Circulaires 247

Stratonique

1914-05-24

Annonce des retraites. - Importance de la retraite. - La crainte de Dieu. - La crainte de Dieu dans l'Education. - Rapport sur l'Afrique du Sud. - Nos défunts.

247

Circ. Sup.14.3

 V. J. M. J.

                                                                                                      Grugliasco, 24 mai 1914.

                                                                                                     Fête de N.-D. Auxiliatrice.

     Mes Très Chers Frères,

A tous les membres de l'Institut des différentes parties du monde, et à tous ceux qui sont en préparation pour le devenir, salut paternel très affectueux et paix en Notre-Seigneur !

Voilà que de nouveau, conformément à l'ancienne coutume toujours suivie dans l'Institut, je viens vous annoncer les retraites pour l'année 1914.

Je suis très heureux d'être ainsi l'organe de la bonté de Dieu envers tous nos Frères.

Quoi de meilleur, en effet, pour un religieux éducateur, que la participation aux saints exercices de la retraite pendant le temps de répit que lui procurent les vacances scolaires !

Le Vénérable Fondateur, sur qui nous devons de plus en plus fixer nos regards, comme étant en tout notre meilleur modèle, ne manquait pas d'exprimer, lui aussi, une grande joie lorsqu'il convoquait l'es Frères aux retraites annuelles.

C'est ce que nous voyons dans les lettres qu'il leur écrivait chaque année pour les inviter à venir se retremper dans la ferveur auprès de lui, à l'Hermitage.

 RETRAITE Du RÉGIME.

 Elle aura lieu en notre maison de Grugliasco et s'ouvrira le dimanche 21 juin, pour se terminer le dimanche 28. Ce jour-là, l'Eglise solennisera la fête de Saint Jean-Baptiste. Les retraitants devront rester à Grugliasco toute la journée du lendemain, fête des Saints Apôtres Pierre et Paul, laquelle est d'obligation en Italie.

Prendront part à cette retraite

1° Le Frère Supérieur Général

2° Les Frères Assistants Généraux

3° Le Frère Econome Général, le Frère Secrétaire Général, le Frère Procureur Général près le Saint-Siège ;

4° Les Frères Provinciaux d'Europe ;

5° Les Frères Provinciaux de Constantinople et de Syrie ;

6° Un certain nombre d'autres Frères des diverses provinces qui y seront appelés.

Il est important que tous les retraitants arrivent à Grugliasco le 20 juin au plus tard.

Conformément à l'article 102 du Directoire Général, les Frères qui devront prendre part à cette retraite s'y prépareront par une Neuvaine qui commencera le 6 juin, jour anniversaire de la précieuse mort du Vénérable Père Fondateur. Elle se terminera le dimanche 14 juin, fête solennelle du Très Saint Sacrement.

Elle consistera dans la récitation du Veni Sancte Spiritus, de l'Ave Maris Stella et de l'invocation Cor Jesu Sacratissimum, miserere nobis, répétée trois fois. Ces prières se feront en particulier par chaque Frère appelé, et, autant que possible, dans une visite au Saint Sacrement.

On voudra bien offrir aux intentions de la neuvaine pendant sa durée, les Messes, les Communions, tous les exercices de piété de règle, le travail ordinaire de l'emploi, les mortifications volontaires que l'on pratiquera, etc., etc.

On fera bien aussi, pendant ces neuf jours, de s'attacher à la pratique exceptionnellement fervente du saint exercice de la présence de Dieu.

L'article 207 (10) des Constitutions demande à tous les Frères de faire des prières continuelles pour obtenir de Notre-Seigneur, par l'intercession de sa sainte Mère, qu'Il bénisse l'Institut et surtout les Supérieurs, dont la vertu et la sainteté importent si fort au bien de toute la Congrégation.

Evidemment il y a une raison très particulière de redoubler ces prières à l'occasion de la Retraite du Régime.

On se fera donc un devoir, dans toutes les maisons et particulièrement dans les juvénats, les noviciats, les scolasticats, les maisons d'anciens, les infirmeries, de s'unir d'intention pendant la neuvaine du 6 au 14 juin, à ceux qui doivent la faire, et aussi pendant la retraite du 21 au 28 juin.

Et, pour qu'on n'oublie nulle part ce devoir important, on aura soin d'insérer dans le Calendrier religieux aux dates du 6 juin et du 21 juin, une note qui le rappellera à tous. On fera bien d'écrire cette note dès la réception de la présente circulaire.

C'est bien le lieu de rappeler ici l'enseignement de saint Alphonse de Liguori : « Les retraites, dit-il, où l'on prie beaucoup et bien sont sûrement des retraites fructueuses ».

Soyons bien persuadés, M. T. C. F., que l'efficacité de ces prières sera d'autant plus grande qu'il y aura une plus parfaite unanimité d'intention dans tous ceux qui les feront monter vers le Ciel. C'est ce qui eut lieu à la retraite du Cénacle. Nous lisons, en effet, au chapitre 1ier  des Actes des Apôtres : « Tous persévéraient. unanimement dans la prière avec Marie Mère de Jésus et ses frères ».

Dans les diverses provinces de l'Institut, les Frères Provinciaux fixeront eux-mêmes les dates des retraites.

Ils détermineront aussi l'époque de la neuvaine préparatoire et en quoi elle devra consister.

Ils voudront bien faire connaître au Frère Supérieur les dates qu'ils auront fixées, tant pour les retraites ordinaires que pour les Grands Exercices de saint Ignace prescrits par l'article 38 des Constitutions.

 Nous ne saurions trop nous pénétrer, M. T. C. F., de l'importance et des avantages de la retraite.

Persuadons-nous bien que c'est une grâce de choix que Dieu ne ménage qu'à un petit nombre de privilégiés dans la grande famille humaine.

Et nous avons l'inestimable avantage d'être de ce nombre !

Combien nous devons en être reconnaissants envers Dieu à qui nous la devons tout d'abord et envers la Congrégation dont sa bonté se sert pour nous la procurer !

Notre Directoire Général nous dit que les huit jours de la retraite sont un temps si précieux qu'il faut prendre tous les moyens en notre pouvoir pour ne pas en perdre un instant.

Comme je l'ai déjà dit plusieurs fois dans des Circulaires antérieures, il importe beaucoup que l'on prenne partout les meilleurs moyens d'assurer le recueillement, le silence, que l'on évite soigneusement tout ce qui serait de nature à causer du dérangement.

La bonne utilisation des temps libres est un point important dans nos retraites. C'est pendant ces moments qu'il faut élaborer, digérer, si l'on peut parler ainsi, la nourriture spirituelle qui est arrivée à l'âme par le Père prédicateur, par les Supérieurs, par les  bonnes lectures, par les tou­ches intérieures de la grâce, etc. Au début de la Circulaire du 2 février dernier, je vous exhortais à être des saints et des semeurs de sain­teté.

Un des moyens les plus efficaces pour nous aider à bien marcher dans cette voie, c'est, n'en doutons pas, une fervente retraite annuelle qui retrempe et stimule nos énergies spirituelles.

Elle serait longue la liste de ceux qui pourraient dire que les retraites annuelles bien faites ont été pour eux d'un secours immense dans leur travail de sanctification personnelle et leur travail d'apostolat dans le ministère de l'éducation.

On répète souvent et non sans raison que les temps sont mauvais, qu'il y a dans le monde une recrudescence d'impiété ou tout au moins d'indifférence en ce qui concerne les questions capitales qui intéressent la gloire de Dieu, son règne parmi les peuples et le salut éternel des âmes.

Que devons-nous en conclure ?

Que Notre-Seigneur, aujourd'hui plus que jamais, demande et attend de nous que nous soyons le sel de la terre et la lumière du monde. Pas d'autre moyen pour réaliser ce désir du divin Maître que de travailler de toutes nos forces à devenir de plus en plus de saints religieux et des éducateurs vraiment apôtres.

Or, une retraite faite avec une exceptionnelle ferveur y aidera puissamment.

Donc, dès maintenant armons-nous d'un saint cou­rage pour bien nous préparer à cette retrempe spiri­tuelle, et cela par une constante fidélité aux petites choses, à une parfaite ponctualité comme je vous y ai fortement invités dans la Circulaire du 2 février der­nier.

Nous ne saurions trop revenir sur cette pensée capi­tale que, pour être un bon éducateur apôtre, il faut tout d'abord être un saint religieux.

Partant de ce principe, il ne sera pas hors de propos de faire un retour sur nous-mêmes.

Après une année de labeurs, où en sommes-nous, par exemple, avec les Constitutions et le Directoire Géné­ral ? Que sont devenues nos prières, nos méditations, nos communions, nos confessions, nos études religieuses ? Cela, c'est la sanctification personnelle, et comment va-t-elle ? Ne s'est-il pas produit sur ces divers points quelque fléchissement, quelque perturbation en raison de la hâte avec laquelle les exercices de piété ont été expédiés pour nous livrer aux exigences nécessaires de l'emploi ? On a grand souci de soigner ses Frères, ses élèves ; on prépare sa classe ; on s'acquitte de la sur­veillance des enfants avec une admirable fidélité. Il faut en outre organiser les fêtes de famille, les congés, les examens, etc. D'autre part, les études profanes, sans compter la lecture accidentelle des périodiques, des revues, n'ont-elles pas absorbé notre temps dispo­nible ? En conséquence, on trouve peu de loisirs pour les études religieuses, pour la prière, pour s'appartenir, pour songer à soi. On a ainsi songé aux autres plus qu'à soi-même, on a plus ou moins oublié la fin suprême pour s'absorber dans des fins secondaires.

Ce retour, fait sérieusement et loyalement, nous amènera à conclure que, dans une certaine mesure, nous avons besoin d'une grâce extraordinaire. C'est la retraite annuelle qui sera cette grâce extraordinaire. Elle nous met dans une atmosphère morale éminemment favorable à un saint travail de retrempe spirituelle ; dans cette atmosphère de recueillement et de bons exemples, l'âme est dans les meilleures conditions pour prier et bien prier ; Dieu s'approche d'elle et y rentre dans la mesure où elle se vide des créatures.

C'est au recueillement et à la solitude que Notre-Seigneur convie ses disciples revenant de leurs tournées évangéliques.

Après le divin Maître, tous les saints ont cherché Dieu dans le silence de la retraite et de l'oraison.

Sous les influences diverses qui agissent dans la solitude d'une retraite, on procède à l'examen sérieux de ses destinées éternelles. On se remet de nouveau en face de son idéal comme homme, comme chrétien, comme religieux éducateur. La grâce de Dieu aidant, les lacunes du passé apparaissent désolantes et dangereuses. Mais la grâce est aussi une force, et l'espérance renaît plus belle. On conçoit alors les moyens les plus propres à poursuivre sa voie avec plus de vigilance, de générosité et de constance.

Devenir plus prudent et meilleur, tel est bien le résultat certain de toute retraite bien faite.

Si nous lisons attentivement dans le Directoire Général, au chapitre X de la 1ièrepartie, ce qui concerne la retraite annuelle et les moyens d'en conserver les fruits nous nous convaincrons qu'elle se résume à se poser quatre questions et à y répondre loyalement et courageusement. Où vais-je ? Où en suis-je de mon chemin ? Me suis-je égaré ? Si oui, comment cela s'est-il fait et comment retrouver le sentier perdu ? Si non, courage et en avant!

En agissant ainsi, la retraite ne sera pas un exercice quelconque dont la routine aurait pu nous voiler l'extrême importance, mais un moyen capital pour sortir de l'ornière, restaurer notre idéal et marcher généreusement à la suite de Jésus et de Marie dans la voie admirable que nous ont tracée le Vénérable Père Champagnat, le vénéré Frère François et tous les Petits Frères de Marie qui se sont sanctifiés dans la sublime vocation d'éducateur apôtre.

 Fruit principal proposé pour les retraites de 1914.

 LA SAINTE CRAINTE DE DIEU.

 Notre Vénérable Père Fondateur avait à un très haut degré la sainte crainte de Dieu. Les témoins à son procès dé béatification ont même dit qu'il possédait cette sainte disposition d'âme au degré héroïque.

On peut dire que ce fut un des traits les plus saillants chez le Vénérable Père.

Quelle bonne preuve nous trouvons de cette affirmation dans le mot si caractéristique qu'il a prononcé bien des fois : « Voir offenser Dieu et les âmes se perdre sont pour moi deux choses insupportables et qui me font saigner le cœur ! »

Oh ! qu'il serait à souhaiter que tous les Petits Frères de Marie puissent, avec vérité, dire la même parole !

Les scènes de Lavalla et de l'Hermitage où le Vénérable Père se montra si douloureusement affecté du péché commis, et où il agit avec une si véhémente rigueur contre les coupables, nous montrent aussi combien la sainte crainte de Dieu était vive en son âme. En cela, il partageait pleinement les sentiments du grand Saint Ignace de Loyola, qui disait : « Je n'oserais pas passer la nuit et coucher dans une maison où je saurais qu'il y a quelqu'un coupable de péché mortel ; je craindrais que le toit ne nous écrasât sous ses ruines ! »

Le Vénérable Père Champagnat ne se contenta pas d'avoir pour lui-même, à un très haut degré, la sainte crainte de Dieu ; il forma une génération de Frères qui furent, sur ce point, ses fidèles imitateurs.

Le premier sentiment que le Vénérable Père Champagnat cherchait à faire pénétrer dans l'âme de ses disciples, c'est la sainte crainte de Dieu et l'horreur pour le péché. Il ne laissait échapper aucune occasion de revenir sur ce point parce qu'il comprenait que la fuite du péché est le fondement de toute sainteté.

Dans ses instructions aux Frères, il revenait sans cesse sur le péché, sur l'injure qu'il fait à Dieu, sur le mal qu'il fait à l'homme, sur les terribles châtiments par lesquels Dieu le punit, sur l'horreur que nous devons en avoir, etc.

Aussi arriva-t-il à faire des religieux craignant Dieu.

Il m'a été donné de me trouver plus ou moins en contact avec près d'une centaine de Frères qui avaient vécu du temps du Vénérable Père et qui, par conséquent, avaient été formés par lui à la vie religieuse. Or j'ai pu remarquer qu'ils avaient, à un haut degré, la sainte crainte de Dieu, une grande horreur pour le péché. C'étaient, en général, des religieux à conscience timorée et délicate.

Le vénéré Frère François se distingua sur ce point parmi tous les autres. Aussi on a pu, avec raison, émettre l'opinion qu'il conserva jusqu'à la mort son innocence baptismale. Lui aussi aurait pu dire, à l'exemple du Vénérable Père Fondateur : « Voir offenser Dieu est pour moi une chose insupportable et qui me fait saigner le cœur ! »

Le Frère Louis fut un religieux de grande vertu, et elle avait pour fondement la sainte crainte de Dieu et une extrême horreur pour le péché : « J'ai une telle horreur pour le péché mortel, disait-il, et une si grande crainte de le commettre, que son seul nom m'épouvante et me donne la pensée de fuir comme ferait la vue d'un grand danger. »

 Quel niveau élevé de crainte de Dieu et d'horreur pour le péché ne devait pas avoir atteint le Frère Jérôme, lui qui, en face de la mort qu'il voyait imminente, put dire au prêtre qui se présenta pour lui offrir le secours de son ministère : « Je n'ai rien sur la conscience qui m'inquiète ! »

« Mon Père, accordez-moi, s'il vous plaît, la grâce de vous souvenir de moi tous les jours à la sainte Messe et de demander au bon Dieu qu'il me retire bientôt de ce monde, disait le Frère Jean-Pierre au Vénérable Fondateur au moment de le quitter pour aller prendre la direction de l'établissement de Boulieu. – Et pourquoi désirez-vous de mourir ? lui demanda le bon Père. – Parce que je crains d'offenser Dieu, répondit-il, et de perdre la bonne conscience par quelque faute grave. »

Le R. Frère Louis-Marie, qui a joué un rôle si important et si fécond dans l'Institut, soit comme Assistant, soit surtout pendant ses vingt ans de Généralat, sentait vivement la nécessité pour nos Religieux d'être fortement et profondément pénétrés du sentiment de la sainte crainte de Dieu et d'une vive horreur pour le péché.

Aussi c'est par centaines et centaines de fois qu'il a parlé et écrit sur cette question capitale.

Ceux d'entre nous qui l'ont connu se souviennent évidemment de l'insistance avec laquelle il revenait sur ce point en toute occasion et particulièrement aux retraites, et aussi dans sa correspondance.

Il ne manquait pas de dire et de redire que l'horreur du péché est une des plus sûres marques de prédestination.

Il était d'accord en cela avec Saint Jean Chrysostome dans les écrits duquel nous lisons cette affirmation :  « Si vous parvenez à faire pénétrer fortement dans l'âme d'un jeune homme la crainte de Dieu, vous l'avez sauvé ».

Quelle rassurante parole ! Ceux qui ont la mission d'élever la jeunesse destinée à n'importe quelle carrière religieuse ou séculière, ne sauraient trop la méditer et en tirer des conséquences pratiques.

Parmi les admirables Circulaires que le R. F. Louis !Marie adressa à l'Institut pendant ses vingt années de Généralat, il en est une dont on peut dire qu'elle est plus remarquable que toutes les autres et que nous pouvons considérer comme son Testament spirituel, car ce fut son avant-dernière.

Depuis longtemps, il la préparait. Il en sentait la nécessité et l'opportunité pour le bien des Frères, pour les fixer dans leur vocation.

Vous avez tous compris, M. T. C. F., que je veux parler de sa Circulaire sur l'enfer.

Quel but se proposa-t-il en l'écrivant ? Pas d'autre que de faire pénétrer dans l'âme de tous les Membres de l'Institut la sainte crainte de la justice de Dieu.

Je ne saurais trop recommander la lecture de cette Circulaire, particulièrement aux époques où l'Eglise, notre Directoire Général et nos usages demandent que nous nous re­nouvelions dans la ferveur et que nous fassions pénitence. Il serait à propos d'en lire au moins une partie à l'occasion des Récollections mensuelles.

« Quand on a sérieusement médité sur l'enfer, il faut vraiment, disait le Frère Louis-Marie, que l'on soit pris de démence pour s'exposer à y être précipité en commettant un péché mortel. »

La sainte Ecriture est le grand réservoir où il faut aller pour trouver et puiser la vraie doctrine de la vérité.

Or, sur la sainte crainte de Dieu, elle contient en grand nombre des textes sur lesquels il sera très utile de fixer sérieusement notre attention.

Chacun d'entre eux, bien médité, serait capable de produire d'excellents effets pour notre sanctification.

Mais, si on les présente tous ensemble, quelle ne sera pas l'impression exercée sur les âmes de bonne volonté !

C'est dans ce but que j'en ai réuni ici un grand nombre.

Vous les lirez très attentivement en vous persuadant bien que c'est par l'inspiration de l'Esprit-Saint qu'ils ont été écrits.

1° Dans le saint Evangile, Notre-Seigneur nous dit : « Ne craignez point ceux qui ne peuvent tuer que le corps, mais craignez celui qui a le pouvoir de jeter l'âme et Ie corps dans l'enfer ».

2° Soyez tranquille, disait le saint homme Tobie à son fils, nous serons toujours assez riches si nous avons la crainte du Seigneur.

3° La Très Sainte Vierge Marie, dans son sublime cantique Magnificat, chante les miséricordes du Seigneur en ces termes

« Et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent ».

4° Le saint Roi David, dans les Psaumes, revient fréquemment sur la nécessité et les avantages de la sainte crainte de Dieu.

Ps. 110. – La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse. Tous ceux qui se règlent sur cette crainte, sont remplis d'une intelligence salutaire.

Ps. 2. – Servez le Seigneur dans la crainte, et réjouissez-vous en lui avec tremblement.

Ps. 5. – J'entrerai dans votre maison, et, rempli de crainte, je vous adorerai dans votre saint temple.

Ps. 18. – La crainte du Seigneur est sainte, elle subsiste dans tous les siècles.

Ps. 21. – Vous qui craignez le Seigneur, louez-le, glorifiez-le, vous tous qui êtes la race de Jacob.

Ps. 21. – Que le Seigneur soit craint par toute la postérité d'Israël, car il n'a point méprisé ni dédaigné l'humble supplication du pauvre.

Ps. 24. – Le Seigneur est le ferme appui de ceux qui le craignent.

Ps. 35. – L'injuste a dit en lui-même qu'il voulait pécher. La crainte de Dieu n'est point devant ses yeux.

Ps. 32. – Que toute la terre craigne le Seigneur et que tous ceux qui habitent l'univers tremblent devant Lui !

Les yeux du Seigneur sont sur ceux qui le craignent.

Ps. 33. – L'Ange du Seigneur environnera ceux qui le craignent et il les délivrera. Craignez le Seigneur, vous tous qui êtes des saints, parce que ceux qui le craignent ne tombent point dans l'indigence. Venez, mes enfants, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur.

Ps. 111. – Heureux l'homme qui craint le Seigneur et qui a une volonté ardente d'accomplir ses commandements.

Ps. 15. – Le Seigneur a béni tous ceux qui le craignent, les petits comme les grands.

Ps. 118. – Qu'ils se tournent vers moi, ceux qui vous craignent et qui connaissent vos témoignages. Ceux qui vous craignent, Seigneur, me verront et se réjouiront. Transpercez ma chair de votre crainte, car vos jugements m'ont rempli de frayeur.

Ps. 102. – Il a pitié de ceux qui le craignent comme un père a pitié de ses enfants ; car il connaît l'argile dont nous sommes pétris.

Ps. 144. – Le Seigneur accomplira la volonté de ceux qui le craignent ; il exaucera leurs prières et les sauvera.

Ps. 146. – Le Seigneur met ses complaisances dans ceux qui le craignent, dans ceux qui espèrent en sa miséricorde.

Ps. 126. – Bienheureux sont tous ceux qui craignent le Seigneur et qui marchent dans ses voies !

Ainsi sera béni l'homme qui craint le Seigneur.

On trouve encore dans les Psaumes des textes dans lesquels le Roi Prophète, sans parler directement de la crainte du Seigneur, a eu pour intention d'exciter fortement ce sentiment dans les âmes :

Ps. 6. – Seigneur, ne me reprenez pas dans votre fureur et ne me punissez pas dans votre colère.

Ps. 7. – Si vous ne vous convertissez, il fera briller son glaive : il a déjà tendu son arc et il le tient tout prêt.

Et il a préparé des instruments de mort, il a rendu ses flèches brûlantes.

L'homme méchant a ouvert une fosse et l'a creusée et il est tombé dans la fosse qu'il avait faite.

La douleur retournera sur lui-même et son iniquité descendra sur sa tête.

Ps. 16. – Le Seigneur s'est ému de colère. Sa colère a fait monter comme un tourbillon de fumée ; le feu s'est allumé sous son regard ; des charbons en ont été embrasés.

Ps. 20. – Dans sa colère, le Seigneur les remplira d'épouvante et le feu les dévorera.

Ps. 87. – Votre fureur s'est appesantie sur moi, et vous avez fait passer sur moi tous les flots de votre colère.

Ps. 75. – Vous êtes terrible, Seigneur, et qui vous résistera ? C'est le moment de votre colère. Vous avez fait entendre du haut du Ciel votre arrêt. La terre a tremblé et s'est tue.

Ps. 74. – Je le vois, ce Dieu terrible ; la coupe de ses vengeances est dans sa main ; il a mélangé le vin de sa fureur.

L'apôtre saint Paul, dans son épître aux Philippiens, leur recommande d'opérer leur salut avec crainte et tremblement.

Les auteurs ascétiques commentant les doctrines et les pratiques de l'Église, commencent tous par inspirer à l'âme les sentiments de la sainte crainte du Seigneur.

La Très Sainte Vierge Marie, dans ses miséricordieuses, apparitions du siècle dernier, fait entendre cet appel -. « Pénitence ! Pénitence ! Pénitence ! » C'est évidemment dans le but de faire pénétrer dans les âmes la sainte crainte de la justice de Dieu.

Nous trouvons dans l'Imitation de NotreSeigneur JésusChrist une excellente doctrine sur la sainte crainte de Dieu.

Au Livre 1, chapitre II. Tout homme désire naturellement de savoir ; mais que sert la science sans la crainte de Dieu ?

Au chapitre XX : Personne ne peut goûter une joie bien assurée que celui qui porte en soi le témoignage d'une bonne conscience. Cependant l'assurance des saints a été toujours pleine de la crainte de Dieu.

Au chapitre XXI : – Si vous voulez faire quelque progrès, conservez-vous dans la sainte crainte de Dieu.

Il n'y a ni véritable liberté, ni paix solide que dans, la crainte de Dieu accompagnée d'une bonne conscience.

Au chapitre XXIV : – Celui qui néglige la crainte de Dieu, ne pourra persévérer longtemps dans le bien mais il tombera bientôt dans les pièges du démon.

Au Livre III chapitre V : – Craignez les jugements de, Dieu, redoutez la colère du Tout-Puissant.

Chapitre XXXVI : – Qui êtes-vous pour craindre un homme mortel ? Il est aujourd'hui et ne paraît plus demain… Craignez Dieu et vous n'appréhenderez point les menaces des hommes.

 Dans l' Ancien Testament nous lisons

1° Au Livre des Proverbes : – La crainte de Dieu est une source de vie, elle sauve de la mort éternelle.

2° Au Livre de l'Ecclésiastique : – Celui qui craint Dieu, ne néglige rien. Craignez Dieu et observez ses Commandements : c'est là tout l'homme.

3° Dans le Livre d'Isaïe : – Qui de vous pourra habiter dans un feu dévorant, dans des ardeurs éternelles ?

4° Au livre de Jérémie : – Maudit soit celui qui fait l’œuvre de Dieu négligemment.

J'ai feuilleté nos saints Livres, dit saint Augustin, et je n'y ai rien vu qui me dispense de trembler.

Saint Ephrem nous enseigne que celui qui a la crainte du Seigneur est semblable à une ville bâtie sur un roc élevé, entourée de remparts inexpugnables, dont le seul aspect déconcerte et fait trembler les ennemis.

 A ces citations, déjà bien nombreuses, il ne sera pas sans profit cependant d'en ajouter quelques autres puisées à des sources diverses.

La crainte de Dieu, c'est la conscience du dedans ; la discipline, c'est la conscience du dehors. (Mgr Baunard.)

Sire, je ne crains ni la mort, ni la pauvreté, je ne crains que Dieu : voilà toute ma force. (Général Drouot.)

De Maistre définissait ainsi le vrai soldat: Un brave jeune homme qui craint Dieu et n'a pas peur du canon. (Mgr de Ségur.)

La crainte de Dieu est l'aiguille qui coud le tissu de notre vie ; la charité c'est le fil qui reste. (Saint Augustin.)

Chez le Religieux, la crainte de Dieu ne doit pas avoir seulement la première place, elle doit avoir toute la place. (Mgr de Ségur.)

La crainte et la confiance : tels sont les deux pôles de l'axe de notre prédestination. (Mgr de Ségur.)

 Terminons en rappelant que la crainte de Dieu est un des sept dons du Saint-Esprit.

A ce titre, nous ne saurions en avoir une trop haute estime.

Nous nous ferons un devoir de la demander à Dieu dans nos prières et nos communions. Nous la demanderons non seulement pour nous, mais aussi pour tous. nos Frères et pour les élèves de nos écoles. De plus, nous aurons grandement à cœur de prendre de bons moyens pour la faire régner en nos âmes et dans les âmes de ceux dont nous avons la charge et de tous ceux à qui nous nous intéressons.

 DE LA CRAINTE DE DIEU

dans l’œuvre de l'Education.

 Quand on construit un édifice, il importe essentiellement de l'asseoir sur de bonnes fondations.

Il est nécessaire que ces fondations reposent sur une: base solide, résistante, qu'elles soient composées de matériaux bien choisis et capables de supporter la charge qui pèsera sur eux.

La vie de l'homme sur cette terre, peut très. bien se con-sidérer comme un édifice moral qu'il doit construire lui-même avec l'aide de Dieu et avec l'assistance d'autres agents ménagés par la Divine Providence, parents, éducateurs, prêtres, etc.

C'est pendant les périodes de l'enfance et de l'adolescence que se feront les fondations de cet édifice moral.

Il importe souverainement que ce travail se fasse avec toute la perfection possible.

Or, il n'y a pas à en douter, la base vraiment solide sur laquelle il doit être fondé, c'est la sainte crainte du Seigneur.

L'Esprit-Saint nous l'a dit par la bouche du Roi-Prophète : « La Crainte du Seigneur est le commencement de la Sagesse ! »

Cela veut dire que, pour être sage pendant le cours de la vie, il faut, dès le principe, imprimer fortement dans l'âme la sainte crainte de Dieu.

Que d'exemples frappants nous pourrions citer pour appuyer cette doctrine !

Celui de la Reine Blanche de Castille est un des plus remarquables. Comment est-elle arrivée à faire de son fils un monarque si parfait et un si grand saint ? C'est en mettant à la base de son éducation la sainte crainte de Dieu. « Mon fils, lui disait-elle, vous savez combien est grand l'amour que j'ai pour vous ; eh bien ! je vous déclare que j'aimerais mieux vous voir mort à mes pieds que de vous savoir coupable d'un péché mortel. »

Oh ! qu'il serait à souhaiter que tous les éducateurs de l'enfance et de l'adolescence puissent parler et agir comme Blanche de Castille !

Nous pouvons dire que notre Vénérable Père Fondateur suivait cette méthode dans le travail de formation de ses disciples ; or nous avons vu combien remarquables furent les résultats. Et la plupart de ceux qui ont exercé sur les jeunes âmes une action profonde, salutaire et durable, n'ont pas agi autrement.

Ici, tout près de nous, dans la ville de Turin, vivait, il y a quelques années, comme vous savez tous, un autre homme de Dieu qui a obtenu dans l’œuvre de l'éducation des succès que, sans exagération, on peut bien appeler prodigieux. C'était le Vénérable Don Bosco, Fondateur des Salésiens. Or, si l'on cherche à quoi tenait essentiellement cette puissance merveilleuse de transformation qu'il exerça sur tant d'âmes d'enfants et d'adolescents qu'on n'en aurait pas crues susceptibles, on trouvera qu'elle consistait avant tout dans le don qu'il possédait à un degré si extraordinaire de faire pénétrer profondément dans les cœurs le sentiment de la sainte crainte de Dieu et du péché.

« Pensez-vous – disait-il un jour au ministre Rattazzi, qui se montrait un peu sceptique sur l'efficacité de l'éducation en général et de l'éducation chrétienne en particulier – qu'un homme ayant une notion claire du devoir, un homme bien pénétré de la présence universelle de Dieu à qui rien n'échappe et qui enregistre tous nos actes pour les punir ou les récompenser, puisse tomber dans le vice, ou, s'il y tombe, s'y trouver bien et ne pas chercher à en sortir ?… Faites des chrétiens: vous aurez des citoyens faciles à conduire. »

Et comme le ministre objectait qu'il y a des natures incorrigibles : « Je n'en suis pas pleinement persuadé, répondit l'homme de Dieu. En tout cas, par les moyens que je viens d'indiquer, même les pires natures sont susceptibles d'amélioration. Voyez les enfants dont je m'occupe. On ne peut pas dire, certes, qu'ils sont choisis parmi l'élite de la société ; eh bien, il y en a au moins 90 sur 100 qui, pris à temps et avant la formation de mauvaises habitudes, subissent la transformation salutaire ; et des dix autres je ne désespère pas, ne fût-ce qu'à l'heure inévitable qui les enverra, comme vous et moi, au tribunal suprême. »

On sait d'ailleurs comment il donna un jour au même ministre la preuve pratique de l'ascendant que peut exercer sur les consciences ce sentiment de la crainte de Dieu mis en bonne place. Il venait de prêcher la retraite, à Turin, aux trois cents jeunes détenus de la maison de correction appelée La Générale, auxquels il faisait habituellement le catéchisme ; et, comme ces jeunes gens s'étaient montrés admirables de piété et de bonne conduite, il voulut les récompenser en demandant pour eux une promenade à la campagne, qu'il se chargerait lui-même de diriger..

Naturellement le Directeur de la prison ne voulut pas prendre sur lui la responsabilité d'une permission si en dehors de tous les usages et qui semblait devoir amener de si graves conséquences ; il en référa donc au Ministre de l'intérieur qui était justement M. Rattazzi.

« Vous me demandez là, mon cher abbé, une chose inouïe – dit le ministre à l'homme de Dieu qu'il avait fait appeler ; – néanmoins, par considération pour vous, j'accorde. »

Il va sans dire qu'il n'avait qu'une demi-confiance à la promesse de l'humble prêtre qui s'engageait à les ramener tous, et qu'en son for intérieur il se promettait d'envoyer à sa suite une bonne escorte d'agents de police déguisés, qui pourraient au besoin lui prêter main forte. Mais leur ministère fut inutile.

Don Bosco, en annonçant aux jeunes détenus la faveur qu'il avait obtenue pour eux, se contenta de leur dire : « Mes amis, j'ai obtenu pour vous une récompense. Demain nous partirons de bonne heure et nous irons à la villa royale de Stupinigi ; vous vous amuserez bien, et, dans la soirée, vous reviendrez tous avec moi. Je n'ai pas besoin de vous rappeler qu'il serait inutile de chercher à fuir ; on ne tarderait pas à vous reprendre et vous seriez plus malheureux. qu'auparavant. D'ailleurs vous venez de faire votre retraite ; vous avez promis à Dieu de ne plus l'offenser et de vivre en bons chrétiens ; je compte sur vous. »

Et, à l'admiration générales tout se passa comme l'avait dit Don Bosco. Les jeunes détenus, après s'être bien amusés toute la journée, revinrent le soir à la suite de leur conducteur, avec la docilité de vrais séminaristes  Et pas un ne manquait à l'appel !

Un des plus agréablement surpris fut le Ministre qui ne put s'empêcher de dire avec émotion : « En vérité, il y a chez vous, ministres de Dieu, une force morale plus grande que toute la force matérielle dont nous pouvons disposer. Vous pouvez persuader et dompter les cœurs, et nous ne le pouvons pas. C'est un domaine réservé. »

 Avec l'action invisible de la grâce divine, ce qui donne aux ministres de Dieu et aux éducateurs vraiment chrétiens cette puissance d'amélioration morale et d'affermissement dans le bien qui leur permet de transformer pour ainsi dire, des loups en agneaux ou de décider à une vie toute angélique des adolescents sujets à toutes les misères de notre nature déchue, c'est avant tout le soin qu'ils apportent à graver profondément dans les cœurs le souvenir de la présence de Dieu et la crainte de tout ce qui l'offense.

Or, ce fut là toujours, la grande préoccupation de Don Bosco. Il a écrit lui-même la biographie de plusieurs de ses disciples, et un des traits les plus caractéristiques qu'on remarque chez tous, soit que de vauriens ils soient devenus des chrétiens exemplaires, soit que, perfectionnant les dons signalés qu'ils avaient reçus de la Providence, ils aient élevé en peu de temps l'édifice d'une admirable sainteté, c'est justement cette délicatesse de, conscience qui leur fait craindre par-dessus toute chose l'offense de Dieu. Tel était, par exemple, ce jeune Magon qu'on vit s'échapper furtivement du lieu de la récréation, courir à la chapelle et se prosterner devant le Saint Sacrement : confus d'avoir été aperçu, il répondit au maître qui lui demandait pourquoi il s'était ainsi écarté des autres : « J'avais trop peur de tomber dans le péché, et je suis venu demander à Jésus de me donner force et courage ». Tel surtout l'angélique Domenico Savio, dont la cause de béatification vient d'être introduite à Rome, et dont on pourrait dire que sa courte vie n'a été que la réalisation de ces. mots, qu'au jour de sa Première Communion, à l'âge de 7 ans, il avait pris pour devise : La mort s'il faut, mais le péché jamais !

Un grand et saint évêque d'Italie[1], très versé dans les questions d'éducation, écrivait tout dernièrement un article destiné principalement aux maisons d'éducation de son diocèse.

Dans cet écrit, qui a une portée générale et peut, par conséquent, s'appliquer à toutes les maisons d'éducation, l'évêque se pose et résout la question suivante

Que doit être l'âme d'un Collège ?

Après une série de considérations, fruit de sa longue expérience, il conclut d'une manière très positive en affirmant que l'âme d'une maison d'éducation doit être la sainte crainte de Dieu.

« J'ai toujours cherché, dit-il, à développer le sentiment du devoir dans mon action pastorale, en parlant ou en écrivant au Clergé, aux fidèles, aux séminaristes et aux diverses maisons d'éducation du diocèse.

« Quels sont les principes qui sont vraiment les plus efficaces pour alimenter le sentiment du devoir ?

« Dans une maison d'éducation, il y a un règlement qui indique les devoirs à accomplir.

« Mais, ce règlement n'est pas plus l'âme d'un Collège que les rails d'un chemin de fer ne sont l'énergie qui fait avancer les trains.

« Aussi cherche-t-on des principes suprêmes et invoque-t-on ces principes afin que les lois et les règlements aient empire sur les volontés et réussissent à créer et à alimenter le sentiment du devoir.

« Mais, quoi que l'on ait dit dans le passé et quoi que l'on dise dans le présent, on n'a pas encore trouvé et on ne trouvera pas un principe qui puisse se substituer à l'antique sentence, sacrée dans son origine et sacrée aussi parce qu'elle a été confirmée par l'expérience des siècles, à savoir : la sainte crainte du seigneur est le commencement de la sagesse.

« La crainte de Dieu, voilà donc vraiment quelle doit être l'âme d'un Collège et de toute maison d'Education.

« Inculquez dans les enfants et les adolescents la sainte crainte de Dieu et vous verrez de suite, dans le Collège, se manifester l'âme vivificatrice qui rend la vie belle, charme l'enfant ou le jeune homme, ennoblit l'étude et fait aimer le travail.

« Dans tout lé cours des siècles, tantôt plus tantôt moins, s'est élevé un vent impétueux de folie pédagogique qui a tenté de balayer de ses rafales les principes de l'éducation de l'enfance et de l'adolescence ; mais combien d'utopies croulent chaque jour, tandis que, du haut de la pyramide de toute science et de toute sagesse, le Sage de la Bible reparaît solennel, serein, divin, et répète d'un siècle à l'autre : Initium sapientiae timor Domini. La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse.

« Croissez, ô vous tous, enfants et jeunes gens, dans la crainte de Dieu : elle fera naître en vous la joie, l'activité, la générosité : vous savez que celui qui craint Dieu ne pèche pas ; donc il peut aller le front haut et serein ; il peut chanter allégrement l'hymne de ses espérances. Quand vous aurez grandi en âge et pris votre poste de combat dans les luttes de la vie, vous trouverez des gens qui parleront contre les principes religieux ;  mais, soyez-en sûrs, ceux-là même, vous préféreront à ceux qui ne veulent point entendre parler de crainte de Dieu, parce que cette sainte crainte n'est pas seulement l'âme vivificatrice d'un Collège, mais elle est encore l'âme de la patrie, de l'honnêteté, du travail, de toute association qui sait se respecter et se faire respecter.»

La divine Providence me ménagea, il y a quelque quatre ans, une rencontre où la question de la nécessité de la crainte de Dieu dans l'éducation reçut un témoignage vraiment extraordinaire, qui me paraît devoir trouver utilement sa place ici. C'était sur le bateau qui me transportait de Beyrouth à Smyrne. J'eus la bonne fortune d'avoir pour compagnons de voyage un Père Jésuite et un Père Capucin. Au nombre des passagers, se trouvait aussi un vieux colonel de l'armée turque, exilé par le sultan Abdul Hamid, et qui était rappelé à la tête de son régiment par le gouvernement nouveau. Le second jour de la traversée, pendant que je causais sur le pont avec le Père Jésuite, le colonel aborda le Père Capucin qui venait de terminer la récitation de son bréviaire et eut avec lui une conversation qui dura bien une heure. Dès qu'elle fut terminée, le Père Capucin s'empressa de nous rejoindre et de nous faire part de ce que venait de lui dire le vieux colonel. « Mon Père, lui avait-il déclaré, mon avis est qu'un peuple n'est pas gouvernable si on ne met pas à la base de l'éducation de la jeunesse la crainte de Dieu. »

Nous fûmes vivement impressionnés de cette déclaration d'autant plus qu'elle émanait d'un musulman.

C'était certainement la vérité qui était sortie de sa bouche et qui lui avait été dictée par sa longue expérience.

Aujourd'hui, parmi nos Frères, il en est un grand nombre qui ont voyagé sur mer. Tous ont eu certainement plus ou moins l'occasion de remarquer un fait qui me semble porter avec lui un enseignement très suggestif au point de vue de la question si sérieuse qui nous occupe.

Les immenses bateaux qui transportent souvent des milliers de passagers et des lots considérables de marchandises et de combustible, sont parfois terriblement secoués par les vagues que soulève la tempête. A certains moments, les passagers sont fortement émus et saisis d'une grande crainte en voyant le tangage et le roulis prendre des proportions effrayantes. On dirait que le bateau va chavirer et sombrer.

Mais, chose extraordinaire, voilà qu'après avoir été violemment poussé dans un sens par les vagues soulevées, il est attiré en sens contraire par une force qui peut paraître un peu mystérieuse, et, après un nombre plus ou moins grand de terribles oscillations, le bateau reprend peu à peu sa position normale.

Quelle est la cause de ce phénomène ? Ah ! c'est que ceux qui ont présidé à la construction et au chargement du bateau ont eu grand soin de fixer son centre de gravité en bonne place, et de manière à ce qu'il constitue ce que l'on appelle, en physique, un corps en équilibre stable.

Dans l’œuvre de l'éducation des enfants et des adolescents, il est extrêmement important de bien fixer le centre de gravité morale, de manière que, malgré les orages et les tempêtes inévitables de la vie, il y ait en eux un principe qui les ramène comme nécessairement à l'état normal. Ce principe, n'en doutons pas, ce sera la sainte crainte de Dieu, mise en bonne place dans leur conscience.

Nous déplorons à bon droit le trop grand nombre des élèves qui, au sortir de nos classes, abandonnent bientôt la pratique de la vie chrétienne où nous nous étions efforcés de les engager, pour aller tristement grossir les rangs de l'indifférence et parfois de l'impiété ; mais nous sommes-nous demandé avec tout le sérieux que la chose mérite si, parmi les principales causes de ces affligeantes apostasies, il ne faudrait pas, souvent, faire une place à l'insuffisance des soins que nous avons mis à graver profondément dans leur âme ce principe sauveur de la crainte de Dieu ?

Si, dans nos écoles de trois, quatre, cinq classes et même plus, le professeur qui est chargé des plus jeunes s'efforçait vraiment de pouvoir dire sans mensonge, à la fin de l'année : « Mes élèves ont à un haut degré la sainte crainte de Dieu » ; et si dans la suite de la scolarité qui est de cinq, six, sept ans, chaque professeur pouvait tenir sincèrement le même langage, n'est-il pas à croire que, la grâce de Dieu aidant, le nombre de ceux qui abandonnent le droit chemin serait singulièrement diminué ?

Faisons-en, dès aujourd'hui, le loyal essai, mes très chers Frères ; ne craignons pas, s'il le faut, d'orienter plus nettement et avec plus de persévérance vers un but si désirable nos instructions et nos avis ; faisons en sorte de plus, que les unes et les autres soient le visible écho, d'une solide conviction personnelle manifestée par nos exemples de chaque jour, et j'ai grande confiance que, moyennant le secours d'En-Haut, nous arriverons à obtenir de la part de nos élèves un quotient de persévérance beaucoup plus consolant que celui que nous avons eu jusqu'ici.

  

EXTRAIT DU RAPPORT DE DÉLÉGATION

 DU CHER FRÈRE ZÉPHIRINY

 sur la Province de l'Afrique du Sud.

 Nos « ECOLES MIXTES » de l'Afrique du Sud.

 Ce qu'en pensent les Autorités Ecclésiastiques de ce pays.

 En face des statistiques qui nous montrent parfois un grand nombre d'élèves de religion : protestante, juive, etc., fréquentant ces écoles, nous avons pu nous demander :

« Quel bien nos Frères peuvent-ils faire dans de tels milieux ? Ces « écoles mixtes » ont-elles vraiment leur raison d'être ? »

Il nous semble que les lettres suivantes, en résolvant la question, ne manqueront pas d'intéresser nos Frères, en général, et d'encourager, de stimuler le zèle de ceux d'entre eux qui sont appelés à exercer leur apostolat dans ces écoles.

Nous croyons devoir publier ces lettres dans la langue où elles ont été écrites et en donner la traduction en français.

 I. -Lettre de Sa Grandeur Mgr H. Mac Sherry.

   vicario apostolico

del distretto orientale                                                                             Port Elizabeth,

         del capo                                                                                                Africa del Sul,

   di buona speranza                                                                           li 17 febbraïo 1914.

 

My Dear Brother Delegate,

 On the eve of your departure from South Africa, I desire to put on record my appreciation of the courtesy, towards my Clergy and myself, that you brought to the discharge of your duties as Delegate of the Very Reverend Brother Stratonique, Superior General.

You ask my opinion as to the expediency of the Marist Brothers continuing to teach «mixed» schools, that schools in which not all the pupils are catholic -, nay in which. they may not be more than one third of the total.

May I say that when I took charge of this Vicariate, in 1896, coming then fresh from Europe, I could not understand how Religious could give their time to teaching such a large proportion of non-Catholics ? The (C mixed system » did not appeal to me : it was contrary to all my preconceived notions. I, at once, began to study the question and I am studying it ever since. I have even conferred with the Authorities in Rome on the matter. I have had the advantage of frequent exchanges of opinions with my Brothers Prelates in South Africa, including such venerable Bishops as the late Mgr Leonard, Mgr Jolivet and Mgr A. Gaughran. I have consulted my Missionaries and the heads of the five teaching Institutes of men and of the eighteen houses of religious women who are engaged in the work of education under my jurisdiction.

The result of all my consultations and of my personal experience may be summed up in the following words ; our present « mixed system » is a blessing to aban­don it would be disastrous.

The following points seem to me to deserve consideration.

1° The Holy See knows exactly the situation created by the « mixed system » and, in its wisdom, tolerates it.

2° The South African Prelates, without exception, do the same,

3° Enormous advantage bas already accrued to Our Holy Religion owing to the « mixed system » in the abatement of the fierce prejudice that formerly existed here.

4° The « mixed system » enables us to, maintain elementary schools where they would otherwise be. impossible with the result that our Catholic boys would be obliged to frequent the «godless » public schools.

5° The disintegration of Protestantism bas already begun and its course will be rapid. In a generation or two there will be no Protestantism left.

But men must have some Religion and numbers will turn to the Old Church, especially those who in youth were educated in Catholic Schools.

It may be objected. that Saint Aidan's College, Grahamstown, educates Catholics only, and nevertheless is in a flourishing condition. The reply is that it is only within, the last few years it began to flourish, that though A had all the Catholic families of the entire sub-Continent to draw from, yet it never had more than sixty pupils till a few years ago, and that so discouraged were the Jesuit Fathers that several times they thought of giving it up altogether. It began in 1876 and had a hard struggle for existence till just now. TO My mind, it is a strong proof of my contention that schools wholly Catholic in the number of pupils cannot, in the condition of our poor isolated Catholic families scattered over a vast area, ever hope to succeed.

. Believe me, dear Brother Zephiriny, to remain with sincere esteem,

Yours very faithfully in Xt

                      H. Mac Sherry,

                     Bishop and V. A.

 TRADUCTION

     vicariat apostolique

      du district oriental                                                                              Port Elizabeth,

              du cap                                                                                            Afrique du Sud,

     de bonne-espérance                                                                       le 17 février 1914.

 

Mon Cher Frère Délégué,

A la veille de votre départ de l'Afrique du Sud, je désire vous exprimer combien a été appréciée, par mon clergé et par moi-même, la courtoisie que vous avez apportée, dans l'accomplissement de vos devoirs comme délégué du Très Révérend Frère Stratonique, Supérieur Général.

Vous m'avez demandé mon opinion sur l'opportunité, pour les Frères Maristes, de maintenir leurs « écoles mixtes », c'est-à-dire, les écoles dans lesquelles les élèves ne sont pas tous catholiques, et où les catholiques ne sont, même parfois que le tiers.

Dirais-je qu'en 1896, venant directement d'Europe pour prendre la charge du Vicariat, je ne pouvais comprendre que des religieux donnassent ainsi leur temps à l'instruction d'un si grand nombre d'enfants non catholiques ? Le « système mixte » ne me revenait pas ; il était contraire à mes idées préconçues. Je me mis alors à étudier la question et j'ai continué de l'étudier depuis lors. J'en ai conféré avec les Autorités de Rome. J'ai ou souvent l'occasion d'échanger mes vues à ce sujet avec mes Collègues, les Evêques de l'Afrique du Sud, et parmi eux figuraient de vénérables prélats, tels que Mgr Léonard, Mgr Jolivet et Mgr A. Gaughran. J'ai consulté mes missionnaires et les supérieurs des ,cinq instituts d'hommes, et des dix-huit communautés de femmes qui travaillent à l'éducation sous ma juridiction. Les résultats de toutes mes recherches et de mon expérience personnelle peuvent se résumer ainsi : Notre « système mixte » actuel est une bénédiction ; l'abandonner serait désastreux. Les raisons à l'appui méritent d'être prises en considération.

1° Le Saint-Siège connaît exactement la situation créée par ce « système mixte » et, dans sa sagesse, il la tolère.

2° Tous les prélats de l'Afrique du Sud, sans exception, font de même.

3° Ce « système mixte » a déjà procuré un avantage énorme à notre sainte Religion en faisant disparaître, au moins en partie, les préjugés acharnés qui existaient ici avant notre arrivée.

4° Sans ce « système mixte », il nous serait impossible de maintenir nos écoles élémentaires, et dès lors, nos enfants catholiques se verraient dans la nécessité de fréquenter les écoles neutres.

5° La désagrégation du protestantisme est commencée et son cours sera rapide. Dans une génération ou deux, il n'y aura plus de protestantisme. Mais comme les peuples sentent la nécessité d'une religion, un grand nombre se tourneront alors vers « l'Ancienne Eglise » surtout ceux qui, dans leur jeunesse, auront reçu leur éducation dans les écoles catholiques. On pourra objecter que le collège Saint-Aidan, de Grahamstown, qui n'admet que des élèves catholiques, est cependant prospère. A cela je réponds que cet air de prospérité ne date que de quelques années ; et, quoique ce collège se recrute parmi les familles catholiques des différentes parties de l'Afrique du Sud, il n'a compté longtemps que soixante élèves seulement.

C'est à ce point que les Révérends Pères Jésuites en étaient presque découragés et qu'ils ont plusieurs fois songé à abandonner cet établissement qui, depuis sa fondation (1876), n'a cessé de lutter pour son existence.

Etant donné l'éparpillement de nos familles catholiques, je vois, en cela même, une preuve sérieuse que des écoles composées exclusivement d'éléments catholiques ne sauraient réussir dans ce pays.

Croyez-moi, mon cher Frère Zéphiriny,

Votre tout dévoué en N. S. J. C.

                     H. MAC Sherry,

                    Évêque et Vicaire Apostolique.

 *     *

*

    II. – Lettre de Sa Grandeur Mgr John Rooney.

 vic. apost. west cape                                                                     St Mary's Capetown,

                                                                                                                         Feb. 20 1914.

My Dear Reverend Brother Delegate,

Before you leave us, I wish to express to you, in writing, my entire satisfaction with the work of your good Brothers here in Capetown. Unfortunately for us, this is the only place in our Vicariate blessed by the labours of the Marist Brothers.

Your Brothers have now been with us for the long period of 47 years ; that is since 1867.

During all this time, the Brothers have laboured zealously in the Christian education of their pupils, and have ever been ready to do anything in their power to. help us in forwarding the glory of God.

. They may justly look with pride on the many young men now in various respectable positions who, under God, owe everything to the training of the good Brothers.

You spoke to me regarding the admission of non-Catholics into our schools.

Were it possible, it would be blessings were we to, confine our efforts to our own Catholic children ; but in our circumstances, this is not practicable. In many places we are able to have Catholic schools and Catholic teachers for our Catholic children, only because by the admission of non-Catholics, we are able to get the funds necessary for the support of our schools.

It is certain, too, that the fact of non-Catholics coming under the influence of Catholic teachers, such as the Brothers and our Sisters, tends greatly to destroy the prejudice, once so common in South Africa against our Holy Faith. I well remember how your Brothers and our first Sisters were assailed by an outburst of bigotry, when they began their work here.

Thanks to God, that day is now past ; 1 have met non-Catholics in the prime of life, who looked back with pride on the fact that they were educated in our schools. In fact, I can safely say that our present social position in a very protestant country, is due to the fact that so, many non-Catholics have been educated by us.

It is a matter of great consolation to me, to see so many Brothers and Sisters doing God's work in educating the young. 1 remember the time when every priest outside of Capetown, had to teach his little school of Catholics as the only means of preserving their Faith.

Now, thanks to God, we have Brothers and Sisters doing this noble work, laying the foundation of the Faith, in the souls of the Little Ones.

Good-bye, my Dear Reverend Brother Delegate ; 1 wish you a happy, prosperous voyage and every best blessing of God.

Yours sincerely in Christ.

                     John Rooney,

                       Vic. Apost. West Cape.

 TRADUCTION

   vicariat apostolique

   du district occidental

                du cap                                                                            Saint Mary's-Capetown,

   de bonne-espérance                                                                         le 20 février 1914.

 Mon Cher et Révérend Frère Délégué,

Avant que vous nous quittiez, je désire vous exprimer, par écrit, mon entière satisfaction pour le travail de vos bons Frères, ici à Capetown. Malheureusement pour nous, c'est le seul endroit de notre Vicariat qui possède l'avantage de jouir du fruit de leurs labeurs. Etant arrivés en 1867, ils sont dans la localité depuis 47 ans.

Depuis leur arrivée, les Frères ont travaillé avec zèle à l'éducation chrétienne de leurs élèves, et se sont toujours montrés disposés à seconder nos efforts pour promouvoir la gloire de Dieu.

Aujourd'hui, ils peuvent, à bon droit et avec un légitime orgueil, voir leurs anciens élèves occuper des situations honorables.

Après Dieu, ils en sont redevables à la bonne éducation qu'ils ont reçue des Frères Maristes.

Vous m'avez entretenu de l'admission des enfants non catholiques dans nos écoles. Plût au Ciel que nous puissions donner tous nos efforts aux enfants catholiques. Mais, dans les circonstances actuelles, la chose n'est pas pratique.

Dans beaucoup d'endroits, nous ne pouvons avoir des écoles et des maîtres catholiques, qu'à la condition de recevoir des enfants non catholiques, dont la rétribution scolaire nous permet de faire face aux dépenses nécessitées par nos écoles. Il est certain aussi que ces enfants non catholiques, qui se trouvent ainsi sous l'influence des Frères et des Sœurs aident puissamment à faire disparaître les préjugés, si communs dans l'Afrique du Sud, contre notre sainte Religion.

Je me souviens encore des assauts de fanatisme dirigés contre nos religieux instituteurs lorsqu'ils commencèrent leur couvre ici. Grâce à Dieu, les choses ont changé de face.

J'ai rencontré bon nombre de non catholiques qui se font gloire d'avoir été élevés dans nos écoles. Au surplus, je puis certifier que notre condition sociale actuelle, en plein pays protestant, est due à ce que beaucoup de non catholiques ont reçu leur éducation chez nous.

C'est pour moi une cause de grande consolation de voir nos religieux et religieuses faisant ainsi l’œuvre, de Dieu en éduquant la jeunesse. Je ne saurais oublier le temps, où chaque prêtre devait se faire lui-même le maître de sa petite école catholique, afin de préserver la foi des chers enfants.

Maintenant, Dieu merci, nous possédons nos communautés religieuses pour faire ce noble travail et jeter les fondements de la foi dans l'âme des chers petits.

Adieu, mon Cher et Révérend Frère Délégué ; je vous souhaite un heureux voyage et la bénédiction céleste.

Sincèrement vôtre en N.-S. J.-C.

                        John Rooney,

                           Vic. Apost.

 *    *

*

 III. – Lettre de Sa Grandeur Mgr H. Delalle, 0. M. I.

APOST. VIC. OF NATAL                         Durban, 7/2/14.

 Dear Reverend Brother Zephiriny,

Allow me to address you the following remarks about cur « mixed system » of schools in South Africa.

I may say that these remarks have been sent to the Holy See by me under the administration of the late and lamented bishop Jolivet, and have given full satisfaction.

 1° We must, first of all, not lose' sight of the fact that the Church, in South Africa, is still in the making : the number of our Catholics is small, in proportion to the whole population. We must therefore judge the work of the Catholic schools, not only on their actual ; but also on their potential merit.

2° As to the present, it is a glaring fact, that were ,our schools restricted to Catholic children, it would be absolutely impossible for us to maintain them, and our children would be deprived of all Catholic education. What prospects would thon the Church have in our midst ?

Now, owing to the admission of Protestant children, ,our schools are second to none in efficiency, and Catholic children are preserved from  the contamination of « godless schools » ; they may be prepared for any position in life, without danger to their Faith.

3° But we must also look to the future. The great obstacle to the progress of the Church, is the fearful. .amount of prejudices among those ho are not of the Faith, the first effort in view of the future must be therefore to bring down that wall of false ideas.

Now, I maintain that the schools are not only the most powerful, but the only means we have of doing it.

How could we reach the future generations ? By sermons ? They would not come to them. By the press ? It would be a losing fight. But by opening our schools to non-Catholics, we gather around us thousands of children who cannot fail being impressed by what they see and hear. They know that the Catholic Church is not what they were told it was, and they will carry their conviction with them. Of course, they will not all become Catholics (some will do), but the Church will cease to be for them a hateful thing.

4° Now, when we consider that these thousands of children will be to-morrow the heads of families, that, out of love and reverence for their old teachers, they will entrust their own children to them, that they will be untrammelled by prejudice, we see at once what a harvest the Church may have to reap in the future, as the result of the work done in our schools.

5° As a matter of fact, there are many children attending our schools who wish to become Catholics, but are prevented by the bigotry of their parents. But for that bigotry many, very many conversions would take place in our schools every year. It is therefore no vain hope which makes look forward to the time when, owing to the schools, bigotry will have practically disappeared.

6° Besides, is it nothing that, on account of the teaching and surveillance of the Brothers and Sisters, many mortal sins should be avoided ?

We are taught that a life spent in preventing one mortal sin would be well spent, and through the schools thousands of children, whether Catholics of Protestants, it does not matter, are saved from sin, and God may look upon them as upon His own. Indeed, I consider this to be the reason of the wonderful blessings God has poured on our schools.

My conclusion is this : the Marist Brothers employed in the South African schools are doing God's work, and splendid work too, for which we, Bishops, cannot be too grateful.

1 n their mission, lies the whole future progress of the Church, and your militant Institute may well be proud of them.

With renewed expression of deep gratitude for granting me such invaluable help, I remain

-Yours most devotedly in Christ.

                      H. DELALLE, O. M. I.

                           Vic. Ap. of Natal.

 TRADUCTION

vicariat apostolique

        du natal.                                                                                 Durban, 7 février 1914.

 Mon Cher et Révérend Frère Zéphiriny,

Permettez-moi de vous adresser quelques remarques sur le « système mixte » dans nos écoles de l'Afrique du Sud.

Je dois vous dire que j'avais soumis ces mêmes observations au Saint-Siège, pendant l'administration du regretté Mgr Jolivet et qu'elles donnèrent alors pleine satisfaction.

1. – Nous ne devons pas perdre de vue que l’œuvre de l'Eglise catholique, dans ce pays, est encore à l'état de formation ; le nombre de nos Catholiques est minime en proportion de la population totale. Il faut donc juger du travail de nos écoles catholiques, non seulement par les résultats scolaires proprement dits, mais aussi par l'action de leur influence.

2. – Il est évident que si nos écoles ne recevaient que des enfants catholiques, il nous serait absolument impossible de les maintenir : dès lors, ces enfants eux-mêmes, seraient privés du bienfait de l'éducation catholique ; et quelle serait alors la perspective d'avenir pour notre religion dans un tel milieu ?

Actuellement, grâce à l'admission d'enfants protestants, nos écoles sont à hauteur quant au niveau des études ; de sorte que nos enfants catholiques peuvent se préparer ainsi à leur position future sans passer par les écoles neutres de l'Etat, et partant, sans danger pour leur foi.

3. – Au surplus, ne faut-il pas songer à l'avenir ? Le plus grand obstacle au progrès du catholicisme dans l'Afrique du Sud consiste dans les nombreux préjugés répandus parmi ceux qui ne partagent pas nos croyances religieuses.

Dès lors, ne semble-t-il pas rationnel de dire que le premier effort, en vue de l'avenir, doit être le renversement de cette muraille d'idées fausses. Pour y arriver, les écoles sont, non seulement le moyen le plus puissant, mais le moyen unique.

Comment pourrions-nous autrement préparer les générations futures ? Par des sermons ? – Mais ces non-catholiques n'y viendraient pas. Par la presse ? – Mais nous perdrions notre temps à lutter sur ce terrain.

Au contraire, en ouvrant nos écoles aux non catholiques, nous nous entourons de milliers d'enfants qui ne sauraient manquer d'être avantageusement impressionnés de ce qu'ils voient et entendent. Ils ne tarderont pas à s'apercevoir que l'Eglise n'est pas ce qu'on leur avait dit, et ils se formeront une opinion à ce sujet.

Assurément, ils ne deviendront pas tous catholiques, (quelques-uns le deviendront) ; mais, pour tous, notre Religion cessera d'être un objet de haine et de mépris.

4. – Et quand nous considérons que ces milliers d'enfants seront demain des chefs de familles, et que par affection pour leurs anciens maîtres, ils leur confieront aussi l'éducation de leurs propres enfants, nous prévoyons sans peine ce que pourra être la moisson que l'Eglise recueillera alors, comme résultat du travail fait actuellement dans nos écoles.

5. – Ce qui est vrai aussi, c'est qu'il y a beaucoup d'enfants fréquentant nos écoles qui désirent devenir catholiques, mais qui en sont empêchés par le fanatisme de leurs parents. Ce n'est donc pas un vain espoir que celui qui nous fait désirer le temps où ce fanatisme aura disparu.

6. – De plus, n'est-ce donc rien que, grâce à l'enseignement et à la surveillance de nos maîtres catholiques, un grand nombre de péchés mortels soient évités ? On nous a enseigné que toute une vie employée à prévenir un seul péché mortel serait bien employée ; or, par nos écoles, des milliers d'enfants sont préservés du péché. Je n'hésite pas à penser que c'est à cela qu'il faut attribuer les bénédictions si visibles que Dieu répand sur elles.

Je conclus en disant que les Frères Maristes employés dans les écoles de l'Afrique du Sud font l’œuvre de Dieu, un travail splendide à coup sûr, pour lequel nous, Evêques, ne saurions être trop reconnaissants. De là, dépend tout l'avenir de l'Eglise dans ce pays, et votre Institut, si militant, peut être justement fier de la part de dévouement qu'il apporte à ce noble idéal.

Je vous renouvelle l'expression de ma profonde gratitude pour l'assistance inappréciable qui m'a été accordée et vous prie de me croire,

Votre tout dévoué en N.-S.

                 H. DELALLE, O. M. I.,

              Vic. Apost. du Natal.

 *     *

*

         IV. – Lettre du Très Révérend Père Charles Cox, 0. M. I.

            Administrateur Apostolique du Transvaal.

 vicariatus apostolicus

transvaalensis                                                         Johannesburg, 19th January 1914.

 Dear Brother Delegate,

'You will be pleased to know that your College here holds a high place in the esteem of the citizens of this town, and that your Brothers are doing good work here not only among the citizens generally, but among our Catholic, people particularly.

I am very thankful for the interest the Marist Brothers take in the Catholic education of our boys, and I bring forward, in strong evidence of this, the number Of boys who crowd round the confessionals on the Thursday preceding the first Friday of every month, and the excellent behaviour of the Altar Boys.

The Catholic students seem devoted to the Brothers, and well under control.

There cannot be question in the Transvaal of exclusively Catholic schools, either for boys or girls. All the existing schools are recognized by the public as open to al] boys or girls irrespective of their religious belief. To alter this would create a reversion of feeling against the schools and against the Church, which would not only not do any good, but which could do a great deal of harm to the Catholic Religion.

It has therefore, from what I have said, to be recognized and acknowledged that your Brothers are doing good in the case of our Catholic Youth.

Your College is also doing good to the Catholic Religion even in the case of non Catholic Boys, who in time will be the men of the country.

Having been educated by Catholic Brothers, and having learned to respect them, some degree of respect for the Catholic Faith finds its way into their minds, and this is an asset which should not be lost sight of.

Prejudice is removed, and respect is engendered. The result of this may prove far-reaching. In any case the work of Boys' College and Convent schools wins favour from non-Catholics and tends to establish in their eyes the prestige of the Catholic body.

Please kindly express to your Reverend Brother Superior General my appreciation of the work done by your Brothers.

Yours sincerely in Christ.

              Charles Cox, O. M. I.

            Administrator Apostolic of the Transvaal.

 TRADUCTION

vicariat apostolique                                                                                  Johannesburg,

     du transvaal                                                                                    le 19 janvier 1914.

 

Mon Cher Frère Délégué,

Vous apprendrez avec plaisir que votre Collège de Johannesburg est en grande estime parmi les habitants de cette ville, et que vos Frères font ici un excellent travail, non seulement parmi la population en général, mais particulièrement parmi nos Catholiques.

Je suis très reconnaissant envers les Frères Maristes pour le soin qu'ils prennent de l'éducation chrétienne de nos enfants. Comme preuves évidentes des résultats obtenus par le zèle des Frères, je me plais à citer le grand nombre d'enfants qui entourent nos confessionnaux la veille du premier vendredi de chaque mois. Je dois mentionner aussi l'excellente conduite et la piété des enfants de chœur.

Il est évident que tous les étudiants catholiques apprécient l'enseignement donné par les Frères et qu'ils leur sont sincèrement attachés.

Il est hors de propos de songer à créer, au Transvaal, des écoles exclusivement catholiques. Toutes celles actuellement établies, sont ouvertes à tous les élèves, sans distinction de croyances religieuses. Renoncer à ce « système mixte » serait créer un courant de malveillance contre nos écoles et contre la Religion ; ce serait, non seulement paralyser le bien qui se fait, mais encore nuire considérablement au catholicisme en général.

Au reste, ce n'est pas seulement sur les enfants catholiques que le zèle des Frères exerce une heureuse influence, c'est aussi sur les non catholiques. Les uns et les autres ne deviendront-ils pas, avec le temps, les hommes du pays ?

Ayant été élevés par les Frères, ayant appris à respecter leurs maîtres catholiques, une partie de ce respect s'arrête, sans nul doute, sur la religion qu'ils professent. Or, c'est là un résultat bien digne de notre attention. Les préjugés disparaissent, le respect et l'estime les remplacent et préparent un avenir gros de conséquences.

Ce qui est visible à tous actuellement, c'est que le travail réalisé dans nos écoles catholiques force l'estimé des non catholiques et donne un grand prestige à l'ensemble de nos oeuvres en général.

. Veuillez exprimer au Révérend Frère Supérieur Général toute ma reconnaissance pour le bon travail des Frères parmi nous et me croire

Votre tout dévoué en N.-S.

                    Char. Cox.,

               O. M. I.

                        V. – Lettre du Révérend Père V. Kelly, O. M.I

               Missionnaire- Voyageur – Cala – Tembuland and Transkei.

 My Dear Brother Delegate,

After almost nine years of close experience with the Marist Brothers here in their educational work, should it do any good, 1 feel it a pleasure to write my impressions of them and their labours as we see them.

I do so, not merely as a disinterested member of the Cala Mission Staff, but as one who needs the help of the Brothers in the work given me, namely of keeping alive and spreading where possible the Faith amongst Catholics or others scattered over a tract of country some 500 miles in circumference.

From prudent association with the Brothers, got only the ordinary course of my work with them., I venture to say that if the religious spirit that prevails in the other houses of the Society in this Country is to be gauged by what we see bore in Cala, one need not be surprised at hearing of the blessings attending their noble work.

Thanks be to God for this !

It is moreover a pleasure to realize that, as time goes on, this spirit spreading so well through all their labours is hawing its results. I humbly dare to say that God's benediction is on the Marists' work in their South African Province.

Here, in Cala, the Brothers are doing good and a great deal of it. By their College and its aims, they are earnestly co-operating with us in our mission of spreading Catholicity, and already we feel grateful to think that the future spiritual well being of our Catholic children is assured. Since beginning my work, nearly nine years ago, it bas been my endeavour to have the children of my District removed from influences and surroundings, to say the least extremely dangerous, and sent to Catholic schools. This, thank God, I have succeeded well in so far : the Brothers here have had close on fifty of these children, the remainder will follow when at a suitable age.

Apart from this, my work further brings me in touch with the Protestant parents who patronize our schools, and 1 am thus able to get their impressions as to satisfaction obtained by sending their children to us. Needless to say these are very gratifying ; the Brothers are hold in the highest esteem throughout the District.

As at the foundation of all our Missions in this country bigotry existed, pretty well so it did bore when the Brothers came, but we are thankful to see its effects are hardly perceptible to-day.

To come to the pupils themselves, we find that an excellent spirit exists amongst them ; they love and respect their teachers, and, as a whole, both Reverend Father Monginoux and I, doubt very much whether a finer class of boys could be found in any college in South Africa.

As to whether our Catholic Boys suffer any harm by mixing with Protestant associates in the Cala College, no fear need be entertained.

It bas been our experience that under the safe guidance of the Brothers, the Protestants get only edification and good example from their Catholic companions and these latter are proving, as time advances, of the greatest help, to both priests and teachers, in carrying out the aims and ideals of the College.

In conclusion I must say that we are grateful to God for sending us the Marist Brothers and we feel every confidence in assuring you, my Dear Brother Delegate, that with the Brothers working, as they do to-day, humbly for the glory of God and the salvation of souls, a future, filled with much blessing, awaits the Marist College of Cala.

Believe me, Dear Brother Delegate,

Yours very faithfully in Christ.

                     V. Kelly, O. M. I.,

                    Travelling Priest. Cala.

  TRADUCTION

Mon Cher Frère Délégué,

Voilà bientôt neuf ans que je suis le témoin intéressé et édifié du dévouement inlassable des Frères Maristes dans leurs travaux d'éducation.

C'est donc, pour moi, chose aussi facile qu'agréable de mettre par écrit mes impressions sur ce que j'ai -eu et entendu. En effet, je considère les Frères comme des coopérateurs dévoués dans la mission qui m'a été confiée de conserver et de propager la foi parmi les peuplades réparties sur un territoire d'environ cinq cents milles de circonférence.

D'après les relations que j'ai eues avec les Frères, je crois pouvoir affirmer que, si l'on juge de l'esprit religieux des autres maisons maristes de l'Afrique du Sud, par celui qui anime la communauté de Cala, on n'a plus lieu de s'étonner des bénédictions célestes qui, partout, .accompagnent leurs nobles travaux.

Ici, dans Cala, les Frères font du bien et beaucoup de bien. Par leur Collège et ses moyens d'action, ils sont vraiment de dévoués auxiliaires des prêtres missionnaires.

Nous reconnaissons avec gratitude que le bien-être spirituel de nos enfants est ainsi assuré.

Depuis le commencement de mes missions dans les diverses parties du district, je me suis efforcé de sauvegarder les enfants contre les influences, parfois extrêmement dangereuses, du cercle familial, en les envoyant, comme pensionnaires, dans nos écoles catholiques. En cela, grâce à Dieu, j'ai bien réussi jusqu'à ce jour. Une cinquantaine de ces enfants ont déjà passé au Collège des Frères, beaucoup d'autres suivront, je l'espère.

Mon ministère me met assez souvent en rapport avec les protestants qui patronnent nos écoles. Je puis ainsi me rendre compte de leur mentalité sur l'enseignement et l'éducation que leurs enfants reçoivent chez nous.

Point n'est besoin de dire que leur témoignage est des plus élogieux. Les Frères Maristes sont en grande. estime dans tout le district.

 Quant aux élèves eux-mêmes, ils sont animés d'un excellent esprit ; ils aiment et respectent leurs Maîtres. Aussi, le Révérend Père Monginoux et moi, nous nous, demandons parfois, s'il existe, dans toute l'Afrique du Sud, un collège où, comme ensemble, les élèves soient, plus dociles et mieux disposés.

Quant au « système mixte », je crois pouvoir dire, en conscience, qu'il ne présente aucun inconvénient pour nos enfants catholiques dans notre Collège de Cala. Au surplus, grâce à la surveillance et à la prudente direction des Frères, les élèves protestants reçoivent l'édification et le bon exemple de leurs compagnons catholiques. Ces derniers sont pour nous, Prêtres et Frères, des aides appréciés pour réaliser le but de l'école : « faire le plus de bien possible à tous ».

En terminant, je tiens à dire que nous remercions Dieu de nous avoir envoyé nos Frères Maristes ; et nous croyons pouvoir vous assurer, Mon Cher Frère

Délégué, que, travaillant humblement et généreusement pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, les Frères préparent un avenir, plus prospère encore, à leur Collège de Cala.

Veuillez me croire, mon cher Frère Délégué, Votre tout dévoué en N.-S.

                     V. Kelly, O. M. I.

 *     *

Il est bien consolant, pour nous tous, d'entendre ces voix autorisées faire un si bel éloge des travaux de nos Frères de l'Afrique du Sud, montrant à la fois et l'utilité, et l'absolue nécessité de leurs « écoles mixtes » ; c'est-à-dire d'écoles dans lesquelles sont réunis des enfants de religions différentes.

 Toutefois, dira-t-on, il faut bien admettre que ce mélange d'élèves de religions différentes doit inévitablement occasionner des inconvénients au point de vue des études, de la discipline, etc.

J'ai laissé le soin de répondre à ces objections au C. Frère Jean-Eusèbe, Sous-Directeur de notre Collège d'Uitenhage. Ce Frère travaille dans ce milieu, depuis plusieurs années et il connaît exactement les inconvénients et les avantages de la situation.

 Voici sa lettre :

                                Uitenhage, le 15 février 1914.

Mon bien Cher Frère Délégué,

Pour répondre à votre désir, je mets par écrit ce que je pense du mélange dans nos classes, à Uitenhage, des élèves non catholiques.

Et tout d'abord, il est bon de signaler la différence,  en ce qui concerne le temps des études entre les élèves catholiques et les autres élèves. Le temps destiné à l'enseignement proprement dit, c'est-à-dire le temps de la classe, est absolument le même pour tous. Mais les élèves catholiques ont beaucoup moins de temps que les autres élèves pour apprendre leurs leçons et écrire leurs devoirs ; car naturellement, pendant le temps consacré à entendre la Sainte Messe, aussi bien que pendant le temps destiné au catéchisme et aux prières, les élèves non catholiques sont généralement occupés à l'étude.

Par ce qui précède, il est facile de voir qu'il existe certains inconvénients pour les élèves catholiques dans ce mélange avec d'autres élèves. Le principal de ces inconvénients est dans le fait même que n'ayant pas le même temps que les autres élèves pour leurs devoirs et leurs leçons, ils sont souvent obligés de s'imposer un travail de surérogation pour venir à bout de leur tâche. Et, à ce sujet, les maîtres ont à être très prudents afin de ne pas demander de ces enfants plus qu'ils ne peuvent faire raisonnablement.

Agir autrement serait les porter à murmurer, et à prendre quelquefois en dégoût des exercices qui leur donnent un certain désavantage au sujet de leurs études et ce serait un bien grand mal, si certains élèves quittaient le collège avec la persuasion que leur religion a été un obstacle au succès de leurs études.

Mais il ne faudrait pas cependant exagérer cet inconvénient ; il est, et il restera toujours vrai, que le bon Dieu rend incomparablement plus qu'on ne Lui donne. Les enfants qui ont réellement bonne volonté trouvent généralement assez de temps pour faire leur travail d'une manière tout à fait satisfaisante.

Les élèves catholiques, en général, réussissent aussi bien que les autres ; et il y a certaines classes où les premières places sont occupées surtout par des catholiques. L'inconvénient signalé ci-dessus n'aurait donc, ce semble, raison d'être que pour les élèves qui sont enclins à négliger leurs devoirs et qui cherchent un prétexte pour excuser leur nonchalance.

Un autre inconvénient existe dans le fait que l'instruction profane ne saurait revêtir ce caractère catholique qu'on peut lui donner dans la généralité de nos écoles. Mais ceci n'est pas un sérieux inconvénient ; car, outre que la conduite des Frères, s'ils sont ce qu'ils doivent être, est une prédication continuelle pour tous leurs élèves, il est possible de glisser de temps en temps sur certaines vérités générales, quelques réflexions morales ou pieuses dont chaque élève peut tirer profit.

A côté de ces inconvénients plus ou moins réels, il semble qu'il y ait certains avantages, même pour les enfants catholiques. Etant continuellement en contact avec des compagnons qui n'appartiennent pas à leur Religion, ils sont élevés dans un milieu qui ressemble, jusqu'à un certain point, à celui dans lequel ils auront à vivre ; d'où il suit, qu'en quittant le Collège, ils ne se trouveront pas subitement transportés dans une atmosphère toute différente de celle où ils ont grandi, ce qui pourrait, dans bien des cas, produire une funeste réaction. Une conséquence de ce qui précède, c'est que les enfants catholiques s'habituent à pratiquer leur religion sans aucun respect humain.

A ce sujet, il est bon d'observer que chacun des élèves agit comme il l'entend, il est parfaitement libre, et personne ne se permet jamais le moindre mot contre des pratiques observées par ceux qui sont d'une religion différente. Les enfants catholiques, par exemple, sont quelquefois appelés pendant la classe, pour aller se confesser : les autres élèves trouvent cela très naturel et ne s'en formalisent pas du tout.

Ce qui semble avantageux aussi pour les élèves catholiques, c'est l'habitude qu'ils prennent de s'imposer des sacrifices pour pratiquer leur religion. S'astreindre à un travail plus assidu afin de faire les mêmes devoirs que leurs compagnons, quitter quelquefois la récréation pour se rendre à l'église, sont des choses qui contrarient plus ou moins certaines inclinations, et, par conséquent, habituent les élèves, aux sacrifices que la religion impose. Il est une autre chose qui peut être un avantage pour les uns, mais en même temps, si l'on n'y prend garde, un désavantage pour d'autres. Ce continuel contact avec des élèves professant d'autres religions, peut donner aux enfants catholiques des idées très correctes au sujet de ceux qui ne partagent pas leurs croyances. Parmi les élèves qui n'ont pas le bonheur d'être catholiques, il en est, et un grand nombre, dont la conduite semble irréprochable. Ils pratiquent leur religion aussi bien qu'ils peuvent, se montrent pieux, et sont même capables de faire des sacrifices volontaires pour se rendre agréables au bon Dieu. Pour moi personnellement, je suis persuadé que ces enfants sont, en général, dans la bonne foi, par conséquent, appartiennent à l'âme de l'Eglise. Il semble donc que, au sujet de ceux qui n'appartiennent pas à notre religion, ce contact avec eux, sans nous empêcher de détester sincèrement l'hérésie dans laquelle ils sont plongés et de les plaindre de ne pas être catholiques, nous porte à nous bien garder de mépriser ou de haïr les personnes et de les juger trop sévèrement, ce qui est plus ou moins le cas, bien souvent, pour ceux qui n'ont aucune relation avec eux. Le danger qu'il pourrait y avoir à ce sujet serait, pour certains élèves catholiques, de supposer que toutes les religions sont également bonnes, et que, sous certains rapports, ils sont moins bien partagés que leurs compagnons.

Cette idée, naturellement, doit être corrigée dans les instructions religieuses où il est nécessaire de bien faire ressortir les avantages inestimables dont jouissent les catholiques et la prédilection particulière dont ils ont été l'objet de la part de la Providence.

Si maintenant l'on jette un coup d’œil sur les résultats que ce mélange d'élèves peut produire sur les non catholiques, on voit que ces résultats sont bien nombreux. Je me contenterai d'énumérer les principaux.

En voyant la religion catholique pratiquée par leurs compagnons et par des maîtres qui se dévouent entièrement à leur éducation, ils deviennent en quelque sorte familiers avec nos pratiques religieuses, apprennent à les estimer, et, en même temps, se rendent compte par eux-mêmes qu'elles ne sont pas si difficiles qu'on se plaît quelquefois à le leur dire. Cela arrive surtout quand les maîtres, par leur conduite vraiment religieuse, se montrent toujours et partout un sujet d'édification pour ceux qui sont témoins de leur conduite.

Les préjugés contre notre sainte religion, qui sont plus ou moins répandus parmi ceux qui lui sont étrangers, doivent ainsi nécessairement disparaître chez les élèves qui fréquentent nos classes.

De plus, certains de ces jeunes gens aiment à lire des revues catholiques : L'Ave Maria, le Messager du SacréCœur et autres publications analogues, et de telles lectures, cela va sans dire, peuvent, en temps opportun, porter leurs fruits.

De temps à autres, pendant que les catholiques sont à l'église, des instructions générales sur la Religion sont données à tous les autres élèves, et ces instructions. en même temps que les lectures qu'ils peuvent faire et les exemples qu'ils ont sous les yeux, sont très propres à contrebalancer les pernicieux effets de certains discours qu'ils entendent parfois de la bouche de leurs ministres et peuvent leur suggérer des réflexions qui ne sont pas du tout à l'avantage de leurs propres pasteurs.

Enfin, ces jeunes gens voient que les Frères ne font aucune différence, par rapport à leur dévouement, entre eux et les catholiques ; et quand ils quittent le Collège, ils conservent généralement un très bon souvenir de l'école où ils ont été élevés ; et plus tard, ils ne peuvent que se montrer bien disposés en faveur des catholiques.

J'allais oublier peut-être le principal avantage que ces élèves non catholiques trouvent à fréquenter nos classes. Il n'y a pas longtemps, un de ces jeunes gens, remarquable par sa bonne conduite et encore au Collège, se trouvait seul, durant une excursion, avec le cher Frère Calixte. Passant tout près d'un collège, où il était resté pendant quelques années avant de venir chez nous. il dit au Frère Directeur – «Oh! mon Frère, combien je suis content d'avoir quitté ce collège pour venir chez vous! » « – Et pourquoi, mon ami ? » – « Oh ! mon Frère, si vous saviez quelle vie on mène là ! Mais certainement vous devez le comprendre. » – « Oui, oui, je comprends, répondit le Frère Directeur. Eh bien ! si saint François Régis se serait cru bien récompensé de tous ses travaux quand ils n'auraient eu d'autre résultat que d'empêcher un seul péché mortel, combien ne devons-nous pas nous croire heureux de pouvoir empêcher, avec le secours de la grâce de Dieu, tant de péchés que ces enfants commettraient peut-être chaque jour.

Une chose importante reste à dire : Comme l'arbre doit être jugé par ses fruits, de même ce mélange d'élèves doit être jugé par ses résultats. Eh bien ! les enfants catholiques, fussent-ils dans une école exclusivement catholique, ne pourraient pas, je pense, se conduire mieux qu'ils ne font dans notre Collège. Ils nous donnent généralement de grandes consolations par leur piété et leur bon esprit. Dieu en soit béni ! Un très bon esprit règne aussi parmi les élèves non catholiques, et parfois, certains de ces enfants se convertissent à la vraie religion. Ce dernier résultat, quelque rare qu'il soit, n'en est pas moins pour les Frères un puissant encouragement dans leur travail.

Dans les autres écoles que nous avons dans l'Afrique du Sud, les avantages pour les enfants non catholiques et même pour les catholiques, existent presque au même degré, tandis que les inconvénients signalés sont sensiblement diminués. Tout cela me porte à croire que, bien que notre tâche ne soit pas aussi consolante que dans les écoles purement catholiques, le bien qui s'opère ici n'en est pas moins réel, et, tôt ou tard, si nous nous en rendons dignes par notre régularité à toutes les observances religieuses et notre dévouement à notre emploi. notre travail contribuera de plus en plus à la gloire de Dieu et au salut des âmes.                                                                                                                                                           

          Frère JEAN-EUSÈBE. 

 Cet effectif (83 Frères), de prime abord, parait restreint pour une province comptant bientôt cinquante années d'existence. Toutefois, il ne faut point oublier que, jusqu'à présent, le recrutement a dû se faire presque exclusivement d'éléments venant d'Europe. Au reste, la pénurie de vocations ne saurait être attribuée à un manque d'initiative ou de dévouement ; elle s'explique si l'on considère la faible proportion de la population catholique de race blanche et si l'on ajoute à cette première difficulté, les obstacles multiples qui s'opposent aux vocations religieuses, dans l'Afrique du Sud.

De généreux efforts ont été tentés, à diverses reprises dans le but du recrutement indigène. Ils n'ont pas été complètement sans succès. Pour être minime en nombre le contingent de vocations fournies par l'Afrique du Sud n'en est pas moins appréciable et bien apprécié.

A l'heure actuelle, le renfort est de nécessité absolue pour maintenir les oeuvres existantes. Aussi les membres du Régime ont-ils décidé la fondation d'une maison en Hollande pour favoriser le recrutement et la culture des vocations destinées à cette province.

Point n'est besoin de dire combien grande est la reconnaissance des Frères de l'Afrique du Sud, envers là bonne Providence et les vénérés Supérieurs, pour ce secours si opportun qu'ils appelaient de tous leurs vœux

Ils ont le ferme espoir que Dieu suscitera beaucoup de vocations pour perpétuer et faire prospérer, sur la vaste terre africaine, l’œuvre d'un Institut qu'Il protège visiblement partout.

 RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX

 CONCERNANT NOS ÉCOLES DE L'AFRIQUE DU SUD.

              I. – Education. Enseignement.

L'Afrique du Sud est comparativement un « pays  jeune » où il reste beaucoup à faire au point de vue de l'éducation. La fusion des quatre colonies en une « South African Union » a donné lieu à une nouvelle organisation scolaire qui n'est pas sans lacunes, mais qui va en se perfectionnant de jour en jour.

   L’enseignement secondaire – et l'enseignement supé­rieur, sont du ressort du Gou­vernement Général, tan­ dis que l'enseignement primaire est resté (pour une période de cinq années), sous le contrôle des quatre Conseils Provinciaux.

Les examens pour l'obtention des diplômes de l'enseignement primaire sont ceux de – 1styear, 2ndyear, 3ndyear ou 3rdclass, 2ndclass and 1stclass.

Ces examens donnent droit à des diplômes correspondants. Le diplôme de «  Third Class » est requis pour enseigner dans une « primary aided-School ». Nous avons deux « primary aided-Schools » : St Aloysius (Capetown) et St Augustine's (Port Elizabeth).

 Jusqu'à présent, on n'a exigé aucun titre spécial de nos Frères enseignant dans nos « Collèges » ou « High Schools ». C'est, sans doute, que les autorités scolaires jugent de la valeur des Maîtres par les. résultats des exa­mens officiels des élèves. Ces résultats je dois le dire, sont excellents, et l'emportent de beaucoup sur ceux obtenus dans les écoles similaires du Gouvernement.

Toutefois, il m'est agréable de faire remarquer, en passant, que nos confrères de l'Afrique du Sud sont loin de s'endormir sur leurs lauriers. Ils se disposent à parer aux éventualités en se préparant à l'obtention des diplômes de l'enseignement secondaire et supérieur.

Comme de raison, la partie des études religieuses doit occuper la place d'honneur dans nos Communautés et dans nos écoles. On ne l'a point oublié dans la Province de l'Afrique du Sud.

Un comité, composé des Frères désignés par le Cher Frère Provincial, vient d'élaborer un «Syllabus », afin d'assurer l'uniformité dans l'enseignement religieux de. nos écoles. Ce même comité a déjà mis la main à la rédaction du « Syllabus » ayant pour objet de diriger et de contrôler les études religieuses des Frères de la Province. Ce « Syllabus. » comprend six Divisions ou «Standards ».

Dans leurs, études profanes, nos Frères doivent forcément se conformer aux programmes officiels. Ces programmes, suivis par les Frères, sont divisés en trois parties. La première partie les prépare au « Teachers' Third Class Certificate » ; la deuxième partie à « Matriculation » et la troisième à Intermediate « B. A. » puis à « B. A. » complet.

Il y a aussi des examens sur des sujets spéciaux tels que : Dessin, Musique, Travail sur bois, Langues, Mathématiques, Sciences, etc.

Parmi les résolutions prises par ces Frères, à l'occasion de la visite de délégation, se trouve celle-ci:

« A l'exemple de mes aînés en religion, je travaillerai généreusement et constamment, à devenir de plus en plus, un éducateur studieux et un apôtre des études sérieuses. Je le serai :

1. Parce que l'étude est, pour un éducateur, une obligation rigoureuse.

2. Parce que l'étude est un moyen de mieux servir la cause de Dieu.

3. Parce que l'étude préserve des dangers de l'oisiveté : «engourdissement, des facultés, infériorité ou même incapacité pour le bien, gaspillage du cœur, frivolité de l'esprit, dégoût et abandon de la vocation ».

                       Il. – Rétribution scolaire.

Dans nos écoles de Johannesburg, Uitenhage Cala, Port Elizabeth (High School), Capetown Academy, et. Maritzburg, nos Frères sont rétribués. directement, par les parents de leurs élèves.

Dans les « primary-aided schools » St-Aloysius (cape town) et Saint Augustine's (P. E.), en plus de la rétribution payée par les élèves, nos Frères reçoivent une subvention du Gouvernement.

Dans notre Mission de Roma (Basutoland), les ressources de la Communauté proviennent d'une subvention du Gouvernement, de la rétribution payée par les Parents et des produits de la ferme.

Grâce à Dieu, dans tous nos établissements de l'Afrique du Sud, sans être surabondantes, les ressources pécuniaires ne font pas défaut.

A ce propos, je crois qu'il ne sera pas inutile de répéter ici un mot significatif d'un Frère Directeur de la Province.

Dans un entretien que nous avions sur l'avenir de nos œuvres dans ce pays, il me dit, d'un ton de voix qui aidait à rendre sa pensée : « The enemies here seem to be more within our walls than without. The greatest of all is the craving for ease and comfort. We are blessed with a plentiful salary ; we need it for the maintenance and improvement of our diverse works, but we are greatly exposed to trespass on the boundary of religious poverty. »

.En. face d'un danger si perfide et si menaçant, le « Conseil d'adieu », que donnait le Révérend Frère Louis-Marie, aux cinq premiers Frères, s'embarquant pour le Cap de Bonne-Espérance, il y a bientôt cinquante ans, semble frappant d'actualité : Conservez en toutes choses une grande simplicité, un grand esprit de pauvreté : démarche, tenue, habillements, ameublements, langage, rapports extérieurs, tout enfin.

 Que partout on puisse dire de chacun de vous : Voilà un véritable Petit Frère de Marie, bon, humble, modeste, simple, ennemi de tout luxe, de tout faste, de toute ostentation, de toute mollesse, de toute sensualité, de toute mondanité.

                  Ill. – Enseignement religieux.

Bien que nos Frères de l'Afrique du Sud prodiguent leur dévouement, sans compter, à tous leurs élèves, quelle que soit leur religion, il est facile cependant de s'apercevoir que les Catholiques forment, et à bon droit, du reste, la partie choisie de leur petit troupeau.

Partout, l'école conserve son aspect catholique et mariste ; le crucifix et autres emblèmes religieux, l'image du Vénérable Fondateur, etc., ont leur place dans les divers appartements et sont l'objet d'une attention toute particulière.

On peut dire aussi que partout, à des degrés différents il est vrai, on tient aux prières, au chapelet, au catéchisme, au chant religieux, etc.

Dans la plupart de nos établissements, on constate que la dévotion au Sacré-Cœur est en honneur. Les Maîtres se rappellent qu'ils doivent posséder eux-mêmes et inculquer aux âmes ce préservatif et ce grand moyen d'apostolat.

La « Sacred Heart's Guild » et la « Sodality of Mary » y sont régulièrement établies et y opèrent des fruits admirables de préservation et de sanctification ; preuve évidente que les Frères de cette province ont à cœur de répondre au désir du Vénérable Champagnat : conduire les âmes à Jésus par Marie.

                      IV. – Bibliothèques.

 Un article du Bulletin de l'Institut (Juillet 1913), nous rappelait, d'une manière fort intéressante, « que le but et la raison d'être de la lecture est le développement et l'harmonisation dé la personnalité…. Que nous devons faire en sorte qu'elle soit le rayonnement et le complément logique et indispensable de notre vie ; qu'elle escorte le travail, complète la profession, achève en toute circonstance, et perfectionne à toute heure l'homme spécial que nous sommes : religieux, éducateur, professeur, etc. »

C'était redire à tous le rôle important de la bibliothèque dans chacune de nos Communautés, et attirer, à nouveau, l'attention du C. F. Directeur sur ce sujet si gros de conséquences.

Que nos Frères du Sud soient les Apôtres de cette saine doctrine, la chose n'est pas douteuse ; car, tous leurs établissements[2]possèdent des bibliothèques largement fournies d'excellents ouvrages, de livres judicieusement choisis, tant pour les études religieuses que pour les études profanes des Frères.

En outre, dans chacune de ces écoles, on trouve la « Boys’ library », généralement répartie en sections suivant l'âge et les études des élèves.

« N'est-ce pas, en effet, à cet âge de force, d'entrain, de curiosité et de souplesse qu'il faut forger ses armes pour la vie, qu'il faut éduquer et munir son esprit, sa volonté, son âme et son caractère ? »

Le « Librarian Brother » sait tout cela ; aussi, se fait-il un devoir de conscience, de régler le choix de ses jeunes lecteurs. C'est là, à coup sûr, une mission riche de résultats les plus précieux.

                             V. – Les Défunts.

 Je ne saurais passer sous silence une constatation qui m'a procuré une consolation bien sentie. Je veux dire – le Culte des Chers Disparus – parmi nos Frères de cette province. J'ai vu, en cela, une preuve saisissante du véritable esprit de famille si caractéristique dans notre cher Institut.

On s'aime au-delà de l'horizon étroit de la mort.

Outre leur fidélité aux suffrages de Règle pour les défunts, ces Frères ont à cœur de conserver vivant dans leur mémoire, le pieux souvenir de leurs « Compagnons d'armes » tombés au champ d'honneur. De là l'oraison jaculatoire : « May the Lord have mercy on him ! » si fréquemment répétée, dans la conversation ordinaire, lorsqu'elle leur rappelle quelqu'un de ceux qui les ont devancés dans la tombe. De là aussi les soins assidus prodigués aux tombes de leurs Défunts.

Dans ma visite aux divers cimetières de Johannesburg, Port-Elizabeth, Roma, Uitenhage, etc.[3], où reposent quelques-uns des nôtres, j'ai invariablement pu constater que les restes mêmes de ces chers morts ne sont point en oubli. Quoique simplement parées, leurs tombes n'en sont pas moins l'objet des soins fraternels de ceux qui restent fidèles à leur mémoire et s'efforcent de retracer leurs vertus.

Nous pourrions ajouter ici bon nombre d'autres renseignements fort intéressants sur les oeuvres postscolaires de nos établissements de l'Afrique du Sud, ainsi que sur les climats, industries, us et coutumes des diverses régions où nos Frères sont établis.

Mais il nous semble que ces sujets trouveront plus facilement place dans quelques numéros du Bulletin de l'Institut. Nous nous bornerons donc à ce qui précède.

Comme conclusion, Mon Très Révérend Frère Supérieur Général[4], je n'hésite pas à dire que notre oeuvre là comme ailleurs, est magnifique par son but, ses moyens et ses résultats. C'est vraiment l’œuvre de Dieu.

Mais là comme ailleurs, il importe que nous ne perdions pas de vue qu'à l'heure actuelle, il y a dans le monde des oeuvres, fondées pour le bien, qui ne répondent pas à l'effort qu'elles ont demandé parce qu'elles ne sont pas assez imprégnées de surnaturel. Ainsi que le veut le Souverain Pontife, Pie X, la ligne de conduite qu'il trace aux catholiques, c'est d'agir en tout surnaturellement.

Nos Règles nous mettent cette maxime sans cesse devant les yeux : « L'esprit de foi leur apprendra que la fin de leur ministère étant une fin surnaturelle, savoir, le salut des âmes, ce n'est que par des moyens surnaturels qu'ils peuvent l'obtenir ; conséquemment, que c'est par la pratique de la vertu, par le bon exemple et par la prière qu'ils gagneront les enfants à Dieu, et non par les talents, la science et les autres moyens humains qui n'y peuvent servir qu'autant qu'ils sont joints à la grâce et à la sainteté (Dir. Gén., p. 29).

Le Vénérable Fondateur répétait souvent à nos aînés : « Des sciences profanes, des arts utiles ; oui il faut tout cela, assurément. Mais, tout cela, uniquement pour faire des saints. »

Connaissant la bonne volonté de nos Frères de la province de l'Afrique du Sud et leur attachement sincère à la Congrégation, je puis vous assurer, Mon Très Révérend Frère Supérieur Général, que les « côtés faibles » qui ont été signalés à leur religieuse attention,

pendant. la visite de délégation, sont déjà l'objet de leurs généreux efforts. Je suis persuadé qu'ils ne reculeront devant aucun sacrifice ; car ils ont à cœur de faire plaisir à leur vénéré Supérieur Général et de se préparer dignement au double anniversaire de 1917 : le Centenaire de l'Institut et le Cinquantenaire de la province de l'Afrique du Sud.

 Nos DÉFUNTS.

F. DAMIAO-CLEMENTE, Profès temp., décédé à Mendes (Brésil), le 4 janvier 1914.

F. MICHAEL-ANTONY, Stable, décédé à Dumfries (Ecosse), en février 1914.

F. MARIE-PROSPER, Profès perp., décédé à St-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 3 février 1914.

F. JUAN DE DIOS, Profès perp., décédé à Pitalito (Colombie), le 16 février 1914.

F. PIERRE DE CORDOUE, Profès perp., décédé à Amchit (Syrie), le 20 février 1914.

F. FRANÇOIS-DOSITHÉE, Profès temp., décédé à Freyung (Bavière), le 21 février. 1914.

F. CLEOPHAS, Stable, décédé à Pékin (Chine), le 4 mars 1914.

F. CLOTAIRE, Stable, décédé à Beaucamps (Nord), le 11 mars 1914.

F. BARLAAM, Profès perp., décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 28 mars 1914.

F. THÉOPHANIE, Profès perp, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 30 mars 1914.

F. ARNOLD, Novice, décédé à San Pedro Pescador (Espagne), le 7 avril 1914.

F. HÉMITÉRIUS, Profès perp., décédé à Beaucamps (Nord), le 7 avril 1914.

F. ELIE-VICTOR, Profès perp., décédé à Pékin (Chine), le 8 avril 1914.

F. ANSCHAIRE Profès perp., décédé à Beaucamps (Nord), le 13 avril 1914.

F. FIRMIN-JOSEPH, Profès perp., décédé à Pontos (Espagne), le 20 avril 1914.

F. GAUBERT, Profès perp., décédé à Beaucamps (Nord), le 20 avril 1914.

F. FRANÇOIS-XIMENES, Stable, décédé à Santo Stefano (Italie), le 22 avril 1914.

F. ARMOGASTE, Profès perp., décédé à Ruoms (Ardèche), le 29 avril 1914.

F. ANGÉLUS, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 4 mai 1914.

F. TELESFORO, Profès perp., décédé à Las Avellanas (Espagne), le 4 mai 1914.

F. CYRIAQUE, Stable, décédé à Varennes (Allier), le 7 mai 1914.

F. ANDRE-FLORIANUS,  Profès perp., décédé à Saint­-Hyacinthe (Canada), le 8 mai 1914.

F. DATUS, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 19 mai 1914.

 Je recommande tous ces chers défunts à vos bonnes prières.

La présente Circulaire sera lue en communauté, à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle, et, si possible, une seconde fois au réfectoire dans les Noviciats, les Juvénats et les maisons nombreuses.

Dans les SS. Cœurs de Jésus et de Marie, je demeure, Mes Très Chers Frères,

Votre bien affectionné et tout dévoué,

                   Frère Stratonioue, Sup. Gén.

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 Ajouts du F. Stratonique

A classer

 

LAB

 DOCUMENTS DIVERS

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 V. J. M. J.

Aux CC. FF. Provinciaux

et aux Membres de leur  Conseil respectif.

 Mes Très Chers Frères,

A la suite de certaines remarques faites en Conseil Général, il fut décidé que des explications seraient données aux Chers Frères Provinciaux et à leurs Conseillers sur la manière de se conformer aux articles 164 et 165 des Constitutions.

ART. 164. – De la même manière, on conservera et on administrera les biens des maisons provinciales et des autres maisons de l'Institut quand il y aura lieu et que ce sera possible en tout ou en partie.

Les conséquences suivantes résultent de la teneur de cet article :

1. Le Frère Econome provincial aura à gérer, sous la dépendance directe du Frère Provincial et de son Conseil, les affaires temporelles de la Province.

2. Chaque fois qu'on aura à ouvrir la caisse provinciale, les trois dépositaires des clefs devront être présents, et ils ne peuvent se céder l'un à l'autre leur propre clef. Dans le cas où l'un d'entre eux aurait à s'absenter, il devrait céder sa clef à un autre Frère de la maison désigné Par le Frère Provincial.

3. Le Frère Econome provincial notera exactement tout ce qui sera pris et ce qui sera mis dans la Caisse.

4. A la fin de chaque semestre, le Frère Econome Provincial présentera au Frère Provincial et à son Conseil le compte rendu de l'administration de la Province pour être examiné et confronté avec l'Etat de Caisse. Si celui-ci est trouvé exact le Frère Provincial et ses Conseillers l'approuveront et le signeront.

ART. 165. – Dans les provinces, s'il y a des biens administrés en faveur de toute la Province, etc.

Pour la pratique de l'administration des biens en faveur d'une province, il faudra se conformer à l'article 157 (100) des Constitutions, c'est-à-dire que l'emploi des rentes et des fonds de la Caisse provinciale – en tenant compte de la restriction indiquée par l'article 184 – devra toujours se décider en Conseil provincial et au scrutin secret. C'est ce qui se pratique toujours au Régime quand il s'agit de l'emploi des rentes et des fonds de la Caisse Générale.

Quand une décision de ce genre aura été prise dans une province, on en dressera procès-verbal dont  deux copies dûment signées par tous les Conseillers seront immédiatement envoyées au Conseil Général pour le contrôle régulier.

Ce contrôle aura le double avantage de faire pratiquer la dépendance religieuse, qui est une vertu agréable à Dieu, et de constituer en même temps une mesure de prudence.

Si l'on fait des dépôts en banque, il faut que ce soit sous trois signatures, dont deux seront nécessaires pour tout retrait.

Dans les maisons particulières qui, en cours d'année, auraient des disponibilités d'argent, il serait de bonne administration que ces sommes soient versées chaque mois ou chaque trimestre à la Caisse provinciale, ne gardant que la somme nécessaire pour pouvoir aller de l'avant sans contracter de dettes.

Il y a lieu de rappeler ici ce qui est dit au Directoire général :

« L'administration du temporel étant une chose extrêmement importante pour la prospérité  de l'Institut, il sera nécessaire d'y apporter beaucoup de soin et d'exactitude, d'y mettre beaucoup d'ordre  et de méthode. Ceux qui en seront chargés doivent être vigilants, prudents, fidèles, économes et ne jamais  perdre de vue que les choses qui leur sont confiées  appartiennent à Dieu et qu'ils se rendraient très coupables, si, par leur faute, elles dépérissaient ou n'allaient pas à leur véritable destination. »

                     Fr. Stratonique,

                          Sup. Général.

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 L.F.V.

 V. J. M. J.

 INSTITUT DES PETITS FRÈRES DE MARIE,

 Aux Frères de vœux temporaires

mobilisés par le service militaire.

 Mon Bien Cher Frère,

Comme vous devez le savoir, la Sainte Eglise, pour des raisons pleines de sagesse, ne permet pas aux Religieux soldats dont les vœux temporaires sont arrivés à terme de les renouveler avant la fin de leur service actif ; mais il va sans dire qu'elle n'entend par-là ni détruire ni affaiblir les autres liens qui les rattachent à leur sainte Vocation.

Tout son désir, au contraire, est que ces liens se maintiennent, se fortifient même s'il est possible, et que ces Religieux, aussitôt après avoir été libérés, s'empressent de revenir au sein de leur Communauté pour y reprendre envers Dieu et leur Famille religieuse, les engagements sacrés que la force des choses les avait obligés de suspendre ; à moins, bien entendu, que par leur mauvaise conduite ils s'en fussent rendus indignes.

Et pour éloigner d'eux ce dernier malheur, elle leur fait avec tendresse ces maternelles recommandations, dont, comme tous ceux de vos compagnons qui désirent conserver leur vertu, vous ne manquerez pas de sentir la pressante opportunité :

« Les jeunes Religieux qui accomplissent ainsi leur service actif auront grand soin de ne pas perdre le don précieux de leur sainte Vocation, et pour cela de vivre toujours avec la modestie et la réserve qui conviennent à des Religieux.

« Ils éviteront donc avec horreur les réunions et les lieux suspects, les théâtres, les bals et les autres divertissements mondains.

« Ils ne fuiront pas avec moins de soin la société des gens vicieux, les conversations dangereuses, les hommes dont les doctrines n'offrent pas les garanties nécessaires d'orthodoxie, les lectures contraires à la foi et aux mœurs ou en opposition avec les enseignements du Saint-Siège, et en général toutes les occasions de péché.

« Ils ne manqueront pas non plus, autant que cela leur sera permis, de fréquenter les Sacrements, d'être assidus à la prière, et d'assister aux cercles ou réunions catholiques pour se distraire et cultiver leur esprit.

« Lorsqu'ils auront terminé leur service actif, ils devront, chacun, se rendre directement à leurs maisons religieuses, où, s'ils ont donné des preuves de leur bonne conduite, ils seront admis après quelques jours d'une sainte retraite, à renouveler leurs vœux temporaires. »

Vous voyez par-là, mon bien cher Frère, combien la sainte Eglise, tout en différant d'admettre ceux qui se trouvent dans la situation qui est désormais la vôtre à contracter les obligations spéciales qui sont l'essence des vœux de Religion, se montre soucieuse de les voir persévérer dans l'esprit de ces mêmes vœux et dans la pratique fidèle des vertus qui leur correspondent.

Pour ne laisser aucune place aux inquiétudes qui auraient pu vous venir à propos de l'expiration de vos Vœux, je me suis senti le besoin de vous faire cette communication et de vous donner l'assurance qu'il n'y a rien de changé dans les sentiments de la Congrégation à votre égard. Elle continue à se regarder comme votre Mère dans l'ordre de la grâce, et se plait à nourrir le ferme espoir que, de votre côté, vous ne cesserez pas d'avoir envers elle de vrais sentiments de Fils.

En toute confiance, vous pouvez donc compter, comme toujours, sur sa maternelle affection, sur son entier dévouement, et recourir à elle dans tous vos besoins, de quelque nature qu'ils soient, avec la certitude de trouver dans ses représentants à tous les degrés le même cœur religieusement dévoué que vous leur connaissez déjà.

Vous le trouverez tout spécialement, j’ose vous le promettre, dans votre bien affectionné en J. M. J.,

                         Fr. Stratonique,

                      Sup. Général.

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P.J.X.

 V. J. M. J.

 INSTITUT DES PETITS FRÈRES DE MARIE

 Prospectus du Juvénat Saint-François- Xavier

à  Grugliasco (Italie).

 Le Juvénat Saint François-Xavier, fondé par décision du Chapitre Général de 1907, a son siège à Grugliasco (Italie).

BUT. – Il a pour but de mettre à la disposition du Révérend Frère Supérieur général, un certain nombre de jeunes Frères instruits, sérieux, et dont l'éducation intellectuelle et surtout la formation religieuse répondent aux besoins nombreux et variés des vingt et une provinces de l’Institut, particulièrement de celles qui sont situées hors d'Europe.

EDUCATION. – L'éducation a pour but, comme dans tous nos Juvénats, la culture des vertus religieuses et spécialement de celles qui sont caractéristiques de la Congrégation ; c'est-à-dire l'humilité, la simplicité, la modestie, le zèle pour le salut des âmes. Elle vise à former à la fois de bons religieux et des éducateurs apôtres.

SOINS PHYSIQUES. – Les enfants sont l'objet de soins vigilants au regard de la santé. Nourriture saine, abondante et variée, récréations, promenades, exercices gymnastiques, propreté du corps: on ne néglige rien de ce qui peut leur donner une constitution robuste, et former des hommes capables de résister aux fatigues de l'enseignement sous tous les climats. Un médecin est attaché à l'établissement.

CONDITIONS D'ADMISSION

 Les enfants doivent être de naissance, légitime, et être âgés d'au moins douze ans. Ils doivent présenter à leur entrée :

1° Leur acte de naissance et de Baptême

2° Un certificat de M. le Curé de leur paroisse ou de tout autre ecclésiastique ;

3° Un engagement des parents à laisser à leur fils pleine et entière liberté de devenir membre de l'Institut s'il le désire, et s'il est reconnu avoir les qualités requises.

 TROUSSEAU

           2 paires de draps,

12 chemises,

12 essuie-mains,

12 mouchoirs,

6 cravates,

4 caleçons,

2 tricots de coton,

2 tricots de laine,

2 complets,

2 paires de souliers,

1 brosse pour habits,

2 brosses pour chaussures,

1 coiffure pour l'hiver,

1 chapeau de paille,

8 paires de bas ou de chaussettes.

 APPEL AU ZÈLE ET A LA CHARITÉ DU CLERGÉ ET DES FIDÈLES

 Les Frères Maristes prient humblement Messieurs les Ecclésiastiques et toutes les personnes qui connaîtraient des jeunes gens montrant de réelles dispositions pour la vie religieuse et apostolique, de vouloir bien les adresser au Juvénat Saint-François-Xavier, à Grugliasco.

Comme cette Œuvre exige de grandes dépenses, les Frères adressent un confiant appel à la pieuse libéralité des personnes qui ont à cœur l'éducation chrétienne de la jeunesse et l'extension de la foi.

 AVANTAGES SPIRITUELS

ACCORDÉS AUX BIENFAITEURS DE L'ŒUVRE.

 Outre le mérite que leur donne, aux yeux de Dieu, l'action de recruter de bons Instituteurs de la jeunesse, ou de faciliter ce recrutement par leurs libéralités, les Bienfaiteurs des Frères Maristes ont encore droit aux avantages spirituels suivants :

1° Ils participeront à toutes les bonnes œuvres: offices chapelets, messes, communions et bonnes œuvres des Frères et des enfants de leurs écoles ;

2° Tous les jours, en communauté, un Pater et un Ave sont récités aux intentions des Bienfaiteurs vivants avec un De profundis pour les Bienfaiteurs défunts ;

3° Chaque année, les premiers jeudis de janvier, avril, juillet et octobre, toutes les maisons de l'Institut font célébrer une messe pour les parents des Frères et les Bienfaiteurs défunts ; chaque membre de l'Institut y assiste, fait la sainte Communion et récite l'Office des Morts, aux intentions des mêmes

4° Dans toutes les maisons de Juvénat, le premier samedi de chaque mois, la messe et les communions sont  offertes par les Juvénistes aux intentions de leurs Bienfaiteurs vivants et défunts ;

5° Une indulgence plénière est accordée à l'article de la mort à tous les Bienfaiteurs des Juvénats, pourvu que, contrits et repentants, confessés et nourris de la sainte Communion, ou, s'ils ne peuvent remplir ces conditions, du moins contrits, ils invoquent dévotement le saint Nom de Jésus de bouche, s'ils le peuvent, sinon de cœur, et acceptent avec résignation la mort de la main du Seigneur, comme salaire du péché (Pie X, 7 février 1908) ;

6° Une indulgence de 300 jours est accordée à tous les fidèles, chaque fois que par leurs prières, par leurs aumônes ou de toute autre manière, ils aideront l'Œuvre  des Juvénats (Léon XIII, 24 déc. 1880 ; Pie X, 7 février 1908).

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 [1] : Monseigneur Morabito, évêque de Mileto.

[2] : La  maison de Roma fait exception ; mais on se rappelle que sa bibliothèque fut détruite par le cyclone de 1912.

[3] : A Capetown, S. G. Mgr Rooney, vient de faire construire une Chapelle mortuaire dans le cimetière et a réservé, près de cette chapelle, un emplacement pour les membres défunts du clergé et des communautés religieuses de la ville.

Nos Frères vont y faire transporter les restes du cher Frère Chumald et autres de nos défunts qui avaient été inhumés dans une autre partie de ce cimetière.

[4] : Il s’agit donc d’un autre qui écrit ce passage, puisque la Circulaire sera signée du f. Stratonique, Supérieur Général. NDLR.

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