fois c'est pour nous tous un nouveau plaisir et une nouvelle édification de voir avec quelle généreuse ardeur ils s’adonnent à ce travail, et avec quelle perfection ils savent réaliser, en dépit de la diversité de province, de nationalité et parfois de langue qui existe entre eux, le cor union et anima ana des premiers chrétiens.

4° Enfin, depuis cieux ans, dans la maisonnette qui occupe l'angle N. E. de la propriété s'est installé un petit juvénat pour le recrutement de la province de Varennes. Le peuplement en est spécialement confié à Notre-Dame du Puy, qui, sans doute de concert avec le V. Fondateur, à qui elle envoya ses premiers sujets, s'acquitte fort bien de son rôle de pourvoyeuse. Grâce à elle, les douze du mois d'avril 1907 étaient devenus, il y a quelques mois, une quarantaine, sans compter une colonie de 5 ou 6 qui en sont déjà sortis pour aller au noviciat. Tout dernièrement, six autres, en compagnie du C. F. Augustalis, délégué du R. F. Supérieur, partaient pour le Brésil central, sous les yeux attristés des demeurants, qui, pris d'une sainte envie, auraient tous voulu les suivre.

Patience et courage ! jeunes amis, — et nous en disons autant à tous vos condisciples des autres juvénats — patience et courage ? Votre tour viendra avec le temps. La moisson du Seigneur est vaste ; la part qui vous est réservée commence à blanchir et va bientôt réclamer vos bras. En attendant, vivez heureux, sous le regard de la Très Sainte Vierge, dans le doux nid qu'elle vous a préparé ; grandissez en nombre, en taille, en savoir et surtout en vertu, afin d'être un jour, au service de Dieu des vaillants et des saints.

 

2° SAN MAURIZIO.

Après avoir fait connaissance avec notre Maison principale de Grugliasco, si vous vouiez, chers 'lecteurs du Bulletin, connaître aussi celle où s'abritent, en attendant des jours meilleurs, le noviciat et le juvénat de St. Genis-Laval, suivez-nous avec bienveillance ; vous serez bientôt arrivés et nous avons tout lieu d'espérer que vous ne serez pas fâchés de votre visite.

Huit kilomètres de chemin de fer, et nous voici déjà à Turin. Ne nous arrêtons point à explorer cette grande ville. Nul cœur de Frère n'y bat pour nous. Remontons au plus tôt en wagon sur la petite ligne si animée de Torino-CirièLanzo. Dix-huit kilomètres nous ont pris environ demi-heure ; nous voici arrivés à la 6° station. Voyez-vous ce gros village aux rues droites et spacieuses, avec des rigoles en leur milieu, et son beau campanile, haut de 58 m. bien qu'il soit encore dépourvu de sa flèche, qui devait monter à 75 ? C'est l'ancien Lifiniasco devenu, depuis des siècles déjà, San Maurizio Canavese1, d'aspect sympathique et presque seigneurial. L'église, qui a pour patron saint Maurice, de la légion thébaine, construite au XV' ou au XVI' siècle, a été agrandie en 1629 et agréablement décorée en 1872 par Morgari. La population de la localité est de 4500 hab. Une fraction de la commune forme une seconde paroisse ; c'est Malanghero. Une autre fraction, Ceretta, sans former paroisse, possède une église avec chapelain. Une autre commune voisine, San Francesco, a aussi fait partie de S. Maurizio jusqu'en 1694. Les habitants de San Maurizio sont presque tous agriculteurs ; ils récoltent surtout le blé, l'avoine et le maïs ; de nombreuses prairies leur permettent de faire aussi un peu d'élevage. Cependant plusieurs fabriques y occupent environ 1200 ouvriers ou ouvrières, soit à la teinturerie, soit aux lacets, soit à la soierie. D'autres encore sont occupés à quelques scieries mécaniques ou à la préparation et au vernissage des peaux. San Maurizio donne son nom à un camp militaire très ancien castrum Sancti Mauritii, mais qui n'est plus aujourd'hui sur son territoire.

Laissons-là le village, ses souvenirs et ses habitants réputés de bon caractère, intelligents, mais de tempérament médiocre et peu entreprenants, et hâtons-nous d'arriver à la résidence- de nos Frères.

La voici, sur la grande route de Turin, à 1 kilom. environ du village, gracieuse comme un nid, animée comme une ruche. Avant d'y pénétrer, disons un peu son histoire. La maison est sûrement fort ancienne et sa première destination dut faire d’elle un couvent de capucins. Mgr Hudrisier, de l’Ordre de Saint-François et évêque des Seychelles, qui, en 1008, lui a fait le grand honneur de sa visite, lui a reconnu tous les caractères ordinaires des couvents de son ordre. L'on sait d'ailleurs qu'en 1627 fut fondé à San Maurizio, dans la partie supérieure du bourg, un couvent de 12 Frères Mineurs de l'Observance de Saint François. C'est sans doute ce couvent qui, plus tard, fut transporté en ce lieu, et qui, sous le titre de N.-D. des traces, comprenait 14 personnes lorsqu'en 1802 il fut fermé par le gouvernement français et ne se releva plus. (Bertolotti). Entre la façade actuelle et la route, se trouvait la chapelle dont on peut encore voir le maître-autel assez remarquable dans une chapelle dédiée à saint Roch. L'élégante façade que nous admirons aujourd'hui est .donc récente. Mais ce qui est plus digne de remarque, c'est que cette maison religieuse, fermée par Bonaparte, après avoir été infructueusement affectée à d'autres destinations, a fini par être à peu près abandonnée et ne s'est rouverte qu’en 1903 pour donner asile .à des religieux expulsés.

C'est à très juste titre qu'on se plaît à voir manifestement la main de la divine Providence et l'intervention maternelle de la sainte Vierge dans la manière dont cette maison est arrivée en la possession de nos Frères.

Venu à Turin, en décembre 1003, sur l'ordre du R. F. Supérieur Général, à l' effet de chercher dans les environs un local pour le noviciat de la province de St. Genis, le C. F. Pantin, privé de tonte indication, de- tout guide et- de tout concours efficace, ne trouva d' autre ressource que d'entrer dans une église pour se prosterner aux pieds de la statue de Marie. Il exposa longuement à cette bonne Mère ses perplexités, son embarras et sa confiance absolue en son secours. Ce ne fut pas en vain ; il se releva réconforté et plein d'espoir. Guidé comme par la main dé Marie auprès du vénéré Cardinal Richelmy, Archevêque de Turin, puis auprès de Don Alberto Coatto, le digne curé de S. Maurizio, il éprouva dans l'accueil et le dévouement de ces vénérables personnages les visibles effets de la sollicitude de la bonne Providence et de Marie.

On lui fit visiter la Villa Turina, autrement dit l'ancien couvent des capucins. La maison et la propriété furent trouvées en bien mauvais état, mais elles plurent par leur situation isolée et tranquille, par la disposition des locaux et par la clôture complète de l'ensemble. Après retour en France et approbation du Conseil Général de I' Institut, l'acquisition de la villa Turina fut bientôt réalisée.

Deux Frères employés ; venus de St-Genis le 17 janvier avec le C. F. Provincial, trouvèrent la propriété envahie d'herbe, la toiture des bâtiments effondrée à demi, les vitres presque toutes brisées, les appartements du rez-de-chaussée humides et couverts de salpêtre. Mais nos deux Frères avaient du dévouement autant que de besogne devant eux : ils se mirent promptement à l'œuvre, appelèrent des ouvriers à leur aide et, artisans eux mêmes, transformèrent peu à peu Bethléem en Nazareth, pour assurer couvert convenable aux confrères qu’on n’allait pas tarder à leur envoyer de St-Genis.

Le 2 juin, un premier essaim d'une vingtaine de novices, puis, le 18, un second de 34, vinrent peupler et achever d'organiser la nouvelle ruche. Enfin, le 4 juillet, le doux nid qu'avait été si longtemps le noviciat de St-Genis, se vida complètement.

L'aile maternelle de Marie couvrit ses enfants pendant le voyage vers l'exil et elle continue de les protéger encore. Quinze à vingt Frères anciens, avec le Directeur et les professeurs du noviciat complétaient le personnel de la nouvelle maison.

Mais les réparations et l'organisation étaient loin d'être achevées. Chacun y apporta son effort et, grâce à cette somme de bonnes volontés bien dirigées, la maison, enfin convenablement habitable, put être bénite par M. le Curé de la paroisse. Le même jour, on érigea solennellement, dans la cour d'entrée, la belle statue de saint Joseph, qui depuis si longtemps avait présidé, au fond du clos de St.-Genis, aux récréations des novices fidèles à saluer chaque jour ce puissant Protecteur.

Entrons, à notre tour, dans cette maison hospitalière pour en connaître la disposition, l'organisation et la vie. Voici les deux corps d’habitation séparés par la cour du noviciat ou cour St. Joseph, et reliés par un petit passage couvert. A notre droite, nous avons le corps secondaire des bâtiments, confinant à la route ; il comprend la lingerie, la taillerie, une grande salle de réunion et d'exercices, au rez-de-chaussée, avec grange et écurie sur les derrières ; au 1° étage, deux dortoirs, différents de niveau : celui des novices et celui des juvénistes, car le juvénat de St. Genis n'a pas tardé à refleurir à côté du noviciat qu'il alimente.

A gauche, le bâtiment principal, comprend : au rez-de-chaussée, parloir, cuisine, réfectoire, classes, dépendances et enfin la trop Petite chapelle ; au P' et unique étage, l'aumônerie, l'infirmerie, et une série de petites cellules, desservies par de longs couloirs pavés en mosaïque commune et décorés d’une façon quelque peu criarde. Partout règnent une propreté sans recherche et un air de gaieté qui séduisent les visiteurs et affectionnent à ces lieux.

La propriété, d'une contenance de cieux hectares environ, est également bien tenue et fait grand honneur aux bons Frères travailleurs qui, jusque dans l’exil de leurs vieux jours, ne veulent manger leur pain qu'à la sueur de leurs fronts. Jetons un coup d'œil rapide sur les massifs de fleurs, le jardin potager cultivé avec une rare perfection, les beaux et nombreux ceps. qui tapissent les murs d'enceinte et bordent les grandes allées, la prairie plantée d'arbres fruitiers, le rucher très bien organisé, les écuries, les poules, etc. C'est un petit univers que San Maurizio, et partout l'ordre y règne ainsi que dans le grand. Deux choses cependant y font un peu défaut : l'horizon et l'ombrage ; mais on peut dire que nul n'en souffre trop. L'ombre pieusement recherchée des saints autels et l'horizon rêvé des missions lointaines et du paradis à conquérir y suffisent au contentement de tous les esprits comme à l'ambition des cœurs.

La maison de San Maurizio comprend : 1° le noviciat ; 2° le juvénat ; 3° un petit groupe d'anciens. Jusqu'en septembre 1906, elle avait un scolasticat, qui fut, à cette époque, transféré à Grugliasco. Plusieurs Frères y ont conquis leur brevet avant. de partir pour les missions.

Depuis l'arrivée des Frères, 81 jeunes gens ont revêtu la soutane. Sur ce nombre : 13 sont partis en Chine ; 17 en Turquie ; 1 en Angleterre ; 16 sont au scolasticat ou employés ; 8 sont rentrés dans leurs familles, 26 sont encore au noviciat.

Sur 48 novices amenés de France en 1903 : 22 sont en Turquie ; 14 en Chine ; 2 en Australie ; 6 employés ou professeurs ; 4 sont sortis de l'Institut.

Au P janvier 1909, le personnel se décomposait ainsi : 3 Frères stables ; 21 profès des vœux perpétuels ; 2 profès des vœux. temporaires ; 63 novices, postulants ou juvénistes. Au total, 89 personnes.

Le juvénat de San Maurizio compte actuellement 34 enfants venus de France, d'Alsace, d'Italie et de quelques autres pays. Son recrutement se fait un peu laborieusement, mais dans de bonnes conditions, grâce à Dieu, qui, malgré le vent d'incrédulité et d'égoïsme qui souffle un peu partout, sait encore faire entendre son appel à l'âme de tant de pieux adolescents, et leur donne la générosité, pour la suivre, de quitter leur famille et leur pays et de venir abriter leur vocation dans l'asile de paix et d'innocence que la Sainte Vierge leur a préparé. Puissent-ils y venir nombreux et mériter, par une fidèle correspondance à la grâce, de faire tout le bien que cette divine Mère a droit d'attendre d'eux !

 

3° SANTA MARIA.

Le Romitaggio Santa Maria, refuge du juvénat, du noviciat et du scolasticat de N. D. de l'Hermitage, est éloigné de Turin d'environ une lieue dans la direction du nord-est.

Sis à mi-côte, entre la populeuse métropole piémontaise et la basilique royale de Soperga, elle jouit d'une situation vraiment privilégiée. Au nord et à l'est, une série d'éminences boisées lui forment une rideau protecteur contre les vents froids. des glaciers, tandis qu'au midi et à l'ouest, la vue s'étend sur un panorama splendide : au premier plan, le Pô et sa plaine fertile, et par delà, du Viso aux massifs suisses, la majestueuse chaîne -des Alpes, dont les flancs glacés, abrupts ou verdoyants présentent les aspects les : plus variés.

Deux corps de bâtiment orientés au S.-O., composent l'immeuble. Le corps principal, dont la façade a un développement de 40 mètres, est l'ancienne Villa Spezia, la plus importante du voisinage. Il a la forme d'un rectangle à peu près régulier, et comprend deux étages, dont le premier renferme la chapelle, l'oratoire, l'infirmerie avec quelques chambres, et le second est occupé par les dortoirs. Dans le deuxième corps, de construction récente, sont installés les divers ateliers nécessaires aux besoins d'une communauté nombreuse ; et, quelques dépendances, du côté de l'est, ont permis d'établir dans d'excellentes conditions la boulangerie, le fenil, les étables et le rucher.

C'est au mois d'avril 1903, au moment où le parlement français, en refusant à l'Institut l'autorisation exigée par la loi de 1901, condamnait toutes nos maisons de formation à se dissoudre ou à prendre le chemin rie l'exil, que le R. F. Supérieur actuel, alors Assistant de N.-D. de l'Hermitage, trouva, comme providentiellement, ce précieux asile pour les juvénistes et les- vices de sa province. ; et dès le 7 mai suivant, un premier groupe de 12 novices, sous la conduite du C. F. Marie-Abraham, venait prendre possession de l'immeuble, encore occupé en grande partie par les propriétaires. D'autres groupes se succédèrent à des intervalles si courts qu'avant la fin du mois la communauté comptait plus de 60 personnes.

Au prix de quelle somme de fatigues, de privations et de sacrifices de toutes sortes les travaux d'aménagement purent être poussés assez vite pour permettre une si rapide installation, ces premiers occupants du Romitaggio pourraient seuls le dire. Longtemps, sans doute, ils se souviendront de ces rudes journées commencées dès trois heures et demie, prolongées jusqu'au soir dans un travail pénible, et à peine interrompues par le temps des repas et du court délassement qui les suivait. Les traits visibles de la protection céleste qui en marquèrent le cours, la courte mais fervente prière qui d'heure en heure venait élever les aines vers Dieu et ranimer les courages, les outils improvisés ou rudimentaires qu'on dut employer d'abord, le réfectoire en plein air, le frugal ordinaire préparé chaque jour dans un vieux chaudron déformé qui composait à lui seul toute la batterie de cuisine, les lits à peine dignes de figurer dans le dortoir que le Vénérable Fondateur avait aménagé pour ses premiers disciples dans la maison de La Valla, et tant d'autres points de similitude entre es débuts naissant, et les temps héroïques de l'Institut ne sortiront probablement jamais de leur mémoire. à la Congrégation et leur esprit de famille y trouver à la fois un stimulant et un réconfort ! Puissent leur dévouement !

Bien peu de sites pourraient offrir, en vue de la formation de nos jeunes aspirants à la vie religieuse, un ensemble d'avantages pareil à celui qu'on rencontre à Santa Maria. L'air frais et pur de la montagne y entretient la santé et dispose à l'étude ; l'éloignement du tumulte et des vains bruits du monde, malgré la proximité d'un grand centre de population, y rend le recueillement facile et comme naturel, tandis que, dans le paysage, tout semble concourir à élever l'aine vers les choses d'en-haut.

Comme on sent vivement la petitesse des œuvres des hommes- et la magnificence de celles de Dieu, lorsque, levant les yeux du spectacle de la grande cité qu'on distingue à peine à ses pieds dans une mer de brume, on les porte successivement surie cadre splendide des Alpes, dont les sommets neigeux étincellent au soleil levant, et, plus près de soi, sur le gracieux tableau de la Costa Parigi, qui se nuance de mille teintes diverses et s'anime du concert matinal de multitudes d'oiseaux chanteurs ! …

D'ailleurs, à côté de ces avantages primordiaux, le Romitaggio. en présente d'autres qui, pour être un peu plus terre à terre, n'en sont pas moins à considérer. En dehors des bâtiments mentionnés plus haut, l'immeuble comprend, sur le flanc de la colline, une assez vaste étendue de terrain, dont la nature variée, se prête à toutes sortes de cultures, ce qui est non seulement un appoint précieux pour aider à l'équilibre du budget de ta maison, mais encore, pour les étudiants, l'occasion de faire de temps en temps une diversion salutaire à l'uniformité quelque peu monotone de- leur tache journalière par quelques heures de travail manuel en plein air. Les jours où cette ressource leur manque, deux belles cours de récréation leur permettent d'y suppléer par des jeux à la fois intéressants et fortifiants. Enfin, dans les jours les plus chauds de l'année, une magnifique salle d'ombrage leur offre son agréable fraîcheur, dont ils profitent non seulement pour la récréation et l'étude, mais parfois aussi pour les exercices de piété.

Comme il n'est pas de médaille sans revers, il faut bien nécessairement que celle de Santa Maria ait le sien, et qu'en regard des nombreux avantages que nous venons d'énumérer, on y trouve quelques légers inconvénients. Le principal est celui qui tôt ou tard afflige 'presque fatalement toutes les maisons prospères. Obligés d'abriter aujourd'hui quatre communautés distinctes dans le même espace que suffisaient à remplir, il y a cinq ans, les seuls novices venus de France, les murs commencent à devenir trop étroits. Heureusement le mal n'est pas inguérissable : déjà, à plusieurs reprises, des palliatifs importants lui ont été appliqués ; et si quelque jour un remède plus radical devenait urgent, il est bien à croire qu'on ne reculerait pas devant la nécessité de l'employer,

Depuis 1903, 64 des jeunes Frères formés à Santa Maria sont déjà partis pour le Canada et les Etats-Unis, où ils rendent de bons services, et trois autres pour la province d'Australie.

Actuellement, la communauté se compose de 35 Frères anciens, employés à la direction de la maison ou des classes, aux -divers services de la cuisine, de la taillerie, de la boulangerie, -et de la culture de la propriété ; 31 scolastiques, novices ou postulants, et 31 juvénistes.

Parmi ces derniers, les uns sont Français, originaires, pour la plupart, de la Loire, de la Haute-Loire et de l'Ardèche ; et les autres nous viennent du nord de l'Italie, où nos recruteurs ont reçu généralement un très bon accueil. Tous paraissent être bien disposés et n'avoir pas de plus grand désir que de devenir un jour de bons Petits Frères de Marie !

 

4° SANTO STEFANO.

Que le voyageur qui sort de la gare de Vintimille2, arrivé sur le pont de cinq arches au moyen duquel l'ancienne cité d'origine romaine communique, .par dessus la Roya, avec le faubourg moderne de Saint-Augustin, jette un regard en amont, vers la vallée supérieure de la rivière : il ne tardera pas à remarquer, à une distance d'environ deux kilomètres, sur une des éminences qui dominent la rive droite, une maison de belle apparence, qui tranche avec les habitations voisines autant par l'ampleur de ses proportions que par le caractère aristocratique de son aspect. C'est la Villa Santo Stefano3, où se trouve, depuis bientôt six ans, le centre de la province de Saint Paul-Trois-Châteaux.

Une route carrossable, qui côtoie la rivière à travers des champs d'oliviers, mène jusqu'au pied de la montée. A partir de là, quand les Frères sont arrivés, on ne pouvait avoir accès à la maison qu'en grimpant par un sentier étroit et rapide- ; mais, grâce à l'activité et à l'énergique patience de nos bons anciens, qui n'y ont épargné ni sueurs ni peines, un chemin large et commode permet aujourd'hui aux voitures de monter jusque devant la porte.

Au premier aspect, la maison paraît très vaste ; néanmoins elle n'a que deux étages ; et, par suite de la disposition peu favorable des divers appartements, elle ne peut guère contenir qu'un personnel de cinquante à soixante personnes. Outre le principal corps de bâtisse, elle en comprend quatre autres secondaires, savoir : 1° une chapelle de construction récente ; 2° une maison rustique, où l'on a pu installer l'aumônier et divers ateliers ; 3° un autre bâtiment, situé près de la rivière, où se trouvent les écuries ; 4° enfin un moulin à huile.

Au-dessus de la Villa, sur les flancs de la colline, s'étage en terrasses une propriété de 8 hectares, plantée de vignes, d'orangers, de citronniers, de pins et surtout d'oliviers. Lorsque nous en prîmes possession, elle était presque en friche et ne rapportait que fort peu ; depuis, l'activité ingénieuse et tenace de nos Frères employés, l'a transformée graduellement et est arrivée à lui faire produire d'assez bons rendements, qui toutefois ne sont pas en proportion avec la somme de travail qu'ils nécessitent, la disposition du terrain et la nature argileuse du sol en rendant la culture extrêmement pénible.

Comme maison de formation, Santo Stefano ne laisse pas que de présenter certains avantages précieux, tels qu'une vue splendide, un air pur et vivifiant sous un climat délicieux, et une indépendance on ne peut plus complète. Malheureusement, ils se font acheter au prix d'inconvénients assez désagréables ; la disposition du terrain ne permet pas de trouver place pour une cour un peu ample, où les juvénistes et les scolastiques puissent prendre commodément leurs ébats ; l'éloignement de la gare et de la ville rend les communications coûteuses, difficiles, et le service de la poste pénible et défectueux. Mais, Dieu merci, la bonne humeur, l'entrain, le dévouement, l'esprit religieux fleurissent parmi les Frères et, avec cela, que ne peut-on pas suppléer ?

Le personnel comprend trois communautés distinctes ; les anciens, les scolastiques et les juvénistes. Les premiers, au nombre d'environ 25, s'occupent à la direction des divers ateliers qu'on rencontre ordinairement dans nos maisons provinciales et à l'exploitation de la propriété, dont, à force de patience et d'industrie, ils savent tirer, comme nous avons déjà dit, des ressources relativement considérables.

Le scolasticat remonte, pour son origine, au mois d'octobre 1903, où il fut formé des débris de celui de Saint Paul-3-Châteaux. Jusqu'à présent il a été peu nombreux, mais il s'y est fait, au point de vue des études, un travail remarquable, et il y a lieu d'espérer que la prospérité du noviciat de Mondovi va lui permettre bientôt de se recruter dans de beaucoup meilleures conditions. En attendant, malgré le malheur des circonstances, il a déjà pu donner 15 de ses élèves à nos diverses maisons d'Italie, 8 au Mexique et 12 à la République Argentine.

Il a cela de particulier que, à la différence de ce qui se pratique à Grugliasco, à San Maurizio et à Santa Maria, l'enseignement s'y donne en langue italienne et vise à l'obtention des diplômes requis pour les instituteurs dans les écoles de la péninsule, particulièrement : 1° de la licence technique, qui correspond à peu près au brevet élémentaire français, et donne droit d'entrer soit à l'Ecole normale soit à l'Institut technique (Lycée d'enseignement secondaire moderne) ; 2° de la licence normale (brevet supérieur), qui donne droit d'enseigner dans les classes élémentaires. Depuis sa fondation, le scolasticat a fait recevoir 24 de ses élèves au premier de ces diplômes et 8 au second.

Le juvénat, dont la fondation ne date que de deux ans, compte 25 élèves originaires, en majorité, de la Ligurie, du Piémont et de l'Italie méridionale. Quelques-uns cependant sont Français et viennent principalement du département des Hautes- Alpes. Comme au scolasticat, l'enseignement s'y donne en langue italienne, et les enfants, tout en s'initiant aux pratiques de la vie religieuse, s'y préparent aux grades universitaires compatibles avec leur âge.

 

5° MONDOVI

La ville de Mondovi , dont la population oseille autour de 20.000 âmes, est située à l'extrémité sud de la riche plaine piémontaise, à 90 kilomètres de Turin, et au pied septentrional des Alpes Maritimes italiennes, sur la petite voie ferrée qui, se détachant à l'O. de la ligne Turin-Savone, va de Bastia à Cuneo. Elle se compose de deux parties : la ville basse, industrielle et commerçante, qui s'étend dans la vallée, au bord de la petite rivière Ellero, et la ville haute, plutôt bourgeoise et aristocratique, qui couvre le sommet d'un coteau voisin situé au sud. On s'y élève rapidement au moyen d'un funiculaire.

C'est dans cette partie, appelée Mondovi-Piazza, que se trouvent la cathédrale, ornée de riches peintures, le palais épiscopal, qui est, dit-on, un des plus beaux de l'Italie, et un belvédère. appelé Tour de Napoléon4, d'où l'œil découvre un des plus magnifiques panoramas qu'on puisse voir ; mais ce n'est pas là surtout ce qui attire notre intérêt : ce que nos yeux et nos cœurs y cherchent de préférence, c'est la modeste villa Secchi, ou mieux, comme on l'appelle à présent, la casa dell'Immacolata, heureuse et calme retraite qui, depuis bientôt quatre ans et demi, est devenue l'asile du noviciat et du principal juvénat de la province de Saint Paul-3-Châteaux5. Encore dix minutes de marche, sur la route de Savone, et nous y voilà.

C'est à droite : entrons. Le premier spectacle qui se présente à nos yeux c'est la cour de récréation, oh les juvénistes prennent joyeusement leurs ébats en jouant à la bandiera, jeu italien qui présente beaucoup d'analogie avec notre jeu de barres français. Ils s'arrêtent un instant pour nous saluer de leur franc sourire, et, tandis qu'ils reprennent avec entrain leur partie interrompue, un des bons Frères qui présidaient nous accompagne à la chapelle, de construction toute récente. Elle est simple, modeste, mais pieuse et très recueillie. A notre sortie, après une courte visite, nous rencontrons le Frère Directeur, que nous allions voir, et qui veut nous faire lui-même les honneurs de la maison. Passant par une porte latérale, nous traversons en sa compagnie un assez long corridor, laissant à droite et à gauche les classes du juvénat avec la salle des exercices, puis un ample vestibule d'où nous montons à l'infirmerie et aux dortoirs, situés à l'étage supérieur, et nous revenons à la première cour guenons avions trouvée en entrant.

Les juvénistes n'y sont plus, et de là nous pouvons tout à l'aise nous faire une idée assez complète de l'ensemble de l'immeuble. Devant nous, s'élève la maison, assez belle quoique sans caractère architectural, dont nous venons de visiter l'intérieur. C'est l'ancienne villa Secchi, mais réparée, agrandie, transformée. A notre gauche s'étend un magnifique pergolato (tonnelle) de 80 mètres de long, en fer ouvragé, et recouvert, en été, de belles treilles chargées de raisins : puis, au dessous, le jardin potager, une vigne en bon rapport, d'une trentaine d'ares, et plus loin une- prairie plantée de pommiers. A notre droite, une ancienne ferme, oh ont trouvé place la cuisine et un réfectoire, et plus loin une maison louée, où se trouve installé le noviciat, en attendant qu'on puisse lui trouver un local plus commode.

Ce fut au mois d'octobre 1901 que les dix postulants et les- dix-sept juvénistes installés provisoirement à Latte, hameau de Vintimille, quittèrent, avec leurs directeurs, cette résidence par trop étroite pour venir se fixer dans la villa Secchi, dont l'Institut, grâce à la bienveillante intervention de M. le chanoine Diverio. de Mondovi, venait de faire l'acquisition. Ils s'en réjouirent avec raison, car c'était un réel progrès. Cependant, que de choses laissaient encore à désirer dans la nouvelle ruche, et que de mois et d'efforts il allait falloir pour pouvoir s'y accommoder d'une manière à peu près convenable ! Mais l'ardeur au travail, l'enthousiasme et le bon esprit dont ils étaient animés leur permettaient à peine de s’en apercevoir. Ils ne pensaient qu'au bonheur de vivre tranquilles, dans cette atmosphère de piété et. d'esprit de famille, sous le regard de la Bonne Mère, qu'ils allaient souvent prier dans son splendide sanctuaire de N.-D. de Mondovi, qui ne tarda pas, comme gage de sa bénédiction, à leur envoyer de nombreux condisciples6.

Pour le reste, ils comptaient sur la divine Providence, et ce n'a pas été en vain. Les améliorations de tout genre sont venues peu à peu, en effet, de sorte qu'aujourd'hui ils sont en possession d'un local qui laisse peu de chose à désirer.

Italiens en majorité, ils étudient, avec la religion et nos traditions de famille, leur langue nationale, la langue française -et, autant que le permettent leur âge et leurs moyens, les autres spécialités dont ils auront besoin plus tard pour remplir dignement leur mission de maîtres chrétiens.

Ils sont au nombre de 70, venus, pour les deux tiers, des diverses régions de l'Italie et, pour un tiers, du Sud-Est de la France.

Le noviciat, érigé canoniquement en 1904, a déjà donné six de ses jeunes Frères à la province du Mexique, treize au district -de la République Argentine, et treize autres sont aux études ou remplissent divers emplois à Santo Stefano. Actuellement, il compte une vingtaine de jeunes Frères et 15 postulants.

Il est logé bien à l'étroit, dans une maison attenante à la villa Secchi, que nous avons simplement à bail, et où les réparations sont difficiles à faire ; mais ils se souviennent que la vie religieuse — dont le noviciat est l'apprentissage — est une vie de gêne, d'abnégation et de sacrifice, et ils prennent gaiement leur sort en patience, sachant bien que la Providence ne les oublie, pas non plus, et que les améliorations ne manqueront pas de venir au moment favorable. Selon le conseil de l’Evangile, ils cherchent en paix le royaume de Dieu et justice, dans. la persuasion qu'au jour du besoin le reste leur sera donné par surcroît.

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1 Ce surnom de Canavese, commun à San Maurizio et à plusieurs autres localités environnantes, est l'ancien nom du pays où elles sont situées. Il dérive, dit-on, du latin cannabis, chanvre, plante dont la culture avait autrefois une grande importance dans la région.

 

2 Vintimille (en italien Ventimiglia) est une petite ville de 15. à 16 mille âmes, située sur la côte ligurienne de la Méditerranée, à quelques kilomètres de la frontière française et à. l'embouchure de la Roya, rivière torrentueuse qui sort des Alpes au col de Tende. Cette rivière divise la ville en deux parties à peu près égales : la ville ancienne, qui s'étage en amphithéâtre sur la rive droite, et le faubourg moderne de Saint-Augustin, sur la rive gauche.

3 Ce nom lui vient d'une ancienne église dédiée à saint Etienne, et d'une chapelle bâtie plus tard sur le même emplacement.

4 Elle doit ce nom à ce que, en 1796, le puissant empereur (qui s’appelait encore le général Bonaparte) monta, dit-on, sur sa plate-forme pour observer le mouvement de son armée, qui combattait dans les environs.

5 Elle en a un second, comme nous avons vu, à Santo Stefano, et un troisième à Lujan, près de Buenos Aires,

6 Ce célèbre sanctuaire, élevé à la gloire de Marie à la fin du XVI° siècle par la piété des fidèles de la région et la munificence de Charles-Emmanuel I, duc de Savoie, est situé à, une heure de marche -de Mondovi, en pleine campagne, dans la belle vallée dite de l'Ermena. Œuvre grandiose des célèbres architectes Ascanio Vitozzi d'Orvieto et Francesco Gallo de Mondovi ; il mesure 6.5 mètres de longueur, avec une largeur et une hauteur à peu pris égales. Sa majestueuse coupole de forme elliptique, dont le petit axe n'a pas moins de 47 mètres, est des pins vastes et des plus hardies que l'on connaisse. Mais ce qui le rend encore plus intéressant que s'a grandeur et sa beauté artistique, c'est la piété des pèlerins, qui y accourent, chaque année, au nombre de près de 100.000. C'est le but préféré des promenades des juvénistes et des novices de Mondovi, qui aiment, chaque fois, à aller s’y agenouiller un moment pour saluer la Bonne Mère et lui demander sa bénédiction.

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