Circulaires 193

Théophane

1898-12-27

Circulaire du 27 décembre 1898 : Souhaits. - Coup d’œil sur l'année 1898 : agrandisse­ments, constructions, fondations,  départs de Frères pour les Missions, demande de nouvelles écoles en Chine. - Allocution du P. Hillereau. - Nouvelles du  Brésil. - Faveurs attribuées au Vénérable Champagnat. - Œuvres de jeunesse. - Départ de nos Frères sol­dats. -  Lettre de Copenhague. - Décès. - Avis : fournitures classiques, arrérages, accidents, enseigne­ment agricole,  nouveaux ouvrages parus, exposition scolaire de 1900

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51.04.01.1898.4

 V. J. M. J.

Saint-Genis-Laval, le 27 décembre 1898.

     Mes Très Chers Frères,

Le temps, que rien ne peut arrêter, nous a amenés à la fin d'une année et au commencement d'une autre. Que sera pour nous cette nouvelle année ? Dieu seul le sait ; mais nous pouvons assurer qu'elle sera bonne et heureuse, si nous la passons dans la grâce de Dieu, dans la vertu et la sainteté ; car la bonne année est celle qui, passée saintement, prépare et assure la bonne et heureuse éternité. Que faut-il pour cela ? Une seule chose : pratiquer journellement, constamment et en tout point ce que nous disons dans notre bel acte de la prière du matin : « Je suis à vous, ô mon Dieu, et je vous consacre toutes mes pensées, mes paroles, mes actions et mes peines, etc. » Acte magnifique, véritable secret du mérite, moyen infaillible de la sainteté. Heureux, oui, et mille fois riche quiconque veillera si bien sur soi-même, et se conduira avec tant de sagesse et de prudence qu'il ne laissera passer dans sa vie aucune pensée, aucune parole, aucune action, aucune peine, sans la marquer du désir de la plus grande gloire de Dieu et du sceau de son amour !

Ce que je vous souhaite donc, M. T. C. F., ce que nous devons nous souhaiter mutuellement, c'est la grâce de Dieu, la grâce qui établit l'âme dans la charité, la grâce qui rend l'homme riche en vertu, et qui est la maîtresse de la vérité, la lumière du cœur, la consolation dans les maux, l'ennemie de la tristesse, l'exterminatrice de la crainte, la nourrice de la dévotion, la mère des saintes larmes.

Que ce souhait se réalise en chacun de nous, en chacune de nos maisons, et tout le reste nous sera donné par surcroît : la prospérité de nos écoles, la prospérité de notre temporel, la prospérité et le développement de toute la Congrégation, et de plus, la prospérité personnelle, le vrai bonheur de chacun de nous. Et, pour qu'il en soit ainsi, conduisons-nous conformément à cette recommandation de l'apôtre saint Pierre : Efforcez-vous, nous dit-il, d'affermir votre vocation et votre élection par les bonnes oeuvres ; car, par ce moyen, Dieu vous fera entrer avec une riche abondance de mérites, dans le royaume éternel de Notre-Seigneur et notre Sauveur (11, S. Pierre, 1, 10, 11). 

COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF SUR LE DÉVELOPPEMENT

DE NOS OEUVRES EN 1898 

                I. – Agrandissements. – Constructions.

Malgré les difficultés des temps, la divine Providence veille si bien sur nous et nous assiste si efficacement et si visiblement, qu'elle nous donne la consolation de voir notre personnel s'augmenter chaque année, et nos oeuvres croître et se multiplier, tant en France qu'à l'étranger, si bien qu'il a fallu, dans le courant de l'année 1898, comme en 1897, pourvoir à des agrandissements et à des constructions importantes, spécialement pour nos maisons de Noviciat et de Juvénat et pour nos principaux Pensionnats.

Ces nouvelles constructions comprennent principalement : 1° Un bâtiment dont la communauté de Notre-Dame de l'Hermitage avait le plus grand besoin pour y loger les Frères du Scolasticat ; 2° Une chapelle, depuis longtemps attendue, assez vaste pour réunir la communauté de la Maison provinciale et les élèves du pensionnat d'Aubenas ; 3° Une chapelle, reconnue nécessaire depuis biendes années, pour compléter le pensionnat de Paris-Plaisance; 4° Des agrandissements assez importants à la Maison de retraite Sainte-Marie de Saint-Genis-Laval, et aux pensionnats de Montfort l'Amaury, de Charlieu et de Valbenoîte.

Si maintenant, nous nous transportons hors de France nous verrons des agrandissements ou de nouvelles constructions que l'augmentation du personnel a rendues nécessaires : au noviciat d'Arlon (Belgique) ; à Glasgow (Ecosse) ; à Athlone (Irlande) ; à New York (Académie Sainte-Anne), où l'agrandissement a nécessité l'achat d'un terrain considérable ; en Colombie, près de Cali, où se construit une maison de retraite, sous le vocable de Notre-Dame des Anges.

En Espagne, nous avons dû transférer à Barcelone la Maison provinciale de Canet, où les Frères n'étaient qu'en location et trop à l'étroit. Nous possédons à Barcelone, sous la dénomination de San Andrès, une propriété d'une étendue de 14.000 mètres carrés, comprenant une vaste maison et une grande et belle chapelle, appropriées aux besoins d'une nombreuse communauté et des Frères de la Province aux temps des retraites.

Comme vous le voyez, M. T. C. F., nous avons fait beaucoup, sous le rapport des agrandissements et des constructions, dans le courant de cette année ; et nous n'avons pu nous en dispenser, car les besoins étaient urgents. Vous demanderez sans doute si nos ressources ont suffi pour subvenir à des dépenses aussi considérables. Il faut bien vous avouer que le but poursuivi et atteint a dépassé nos moyens, et qu'il demandait de notre part cette confiance illimitée en la Providence dont notre Vénérable Fondateur nous a donné l'exemple. Puis, il faut le dire aussi, nous avons compté que, non seulement vous prieriez la bonne Providence de nous venir en aide, mais encore que vous la seconderiez par un redoublement de soins et d'efforts pour bien administrer le temporel de nos maisons, pour réaliser des économies, pour ne vous écarter en rien, par rapport aux dépenses, de ce qui est réglé par nos Constitutions, de ce à quoi vous obligent le vœu et la vertu de pauvreté, enfin, de ce que demande votre dévouement à l'Institut.

Oh ! les beaux modèles que nous avons sous ce rapport, dans les Frères qui nous ont précédés ! Nous ne saurions trop les imiter, et, comme eux, nous tenir en garde contre les excès du luxe, du confortable, du bien-être, auxquels le monde se laisse entraîner.

Oui, M. T. C. Frères, nous devons éviter les moindres dépenses inutiles, être soigneux, économes d'abord par vertu, selon que nous en avons le devoir ; ensuite par attachement à l'Institut, et pour lui venir en aide dans ses immenses besoins, besoins tels que beaucoup d'entre vous ne peuvent s'en faire une idée, mais que connaissent ceux qui sont à la tête de l'administration. Tels sont : l'entretien des Juvénats, des Noviciats, des Scolasticats, les frais occasionnés par les examens du brevet, les secours à accorder à nos Frères soldats; les frais du Second Noviciat, ceux des Grands Exercices, des retraites annuelles, les impôts de toute nature, les charges extraordinaires imposées par les lois fiscales, etc.

Ajoutez à cela les dépenses considérables que doivent encore occasionner de nouvelles constructions qui ne sauraient être de beaucoup retardées sans un véritable dommage ; et dites si nous n'avons pas, plus que jamais, des raisons de veiller à l'économie, au soin et à la bonne gestion du temporel. C'est ce que j'attends de vous et del'esprit de famille dont vous aimez à donner des preuves. 

                           Il.– Fondations nouvelles.

   Malgré la difficulté des temps et les obstacles que rencontrent le recrutement et la persévérance des su­ jets, nous avons pu, en 1898, faire trente-quatre fon­dations nouvelles, dont 19 en France et 15 à l'étranger.       

En FRANCE : Bourg de Thizy (Rhône); les Charpennes, à Lyon ; Chef-Boutonne (Deux-Sèvres) ; la Croix (Indre-et-Loire) ; Douvaine, orphelinat Saint-François-de-Sales (Haute-Savoie); Draveil (Seine-et-Oise); Ecole, Juvénat (Doubs) ; Eymoutiers (Haute-Vienne) ; Limonest (Rhône) ; Mélas (Ardèche) ; Montech (Tarn-et-Garonne) ; Plan-de-Vitrolles (Hautes-Alpes); Provins (Seine-et-Marne); Saint-Georges-d'Orques (Hérault), Saint-Lazare, à Marseille ; Saint-Pargoire (Hérault) Sauve (Gard) ; le Tréport (Seine-Inférieure). 

A L'ÉTRANGER : Le Caire (Egypte) ; Cartagena (Espagne) ; Cartago (Colombie) ; Creu-Alta (Espagne) ; Djounieh (Syrie) Logrofio (Espagne) ; Maitland (Nouvelle-Galles-du-Sud) ; Newcastle (Nouvelle-Galles-du-Sud); Out-Chang (Chine); San Andrès de Palomar, Espagne -(Maison provinciale et Ecole paroissiale) ; Saint-François-Xavier (Samoa) ; Sainte-Pulchérie, à Constantinople; Sligo (Irlande); Tulua (Colombie) Tuquerres (Colombie). 

Canet de Mar (Espagne) a été fermé par suite du transfert du personnel à San Andrès (Barcelone).

L'Etablissement d'Ecole se recommande tout particulièrement à votre attention, en ce qu'il a pour objet un Juvénat dépendant de la Province de Saint-Genis-Laval, Juvénat qui, nous l'espérons, se recrutera d'autant mieux que, non seulement il a l'avantage de se trouver au milieu des religieuses populations de la Franche-Comté ; mais encore qu'il a été approuvé en ces termes par Mgr Fulbert Petit, archevêque de Besançon : « Nous autorisons et nous bénissons le Juvénat que les Petits Frères de Marie viennent d'établir à École, dans la propriété de MM. les Missionnaires diocésains. »

 ***

   Trente-quatre Établissements nouveaux ! voilà ce qui démontre une fois de plus quel prix on attache à l'enseignement religieux que nous donnons. Que serait­ ce donc, M. T. C. F., si nous pouvions satisfaire à toutes les demandes qui nous sont adressées ? Mais hélas ! combien il en est qui restent sans effet parce que nous manquons de sujets ! C'est le cas de dire que la mois son est grande et que les ouvriers font défaut. Prions donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers. Nous-mêmes, faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour en recruter; efforçons-nous, par la sainteté de notre vie et par notre zèle à donner l'enseignement religieux et à former nos élèves à la piété, de mériter que Dieu nous bénisse, nous multiplie et nous protège contre des ennemis qui ont juré notre perte. 

                        III.  – Départs de Frères pour les Missions.

 

1. – 12 mars 1898. – Du Havre, pour New-York Frères Orbanis et Joseph-Eucher.

2. – 23 mars.- De Marseille, pour Scutari: Frères Eubert et Aglibertus.

3. – 23 mars. – De Marseille pour Beyrouth (Syrie): Frère Pierre-Baptiste.

4. – 23 avril. – Du Havre pour New-York : Frères Joseph-Bonaventure, et Emébert, pour la Colombie.

5. – 24 avril. – De Marseille pour Nouméa : Frère Aubert-Marie.

6. – 17 juillet. – De Marseille pour Shanghai (Chine): Frères Crescent, Victorin, Marie-Nizier, Malachie, Léon.

 7. – 20 juillet. – De Marseille pour Beyrouth : Frère Marie-Eugénien.

8. – 3 août. – Du Havre pour New-York : Frères Léon-Abel, Léon-Marcel, Joseph-Frédéric, Bonaventure.

9. – 25 août. – De Marseille pour Constantinople : Frères Marie-Jérôme, Joseph-Anastase, François-Philogone, Jean-Emile, Marie-Brunon, Joseph-Amateur et Zotique.

10. – 1ierseptembre. – De Marseille pour le Caire (Egypte) : Frères Paul-Marius Marie-Léoncien et Dreux-Joseph.

11. – 8 septembre. – De Marseille pour Beyrouth Frères Gomer et Jean-Lucien.

12. – 28 septembre. – Du Havre pour New-York Frères Antoine-Marie et Marie-Eudoxe.

13.- 20 octobre. – De Marseille pour le Caire :  Frère Marie-Gamaliel.

14. – 4 novembre. De Bordeaux pour Congonhas et Saint-Paul (Brésil) Frères Frumentien, Gaspard, Marie-Amance, Marie-Nicet et Marie-Esdras, accompagnés par le C. Frère Norbert, Assistant.

15. – 6 novembre. – De Marseille pour Nouméa et Apia : Frère Dagobert, pour Nouméa, Frères Louis-Priscillien et Jean-Hippolyte, pour Samoa.

16. – 12 novembre. – De Southampton pour le Cap Frères Bernward, Mary-Benoit et Adrien-Antoine.

17. – 1ierdécembre. – De Marseille pour Constantinople Frères Joseph-Anselme et Florianus.

18. – 4 décembre. – De Marseille pour Shanghai (Chine) Frères Emile-Etienne, Marie-Angelin, Marie-Nestor et Louis-Alexis

 

D'après cette liste, vous serez heureux de constater comme nous, M. T. C. F., que le zèle pour les Missions ne se ralentit pas dans notre Institut. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir tant de Frères, jeunes pour la plupart, qui, désireux de voir le règne de Dieu s'établir dans tous les cœurs et sur tous les points du globe, s'offrent généreusement à quitter, et quittent en effet leur patrie, leurs parents et les commodités de la vie, pour aller, dans toutes les parties du monde, exercer un apostolat qu'ils savent être cher au divin Cœur de Jésus, au Cœur immaculé de Marie, et répondant aux intentions de l'Eglise. Prions Dieu d'entretenir parmi nous la flamme sacrée du zèle, de protéger, d'une manière particulière, nos Frères missionnaires et de bénir leurs travaux, de même que ceux des milliers de missionnaires répandus dans toutes les régions du globe. 

                          IV. – Demande de nouvelles écoles en Chine. 

Il est à remarquer, M. T. C. F., que, présentement, la Chine offre un vaste champ à notre zèle. Je me plais à voir des dispositions toutes providentielles dans les encouragements, les promesses de subventions et les demandes que nous recevons, de la part du gouvernement français, pour la fondation d'écoles françaises en Chine.

A la suite d'un entretien que j'ai eu, le 20 octobre dernier, avec M. le Directeur du cabinet particulier de M. le Ministre des Affaires étrangères et en réponse à une lettre que je lui ai adressée le 25 du même mois, pour lui faire connaître les conditions auxquelles notre Congrégation pourrait accepter des fondations, M. le Ministre, acquiesçant aux conditions proposées, m'informe, à la date du 15 décembre, que Mgr Chausse,  préfet Apostolique, s'est montré pleinement favorable à cette offre de concours et s'occupe actuellement, avec le Consul de Canton, du choix de l'immeuble où sera installée la future école.

Le moment lui paraît donc venu pour nous, d'entrer en relations avec M. le Directeur du Séminaire des Missions Etrangères, par rapport aux dispositions à régler, dans le détail, entre notre Société et celle des Missions Etrangères.

Ce qui mérite encore d'être ici mentionné, c'est que le Gouvernement Chinois lui-même se montre non seulement bienveillant à l'égard de nos Établissements, mais encore disposé à accepter le concours de nos Frères dans ses Ecoles officielles, si l'on peut en juger par une lettre nous apprenant que le vice-roi d'une des provinces de l'empire chinois a le projet de fonder un collège européen, et d'y appeler nos Frères.

Il est vrai que ce vaste empire n'offre pas encore toutes les garanties de paix et de sécurité que l'on pourrait désirer; mais, grâce à Dieu, ceux de nos Frères qui apportent leur humble part de zèle à son évangélisation, ne manifestent dans leurs lettres rien qui ressente la crainte ou la peur ; au contraire, tous seraient disposés, si Dieu le demandait, à verser leur sang et à sacrifier leur vie pour l'extension du règne de Jésus-Christ, parmi ces peuples infidèles.

Je ne doute pas, M. T. C. F., qu'il n'y ait, parmi vous tous, bon nombre d'âmes non moins vaillantes. Aussi j'aime à croire que, selon les vues de la Providence, les ouvriers que réclament nos Missions de Chine se présenteront de plus en plus nombreux.

A chaque départ, nos Frères missionnaires nous présentent ce beau spectacle d'ouvriers généreux partant pour les régions les plus lointaines, non seulement avec une résolution virile, mais encore avec une joie véritable comme il nous a été donné de le voir chaque fois, notamment encore dans le dernier départ de quatre Frères pour la Chine et deux pour Constantinople. A l'occasion de ce départ, le R. P. Hillereau, un de nos chers et dévoués aumôniers de la Maison-Mère, a adressé à la Communauté, à la date du 29 novembre 1898, une allocution que nous sommes heureux de reproduire ici. 

                                           Euntes ergo et docete.

                                           Allez et enseignez.

                                                        (S. Matth., XXVIII, 19). 

     Mes Bien Chers Frères,

Vous souvient-il d'avoir vu le tableau vivant et animé que présente chaque semaine, à ses lecteurs, la Revue si édifiante des Missions catholiques ? Le divin Sauveur, celui qui repose sous nos yeux dans le tabernacle, est debout, les bras étendus, au milieu de ses Apôtres prêts à partir, le bâton à la main. Les yeux dans les yeux, l'oreille attentive, ils attendent. Que va dire le Maître qui les a instruits et sur le point de les quitter ? Quels ordres va-t-il donner ? Oh ! quoi qu'il ordonne, ils sont disposés à tout, fallût-il braver les tyrans, aller au bout du monde et mourir. Parlez, Seigneur, vos serviteurs écoutent pour obéir, à la vie, à la mort. Le Maître les a compris, et, de ses lèvres divines, tombent ces paroles : « Euntes ergo, docete. Allez et enseignez. » Paroles qui donneront naissance à l'Eglise, dans le sang généreux de millions de martyrs, et, à ce prix, fonderont le royaume du Christ ; car il doit régner et il régnera. Trois siècles passeront, mais qu'est-ce que trois siècles pour Celui qui est Maître de l'Eternité ? Un jour viendra où, vainqueur des Césars, on pourra s'écrier: Le Christ a vaincu, il règne, il gouverne. Allez et enseignez, a dit le Sauveur : toutes les nations sont devant vous, attendant la bonne nouvelle. Euntes docete omnes gentes. Et les Apôtres partirent sans retard.

Cet appel aux cœurs généreux retentit sans cesse dans l'Eglise, et nos temps si troublés n'étoufferont pas cet écho divin. Vous l'avez entendu, bien chers Frères, et, obéissant comme les Apôtres qui laissèrent tout pour suivre Jésus, voici que vous allez partir, les uns vers la nation qui dort dans les ténèbres de l'idolâtrie, la Chine ; les autres vers un peuple que le fanatisme rend aveugle et trop souvent cruel pour le nom chrétien, la Turquie. Allez, vous a dit le Maître par ceux qui le représentent auprès de vous, enseignez, selon vos forces et selon votre mission, les enfants de ces peuples qui ont tant besoin de la vérité. Et voilà que vous partez.

Ah ! sans doute, ce n'est pas sans émotion que nous vous disons adieu, et ce ne sera pas sans un déchirement du cœur que vous verrez fuir devant vous les côtes de la France où vous laissez tant d'objets aimés ; mais rassurez-vous : belle et consolante est votre entreprise ; glorieuse est votre mission dans son principe: l'obéissance à Dieu et le désir de sauver les âmes ; dans son but : l'honneur de la France. 

En effet, si, au voyageur tel que vous s'exilant au pays lointain, il faut une devise, celle-ci : DIEU ET PATRIE, vous convient. Qui donc vous envoie, sinon l'Eglise catholique et la France ?

Dans nos temps si tristes, sous plus d'un rapport, il nous est donné d'admirer un élan prodigieux, une ardeur souvent héroïque qui emportent vers les découvertes. Des continents nouveaux, des îles nouvelles sont reconnus et abordés. L'Afrique surtout est sillonnée de hardis voyageurs qui vont y planter le drapeau national ; la Chine ouvre ses portes et l'Europe y déborde.

Or, ne convient-il pas que l’Eglise, à laquelle a été confié le dépôt de la vérité, ait aussi ses pionniers pour faire connaître ses lois et étendre le royaume du Christ ? Pareillement, ne convient-il pas que la France, sa fille aînée, à côté des explorateurs qui étendent les limites de son domaine,ait aussi des fils au cœur non moins généreux, prêts à employer toutes leurs forces pour élargir le cercle de l'influence chrétienne et catholique que notre pays représente ? CATHOLIQUE ET FRANÇAIS sont synonymes à l'étranger.

Ah ! l'histoire des explorateurs missionnaires est belle Depuis des siècles, la foi et le désir de l'implanter les ont poussés vers l'Orient, et la France comme l'Eglise, a droit d'être fière de leurs travaux. C'est que les missionnaires français emportent et gardent au cœur deux noms gravés, l'un et l'autre bien chers : l'EGLISE, la FRANCE ! Ils font aimer l'une et l'autre.

Vous serez de ceux-là ! Votre voile, enflée par le souffle de la foi la plus ardente comme la plus pure, le sera encore par le souffle du patriotisme le plus vrai et le plus sincère.

Si l'on vous demande qui vous représentez, qui vous envoie, comme le soldat sous les armes quand on crie qui vive ! vous répondrez : « DIEU ! FRANCE ! »

En Chine, où règnent l'idolâtrie et les superstitions qui l'accompagnent ; au pays mahométan, où le fanatisme et l'abrutissement n'ont d'égal que la cruauté, notre divin Maître vous presse d'aider la lumière à dissiper tant de ténèbres, afin que la douce civilisation chrétienne, commençant par l'enfance, prépare des générations meilleures. Pour refaire un édifice qui s'écroule, il faut le reprendre à la base ; pour régénérer un peuple qui tombe de décrépitude, il faut commencer par la jeunesse. Au nom du Seigneur, allez donc et enseignez.

Allez aussi au nom de la France.

La France ! elle a bien des plaies, son sang coule par bien des blessures ; et que de raisons elle a devant Dieu de se frapper la poitrine ! Et pourtant n'est-elle pas la nation aux grands dévouements ? Dans sa partie la plus saine au moins, marchande-t-elle la générosité pour les grandes causes ? Hésite-t-elle, par exemple, à donner le sang de ses fils pour l'Apostolat de la Vérité? Oui, nous pouvons le dire avec légitime orgueil, notre nation est apÔtre ; et si elle disparaissait jamais de l’Eglise catholique, ce serait un astre brillant qui cesserait de luire au firmament de la Vérité.

Eh bien ! la France compte sur vous. Quelle gloire !

Sur vous en Orient, où son protectorat, reconnu et affirmé naguère une fois de plus par l'autorité la plus respectable sur terre, le Pape, vous couvrira, et attend, en échange, de loyaux services.

Sur vous dans la Chine, si convoitée par tous les peuples d'Europe et par l'Amérique elle-même. A vous de répandre avec la Vérité catholique, l'éducation que la France vous a donnée, par une instruction solide et pratique. Agir ainsi, ce sera faire aimer votre pays et élargir les limites de son influence en ce qu'elle peut avoir de plus salutaire et de plus noble. A d'autres les affaires commerciales, les rues de la politique. A l'éducateur mariste l'enseignement qui éclaire, grandit et soutient les enfants, pour en faire des hommes utiles à leurs semblables, et des chrétiens, honneur du Catholicisme. A qui la meilleure part ?

Allez, avec foi et courage, renouveler quelque chose de ce que nos pères des temps passés appelaient les gestes de Dieu par les mains des Francs : gesta Dei per Francos.

Ils guerroyaient, et Dieu leur donnait la victoire. Vos armes sont toutes pacifiques, mais trempées au ciel, Dieu vous les met en main.

Guerroyez contre l'impiété, le fanatisme et les grossières croyances de l'idolâtrie. Dieu et la France seront avec vous, et l'expérience du passé nous apprend que, au pays où vous allez, les efforts ne sont pas toujours stériles. 

II 

Avant de quitter la maison qui a abrité son berceau et son enfance, le jeune homme au cœur bien né se tourne vers sa mère et prend ses conseils. La maison à laquelle vous dites adieu a été pour vous le berceau de la vie religieuse, et témoin de vos premiers pas dans la carrière. Il convient de vous mettre aux pieds de Celle qui en est la Mère et la Reine, de Celle que le Vénérable Fondateur appelait LA PREMIÈRE SUPÉRIEURE de l'Institut, la VIERGE MARIE. Ecoutez les maternelles recommandations qu'elle vous adresse; elles les a formulées elle-même pour tous ses fils de l'avenir, au jour de sa Présentation dont nous finissions hier l'octave. Elle s'offrit au Seigneur sans retard, sans réserve et sans retour. Aujourd'hui elle vous dit : « Mes enfants, suivez mon exemple; dans l’œuvre que vous entreprenez, présentez-vous avec les mêmes sentiments que votre Mère du Ciel. Donnez-vous sans retard. »

Il faut reconnaître avec joie, bien chers Frères, que vous l'avez imitée en consacrant à Dieu, loin du monde, votre jeunesse. Eh bien ! à l'avenir et dès votre arrivée sur ce sol qui sera une nouvelle patrie, consacrez-vous sans retard au travail auquel vous serez conviés. Ah ! je le sais, vous avez faim et soif de vous vouer à l'enseignement auprès de ces pauvres enfants qui crient : Le pain, le pain de la Vérité, et il n'est personne pour nous le distribuer ! Que votre noble ardeur ne s'éteigne point élancez-vous promptement, sans retard, à votre oeuvre si excellente, ouvriers de Dieu, fils de Marie, de l'Eglise et de la France !

Donnez-vous sans réserve. Notre Mère et modèle au temple ne refusa rien au Seigneur, qui inspirait ses pensées et dirigeait sa vie. Elle voua son intelligence à l'étude des Saintes Ecritures, ses actions au bon exemple, son cœur à l'amour de son Créateur et son âme aux désirs ardents qui appelaient la naissance du Messie si longtemps attendu.

Comme Marie, appliquez votre intelligence à l'étude des sciences profanes, de la Religion surtout, afin de la mieux faire connaître et aimer.

Donnez votre santé, vos forces, toujours pour Dieu et l'honneur de votre pays natal, et aussi de votre chère Société. Ah ! devant vous s'offriront de beaux modèles, et, pour n'en citer qu'un seul, l'excellent Frère Marie-Candide, que la mort impitoyable a trop tôt moissonné. Il se présente là-bas, avec bien d'autres Confrères, comme un précurseur admirable digne d'être suivi. A la suite de vos devanciers, marchez en vous donnant en tout et toujours sans réserve.

Allez à l'ouvrage annoncé, avec tout votre cœur. Il vous faut un cœur de fils pour Dieu, notre Père commun, que vous devez apprendre à aimer et honorer; un sœur de fils pour là France, que vous devez faire estimer et glorifier', mais il vous faut aussi un cœur de mère pour les enfants dont l'instruction, pénible et ingrate parfois, devra être votre plus chère occupation. De plus d'une sorte assurément surgiront les difficultés.

Ayez du cœur au travail, quelque ardu qu'il soit ; oui, de tout cœur, allez ; de tout cœur, enseignez.

Mais surtout que votre cœur soit bien à Dieu et uni à lui. Aimez-le et vous répandrez son amour. Puis, comme laReine des Vierges, appelez par des prières ferventes sa naissance, gage de rédemption et de salut, dans les âmes au milieu desquelles vous vivrez.

Enfin, notre douce Mère se donne sans retour. Ah mes Frères, si l'obéissance ou des circonstances imprévues vous ramènent, ce sera Dieu qui l'aura voulu. Mais, de votre côté, aujourd'hui acceptez généreusement et sans esprit de retour la mission chrétienne d'évangélisation et de civilisation qui vous est offerte.

Ce soir, dites à Dieu : Je me donne sans retour à votre service, à celui des enfants qui m'attendent, de l'Eglise et de la France qui m'envoient.

Tels sont vos sentiments, je le sais, mes bien chers Frères. Que Dieu les bénisse, les fortifie encore et leur assure la persévérance que rien n'ébranle.

Nous lisons au livre des Macchabées que le vieillard Mattathias, envoyant ses fils au combat, leur tint ce langage : « Soyez forts. Agissez en hommes de cœur et demeurez toujours fidèles aux règles de la Foi. » Israël était alors entouré d'ennemis redoutables qui avaient juré sa ruine. lis partirent, et, dociles aux recommandations paternelles, ces vaillants combattants finirent par connaître la victoire et rendre à leur patrie les jours glorieux du passé. Vous allez partir au nom de D'eu et de la France. Il me semble entendre leur commune 'voix vous redire aussi : Nos fils, soyez forts. Agissez en hommes de cœur. Les jours, comme en Israël, sont mauvais pour votre patrie ; donnez-lui un peu de sa gloire passée. Devant vous aussi se dresse le fanatisme musulman, le paganisme chinois avec ses horreurs ;  ne tremblez pas ! En hommes de cœur, donnez-vous sans retard, sans réserve, sans retour. Mais soyez fidèles aux règles de la foi de votre enfance, et de la foi religieuse, 'vouée sous les auspices de Marie. A ce prix, vous connaîtrez le triomphe: à Dieu, vous gagnerez des âmes; à. la France, de l'honneur et de la gloire. Allez, Religieux Maristes, Catholiques et Français toujours ! Pour Dieu et pour la Patrie ! Amen. 

NOUVELLES DU BRÉSIL. 

Par une lettre datée du 24 décembre, le C. F. Norbert, Assistant, nous annonce qu'il est heureusement arrivé, avec ses compagnons de voyage, le 23 du même mois, à Congonhas do Campo, siège du premier Etablissement fondé au Brésil, par nos Frères, en 1897.

Nos chers voyageurs ont été accueillis avec enthousiasme et au bruit solennel des détonations des boîtes tirées en leur honneur. Ils ont eu, entre autres sujets de joie, celui de constater que les Frères avaient conquis le droit de cité dans la jolie petite ville de Congonhas. Le collège — on pourrait dire le petit séminaire — dont ils ont la direction, avec la collaboration d'un prêtre chargé des fonctions d'aumônier et de l'enseignement du latin, contient une quarantaine d'élèves internes qui leur donnent beaucoup de satisfaction. A côté du collège est un externat qui reçoit une cinquantaine d'enfants.

Outre le programme de l'enseignement primaire, les frères donnent des leçons d'agriculture. La vaste propriété mise à leur disposition leur permet de joindre la pratique à la théorie, et déjà les habitants du pays admirent les résultats obtenus, principalement dans les produits de l'horticulture.

Le Brésil, dit le C. F. Norbert, nous offre un champ très vaste. La nouvelle de sa future visite l'ayant précédé dans le pays, il a trouvé à son arrivée plusieurs demandes de fondation. Prions Dieu de nous donner de bons ouvriers. 

Faveurs obtenues par l'intermédiaire du vénérable Marcellin Champagnat. 

J'ai la satisfaction de vous donner ci-dessous quelques courtes relations de faveurs obtenues par l'intermédiaire du Vénérable Marcellin Champagnat. Leur lecture, je n'en doute pas, tout en augmentant votre amour pour notre pieux Fondateur, vous portera à le prier avec plus de confiance encore et à recourir à lui dans tous vos besoins spirituels et temporels. De plus, la publication de ces faveurs, comme de celles obtenues dans la suite, sera un juste hommage de piété filiale rendu à notre Vénérable Père, en attendant que, par nos prières, nous obtenions bientôt le culte dont l'Eglise honore les saints. 

                                                  Notre-Dame de Fontaines, le 2 décembre 1897.

Mon parrain avait depuis plus de deux ans une énorme tumeur au côté, qui lui faisait souffrir le martyre, et il voyait arriver ses derniers moments sans que personne osât lui parler de confession. Il y avait trente-cinq ans qu'il ne s'était pas approché des sacrements ! Je lui écrivis sur ces entrefaites, pour lui dire que je le recommandais aux prières de mes confrères, et lui envoyai une image du vénérable P. Champagnat. Il fut si content de recevoir cette image qu'il souriait en la tenant dans sa main ; il la fit placer contre le mur, à côté de son lit, afin qu'il pût la voir à son aise.

A partir de ce moment, mon parrain oublia complètement ses souffrances, pour ne parler que des choses de la religion, avec une foi bien vive et une grande piété, et il demanda à ma sœur, qui prenait soin de lui, de vouloir bien commencer une neuvaine au Vénérable. « Pour faire cette neuvaine comme il faut, lui dit-il un peu plus tard, il est nécessaire que je remplisse mes devoirs religieux, car j'en ai un bien grand besoin », et il la pria d'aller chercher un prêtre, M, le curé, nouvellement arrivé dans la paroisse, vint donc lui faire sa première visite et le confesser. Ils furent enchantés l'un de l'autre.

Mais pour recevoir le bon Dieu, mon parrain voulut qu'on le mît dans le plus grand état de propreté, et que sa chambre fût toute ornée de beau linge blanc. Quand le prêtre entra, il se mit sur son séant, ôta son bonnet et joignit pieusement les mains ; il reçut ensuite la sainte Communion avec un si grand recueillement, qu'il édifia tous ceux qui étaient présents. Il vécut encore deux jours dans les mêmes dispositions et rendit ensuite son âme à Dieu, après avoir exprimé bien des fois son bonheur de mourir ainsi préparé et après avoir souvent remercié notre Vénérable, qui lui avait obtenu une si grande grâce.

                    Frère C. 

Il 

                                              Notre-Dame de l'Hermitage, le 6 janvier 1898.

Un jour, en récréation, une boule lancée avec force vint me frapper le bas de la jambe ; il en résulta une entorse. Après m'être fait rhabiller, je constatai que la guérison ne venait pas; je me crus estropié. Je consultai alors plusieurs médecins, mais aucun ne parvint à me soulager ; mon pied s'ankylosait.

Désespérant d'être guéri   par la médecine ordinaire, l’idée me vint de commencer une neuvaine au V. Marcellin Champagnat. Je fis donc cette neuvaine, et, dès les premiers jours, la douleur cessa et je pus commencer à mouvoir mon pied. J'eus le malheur, un jour, d'oublier ma neuvaine et la douleur revint aussitôt. Je la continuai de mon mieux et la terminai par une visite au tombeau du Vénérable. A partir de ce moment, mon mal disparut presque complètement, me laissant pénétré de la plus vive reconnaissance pour celui dont je tenais une aussi grande faveur. 

III 

                                          Saint-François de Beauce (Canada), le 3 juillet 1898,

Etant au Juvénat d'Iberville, je me sentis atteint dans la poitrine d'une douleur très vive qui M'empêchait de respirer. J'en fis part au cher Fr. Directeur qui, comprenant la gravité du mal, me conduisit chez M. le Docteur. Après m'avoir examiné très sérieusement, le Docteur déclara que ma maladie provenait des poumons et du cœur et qu'elle était grave. Il m'ordonna un repos absolu et me prescrivit quelques remèdes qui ne m'apportèrent aucun soulagement. Au contraire, je commençai à prendre chaque jour des crises très pénibles je ressentais des points de côté excessivement douloureux et j'éprouvais de telles difficultés pour respirer que j'en étais hors de moi.

Le cher Fr. Provincial ayant passé par Iberville, me trouva bien mal. Il me dit que si les hommes étaient impuissants à me guérir, un miracle du Vénérable Marcellin. Champagnat pouvait le faire. Il me donna donc un peu de ses reliques et me conseilla de commencer une neuvaine à ce bon Père. Je plaçai la relique sur ma poitrine et je fis ma neuvaine, à laquelle s'unirent tous les Juvénistes d'Iberville. Au dernier jour, mes crises avaient complètement cessé, à tel point que mon Père étant venu ce jour-là pour m'emmener dans ma famille, je pus faire un trajet de 75 lieues sans en être incommodé.

Arrivé chez mes parents, je fis avec eux une autre neuvaine dans le but d'obtenir mon entière guérison et, à peine était-elle terminée, que j'étais complètement exaucé. De sorte que me voilà maintenant plein de santé au milieu de ma famille, jusqu'à l'époque de la prochaine retraite, où il me sera donné de retourner Parmi mes bien-aimés condisciples d'Iberville. En attendant, je remercie chaque jour le Vénérable Champagnat de la grande faveur qu'il m'a accordée et le prie de me conserver toujours dans sa chère Congrégation, où j'espère être un jour utile au salut des âmes. 

IV 

                             Notre-Dame de l'Hermitage, le 10 octobre 1898. 

Je vous remercie M. C. F. A., du bon souvenir que vous avez eu pour moi pendant les examens. J'ai donc réussi ; quelle grâce, quel bonheur pour moi de pouvoir bientôt commencer à faire connaître et aimer le bon Dieu ! A qui dois-je mon succès ? Au Vénérable Champagnat. Il m'a assisté d'une manière visible, surtout à la première série. J'avais son image dans mon buvard; de temps en temps je l'invoquais et il m'aidait. A partir de ce moment, j'ai eu une grande confiance en lui, et je lui ai promis de ne passer aucun jour sans lui adresser quelques prières. Aidez-moi, M C. F. A., à remercier ce bon Père pour la grâce signalée qu'il m'a obtenue. 

                                    Nathalo (Lifou), le 31 décembre 1893.

Un jeune homme, nommé Augustin Sauce, qui depuis huit ans est employé comme moniteur à notre école, a été dernièrement l'objet d'une faveur toute spéciale, obtenue par l'intercession de notre pieux Fondateur. Voici en quelles circonstances.

Ce jeune homme, le meilleur indigène que j'aie jamais connu, fut subitement pris d'un violent mal de tête, au commencement du mois d'août dernier, et son mal devint bientôt si intense qu'il en perdit la raison ; il avait la manie de se sauver dans la brousse et de frapper de la tête contre les arbres ; il fallait l'attacher ou le tenir pour l'empêcher de fuir.

Le samedi, 19 septembre, veille de la première communion de nos chers enfants, je proposai au malade une neuvaine au Père Champagnat. Il accepta avec plaisir, et sa femme, excellente chrétienne, la lui fit faire très exactement. Je la fis également commencer aux enfants de l'école, qui étaient alors dans les meilleures dispositions ; tous s'y prêtèrent avec joie et la neuvaine fut continuée avec beaucoup de ferveur.

Notre cher malade fit de grands efforts pour assister à tous les offices du dimanche, 20 septembre, et même son confesseur lui trouva assez de raison pour lui permettre la sainte Communion, qu'il fit avec son épouse ; mais, après chaque exercice, on dut lui dire de se retirer et l'aider à sortir de l'église. Il fut très souffrant jusqu'au vendredi, septième jour de la neuvaine ; ce jour-là son mal le quitta subitement, pour ne plus reparaître. Le dimanche suivant, 27 septembre, il reprit ses fonctions de moniteur à l'école et de chantre à l'église, qu'il a continuées depuis, plein de reconnaissance pour notre saint Fondateur, à qui il attribue sa guérison.

                    Frère A. 

VI 

                                                     Arlon (Belgique), le 2 novembre 1898.

Il y a un peu plus de deux mois, quatre cas de fièvre scarlatine se déclaraient parmi nos novices d'Arlon. Pour éviter toute contagion, nous avons fait soigner ces malades à l'hôpital Saint-Joseph de la ville, et nous avons assaini notre maison de notre mieux. Nous croyions le danger conjuré et nous commencions à nous tranquilliser, car aucun nouveau cas ne s'était plus produit, quand tout à coup, notre Frère E. se trouva pris de telle façon qu'il était impossible de le transporter sans péril pour sa vie.

Une neuvaine à notre Vénérable fut aussitôt commencée. Le troisième jour, le Frère allait si mal, qu'il fallait deux infirmiers pour le maintenir dans son lit ; il a même réussi à s'échapper une fois, et s'est dirigé vers la basse-cour, où on ne l'a trouvé qu'après un quart d'heure ; car c'était à 5 heures du matin.

Nous redoublâmes alors nos prières à notre saint Fondateur, et le même jour, à midi, la fièvre était tombée, le délire avait cessé et notre cher malade entrait en convalescence. Depuis ce jour, son état s'est très rapidement amélioré, et s'il garde encore la chambre, ce n'est que par mesure de prudence pour la Communauté. le ne puis attribuer un changement aussi prompt qu'aux prières adresséesà notre bon Père.

Un jeune Frère a été aussi l'objet d'une faveur toute spéciale, ces temps derniers. Plusieurs membres de sa famille vivaient dans une grave inimitié depuis plus d'un an. Le bon Frère a prié avec ferveur notre Fondateur pour qu'il leur obtînt de Dieu une parfaite réconciliation, et cette grâce lui a été pleinement accordée.

Ces faveurs augmentent beaucoup notre confiance en notre Vénérable et nous portent à nous adresser à lui dans tous nos besoins.

                        Frère C. 

ŒUVRES DE JEUNESSE 

Plusieurs fois je vous ai entretenus, mes très chers Frères, de l'importance qu'il y a pour nous d'assurer, autant que possible, la persévérance religieuse et morale des Elèves de nos écoles, au moyen d'Œuvres dites post-scolaires. Je crois devoir y revenir aujourd'hui, m'y sentant poussé et par le désir de voir se consolider et se perpétuer le bien qui se fait dans nos écoles, et par les efforts que font les ennemis de la religion pour s'emparer de la jeunesse, dans un but qui n'est pas ouvertement avoué, mais que nous pouvons facilement entrevoir.

On lisait tout récemment, en effet, dans la Semaine religieuse de Paris, l'information suivante :

« On vient de publier un rapport très important sur l'ensemble des œuvres laïques dites post-scolaires. Ces œuvres, on le sait, ne sont pas autres que les cours d'adultes, projections, causeries, lectures, conférences, associations d'anciens élèves d'écoles primaires, mutualité entre élèves, etc. Le but déclaré est de combattre « soit le fléau de l'alcoolisme, soit l'exode des paysans vers les grandes villes, soit l'esprit d'intolérance et de fanatisme ». Inutile d'ajouter que ces œuvres sont la plupart inspirées par la franc-maçonnerie. »

Nous ne savons que trop, M. T. C. F., que combattre l'esprit d'intolérance et de fanatisme, n'a pour la libre-pensée et la franc-maçonnerie, d'autre signification que déchristianiser. Oui, tel est le danger redoutable auquel sont exposés les adolescents et les adultes qui fréquentent les cours dont il est question.

Quel est, devant ce danger, le devoir des catholiques, de tous ceux qui se préoccupent de l'éducation et de l'avenir des enfants du peuple ? C'est de combattre, par des œuvres chrétiennes, ces œuvres laïques qui menacent de détruire les résultats obtenus dans les bonnes écoles. Notre devoir, à nous, c'est, en voyant ce que l'on fait sous l'influence de Satan pour perdre la jeunesse, de faire, sous l'inspiration de l'Esprit-Saint et avec la coopération du clergé, tout ce qui est en notre pouvoir pour la sauver.

Plus d'un d'entre vous me dira peut-être : Je ne demanderais pas mieux que de m'occuper de la préservation religieuse et morale de mes anciens élèves ; mais une fois sortis de l'école, je ne les vois plus et je ne sais quels moyens employer pour les atteindre.

Cela peut être vrai, mais cela ne vous dispense pas d'essayer encore, de recommencer, de chercher sans cesse, d'appliquer les moyens qui, sur d'autres points, vous réussissent, et de consulter ceux de vos confrères qui s'occupent avec succès d’œuvres de persévérance.

Parmi les moyens que je viens vous indiquer, il en est que vous devez employer à l'école, et d'autres après la sortie de l'école de vos élèves.

I. – A L'ÉCOLE. – Préparez d'abord votre apostolat en l'exerçant de votre mieux à l'égard des enfants qui fréquentent vos classes, spécialement de ceux qui se préparent à la première communion ou qui l'ont déjà faite. Si vous leur avez donné une solide instruction religieuse, si vous les avez formés à une vraie piété, accoutumés à la pratique réfléchie et convaincue de tous les devoirs de la vie chrétienne, vous trouverez dans cette préparation, c'est évident, un point d'appui très puissant.

Ne négligez aucun des moyens indiqués dans le Guide des Ecoles pour attacher les enfants à l'école.

Ne soyez pas pour eux des maîtres durs, sévères, qu'on redoute et dont on aspire à s'éloigner. Faites-vous aimer comme éducateurs ; efforcez-vous par de bons procédés, de créer entre vous et vos élèves des liens d'affection durables. Alors ces âmes ne seront plus comme une place dans laquelle il faut pénétrer de haute lutte pour la première fois ; vous y serez, vous n'aurez plus qu'à vous y maintenir, en continuant, en perfectionnant ce que vous aurez si heureusement commencé.

II. – APRÈS LA SORTIE DE: L'ÉCOLE. – Ces enfants qui au sortir de l'école, vont devenir des jeunes gens et remplir un rôle dans la société, ne les perdez pas de vue, comme si votre mission auprès d'eux avait pris fin. C'est alors qu'elle demande de vous un actif dévouement. Conservez donc avec soin la liste de leurs noms pour la consulter de temps en temps et vous demander ce que devient chacun d'eux. Suivez-les par la pensée, la prière, les informations que vous prendrez sur leur compte auprès de leurs camarades, de leurs amis et de leurs parents.

Après cela, mettez-vous à l’œuvre pour conserver aussi fréquents que possible vos rapports avec chacun d'eux. C'est principalement le dimanche que vous pouvez espérer les réunir et avoir action sur eux, sans vous effrayer du surcroît de fatigue qui en résultera pour vous.

Efforcez-vous de réunir les enfants après leur première communion ; donnez à ces réunions le nom d'Apostolat de la prière, de Patronage, de Confrérie, Œuvre de persévérance, Académie, avec tel règlement que vous jugerez à propos, comprenant classe de chant, classe d'adultes, leçons d'agriculture, etc. C'est à chacun de voir ce qui a le plus de chance de succès. On n'a les fruits qu'à condition de cultiver et de préserver les fleurs. Dussiez-vous n'avoir au début que trois ou quatre enfants de la récente première communion, recevez-les et soignez-les. Un petit groupe se formera à la longue qui, peu à peu, sous la bénédiction de Dieu, et grâce à vos persévérantes sollicitudes, augmentera chaque année. Qui sait s'il ne finira pas par englober la meilleure partie de la jeunesse jusqu'au départ du service militaire, et si vous ne ferez pas surgir au milieu d'elle de bonnes et nombreuses vocations ?

Bien convaincus, M. T. C. F., que les oeuvres ayant pour but la préservation de la jeunesse doivent être au premier rang de celles qui appellent l'attention active des catholiques, vous y apporterez, j'en ai la confiance, tout le concours dont vous êtes capables. Ces couvres sont difficiles, sans doute, mais elles ne sont pas au-dessus de votre zèle et de votre dévouement.

Que la pensée du bien à réaliser, des heureux résultats à obtenir, vous excite et vous encourage à tenter le possible et l'impossible ; que l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, celui de la bénie Vierge Marie et le zèle du salut des âmes vous animent, vous soutiennent et vous fassent surmonter toutes les difficultés et tous les obstacles. Examinez quels moyens pratiques vous .pouvez employer; concertez-vous entre confrères, entendez-vous avec les chers Frères Vicaires Provinciaux, qui ensuite me renseigneront sur tout ce que vous croirez devoir ou pouvoir faire pour arriver au but auquel nous devonstendre : assurer les fruits de l'enseignement chrétien. 

DÉPART DE NOS FRÈRES SOLDATS. 

L'Echo de Fourvière du 26 novembre a consacré aux adieux du départ de-nos Frères soldats, un article que nous nous faisons un plaisir de reproduire :

« Le jour de la Dédicace, à la grand'messe, la chapelle de l'Hermitage avait peine à contenir les nombreux fidèles accourus des hameaux voisins. Dix-sept Frères maristes devaient partir le lendemain afin de commencer leur service militaire. Avant de quitter, pour trois ans, leur saint habit, ils avaient voulu se recueillir dans leur maison provinciale, et prendre congé de leurs vénérés Supérieurs et des membres de leur famille religieuse.

« A l'Evangile, un des Pères aumôniers, après avoir rappelé aux fidèles la solennité du jour, s'adressant aux jeunes soldats leur dit : « Mes Chers Frères, vous êtes venus passer ensemble cette dernière journée, près du tombeau du Vénérable Champagnat, dont la protection vous sera désormais si nécessaire. Vous êtes réunis aux pieds de cette Vierge qui a reçu, pendant le noviciat, vos premiers serments, et vous allez lui demander la grâce d'y rester courageusement fidèles. En face de ce tabernacle où réside le Dieu des forts auquel, plus que jamais, il vous sera nécessaire d'avoir souvent recours,vous allez renouveler vos engagements. Oui, promettez bien de rester Frères toujours, vous souvenant de la double signature qui terminait les lettres adressées d'Alger à ses parents, par ce vaillant que la mort nous a ravi cette année : Brunon Joseph, ou plutôt Frère Henri-Désiré toujours.

« Restez Frères avant tout, car au-dessus de l'étendard aux trois couleurs que nous saluons, comme vous, avec d'autant plus de respect qu'il est, à l'heure présente, plus indignement outragé, il est un autre drapeau à l'ombre duquel vous avez déjà vaillamment  combattu, auquel vous devez demeurer fidèles, la bannière de la Vierge Immaculée. Restez Frères malgré tout : malgré les moqueries ou les menaces, les séductions, les promesses et les mauvais exemples.

    Restez Frères en tout : dans votre allure, vous sou­venant de la modestie qui doit caractériser un Petit Frère de Marie ; dans vos rapports avec vos camarades, avec vos chefs, avec les Supérieurs de la Congrégation, avec le clergé ; dans vos rapports avec Dieu, par des prières ferventes et la fréquentation des sacrements.

Pour conserver votre vocation, luttez avec persévérance comme cet admirable saint Stanislas Kostka dont nous célébrons aujourd'hui la fête, comme saint  Martin que l'Eglise de France honorait vendredi dernier. Enrôlé à quinze ans, malgré lui, par son  père, dans la milice terrestre, alors qu'il avait déjà résolu de servir Dieu dans un cloître, il pratique au  milieu des camps, toutes les vertus monastiques, et se retire à Trèves, près de pieux cénobites, dès qu'il  est libre de rompre ses engagements militaires. Suivez les exemples de vos aînés.

Je crois être le seul de ma caserne à mettre les pieds à l'église, écrivait l'un d'eux ; j'y vais quand même chaque dimanche, et tous les jours quand je suis libre. Avec la grâce de Dieu et du caractère on peut  rester fidèle à ses devoirs de chrétien. Un jeune sergent, félicité de son nouveau grade, s'écriait en soupirant: Ah ! mon Père quand donc pourrai-je enlever ces galons d'or et les remplacer par les sombres parements de ma chère et pauvre soutane ?…

Partagez toujours ces nobles sentiments…

Ayant écouté avec une pieuse attention les derniers conseils du prédicateur, les dix-sept jeunes soldats, en costume religieux, vinrent s'agenouiller devant l'autel. La Vierge, au fond de sa blanche niche de marbre, au milieu des guirlandes et des lampes électriques habilement dissimulées sous les fleurs, apparaissait lumineuse et souriante, abaissant son sceptre, comme pour les protéger, sur ses enfants groupés dans le sanctuaire. Pendant que les trois cents voix de leurs confrères chantaient à l'unisson : Nous voulons Dieu, tous renouvelèrent leur vœu d'obéissance et leur consécration à Marie. Après la bénédiction du Très Saint Sacrement, le cantique d'adieu à Notre-Dame de l'Hermitage termina la cérémonie.

« Puissions-nous, dans trois ans, voir nos chers Frères revenir tous se consacrer de nouveau à l'éducation de nos enfants, et rendre ainsi à la patrie un service plus grand que celui auquel, aujourd'hui les astreint une législation inconnue aux siècles de foi » 

LETTRE DE COPENHAGUE. 

Vos Enfants du Danemark célèbrent aujourd'hui le dixième anniversaire de leur arrivée dans ce pays. Qu'à cette occasion il leur soit permis de vous offrir une courte relation de leurs faits et gestes durant cette période de débuts en Scandinavie, la région la plus septentrionale qui ait été ouverte, jusqu'ici, au zèle des humbles disciples du Vénérable Père Champagnat. Comme vous le verrez, mon Très Révérend Frère Supérieur, les bénédictions divines ne leur ont pas fait défaut, et le grain de sénevé croît de façon à faire présumer qu'un jour il deviendra un grand arbre à l'ombre  duquel de nombreux enfants pourront se mettre à l'abri.

En 1888, le Vicaire apostolique du Danemark et de l'Islande, Mgr J. Von Euch, au cours d'un voyage à Rome, visita la Maison-Mère et y entama des négociations en vue de l'établissement d'une maison de trois Frères à Copenhague. Le C. F. Norbert, alors Assistant de la Province du Nord, se rendit à son tour en Danemark pour y étudier sur place les conditions dans lesquelles les Frères auraient à vivre et, au besoin, y préparer les voies à ceux que la sainte Obéissance désignerait pour cette mission.

Les renseignements recueillis ayant fait présager qu'il y avait là un bien réel à effectuer, la fondation fut résolue, et le C. F. Weibert, nommé directeur du nouvel Établissement, se mit en route avec les deux Frères qui lui étaient adjoints. Après avoir traversé la Belgique et l'Allemagne, ils s'embarquèrent à Lubeck sur un vapeur qui se rendait à Copenhague.

Le 12 octobre, au matin, ils mirent enfin pied à terre dans cette Venise du Nord, comme les Danois se plaisent à appeler leur belle capitale. Ils furent reçus au débarcadère par le Secrétaire de Sa Grandeur, avec l'exquise politesse et la délicate cordialité qui caractérisent si bien le peuple danois. Après avoir reçu la bénédiction du vénéré Prélat et déjeuné chez lui, ils visitèrent la ville. Depuis plus de trois siècles, ni prêtre ni religieux n'y avait été vu en costume ; aussi, grand fut  l'étonnement du public à l'apparition de ces trois Petits Frères de Marie. Néanmoins, la curiosité du public était mêlée de respect et ne donna lieu à aucune démonstration par trop désagréable pour les nouveaux venus. Aujourd'hui encore, nous ne pouvons mettre le pied hors de la maison sans attirer l'attention. Si par hasard, vous aviez quelque Frère qui se plût à être toisé et examiné par le public, vous n'auriez, mon Révérend Frère Supérieur, qu'à l'envoyer à Copenhague pour le. satisfaire pleinement. Toutefois, il est très rare que quelqu'un nous manque d'égards : nous croyons de notre devoir de l'ajouter sans détour, pour rendre justice à ces bons Danois.

La ville ne possède que peu de vrais monuments mais elle est bien bâtie et renferme de grands parcs publics et des pièces d'eau d'un circuit total d'une lieue et demie. Cela, joint à son grand port qui en fait la première place de la Scandinavie, à son Université, à ses riches musées d'antiquités, à ses collections artistiques et scientifiques et à ses environs pittoresques, y attire tous les ans une foule de visiteurs, surtout pendant la belle saison. En hiver, son port est assez fréquemment bloqué par la glace. Toutefois, cela n'interrompt pas tout le trafic maritime : la glace est souvent assez épaisse pour permettre d'y frayer de vraies voies de communication. Nous nous sommes avancés bien des fois nous-mêmes, avec tous nos internes, jusqu'à plusieurs kilomètres sur la Baltique prise par la glace. C'est une promenade qui ne manque pas d'intérêt : on peut s'y faire une petite idée des paysages polaires que Frithjof Nansen a parcourus, il y a deux ou trois ans, et qu'Andrée est allé visiter en ballon. Copenhague a une population d'un peu plus de 400.000 habitants, dont 4.000 catholiques. Ceux-ci y possèdent actuellement huit églises ou chapelles, cinq écoles de garçons et quatre de filles. Ces dernières sont toutes dirigées par les Sœurs de Saint-Joseph de Chambéry, tandis que les premières le sont par des instituteurs laïques, par les RR. PP. Jésuites et par vos Enfants.

La première année que les Frères passèrent en Danemark, fut consacrée tout entière à l'étude de la langue danoise. Ce bel et riche idiome dérive du norois, langue parlée autrefois dans toute la Scandinavie, mais qui ne l'est plus aujourd'hui qu'en Islande où grâce à l'isolement de cette île, elle s'est conservée telle qu'elle était au IX° siècle.

Le danois est très voisin du suédois et presque identique au norvégien ; quelqu'un qui connaît l'une de ces trois langues peut converser, sans trop de difficulté, avec des personnes faisant usage des deux autres. Les difficultés inhérentes à l'étude du danois sont très grandes pour ceux qui ne sont pas initiés au mécanisme des langues germaniques ; mais elles furent surmontées assez facilement par les trois Frères, grâce aux connaissances qu'ils possédaient, soit en allemand, soit en anglais ou en flamand. En novembre 1889, ils savaient suffisamment briser le d, couler I'r, et étrangler le g pour commencer leur apostolat auprès de la jeunesse danoise.

Ils se mirent donc à l’œuvre. Leur école fut ouverte dans le « Haveselskabets Vejo », quartier de Frederiksberg. Le premier jour, il y eut douze élèves. Mais ce nombre s'accrut rapidement, grâce aux conversions opérées parmi les protestants et à la confiance que les Frères surent inspirer au publie. En 1890, les locaux scolaires étant devenus insuffisants, Sa Grandeur Mgr J. Von Euch résolut de reconstruire dans la Boyesgade, un nouvel édifice renfermant une chapelle à cinq cents places, des appartements pour deux prêtres et pour les Frères, des classes pour garçons et pour filles.

Les travaux commencèrent en 1891. En septembre 1892, le nouvel édifice étant achevé, l'école des Frères y fut installée. Vrai monument d'architecture danoise la nouvelle école est un des principaux ornements du joli quartierde Frederiksberg.

Le nombre des élèves continuant à s'accroître, on dut ajouter, en 1896, une troisième classe aux deux déjà existantes. Aujourd'hui, les enfants qui fréquentent l'établissement sont au nombre de 104, non compris la vingtaine de petits garçons de la classe préparatoire, tenue par les Sœur de Saint-Joseph. Celles-ci dirigent l'école des filles et ont près de 160 élèves. Tous ces enfants étant catholiques, à quatre ou cinq près, vous voyez, très Révérend Frère Supérieur, que notre sainte religion gagne sensiblement du terrain dans le quartier que vos Enfants habitent.

Nos classes commencent à 8 heures du matin par la sainte messe, à laquelle tous les enfants sont tenus d'assister. Pendant le saint Sacrifice, on prie à haute voix ou l'on chante des cantiques. En Danemark, les enfants ne vont à l'école qu'une fois par jour dans les établissements officiels ; le maître instruit une ou deux sections d'élèves dans la matinée, puis les congédie avec un travail à faire à domicile. Dans la soirée, il s'occupe des autres et les congédie de même. De cette façon, il n'est jamais surchargé, et l'enseignement y gagne.

Dans les écoles libres comme la nôtre, les élèves ne viennent également qu'une fois par jour ; mais, au lieu de les renvoyer à midi, on les garde jusqu'à deux heures. Les distributions de prix sont inconnues dans les Etats scandinaves; elles y sont remplacées par des examens publics, qui ont toujours lieu avec une certaine solennité, et qui stimulent les professeurs aussi bien que les élèves.

Un autre moyen d'émulation en usage dans notre école, c'est la distribution de petites récompenses mensuelles qui, sans entraîner les grosses dépenses que nécessitent çà et là les distributions annuelles, ne manquent pas de produire les bons effets que souvent on attend en vain de ces dernières. Il y a quelques semaines un envoyé du gouvernement allemand visitant les écoles danoises, nous fit l'honneur de parler de la nôtre avec éloge dans une feuille de Copenhague. Nos petits succès, nous les attribuons naturellement au bon Dieu, mais nous n'en craindrions pas moins de manquer à un devoir de reconnaissance si nous ne mentionnions pas ici la bienveillance dont nous avons été constamment l'objet de la part de Sa Grandeur Mgr J. Von Euch, et les encouragements qu'il n'a cessé de nous prodiguer.

Toutefois, Très Révérend Frère Supérieur, notre oeuvre à Copenhague ne se borne pas à la tenue de cette école. Dès les débuts de notre séjour en Danemark, Mgr J. Von Euch nous manifesta le désir qu'il avait de voir se fonder chez nous un internat destiné à recevoir les enfants catholiques originaires des localités où il n'y a encore ni prêtre ni école de leur confession.

Nous nous fîmes un devoir d'acquiescer à ce désir. Deux classes furent transformées en dortoirs provisoires et quelques enfants ne tardèrent pas à nous arriver.

D'abord assez restreint, le nombre s'en est élevé et maintenu, pendant ces trois ou quatre dernières an­nées, à une vingtaine environ, y compris les quatre ou cinq orphelins qui nous furent confiés par la Société de Sainte-Elisabeth. Comme les externes, ces enfants res­tent généralement dans l'établissement de leur huitième à leur quatorzième année.

Les classes se terminant à 2 heures, et quelques pa­rents d'élèves, en même temps que certains membres de la légation française, ayant exprimé le désir de voir enseigner le français  chez nous, il fut établi dans l'établissement des cours de français et d'anglais, qui se donnent dans la soirée, et qui sont suivis aujourd'hui par une vingtaine de nos élèves.

De plus pour permettre aux enfants de la légation française de faire à Copenhague leurs classes primaires et secondaires dans la langue et suivant les programmes de leur pays, nous avons organisé une classe spéciale pour eux. En ce moment, ces enfants sont au nombre de quatre parmi lesquels les deux fils de M. Raindre, ministre de France, et le fils de M. Pradère, consul.

L'enseignement du français à un bon nombre de nos élèves danois, la fréquentation de l'établissement par les enfants de la légation française et enfin l'institution de cours privés de français pour adultes, nous ont valu les faveurs du gouvernement français, qui nous a alloué une subvention annuelle de cinq cents francs.

Le représentant extraordinaire de la France aux funérailles de S. M. la reine Louise, l'amiral Gervais, empêché de visiter notre école pendant son séjour à Copenhague, n'a cependant pas voulu s'éloigner sans nous en exprimer son regret et sans nous laisser un témoignage éclatant de l'intérêt qu'il porte à notre Œuvre.

Quant aux leçons privées de français dont il vient d'être fait mention plus haut, elles se donnent en dehors du temps de classe, et contribuent assez largement à battre en brèche les vieux préjugés protestants contre le catholicisme et ses institutions.

Quoique moins connue en Danemark que l'allemand et l'anglais, la langue française y est cependant assez étudiée ; et les adultes qui, pour l'approfondir, ont eu recours à nous, sont en nombre considérable. Ce sont, pour la plupart, des officiers, des commerçants, des hommes de science, des employés de tout genre, ou des rentiers.

Une autre Œuvre à laquelle vos Enfants se dévouent en Danemark, Très Révérend Frère Supérieur, c'est une Société de persévérance dont les membres se recrutent surtout parmi les anciens élèves de l'établissement, fixés en ville ou aux environs. Des réunions hebdomadaires dans un local ad hoc fournissent à ces jeunes gens l'occasion de converser avec les prêtres et avec leurs anciens professeurs, et d'entretenir les relations amicales nouées entre eux pendant qu'ils fréquentaient l'école.

Quoique cette oeuvre ait de grandes difficultés à surmonter, par suite surtout de la dispersion des jeunes gens qui en font partie, et des occupations qui ne leur laissent pas toujours le loisir d'assister aux réunions réglementaires, nous espérons cependant que, Dieu aidant, elle finira par fleurir comme toutes les autres auxquelles nous nous consacrons pour sa gloire.

Enfin, il va sans dire que le recrutement des vocations n'a pas été négligé non plus. Déjà une douzaine de jeunes Danois sont entrés dans la Société et y ont persévéré jusqu'à présent. L'un d'eux, le cher F. Louis-Aubert, a même déjà reçu, nous avons tout lieu de le croire, la récompense promise à ceux qui persévèrent jusqu'au bout.

Le développement et la multiplication de nos œuvres ayant déjà nécessité des augmentations successives de personnel, et tout faisant présager que ce mouvement ascendant ira en s'accentuant de plus en Plus à mesure que le nombre des catholiques s'accroîtra, ces Frères de nationalité danoise pourront être d'un puissant secours à la propagation de notre sainte Religion parmi leurs compatriotes. Déjà maintenant, des sept membres qui composent notre communauté, deux sont Danois, et la fondation de nouvelles maisons en Danemark ne pourra qu'augmenter ce nombre.

Vous nous demanderez peut-être, Très Révérend Frère Supérieur, si l'on peut s'attendre à voir le nombre de nos établissements s'accroître en Scandinavie.

Il est bien vrai que le retour au catholicisme d'un pays où le luthéranisme est religion d'Etat et jouit, comme tel, de toutes les faveurs du gouvernement, ne peut s'opérer que d'une manière lente et graduelle. Mais l'impulsion est donnée à ce mouvement de retour dans les régions que nous habitons, et rien ne l'arrêtera plus désormais. Déjà, nous avons une presse régulière et une littérature qui s'enrichit de jour en jour. Les conversions sont assez nombreuses, et elles ont lieu non seulement dans les classes inférieures de la société, mais aussi dans les classes moyennes et élevées.

Ces dernières années ont vu, par exemple, la conversion éclatante, bruyante même parfois, d'hommes de lettres distingués comme J. Jorgensen ; de prêtres luthériens comme MM. Jensen et Hansen, et même de nobles comme les barons Stampe et Lovenskjold. De plus, les stations catholiques se multipliant et prospérant de plus en plus en province, il nous semble que l'on peut voir se dessiner à l'horizon l'aurore de jours où les Enfants du Père Champagnat auront des maisons au moins dans les principales villes du royaume. Les Sœurs de Saint-Joseph de Chambéry établies en Scandinavie depuis un demi-siècle, sont aujourd'hui au nombre de plus de 150 en Danemark seulement. Pourquoi ne pourrions-nous pas ce que d'autres peuvent ?

En ce dixième anniversaire de notre arrivée en Danemark, nous remercions vivement le bon Dieu et bénissons la Sainte Vierge des faveurs de tout genre qui nous ont été départies durant cette période d'essais ; nous nous sentons heureux et fiers d'appartenir à la grande famille du Père Champagnat, et nous fêtons en famille nos débuts communs et nos gloires communes, qui, hâtons-nous de le dire, se résument en une seule, la folie de la Croix.

Les épreuves ne nous ont pas manqué : n'accompagnent-elles pas toujours les oeuvres de Dieu ? Ce qui, en cet anniversaire, nous est peut-être le plus sensible, c'est de ne pas avoir le cher F. Weibert au milieu de nous pour partager notre joie et notre « Rod Grod[1]». C'est qu'en effet, il a dû nous quitter depuis plus d'un an, pour refaire sa santé ébranlée par les multiples travaux de l'apostolat, emportant les regrets non seulement de ses confrères, mais aussi du public et de Sa Grandeur Mgr J. Von Euch, dont il était particulièrement estimé.

Voilà, Très Révérend Frère Supérieur, un exposé succinct de nos humbles essais en Danemark, des petits succès que nous devons exclusivement aux bénédictions divines, et des espérances que nous nourrissons pour la gloire de Dieu et la prospérité de notre cher Institut. Puisse-t-il vous faire plaisir, et vous être une preuve de notre attachement inviolable à notre Congrégation en même temps qu'un hommage filial à votre personne.

Veuillez agréer, Très Révérend Frère Supérieur, l’assurance de l'entière soumission et du profond respect avec lesquels nous sommes,

Vos très humbles et très obéissants Enfants de Copenhague

Au nom de tous

            F. GÉRAUD. 

Cette lettre nous donne l'occasion de mentionner ici que le gouvernement français vient de reconnaître les services rendus par nos Frères en Danemark, en décernant au C. F. Géraud, leur Directeur, les palmes d'Officier d'Académie.

La même distinction honorifique a été accordée dernièrement au C. F. Victrice, Directeur de l'internat de Néméara (Nouvelle-Calédonie). 

Nos DÉFUNTS 

F. FLAMIDIEN, Novice, décédé à Jonquières-Saint-Vincent (Gard), le Il mars 1898.

F. EUGENDUS, Obéissant, décédé dans sa famille, à Lésignan (Aude), le 8 avril 1898.

F. FIDELIS-BERNARDO, Profès, décédé à Pékin-Chala-­Eul (Chine), le 21 avril 1898.

F. BASILE, Profès, décédé à Meanee (Nouvelle-Zélande), le 23 avril 1898.

F. DAVINUS, Profès, décédé à Saint-Hyacinthe (Canada), le 8 mai 1898.

F. GENNADE, Profès, décédé à Villa-Maria, près Sydney (Australie), le 9 mai 1898.

F. SERVILIUS, Profès, décédé à Saint-Rambert (Loire), le 26 mai 1898.

F. LEON-CANDIDE, Obéissant, décédé à l'Hôtel-Dieu de Lyon (Rhône) le 28 mai 1898.

F. ABEL, Stable, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 30 mai 1898.

F. LAURENT-JOSEPH, Profès, décédé à Nyons, (Drôme), le 2 juin 1898.

F. ASTÉRIUS, Profès, décédé à Beaucamps (Nord), le 13 juin 1898.

F. MARIE-URBAIN, Stable, décédé à Rome, le 21 juin 1898.

F. MARIE-JOATHAS, Novice, décédé à Lacabane (Corrèze), le 2 juillet 1898.

F. EPIPHANE, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 8 juillet 1898.

F. TITIANUS, Profès, décédé à Saint-Martin-Lestra (Loire), le 16 juillet 1898.

F. VALFRÉ, Profès, décédé à Beaucamps (Nord), le 24 juillet 1898.

F. MARIE-ABEL, Profès, décédé à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), le 24 juillet 1898.

F. REGIS-AIME, Obéissant, décédé à Saint-Maurice-de-Lignon (Haute-Loire), le 24 juillet 1898.

   NURIT Jean-Isidore, Juvéniste, décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 3 août 1898.

F. AMANCE, Profès, décédé à Beaucamps (Nord), le 7 août 1898.

F. VALÉS, Stable, décédé à Sydney-Hunter's Hill (Australie), le 8 août 1898.

F. GAUZELIN, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 14 août 1898.

F. THÉONITAS, Profès, décédé à Aubenas (Ardèche), le 17 août 1898.

F. HEREBALDUS, Profès, décédé à l'Hôtel-Dieu de Lyon (Rhône), le 18 août 1898.

F. MARIE-VALÉRICUS, Obéissant, décédé à Lacabane (Corrèze), le 20 août 1898.

F. CLÉMENTIEN, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 21 août 1898.

F. MARCELLIN-BENOIT, Novice, décédé à Aubenas (Ardèche), le 31 août 1898.

   GAILLOT Jean-B., Juvéniste, décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 2 septembre 1898.

F. BEAUDOIN, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 4 septembre 1898.

F. TÉRENTIEN, Obéissant, décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 6 septembre 1898.

F. M-FRANCISCUS, Profès, décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 21 septembre 1898.

F. ANANIE, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 24 septembre 1898.

F. EMMERAND, Profès, décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 30 septembre 1898.

F. SISOES, Stable, décédé à La Valla (Loire), le 4 octobre 1898.

F. ROMARIC, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 6 octobre 1898.

F. MARIE-CÉCILIEN, Novice, décédé dans sa famille à St-Joseph-de-Beauce (Canada), le 12 octobre 1898.

F. MARIE-OSTIEN, Profès, décédé à Laprugne (Allier), le 13 octobre 1898.

F. VICTORIEN, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 23 octobre 1898.

F. ALBAN, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 24 octobre 1898.

F. GALLICAN, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), 30 octobre 1898.

F. MODÉRATUS, Profès, décédé à Saint-Mauront (Marseille), le 9 novembre 1898.

F. SERVAND, Profès, décédé à Aubenas (Ardèche), le 9 novembre 1898.

F. JOSEPH-SATURNIN, Novice, décédé à Beaucamps (Nord), le 26 novembre 1898.

F. CONSTANCIO, Novice, décédé à Bunza (Navarre), le 1ierdécembre 1898.

F. EUPHROSE, Profès, décédé à Saint-Genest-Malifaux (Loire), le 3 décembre 1898.

F. JOSEPH-DOMINIQUE, Novice, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 10 décembre 1898.

F. AGGÉE, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 12 décembre 1898.

 

Je recommande tous ces chers défunts à vos pieux suffrages selon la Règle. La dévotion aux âmes du purgatoire est une de celles que notre Vénérable Fondateur nous a tout particulièrement recommandées. Elle nous apporte les plus grands fruits de salut, en même temps que le soulagement si désiré et si puissant aux saintes âmes, retenues dans le lieu d'expiation. 

AVIS 

FOURNITURES CLASSIQUES. – Nous avons appris avec plaisir qu'un bon nombre de nos chers Frères Directeurs profitent de toutes les occasions pour faire connaître notre collection de livres classiques et nous les remercions vivement de leur zèle. Cependant nous croyons devoir rappeler à plusieurs qu'ils ne peuvent livrer nos ouvrages à d'autres qu'à leurs élèves.

M. Emmanuel Vitte, éditeur, 3, place Bellecour, Lyon, est seul chargé de la, vente des F. T. D., en dehors de nos maisons ; c'est à lui qu'il faut adresser les personnes qui désireraient s'en procurer.

Quelques établissements encore ne se conforment pas aux prescriptions des circulaires pour l'achat des livres de prix et de la papeterie ; c'est un devoir pour eux d'envoyer toutes leurs commandes aux procures provinciales. 

ARRÉRAGES. – Les Frères Directeurs des Pensionnats et des écoles payantes ne doivent pas recevoir les élèves qui n'ont pas acquitté les arrérages de l'année précédente ; il est imprudent de laisser accumuler deux trimestresnon acquittés : l'expérience nous prouve que nous faisons, chaque année, des pertes importantes, soit par la négligence, soit par la faiblesse des Frères qui tiennent au nombre et se contentent de promesses.

Les Frères Directeurs enverront en janvier, au cher Frère Procureur général, la liste nominative des arrérages dus à ce jour.

ACCIDENTS. – Nous recommandons à tous nos Frères Directeurs de ne pas contracter d'assurance contre les accidents qui peuvent arriver à leurs élèves pendant leur séjour à l'école. La Congrégation s'assure elle-même,

ENSEIGNEMENT AGRICOLE. – La plupart de nos Frères Directeurs se sont occupés avec zèle de l'enseignement de l'agriculture et ont obtenu d'excellents résultats. Nous les prions de nous les faire connaître et de nous envoyer dans la huitaine les renseignements suivants : 

Nature du Cours.

S'il y a eu des travaux pratiques ?

                  des visites aux fermes des environs ?

Combien d'élèves ont suivi ce cours ?

                            ont subi des examens ?

                            ont réussi au 1° degré ?

                             ont réussi au 2e degré ?

Récompenses obtenues par les élèves.

                                       par les maîtres. 

C'est sur ces indications que sera établi le rapport destiné à la Société des Agriculteurs de France. 

NOUVEAUX OUVRAGES PARUS DE LA COLLECTION F. T. D. 

1° AGRICULTURE, Livre du Maître, comprenant, avec le livre de l'élève, des dictées agricoles, les développements des sujets de composition française, et la solution des problèmes.

2° COURS DE LANGUE ANGLAISE, à l'usage des candidats au brevet supérieur et aux divers baccalauréats, avec la Partie du Maître.

3° GUIDE TO SOLID PIETY. – Manuel de prières en anglais en usage dans l'Institut, comprenant l'Office de la Sainte Vierge, l'Office des Morts, les prières et instructions pour la confession, la communion et les principales dévotions, ainsi que des méditations sur les grandes vérités, etc. ….., prix : 2 francs.

Mount S. Michael's, Dumfries et dans nos Procures.

La Vie du R. F. François 1ièrepartie) est à l'impression. On pourra la demander aux Procures provinciales dans le courant de février. La seconde partie, comprenant les vertus et des lettres, paraîtra ultérieurement. 

EXPOSITION SCOLAIRE DE 1900. 

J'aime à croire, M. T. C. F., que vous avez commencé à faire exécuter les travaux qui vous ont été demandés par la circulaire du 12 novembre dernier, ou au moins que vous avez pris des mesures à ce sujet. Si quelques-uns d'entre vous n'avaient encore rien fait concernant ces travaux, je les invite à s'en occuper au plus tôt ; car il importe que notre Institut soit dignement représenté à cette Exposition, à laquelle les Congrégations des Frères Enseignants prendront part, sous un titre collectif.

Pour vous guider dans les corrections à faire aux devoirs des élèves, que je considère comme très importantes, et arriver à l'uniformité sous ce rapport, je vous adresse, avec la présente circulaire, quelques spécimens de devoirs corrigés et annotés. Je vous prie de les étudier et de vous conformer à la méthode indiquée.

Comme il vous a été dit, les cahiers choisis pour l'Exposition devront être reliés en album; il est donc nécessaire qu'ils soient tous rigoureusement de même dimension et qu'ils aient même réglure. Pour ce motif, nous en avons fait faire de spéciaux, que vous trouverez dans nos Maisons provinciales.

La présente circulaire sera lue en communauté, à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle ; et, de plus, au réfectoire, dans les Maisons de Noviciat.

Je vous renouvelle l'assurance de mon religieux attachement en Jésus, Marie, Joseph, et je suis toujours, en union de prières et de travaux,

Mes Très Chers Frères,

Votre très humble et très dévoué Frère et serviteur,

     F. Théophane.

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[1] : Mets national danois.

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