Circulaires 239

Stratonique

1912-04-22

Annonce des retraites. - Exhortations. - Election de Provinciaux. - Visites de Délégation. - Visite au Bré sil Central. -Visite au Brésil Méridional. - Erection de nouveaux Juvénats. - Réimpression de la Collection des Circulaires. - Nos causes de Béatification. - Nouvelle édition de la brochure « Faveurs attribuées au V. Père Champagnat ». - Nos défunts.

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Circ. Sup. 12.2

 V. J. M. J.

                                                                                                 Grugliasco, le 22 avril 1912.

      Mes Très Chers Frères,

La retraite du Régime aura lieu, cette année comme de coutume, en notre maison de Grugliasco.

Elle s'ouvrira le jeudi 30 mai, et se terminera le jeudi 6 juin.

Y prendront part les Membres du Conseil Général, le C. Frère Econome Général, le C. Frère Secrétaire Général, le C. Frère Procureur Général près le Saint-Siège, les Frères Provinciaux d'Europe, les Frères Provinciaux de l'Afrique du Sud, du Mexique, du Canada, des Etats-Unis, du Brésil Central, du Brésil Septentrional et un certain nombre d'autres Frères qui seront convoqués.

En conformité de l'article 102 du Directoire Général, on se préparera à cette retraite par une neuvaine à la Très Sainte Vierge. Elle consistera dans la récitation quotidienne de l'Ave Maris Stella, du Memorare et de trois Ave Maria. Autant que possible, chacun de ceux qui doivent prendre part à cette retraite fera ces prières dans une visite au Très Saint Sacrement.

Cette neuvaine commencera le 16 mai pour se terminer le 24, fête de N.-D. Auxiliatrice.

Entre toutes nos retraites annuelles, celle du Régime a une importance particulière. Tout l'Institut est donc grandement intéressé à ce qu'elle soit très féconde en fruits de salut.

Dans toutes nos maisons et en particulier dans nos juvénats, nos noviciats, nos scolasticats, nos maisons provinciales, on voudra bien s’unir d'intention à la neuvaine préparatoire. J'invite tous les Frères, les postulants et les juvénistes à offrir pour cela leurs prières, leurs communions, leurs mortifications, leurs divers travaux et tous leurs actes de vertu. Je fais aussi un appel particulier à nos malades, et je leur demande de vouloir bien offrir leurs souffrances à la même intention. On sait que la prière unie à la souffrance a une particulière efficacité.

Les Frères Directeurs, les Maîtres des Novices et des Juvénistes voudront bien rappeler de temps en temps à leurs Frères et à leurs disciples l'intention de la neuvaine pendant la période du 16 au 24 mai, et aussi pendant la durée de la retraite, du 30 mai au 6 juin.

Dans les diverses provinces, les retraites annuelles auront lieu aux dates et dans les maisons indiquées par les Frères Provinciaux. Ils feront aussi connaître en temps opportun en quoi devra consister la neuvaine préparatoire et à quelle date elle devra commencer.

Aux motifs donnés, dans le passé, par le Vénérable Père Fondateur, par le vénéré Frère François et par ses successeurs dans le généralat de l'Institut, pour donner aux Frères une haute idée et une très grande estime des saints exercices de la retraite annuelle, motifs qui ont encore aujourd'hui toute leur valeur, s'en ajoutent d'autres sur lesquels je crois utile de diriger vos pensées.

1° Il est triste de constater que, dans un certain nombre de pays où sont établis nos Frères, il y a une recrudescence d'indifférence religieuse parmi les peuples. Parfois même, malheureusement, ce n'est pas seulement de l'indifférence, mais trop souvent hélas ! c'est l'impiété, l'incrédulité, l'hostilité à l'égard de l'Eglise, de ses pasteurs et de ses œuvres. On cherche à entraver et on entrave, en effet, l'œuvre de la sanctification des âmes, qui lui a été confiée par Notre-Seigneur.

Nous sommes tous plus ou moins les témoins attristés de ce grand mal que le divin Maître avait annoncé à ses Apôtres lorsqu'il leur disait : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ».

Plus le mal est grand, plus il est répandu, plus aussi il importe que nous soyons animés d'un zèle ardent pour le combattre. N'est-il pas vraiment bien à propos de redire et de nous appliquer le mot du Roi Prophète : « Le zèle de voire maison m'a dévoré, et les injures de ceux qui vous outragent., Seigneur, sont tombées sur moi ! » (Psaume LXVIII.)

Il faut que nous ayons à cœur plus que jamais de correspondre, dans une large mesure, à l'invitation de Notre-Seigneur à ses Apôtres : « Il faut que vous soyez le sel de la terre et la lumière du monde ».

Or, la retraite annuelle bien faite nous aidera puissamment à réaliser dans tout l'Institut cet ardent désir de notre divin Sauveur.

Ce sera aussi le moyen de nous conformer au programme que s'est tracé pour lui-même et pour tout l'Univers Catholique Sa Sainteté Pie X dans sa mémorable encyclique du 1ier octobre 1903, programme qui peut se résumer ainsi établir, étendre et affermir le règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ parmi les nations, chez les gouvernants comme chez les gouvernés, chez les Pasteurs comme chez les fidèles, chez les éducateurs de la jeunesse comme chez leurs élèves.

Combien ne devons-nous pas admirer le Souverain Pontife, qui, depuis cette encyclique, n'a cessé de travailler à la réalisation progressive de ce programme, et cela avec une invincible constance et malgré les multiples et graves difficultés qu'il a rencontrées.

Quel excellent modèle pour nous !…

2° Le second motif de circonstance qui doit nous exciter fortement à faire, cette année, nos retraites annuelles avec une application et une ferveur exceptionnelles, motif sur lequel j'ai déjà plusieurs fois appelé votre attention, c'est la pensée du grand centenaire dont la célébration devient de plus en plus prochaine. Cinq ans seulement nous séparent de cette date qui devra être marquée dans l'Institut par un renouvellement général dans l'esprit et les vertus qui brillèrent d'un vif éclat chez le Vénérable Père Fondateur et chez nos aînés de Lavalla, de l'Hermitage et d'ailleurs  !

Or, il n'y a pas à en douter, de tous les moyens qui peuvent nous aider efficacement à nous acheminer d'un pas ferme vers ce but que je vous invite à atteindre, les retraites annuelles faites avec ferveur sont parmi les meilleurs. L'expérience est là pour nous montrer qu'une retraite annuelle bien faite est généralement, pour ne pas dire toujours, suivie d'une bonne année, au sens religieux du mot.

3° Un troisième motif qui est aussi tout à fait de circonstance, c'est l'exemple du vénéré Frère François. Les recherches faites dans les écrits du vénéré Frère par ceux qui ont été appelés à témoigner au procès de l'Ordinaire ont fait découvrir de nombreuses et très édifiantes preuves de l'application qu'il apportait à bien faire chaque année sa retraite, et des excellents moyens qu'il prenait pour en assurer les fruits. Nous pouvons affirmer que le vénéré Frère François fut un modèle des retraitants.

 FRUIT PRINCIPAL

  proposé pour les retraites de cette année.

 Nous continuerons à nous proposer, encore cette année, comme fruit principal de nos retraites, l'étude sérieuse et l'imitation vraiment effective du Vénérable Père Fondateur.

Il est à souhaiter que, dans tout l'Institut, il y ait de plus en plus un saint élan pour travailler vigoureusement et constamment à l'imitation vraiment effective de notre Vénérable Père.

Chacun doit avoir grandement à cœur de devenir progressivement une copie de plus en plus parfaite de celui que Dieu nous a donné tout spécialement pour Maître et pour Modèle.

Dans quatre circulaires antérieures, je vous ai déjà exhortés à cette imitation.

Je vous engage à en relire les parties suivantes :

1° Dans celle du 6 juin 1908 ;

2° Dans celle du 25 avril 1909 ;

3° Dans celle du 24 mai 1910 ;

4° Dans celle du 18 mai 1911.

Ces lectures, faites avec grande attention et un sincère désir d'en tirer profit, auront nécessairement pour résultat de fortifier de plus en plus dans vos esprits la mentalité qui doit être particulièrement la nôtre pendant le temps qui nous reste encore de la neuvaine d'années préparatoire au centenaire.

Tout en revenant sur les parties indiquées de ces quatre circulaires, il sera à propos de fixer notre attention et de diriger nos efforts spirituels, pendant la prochaine année scolaire, sur deux autres points particuliers :

1°   La pratique de la sainte présence de Dieu;

2°  Le zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

Les témoins aux procès de la cause de béatification du Vénérable ont surabondamment établi et démontré qu'il a pratiqué ces vertus au degré héroïque, et la sainte Eglise, en le déclarant Vénérable, a déjà, d'une certaine manière, sanctionné ces divers témoignages de sa suprême autorité.

 1° Présence de Dieu.

 Nous savons tous que le Vénérable Père Champagnat avait une prédilection toute particulière pour la pratique de la sainte présence de Dieu. Il la considérait comme un excellent moyen d'avancement dans la voie de la perfection, et il s'y adonnait continuellement. S'il s'est élevé à une si haute sainteté, nous pouvons bien affirmer que la pratique de la sainte présence de Dieu y a contribué pour une large part. Il avait bien compris la parole de Dieu à Abraham : « Marchez en ma présence et vous serez parfait  ! » (Gen., XVII, 1).

Il sut prendre des moyens vraiment efficaces pour arriver à se rendre familière la pensée de Dieu présent : la lecture et l'étude de la Sainte Ecriture (il y consacrait cinq heures par jour pendant ses vacances); la méditation quotidienne des vérités saintes, les oraisons jaculatoires, les visites fréquentes et ferventes au Saint Sacrement, la garde des sens (il put déclarer qu'il était aussi recueilli dans le brouhaha des rues de Paris que dans les bois de l'Hermitage). Il établit la prière de l'heure dans nos Communautés et dans les écoles comme moyen de rappeler la présence de Dieu tant aux Frères qu'aux élèves. Au nombre des sentences imprimées en gros caractères qui étaient appendues aux murs des classes, on ne manquait pas de mettre bien en évidence celle qui contenait simplement les trois mots suivants : « Dieu me voit ».

Nombreux seraient les autres détails que l'on pourrait encore donner sur ce sujet; ils seraient certainement d'une grande édification.

Pour cette fois, je dois me borner et m'en tenir à ceux que je viens d'indiquer.

Ce que nous devons avoir surtout à cœur, c'est de prendre partout les meilleurs moyens de marcher nous-mêmes sur les traces du Vénérable Fondateur pour la pratique de ce saint exercice. Cette pratique est à la portée de tous; c'est le moyen le plus court, le plus simple et le plus efficace pour arriver à la perfection.

Comme moyen extérieur, je recommande aux Frères Provinciaux et aux autres Frères Directeurs de tenir la main à ce qu'on observe le mieux possible, dans toutes les maisons, ce qui est prescrit aux articles 604 et 605 du Directoire Général.

Un autre moyen extérieur auquel tous doivent contribuer pour leur part, c'est de faire régner dans nos Communautés une atmosphère de silence et de recueillement. Dans un tel milieu, la pratique de la sainte présence de Dieu est considérablement facilitée, tandis qu'elle serait bien difficile, pour ne pas dire impossible, dans une Communauté où la règle du silence serait mal observée et où, par suite, ne régnerait pas le recueillement.

Le vénéré Frère François, qui a été une copie si ressemblante du Vénérable Père Fondateur, pratiqua pendant toute sa vie avec une religieuse application le saint exercice de la présence de Dieu; les témoins au procès informatif de l'Ordinaire pour sa cause de béatification, auront fait ressortir ce caractère de sainteté chez le vénéré Frère. C'est un nouveau modèle qui nous est donné et qui doit nous être particulièrement cher. Ce qu'il a fait, nous pouvons le faire avec la grâce de Dieu.

Non seulement le vénéré Frère eut grandement à cœur d'user pour lui-même de cet excellent moyen de perfection, mais il déploya un grand zèle pour en faciliter l'heureuse habitude aux Frères. Dans ce but il était ferme et même sévère pour exiger la parfaite fidélité à la règle du silence. En agissant ainsi, il obtenait le recueillement qui est si nécessaire pour la pratique de la sainte présence de Dieu. J’exhorte tous ceux qui exercent, à un degré quelconque, l'autorité dans l'Institut à être, sur ce point, les fidèles imitateurs du vénéré Frère François. En général, nous ne sommes pas sans reproches, dans l'Institut, pour la fidélité à la règle du silence.

L'examen particulier fait de temps en temps pendant une semaine, une quinzaine ou même un mois sur la pratique de la présence de Dieu nous aidera puissamment à progresser, sous ce rapport, dans l'imitation du Vénérable Père Fondateur.

                        2° Le zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

 Je pense qu'il y aura une véritable utilité spirituelle à ce que je cite ici un extrait du témoignage que je donnai au Procès Apostolique pour la Cause de béatification du Vénérable Fondateur.

Ce sera tout à la fois un moyen d'accroître notre admiration et notre estime pour le Vénérable Père et lin stimulant qui nous excitera à travailler avec ardeur à devenir comme lui des hommes de zèle.

« Le zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, voilà une des meilleures marques de la vraie charité. Il est bien avéré que dès le jour où il connut sa vocation ecclésiastique jusqu'à sa mort, le Vénérable Père Champagnat lut animé d'un zèle ardent qui ne se lassa et ne se rebuta jamais malgré les grands et nombreux obstacles qu'il rencontra sur son chemin. C'est par centaines que les faits pourraient être cités pour affirmer que le Vénérable Père lut excellemment un homme de zèle : la courte énumération suivante donnera une idée de la multitude d'œuvres de zèle qui ont rempli cette vie si admirable d'étudiant, de vicaire et de Fondateur : catéchismes, prédications, visites des malades, administration des sacrements, correction des abus (ivrognerie, réunions nocturnes, danses, mauvais livres, etc.), diffusion de bons livres, institution de la dévotion du mois de Marie, fondation d'un Institut religieux, ouvertures d'écoles, construction de maisons pour loger ses religieux, instructions nombreuses et avis particuliers multiples pour former des éducateurs avec des jeunes gens venant à lui presque tous dépourvus de culture intellectuelle, élaboration des Règles et Constitutions de son Institut, démarches laborieuses pour obtenir l'autorisation légale, démarches nombreuses et persévérantes en collaboration avec le V. Père Colin pour la fondation de la Société des Pères Maristes, etc., etc.

« Un mot qui échappa au Vénérable Père dans une circonstance où il conversait intimement avec un de ses amis, a bien sa place ici. Il était sur un des points les plus élevés du territoire de Lavalla. Jetant un coup d'œil sur ce pays qu'il avait parcouru tant de fois il s'écria :

« Que de pas j'ai faits sur ces montagnes ! Que de chemises j'ai mouillées dans ces chemins  ! Je crois que si toute l'eau que j ai suée dans mes courses était réunie dans ce vallon il y en aurait assez pour prendre un bain. Mais si j'ai bien sué, j'ai la consolation qu'aucun malade, grâce à Dieu, n'est mort sans que je sois arrivé à temps pour lui administrer les derniers secours de la Religion, ce qui est pour moi aujourd'hui une des choses qui me consolent le plus. »

Autres paroles de zèle du Vénérable rapportées dans le même témoignage.

« Ah  ! si j'étais moins âgé et plus robuste, que j’irais volontiers moissonner dans les champs de l'Océanie ; mais on ne veut pas de moi parce qu'on voit que je ne suis bon à rien  !

« Nous ne sommes pas des prêtres pour être utiles aux intérêts temporels de nos familles mais pour servir l'Église et sauver les âmes !

« Voir offenser Dieu et les âmes se perdre sont pour moi deux choses insupportables et qui me font saigner le cœur. »

Le zèle du Vénérable Père Champagnat était tellement ardent, qu'il faisait germer en son âme de saintes ambitions qui, considérées humainement, paraissent vraiment étonnantes. Elles se révèlent dans des paroles portées déjà plusieurs fois à la connaissance de tout l'Institut dans lei; circulaires antérieures, mais qu'il est tout à fait à propos de répéter dans celle-ci.

Tous les Diocèses du monde entrent dans nos vues, écrivait-il en 1837 à Mgr l'évêque de Grenoble, et lorsque les évêques nous demanderont notre concours, nous nous empresserons de voler à leur appel.

Le Vénérable Père sentait si vivement l'importance et la nécessité de l'éducation chrétienne chez tous les peuples du monde, qu'il disait la parole suivante rapportée au chapitre XV de sa vie, 2ième partie.

« Je désire ardemment d'avoir assez de Frères pour pouvoir en donner à toutes les paroisses qui n'en ont pas. »

Or, c'est par centaines de mille qu'il faut compter les paroisses qui n'avaient pas de Frères à l'époque où le Vénérable Fondateur exprimait ce désir.

Puisse la Bonne Mère du Ciel, notre Ressource Ordinaire, qui a tout fait chez nous, comme le disait le Vénérable Fondateur et comme le redisait le vénéré Frère François, nous aider à devenir de plus en plus des imitateurs fidèles du zèle et de la dévotion à la sainte présence de Dieu de ceux que Dieu nous a donnés pour modèles  !

         ÉLECTION DE FRÈRES PROVINCIAUX.

 Conformément aux Constitutions, le Conseil Général, dans sa séance du 10 avril dernier, a nommé à la charge de Provincial :

a) Le C. Frère Bénidict pour la province dei; Iles Britanniques, en remplacement du C. F. James.

b) Le C. Frère Alphonsus pour celle d'Australie, en remplacement du C. F. Paul of the Cross.

c) Le C. Frère Floribert pour celle d'Espagne, en remplacement du C. F. Hippolytus.

d) Le C. Frère Marie-Charles pour celle de Saint-Paul-Trois-Châteaux, en remplacement du cher Frère Constancien.

Le C. F. Marie-Victoric a été réélu Provincial de Varennes pour une nouvelle période de trois ans.

N.-B. – Le C. F. Marie-Charles se trouvant actuellement au Pérou et ne pouvant être rentré en Europe que dans deux mois au plus tôt, le C. F. Constancien continuera à expédier les affaires de la Province jusqu'à son arrivée.

         VISITES DE DÉLÉGATION.

 Sur ma demande, le cher Frère Augustalis, premier Assistant, et le cher Frère Diogène, cinquième Assistant, qui avaient été délégués, en automne dernier, pour aller visiter respectivement les provinces du Brésil Central et du Brésil Méridional, conformément à l'article 142 des Constitutions, m'ont adressé chacun un rapport sur leur visite.

En les insérant dans cette circulaire, je crois aller au-devant du désir de tous nos Frères.

La lecture de ces deux documents ne pourra manquer d'intéresser et d'édifier tous nos Religieux et toute notre jeunesse des Noviciats et Juvénats du monde entier.

                                 Visite de la Province du Brésil Central.

 Très Révérend Frère Supérieur Général,

Par votre lettre de délégation, en date du 25 novembre 1911, vous m'avez envoyé, à votre place, visiter nos Frères du Brésil Central et leurs Œuvres. Grâce à Dieu et à Marie, l'Etoile des Mers, les deux voyages, aller et retour, se sont effectués dans de bonnes conditions; et le séjour d'un mois et demi que j'ai fait là-bas au Brésil, bien que pendant les grandes chaleurs de l'été, ne m'a nullement incommodé. Aussi ai-je pu remplir mon mandat en un temps relativement très court, me servant, bien entendu, des moyens de communication, assez nombreux en cette région, Pour me transporter d'une maison à une autre.

Partis de La Pallice, le 23 décembre 1911, avec mes neuf jeunes compagnons de voyage qui allaient à Apipucos ou à Mendes, nous touchions, après diverses escales, le 16 décembre, à Recife (Pernambouco). C'était déjà le terme du voyage pour les trois jeunes gens de Pontos se rendant à Apipucos, la nouvelle maison de Noviciat du Brésil Septentrional.

Le 19, à une heure de l'après-midi, nous étions en rade de Rio de Janeiro. Et le soir même, à sept heures, nous arrivions à San José de Mendes. Une communauté de 150 membres y était en retraite depuis trois jours. Sans troubler ni l'ordre des exercices, ni le recueillement profond, ni le silence complet d'une retraite, dès le lendemain matin, en guise de repos après un voyage de 18 jours, je me mettais à l'œuvre pour aider nos chers retraitants à tirer de ces saints exercices de la retraite tout le profit que nous en attendions. Ce profit a été grand, je l'espère. J'ai pu vous écrire alors, Très Révérend Frère Supérieur, qu'au dire de tous, cette retraite était une des meilleures faites à Mendes, pour ne pas dire la meilleure.

Elle se terminait le 23 décembre, par des cérémonies toujours et partout très édifiantes et très encourageantes : Vêture de six postulants, Emission des premiers vœux de sept novices; et, outre les rénovations ordinaires de vœux temporaires et perpétuels, Profession perpétuelle et Vœu de stabilité.

Puis, après la délicieuse fête de Noël passée bien religieusement en famille, dans notre « Paradis terrestre » de Mendes, les Frères des établissements se sont rendus, chacun, au poste, ancien ou nouveau, que lui assignait la sainte obéissance.

A mentionner pourtant que la plupart des jeunes Frères sont restés encore trois semaines à la maison provinciale, pour y suivre des cours d'études spécialement organisés pour leurs besoins, et donnés par trois ou quatre Frères profès des postes, qui n'avaient pas craint de sacrifier ainsi trois semaines de leurs vacances bien gagnées. Maîtres et élèves méritaient d'être félicités, les uns, de leur application, les autres de leur dévouement : je l'ai fait.

Que dirai-je maintenant de la Province et des diverses maisons qui la composent ? Ces maisons sont les mêmes qu'il y a trois ans, lors de mon avant-dernière visite. Aucune maison nouvelle n'a pu être ouverte et cela faute de personnel. Les postes actuels se sont développés et, par là, ont absorbé toutes les disponibilités. C'est que, jusqu'à présent, au Brésil Central, comme sans doute dans nombre d'autres Provinces, nous avons eu à souffrir de l'arrêt de notre recrutement pendant les trois ou quatre ans qui ont suivi la tempête de France. Mais l'espoir est revenu en voyant nos maisons de formation se regarnir et en constatant la nécessité qui s'impose ici et là de les agrandir et d'en ouvrir de nouvelles. Et cet espoir donne du courage à tous.

Puisque les établissements sont les mêmes que lors de mon avant-dernière visite, je ne reviendrai pas aujourd'hui sur ce que j'en ai dit dans mon rapport précédent. Je me bornerai à donner la situation actuelle et parfois à la comparer avec celle de 1908. Les tableaux et les chiffres parlent eux-mêmes.

 (Ici deux tableaux: effectif de la province et nombre d'élèves

L'année dernière, au mois d'avril, le bénéfice des équiparations a été enlevé à tous les Collèges publics ou libres qui en jouissaient. Il en est résulté nécessairement une perturbation plus ou moins sérieuse surtout parmi les grands élèves qui se préparaient à entrer dans les écoles supérieures de droit, de médecine et autres.

L'entrée dans ces écoles étant désormais soumise à un examen passé devant des commissions spéciales, il faut donner le temps de laisser établir les nouveaux programmes et de montrer ce que vont être ces nouveaux examens ; et l'agitation des esprits se calmera peu à peu. Et même en résultera-t-il peut-être une facilité pour améliorer, par les nouveaux élèves, en général plus jeunes, l'esprit moral et religieux qui laissait parfois à désirer chez les grands jeunes gens de 16, 18 et 20 ans. A quelque chose malheur est bon.

D'ailleurs, les nouvelles reçues de la dernière et récente rentrée des classes, en février écoulé, sont presque partout tes consolantes et  encourageantes. Le chiffre des matriculés pour l'année scolaire courante, sera tout aussi élevé que précédemment, si toutefois il ne le dépasse pas dans plusieurs maisons, qui déjà ont atteint le chiffre de l'an passé.

 MENDES

 Pendant les quatre années 1904, 1905, 1906, 1907, nous eûmes à S. José de Mendes un petit Collège qui était même en bonne voie de développement. Plus de 50 internes s'y trouvaient réunis la dernière année et donnaient un charme tout nouveau et bien apprécié à cette délicieuse solitude. Mais on se disait : « Si ces enfants étaient des Juvénistes, combien ce serait plus beau et mieux encore ! …. »

La transformation s'est opérée à la satisfaction de tous. Dieu en soit béni !

Il m'a été donné, dans cette dernière visite à Mendes, de constater la réalisation, d'un désir plusieurs fois exprimé au C. F. Provincial, celui de voir cinquante bons jeunes gens se préparant dans le calme et la tranquille indépendance de la Fazenda Sâo José, à devenir, un jour prochain, de bons ouvriers dans la vigne du Seigneur. C'était aussi la réalisation d'un souhait qui me fut adressé – il m'en souvient bien – à Mendes même, le 1ier janvier 1905, lors de mon premier voyage au Brésil. Que Saint Joseph, notre glorieux Patron et Pourvoyeur, continue à nous protéger et à nous amener de nouvelles recrues !

 (Ici deux tableaux: effectif de la maison provinciale et aperçu général du recrutement)

ŒUVRE DE CATÉCHÈSE DES NOIRS.

 Cette Œuvre de l'instruction chrétienne des nègres que l'on connaît déjà par plusieurs rapports qui en

Ont été donnés – œuvre commencée presque dès l'arrivée des Frères à Mendes, a été reprise et réorganisée, en 1908. Elle a été bénie du bon Dieu et elle a déjà donné d'excellents résultats.

 (un tableau sur le catéchisme)

 Entreprise tout d'abord pour donner au moins une rudimentaire instruction religieuse aux enfants des 12 à 15 familles nègres de colons vivant dans la Fazenda, cette œuvre n'a pas tardé à se développer et à s'étendre; car, après les enfants, les parents eux-mêmes ont été atteints, et, le rayon s'étant allongé, ce ne sont plus maintenant les seules familles des colons vivant dans la Fazenda Sâo José qui en ont bénéficié, mais bien aussi celles des Fazendas voisines jusqu'à 8, 10, 12 kilomètres.

C'est ainsi que se sont établis et le Catéchisme journalier pour les enfants se préparant à la première Communion, et le Catéchisme de persévérance du dimanche après la Messe, ce dernier Catéchisme fait à tous ceux qui sont venus accomplir le devoir dominical : enfants, parents, voisins, amis, etc.

 De plus, les petits Catéchisés se sont faits Catéchistes à leur tour dans leurs familles. Ce sont eux qui font la prière en commun et récitent le rosaire devant le Crucifix et les images de la Sainte Vierge et des Saints appendus aux murs de la pauvre cabane; ce sont eux qui répètent à leurs parents la doctrine apprise au Catéchisme journalier. Et s'ils ont le bonheur d'avoir été favorisés d'un Catéchisme en images, comme ils sont fiers – quoique ne sachant pas lire – d'être, au moyen de ces images, auprès de leurs parents, les petits docteurs de la foi  !

En outre, des groupes plus éloignés tendent à se former. Ces groupes ne pouvant, à cause de la distance, y venir tous les dimanches, l'œuvre d'apostolat y est faite alors, dans ces villages, par un Catéchiste volontaire qui réunit les enfants, les instruit et les présente ensuite à Monsieur notre Aumônier, qui complète le travail commencé. C'est ainsi qu'ont été préparés les 17 premiers Communiants et Communiantes qui, d'un village distant de 12 à 15 kilomètres, sont venus dans notre chapelle, le dernier dimanche d'octobre 1911, pour cette cérémonie de la première Communion.

Voilà quelques mots de l'œuvre excellente à laquelle se dévouent, avec un zèle et un dévouement admirables, M. l'abbé Agasse, notre sympathique Aumônier, et notre bon F. Amandus, qui se signe avec raison : Apôtre des noirs.

J'ajoute ici, comme complément, que nos cinq ou six domestiques, noirs généralement aussi, reçoivent les soins de notre si dévoué F. Gaspard, qui les fait prier chaque jour et les instruit chrétiennement.

 FRANCA.

 Bonne petite école paroissiale qui fonctionne depuis dix ans et qui a progressé modestement autant que le lui permettait sa bien modeste installation.

Le local actuel, en effet, ne permet pas de recevoir un plus grand nombre d'enfants qu'il n'y en a eu en cette dernière année scolaire 1911, c'est-à-dire plus de 100 élèves présents. Il est grandement question d'établir cet Externat dam un autre emplacement, plus au large et plus près de l'église. Le terrain est choisi, presque acheté, mais il y aura à bâtir la maison.

L'excellent et zélé Vigario (curé) de la paroisse, a bien à cœur cette œuvre des Frères. Il songe depuis longtemps à la réaliser; mais jusqu'à présent ses soucie, son temps et ses ressources ont été absorbés en grande partie par la superbe Matriz (église) commencée par son prédécesseur, qu'il a continuée et qu'il voudrait  achever.

  Matricules des élèves.

  En 1908   ……..  88 élèves inscrits dont 23 nouveaux

 En 1909   ……  102 – – – – – – – – – – –  45     –

 En 1910  ………110 – – – – – – – – – – –  63     –

 En 1911   ………132 – – – – – – – – – – – 60      –

 Pendant ces dix premières années, le registre des matricules donne un total de 502 enfants qui sont venus demander aux Frères le pain de l'instruction on religieuse, soit une moyenne de 50 par année.

Chaque année, la première Communion est l'objet d'une préparation spéciale. L'Apostolat de la Prière est établi dans l'école. Chaque premier vendredi du mois, une moyenne de 20 à 30 enfants font la Communion réparatrice.

L'école a envoyé deux enfants au Séminaire et six au Juvénat de Mendes.

 (un tableau sur le nombre d'élèves à Rio)

 Attestation de S. E. le Cardinal Archevêque de Ria de Janeiro : « Le Collège S. José de Rio Comprido s'est placé au premier rang pour le nombre des élèves, la force des études et le sérieux de l'éducation qui y est donnée. »

1 Ce précieux témoignage, que nous reçûmes en 1905 et qui nous venait de si haut, nos Frères se sont efforcés de le mériter encore davantage jusqu'à présent.

Bien que le Collège fût équiparé lorsque nos Frères en prirent la direction, ils n'admirent pas d'élèves au-dessus de la 3ième secondaire, ce qui amena les premiers bacheliers en 1905. Voici le chiffre de chaque année 5 bacheliers en 1905 ; 6 en 1906 ; 3 en 1907 ; 9 en 1908 7 en 1909, 13 en 1910 et 8 en 1911 : ce qui fait un total de 51 jeunes gens ayant terminé leurs études secondaires au Collège S. José et y ayant reçu le grade de bachelier.

« La plupart de ces jeunes gens ont continué ensuite dans les Ecoles supérieures et Facultés : Facultés de médecine, de droit, Ecole Navale, Ecole Polytechnique, etc. Quelques-uns déjà sont avocats, médecins ou officiers dans l'armée et la marine. Presque tous ont fait de brillantes études dans ces Ecoles supérieures et c'est ce qui a beaucoup contribué à faire la réputation du Collège qui les avait formés.

« Aux derniers examens de décembre, sur dix « Distinction » (note maximum) décernées par l'Ecole Polytechnique, deux de nos anciens élèves en ont eu trois chacun. Un autre ancien élève, étudiant en droit, a eu « Distinction » dans toutes les matières durant deux années de suite.

« Une chose à remarquer, c'est que les élèves les plus brillants sont aussi ceux qui ont le mieux conservé leurs convictions religieuses. Plusieurs sont membres influents de l'Association Catholique de la Jeunesse Brésilienne.

« Quelques-uns se sont fait connaître comme auxiliaires de la police, et, à ce titre, ont expurgé les kiosques de plusieurs milliers de brochures et revues irréligieuses ou immorales. Un autre, déjà avocat, s'est fait nommer censeur des pièces théâtrales et, en cette qualité, fait des découpures, un peu partout, au grand désespoir des directeurs de théâtre, peu scrupuleux de la morale publique. Si, parmi les anciens élèves, nous avons à déplorer, chez un certain nombre, un peu d'indifférence religieuse, nous n'en comptons pas, grâce à Dieu, qui se soit manifesté ouvertement hostile à la religion. » (Rapport du F. Directeur du Collège, 15 mars 1912).

Cette attestation des bonnes études faites au Collège, attestation confirmée par le témoignage officiel et publie des professeurs des grandes Ecoles, ainsi que le nombre important de matricules des élèves : voilà une preuve non équivoque du mérite et de la réputation que le Collège S. José a su acquérir dans cette grande capitale de Rio de Janeiro où pourtant les collèges abondent, même les collèges religieux qui y deviennent nombreux depuis quelques années. Ont été ouverts depuis que nos Frères sont à Rio : Collège S. Clemente (Jésuites); Collège S. Bento (Bénédictins); Collège des Barnabites; Collège des Carmes.

        LIGUE DU SACRÉ-CŒUR.

 La « Ligue du Sacré-Cœur » a été organisée en 1911, avec son Directeur local, son Président, son Secrétaire, son Trésorier et un Conseil. En font partie les meilleurs élèves. En 1911, une bonne centaine des Ligueurs ont été à la Communion fréquente, une vingtaine à la Communion quotidienne.

        NOUVELLES ŒUVRES.

 Pour étendre le bien qui s'opéré au Collège et atteindre un plus grand nombre d'enfants et de jeunes gens, deux Œuvres nouvelles ont été créées en 1910 : l'Externat S. Joaquim pour les enfants du quartier de Rio Comprido, et le Cours S. Norberto (école du soir) pour les jeunes gens, ouvriers et apprentis qui ne peuvent venir pendant la journée. C'est donc ainsi un chiffre de 2 à 300 autres enfants ou jeunes gens qui bénéficient du zèle de nos Frères.

Ces deux Œuvres fonctionnent dans les dépendances du Collège. Deux classes y ont été faites ; une cour spéciale est à l'usage de ces externes qui ont aussi leur entrée et leur sortie particulières. Les deux classes peuvent contenir jusqu'à 120 élèves. Ce chiffre est atteint dès que s'ouvre la matricule. On réunirait facilement 3 à 400 enfants s'il y avait place.

Le Décret du Saint-Père sur la communion des enfants a été filialement exécuté tant au Collège que dans les deux Œuvres annexes. En 1911, en trois fois différentes, il y a eu près de 300 premières Communions (109 pour 10 Collège et 174 pour les deux écoles S. Joaquim et S. Norbert. De cette dernière quelques-uns des premiers communiants avaient 25 ans.)

Depuis que nos Frères sont à Rio, ils y ont préparé près de 1.500 enfants ou jeunes gens à la première Communion. Généralement ces fêtes si touchantes ont été présidées par S. Em. le Cardinal Archevêque, qui ne veut pas se priver du bonheur de donner lui-même le Pain des Anges à ces anges de la terre si bien disposés et préparés.

Deux ou trois de nos élèves de Rio sont allée au Séminaire, et jusqu'à présent 11 ont pris la, direction du, Juvénat de Mendes.

Encore un mot sur le réveil de l'esprit religieux dam le quartier. La Chapelle du Collège – vraie église sert d'église paroissiale pour le quartier de Rio Comprido. Depuis surtout que les Pères du Cœur Immaculé de Marie sont les aumôniers du Collège et desservent la Chapelle avec grande ferveur et régularité, l'affluence des fidèles grandit de plus en plus, aux jours de fêtes surtout, mais aussi bien les jours ordinaires. La beauté des cérémonies religieuses, leur régularité, le prestige des Religieux, Pères et Frères, la vue des élèves comme aussi leurs chants, tout attire les fidèles. Le chiffre des Communions en cette Chapelle, en 1911, a dépassé  30.000. N'est-ce pas un précieux résultat ?

  São PAULO. – CAMBUCY.

  MATRICULES des ELÈVES EN 1911.

  A l'école de jour  ……………………………………………………………………………………….. 185

                                      Centro S. Francisco Xavier ………………………………………….. 125

 Aux Œuvres annexes     Centre S. José …………………………………………………………..  83

                                     Club S. Luiz ……………………………………………………………….. 105

                                                         Total  ……………………………………………………..  . 498

 Notre école populaire de Cambucy a continué, depuis 1909 comme précédemment, de répandre le bien autour d'elle par la bonne éducation chrétienne donnée aux enfants qui la fréquentent. Le nombre des élèves a généralement augmenté de quelque peu chaque année. Est bien satisfaisant le chiffre de 185 inscriptions, pour 150 présences à l'école de jour, en 1911. Avec les Œuvres annexes, c'est le beau nombre de 500 enfants ou jeunes gens qui ont demandé à bénéficier du dévouement de nos Frères de Cambucy.

Quelques détails sur ces Œuvres annexes :

Centro S. Francisco Xavier. – Cette Œuvre est la continuation de celle qui fut organisée dès la première année. Classe de Catéchisme pour préparer les enfants et jeunes gens à la première Communion. Depuis dix ans qu'elle fonctionne elle a amené à la première Communion plus de 400 enfants ou jeunes gens bien préparés en dehors de ceux qui fréquentaient l'école de jour.

Le Centre S. François Xavier n'est donc que pour les enfants qui n'ont pas encore fait leur première Communion. Ces enfants, tous du quartier de Cambucy, mais qui ne fréquentent pas l'école des Frères, viennent néanmoins au Catéchisme tous les samedis soirs pendant une heure et demie. L'instruction religieuse leur est donnée au moyen du Catéchisme en images et aussi au moyen des projections lumineuses. Sur 125 inscrits, une quarantaine ont suivi à peu près régulièrement toute l'année et ont fait leur première Communion.

Centro S. José. – Cette œuvre est la suite de la précédente.  Pour conserver les jeunes gens préparés ainsi à leur première Communion, il a fallu leur offrir autre chose que des leçons de Catéchisme. C'est pourquoi des Cours du soir sont offerts à ces jeunes gens, la plupart petits ouvriers ne fréquentant pas les classes de jour. Ces cours ont lieu tous les jours de la semaine. De plus, il y a un Catéchisme de persévérance tous les dimanches soir.

Il y a obligation pour ces jeunes gens de venir à la Messe du dimanche au moins deux fois par mois. Et aussi d'être fidèles à la confession et communion mensuelles. Sur les 83 inscrits, une cinquantaine ont été fidèles à bien observer ces deux points du règlement.

Club S. Luiz. – C'est le couronnement des deux Œuvres précédentes. Les jeunes gens qui en font partie viennent passer le dimanche soir, au jeu de football, de midi à 6 heures.

Une conférence leur est donnée une fois par mois.

Comme au Centro S. José, ils doivent assister à la Messe du dimanche au moins deux fois par mois et faire la confession et la communion mensuelles. Ils ne doivent pas faire partie de Société de bal.

En 1911, 105 jeunes gens ont été matriculés au Club S. Luiz. Sur ce nombre, une soixantaine ont accompli ponctuellement le règlement, fréquentant les Sacrements et assistant fidèlement à la Messe du dimanche. Parmi eux, une bonne vingtaine n'ont pas cessé de faire partie de l'Œuvre depuis son ouverture, il y aura bientôt dix ans.

Depuis dix ans que les Frères sont à Cambucy, par l'école de jour et par les diverses Œuvres annexes, ont été produits, sans aucun doute, de bien appréciables résultats religieux dans ce quartier populeux. Peut-être ces résultats ne sont-ils ni aussi abondants ni aussi visibles qu'on le désirerait; mais on peut et on doit dire en toute justice et vérité, que les Frères ont semé, et sèment abondamment dans ces âmes d'enfants si dignes d'intérêt. C'était ce qu'ils avaient à faire : semer.

A Dieu de donner l'accroissement et de faire lever la récolte par qui il voudra.

 SÂO PAULO. – CARMO.

 Les conditions de notre installation à S. Paulo – Carmo – furent acceptées par le C. F. Norbert en décembre 1898. En avril 1899, le Collège s'ouvrait sous le nom de Collegio de N. S. do Carmo. Equiparé en 1905, il prit celui de Gymnasio.

Comme Collège ou Gymnase – ce qui est- la même chose – l'Œuvre établie en 1898-1899 a fonctionné pendant treize ans dans l'ancien local qui faisait primitivement partie du Couvent des Carmes et qui était alors à l'usage de la V. O. T. do Carmo (du Vénérable Tiers Ordre du Carmel).

Quoique ce local fût très peu adapté aux besoins d'une maison d'éducation importante, comme elle devait le devenir, l'Œuvre y a prospéré, grandi et est devenue une des principales de la grande ville de S. Paulo (375.000 habit.)[1].

En effet, N.-D. du Carmel a bien protégé son Gymnase qui est parvenu à se faire une place très honorable parmi les établissements similaires. C'est celui qui a le plus d'élèves, c'est aussi un de ceux qui ont ou jusqu'à présent la meilleure réputation au point de vue des études et du sérieux des examens. Et pourtant c'est sûrement celui dont le local était le plus insuffisant, le plus défectueux.

Mais voici qu'est en train de se réaliser le souhait que j'exprimais, il y a trois ans, dans la dernière phrase de mon rapport sur cette œuvre, après ma deuxième visite au Brésil : « Il est grandement à désirer que, le plus tôt possible, l'Ordre Tertiaire voie son Gymnase, dont il est justement fier, installé convenablement dans un local ad hoc. C'est une nécessité, non seulement pour donner aux élèves l'aisance convenable, mais aussi pour fournir aux Frères l'espace, l'air et la lumière que réclament leur santé et leur repos après les fatigues de leur laborieux et pénible apostolat de chaque jour. »

En juin 1911, ont été jetés les fondements d'un nouveau collège qui y fonctionnera dès le mois de juillet 1912. Tout a été démoli de l'ancien pour faire place au nouveau qui sera adapté aux exigences de la situation. Dans l'intervalle, les classes fonctionnent, le mieux possible, dans les dépendances du couvent mises généreusement à la disposition des Frères par les RR. PP. Carmes.

Le Gymnasio de N. S. do Carmo a donné sept bacheliers en 1907, huit en 1908, douze en 1909, douze en 1910 et sept en 1911, soit 46 jeunes gens qui y ont terminé leurs études secondaires et qui généralement ont continué, en de bien bonnes conditions, dans les Ecoles supérieures.

Il s'en trouve une dizaine à l'Ecole de Droit de Sào Paulo, une dizaine à l'Ecole de Médecine de Rio, une huitaine en Polytechnique à Sâo Paulo. Ceux de médecine et de droit ont passé brillamment les derniers examens.

Ces jeunes gens soutiennent l'honneur de l'école. La plupart se conservent et n'ont pas peur de se montrer bons. Ils entretiennent d'excellentes relations avec leurs anciens professeurs. Parmi les autres qui n'ont pas complété leurs cours, il y a aussi nombre d'excellents jeunes gens qui se maintiennent très bien.

Aux anciens élèves a été favorisée l'entrée dans la V. O. T. do Carmo. Et depuis deux ans, 15 à 20 sont ainsi devenus membres de cette Confrérie qui réunit l'élite, à tous points de vue, de la ville de Sâo Paulo.

En 1911, 117 élèves du Gymnasio, enfants de sept à onze ans, ont été admis à la première Communion.

L'Apostolat de la Prière, depuis plusieurs années établi au Gymnasio, a été toujours en gagnant. Tous les premiers vendredis du mois, Messe et Communion générale des Associés. En moyenne, une centaine chaque premier vendredi. Tous les Associés ont un ruban rouge avec médaille de la Sainte Vierge et une image sur toile du Sacré-Cœur avec l'inscription : « Arrête, le Cœur de Jésus est là ! » Les Zélateurs ont un ruban spécial. Le troisième dimanche du mois, aussi Communion générale.

Pour compléter, ajoutons que quatre jeunes gens sont passés du Gymnasio au Séminaire et cinq au Juvénat de Mendes.

 SÃO PAULO.

                                               Collegio archidiocesano.

 C'est sur les instances les plus pressantes de Monseigneur D. Duarte Leopoldo e Silva, archevêque de S. Paulo, que nous avons accepté, en janvier 1908, de prendre la direction du Collège archidiocésain.

C'était une rude besogne : le Collège avait 52 ans d'existence; il jouissait d'une réelle réputation bien méritée; des prêtres éminents l'avaient dirigé, succédant aux Pères Capucins de Chambéry qui l'avaient fondé, gouverné pendant 22 ans et si bien lancé ; les hommes les plus influents de Sâo Paulo, les membres les plus en vue du Clergé paulista, plus du quart des Evêques actuels du Brésil figuraient dans l'interminable liste des 4.486 noms des élèves matriculés depuis la fondation (9 novembre 1856) jusqu'aux fêtes du cinquantenaire (1906) ! ! ! ….

Oui, c'était une grande succession à recueillir et à soutenir !

Nos Frères ne se mettant pas d'eux-mêmes dans une si difficile situation, mais y venant par obéissance à l'Eglise, le bon Dieu devait les aider de sa sainte grâce et bénir leurs efforts. C'est ce qui a été. Grâces Lui en soient rendues  !

 moyenne des présences.

 En l'année 1908 ……………………………………………………..  170 élèves tous internes

             –   1909                                                                  175   –      –

             –   1910                                                                  195    –        –

             –   1911                                                                  220    –        –

 Comme on le voit, le chiffre des élèves a progressé chaque année. On peut dire qu'en la quatrième année (1911) il est arrivé au maximum des présences possibles dans l'établissement: les locaux, quoique très vastes, ne permettant pas de recevoir et de loger un plus grand nombre d'internes.

En 1908, 12 jeunes gens y ont terminé leurs études secondaires et y ont reçu le grade de bacheliers ; un en 1909 ; douze en 1910, et douze en 1911 : soit un total de 37 jeunes gens desquels on peut dire ce qui a été dit précédemment pour ceux de Rio et de S. Paulo Carmo.

Néanmoins les résultats durables du travail des Frères s'aperçoivent peu encore : il faut avoir l'épreuve du temps. Mais on peut dire que l'esprit religieux du Collège va en gagnant. Chez les grands et les moyens, la Communion devient fréquente: de 30 à 40 chaque jour de semaine. Les dimanches, il y en a un plus grand nombre. Une quinzaine y sont allés tous les jours. Dans la division des petits, c'était mieux : une quarantaine communiaient tous les jours, et tous le dimanche.

Espérons que ces bonnes dispositions iront en s'améliorant encore.

 SANTOS.

 Cet établissement a été fondé le 4 avril 1904. Avant même l'ouverture, il avait fallu chercher un local plus grand. Par suite du grand nombre de matricules depuis l'annonce de la nouvelle école, on reconnut vite que le local primitivement choisi serait insuffisant dès les premiers jours. On trouva un deuxième local qui ne servit que pendant un an. En 1905, on acheta le local actuel où les classes furent installées en août de cette même année.

Sur la fin de 1909, pendant les vacances scolaires, on ajouta un étage à la maison. Et dans le courant de 1910, cet étage fut occupé par des classes et par le dortoir de la Communauté.

Notre Gymnasio Santista do Sagrado Coraçao de Jesus a toujours été en prospérant comme le témoigne le tableau ci-dessous :

 Années   ……   Inscriptions

1904 ………..166    pour moyenne de  143 présences dont …   25 ½  pensionnaires

1905 ………  225       –       –        –      175   –     –                        25  –      –

1906 ……….248       –      –      –           180 – ……………………….. 35 –

1907 ………..255      –        –     –          190 – ……………………….. 20 –

1908 ……….268       –       –      –           215 – ………………………. 25 –

1909 ……….303       –       –       –         250 – ……………………….. 20 –

1910 ……….340       –       –       –         285 -………………………… 25 –

1911………. 392        –        –      –        325 – ……………………….. 18 –

 Depuis le commencement de l'école jusqu'à fin décembre 1911, 867 enfants ont été inscrits sur les registres, soit une moyenne de 108 élèves nouveaux chaque année (115 en 1911).

Le Gymnasio Santista ayant été équiparé en 1909 n'a pu fonctionner que durant deux ans comme établissement complet. Quant à sa réputation, on peut dire qu'elle est excellente. Le nombre d'élèves l'indique, ainsi que leur catégorie, appartenant aux meilleures familles du pays. L'Académie de commerce, fondée par la ville, en même temps que s'ouvrait notre Collège et comme pour lui faire concurrence, n'arrive pas à la centaine, quoique admettant garçons et filles et bien que les cours y soient gratuits. Pas un autre collège particulier n'arrive à 50 élèves.

Comme dans toutes nos autres maisons, l'œuvre des premières Communions a été prise à cœur et a donné des fruits excellents. L'Apostolat de la Prière a été aussi introduit parmi les élèves et la Communion Réparatrice du premier vendredi du mois y est en honneur. Bon nombre d'élèves sont à la communion mensuelle, bimensuelle et hebdomadaire, quelques-uns même à la communion quotidienne.

Remarque consolante et encourageante : En remontant seulement à douze ans en arrière, on comptait, dans cette population de 60.000 âmes, à Santos, tout au plus 5 à 10 communions par an. Aujourd'hui, on compte pour l'année 1911, plus de 50.000, c'est-à-dire 10.000 fois plus (chiffres donnés par M. le Curé de Santos). D'où vient ce résultat merveilleux ? – Il y a douze ans, il n'y avait à Santos qu'un Vigario (Curé) et son coadjuteur plus ou moins fervents. Aujourd'hui, en outre du Vigario actuel très zélé et de son coadjuteur qui le seconde très bien, il y a trois Jésuites qui desservent l'église du Sacré-Cœur – notre Gymnase est tout à fait à côté -; cette église, érigée par l'œuvre de l'Apostolat de  la Prière, est devenue un centre important de vie chrétienne; il y a trois Carmes allemands qui sont revenus remettre la ferveur de la vie religieuse dans ce vieux couvent des Carmes ; il y a les Bénédictins qui sont également venus régénérer le couvent et la chapelle du Montserrat; il y a des Religieuses qui y tiennent deux écoles et un asile ; il y a enfin les Petits Frères de Marie qui travaillent depuis huit années ce sol autrefois si mauvais, si ingrat, mais qui donne déjà de si beaux résultats, de si consolantes espérances pour de plus grands encore. « Voilà l'œuvre des Religieux venus à Santos », me disait le digne Vigario de la paroisse dans la visite que je lui fis le 10 janvier.

Un des premiers initiateurs de cette réorganisation de vie religieuse et chrétienne à Santos est sans contredit Mgr Moreira, prêtre portugais, de plus de 70 ans, venu de Pétropolis à Santos, il y a une douzaine d'années. Ce prêtre zélé amena de Pétropolis les deux fondatrices de l'Apostolat de la Prière, qui ont fait bâtir l'église du Sacré-Cœur, consacrée en 1902. Il faisait l'école à quelques enfants dans une dépendance de l'ancien couvent des Carmes. C'est lui qui sollicita plusieurs fois le C. F. Adorator d'envoyer des Frères dans cette population où il n'y avait alors aucune école religieuse. C'est lui qui y favorisa notre première installation en offrant gentiment le vivre et le couvert au C. F. Gondulphe pendant les quatre à cinq semaines de recherche d'un local convenable. Il avança aussi le premier argent nécessaire et se montra toujours le meilleur conseiller et ami de nos Frères. «L'œuvre des Frères pour la part que j'y ai prise, est pour moi, me disait-il le 10 janvier dernier, une des plus  grandes consolations de ma vie. »

Un autre résultat a été obtenu à Santos et nos Frères y sont bien pour une bonne part. Autrefois un prêtre en costume, un religieux quelconque, n'eût pas pu paraître en publie dans la rue sans être insulté ; aujourd'hui, prêtres, religieux, religieuses, circulent librement ,et reçoivent dix fois plus de témoignages de respect qu'ils n'entendent d'insultes ou de cris moqueurs à leur adresse. Ajoutons encore que le Gymnasio Santista a envoyé un Juvéniste à Mendes et quelques autres sont en vue.

 UBERABA.

 Monseigneur D. Duarte da Silva, évêque actuel d'Uberaba, vint à Lyon, en 1893, pour une opération chirurgicale. De Lyon, il se rendit à Saint-Genis-Laval pour demander des Frères. Sans doute on dut lui répondre alors qu'il n'y en avait ni de prêts, ni de disponibles. Et Monseigneur retourna au Brésil. Y eut-il de nouveaux rapports entre Monseigneur et les Frères Maristes ? Je ne sais. Toujours est-il que F. Norbert, arrivé au Brésil ou peu avant d'y partir, écrivit à Mgr l’Evêque d'Uberaba pour lui annoncer sa visite et voir avec lui s'il était temps et s'il y avait possibilité de réaliser sa demande antérieure. Le C. F. Norbert ne reçut pas de réponse, et il n'alla pas à Uberaba.

Qu'était devenue la lettre du C. F. Norbert ? – Elle était bien arrivée à l'Evêché, mais Monseigneur étant absent, la lettre fut reçue et lue par le Secrétaire qui la passa à D. Ignacio, Grand Vicaire, Vigario d'Uberaba.

Le Secrétaire dit au Grand Vicaire qu'il s'agissait d'une demande de religieux français qui cherchaient à venir s'établir à Uberaba, que ces religieux français ne connaissant pas la langue du pays ne pouvaient pas convenir, etc., etc., etc., qu'il n'y avait donc pas à répondre. Et… la lettre fut jetée au panier sans que Mon seigneur en eût eu connaissance.

Deux ans plus tard, Monseigneur passant à Sâo Paulo, aperçut un religieux à rabat blanc, comme ceux qu'il avait vus à Saint-Genis-Laval; il s'avance vers lui et il dit : « Mais vous êtes un religieux français ? – Oui, Monseigneur. – Un Frère Mariste de Saint-Genis-Laval ? – Oui, Monseigneur. – Et vous êtes ici au Brésil? – Oui, Monseigneur. – Et depuis quand ? – Depuis deux ans, Monseigneur. – Et où donc ? – Ici même, à Sâo Paulo. – Comment ! dit Monseigneur, vous êtes à Sào Paulo et non encore à Uberaba où je vous ai demandés et où je vous attends depuis huit ans ! ! !… »  Et rentré à Uberaba, il envoya de suite, à Sâo Paulo, son Grand Vicaire, Dom Ignacio, pour traiter de la fondation des Frères. La fondation se fit peu après.

Monseigneur ayant reçu des Frères la « Vie du F. Norbert », y lut que le C. F. Assistant lui avait écrit, mais n'avait pas reçu de réponse… Il s'informa, et ne tarda pas à apprendre ce qu'était devenue cette lettre.

Alors tout était réparé.

        MATRICULES DES ÉLÈVES DEPUIS LA FONDATION.

 En  1903……….150 inscrits dont 40 internes ou 1/2 internes

–     1904 ………195 – – – – – – – -50   –   –   –

–      1905 ………216 – – – – – – – -70 –   –   –

–      1906 ………242 — – – – – – -85 –   –   –

–     1907 ……….267 — – – – – – 105 –   –   –

–     1908 ……….291 — – – – – – 100 –   –   –

–     1909 ………286 — – – – – – – 40 –   –   –   –   –   –   -+   115 à l'Externat  N.-D. de Lourdes.

–      1910 ………292 – –  – – – –  95 – –  –  –  –  –  –  –  – +   115 –   –   –   –  

–      1911……… 323 – – – – – – -144 –  –  –  –  –  –  –  –  +     85  –   –   –   –

 Les chiffres ci-dessus d'inscriptions indiquent une marche constamment ascendante depuis le commencement. N'y aura-t-il pas recul en 1912? On s'y attend quelque peu. L'année 1911 n'a pas été parfaite. Mais cela est dû à des causes qui ne se reproduiront pas. Il y a donc espoir de voir reprendre ce mouvement ascensionnel surtout maintenant que l'établissement a été agrandi d'un beau corps de bâtiment qui permet de loger cent internes de plus.

Les résultats obtenus jusqu'ici sont bien appréciables. Depuis l'équiparation en 1906, le Gymnasio Diocesano do Sagrado Coração de Jesus a fourni quatre Bacheliers en 1907 ; huit en 1908; huit en 1909 ; treize en 1910, et cinq en 1911, soit au total trente-huit jeunes gens qui ont fait les cours complets. Les deux tiers continuent, comme ceux de Rio et de Sâo Paulo, dans les Ecoles supérieures: Ecole des Mines de Bello Horizonte, Ecole polytechnique de Rio et de Sào Paulo, etc. Il faut mentionner, outré ces bacheliers, quinze à vingt jeunes gens qui Suivent les cours de Pharmacie. Tous gardent de bonnes relations avec la Maison et bon nombre conservé vent la pratique de leurs devoirs religieux.

Autre résultat excellent : deux élèves sont, allés au Séminaire et une quinzaine ont pris la direction du Juvénat de Mendes.

Les premières Communions, à Uberaba, comme dans nos autres maisons, ont été préparées avec soin. Chaque année elles ont été très nombreuses et souvent elles ont compté des jeunes gens de 15, 20 ans et plus qui étaient venus du Sertâo (intérieur) et qui avaient ainsi vécu en dehors de la pratique des sacrements jusqu'à leur entrée au Collège.

Une pieuse association appelée la « Milice Angélique» sous le patronage de S. Thomas d'Aquin, organisée par les Pères Dominicains, en résidence à Uberaba (un des Pères est l'Aumônier du Collège), a puissamment contribué à y créer une atmosphère de piété et de bon esprit. Ne sont admis dans ce groupe que les meilleurs élèves. La devise qui condense et synthétise le but et l'esprit de l'association est : « Science et piété ». Grâce à ce noyau choisi, la Communion fréquente, même quotidienne, a été introduite dans le Collège, ce qui auparavant avait paru impossible.

L'érection d'une Chapelle (en février 1911), dans les anciens bâtiments devenus libres par suite de la nouvelle construction, a favorisé et favorisera encore davantage la dévotion et la ferveur de tous, maîtres et élèves, à l'usage exclusif desquels elle est affectée.

Pour répandre le bienfait de l'instruction chrétienne à nombre d'enfants pauvres ou de condition moyenne de la ville, une école gratuite Externato de NaSade Lourdes, a été annexée au Collège en 1909. Les places disponibles ont été occupées dès les premiers jours. Il est à regretter qu'il ne nous ait pas été possible d'y recevoir plus de 110 à 120 enfants, car c'est encore autant de plus qui seraient venus si nous avions pu leur donner asile.

 *     *

*

 Et voilà, Très Révérend Frère Supérieur, un aperçu rapide des œuvres auxquelles nos Frères s'efforcent d'appliquer leur dévouement de chaque jour.

Il est utile, ce me semble, de montrer de préférence le bon côté des choses, de le faire ressortir même pour Stimuler et encourager toujours davantage dans la route du bien, dans la voie du progrès vers le mieux. Néanmoins, j'ai cherché à me tenir dans la vérité. C'est pourquoi je vous ai fait connaître, Très Révérend Frère, – et je l'ai fait connaître aussi aux intéressés ce qui me paraissait être moins bon, tant dans les ouvriers que dans le travail auquel ils se livrent.

Nos Frères, au Brésil Central comme ailleurs, ont à lutter pour vivre en bons religieux et exercer profitablement leur apostolat auprès de la jeunesse qui vient à eux.

Heureux, serai-je, si ma visite au milieu d'eux et le compte rendu que je vous en fais, Très Révérend Frère Supérieur, ont pour résultat de raviver, d'exciter encore plus dans les esprits et les cœurs de tous, la flamme de la générosité pour Dieu et pour les âmes qui doit embraser tous les éducateurs chrétiens.

              F. Augustalis.

        VISITE DE LA PROVINCE DU BRÉSIL MÉRIDIONAL.

 C'est le 6 novembre dernier que le Révérend Frère Supérieur Général me remettait la délégation qui m'accréditait auprès de nos communautés du Rio Grande do Sul. Et je quittais la maison-mère après avoir reçu sa paternelle bénédiction pour moi-même et pour les Frères auxquels j'allais porter ses conseils et ses enseignements avec l'assurance de sa tendre et religieuse affection. Cette bénédiction est une faveur précieuse et que les Frères estiment à sa juste valeur; mais en la circonstance, elle ne pouvait les empêcher d'éprouver une certaine déception. Les trois provinces du Brésil comptaient, en effet, sur la visite du Révérend Frère Supérieur en personne; et elles ne se consolent provisoirement que dans l'espérance que les difficultés qui ont mis obstacle à ce voyage ne le retarderont pas au-delà de l'année prochaine.

J'avais placé mon voyage sous la protection de la sainte Vierge. Notre-Dame de Fourvière et Notre-Dame de la Garde se trouvaient sur la route que je suivais pour me rendre au port d'embarquement; j'allai puiser à ces sanctuaires amour et zèle pour m'acquitter convenablement de ma mission, et recommander à la bonne Mère cinq jeunes Frères tout heureux de partir aussi pour cette lointaine région.

Mais je devais avoir un autre protecteur, et je crois m'acquitter d'un devoir en le proclamant ici. Le cher Frère Vice-Postulateur de la cause de béatification du vénéré Frère François m'avait invité à comparaître devant le tribunal ecclésiastique constitué à Lyon à cet effet.

Je le confesse en toute humilité, j'avais cherché à me dérober, surtout à ce moment; je n'avais rien à dire ou si peu de chose. J'étais seulement dans cette conviction, partagée par tous les Frères de la région du nord de la France et de la Belgique, que le Vénérable Père Champagnat, qui a fondé la province de Beaucamps, et le vénéré Frère François, qui l'a gouvernée pendant près de vingt ans, devaient être des hommes de Dieu pour lui avoir donné les assises puissantes et profondes sur lesquelles elle s'est maintenue et continue de s'édifier et de s'étendre. Mais ce peu de chose, le cher Frère Marie-Junien voulait me le faire dire; et je n'affirmerai pas qu'il ne caressait pas la pensée un peu malicieuse que je n'oserais pas me contenter de le dire en deux lignes. Ce qui est certain, c'est qu'il fut irrésistible, et je me laissai gagner sinon convaincre.

J'ouvris donc quelques cahiers poudreux tirés des archives. Le papier en est jauni; mais les pages sont d'un aspect attrayant et couvertes d'une écriture fine, soignée et régulière. Et je commençai à travailler avec résignation.

C'est ici que m'était réservée la plus agréable des surprises : j'avais lu dix pages, quinze pages, vingt pages sans m'arrêter. J'étais vraiment captivé ; j'étais entré, comme sans m'en douter, dans l'intimité d'un serviteur de Dieu. J'écoutais ses instructions, je m'appliquais ses conseils, voilà pour l'édification. Voici pour l'intérêt : je vivais les premières années de notre institution; je suivais l'action providentielle de notre développement; j'analysais le tempérament, le caractère, la vertu des premiers Frères; surtout je surprenais le zèle, l'esprit apostolique qui allaient croissant chez le premier supérieur général, à mesure que le bon Dieu et la sainte Vierge mettaient plus de moyens d'action à sa disposition.

Mais le temps était court. Je l'employai aussi bien que possible à recueillir les plus beaux fragments de ces intéressants documents, de ces précieuses lettres pour constituer mon bien humble témoignage.

Je devais remercier le cher Frère Marie-Junien des heures délicieuses dont ses pressantes instances avaient été pour moi l'occasion. A partir de ma comparution, je pouvais compter davantage encore sur son pieux souvenir et sur ses nombreuses-visites et stations à Notre-Dame de Fourvière. Si les saints pouvaient être importunés, la sainte Vierge l'aurait été certainement par les suppliques du cher Frère Vice-Postulateur en faveur de ceux qui ont prêté leur concours à l'œuvre qu'il a si heureusement et si rapidement conduite en y mettant toutes les forces de sa volonté et tout l'amour de son cœur.

Je quittai Lyon bien assuré de plus que le vénéré Frère François, qui a pratiqué héroïquement la charité pendant sa vie sur la terre, me protégerait de tout son crédit auprès de Dieu.

Le 10 novembre, après nous être munis de toutes les provisions surnaturelles que l'on trouve abondamment à Notre-Dame de la Garde, mes cinq compagnons et moi, nous prenions possession, à bord du « Formosa », d'une cabine à six couchettes qui devait être notre demeure depuis Marseille jusqu'à Santos, c'est-à-dire pendant dix-huit jours. Les chantiers de Glasgow, d'où sort ce paquebot, ont négligé l'installation des crucifix et des bénitiers. Je commençai donc par asperger d'eau bénite cette cabine et les couchettes ; et, par une fervente prière, nous demandâmes à Dieu, par l'intercession de la sainte Vierge, des anges et de nos bienheureux protecteurs de nous préserver de tous les dangers de l'âme et du corps et de nous conduire heureusement au port où nous devions débarquer.

Notre petit monastère ainsi bénit, la communauté s'efforça d'y pratiquer toutes les vertus ; la sainte joie s'y établit en permanence. Ce n'est pas que nos religieux échappèrent totalement aux malaises ordinaires de la mer. Mais si les religieux, comme les autres passagers, se livrent aux exercices inévitables dans ce cas, ils le font sans doute avec résignation, mais ils s'efforcent d'y mettre une certaine dignité ou gravité qui n'est jamais totalement dépourvue d'élégance et même de grâce.

J'ai remarqué, comme souvent déjà, combien notre costume nous vaut de considération et de respect. Nos jeunes Frères ne tardent pas à devenir sympathiques; leur entrain plait ; leur modestie et leur piété édifient; et bien des gens qui ont malheureusement perdu l'habitude de prier les observent d'abord curieusement, puis les voient avec admiration s'acquitter avec fidélité et une sainte liberté de tous leurs exercices sur le pont du navire comme dans un oratoire de nos maisons.

Nos journées, partagées entre le travail, la prière, le repos et d'honnêtes distractions, s'écoulèrent ainsi rapidement sur le « Formosa ». Il en fut de même sur les paquebots du Lloyd Brasileiro, le « Sirio » de Santos à Rio Grande, et le « Javary » de Rio Grande à Porto Alegre. Et le jour de l'Immaculée Conception, le cher Frère Géraud, Provincial et les Frères de Porto Alegre nous firent l'accueil le plus affectueux qu'il soit possible d'imaginer.

Pendant quatre jours, j'avais été l'hôte choyé et honoré de nos Frères du Brésil central. Le cher Frère Provincial et le cher Frère Adorator, son prédécesseur, m'ont procuré l'avantage et le plaisir de visiter plusieurs de leurs importants établissements : le gymnase de Rio de Janeiro, les gymnases de Sào Paulo et l'école de Cambucy, le gymnase de Santos et la magnifique propriété de Mendes. Dans cette productive solitude, j'allais dire dans ce Paradis terrestre, où l'on a tiré un très heureux parti de tous les avantages de l'exploitation agricole, tous les services d'une maison provinciale se meuvent à l'aise. Le juvénat, le noviciat et le scolasticat renferment une jeunesse pieuse et studieuse qui se prépare avec ardeur à l'apostolat. La cendre de nos morts, tombés à la peine pour la gloire de Dieu et l'honneur de l'Institut, est respectueusement gardée dans un cimetière très soigné en attendant le jour de la résurrection où les corps recevront leur part de l'état bienheureux des âmes. Je ne puis oublier que j'ai vu l'apôtre des nègres, le cher Frère Amandus; il a fait passer, en ma présence, un examen à un de ses élèves, qui répondait avec un aplomb et une aisance admirables à toutes les questions qui lui étaient posées.

Dans toutes ces maisons, j'ai été édifié de la bonne tenue, de la piété, de la régularité des Frères, et j'ai joui de leur excellent esprit de famille. Ils sont les premiers arrivés au Brésil ; ils sont des modèles par leur activité et par la pratique des vertus religieuses. Dans mon imagination, l'ombre du regretté Frère Norbert plane au-dessus de cette belle province; elle a eu sa dernière pensée et les suprêmes battements de son noble cœur. Dans le sein de Dieu, en compagnie du V. P. Champagnat, il doit être content de ses enfants !

Le même fraternel accueil m'était réservé, à mon retour, au district de l'Argentine; le même consolant esprit de famille y anime tous les Frères. Créé d'hier par la province de Saint-Paul-Trois-Châteaux, ce district s'est développé rapidement. Nos Frères ont conduit à un haut degré de prospérité le collège de N.-D. de Lujan, qui leur a été confié par les RR. PP. Lazaristes. A côté, est installée, dans un bâtiment bien compris et une propriété fort bien tenue, la maison provinciale avec ses différents services. Le noviciat est important et donne les meilleurs résultats: le scolasticat est à ses débuts; mais déjà il permet de concevoir de belles espérances. Le Juvénat, qui vient d'être transféré à Marcos-Juarez, fonctionnera dans les mêmes locaux que le collège ; tous deux continueront de voir se développer leur prospérité et leur réputation. Les deux nombreux externats de Buenos Aires suffisent à peine à contenir les élèves que le dévouement et les succès des Frères y attirent.

Un dernier souvenir de l'Argentine et du célèbre sanctuaire de Notre-Dame de Luján : comme un bon Père Lazariste m'offrait très aimablement de signer le livre d'or de la splendide basilique, j'y écrivis la note suivante : « Je recommande à la protection de Notre-Dame de Luján le Révérend Frère Supérieur Général de l'Institut des Petits Frères de Marie et tous les membres de la Congrégation ; je prie la Vierge de l'Argentine de bénir  toutes  nos  écoles et toutes nos œuvres ».

Et j'en arrive enfin au Brésil Méridional, qui est l'objet principal de ce modeste rapport. Depuis trois ans, époque de ma dernière visite, la province a continué d'avancer progressivement. Les constructions du gymnase de Santa Maria, que j'avais laissées en voie d'exécution, sont achevées. Cet important établissement peut loger aisément cent cinquante internes et deux cents externes. Il est doté d'une chapelle assez vaste et élégamment décorée. Il est bien fréquenté.

Le collège de Bom Principio a été doublé en vue de pouvoir donner au noviciat une indépendance convenable et nécessaire. C'est une construction modeste, mais régulière, solide et d'aspect agréable. La distribution des appartements se prête commodément à tous les services. Mais le bâtiment est déjà insuffisant. Les cent dix internes sont à l'étroit. Aussi est-on entré en négociation pour l'acquisition d'une propriété voisine où serait installé le noviciat. La jeune province n'a pas encore un noviciat bien fourni ; mais les éléments en sont de bonne qualité, et le juvénat, qui compte une quinzaine d'enfants bien disposés, donne de sérieuses espérances. Nous demandons au Sacré Cœur de Jésus et à la sainte Vierge l'accroissement de ces œuvres.

Le collège de Villa Garibaldi est en prospérité; il établit sa réputation dans la colonie italienne comme celui de Bom Principio a conquis l'estime de toute la colonie allemande.

Les écoles municipales de Bom Principio et de Villa Garibaldi, un moment privées des faveurs du pouvoir, pour des motifs politiques, émargent de nouveau au budget. Elles n'ont jamais cessé de jouir de la confiance des familles, qui toutes y ont toujours envoyé leurs enfants.

Dans ces deux établissements, la culture des légumes, celle de la vigne et l'apiculture sont en grand honneur et donnent de très appréciables bénéfices. Le premier rang appartient incontestablement à Villa Garibaldi.

L'école paroissiale de Sâo Leopoldo maintient bien son chiffre d'élèves; ce qui est d'autant plus honorable que l'influence protestante est considérable dans cette ville.

L'école Saint-Joseph de Porto Alegre est entretenue par un comité de la colonie allemande. Elle jouit d'une réputation méritée; les consuls d'Allemagne et d'Autriche l'honorent de leur protection et de leur visite. Depuis sa fondation, sa prospérité va sans cesse croissant, et le niveau des études s'élève en même temps que le chiffre des élèves augmente.

Le collège Notre-Dame du Rosaire, aussi à Porto Alegre, a végété pendant plusieurs années dans des locaux très défavorables sous tous les rapports. Il est moins mal installé aujourd'hui, mais non encore bien. Les élèves ont augmenté en nombre et en qualité. Les Frères appellent de tous leurs vœux le jour où les ressources de la province nous permettront de nous établir chez nous et de construire un bâtiment scolaire dans cette ville, capitale de l'Etat, qui compte 130.000 habitants, qui s'accroît chaque jour et qui offre un avenir assuré.

Nous collaborons avec les Pères Jésuites dans leurs gymnases de Porto Alegre, de Pelotas et de Rio Grande. Les Frères jouissent dans ces établissements d'une indépendance aussi complète que possible. Ils ont leur habitation distincte du collège. Dans toutes les classes, ils emploient nos livres, les ouvrages de cette riche collection que nous devons à la science et au labeur de nos confrères du Brésil Central. Les Révérends Pères proclament hautement la grande part que nous avons dans la bonne marche de leurs collèges; ils entourent les Frères d'affection, d'estime et de respect. Ils n'expriment qu'un désir, celui de nous voir plus nombreux au milieu d'eux.

Notre établissement à Lageado a été préparé par les Pères Jésuites et par un comité de la colonie allemande. Ils ont voulu assurer aux enfants de la région l'éducation chrétienne et une bonne instruction. La meilleure preuve que les Frères ont répondu à cette attente de la population, c'est que les locaux sont insuffisants pour recevoir tous les élèves qui se présentent.

Dans les collèges de Santa Cruz, Cachoeira, Cruz Alta, São Gabriel, Alegrete, Sant'Anna do Livramente et São Luiz de Santa Maria, les Frères continuent modestement leur œuvre avec un succès constant. Plusieurs de ces établissements ont la lourde charge d'un loyer élevé et ce n'est que par des prodiges d'économie qu'à arrivent à faire face matériellement à leurs affaires.

A Uruguayana, les études comportent aujourd'hui les six années du programme gymnasial d'autrefois, et l'école est en pleine prospérité. Les Frères ont fait là un essai d'œuvres de jeunesse, et avec un beau succès. Grâce aux réunions du dimanche et aux jeux, un bon nombre d'anciens élèves demeurent fidèles aux pratiques de la vie chrétienne. Là encore, il serait bien désirable que nous fussions propriétaires, et qu'il fût possible de remplacer par une construction convenable les installations vieillies ou par trop provisoires dans lesquelles fonctionnent les divers services du collège.

Nos collèges et nos gymnases sont des centres d'instruction et de science très appréciés. Les populations proclament la supériorité de nos méthodes et rendent hommage à notre dévouement; et les succès de nos élèves attestent la valeur de notre enseignement.

Mais ce n'est là qu'un avantage secondaire que nous procurons à ce peuple. Nos religieux ont quitté leur patrie et se sont éloignés de leurs familles dans un but supérieur. Chaque école catholique est avant tout un foyer d'amour de Dieu : les petits enfants y apprennent à prier ; tous reçoivent l'enseignement de la religion selon leur âge et le développement de leur intelligence; et tous s'y forment progressivement à la pratique des vertus qui doivent en faire de bons chrétiens. Un grand travail a déjà été opéré dans ce sens ; et les fruits en sont visibles non seulement dans la jeunesse qui sort de nos classes, mais ils se sont étendus jusque dans les familles. Les belles cérémonies de la première communion, presque inconnues autrefois, sont devenues annuelles dans toutes les paroisses où nous sommes établis ; et la pratique de la communion fréquente s'introduit heureusement un peu partout.

Pour être les promoteurs de ce bien surnaturel, nos Frères doivent être des modèles et travailler chaque jour avec ardeur à leur propre perfection. J'ai bien constaté qu'ils comprennent cette nécessité à l'application qu'ils ont apportée aux saints exercices de la retraite. Dans ces pays lointains, la nature humaine produit aussi ses fruits qui sont, comme ailleurs, insouciance, négligence, susceptibilité, amour-propre, défaut de zèle, atteintes à la charité, recherche de quelques aises, etc. Les supérieurs sont aux prises avec bien des difficultés pour fournir les communautés de religieux instruits, expérimentés et capables de faire face à des travaux pénibles et variés : il y a tant de jeunesse, et le climat est anémiant. Eh bien, je le déclare à la gloire de Dieu, j'ai éprouvé beaucoup de consolations et la plus grande édification à nos retraites de Bom Principio et de Santa Maria. Quant aux difficultés que j'avais le plus appréhendées, la Providence a permis qu'elles fussent aplanies avec une grande facilité, autant dire qu'elle-même les a résolues. Une fois de plus, j'ai constaté que, dans les missions surtout, la bonne volonté des Frères et la grâce de Dieu s'aidant mutuellement opèrent des merveilles.

Et je termine en exprimant du fond du cœur un triple vœu. Le premier a pour objet les enfants de la classe pauvre, si intéressante et la plus nombreuse : Dieu veuille susciter de généreuses initiatives pour la fondation d'œuvres qui nous permettraient de procurer à un plus grand nombre le bienfait de l'instruction et de la formation chrétienne ! Le second a trait à ce grand et hospitalier pays du Brésil que nous aimons comme les Apôtres chérissaient les contrées qu'ils avaient évangélisées : Daigne le Seigneur éclairer et guider ceux qui sont à la tête de son gouvernement afin qu'ils comprennent toujours que les éducateurs religieux sont les meilleurs amis de la jeunesse et les plus puissant& auxiliaires du pouvoir dans l'œuvre de l'ordre, du progrès et de la civilisation; qu'ils continuent de leur laisser seulement la jouissance d'une vraie et large liberté ! Le troisième concerne ces Frères bien-aimés qui sont l'honneur de la Congrégation : Nous prions Dieu et la sainte Vierge qui leur ont inspiré de si nobles et si généreux sacrifices de les conserver fidèles et de les maintenir constamment dans la voie où ils marchent et qui est bien celle tracée par notre Vénérable Fondateur et nos premiers Frères missionnaires.

             Frère Diogène.

        JUVÉNAT NOTRE-DAME DE GUADALUPE

        à Carrion de los Condes (Espagne).

 Nos provinces espagnoles d'Amérique ont déjà pris une certaine extension, comme l'a dit brièvement le rapport de la Circulaire précédente. Favorisées par la persécution de France, et aussi par la dévotion particulière que les nations où nous sommes établis professent envers la Sainte Vierge, elles se sont même développées assez rapidement tout d'abord. Aujourd'hui, bien que les demandes de fondation continuent à affluer, la marche en avant a dû se ralentir, faute de personnel. Les provinces mères si elles s'intéressent toujours aux rameaux du Nouveau Monde, ne peuvent plus les alimenter avec la même abondance; et les maisons de formation du pays, auxquelles on a cependant donné une impulsion digne d'éloges, sont loin de suffire aux besoins.

Pour remédier le plus possible à cette pénurie d'ouvriers apostoliques et seconder les aspirations des jeunes âmes qui ambitionnent le titre de missionnaire, un nouveau Juvénat vient d'être fondé à Carrion de los Condes.

Cette petite ville, qui possède un noviciat des Pères Jésuites, est située dans la province de Palencia, au centre de populations simples et chrétiennes parmi lesquelles on espère trouver, Dieu aidant, de bonnes vocations.

Il y a une dizaine d'années, une personne bienfaisante désirant la doter d'une œuvre scolaire dirigée par des religieux, entreprit la construction d'un vaste édifice que la mort ne lui permit pas de terminer.

La partie existante qui a été mise à la disposition de l’Institut à la condition d'y tenir une école, peut loger une soixantaine d'internes, avec quelques aménagements. C'est là que nous avons décidé d'établir le Juvénat Hispano-Américain, que soutiendront les provinces intéressées.

Daigne Notre-Dame de Guadalupe, patronne de l'Amérique latine à qui l'œuvre naissante est spécialement confiée, en faire un foyer de nombreux Petits Frères de Marie et de vaillants missionnaires

 FONDATION DU JUVÉNAT SAINT-JOSEPH

à Sangano (Italie).

 Depuis quelque temps, les Frères du Brésil et notamment ceux des provinces du Centre et du Nord, souffrent du manque de sujets, parce que le recrutement local, bien que donnant déjà de bons résultats, est loin cependant de répondre aux pressants besoins de ces provinces qui possèdent, comme on sait, d'importants établissements.

Pour combler cette lacune et répondre aux instantes demandes des Conseils Provinciaux intéressés, le Conseil Général, dans sa séance du 10 mars 1912, a approuvé la fondation d'une maison en Europe, située à Sangano (Italie), portant le nom de Juvénat Saint-Joseph.

Les Juvénistes recevront là une formation toute spéciale, en vue de leur future mission au Brésil.

La maison s'ouvrira, s'il plaît à Dieu, dans les premiers jours du mois de mai.

 RÉÉDITION DE LA COLLECTION COMPLÈTE

DE NOS CIRCULAIRES[2].

 Pour donner satisfaction à un désir bien légitime qui nous a été manifesté de presque toutes les provinces, et aussi pour répondre à un réel besoin d'un grand nombre de nos établissements, le Conseil Général de l'Institut a décidé de faire réimprimer toutes les circulaires des Supérieurs, en commençant par celles du Vénérable Père Champagnat, lesquelles n'ont jamais figuré encore dans la collection déjà existante.

Si quelque part, on possédait des exemplaires de ces circulaires datant de l'époque du Vénérable Père Fondateur ou des premières années de généralat du vénéré Frère François, on voudra bien nous les faire parvenir au plus tôt.

Nous pouvons espérer que cette collection fera beaucoup de bien parmi nous.

Ce sera un trésor de famille arrivant bien opportunément à l'époque du Centenaire. Elle fournira à tous nos Frères la facilité d'étudier aux vraies sources un côté important de l'histoire de notre chère Congrégation. On y trouvera un grand nombre de détails, d'avis, d'informations qui pourraient paraître peu importants à première vue, mais qui, en réalité et dans leur ensemble, auront un grand intérêt.

En reproduisant ces circulaires intégralement, on rendra, pour ainsi dire, comme vivantes, pour la génération actuelle et les générations futures, les différentes périodes où le Vénérable Fondateur et ses successeurs dans le gouvernement de l’Institut les adressèrent aux Frères.

On y trouvera un bon moyen de se retremper dans le véritable esprit de l'Institut. Ce sera, par conséquent, entrer tout à fait dans la mentalité qui doit être tout particulièrement la nôtre en cette époque de préparation prochaine à la célébration du Centenaire.

On prévoit que la collection complète comprendra une douzaine de volumes de six à sept cents pages chacun.

Elle pourra donc figurer honorablement et surtout utilement dans nos bibliothèques.

Selon une recommandation déjà faite, il importe que partout nos bibliothèques soient amplement fournies de nos livres ascétiques, de manière que tous les Frères de la Communauté puissent facilement les avoir à leur disposition.

Il est aussi grandement à souhaiter que tous nos Frères des diverges provinces de langues différentes soient à même de lire en français et de bien comprendre nos circulaires et nos livres ascétiques.

Pour cela, il est à propos que, dans tous nos juvénats, noviciats et scolasticats, on fasse une bonne part à l'enseignement théorique et pratique de la langue française. Elle doit être notre langue d'union comme l'est le latin pour les Congrégations religieuses de prêtres.

Les Frères Provinciaux voudront bien prendre des mesures pour que les programmes d'études dans leurs diverses maisons de formation donnent un temps suffisant pour l'étude du français.

        UN MOT SUR NOS CAUSES DE BÉATIFICATION.

 Je suis heureux, M. T. C. F., de vous annoncer que la Congrégation préparatoire pour la Cause de notre Vénérable Fondateur s'est tenue à Rome, le 12 mars dernier, et que cette Cause qui nous est si chère poursuit son cours ordinaire.

Ainsi que je vous l'ai dit plusieurs fois, il importe beaucoup que nous obtenions de bons miracles. Faisons donc dans toutes nos provinces une sainte violence au Ciel pour obtenir, par l'intercession du Vénérable Père Champagnat, les miracles nécessaires pour la prompte issue de sa cause de béatification.

Tout en nous maintenant dans l'exacte observance de nos Constitutions et de nos Règles, agissons pour provoquer à l'extérieur de notre Institut des recours au Vénérable Père pour qu'il manifeste sa puissance d'intercession auprès de Dieu.

Le procès informatif de l'Ordinaire pour la cause du vénéré Frère François est terminé.

Très prochainement il sera porté à Rome.

         NOUVELLE ÉDITION

       de la brochure contenant la relation des faveurs attribuées

       à l'intercession du Vénérable Père Champagnat.

 Nous avons pensé qu'il serait à propos de faire réimprimer la brochure éditée en 1906 et contenant une courte notice sur le Vénérable Fondateur avec la relation d'un certain nombre de faveurs attribuées à son intercession.

On y ajoutera une partie des relations publiées dans les circulaires de ces dernières années.

Nous espérons que cet opuscule sera prêt dans le courant de juillet prochain.

On pourra donc se le procurer pour les retraites de cette année.

Je ne saurais trop vous recommander de le répandre le plus possible, par le moyen des élèves de nos écoles, par leurs parents, par les parents des Frères, par nos Frères Collecteurs, par ceux de nos Frères qui ont mission de recruter des vocations et par d'autres moyens que chacun pourra trouver dans les inspirations de son zèle.

L'essentiel est qu'un grand nombre de personnes en aient connaissance et soient ainsi excitées à demander avec confiance des guérisons ou autres faveurs par l'intermédiaire du Vénérable Fondateur.

Je recommande aussi la diffusion de l'image du Vénérable à laquelle est fixée une relique.

J'en tiens à la disposition de ceux qui m'en feront la demande.

 Nos DÉFUNTS

 F. WILFRID, Profès perp., décédé à Sydney (Australie), le 8 décembre 1911.

F. MARIE-ARGEUS, Profès perp., décédé à Ruoms (Ardèche), le 22 janvier 1912.

F. AGGIUS, Profès perp., décédé à Varennes (Allier), le 27 janvier 1912.

F. SIDONIUS, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 8 février 1912.

F. DOSITHÉE-ANTOINE, Profès perp., décédé, à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 9 février 1912.

F. GALDIUS-NORBERT, Profès perp., décédé à Grevenmacher (Grand Duché de Lux.), le 17 février 1912.

F. MARIE-ZÉPHIRIN, Profès perp., décédé à Vintimille (Italie), le 3 mars 1912.

F. GIACOMO, Profès temp., décédé à Lujan (Argentine), le 6 mars 1912.

F. DOSITHÉE, Stable, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 14 mars 1912.

F. LEONORIUS, Stable, décédé dans la Province de Saint-Paul-Trois-Châteaux, le 31 mars 1912.

F. PHILAPPIEN, Stable, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 10 avril 1912.

F. AMAND, Profès perp., décédé dans la Province de Varennes, le 10 avril 1912.

F. POLIXAIN, Stable, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 11 avril 1912.

F. JONAT, Profès perp., décédé dans la Province de Beaucamps, le 15 avril 1912.

F. MARIE-CASSIEN, Profès perp., décédé dans la Province de Varennes, le 15 avril 1912.

 La présente Circulaire sera lue en communauté, à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, M. T. C. F., la nouvelle assurance du religieux et paternel attachement avec lequel je suis votre tout dévoué en Notre Seigneur,

                     Frère Stratonique.

———————————————

 


[1] :En 1911, le chiffre des matricules y a été de 436, pour un nombre de présences de 400 élèves.

[2] : Il s’agit de l’édition dont le 1ier volume paraîtra en 1914 et dont ce CD est l’écho fidèle (ou veut l’être) NDLR.

 

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