Circulaires 248

Stratonique

1914-08-22

Décès de S. S. le Pape Pie X. - Suffrages pour le repos de son âme. - Prières spéciales pour la paix. - Election de Provinciaux.

248

Circ. Sup.14.4

 V. J. M. J.

                                                                                                 Grugliasco, le 22 août 1914.

     Mes Très Chers Frères,

Grand est le deuil de l'Univers Catholique ! Le Père Commun des Fidèles vient de quitter cette terre d'exil pour une vie meilleure.

La douloureuse nouvelle de cette mort nous a surpris au moment où nous étions en proie à des préoccupations et des anxiétés que vous connaissez et que vous partagez sûrement avec nous.

Grande est notre douleur filiale, et elle est bien légitime, car Sa Sainteté Pie X a été pour notre famille religieuse un si bon Père! Nombreux sont les témoignages qu'il nous a donnés de sa paternelle affection et de son dévouement pastoral.

Nous avons donc contracté envers lui une bien grande dette de reconnaissance.

Je n'en doute pas, M. T. C. F., tous vous êtes animés de ces mêmes sentiments à l'égard de l'auguste et vénéré défunt.

En conséquence, et conformément à l'article 102 de nos Constitutions, non seulement nous nous unirons avec les élèves de nos écoles aux prières et aux suffrages du monde catholique pour le Souverain Pontife défunt, mais en outre, nous avons décidé, en Conseil Général, que l'on observera ce qui suit :

1° Après la réception de la présente lettre-circulaire, on récitera dans toutes les Maisons de l'Institut l'Office des Morts à neuf leçons avec l'oraison Deus qui inter apostolicos, etc.

2° Dans chacun de nos établissements, on fera célébrer une messe basse pour le repos de l'âme du vénéré défunt. Autant que possible, Frères et élèves assisteront à cette messe et y feront la sainte Communion.

3° A la Maison-Mère, dans nos maisons provinciales et nos maisons de formation, on célébrera un service solennel de Requiem au premier jour libre. Ce service comptera pour la messe indiquée dans le numéro précédent.

4° Dans nos écoles, pendant neuf jours, on offrira le chapelet ordinaire et on y ajoutera le De profundis.

5° En communauté, pendant neuf jours, à la suite de la Sainte Messe ou de la méditation, on dira les six Pater, Ave et Gloria du Scapulaire de l'Immaculée Conception, et on dira le De Profundis après le dîner.

Tous nos Frères auront à cœur d'offrir leurs communions, leurs actes de vertu et de gagner le plus d'indulgences possible pour le repos de l'âme du vénéré Pontife défunt.

En fils dévoués de la Sainte Eglise, nous nous ferons aussi un devoir d'avoir une intention toute spéciale dans nos prières et communions pour attirer les bénédictions d'En-Haut sur le prochain conclave, qui va être appelé à donner un successeur au vénéré Pontife défunt.

 *      *

*

 Nous savons tous combien est terrible le fléau qui sévit en ce moment sur l'Europe, sur les mers et même dans les airs: la guerre! la terrible guerre !,… une guerre telle qu'on n'en avait jamais vu de pareille dans l'histoire du monde!

Des millions d'hommes armés marchent les uns contre les autres.

C'est par centaines et centaines que nos religieux sont venus prendre place dans ces armées. C'est par milliers et milliers que les prêtres du clergé séculier et ceux des ordres religieux y sont aussi.

Et les pères de famille qui ont dû laisser leurs foyers avec les mères et les enfants ? combien sont-ils ?

C'est aussi par milliers et peut-être par centaines de mille qu'il faut les compter !

 Quelle affreuse calamité ! Que de périls de toutes sortes pour les uns et pour les autres !

Et d'autre part, nous savons que de nombreux et puissants vaisseaux, armés de formidables canons, sillonnent les mers pour faire une chasse de destruction et de mort les uns contre les autres

Oh ! combien désolant est ce spectacle

Il causait une émotion profonde au bon et saint Pontife qui vient de mourir et lui faisait verser des larmes.

Nous pouvons bien penser que ces graves conflits arrivés si brusquement entre peuples chrétiens ont été la cause de sa mort si soudaine.

Et nous, M. T. C. F., que devons-nous penser et que devons-nous faire en présence de ces terribles calamités ?

Elevons nos cœurs et nos pensées en haut, dans les régions de l'esprit de foi, comme le faisait notre Vénérable Père Fondateur à l'occasion des événements graves qui se passaient de son temps.

Rien n'arrive, disait-il, sans l'ordre ou la permission de la divine Providence; elle sait faire tourner tous les événements, quels qu'ils soient, à sa gloire et au bien de ses élus. Aucun cheveu de nos têtes ne tombe sans la permission du Père Céleste. Et il demeurait calme au milieu des événements les plus menaçants, mettant sa confiance en Dieu et dans la protection de la bénie Vierge Marie.

Soyons ses fidèles imitateurs et comme lui, nous verrons que notre confiance en Marie ne sera pas déçue. Cette bonne et puissante Mère du Ciel ne manquera pas de prendre ses enfants sous sa protection. Ceux qu'Elle garde sont bien gardés !

Nous avons à notre disposition une arme plus puissante que toutes les armes humaines les plus perfectionnées, c'est l'arme de la prière unie à la mortification. Faisons-en bon usage. Souvenons-nous de ce qui se pratiqua à Lavalla aux tout premiers temps de l'Institut, alors qu'on avait de sérieuses craintes pour l'existence même de la Congrégation. On pria beaucoup, pria fervemment et on jeûna pendant neuf jours pain et à l'eau. Nous savons tous quel en fut l'heureux résultat. L'orage qui menaçait l'Institut naissant se dissipa.

Souvenons-nous aussi des événements de 1830 et du Salve Regina qui fut le grand moyen dont se servit le Vénérable Fondateur pour se mettre lui-même, ses Frères et son oeuvre sous la protection de la Reine du ciel.

Ayons tous grandement à cœur de marcher fidèlement sur les traces de notre Vénérable Père et de nos premiers Frères dans la sainte voie de la prière et de la pénitence, et comme eux, nous en éprouverons les heureux effets. La bonne et puissante Mère du Ciel ne manquera pas de prendre ses enfants sous sa protection.

Par ces temps de conflagration générale entre les peuples, chantons et récitons avec une ferveur exceptionnelle et une ferme confiance notre Salve Regina de Règle, cette prière si belle à la Reine du Ciel, à la Mère de Miséricorde, à celle que nous saluons comme notre espérance : « Spes nostra, salve ! »

Demandons, M. T. C. F., la prompte cessation du fléau de la guerre, comme l'Eglise nous le fait demander dans les Litanies des saints : A peste, fame et bello, libera nos, Domine. De la peste, de la famine et de la guerre, délivrez-nous, Seigneur.

Daignez, Seigneur, établir une paix et une concorde véritable entre les rois et les princes chrétiens.

Daignez, Seigneur, accorder à toutes les nations chrétiennes la paix et l'unité; nous vous en supplions, écoutez-nous.

Récitons, M. T. C. F., avec grande attention et spéciale ferveur le troisième Agnus Dei de l'Ordinaire de la Messe et surtout le Dona nobis pacem qui le termine.

Je vous exhorte aussi à prendre pour oraison jaculatoire à répéter souvent dans le courant de la journée l'invocation des Litanies du Saint Nom de Jésus : Jesu, Deus pacis, miserere nobis. Jésus, Dieu de paix, ayez pitié de nous !

Jusqu'à nouvel ordre, on terminera la journée comme nous la commençons, par le chant ou la récitation du Salve Regina à la suite de la prière du soir, pour recommander à la Très Sainte Vierge Marie les grands et nombreux besoins généraux du moment, et en particulier pour obtenir qu'Elle préserve de tout danger de l'âme et du corps nos Frères si nombreux que les mobilisations viennent d'enrôler sous les drapeaux,

Non seulement nous recommanderons à la protection de la Très Sainte Vierge Marie nos Frères, mais aussi tous les soldats qui accomplissent leur devoir en marchant sous les ordres de leurs chefs légitimes. Nous prierons aussi spécialement pour les pauvres blessés dont beaucoup ont de si terribles souffrances à endurer. Et enfin, nous aurons une intention toute particulière pour ceux qui, hélas ! en si grand nombre, sont jetés dans leur éternité par une mort soudaine sur les champs de bataille.

Un des meilleurs moyens, si ce n'est le meilleur, d'attirer les bénédictions d'En-Haut sur nos personnes, sur nos oeuvres, sur tous ceux qui nous sont chers, sur nos patries, c'est de nous attacher partout à être des religieux parfaitement réguliers, à être plus fidèles que jamais à toutes les prescriptions, si minimes soient-elles, de nos Constitutions et de nos Règles.

J'exhorte instamment les Frères de toutes nos provinces, à faire le plus grand cas de cette recommandation.

Il importe beaucoup qu'on veille partout avec, le plus grand soin à une sage et religieuse économie.

Nous traversons en ce moment une crise très difficile -en ce qui concerne les finances.

Nous avons besoin de faire des efforts plus qu'ordinaires en fait d'économie, pour pouvoir maintenir nos diverses oeuvres et en particulier nos maisons d'anciens, ainsi que nos maisons de recrutement et de formation. Je suis convaincu que tous nos Frères comprendront tous le bien fondé de cette recommandation et que tous se feront un devoir d'éviter toute dépense non absolument nécessaire, soit comme voyages, soit pour tout autre motif.

 AJOURNEMENT DU SECOND NOVICIAT ET DU

SCOLASTICAT SUPÉRIEUR.

 A cause de la guerre qui sévit en ce moment, la plupart des Frères convoqués pour le second noviciat qui devait s'ouvrir le 20 août ont été pris par les mobilisations militaires. Ne sachant pas pendant combien de temps ils seront retenus sous les drapeaux, nous avons décidé qu'il y a lieu d'ajourner à plus tard, et sans fixation de date, la deuxième période de second noviciat de cette année.

Pour le même motif, nous avons décidé également d'ajourner à plus tard et sans fixation de date le scolasticat supérieur, dont l'ouverture avait été annoncée par la circulaire du 2 février dernier comme devant avoir lieu au commencement d'octobre prochain.

 ELECTION DE PROVINCIAUX.

 Dans ses séances du 10 au 13 du mois de juillet dernier, le Conseil Général a élu pour une nouvelle période de trois ans, selon les Constitutions, à la charge de Provincial de Notre-Dame de Lacabane, le C. F. Camarinus, dont les pouvoirs étaient périmés.

Pour des raisons majeures, en vertu de l'article 157 (30) des Constitutions, il a prorogé pour quelque temps dans sa charge le C. F. Gabriel, Provincial de Beaucamps.

Je suis plus que jamais, M. T. C. Frères, votre tout dévoué et tout affectionné en Notre-Seigneur,

                          Frère Stratonique,

                              Supérieur Général.

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