Circulaires 199

Théophane

1900-10-12

Circulaire du 12 octobre 1900 Lettre concernant la mort de trois de nos Frères pendant le siège du Péi-t'ang à Pékin. - Nomination du F. An­tonin, Visiteur en Chine. - Election du C. F. John, As­sistant. - Concours concernant l'agriculture

199

51.04.01.1900.2

 V. J. M. J.

Saint-Genis-Laval, le 12 octobre 1900.

   Mes Très Chers Frères,

Vous avez eu connaissance, pour la plupart, d'un télégramme daté de Shang-Haï du 29 août, reçu à la Maison-Mère, le 30, et portant tes mots foudroyants : Visiteur, Félicité tués. – Antonin.

Avec le Supérieur et la Communauté de la Maison-Mère, vous avez senti bien douloureusement la grande perte que faisait notre Mission de Chine, et vous avez prié. Comme nous aussi, vous avez éprouvé le plus ardent désir de recevoir des détails sur la mort de nos deux bien-aimés Frères, et vous avez trouvé bien longs les jours d'attente. Enfin, je reçois aujourd'hui des nouvelles, et je me hâte de vous les communiquer, comme répondant, au moins partiellement, à notre commun et fraternel désir. C'est d'abord une lettre du C. F. Cléophas, directeur de l'école d'Ou-tchang, en convalescence à Pékin, puis une autre du C. F. Louis-Michel, directeur de l'école française du Nan-t'ang. 

Pékin, le 24 août 1900.

Béni soit Jésus-Christ, et aussi sa sainte Mère !

« Mon Très Révérend Frère Supérieur,

Nous voilà enfin délivrés, depuis le 15 courant, de cet affreux siège que nous avons subi pendant deux mois, et qui a coûté la vie au Cher Frère Visiteur et au Cher Frère Joseph-Félicité, tous les deux tués au poste des vaillants, dans l'exercice de la charité.

Je ne puis vous rapporter que sommairement ce double événement, en laissant au C. F. Louis-Michel le soin d'entrer dans plus de détails.

Le C. F. Jules-André, Visiteur, frappé le 12 août, se trouvait, avec plusieurs Frères, réfugié au Pé-t'ang[1]. A 5 heures du matin, il avait assisté à une première messe et communié dans la chapelle de l'orphelinat des Sœurs, et il entendait une seconde messe quand, soudain, entre les deux Elévations, une formidable explosion fit pousser des cris de terreur parmi les assistants : une mine à la dynamite venait de faire sauter une grande partie des vastes bâtiments de l'Orphelinat, mais en épargnant la chapelle. Nous sortons à l'instant de la chapelle pour porter secours où il y en aurait besoin. Le C. F. Visiteur, entendant du milieu des décombres les gémissements d'une femme, s'avance hardiment pour l'en retirer, malgré les balles qui pleuvent autour de lui. Mais hélas ! il est presque immédiatement frappé d'une balle qui pénètre par le côté droit, effleure le cœur et sort par le côté gauche. Il tombe mortellement blessé ; le C. F. Marie-Nizier s'avance aussitôt pour le secourir, il essaye de le relever, mais déjà il ne soulève plus qu'un cadavre. Il était 6 heures ½.

Le C. F. Joseph-FéIicité est aussi tombé victime de son dévouement. Le 15 juillet, on s'aperçoit, au Pé-t'ang que les Chinois creusent une mine qui déjà s'avance sous les bâtiments du quartier des religieuses. On se met incontinent à l’œuvre pour pratiquer une contre-mine, et le C. F. Joseph-Félicité est choisi pour diriger les travaux. Le 18, les ouvriers n'avaient plus à creuser que 0m.50, lorsque, à 5 heures du soir, la mine fit explosion, engloutit les vingt travailleurs, blessa 25 personnes, et jeta notre cher et héroïque Frère à 20 mètres de distance. On ne le retrouva qu'après un quart d'heure, au milieu des ruines ; et, quoiqu'il n'eût apparemment qu'une légère blessure à la tête, il avait cessé de vivre.

C'est ainsi, mon Très Révérend Frère Supérieur, que périrent ou plutôt tombèrent d'une mort glorieuse ces deux dignes enfants de la Congrégation, victimes et martyrs de leur dévouement, de leur charité et de leur courage.

Dans le quartier des Sœurs, il y a eu quatre mines dont deux furent désastreuses et firent d'une partie des bâtiments des monceaux de ruines. Du côté des Pères missionnaires, il n'y a pas eu de mines ; mais les boulets chinois ont fait aux habitations et à la basilique des dégâts dont on ne peut se faire une idée.

Au seul souvenir de ces terribles mines, je suis encore saisi d'effroi, tout en éprouvant un profond sentiment de reconnaissance ; car si je n'ai pas péri lors de l'explosion d'une de ces mines, je le dois à la protection de Notre-Dame du Sacré-Cœur…

Je suis avec un profond respect, etc.

        F. Cléophas. 

II 

                                                       Pékin (au Pé-t'ang), le 20 août 1900. 

     « Mon Très Révérend Frère Supérieur,

Votre cœur paternel doit se trouver sans doute dans une bien grande anxiété, au sujet de vos enfants de Chine ; car vous n'ignorez pas l'orage qui vient de fondre sur eux.

Oh ! que nous avons souffert moralement et physiquement durant les deux mois de siège, de fusillade, de canonnade, d'incendies et de massacres que nous venons de traverser !

Humainement parlant, aucun des neuf cents Européens enfermés dans Pékin ne devait échapper au massacre, attaqués qu'ils étaient par l'armée régulière chinoise, les Boxeurs et les masses fanatiques ; mais Dieu a voulu nous montrer une fois de plus que ceux qu'il garde sont bien gardés.

Ce qui m'a été particulièrement pénible, c'est d'avoir été, durant ces deux mois d'angoisses et de quotidienne agonie, séparé de notre Cher Frère Visiteur, l'homme courageux et consolateur par excellence.

Voici comment les choses se sont passées.

Le 13 juin, après dîner, voyant approcher l'orage je me rends aux Légations pour régler quelques comptes et ramener avec moi, pour aller nous réfugier au Pé-t'ang, trois Frères qui se trouvaient à la Légation de France. Mes affaires terminées, nous cherchons des voitures pour le retour ; mais la foule qui circulait dans la rue européenne était énorme et plongée dans un silence de fort mauvais augure. Aucun voiturier ne veut nous prendre : heureusement pour nous, car nous aurions, sans aucun doute, été massacrés en route, comme venait de l'être, sur le même chemin, le chancelier du Japon.

Notre retour est donc remis au lendemain ; mais les événements se précipitent : ce même jour (13 juin), à 6 heures du soir, 300 Boxeurs viennent attaquer les Légations ; ils sont mis en fuite par les 400 marins venus depuis peu pour nous protéger. A 9 heures, le Toungt'ang brûle, et les trois missionnaires qui le desservent sont massacrés.

Le 14, les avenues des Légations étaient barricadées avec défense expresse à tout Européen de s'aventurer au dehors. A 8 heures, notre cher Nan-t'ang[2]est incendié ; mais les Missionnaires, les Sœurs et les Frères (F. Marie-Candide et F. Marie-Adon exceptés) sont en sûreté. D'horribles massacres ont lieu parmi les chrétiens et les enfants de Cha-la-Eul[3], réfugiés au Nan-t'ang depuisquelques jours.

Le 19 juin, le gouvernement chinois envoie aux ministres étrangers un ultimatum pour qu'ils eussent à quitter Pékin dans les vingt-quatre heures.

Le 20, au matin, le ministre d'Allemagne est tué par les soldats chinois, et le soir, à 4 heures, les légations sont attaquées par l'armée chinoise. Au milieu de l'épouvante générale, vos Petits Frères se confient en Dieu et lui font de grand cœur le sacrifice de leur vie.

Après quelques jours d'une effrayante fusillade, tout le monde est mis à la ration qui consiste en un peu de viande de cheval et deux tranches de pain noir à chaque repas ; les chrétiens réfugiés mangent du blé non moulu, de l'herbe, des feuilles d'arbre.

Cependant l'espoir d'être secouru par des troupes étrangères ranime et soutient tout le monde. Chacun se dévoue comme il peut au salut commun: nous, en montant la garde trois heures chacun, en dirigeant les travaux de défense, et surtout en priant.

Nous sommes à une demi-heure du Pé-t'ang, que défendent 40 marins, et où sont réfugiés plusieurs de nos Frères; nous passons deux mois sans pouvoir communiquer avec eux – nous entendons seulement  de ce côté le bruit de la fusillade et de la canonnade.

Les semaines, les mois se passent, et le secours si ardemment désiré n'arrive pas ; nous nous demandons si l'Europe ne pense plus à nous, si tout le monde nous a abandonnés…

Voici pourtant que nous parvient une nouvelle qui nous fait reprendre courage : des combats se livrent à Tien-tsin entre soldats chinois et soldats européens et Japonais… Quelques jours s'écoulent encore et nous arrivons à la nuit du 13 au 14 août, nuit terrible, effrayante ; nuit tout à la fois de crainte et d'espérance. Dès 8 heures du soir, commence une épouvantable fusillade, les balles pleuvent de tous côtés, nos deux mitrailleuses crépitent sans discontinuer : c'est affreux, c'est horrible ! Que se passe-t-il donc ? que va-t-il nous arriver ? est-ce la mort ? est-ce la délivrance ? chacun l'interprète et pronostique à sa façon.

Vers minuit, privé de sommeil, je quitte, mon lit de camp et m'assieds par terre, sous le préau qui sert de dortoir commun aux Frères et à une soixantaine de laïcs. Je disais tranquillement mon chapelet lorsque, tout à coup, je ressens à la jambe gauche, une douloureuse commotion occasionnée par une balle qui venait de l'atteindre. Un médecin vient aussitôt, me fait quitter mes bas et mes souliers, mais n'aperçoit ni sang ni trace de balle, bien que ma jambe reste endolorie, On cherche et on trouve enfin la balle dans… le talon de mon soulier ! (Ce soir-là j'avais gardé ma chaussure), et j'avais été bien inspiré car, à défaut du talon de soulier c'est l'autre composé de chair et d'os, qui aurait reçu la balle.

Une heure se passe et j'entends en tressaillant, un grondement d'abord lointain, ensuite plus proche, puis des coups de mitrailleuse : c'est un combat qui a lieu entre les Chinois et les troupes qui viennent à notre secours.

Voici l'aube du quatorzième jour du mois d'août, tout le monde est debout et se livre à l'espérance, pendant que la fusillade continue. Peu à peu le silence se fait et tout combat cesse. Enfin, à 3 heures du soir, l'avant-garde des troupes alliées entre dans Pékin sans rencontrer aucune résistance.

Ainsi, c'est à la veille de sa glorieuse Assomption que la Vierge Marie a voulu que ses enfants fussent délivrés, pour leur permettre de célébrer sa belle fête, dans la jubilation et la reconnaissance.

Je suis impuissant à vous dépeindre la joie qui, au matin du 15 août, est dans tous les cœurs et rayonne sur tous les visages… Les troupes chinoises ont quitté le quartier, abandonnant vivres et munitions. Nous pouvons assister à deux messes d'actions de grâces dans la chapelle de la légation de France, laquelle est restée debout, malgré les boulets qui y ont laissé de nombreuses traces de leur passage…

Mais voici l'heure des représailles, l'heure de l'attaque du palais impérial. Dès 9 heures du matin, tous les canons étrangers sont placés sur la muraille qui sépare la cité tartare de la cité chinoise, et le bombardement commence. Du haut des remparts, il était permis à tous ceux qui voulaient d'en être témoins. Quel spectacle ! Quels tonnerres ! Quels effets terribles produisaient tous ces engins chargés à la dynamite et à la mélinite !

Mais pour nous qui sommes venus en Chine pour y exercer un ministère de paix et l'office de sauveurs d'âmes ce qui se passait là n'était pas ce qui excitait le plus notre intérêt. Notre plus vif désir était d'aller au Pé-t'ang embrasser notre bien-aimé Frère Visiteur le C. F. Joseph-Félicité et tous nos autres Frères rendus plus chers encore par deux longs mois de séparation et de périls.

Le 16, au matin, nous rejoignons les troupes alliées au quartier fixé la veille pour le rassemblement. Vers 9 heures, elles se mettent en marche, précédées d'un escadron de cavalerie russe, et elles se dirigent vers une des portes de la ville que les Chinois s'acharnent à défendre. Après une canonnade d'une demi-heure, les Français prennent d'assaut la porte, que les Chinois abandonnent en s'enfuyant de tous côtés, même en franchissant des remparts hauts d'une quinzaine de mètres.

Comme nous n'étions pas loin du Nan-t'ang, nous y avons fait une visite. Quelle désolation ! Des ruines partout ; c'est à peine si l'on peut retrouver la place où était notre collège, dont les briques ont été emportées, les arbres arrachés, le puits comblé par les barbares qui y ont jeté pêle-mêle notre statue du Sacré-Cœur, des immondices et les corps de plusieurs martyrs. C'est un spectacle qui arrache des larmes aux plus insensibles.

« Le Pé-t'ang se trouvant dans la ville jaune, la porte de cette ville a dû être aussi enfoncée à coups de canon. Pendant cette opération, je me tenais tranquillement assis dans une maison pour me mettre à l'abri des balles ennemies, lorsqu'un séminariste du Pé-t’ang vient vers moi et m'offre à entrer dans le Pé-t'ang en franchissant le mur de la ville jaune au moyen d'échelles. Je me hâte de lui demander des nouvelles de nos Frères: « Deux ont été tués, me dit-il : un à grande barbe, peut-être le supérieur, et un autre. » Je me mets à trembler à la pensée que notre cher frère Visiteur pourrait être un des deux… Après avoir franchi la muraille, je me trouve auprès de Mgr Favier, qui me reçoit entre ses bras, m'embrasse comme son enfant, et me confirme, hélas ! la triste nouvelle de la mort du cher Frère Visiteur et du cher Frète Joseph-Félicité. « Ne pleurez pas, dit il, mais réjouissez-vous plutôt, et écrivez au R. F. Théophane de faire chanter un Te Deum ; car votre Congrégation compte deux martyrs, deux saints de plus dans le ciel. »

Tout ce que je puis vous dire, mon Très Révérend Frère, c'est que cette douloureuse nouvelle a anéanti pour moi les joies si douces de la délivrance.

Après avoir embrassé tous les autres Frères : F. Cléophas, toujours bien fatigué ; F. Marie-Nizier, revenant du poste avec son fusil Lebel, son fourniment complet, et la croix de profession qui brille sur sa poitrine (car son confesseur et le C. F. Visiteur avaient vu dans le danger un juste motif de l'admettre à faire ses vœux); le F. Joseph-Julien, qui a combattu comme un vaillant guerrier ; le F. Marie-Basilius, estropié du bras gauche par un éclat d'obus; le F. Marie-Floribert, encore malade des émotions de la guerre ; le F. Marie-Théophane[4], toujours impassible, et le F. Crescent; après, dis-je, les avoir embrassés tous avec la plus tendre effusion, je me suis fais conduire à la tombe de nos deux martyrs. A genoux à l'endroit du jardin où ils reposent en attendant une sépulture plus digne de leur mérite, je me suis pris à envier leur bonheur; la pensée de prier pour eux ne m'est même pas venue; mais plutôt je les ai invoqués et les ai suppliés de m'obtenir force et courage pour travailler à la restauration et à la continuation des œuvres auxquelles ils se sont dévoués avec tant d'ardeur et qui semblent maintenant abandonnées entre mes faibles mains.

J'ai la confiance que, du haut du ciel, ils nous continueront leurs bons offices. Pour mon compte, j'attends d'eux de vrais miracles et vénère leur mémoire et leurs reliques comme celles des vrais martyrs de la primitive Eglise.

Maintenant, mon Très Révérend Frère, qu'allons-nous devenir puisque tous nos établissements de Pékin sont détruits ? Sans la mort de nos deux martyrs, J'espérais prendre un peu de repos : ma santé semblait l'exiger après les privations, les fatigues et les émotions de la guerre. Mais, puisque je reste maintenant à la tête de notre petite colonie mariste du Nord de la Chine, je suis disposé à reprendre nos oeuvres le plus tôt possible. Pour Cha-la-Eul, les pauvres orphelins ne manqueront pas après la guerre. Quant au Collège français, on pourra recommencer aussi dès que le pays sera pacifié. L'avenir maintenant est aux premiers occupants et il ne faut pas nous laisser devancer par les ministres protestants.

J'ai de nouveau offert nos services au Ministre de France et à Mgr Favier, qui m'ont dit être bien aises de les accepter pour le temps où la situation le permettra. Dans tous les cas, nous sommes toujours vos enfants très soumis, disposés à suivre la voie que vous nous indiquerez.

J'espère que, si nous reprenons nos Œuvres, vous ne nous laisserez pas trop longtemps orphelins, et que vous nous enverrez un nouveau Visiteur qui puisse nous consoler de la perte immense que nous avons faite en la personne du C. F. Jules-André, qui avait su si bien gagner l'estime et la confiance de tous.

Nous n'avons aucune nouvelle du C. F. Marie-Adon. Nous pensons seulement qu'après avoir assisté à l'incendie du Nan-t'ang et y avoir enduré une mortelle agonie, il est allé à Cha-la-Eul, et qu'il y a remporté la palme du martyre.

Nous avons pu visiter Cha-la-Eul. Quelle désolation ! C'est lamentable ! Toutes les maisons et l'église ont disparu. Dans un des puits à moitié rempli de terre, on voit un grand nombre de cadavres : ce sont sûrement des enfants de notre Orphelinat et, avec eux, notre bon Frère Marie-Adon. S'il avait pu échapper à la mort, il serait certainement venu nous retrouver. Il a sans doute devancé au ciel nos deux martyrs du Pé-t'ang.

Toutes les tombes de l'ancien cimetière de Cha-la-Eul ont été fouillées, les ossements des missionnaires brûlés ou pilés et jetés au vent. Dans le nouveau cimetière, les tombes de nos quatre Frères sont intactes, ainsi que celles de quelques Européens. Tout ce qui a pu être emporté l'a été, et l'on a vendu les briques de nos maisons et des tombeaux.

Devant des tableaux si navrants, on est porté à se dire que le C. F. Jules-André et le C. F. Joseph-Félicité sont heureux d'être morts avant d'avoir vu ces abominations…

Si vous nous envoyez du renfort, veuillez nous expédier en même temps tout ce qui est nécessaire pour remonter deux établissements en linge, habits, bibliothèque, livres de piété, etc. : tout nous manque, nous ne possédons que ce que nous avons sur nous et nous sommes sans le sou ; mais Dieu est avec nous… Deo gratias !

Veuillez, mon Très Révérend Frère, nous recommander tous aux prières de l'Institut, afin qu'aucun d'entre nous ne se laisse aller au découragement, mais qu'au contraire nous travaillions avec plus d'ardeur que jamais à la restauration et au maintien de nos oeuVres pour la gloire deDieu.

En attendant quelques mots d'encouragement sortis de votre cœur paternel, nous nous redisons avec un profond respect et avec plus de cœur que jamais.

Vos très humbles et très obéissants serviteurs.

Pour vos Frères de Pékin, dépouillés de tout pour l'amour du bon Dieu  

F. Louis-Michel. » 

Telle est, M. T. C. F., la relation que j'ai la consolation de pouvoir vous donner aujourd'hui, en attendant la notice biographique qui sera consacrée à chacun de nos HEROS – qu'il me soit permis d'employer ce mot : je n'en trouve pas de plus propre à exprimer ce que furent dans leur vie et dans leur mort, le C. F. Jules-André, Visiteur de notre district de Chine, et le C. F. Joseph-Félicité, Directeur de l'orphelinat de Cha-la-Eul.

A la Maison-Mère, on a offert plusieurs fois le Saint-Sacrifice, même avant la réception du télégramme du 29 août, pour ceux de nos Frères de Chine qui auraient pu trouver la mort dans les massacres annoncés. Aujourd'hui, en vous parlant de ceux dont les noms nous sont maintenant connus, vous dirais-je de prier pour le repos de leurs âmes, de leur appliquer des indulgences, des communions et autres suffrages destinés aux morts ? Oui, c'est ce que je vous recommande, bien que, en considération de l'héroïque sacrifice qu'ils ont fait de leur sang et de leur vie, je sois porté, avec le vaillant évêque de Pékin, de vous dire de chanter le cantique d'actions de grâces, le Te Deum, et d'invoquer, comme vos intercesseurs, ces Chers Frères maintenant associés dans la gloire à nos martyrs de l'Océanie[5]?

Pleins de confiance en la bonté de Dieu, souvenons-nous de ces vaillants et généreux athlètes qui viennentde tomber victimes de la persécution. Souvenons-nous de leurs vertus, de leur sainte vie, de leur glorieux trépas, pour nous exciter à faire généreusement tous les sacrifices que Dieu nous demandera, pour ne lui rien refuser, en un mot, pour nous efforcer d'être des religieux fervents, zélés, des sauveurs d'âmes.

Et maintenant, pour répondre à l'appel de notre C. F. Louis-Michel, laissez-moi vous réclamer des prières pour les besoins de nos chers Frères de Chine, pour tous les missionnaires de cette contrée, pour les chrétiens persécutés, et pour les soldats envoyés à leur secours, parmi lesquels se trouvent des membres de notre Institut. Prions Dieu davoir compassion de ce malheureux pays, et de susciter des âmes généreuses pour le rétablissement des institutions et des oeuvres catholiques ruinées. 

NOMINATION D'UN FRERE VISITEUR. 

Le Cher Frère Antonin, Directeur du Pensionnat de Shang-Haï, est nommé Visiteur du District du Nord de la Chine, en remplacement du C. F. Jules-André, décédé. 

ELECTION D'UN FRÈRE ASSISTANT. 

Vous avez appris, M. T. C. F., la grande perte qu'a faite notre Institut, par la mort du Cher Frère Procope, premier Assistant, arrivée alors que, dans sa 67e année et en pleine activité, il promettait encore plusieurs années de précieux services.

Aujourd’hui, j'ai la satisfaction de vous annoncer qu'à notre douleur, Dieu a fait succéder pour nous la consolation, en nous permettant de pourvoir au remplacement du cher et regretté Défunt. En effet, le 28 septembre dernier, la Commission réunie à la Maison-Mère, conformément aux Constitutions, a procédé à l'élection d'un nouvel Assistant, et ses suffrages se sont portés sur le Cher Frère John, Vicaire Provincial de la Province des Iles pour le district de l'Australie.

Nous ne pouvons que remercier Dieu de cet heureux choix ; car le Cher Frère John, par ses qualités, ses connaissances et son expérience, nous fait espérer le plus grand bien pour la Province des Iles dont il aura spécialement la charge. De notre côté, nous nous ferons un devoir de l'aider de nos prières. Il restera en Australie jusqu'en janvier prochain.

Recevez, M. T. C. F., l'assurance de mes sentiments affectueux et tout dévoués en J. M. J.

     F. THÉOPHANE.

 

P.-S. – 15 octobre. – Nous recevons de Shang-Haï un télégramme annonçant que le C. F. Antonin est à Pékin, et que l'Orphelinat de Cha-la-Eul et le collège du Nan-t'ang se réorganisent. 

CONCOURS SPÉCIAUX DES AGRICULTEURS

DE FRANCE 

                              1° prix de Felcourt. 

Un prix de 150 francs sera décerné, en 1901, à l'établissement dirigé par des prêtres ou des religieux qui semblera au jury le mieux contribuer à former der, cultivateurs honnêtes et intelligents. 

                             2° concours entre les instituteurs. 

Ce concours est ouvert entre les instituteurs libres ou communaux des départements des Alpes- Maritimes, de l'Aude, des Bouches-du-Rhône, de la Corse, du Gard, de l'Hérault, des Landes, du Var et de l'Algérie qui, par leur enseignement et la tenue de leur jardin, auront fait les plus louables efforts pour développer chez leurs élèves le goût de l'agriculture et auront obtenu les meilleurs résultats. 

                            3° monographie d'une commune rurale. 

Pour de plus amples renseignements, s'adresser à M. le Baron de la Bouillerie, Président de la 10° section, 8, rue d'Athènes, Paris.

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[1] : Le Pé-t’ang, quartier de la ville de Pékin, où se trouve la cathédrale, les établissements des Missionnaires Lazaristes et, séparés par une rue, ceux des Cœurs de Saint-Vincent de Paul.

[2] : Quartier où se trouvait un établissement des Frères Maristes.

[3] : Orphelinat des Frères.

[4] : Le F. Marie-Théophane, le F. Marie-Adon et le F. Marie-Candide, tous trois Chinois, sont les prémices des vocations que la Chine nous a données.

[5]F. Euloge, F. Hyacinthe.

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