Union Missionnaire B. M. Champagnat

Frère Marie-Basilide

25/Oct/2010

Saint-Genis-Laval, le 6 janvier 1958.

Nos Bien Chers Frères,

A la fin de chaque année, le regretté Frère Régis-Aimé mettait sous vos yeux le bilan de l'activité missionnaire de l'Institut. Je ne puis que continuer une si heureuse tradition qui permet de faire le point de notre effort missionnaire, d'en sonder la valeur, d'en noter les insuffisances et de le replacer dans le mouvement d'ensemble de l'Eglise en marche.

Un événement capital est venu, cette année, donner une impulsion nouvelle et une orientation précise à notre commun souci dans ce domaine. Il s'agit de la publication de l'Encyclique Fidei donum du 21 avril 1957.

Le Souverain Pontife y parle surtout de la situation des Missions en Afrique, mais il aborde le problème sous un angle général qui permet d'en tirer des enseignements pour l'ensemble de notre comportement missionnaire et celui de nos élèves. Il rappelle d'abord que l'esprit missionnaire est une exigence de notre foi. L'offrande de notre fidélité personnelle ne suffit pas ; il faut y ajouter notre ardeur à répandre la splendeur de la Vérité parmi les hommes. « Considérant la foule innombrable de nos fils qui, spécialement dans les pays de souche chrétienne, bénéficient de la foi divine, et voyant par ailleurs la foule incomparablement plus grande qui attend encore l'heure du salut, Nous voulons vous exhorter, Vénérables Frères, à soutenir par votre zèle la cause sacrée de l'expansion de l'Eglise dans le monde entier. » Tout concourt d'ailleurs à rendre l'évangélisation difficile mais il importe que l'Eglise soit là — à temps — pour dispenser ses richesses de doctrine et de vie, pour instaurer — à temps aussi -s- un ordre social chrétien. Le problème urgent est de former une élite chrétienne par un long travail en profondeur, une patiente éducation des consciences. N'est-ce pas là la vocation par excellence d'un Institut tel que le nôtre ?

« Rien n'est plus étranger à l'Eglise de Jésus-Christ que la division, poursuit le Saint-Père. Rien n'est plus nocif à sa vie que l'isolement, le repli sur soi et toutes les formes d'égoïsme collectif qui font se refermer sur elle une communauté chrétienne particulière, quelle qu'elle soit. » Et ici le Saint-Père rappelle le triple devoir missionnaire qui est celui du monde catholique : prière, aide matérielle, recrutement.

Nous rejoignons ici les préoccupations qui sont à l'origine de l'Union Missionnaire Champagnat.

« La face du monde, nous dit le Saint-Père, pourrait être renouvelée par une victoire de la charité. » Cette vertu, si elle se cultive au secret des cœurs, se prolonge en gestes effectifs de secours. Sans cela, elle risque d'être une phraséologie qui tient lieu de bonne conscience en donnant l'illusion de l'effort.

Enfin, le recrutement missionnaire tel que le demande le Pape, s'il n'entre pas dans nos moyens immédiats n'est cependant pas exclu de nos possibilités. « Une génération formée à ces perspectives vraiment catholiques, tant dans la famille qu'à l'école, à la paroisse, dans l'Action Catholique et les œuvres de piété, une telle génération donnera à l'Eglise les apôtres dont elle a besoin pour annoncer l'Evangile à tous les peuples. »

C'est donc à un approfondissement de notre action dans ces différents domaines que nous sommes invités par la voix la plus auguste et la plus autorisée que nous puissions entendre.

Beaucoup d'entre nous n'ont pas attendu cet appel solennel et nous ne pouvons que redire ici à tous les donateurs, à tous ceux qui s'intéressent à cette œuvre si éminemment ecclésiale, que ce soit à un poste important ou dans la plus humble des classes, toute la reconnaissance des missionnaires. Nous en recevons des preuves touchantes et nous sommes heureux de servir d'intermédiaires à ces manifestations de solidarité apostolique. Voici les Provinces qui nous ont adressé leurs offrandes pour les Missions Maristes, par ordre d'importance :

Brésil Central.                      Norte

Mexique.                              Melbourne.

Cuba-Amérique Centrale.    Madagascar

Colombie.                            Levante.

Brésil Septentrional.            Beaucamps.

Pérou.                                 Italie.

Saint-Genis-Laval.               Sud-Est.

Allemagne.                          Sud-Ouest.

Chili.

 

Un rapide tour d'horizon nous renseignera sur le mouvement missionnaire dans l'Institut. Il est possible que nous commettions quelque oubli et d'avance nous nous en excusons.

Comme l'a rapporté le Bulletin dans un de ses précédents numéros, la Province de Bética a fondé un établissement à Roboré en Bolivie, dans le Vicariat Apostolique de Chiquitos. Il s'agit là d'une véritable Mission à cause de l'abandon où s'est trouvée la région, pendant longtemps, au point de vue religieux.

A Catacocha, en Equateur, ce sont nos Frères de León qui ont pris la direction d'une école gratuite déjà existante. Là, comme à Roboré, l'Eglise a à faire face à une propagande protestante très active.

Plusieurs Missions font du recrutement local et, s'il faut agir avec prudence dans ce domaine, il convient de se féliciter des résultats obtenus en divers endroits. Certains secteurs commencent à recueillir les fruits de leurs efforts. Les Noviciats de Port-Laguerre en Nouvelle-Calédonie et celui de Alto Molocué au Mozambique ont eu leur première prise d'habit d'autochtones; deux novices dans chaque cas.

Les Frères des Iles Salomon, de la Province de Sydney, ont été heureux de recevoir le renfort de quatre jeunes Frères qu'ils avaient envoyés en Australie pour leur formation. Deux ont été placés à Tenaru (secteur de Guadalcanal) et les deux autres dans le secteur de Bougainville où nos Frères dirigent des écoles près de Kieta et Tarlena.

Les Frères des Philippines, qui s'occupèrent de recrutement dès leur arrivée au pays en 1948, viennent de recevoir les trois premiers jeunes Frères Filipinos qui ont fait leur postulat, noviciat et scolasticat aux Etats-Unis.

On est en train d'agrandir les maisons de juvénat ou noviciat de Ceylan, Nouvelle-Calédonie, Mozambique et Singapour. Madagascar a fait un gros effort pour recevoir cinquante juvénistes alors que, jusqu'à présent, il était impossible de dépasser la trentaine.

De leur côté, les secteurs de Rhodésie, du Nyassaland et du Congo Belge continuent leur progression lente mais sûre, en accroissant et améliorant leur recrutement et en favorisant la formation des sujets. C'est ainsi que plusieurs jeunes Frères Congolais se trouvent à Arlon pour préparer leurs diplômes d'enseignement et que d'autres suivent les cours du Lovanium à Léopoldville. Au Scolasticat de Saint-Genis, deux jeunes Frères malgaches en font autant.

En juillet dernier, trois Frères américains arrivaient au Japon pour en étudier la langue ; deux autres sont annoncés pour cette année.

Des fondations missionnaires sont en vue en différents endroits. La Province de Saint-Genis-Laval a accepté d'ouvrir une école de moniteurs à Berberati, dans l'Oubangui-Chari. La Mission est desservie par les Pères Capucins de la Province de Savoie.

La Province de Melbourne se prépare également à ouvrir une école dans la partie de la Nouvelle-Guinée contrôlée par l'Australie. Ainsi les trois Provinces d'Océanie auront leur Mission puisque la Province de Sydney a des établissements dans les Iles Salomon et en Nouvelle-Bretagne (Rabaul) et celle de Nouvelle-Zélande dans les Iles Fidji et Samoa.

Enfin la Province de Grande-Bretagne continue son effort au Nigeria en prenant en charge l'encadrement et la formation des Frères de l'ancienne Congrégation de Saint-Pierre-Claver. La fusion de cette Congrégation avec la nôtre, approuvée par le Saint-Siège le 13 juin 1956, a été rendue effective le 9 janvier 1957. Ce jour-là en effet, les Frères profès et les postulants prirent l'habit religieux mariste et, le 15 août suivant, trois profès perpétuels et vingt profès temporaires émirent leurs vœux dans notre Institut.

A lire tout ce qui précède, nous ne pouvons que nous sentir réconfortés par cette sainte émulation qui porte la plupart des Provinces à ouvrir des voies de pénétration à l'Evangile et nous sommes heureux de participer à l'effort, missionnaire de l'Eglise entière. Nous en recevrons en retour un accroissement de ferveur et de vocations comme beaucoup de Provinces en ont déjà fait l'heureuse expérience.

En ce jour du 6 janvier, fête missionnaire par excellence, l'U.M.C. offre ses vœux de fécond apostolat à tous ceux qui participent à son effort et appelle sur eux les plus abondantes bénédictions divines.

Le Secrétaire :

Frère Marie-Basilide.

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