Circulaires 103

Louis-Marie

1871-07-02

La Visitation de la Sainte Vierge. - Annonce des Retraites. - Soin du vestiaire­ - Vocations religieuses. - Décès. - Mort de Mgr Grim­ley, évêque du cap de Bonne-Espérance. - Avis divers.

103

51.02.01.1871.3

 1871/07/02

V. J. M. J.

 Saint-Genis-Laval, le dimanche 2 juillet 1871.

Fête de la Visitation de la sainte Vierge.

        Mes très Chers Frères,

 La fête de ce jour, la Visitation de la Sainte Vierge à sa cousine sainte Elisabeth et la Sanctification du Précurseur, nous fournit les réflexions qui vont suivre. Je vous les fais, principalement, en vue des circonstances présentes et de nos Retraites qui approchent.

 Il est certain que nous avons, tous, un souverain intérêt à faire notre prochaine Retraite avec une ferveur tout extraordinaire. Aujourd'hui, plus que jamais, il faut qu'elle soit une réparation complète du passé, une solide préparation à tout ce que le bon Dieu voudra de nous dans l'avenir, et une bonne assurance au milieu des incertitudes et des appréhensions du moment.

 Or, pour toutes ces fins, Marie nous est donnée comme un tout puissant secours, et pour le corps et pour l'âme, et pour le temporel et pour le spirituel.

 Notre-Seigneur, aux noces de Cana en Galilée, en commençant sa vie publique, nous donne la preuve manifeste et de la bonté de Marie à nous assister dans nos besoins temporels, et du crédit dont elle est investie pour le faire ; mais, au spirituel, objet essentiel de la Mission du Sauveur, c'est bien plus tôt qu'il établit Marie la toute puissante Protectrice des hommes.

 A peine formé dans son sein, le Verbe Incarné veut qu'elle aille porter le salut à toute la maison de Zacharie, afin que le monde entier sache et comprenne que l'intercession de Marie pour le salut des hommes, a commencé dès l'origine du Christianisme ; et que, par Marie, nous seront appliqués toutes les grâces et tous les mérites de l'Incarnation et de la Rédemption. C'est la signification profonde et pleine de consolation, que les saints Pères et les Maîtres de la vie spirituelle donnent au mystère de la Visitation de la Sainte Vierge : mystère, dit le Père Crasset, dans lequel Marie devient un canal de miséricorde pour Jean-Baptiste, encore souillé de la tache originelle ; et un canal de grâce pour Elisabeth et pour Zacharie qui reçoivent, par sa visite, un accroissement extraordinaire de justice et de sainteté.

 Et ce mystère, répétons-le, s'opère immédiatement après celui de l'Incarnation, pour montrer aussitôt, d'une manière admirable, que de Jésus seul, viendraient et la justification des pécheurs et la sanctification des justes, mais qu'elles viendraient et qu'elles s'accompliraient par la médiation de Marie.

 Marie, par conséquent, sera le secours perpétuel et le secours universel des chrétiens : dans l'ordre spirituel d'abord, comme le témoignent si bien les prodiges de grâces qui accompagnent la Visitation : prodiges rapportés en ces termes par saint Luc :

 Dans le même temps, c'est-à-dire, dès que l'Ange l'eut quittée, Marie, s'étant mise en chemin, s'en alla en diligence au pays des montagnes, à une ville de Juda; et, étant entrée dans la maison de Zacharie, elle salua Elisabeth. Dès qu'Elisabeth entendit la voix de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et Elisabeth lut remplie du Saint-Esprit (Luc, 1, 39, 40, 41). Remarquons la promptitude de la grâce. Dès que ; le signe de la grâce : la voix de Marie ; et l'abondance de la grâce: un tressaillement de joie dans l'enfant, la plénitude de L’Esprit-Saint dans la mère. Oh ! l'admirable intervention de Marie dans l'ordre spirituel !

 Dans l'ordre temporel, elle n'est pas moins puissante ni moins évidente. Il se fit des noces à Cana en Galilée, dit saint Jean, et la mère de Jésus s'y trouva. Jésus y lut aussi invité avec ses disciples. Et le vin venant à manquer, Marie ne fait que dire à Jésus : Ils n'ont plus de vin. Aussitôt, par l'ordre de Jésus, six grands vases de pierre sont emplis d'eau ; et, par l'ordre de Jésus encore, l'on porte au maître d'hôtel de cette eau qui avait été changée en vin. Le miracle avait été fait sur-le-champ, l'heure même en avait été avancée ; seulement, comme il s'agit d'une grâce temporelle, Marie, qui est la Vierge prudente par excellence, ne le demande que sous le bon plaisir de Jésus : Faites tout ce qu'il vous dira (Jean, II).

 Quel bonheur pour nous, M. T. C. F., que cette toute-puissante protection de Marie, si clairement appuyée sur les paroles et les faits évangéliques ! Quelle reconnaissance ne devons-nous pas à Jésus-Christ, notre Souverain Médiateur auprès de l'Auguste Trinité, pour nous avoir donné auprès de lui une médiatrice d'intercession si grande et si bonne ! Profitons-en, comme nous l'avons dit, pour nos prochaines Retraites. Ces Retraites, œuvre éminemment spirituelle, d'un intérêt éminemment surnaturel, tombent directement et tombent en première ligne sous la protection de notre bonne Mère.

 Or, voyez dans le mystère de la Visitation, avec quelle ardeur, avec quel empressement, Marie court au salut des âmes. A peine l'Ange l'a-t-il quittée, qu'elle laisse sa solitude, qu'elle part sur-le-champ, qu'elle part en diligence, ne s'arrêtant point en chemin, ne regardant à aucune difficulté, parce que le bien spirituel du prochain l'appelle.

 Bien loin de lui prescrire cette visite de zèle et de charité, c'est à peine si le Messager céleste la lui fait entrevoir : Voilà même, lui dit-il, qu'Elisabeth votre cousine est devenue enceinte d'un fils dans sa vieillesse, et celle qu'on appelait stérile, est à présent dans son sixième mois (Luc, 1, 36). Il n'ajoute rien autre, il ne s'explique pas davantage ; c'est le cœur de Marie, c'est son désir du salut des âmes qui lui fait deviner le reste, et entreprendre aussitôt le voyage désiré qui doit produire tant de bien

 Donc, M. T. C. F., quel que soit notre état, pécheurs ou justes, tièdes ou fervents, allons à Marie, prenons toute confiance en Marie : elle nous aidera certainement à faire notre Retraite ; elle nous l'obtiendra bonne, excellente, toute miraculeuse, s'il le faut, comme autrefois aux Apôtres et aux premiers Disciples, qui, tous ensemble, dit saint Luc, animés du même esprit, persévéraient dans la prière, avec Marie, Mère de Jésus, et ses frères (Act., I, 14).

 I

 Si nous sommes pécheurs, Marie sera pour nous, comme pour Jean-Baptiste, un canal de miséricorde, c'est-à-dire, de lumières pour débrouiller notre conscience, de courage pour accuser toutes nos fautes, de contrition pour les détester parfaitement, et de ferme propos pour ne plus les commettre, en un mot, de véritable conversion et de complet retour à Dieu. Voyez ce qui se passe dans la Visitation.

 Je n'ai pas plus tôt entendu votre voix, dit Elisabeth à Marie, quand vous m'avez saluée, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein (Luc, 1, 44), Qu'est-ce à dire : a tressailli de joie ! Oh ! que de merveilles dans ce seul mot ! et que de merveilles opérées à la voix de Marie ! Elisabeth est dans son sixième mois ; et voilà qu'à la parole de sa cousine, portant elle-même le Verbe Incarné, l'enfant reçoit en même temps la connaissance et la raison, la grâce et la foi; il contemple et adore le Verbe fait chair ; il entend et comprend la voix de sa Mère ; à la présence de Jésus et de Marie, il tressaille de joie et d'amour. Plongé dans l'aveuglement du péché et noyé dans l'ignorance, il est subitement et divinement éclairé ; de l'esclavage de Satan, il passe à la complète liberté des enfants de Dieu ; enfin, des abîmes et de la mort du péché, il monte, en un instant, à la vie de la grâce et aux gloires de la justification.

 Et c'est du cœur de Jésus, par le canal miséricordieux de Marie, que coulent dans l'âme de Jean-Baptiste, cette grâce, cette foi, cette joie spirituelle, tous les dons du Saint-Esprit, toutes sortes de faveurs. Ô parole de Marie, vous en êtes comme le signe extérieur et sensible, ainsi que l'eau, dans le Baptême, est le signe extérieur et sensible des effets cachés et divins du Sacrement de la régénération ! Et, ô puissance merveilleuse de la médiation de Marie, à votre voix, non seulement l'enfant reçoit, avec la grâce sanctifiante, l'infusion de la foi et des dons surnaturels; mais aussitôt, mais avant de naître, il en commence l'exercice, il en fait les actes; actes que, tous les jours de sa vie, il ne fera que multiplier et rendre plus parfaits.

 Soyez béni, Verbe divin, pour la miséricorde infinie qui vous fit opérer, dès les premiers jours de votre Incarnation, de si grandes merveilles, à la simple parole de votre Mère ! Soyez béni de la confiance qu'elles nous inspirent et des espérances qu'elles nous font concevoir.

 Soyez bénie vous-même, ô Marie, vous dirai-je avec saint Bernard, Marie, Mère de Jésus et ma mère, Marie, Mère de miséricorde, Marie, Inventrice de la grâce ! qui l'avez si heureusement trouvée et pour vous-même et pour nous !

 Vous me venez, ô bonne Mère, comme une Médiatrice toute-puissante, comme un refuge assuré, pour me délivrer de mes péchés et me réconcilier avec votre Fils. Sans retard, je veux profiter de votre intercession, et vous donner, ô douce Mère, donner à Jésus, donner à tout le Ciel, la joie de mon parfait retour à Dieu et à la ferveur.

 Assez, jusque-là, de vie relâchée et sensuelle, de vie dissipée et mondaine, de vie irrégulière, de vie équivoque et douteuse. Je sens qu'une telle vie est indigne de ma vocation et de mes vœux, et qu'elle devient la perte de mes Frères et la mienne. Mon parti en est pris, il faut qu'avec votre miséricordieuse assistance, j'en finisse tout de suite et tout de bon, avec cette vie de péché et de remords: vie triste et laborieuse, qui aggrave tous mes sacrifices, en m'en ôtant les mérites et les consolations ; vie malheureuse, qui me prépare une fin pleine d'angoisses et un purgatoire affreux.

 Et qui sait, ô Dieu ! si je la continuais, ce qu'il en serait de moi pour l'enfer ? Puis-je bien compter d'échapper à la damnation, ayant promis à Dieu, avec serment, de tendre constamment à la perfection ; et constamment, au contraire, ne vivant que de négligences et de dissipation !…

 Rappelons-nous ici, M. T. C. M, que Dieu fit voir à sainte Thérèse la place qui l'attendait en enfer, si elle eût continué ses fautes vénielles, certaines attaches trop naturelles, certains manquements, même légers, qui la menaient peu à peu aux grandes fautes. Que chacun de nous entre donc sérieusement en compte avec soi-même, afin de régler promptement, et de régler le mieux possible toutes ses affaires spirituelles. Certes, dans les temps si tourmentés où nous vivons, quelle paix avoir, quelle assurance se donner, si l'on n'est pas bien avec Dieu, pas, bien avec sa conscience, si seulement on a quelque crainte fondée à cet égard !

 Donc encore, sérieuse recherche, sérieux examen sur l'ensemble et sur le détail de tous nos devoirs, comme chrétiens, comme religieux, comme instituteurs; et, si nous avons la charge des autres, sur ceux bien plus grands de Supérieurs et de Directeurs. Mais, je le répète avec insistance, que cette recherche, que cet examen soit fait avec une sérieuse attention . car, nous le savons, un jour, nous sera présenté le livre écrit qui contient tout ce qui doit servir à juger le monde ; et, quand le Juge suprême aura pris séance, pour faire rendre compte à chacun de son administration, tout ce qui est caché paraîtra : rien ne demeurera impuni (Prose Dies irae). C'est le moment, M. T. C. F., de prévenir cette épouvantable et dernière discussion, d'adoucir ce terrible jugement. La Retraite nous est donnée pour cela, Marie nous offre son puissant secours : quelle excuse aurions-nous, si nous n'en profitions pas ?

 Quelle excuse surtout, devant tous les événements dont nous sommes témoins ? Qui pourrait, en voyant ce qui se passe, ce qui menace peut-être, avoir encore l'audace de braver la justice de Dieu, justice terrible, qui passe si visiblement sur le monde, et frappe de si épouvantables coups? Non, non, M. T. C. F., ne laissons aucun point noir dans notre intérieur; faisons-nous une bonne conscience, c'est-à-dire, une conscience droite et éclairée, sur tous nos devoirs :

 Sur nos CONFESSIONS: aveu, contrition, ferme propos.

 Sur la PAUVRETÉ : dépenses excessives, dépenses faites sans permission, courses et voyages irréguliers, objets retenus contre les prescriptions de la Règle, négligences dans le soin de notre vestiaire, du mobilier de nos Maisons, des articles de bureau, des provisions de ménage, etc.

 Sur la CHASTETÉ : pensées, paroles, désirs, rapports dangereux, ou, au dehors, avec les personnes du monde ; ou, au dedans, avec les enfants, libertés quelconques, louches et inquiétantes. Il est si facile, hélas ! de se faire les plus funestes illusions sur la pauvreté et la chasteté !

 Et sur l’OBEISSANCE, demandons-nous, avec Saint-Jure (Homme Religieux, T. 1ierchap. II, § 4), si des irrégularités aussi nombreuses, aussi journalières, aussi habituelles, que celles que nous nous permettons à nous-mêmes, et que, ce qui est pire, nous tolérons dans les autres, contre nos devoirs de Supérieurs et de Directeurs demandons-nous, dis-je très sérieusement, si de telles irrégularités n'iraient pas jusqu'au mépris, sinon formel, du moins tacite et caché, des Règles ; jusqu'à troubler notablement, à ruiner même la discipline religieuse, et à jeter le désordre dans toute une maison.

 Ou bien, car c'est peut-être encore le côté le plus grave et le vrai principe, la vraie mesure du péché, si ces irrégularités n'iraient pas jusqu'à attaquer directement et de front, en nous-mêmes et dans les autres, la fin de l'état religieux, qui est la tendance à la perfection : perfection, du reste, qu'on ne peut acquérir que par les moyens qui lui sont propres, l'observation des Règles.

 Vous le voyez, je résume dans ces quelques mots la pensée de Saint-Jure sur la gravité que peut prendre l'inobservance des Règles ; mais vous avez tous son ouvrage entre les mains : relisez-le avec grande attention, et vous comprendrez mieux encore, que l'auteur, s'appuyant sur saint Thomas, Layman, Sanchez, Vasquez et autres Docteurs et Théologiens, nous donne à tous une décision, qui ne peut qu'alarmer la conscience des infracteurs habituels des Règles, pour peu qu'ils tiennent à ne pas maltraiter leur salut.

 Ainsi, M. T. C. F., pas d'illusion, pas de vaines excuses ni sur les points qui précèdent ni sur d'autres non moins importants, Comme, le SOIN DES ENFANTS : surveillance, instruction, éducation ; pour les Frères Directeurs, LA FORMATION ET LA CONSERVATION DES FRÈRES : piété, régularité, vocation, instruction, méthodes; LES RAPPORTS MUTUELS : paroles et actes contre la charité, l'autorité, la vie religieuse, etc.

 Je vous le dis devant Dieu et comme je le pense, dans toutes ces obligations, dans tous nos devoirs en général, nous avons un extrême intérêt à voir très clair, à ne pas nous tromper nous-mêmes, ni nous laisser tromper et mal influencer : car, disent les saints, où PÉRICLITE UNE ÉTERNITÉ, JAMAIS ASSEZ DE SÉCURITÉ, ubi periclitatur oeternitas, nunquam salis securitas.

 A ceux surtout dont la conscience serait légitimement inquiète, et que concernent principalement les réflexions qui précèdent, à ceux-là, dis-je, à bien peser cette sentence et ce grand avertissement.

 II

 Si nous avons le bonheur d'être fervents, et que nous ne venions à la Retraite que pour nous fortifier dans le bien et nous avancer dans la vertu, confions-la également à la sainte Vierge. Elle sera pour nous, comme pour Elisabeth, un canal de grâces; elle nous obtiendra comme à elle une abondante effusion des dons du Saint-Esprit : Dès qu'Elisabeth entendit la voix de Marie qui la saluait, elle lut remplie du Saint-Esprit.

 Oui, avec Marie et par Marie, nous viendront tous les dons de ce divin Esprit ; elle les a reçus en plénitude, et son céleste Epoux se plaît à les répandre sur tous ceux qu'elle lui recommande, comme il les répandit, à sa prière, sur toute la maison de Zacharie. Excitons-nous à un grand désir de les recevoir, et demandons-les, non seulement pour nous-mêmes et pour tous nos Frères, mais encore pour tous les chrétiens, les prêtres et les religieux surtout. Eut-on jamais un besoin plus pressant que le Saint-Esprit vienne remplir tous les cœurs, éclairer toutes les intelligences, dissiper tant de ténèbres amoncelées autour de nous par le mensonge et l'impiété, ramener le monde à la foi, renouveler, enfin, la face de la terre, et chasser l'esprit du mal, qui s'est emparé de tant d'hommes et les entraîne aux plus monstrueux excès?

 Non, non, en aucun temps, les Dons du Saint-Esprit ne furent plus nécessaires, nécessaires à tous, nécessaires pour tout.

 Nécessaire le don de SAGESSE, qui est le premier en excellence, que Marie a possédé éminemment, puisque l'Eglise l'appelle le Siège de la Sagesse, et que nous demanderons tout d'abord, à sa toute-puissante intercession. Combien nous avons besoin de ce don divin, qui est la perfection du don d'Intelligence, pour connaître clairement les choses de Dieu, les apprécier, les estimer souverainement, les goûter, les savourer délicieusement, comme faisait le Roi-Prophète, de la loi du Seigneur : La loi du Seigneur, dit-il, est parfaite et sans défaut ; ses ordonnances remplissent les cœurs de joie : ses jugements sont la vérité même ; ils sont plus désirables que l'or, que les pierres précieuses ; ils sont plus doux que le miel, que le rayon de miel le plus excellent. (Ps. XVIII.)

 Mon Dieu, je vous en conjure par Marie, donnez-moi ce don précieux, votre divine Sagesse ; envoyez-la moi du Ciel,, votre sanctuaire et du trône de votre gloire, afin qu'elle soit avec moi, qu'elle agisse avec moi, qu'elle inspire toutes mes pensées, qu'elle règle tous mes désirs, qu'elle m'assiste dans toutes mes actions (Sag., IV).

 Nécessaire le don d'INTELLIGENCE, qui, a donné à Marie cette foi vive, cette foi parfaite, dont la félicite sainte Elisabeth : que vous êtes heureuse d'avoir cru ! (Luc, 1, 45). Le don d'Intelligence nous apportera à nous-mêmes des lumières toutes nouvelles sur les vérités de la Foi ; nous fera pénétrer plus avant dans la beauté des mystères; nous facilitera, d'une manière extraordinaire, la méditation de la Loi de Dieu ; nous fera entendre, comprendre, et conserver avec soin, en les repassant dans notre cœur, comme Marie, tant de saintes paroles, tant de bonnes instructions qui nous sont prodiguées.

 Mon Dieu, vous dirai-je avec le saint roi David donnez-moi le don d'Intelligence, et je m'appliquerai à la méditation de votre loi, et je l'observerai de tout mon cœur. Je suis votre serviteur, donnez-moi l’intelligence, afin que je connaisse vos préceptes. Accordez-moi ce don ineffable, et que je vive de la vraie vie (Ps. CXVIII).

 Nécessaire le don de SCIENCE, pour faire un bon usage des créatures : écarter et fuir avec horreur toutes celles qui sont capables de nous séduire et de nous perdre ; accepter avec courage et supporter avec constance toutes celles qui nous font souffrir et nous humilient : les croix, la pauvreté, les travaux pour Dieu et pour les âmes, les épreuves de toutes sortes que nous ménage la Providence.

  Mon Dieu, donnez-moi un esprit bon et réglé, donnez-moi la véritable Science (Ps. CXVIII, 66).

 Nécessaire le don de CONSEIL, pour ne pas nous laisser prendre aux pièges de Satan, et aux tromperies du monde ; pour marcher toujours dans le droit chemin de nos Règles et de nos vœux; pour éloigner de nous et de nos Maisons toute cause de scandale, tout livre et tous rapports dangereux ; pour nous conduire nous-mêmes, conduire nos Frères, conduire nos enfants, faire toutes choses, avec prudence et discrétion, dans l'humilité et la simplicité des enfants de Dieu ; pour avoir, enfin, et conserver toujours, un profond mépris pour le monde, ses plaisirs, ses biens, ses fêtes et toutes ses vanités; une très grande estime et un ardent amour pour notre saint état, qui est pour nous le chemin du Ciel et le gage de notre salut éternel.

 Mon Dieu, donnez-moi le don de Conseil, afin qu'il me guide, et que la prudence me détourne de toute voie mauvaise (Prov., II, 11).

 Nécessaire le don de FORCE, qui nous rendra invincibles à tous les assauts de la chair, du monde et du démon ; qui nous remplira de courage et d'ardeur dans l'accomplissement de nos devoirs et l'éducation chrétienne des enfants; qui nous conservera la paix et la tranquillité au milieu de tous les troubles et de toutes les agitations dont nous pouvons être environnés.

 Mon Dieu, rendez-moi la joie de votre assistance salutaire, et donnez-moi un esprit fort et généreux, qui me fasse entreprendre et souffrir de grandes choses pour vous. (Ps. L. 14).

 Nécessaire le don de CRAINTE, afin de croître sans cesse dans la haine et l'horreur du péché, dans l'appréhension des moindres fautes, dans l'attention et la fidélité à nos moindres Règles, dans un très vif et très filial respect pour la sainte présence de Dieu, à l'exemple des saints qui tremblaient d'entretenir la moindre pensée, de dire la moindre parole, de faire quoi que ce soit, qui pût offenser la divine Majesté, blesser la sainteté infinie de ses regards.

 Mon Dieu, donnez-moi votre Crainte salutaire, cette crainte qui est le commencement de la Sagesse (Ps. CX), qui chasse le péché, et prévient toute négligence (Eccl. 1, VII).

 Nécessaire, enfin, le don de PIÉTÉ, dont saint Paul nous dit que la piété est utile à tout et que c'est à elle que les biens de la vie présente et ceux de la vie future ont été promis (I Tim., IV, 8). Mais pourquoi tous les biens et toutes les grâces sont-ils assurés à la piété ? Ah ! c'est qu'elle nous affectionne particulièrement à Dieu, de qui vient toute grâce excellente, et tout don parfait (Jacq., 1, 17) ; à Jésus-Christ qui nous les a mérités ; à Marie, à Joseph aux Anges et aux Saints, qui nous aident à les obtenir, par leur puissante intercession ; à la prière, à l'oraison, à tous nos exercices religieux, dans lesquels nous les demandons; enfin, à l'Eglise, à nos Frères et à tous les enfants de Dieu, en union desquels nous prions.

 Jésus, mon Dieu, donnez-nous l'esprit de piété, et apprenez-nous à prier, comme vous l'avez appris à vos apôtres (Luc, XI, 1).

                O Piété ! quels sont tes charmes

               Tu remplis seule nos désirs.

               Par toi, nous sont douces les larmes,

         Et nos devoirs font nos plaisirs.

                        (Cant., p. 108.)

 Mais, pour mieux entrer dans toutes ces pensées, si saintes et si salutaires, nous relirons, avec grande attention, la Circulaire du 21 juin 1866. Elle contient d'admirables réflexions du saint Curé d'Ars, sur le Saint-Esprit. Ces réflexions, dictées par le Saint-Esprit lui-même, nous seront extrêmement utiles dans les circonstances actuelles. Impossible de rien trouver de mieux pour nous enflammer tous du désir de faire parfaitement notre Retraite, de la faire avec Marie notre bonne Mère, afin d'y être remplis du Saint-Esprit, par sa puissante médiation, comme autrefois en furent remplis sainte Elisabeth, saint Jean-Baptiste, saint Zacharie, et tous les heureux habitants de cette sainte maison.

 III

 Tout est plein d'instruction dans le mystère de la Visitation : plus on y réfléchit, plus on y découvre de trésors, de grâces et de sainteté. Ah! c'est que partout où se trouvent Jésus et Marie, les bénédictions divines ne peuvent manquer d'abonder : puissent-ils être toujours avec nous !

 Marie, dit saint Luc, demeura environ trois mois avec Elisabeth, puis elle s'en retourna en sa maison (Luc, I, 56). Sauf les circonstances de l'arrivée, point de détails sur les actions saintes, les vertus admirables de la divine Mère, pendant ces trois mois, C'est à peu près comme pour les dix-huit années que Jésus passa à Nazareth, à son retour du temple: et étant parti avec eux, dit l’Evangéliste, il alla à Nazareth, où il leur était soumis (Luc, II, 51), et c'est tout.

 Admirable simplicité, concision divine, qui ne sont propres qu'aux récits évangéliques ; mines cachées, qui recèlent des merveilles que nous ne connaîtrons que dans le Ciel, et qui ont obligé saint Jean à finir ainsi son Evangile : Il y a encore beaucoup d'autres choses que Jésus a faites ; et si on les rapportait en détail, je ne crois pas que le monde même pût contenir les livres qu'on en écrirait (Jean, XXI, 25).

 Donc, il n'y a pas à douter que Marie, pendant un séjour de trois mois dans la maison de Zacharie, n'y ait pratiqué toutes les vertus à un degré éminent. C'est la première de toutes, l'amour de Dieu, l'amour des âmes, qui l'y conduit et qui l'y retient ; c'est l'humilité la plus profonde qui ressort de tous ses actes et de toutes ses paroles, et l'on voit qu'en tout, elle s'oublie complètement elle-même. Charité, humilité, abnégation : trois grandes vertus qui, dans le détail de la vie, dans les rapports avec le prochain, s'appliquent à une foule d'actes, petits en eux-mêmes, mais qui ne peuvent être bien réglés, bien sanctifiés, que par ces trois grandes vertus.

 Or, c'est l'ensemble et le détail de ces actes si répétés, accomplis en esprit de charité, d'humilité et de mortification, qui constituent ce que saint François de Sales appelle les PETITES VERTUS ; lui, le modèle parfait et le propagateur zélé de ces vertus; lui, qui, ayant pénétré tout particulièrement dans les secrets du mystère de la Visitation, et reconnu que Marie les avait pratiquées excellemment, a voulu que ses Sœurs, les Filles de sainte Chantal, prissent le nom de Sœurs de la Visitation.

 Il pensait avec raison que ce beau nom leur rappellerait sans cesse la rare modestie, l'incomparable douceur de la Mère de Dieu, conversant et servant dans la maison de Zacharie . toujours pleine de retenue, d'affabilité, de condescendance ; toujours civile, honnête, prévenante, sensible aux moindres soins; toujours recueillie, unie à Dieu et d'une aimable et sainte gaieté, qui édifiait et ravissait tout le monde d'admiration.

 Cet extérieur de Marie, si bien réglé, si propre à édifier, mérite toute notre attention, M. T. C. F., notre attention, à nous, qui avons à vivre en Communauté, à pratiquer continuellement avec les enfants, et quelquefois avec le monde. Puisque nous faisons notre Retraite sous le patronage de Notre-Dame de la Visitation, et que, deux fois au moins par semaine, le lundi et le jeudi, nous repassons ce mystère, à la seconde dizaine du chapelet, ne laissons pas passer nos saints exercices, sans voir où nous en sommes sur la pratique des petites vertus, si nous y manquons ou y laissons manquer trop facilement.

 En tout temps, elle nous sont indispensables pour la paix et le bon ordre de nos Maisons: car il n'y a trouble et division entre les Frères que lorsqu'ils n'ont pas, les uns pour les autres, le respect, les égards, la bienveillance et les bonnes attentions qu'ils se doivent mutuellement.

 Toutefois, on peut le dire, avec les difficultés et les embarras particuliers qui, à cette heure, peuvent surgir çà et là, nous avons un besoin tout particulier d'être parfaitement unis, d'avoir toujours entre nous une douce et religieuse gaieté, un véritable esprit de famille. C'est dans l'esprit de famille que les Frères trouvent la paix et le contentement ; c'est dans ce bon esprit, dans cette vraie charité, qu'ils se dédommagent de tous les tracas du dehors, et que se dissipent toutes les peines, tous les ennuis qui peuvent exposer la persévérance. Tâchons donc, M. T. C. F., en vue de Dieu, à l'exemple et avec l'assistance de Marie, d'apporter, chacun, à la pratique et au maintien des petites vertus parmi nous, toute la part possible de charité, d'humanité et de complète abnégation : les trois grandes vertus sans lesquelles elles ne peuvent se soutenir.

 IV

 Un autre enseignement très précieux à tirer du mystère de la Visitation, c'est qu'il faut nous adresser principalement à Marie pour obtenir la connaissance et l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, les deux fondements indispensables de toute sainteté, de toute persévérance, de tout véritable zèle, du salut, en un mot.

 En effet, c'est à la voix de Marie que Jean-Baptiste, encore dans le sein de sa mère, reçoit, à un si haut degré, la connaissance de Jésus et son amour, qu'il en tressaillit de joie. Et, ce qui est particulièrement à remarquer, c'est que la divine Mère, en lui obtenant ces deux grandes grâces, lui obtint en même temps d'y correspondre avec tant de fidélité, que le Sauveur du monde lui-même nous le donne comme une lampe toujours ardente et toujours luisante (Jean, v, 35) : ARDENTE à l'intérieur, par la vivacité de la foi et de l'amour ; BRILLANTE à l’extérieur, par l'exercice du zèle et la sainteté des œuvres.

 D'ailleurs, qui, mieux que Marie, pourrait nous donner cette connaissance et cet amour de Jésus, Marie, en qui l'Esprit-Saint avait concentré toute l'excellence de ses dons, toute la douceur de ses fruits, toute la perfection des vertus, pour rendre, en elle et par elle, au Verbe Incarné, les hommages et les adorations, le respect et les louanges, la reconnaissance et l'amour, qui lui sont dus ?

 Il est certain que Marie avait de la personne adorable de Jésus, son Fils et son Dieu, une connaissance si intime, si vive, si profonde et si douce, si affectueuse et si pratique, qu'elle surpassait, en étendue et en perfection, toute celle qu'ont eue et que pourront jamais avoir, par la grâce et par leurs efforts, tous les Docteurs, tous les Saints, tous les Maîtres de la vie spirituelle ensemble. En Marie, la connaissance et l'amour allaient de pair, et l'une et l'autre étaient sans borne.

 Aussi, d'une parole, elle fait connaître à Jean-Baptiste, dans le sein de sa mère, le Dieu fait homme, qu'elle porte elle-même dans son sein. D'un geste, plus tard, elle donnera à Rome, la même connaissance, pleine et entière à un homme de sa nation, M. de Ratisbonne, et le gagnera subitement à la Foi chrétienne.

 Que n'a-t-elle pas appris et révélé à saint Luc du mystère de l'Incarnation et des secrets de la sainte Enfance de Jésus? que n'aura-t-elle pas même ajouté, à Ephèse, dans ses entretiens intimes avec saint Jean, aux lumières et aux connaissances admirables, que, déjà, il avait puisées, à la Cène, dans le Cœur même de Jésus, sur toutes ses adorables perfections?

 Mais, si la connaissance que Marie avait de Jésus tient comme de l'infini, nous devons dire que l'amour proportionné qu'elle lui portait, lui donna toujours un désir immense et comme infini, de le faire connaître, de le faire aimer.

 Renfermant en elle-même, après l'Incarnation, cet Océan de charité, cette lumière divine qui éclaire tout homme venant en ce monde, elle pouvait bien dire en un sens, comme dira plus tard son divin Fils : « J'ai dans mon sein le feu de l'amour, un feu dévorant, et que déchirai-je, sinon qu'il s'en échappe, qu'il éclaire  la terre entière, et qu'il l'embrase de ses ardeurs ? » De même encore que le divin Sauveur, dans les retardements de sa Passion, elle pouvait s'écrier : « Je suis comme sous le pressoir, jusqu'à ce que mon Jésus soit connu, soit aimé ; jusqu'à ce qu'il soit connu et aimé comme il mérite de l'être. »

 Oui, on peut le dire, ce fut en elle l'héroïsme de la prudence et de la soumission que le silence absolu et mystérieux qu'elle dut garder, même pour Joseph, son saint Epoux, sur le mystère de l'Incarnation : car, sans en rien prendre pour elle-même, à la seule gloire de Dieu, à la seule gloire de Jésus, elle eût voulu le publier partout, afin de lui gagner des adorateurs et de sauver les âmes.

 Aussi, comme à une simple insinuation de l'Archange Gabriel, elle se hâte d'arriver à la maison de Zacharie, et de porter à l'heureuse famille, la connaissance du divin secret ! Il semble qu'elle veuille se dédommager, là, de toute la violence qui, ailleurs, est imposée à .son zèle. Comme elle inonde de lumière, comme elle embrase d'amour, et Elisabeth, et son enfant, et Zacharie, et tous ceux de la maison ! On sent, en lisant le récit qu'en donne saint Lue, que ce n'est, parmi ces saints personnages, que transports, que feu divin, que lumières prophétiques, que charité ardente. Et élevant la voix, dit l'Evangéliste, Elisabeth s'écria : Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de votre sein est béni ! Puis, dans l'étonnement d'une visite si merveilleuse, dans le sentiment de sa profonde indignité elle ne sait comment rendre tous les sentiments qui remplissent son âme : Et d'où me vient ce bonheur, dit-elle, que la Mère de mon Seigneur vienne me visiter ? Puis encore, dans l'admiration du bonheur et de la foi de Marie, remplie elle-même de la foi la plus vive à toutes les promesses divines : Que vous êtes heureuse d'avoir cru ! ajoute-t-elle, car les choses qui vous ont été annoncées de la part du Seigneur seront accomplies (Luc, 1, 45).

 Mêmes sentiments et même langage dans Zacharie, lorsqu'au jour de la Circoncision de l'enfant, sa bouche s'ouvrit et sa langue se délia : Il parlait, dit saint Luc, en bénissant Dieu. Au même temps, il fut rempli du Saint-Esprit et il prophétisa en disant : Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu'il a visité et racheté son peuple !

 Quoique transporté de bonheur à la vue de l'enfant de bénédiction que le Seigneur lui a donné, Zacharie ne fait porter sa joie que sur la gloire qu'il rendra à Dieu, sur les voies qu'il ouvrira à Jésus-Christ, pour préparer le salut des hommes : Et vous, petit enfant, s'écrie l'heureux père, vous serez appelé le prophète du Très-Haut, car vous marcherez devant le Seigneur pour lui préparer les voies, pour donner à son peuple la connaissance du salut, pour éclairer ceux qui habitent dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, et pour conduire nos pas dans le chemin de la paix (Luc, I).

 Enfin, Marie, l'instrument de tant de merveilles, éclate elle-même en transports d'humilité et de reconnaissance, dans le Cantique incomparable que nous avons le bonheur de répéter tous les jours : Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon Sauveur. Il a regardé la bassesse de sa servante. Celui qui est tout puissant et dont le nom est saint, a fait en moi de grandes choses.

 Voilà, M. T. C. F., le ravissant spectacle que donne au Ciel et à la terre la maison de Zacharie, honorée de la visite de Marie. Voilà ce que, dans cette visite, l'Esprit-Saint répand de pur, de saint, de fervent, de divin, par la médiation de Marie, dans le cœur de ceux qui ont l'ineffable bonheur de la recevoir. Il ne peut être qu'ineffable, en effet, le bonheur de toute famille, de toute Communauté, de toute Maison, que la divine Mère, inséparable de Jésus, son divin Fils, daigne honorer de sa maternelle visite ! Rendons-nous dignes d'attirer Marie et Jésus au milieu de nous. Si nous sommes pauvres en vertu, pauvres en piété, pauvres en perfection, pauvres en tout, nous les attirerons par le sentiment vif et l'aveu sincère de nos misères, par l'humilité, la contrition et les bons désirs de nos cœurs. Mais si nous voulons leur préparer et leur offrir un séjour qui leur plaise, une demeure où ils soient heureux de venir, heureux de rester, heureux de répandre des grâces abondantes et signalées, soyons purs et fervents, conservons-nous dans la paix et l'union, donnons à toutes nos Maisons, à tous ceux qui les composent, ce qui en fait essentiellement la gloire, ce qui fait la gloire, la sûreté et le mérite de tout Religieux : L'ACCOMPLISSEMENT, EN VUE DE DIEU SEUL, DE NOS SAINTES RÈGLES.

 C'est ainsi, M. T. C. F., que nous tâcherons de nous mettre à l'école de Marie, pour apprendre à connaître et à aimer Jésus. Excellente école ! Maître incomparable ! Ah! que nous serons bientôt formés, si nous savons comprendre de telles leçons ! Que, bientôt, nous serons nous-mêmes tout dévorés du désir de faire connaître et le Fils et la Mère, et Jésus et Marie, de les faire aimer et servir ! Eh ! quelle force et quel courage nous y puiserons !

 Non, non, jamais un Frère qui étudiera bien Jésus, qui l'étudiera par Marie, ne se lassera dans sa vocation, ne se lassera de faire la classe. Eut-il cent ans, à enseigner, il le fera toujours avec bonheur, pour parler de Jésus et de Marie à ses enfants, pour leur enseigner Jésus et Marie, les gagner tous à Jésus par Marie.

 V

 Enfin, puisque Marie, d'après les paroles et les faits évangéliques, d'après toute la tradition, est établie de Dieu LE SECOURS PERPÉTUEL ET UNIVERSEL des chrétiens; puisque, nous, en particulier, nous faisons profession de l'appeler notre Mère, notre première Supérieure, la ressource ordinaire de tout l'Institut, confions-nous entièrement à elle pour le corps et pour l'âme, pour le temps et pour l'éternité ; attendons tout de sa protection, et dans le présent et dans l'avenir : nous sommes assurés qu'elle ne nous abandonnera jamais.

 Et, certes, ne mérite-t-elle pas, avec saint Joseph, toute notre confiance, pour tout ce qu'elle a fait, avec lui, en notre faveur, pendant cette année?

 N'est-elle pas toute miraculeuse, la protection visible dont Marie et Joseph nous ont couverts.

 Nul accident grave, ni dans nos personnes, ni dans nos maisons ; pas un Frère pris par le sort, malgré les levées en masse qui se sont succédé.

 Quelques écoles publiques nous ont été enlevées mais nous avons l'espoir fondé qu'elles nous reviendront bientôt ; quelques-unes sont déjà remplacées par des écoles libres.

 Quoique la Maison-Mère et la Maison de Plaisance à Paris, soient, de toutes nos Maisons, celles qui ont le plus souffert, on peut dire encore qu'elles ont été, l'une et l'autre, visiblement protégées.

 Il est facile de comprendre que cinq mois pleins, d'occupation militaire, devaient laisser la Maison-Mère dans un pitoyable état de saleté et de dégradation ; toutefois, point de dégâts essentiels. Nous espérons même que, grâce au zèle et au dévouement des bons Frères qui y travaillent, vous la trouverez, à la Retraite, sans traces trop marquées du passage de nos légions.

 La Maison de Paris, placée dans un des quartiers les plus exposés, a été six fois atteinte par des obus, et chaque fois légèrement. A dire d'expert, les dégâts ne dépasseront pas 1.000 à 1.200 francs.

 Il est même un fait extraordinaire entre autres, et qui paraît vraiment inexplicable. Un obus, du poids de 50 kilogrammes, s'ouvre un passage sur la façade principale, éclate en mille morceaux au 3ièmeétage, et pénètre au 2ième, en perçant le plancher. Tout est renversé, tout est bouleversé dans les deux salles. Les trous faits au plancher, aux boiseries des fenêtres et ailleurs, sont d'une netteté, d'une précision effrayante : on dirait la foudre !… Plusieurs lits en fer ont les pieds tordus, huit gamelles appendues à leur tête sont littéralement broyées et un soldat a son écuelle enlevée de dessus sa main. Cependant, malgré tout ce vacarme, aucun des soixante blessés qui occupent les deux salles, n'éprouve la moindre égratignure.

 Le fait a paru si surprenant, que l'excellent M. de Raze, chargé de l'ambulance, a voulu que le drapeau placé au-dessus de la Maison, fût déposé à N.-D. des Victoires, dont il portait la médaille.

 Enfin, nos huit Frères de Paris ont pu échapper, à temps, à l'insurrection, sauf le cher Frère Kilianus, arrêté à la gare du Nord, et conduit à la prison de Mazas, avec quatre Frères des Ecoles Chrétiennes. Le bon Frère a donc payé sa dette, et pris sa part, un peu pour tous, aux épreuves du moment ; mais il en a été quitte pour trois semaines de détention, quelques bonnes inquiétudes les premiers jours, et bientôt une parfaite résignation à tout ce que le bon Dieu voudrait de lui.

 Relâché, avec d'autres, à la chute d'un obus sur la prison, il eut à tourner et retourner dans les rues de Paris, à travers les postes et la mitraille, arrêté à chaque instant, sommé de prendre les armes, sommé de travailler aux barricades ; de telle sorte qu'il dut mettre neuf heures, pour aller de Mazas à la rue d'Allemagne. Evidemment encore, la bonne Mère et le bon saint Joseph- s'en sont mêlés : car, malgré ces extrêmes dangers, il arriva sain et sauf à l'honorable famille Rivat, qui déjà, avait favorisé l'évasion de ses Confrères, et lui offrit un abri : tous actes de charité qui n'étaient pas sans dangers, qui méritent toute la reconnaissance des Frères et la nôtre; mais que Dieu a également récompensés, en préservant cette maison, très exposée comme les autres, de tout projectile et de toute perquisition.

 Bien aveugles ceux d'entre nous qui ne verraient pas là le doigt de Dieu, qui n'y verraient pas une marque éclatante de la protection spéciale de Marie et de Joseph.

 Bien ingrats surtout et bien mal avisés ceux qui n'en seraient pas profondément reconnaissants, qui ne prendraient pas occasion de tous ces événements, de se confier de plus en plus à la protection divine, de s'attacher plus fortement à leur vocation, et de se dévouer avec un zèle tout nouveau à l'éducation chrétienne des enfants….

 Il est certain que le bon Dieu ne nous a ainsi gardés et protégés, que pour nous rendre et plus fervents dans la pratique des vertus de notre état et plus zélés dans l'enseignement religieux de la jeunesse.

 Finalement, on le voit et on le sent jusqu'à l'évidence, après ces faits et ceux qui ont été rapportés dans nos précédentes Circulaires, il ne nous reste à tous qu'à nous abandonner entièrement à Dieu, à nous tenir bien avec lui, et à faire résolument son œuvre. Nous devons prendre à la lettre ce mot du divin Maître, et ne jamais nous en départir : Cherchez avant tout le royaume et la justice de Dieu, et toutes choses vous seront données comme par surcroît (Math. VI, 33).

 VI

 Il nous reste à vous suggérer quelques invocations à Marie Immaculée, dont le mystère de la Visitation nous fournit encore la pensée, tâchons de nous rappeler souvent ces intentions au chapelet, à l'office, à la messe, à la visite et à la communion.

 « Visitez, ô Marie Immaculée, nous vous en supplions, visitez l'Auguste Prisonnier du Vatican, l'incomparable et bien-aimé Pie IX ; et tirez-le des mains de ses ennemis par la puissance du Verbe  Incarné prisonnier lui-même dans votre chaste sein[1].

 « Visitez, ô Marie, notre pauvre France, et rendez à la vie de la grâce tous ceux que le péché mortel a frappés, tirez-les de la captivité de Satan et dissipez toutes leurs erreurs.

 « Visitez, ô notre bonne Mère : tous nos Noviciats, pour y entretenir la ferveur et multiplier les bonnes vocations ; toutes nos écoles, pour en bannir le péché, y établir la crainte de Dieu et préparer à la Religion et à la Société une jeunesse très chrétienne ; toutes nos Communautés, pour y conserver la piété, la charité et la régularité ; tous les membres de l'Institut, pour les attacher à leur vocation et en faire des saints.

 « Ainsi soit-il. »

 Grâce à Dieu, nous avons la consolation de pouvoir vous appeler à la Retraite, comme par le passé, voici dans quel ordre elles se feront :

 1° Glasgow (Frères d'Ecosse et d'Irlande), du 20 au 27 juillet.

 2° Saint-Genis-Laval. Retraite du Régime, du 15 au 22 octobre.

 3° Saint-Genis-Laval, province de Saint-Genis-Laval, du 27 août au 3 septembre.

 4° Saint-Genis-Laval, province de Notre-Dame de l'Hermitage, du 10 au 17 septembre.

 5° Beaucamps, province du Nord et Frères de Londres, du 3 au 10 septembre.

 6° La Bégude, du 14 au 21 septembre.

 7° Saint-Paul-Trois-Châteaux, du 20 au 27 septembre.

 8° Azerat, province de l'Ouest, du 24 septembre au 1ier octobre.

 9° Les Frères du Cap de Bonne-Espérance font leur Retraite en juillet, et les Frères de Syrie, en septembre, dans la huitaine qui convient le mieux.

 On doit être rendu la veille de la Retraite, arriver ensemble à la Maison-Mère, et se présenter ensemble aux Supérieurs.

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 Chaque année, nous insistons pour que tous les articles de vestiaire laissés dans les postes, tels que bas, souliers, chapeaux, manteaux, calottes, habits de dessous, etc., soient rapportés à la Maison-Mère ou dans les Maisons provinciales.

 Cette année, je le recommande plus fortement que jamais, soit parce que, l'année dernière, nos réunions n'ont pu avoir lieu, soit parce que nous avons un plus pressant besoin de faire des économies et de tirer parti de tout.

 A la taillerie, comme à la cordonnerie, les Frères qui en ont la direction, nous assurent qu'ils profitent avec grand avantage de tous ces vieux effets.

 « Nous ne doutons pas, disent-ils, après sérieux examen et tout calcul fait, qu'on n'arrive, en une ou deux années, à épargner la moitié, ou un tiers au moins, de la dépense générale du vestiaire, aux trois conditions suivantes :

 1° Apporter exactement à la Maison-Mère et aux Maisons Provinciales, et utiliser comme il convient, tout ce qui est délaissé dans les Etablissements.

 2° Déverser, chacun, au dépôt provincial, son trop plein de vestiaire, s'abstenir au moins de demander le vestiaire courant, si, même en restant dans les époques réglementaires, on a fini par accumuler, sans besoin réel, des bas, des souliers, des soutanes, des manteaux et autres objets.

 3° Entretenir son vestiaire en bon état de propreté et de réparation, surtout pour la chaussure et les habits de dessous. »

 A ces observations, dictées par l'expérience et le bon esprit, à nos Frères Employés, j'ajoute : 1° Que la troisième condition ci-dessus est un devoir de conscience pour chacun ; et, de plus, pour chaque Frère Directeur, qu'il doit en conscience, par les devoirs de sa charge, en surveiller et en provoquer le parfait accomplissement pour ses Frères, comme pour lui-même.

 J'ajoute 2°, et vous le comprendrez comme moi, que ce redoublement de soin dans la tenue du vestiaire, et ces efforts, au moins momentanés, de chacun pour se restreindre le plus possible à cet égard, ne nuiront à personne, ne compromettront aucune santé ; et qu'ils apporteraient, cependant, un secours énorme à l'Institut, dans la gêne financière et les temps difficiles que nous subissons.

 Il faut donc que ce point du vestiaire, sur lequel peuvent s'engager si facilement et la justice et le vœu de pauvreté, soit l'objet de l'attention de tous, surtout des Frères Directeurs.

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 De nouveau aussi, je fais appel à votre bon esprit, à votre zèle et à votre dévouement pour les vocations religieuses.

 Voilà bientôt une année que, par suite de la guerre et autres événements politiques, nous ne recevons point ou nous recevons très peu de postulants. C'est à peine, si, avec le triage nécessaire, avec les nombreux décès que les maladies régnantes nous ont amenés, nous pourrons, malgré la suppression de quelques écoles publiques, combler nos vides et soutenir nos Maisons.

 Cependant, nous voyons que les écoles supprimées vont nous être redemandées au premier jour, et que d'importantes Fondations nouvelles se préparent. C'est dire évidemment que nous devons tout faire, dans chaque province, pour aider les vocations, les susciter au besoin, en nous entendant avec le Clergé paroissial.

 1° Les demander à Dieu par d'instantes prières, surtout par l'intercession de saint Joseph, qui semble plus spécialement chargé de Dieu, de soutenir les Noviciats religieux et de leur procurer des sujets.

 2° Avoir la piété et la régularité dans toutes nos Maisons, c'est le point capital : car Dieu, qui veut avant tout le salut des hommes, bénit, d'une manière toute particulière, les Communautés qui lui préparent et lui donnent des saints. C'est pour elles surtout que se fait la propagande céleste, et tôt ou tard efficace des bons Anges.

 3° Voyez, dans la Biographie du cher Frère Pascal, le zèle ardent qu'il mettait aux vocations religieuses, les saintes industries qu'il savait employer A conseiller pour les favoriser et les assurer. C'est une œuvre qu'à son exemple nous devons tous prendre à coeur, dans l'intérêt de la gloire de Dieu, dans la vue du salut des âmes, et pour notre propre salut : je vous la recommande très instamment.

 Voici la liste des Frères décédés depuis la Circulaire du 16 janvier 1871.

 

F. FABIANI, Profès, décédé à Beaucamps (Nord), le 13 janvier 1871.

     VANUXEM, Postulant, décédé à Beaucamps (Nord), le 20 janvier 1871.

F. AUGUSTIEN, Obéissant, décédé à Bully (Rhône), le 23 janvier 1871.

F. EMILE, Profès, décédé à Lyon (Rhône), le 24 janvier 1871.

F. EZÉCHIEL, Profès, décédé à Beaucamps (Nord), le 2 février 1871.

    CONVERS, Postulant, décédé à N.-D. de l'Hermitage sur St. Chamond (Loire), le 6 février 1871.

F. DOMNIN, Profès, décédé à St. Maurice-sur-Dargoire (Rhône), le 6 mars 1871.

F. SIGEBERT, Profès, décédé au Péage-de-Roussillon (Isère), le 8 mars 1871.

F. ANTOINE, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 8 mars 1871.

F. FLORUS, Profès, décédé à Notre-Dame de l'Hermitage sur Saint-Chamond (Loire), le 12 mars 1871.

F. EVROIS, Obéissant, décédé à Suze-la-Rousse (Drôme), le 16 mars 1871.

F. DESIDERIUS, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 30 mars 1871.

F. MARIE-BÉATRIX, Obéissant, décédé à Evaux (Creuse), le 13 avril 1871.

F. MARIE-PASCAL, Novice, décédé à N.-D. de l'Hermitage sur Saint-Chamond (Loire), le 14 avril 1871.

F. ANTHIME, Obéissant, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 27 avril 1871.

F. LOUIS-FÉLIX, Profès, décédé à N.-D. de l'Hermitage-sur-St-Chamond (Loire), le 4 mai 1871.

F. VALÉRIEN, Profès, décédé à Braine-le-Comte (Belgique), le 7 mai 1871.

F. BASILIUS, Profès, décédé à Neuville-sur-Saône (Rhône), le 15 mai 1871.

F. SOSITHÉE, Obéissant, décédé à Saint-Paul-trois-Châteaux (Drôme), le 19 mai 1871.

F. ALDEGRIN, Novice, décédé à Rivières (Gard), le 25 mai 1871.

F. EMANS, Novice, décédé à N.-D. de l'Hermitage sur St-Chamond (Loire), le 1ier juin 1871.

F. ANTONIAS, Novice, décédé à Lyon (Rhône), le 7 juin 1871.

F. JUSTIN, Profès, des Missions de l'Océanie, décédé à Lyon (Rhône), le 8 juin 1871.

F. PHOTIUS, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône le Il juin 1871.

F. MAJORIC, Profès, décédé à N.-D. de l'Hermitage sur St-Chamond (Loire), le 16 juin 1871.

F. MARIE-SÉRAPHIN, Profès, décédé à Montceaux-lesMines (Saône-et-Loire), le 25 juin 1871.

F. HÉGÉSIPPE, Profès, décédé à N.-D. de l'Hermitage sur-Saint-Chamond (Loire), le 4 juillet 1871.

F. BASILIQUE, Novice, décédé à Jonzieux (Loire), le 12 juillet 1871.

 

Plus de quarante Frères décédés, pendant cette dernière année; et parmi eux vingt-six Frères Profès et une dizaine de Frères Directeurs.  C'est, comme je vous l'ai dit, un grand vide dans nos Maisons. Il y aura bien à faire, bien à choisir, bien à veiller, bien à prier, beaucoup de peine à se donner, pour rendre à l'Institut autant de sujets, tout formés et complètement acquis à l’Œuvre. Que les Frères Directeurs le comprennent ; et, en priant et faisant prier, selon la Règle, pour nos chers Frères Défunts, qu'ils n'oublient rien de ce qui est en leur pouvoir pour leur assurer de dignes successeurs.

 Aux nombreux décès qui précèdent, nous avons la douleur d'ajouter celui de Mgr GRIMLEY, évêque d'Antigona, Vicaire Apostolique du Cap de Bonne-Espérance et de Sainte-Hélène, décédé au Cap, le 29 janvier 1871, après son retour du Concile œcuménique.

 Ce saint Evêque, qui avait appelé nos Frères, en 1867, a tout fait pour les établir solidement dans la Mission. Il n'est pas possible de dire avec quel bonheur il les a accueillis; avec quel zèle et quelle bonté il leur a prodigué tous ses soins d'Evêque et de Père; ni, enfin, avec quelle générosité et quel dévouement, il a doté son école de la magnifique maison qu'elle occupe aujourd'hui.

 Nous avons eu nous-mêmes le bonheur de recevoir ce digne Prélat, à son passage en France pour le Concile; de voir combien il était bon pour les Frères, et avec quel empressement il saisissait toutes les occasions de leur adresser de très solides et très ferventes instructions. J'ai eu soin de vous en faire part dans nos Circulaires.

 C'est donc un excellent Evêque que nous perdons tous, ainsi que la Mission; un véritable ami de nos Frères et leur dévoué protecteur. Nous ne manquerons pas de le comprendre, d'une manière toute particulière, dans nos pieux suffrages pour les défunts.

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 Rien de changé dans les dispositions et avis qui ont été donnés plus tôt, concernant les fournitures classiques, les livres de prix, le linge personnel des Frères pour la Retraite, les brevets, les examens, les actes de naissance, les renseignements sur la résidence, l'engagement décennal, etc. (Voir la Circulaire du 16 juillet 1861, et celle du 16 juillet 1868).

 L'Assemblée Nationale s'occupe en ce moment d'une nouvelle loi sur le service militaire et l'organisation de l'armée. Prions tous et prions très instamment, pour obtenir de Dieu que la dispense soit assurée à tous les membres des Congrégations religieuses autorisées et à toutes leurs écoles, comme avant les circulaires Duruy. C'est une question vitale pour nos œuvres. Si cette nouvelle loi apporte des changements à l'engagement décennal, nous aurons soin de vous en prévenir à temps.

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 A la réception de cette Circulaire

 1° On cessera les prières et pratiques particulières, prescrites depuis une année, pour les différentes nécessités publiques, spirituelles et temporelles.

 On fera bien néanmoins de répéter souvent, chacun en son particulier, les six invocations qui nous ont si bien servis. (Circulaire du 9 février 1867).

 2° Pendant neuf jours, après la prière du soir, on récitera le Magnificat avec la prière 0 Marie, Vierge sainte, ma Souveraine, pour remercier Dieu de ses grâces, et recommander, par Marie, à sa bonté infinie, nos besoins, ceux de l'Eglise et ceux de l’État.

 3° On fera la même Neuvaine, en préparation à la grande Fête de l'Assomption.

 4° Pendant l'Octave, on récitera, le soir, avant la prière, le Veni Creator et trois Ave Maria, à la place du Veni Sancte Spiritus, pour demander la grâce de bien faire nos Retraites.

 La présente Circulaire sera lue en communauté, à l'heure ordinaire de la Lecture spirituelle; et dans les Noviciats, une seconde fois, au réfectoire.

 Recevez la nouvelle assurance du tendre et religieux attachement avec lequel je suis, en Jésus, Marie, Joseph,

 Mes très chers Frères,

       Votre très humble et très dévoué Frère et serviteur,

            Frère Louis-Marie.

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[1] Nous conseillons à tous de prier beaucoup pour le Souverain Pontife. L'invocation suivante, tirée des prières du Chemin de la Croix, convient très bien : Prions pour le Souverain Pontife Pie IX. Que le Seigneur le garde et lui conserve la vie qu'il le rende heureux sur la terre, et qu'il ne l'abandonne point, à la puissance de ses ennemis.

Nous rappelons aussi : 1° qu'on a à la disposition des Frères le portrait de notre Saint-Père le Pape, dont il a été parlé dans les circulaires précédentes; 2° que nous tenons beaucoup à terminer, comme il a été réglé, la Collecte commencée dans nos différentes Maisons pour les besoins du Saint-Siège, afin de faire notre petite offrande le plus tôt possible. Que chacun s'y prête, de son mieux selon ce qui a été expliqué précédemment.

 

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