Oñate est une agréable petite ville du nord de l'Espagne, située clans la province basque de Guipuzcoa, à une soixantaine de kilomètres au sud de Saint-Sébastien. Ce n’est pas, à proprement parler, un lieu célèbre, bien -qu'elle ait été, pendant plus de trois siècles, le centre d’une université fréquentée annuellement par des milliers d'étudiants ; et, n'était le motif de la reconnaissance, nos lecteurs, pour peu qu'ils habitent des régions éloignées, seraient excusables d'ignorer jusqu'à son nom. Mais elle mérite une place d'honneur dans les annales des Petits Frères de Marie pour la généreuse hospitalité qu'elle leur accorda aux jours malheureux de la persécution, et pour la sympathie dont elle leur a donné, depuis lors, de touchants témoignages.

En 1903, lorsque les Frères de N. D. de Lacabane, sommés d'abandonner la chère demeure qui avaient abrité jusque-là leur vie religieuse et où ils espéraient mourir, se demandaient anxieusement en quel lieu ils iraient chercher un asile, la très chrétienne municipalité d'Oñate leur offrit le magnifique local de l'Université, supprimée depuis peu, à condition qu'ils y tiendraient une école pour les enfants du pays. La proposition fut acceptée avec gratitude, et les débris du juvénat et du noviciat de la province de l'Ouest y ont trouvé pendant trois ans un refuge tranquille.

Lorsqu'ils en sont partis dernièrement pour aller s'établir non loin de là dans un local ad hoc, les Frères sont restés à l'Université, où ils avaient établi, selon le vœu du clergé et de la municipalité, une école devenue bientôt florissante. C’est ce qui leur a valu, en septembre dernier, l’honneur d'avoir pour hôtes, pendant quelques heures, Leurs Majestés le roi et la reine d'Espagne.

Les jeunes souverains venaient de Saint-Sébastien. Accueillis avec enthousiasme par la population, dont M. le Maire leur présenta les hommages, ils montèrent à un des balcons de l' Hôtel-de-Ville , pour se montrer à la foule, qui les acclama, puis ils se rendirent à l'église; le clergé en corps les y reçut avec le cérémonial ordinaire, et, après une courte visite, ils se dirigèrent vers l'Université, où un banquet de deux cents couverts devait réunir autour d'eux les autorités de la ville et la majeure partie de l'aristocratie de la province. C’est là que les Frères eurent la joie de leur souhaiter la bienvenue. Ils répondirent seulement, en français, par quelques mots aimables, car c'était l'heure du dîner ; mais après le repas — qui fut servi en maigre parce que c’était jour d'abstinence — sa Majesté, bien qu'il n'eût que peu de temps à sa disposition, s’entretint un bon moment avec le Frère Directeur, s'enquérant, avec un bienveillant intérêt, de tout ce qui regardait la communauté et l'école, sur l'organisation de laquelle il voulut avoir toutes sortes de détails.

Enfin il repartit, avec son auguste compagne et sa suite, pour aller faire une visite au sanctuaire vénéré de N. Dame d'Aranzazù, situé aux confins de la commune, laissant tout le inonde enchanté de son affabilité. Il promit de revenir plus d'une fois à Oñate, mais sans appareil et eu simple touriste.